Les mains enfoncées dans les poches de jean, le jeune homme laissait ses pieds le porter où bon leur semblait en cette belle après-midi d’Août. En général durant ses jours de repos, il se contentait de rester enfermer dans son appartement, si on pouvait réellement ça comme ça tant c’était petit, traîner au lit avec sa boule de poil favorite. Les activités auxquelles il s’adonnait lors de ces journées était dormir, manger, jouer et de nouveau dormi. Un programme des plus intéressants et dynamiques donc. De quoi bien ruiner les efforts réalisés les rares jours où il trouvait la foi d’aller à la salle de sport. Et oui, les biceps n’étaient pas apparu à force de soulever des paquets de papier toilette et de curly. Il lui arrivait de faire des efforts. Mais on s’éloignait du sujet. Junghyun prenait rarement la peine de simplement faire une promenade, l’activité étant bien en bas de son classement d’activités le plus fun juste avant le sport. Il y avait toujours trop de gens dehors, surtout en la saison estivale, ce qui avait don de rapidement lui taper sur le système. Mais en se réveillant ce matin là, quelque chose en lui le poussa à sortir de son placard. D’abord récalcitrant, il avait traîner toute la matinée, malgré l’envie de se taper la tête contre les mur à être ainsi enfermer. Mais que lui arrivait-il bon sang ? Il avait finalement abandonné la lutte et après une douche rapide, s’était engagé dans les rues de la ville, écouteurs vissés dans les oreilles alors qu’il errait sans but, mâchant bruyamment son chewing gum; l’attitude d’un jeune homme charmant en somme.

Après plusieurs tour dans le centre ville à repasser devant ce fichu karaoké qui avait attiré son attention avec son enseigne flashy et ses haut-parleurs diffusant le dernier tub à la mode, il céda à la tentation. Pas comme s’il risquait de croiser une quelconque connaissance.

Comment il s’était retrouvé dans un salon privé à s’écorcher les poumons sur Red Flavor des Red Velvet restait un mystère, mais il devait avouer que se trémousser sur la mélodie avait quelque chose d’assez amusant. Il avait abandonné toute gêne et se laissait simplement prendre au jeu, agitant d’une main un éventail trouvé dans le coin tandis que l’autre tenait le micro. Trop pris dans son enthousiasme, il en oubliait qu’il était dans un lieu assez fréquenté. Que pouvait-il y avoir de pire que quelqu’un le prenant sur le fait : un jeune homme de 22 ans chantant horriblement faux la partie de Wendy ?

Les sorties, c'était pas mon truc. Côtoyer d'autres êtres vivants à l'heure actuelle ? Pas dans mes projets non plus. Mais je devais m'avouer à moi-même qu'il serait peut-être préférable de sortir de temps en temps pour avancer dans l'enquête pour lever le maléfice que ma mère portait maintenant depuis bientôt sept longues années, le temps passe vite. Enfin pas vraiment, puis j'ai cette impression de patauger dans la semoule en ce moment, je ne sais plus où aller pour trouver des pistes afin d'avancer dans ma quête, je suis bloquée sur le chemin. Un indice serait pas de refus et il semblerait que pour une fois les esprits soient décidés à m'aider peut-être. J'avais comme une drôle de sensation depuis ce matin, une volonté de sortir pour m'emmener quelque part. Ca semblait pas naturel ou être "mon choix" que j'aurai prémédité, à moins que mon inconscient me cache plus de choses que je ne le pensais. Peut-être je vais avancer dans ma quête aujourd'hui qui sait ? J'ai toujours cet espoir qui m'anime même si parfois je baisse un peu les bras, je ne veux pas abandonner. La matinée passe et finalement je me décide à sortir de mon antre, passant devant chez mon grand père tout souriant et en pleine forme, il avait ce visage bienveillant qui t'invitait toujours à être de bonne humeur et de bien te porter. Mais il était loin d'être juste un simple papy qui souriait sans comprendre le monde, ah ça non.

Je commence ainsi ma marche, mes pas se faisant comme guider par quelque chose que je ne contrôlais pas, je n'appréciais pas vraiment ça d'être hors de mon contrôle. J'avais mis mes écouteur, histoire de ne pas entendre les sifflements de gros lourds qui n'ont aucune délicatesse en me voyant, ça me donnerait presque envie de les brûler mais je crois que je me suis habituée aux gestes déplacés de mes semblables. Passons, je ne reconnais pas beaucoup ces rues, je vais où au juste ? Aucune idée mais bon j'espère on m'emmène pas encore en enfer, j'ai pas encore fini ce que j'ai à faire ici. J'essaye de passer devant plusieurs enseignes du cente ville, mais il n'y avait qu'une seule "boutique" si je peux appeler ça ainsi, qui donnait cette sensation plus forte que devant les autres bâtiments devant lesquels je suis passée. L'enseigne que je devais apparemment pénétré n'était autre qu'un karaoké. Je tourne la tête d'abord sur la droite puis sur la gauche, peut-être j'hallucinais en fait. J'haussais les épaules avant de lâcher un soupire dénué de toute motivation avant de m'avancer vers la porte du karaoké.

Je ne sais pas si je dois fuir, croire que ma vie est une farce ou me demander à quoi j'assiste. Peut-être devrais-je choisir les trois ? C'est un choix honorable. Un garçon, qui doit avoir mon âge était entrain de se dandiner à se tuer la voix en chantant Red Flavor des Red Velvet comme s'il jouait sa vie comme Al dans Malcolm lors d'un concours de danse. Passons, pourquoi suis-je ici ? Pourquoi cette sensation a soudainement disparu, comme si j'étais au bon endroit ? C'est ça mon aide ? Mes yeux se dirigent vers le plafond comme s'ils cherchaient une réponse à ce spectacle. Aucune ? Bon après tout, peut être qu'il sait quelque chose sous ces airs de fanboys des enfers.

- Salut, excuse-moi j'aurai une question. C'est peut-être bizarre dit comme ça, mais est ce que tu es là juste totalement par hasard ou c'est ta passion de chanter dans des karaokés... ?

Pendant que je posais ma question, une autre silhouette semblait s'approcher à proximité de nous.

Les interactions sociales ? Très peu pour moi. Depuis mon plus jeune âge je me contente du minimum syndical. Bien sûr, il m’était arrivé de sortir avec des “amis” au lycée, et plus récemment avec mes collègues du café où je travaille. Oui, il faut un minimum. Comment aurais-je trouvé mon talent de “trou noir de la boisson” sinon ? Durant mes jours de repos, préférais amplement rester chez moi, avec un plaid et une bonne tasse de thé pour rattraper mes séries/anime ou pour regarder des films idiots sur des amourettes adolescentes sur netflix. Pourtant ce jour là, en me réveillant à midi trente, je ressentais quelque chose de différent. C’était comme si quelque chose me poussait à sortir, me poussait à trouver un endroit précis, comme si c’était une chose de particulièrement importante. Sans trop traîner sur mon téléphone, je me dirigeais directement vers la salle de bain afin de me doucher. Pour une fois, je prenais soin de me coiffer, de me maquiller légèrement et de choisir mes vêtements. Et pas des choses trop grandes. J’étais satisfaite de mon apparence. Je pris mon sac à main, glissant mon portefeuille dedans avant d’enfiler mes converses fétiches.
Une fois sortie de mon bâtiment, je me dirigeais à pieds vers le centre ville, écouteurs aux oreilles. Highlight, Can’t Be Better me donnait le sourire et la patate. Je me laissais totalement guider par cette sensation étrange qui ne m’avait pas quittée. C’était assez amusant. Comme dans les jeux vidéos quand on se dirige automatiquement vers le pnj qui nous donnera la récompense d’une quête achevée.

Je regardais de manière négligée les boutiques qui se succédaient avant de m’arrêter devant… Un karaoké. J’avais l’habitude de venir ici, seule. Rien de mieux pour évacuer le stress qu’une séance de karaoké. Bien que je ne sache pas pourquoi mes jambes m’avaient amenée ici, j’entrais après avoir rangé mes écouteurs et mon téléphone dans mon sac. C’était d’ailleurs assez rare à cette heure de voir des gens. Voilà pourquoi je préférais faire mes séances d’après midi. Pourtant, aujourd’hui une salle était prise, ma salle en plus. Je venais même de voir la fameuse jeune femme y entrer. Et évidemment, je sentais que je devais moi aussi y aller. Avant d’y entrer, je me dirigeais vers un distributeur automatique afin d’acheter une bière. Si mon destin était de chanter avec des inconnus, il fallait au moins que je sois à l’aise. Et la bière était parfaite pour ça. Je frappais à la porte avant d’entrer, chose totalement inutile. Je vis que la jeune femme n’était pas seule. En effet, le beau gosse de la supérette y était aussi. Je sentais mes joues rosir légèrement à la vue de mon “crush” chanter sur Red Flavor. Mon regard était littéralement bloqué sur lui, et c’était absolument pas le moment de bloquer comme une cheloue, Haejin reprend toi !
En comprenant que je n’étais pas la seule à fixer de manière insistante,je me sentais gênée. Totalement mal à l’aise. J’avais l’air bien débile avec ma bière à la main et les joues roses. Ma main libre se levait pour faire un petit “coucou”.

- Heu, bonjour.. Je suis Haejin, et ça peut paraître bizarre mais je sais pas vraiment pourquoi je suis là.

C’est dans sa chambre, tranquillement allongée sur son lit que Sohee était plongée dans un de ses nombreux bouquins. Sa chambre, l’endroit où elle se trouve pratiquement tout le temps si elle n’est pas à l’école, ni en compagnie de son demi-frère. Elle n’aimait pas sortir. La jeune femme est plus du genre à apprécier la compagnie d’un livre plutôt que celle d’un de ses compères humains. Asociale, c’est clairement le mot qui la correspond. Elle essaie de faire des efforts depuis quelques années mais ce n’est pas évident. La Seonchul a grandi sans jamais comprendre les émotions qui l’entouraient ou qu’elle pouvait ressentir. Simplement de l’indifférence. Tout ce qui l’intéressait c’était d’apprendre, encore et encore. Cette bulle qu’elle s’était créée commençait doucement à se percer lorsqu’elle était en présence de Minyeol. Elle ne savait pas pourquoi, elle ne comprenais pas pourquoi mais elle avait envie d’agir comme tout le monde, elle n’avait plus envie de paraître différente. Elle avait envie de comprendre ce qu’elle ressent quand elle est avec lui ou quand elle est avec d’autres gens. Malheureusement, tout ça reste un bien grand mystère aux yeux de l’intello. Un mystère qu’elle ne peut pas résoudre en utilisant ses pouvoirs.

Tandis que les pages se tournaient à son rythme de lecture, une étrange sensation parcouru tout son corps. Une sensation qui lui donnait envie de lever le nez de ses pages remplient de mots, de sortir. Bizarre, c’était plus fort qu’elle. Elle écouta alors son instinct, si elle peut appeler ça comme ça. C’était la première fois qu’elle ressentait ce genre de feeling. Déjà habillée, elle n’avait plus qu’à enfiler ses chaussures pour se rendre dehors. C’est bien d’être dehors mais pour aller où ? La jeune étudiante laissait ses pas la guider naturellement. Une fois l’étrangeté qu’elle ressentait envolée, elle observa les lieux. Elle avait atterri devant un karaoké. Et là, une tonne de questions se bousculaient dans sa tête. Pourquoi cet endroit ? Elle n’y est jamais allée et elle n’a jamais chanté de sa vie. Malgré tout, sa curiosité la piquait. Elle n’avait pas envie de rebrousser chemin comme elle aurait très bien pu le faire, non. Elle voulait voir ce qu’on voulait qu’elle voie. Dans l’endroit, elle se dirigea vers les voix et découvrit un petit groupe de trois personnes. En s’approchant, elle sentait qu’eux aussi étaient différents. Elle reconnaissait les Seonchul. Mais est-ce qu’eux, ils savaient qu'ils ont des dons ? Est-ce qu’ils savaient ressentir la présence des gens comme eux ? Elle ne pouvait pas le deviner. Et comme à son habitude, elle se contenta d’être la physiquement, sans dire quoi que ce soit. Elle écouta simplement la conversation afin d’en savoir plus. Elle avait cru comprendre qu’eux aussi étaient arrivés à cause de cette même sensation.

Il aurait dû se souvenir que l’univers n’était jamais de son côté et trouvait toujours le moyen de lui faire la misère. Et aujourd’hui ne manquait pas à la règle. A peine terminait-il la chanson qu’une voix attira son attention. Il ferma alors les yeux, sentant la honte s'insinuer dans ses veines, brûlante et désagréable. Fabuleux. Ca l’apprendra à sortir dehors. On était jamais mieux que chez soi après tout. Il poussa un long soupir avant de se tourner vers l’inconnue. Qui fut rapidement rejoint par l'empotée de l’autre nuit. Vraiment génial. C’était vraiment sa journée.
Mais avant qu’il n’ait pu se morfondre un peu plus sur sa terrible condition de piètre mortel, les paroles de l’inconnue piquèrent sa curiosité. Était-il ici par hasard ? Excellente question. Et à en juger par l’intérêt qu’il lisait sur les traits des deux jeunes femmes, sa réponse devait être similaire à la sienne. Il passa une main dans ses cheveux avant d’aller se laisser choir sur l’une des banquettes. Autant être à l’aise pour la discussion à venir. Il n’avait jamais réfléchi à l’éventualité de côtoyer des personnes comme lui. Quelque chose en lui semblait reconnaître le….disons, potentiel de ces filles.  Mais pourquoi pas honnêtement ? Qu’est-ce qu’il risquait ?
Il sortît une sucette de sa poche et prît son temps pour la déballer.

“Vous comptez rester plantées là ? Mettez vous à l’aise, tant qu’à faire. Et pour répondre à ta question miss, une force m’a poussé à venir ici. Comme toi. Comme l’autre empotée. Comme l’autre miss qui dit rien au fond. Salut au fait. Junghyun, enchanté. Qui veut chanter la prochaine ?”

Il haussa un sourcil, attendant une quelconque réaction de leur part.

J’essayais tant bien que mal de jouer la meuf détendue mais ce n’était pas si simple. J’ouvrais alors ma canette de bière avant de prendre plusieurs gorgées. Frais et agréable. Certainement l’effet placebo mais je me sentais déjà plus détendue. Mais évidemment, il fallait que le beau gosse me surnomme “l’empotée”. Remarque je l’avais pas volé, ouais amplement mérité même. Quelques secondes d’hésitation et je m’avançais d’un pas décidé vers le centre de la pièce. Je posais ma canette sur la table, après en avoir repris une gorgée, pour éviter d’en foutre partout.

“Je compte sur vous pour faire les choeurs.”

La tablette dans la mains, je sélectionnais une chanson. Je commençais toujours mes séances karaoké avec celle-ci. Je devais dire que je le connaissais réellement par coeur même s’il m’était toujours impossible d’atteindre les notes les plus hautes sans forcer comme une malade et devenir toute rouge. Sur l’écran s’affichait le titre, “So Chan Hee - Tears”. Avant que la chanson ne commence, je n’oubliais pas de m’emparer de mon tambourin fétiche, celui avec les cymbales. Au moment où les premières notes retentirent, je pris une pose des plus ridicules tout en agitant l'objet. Haejin mode trot: on.
Je tapais l’instrument sur ma hanche, parce qu’évidemment j’avais une chorégraphie duh. Je chantais un peu faux mais au moins j’étais en rythme. Et c’était déjà bien.
Une fois la chanson finie, je ne pu faire autrement que de sautiller de joie en voyant le score: 95. Il était rare que je fasse aussi bien. Je me retournais tranquillement, l’air de rien et me dirigeais vers la banquette pour y poser mes fesses.

“Bon, à qui le tour ?”