outfits ~ L’heure qui continue d’avancer tout comme la voiture. Quittant peu à peu Jeju pour se diriger vers les quartiers traditionnels de Seongsan. Je souris légèrement quand j’ai commencé à voir les Hanok. Une vue si merveilleuse, riche en histoire, j’ai toujours aimé trainer ici lorsque j’étais enfant. C’est si rafraichissant, l’air même l’ambiance change comme si on changeait de monde. Comme si on rentrait dans l’histoire. Papy y demeure d’ailleurs et je n’ai plus ou moins l’occasion de lui rendre visite sachant qu’il connait amplement ma situation. Je devrais rester disponible pour mes employés en cas de problèmes ingérables. En fait, non, je me mens. Je n’ai tout simplement pas le courage d’habiter ailleurs qu’à Jeju car justement ma foutue famille y loge un peu partout. Je tente de me tenir loin de mon sang, j’essaie de me tenir loin du jugement qu’elle a envers moi. Un gros mensonge qui me colle aux fesses depuis plusieurs années déjà. La nuit est docile, magnifique. J’ai toujours aimé les paysages qui font rêver, me permettant à moi de rêver à mes rêves de jeunesse. Les étoiles qui scintillent dans le bleu foncé du ciel, brillant de mille feu pour nous apaiser, nous attendrir. Une scène bien alléchante pour des pourritures qui sont à la recherche de violence. Une douce nuit paisible qui rend le moment satisfaisant. D’autres sont déjà blottis dans les bras de leur amant, d’autres encore vont travailler puisqu’ils travaillent de nuit ou bien d’autres qui décident d’être imprudent en allant chez un étranger. Ne se souciant pas du tout qu’il pourrait avoir de mauvaises intentions. Je ne l’ai pas senti mauvais, de toute façon, l’aura qu’il dégage ne m’alarme pas mes sens, pour le moment du moins.

Rien que cela? Je sors de mes songes pour le regarder d’un air sévère. Un hôtel? J’en ai quatre à mon effigie un peu partout en Corée du Sud. Son expression assez monotone de toute à l’heure semble faussement surpris. Je le vois bien qu’il se moque de moi. Je nage parmi les requins, c’est d’ailleurs assez compliqué de commencer dans le monde des affaires et rendant même la situation impossible sachant que je suis une femme. Faire sa place dans un domaine masculin est assez nébuleux. Il faut jouer tactiquement. Sournoisement. Tentant bien de jouer un pion sans me remettre sans cesses en question. En cas de doute, on te dévore comme si j’étais un petit poisson. Une femme dans le domaine des hommes fait mal à l’orgueil de ses mâles. Médecin légiste, je hausse le sourcil car j’avais touché juste, mais pas spécifié dans quel domaine médical non plus. Darren précise également que c’est moins charmant qu’un avocat, c’est sûr que s’occuper des cadavres martyrisés n’est pas très érotique comme situation, plutôt dégoûtant d’ailleurs. «C’est vrai, mais il faut de tout pour faire un monde. Je t’imagine bien avec un sarrau c’est bien plus charmant comme cela.» dis-je honnêtement en reprenant mon attention sur les belles maisons qui s’offrent à moi.

Ce qui m’intrigue c’est pourquoi ici? Il habite sérieusement dans un hanok? Pour un médecin qui ne gagne pas terriblement, cela doit être compliqué pour lui, à moins qu’il vive avec quelqu’un ou un héritage? Ce fut plutôt rapide comme interrogation puisque nous arrêtons disant que nous sommes arrivés. J’ai pris mon sac, détachant ma ceinture et je regarde la portière s’ouvrir d’elle-même. Je souris moqueusement, aucunement impressionnée par ce mécanisme. J’ai déjà rencontré plusieurs hommes faire de même avec d’autre, donc ça ne m’impressionne pas du tout au contraire, cela m’amuse fortement. Je l’ai suivi à l’intérieur, enlevant mes souliers à talon par respect et également par principe. Je le suis en laissant balader mes yeux vers la décoration. Honnêtement, je n’aurais jamais pensé à une telle décoration aussi magnifique. Un homme plutôt surprenant en fin de compte. Voici donc son sanctuaire, je ne m’attendais pas à un aussi luxueux venant d’un monsieur qui n’a pas donné de pourboire. De plus en plus avare si je peux dire? Je souris malicieusement en faisant le tour de la pièce en lui jetant quelques regards. « Ton premier essai va être quoi? » dis-je d’un air malicieux. Il a laissé entrer sa proie dans son repaire, est-ce qu’il s’est qu’il peut se faire attaquer à tout moment?

outfits ~ Faisant le tour de la pièce. Déposant mes yeux sur chaque détail. Regardant même ces rideaux qui semblent quoi de plus banales à première vue pourtant elles ont l’air si douce au toucher. Je l’ai vu retirer sa veste pour le mettre sur le canapé. Je l’ai vu retrousser ses manches méticuleusement. Chaque geste qu’il puisse faire est étudié pour davantage deviner sur qui il peut bien être. Certes, malgré mes vingt-quatre ans, je ne suis pas la plus habile envers les hommes même si ça peut sembler le contraire, enfin, je parle concernant le jeu de la séduction. Je n’ai eu qu’un petit ami refusant chaque avance des autres par pur principe que j’aime encore mon ex, en tout cas je refuse de croire que je continue d’avoir des sentiments envers la cruauté qu’il a pu m’offrir. J’aurais pu passer à autre chose. J’aurais pu refaire ma vie comme si rien ne s’était produit auparavant. J’aurais bien voulu. Disons que l’idée depuis de refaire ma vie ne m’a pas traversé l’esprit, en fait, je crois que je veux toujours retourner dans le passé. Comment le faire quand tout le monde déteste? Comment refaire quand tous ceux, que tu crois assez intelligents, ne sont pas en réalité? Tu te tais. Tu te caches. Tu te refermes sur soi. Tu attends une opportunité. Quand c’est l’occasion, on ne te croit tout simplement pas. Alors, je tente malgré moi d’accepter que c’est une fatalité. Le passé est une chose qu’on ne doit pas regarder et je suis littéralement coincée dedans.

Lorsque j’ai sorti de mes songes, je me suis arrêtée au bar le voyant se laver les mains et sortir les bouteilles. Essayer de deviner? Je souris moqueusement en apercevant les bouteilles. J’aime tout ce qui est fort avec un arrière-goût de bois fumé vu que la boisson a été enfermée dans un baril de bois. J’aime quand cela arrache. J’aime quand mes lèvres touchent ce liquide car mes papilles veulent s’enfuir puisque je les martyrise autant quand cela passe dans ma gorge. Une réaction légèrement douloureuse, mais au moins, j’engourdis la souffrance que je garde sceller dans mon cœur. J’ai moins mal de cette façon, je me sens plus à l’aise. Je sens moins de pression. Je me sens moins jugée. Moins épiée par les requins qui m’entourent. Je me sens libre et auprès de ce médecin légiste, cela reste un mystère pour le moment. Je ne suis pas une dévergondée qui va se taper à chaque rencontre que je fais. Sauf que dans ce cas-ci, un magnétisme me dirige vers lui. Voulant davantage le comprendre. Voulant encore plus le découvrir. Même si cela va aux plaisirs du corps, je m’en fiche. Je veux démystifier. À date ce que je peux dire de lui c’est une personne perverse et avare, soignée. Suis-je jetée dans la gueule du loup? Je n’ai pas peur du goût du risque, je n’ai pas peur d’être blessée. Je le suis, je ne peux pas être plus détruite que je le suis maintenant.

«Il n’a rien à raconter. Une histoire platonique tout simplement. Au milieu du lycée, je suis déménagée à Séoul pour finir et approfondir mes études. J’ai gravit les échelons dans le royaume des affaires et j’ai quatre hôtel à ma charge, le cinquième je cherche un bel endroit avant de commencer le projet, disons qu’à ce sujet ça se complique quelque peu avec mes idiots d’assistants.» finis-je par soupirer. Je ne suis pas celle qui va raconter sa vie à la première personne que je croise. En fait, je ne vais rien dire concernant ma grossesse. De toute façon, ce ne sont pas de leur affaire que j’ai eu une erreur de jeunesse, non? Ce n’est pas de leurs soucis que ma famille soit bonne à rien. Je regarde faire la mixture habilement. Je ne dirais pas non à avoir un homme qui me sert une boisson comme ça à chaque soir. Qu’est-ce que je cherche dans un homme? À vrai dire, je n’ai pas de critères en tant que tel. Disons que je suis fermée à ce sujet. Je veux régler mon passé avant d’aller de l’avant de vouloir un mec dans ma vie. Malheureusement, si je pense de cette façon, je vais attendre dix mille avant que tout cela soit résolu. On verra, toute est question de feeling, n’est-ce pas? Puis, il n’a rien à ajouter concernant mes assistants. Ils sont incompétents. Pourquoi ne pas les virer? Ça fait aussi longtemps que j’y pense, mais il faut que je trouve quelqu’un adéquat et qui remplit exactement mes exigences sans me foutre des bâtons dans les roues. Cependant, ça ne se trouve pas partout. Il me faut la perle rare, en fait, des perles rares, j’en ai quatre à changer.

Darren finit par me glisser le verre que je pris avec grand plaisir. Je n’ai pas lâché de le toiser du regard pendant que je hume le cocktail avant de toucher mes lèvres. Ainsi, la première fois que je goutte à une telle boisson avec un arrière-goût de noisettes. Je fronce légèrement les sourcils avant de déposer le verre. Curieux goût, mais c’est intéressant, j’aime bien. Un sourire moqueur s’affiche sur mes lippes ayant plus d’une idée en arrière de la tête. « Intéressant, le goût de noisettes m’a surpris.» Je le reluque de haut en bas avant de continuer : « J’ai déjà une idée de ce que j’attends, mais tu ne fais pas le premier pas.» Avec la glace entre mes doigts, je me dirige vers le canapé pour m’asseoir. Il m’a dit de prendre mes aises non? Je goutte de nouveau la boisson en le regardant. Ma curiosité à son égard bat à son plein, mais quelques choses en plus monte en moi. J’ai rigolé intérieurement. Une substance aphrodisiaque? Il n’a pas eu besoin de ça pour pouvoir m’allumer davantage. Je ne suis tout simplement pas une femme facile. Si on me veut, il va falloir que le médecin fasse des efforts.

outfits ~ Une question. Une question peut bien faire la différence, je ne peux pas le nier. Il m’a demandé que je lui parle de moi. Même s’il veut dépasser le cap de l’inconnu, il va falloir bien plus qu’un verre, qu’une rencontre et au-delà du charnel pour que je puisse parler de moi. J’ai été vague, oui, mais je suis comme ça. Je ne vais pas tout balancer ma vie de a à z en pleurant comme une madeleine sur certain stade de ma vie. Je pourrais lui dire que je suis née à Jeju ainsi toute ma famille vit ici, j’aurais pu dire que j’ai vécu ici jusqu’à mon adolescence et des circonstances ont fait que j’ai déménagé à Séoul. Malgré tout ça, je me suis bien plu également là-bas. J’aurais pu lui mentionner que j’ai commencé mon hôtel à ce coin-là avant de venir ici qui est davantage touristique. J’aurais pu tout lui dire, mais cela aurait donné quoi? Je suis quelqu’un qui se méfie beaucoup à cause des nombreux requins qui m’entourent. Peut-être que c’est finalement le cas pour lui? Peut-être voudrait-il avoir du renom et prétendre être mon copain ou même mon fiancé dès que je vais mettre le pied dehors? Peut-être, je ne sais pas c’est quoi ses intentions. Je préfère dire des grandes lignes et si jamais il y a une prochaine rencontre, je pourrais lui révéler quelques trucs si la confiance me permet. Ce n’est pas un non catégorique ni que je suis désintéressé par lui, mais disons que je prends mes précautions. Je ne le considère pas non plus comme une insecte, d’ailleurs j’aurais été bien différente si je l’aurais trouvé sans intérêt, je l’aurais ignoré ou je n’aurais pas accepté son verre et je serai partie. Je n’ai pas oublié le retour de l’interrogative, j’ai seulement mis de côté pour un lendemain éventuel, s’il a lieu. Je veux garder tout gâcher en discutant alors qu’il tente de me bourrer avec tous les verres qui auraient pu me faire. Même si je commence, j’aimerais garder toute ma tête.

Tout comme lui en fin de compte. Il nettoie le pseudo bordel qu’il a pu faire avant de prendre de l’eau fraîche. Il éclaircit ses idées? J’ai jeté un dernier coup d’œil avant de sourire moqueusement et de m’asseoir sur le sofa. À moins qu’il ne veut pas être maladroit? Ce ne lui ressemblerait pas d’être maladroit, mais d’être pressé qui sait? Son sofa bien confortable que je me suis surprise à penser avant qu’il me rejoigne. Pour un médecin légiste qui vit aussi aisément ça me surprend également, mais pas autant vu qu’il y a l’avarice qui joue pertinemment dans son mode de vie. Pour avoir un tel Hanok, pour avoir un tel design intérieur. Il paraît un homme sophistiqué même s’il ne l’est pas. Je me fiche sérieusement du statut social que les gens de mon entourage puissent avoir. Certes, j’ai été fille unique, on m’a gâté au point de me mettre sur le podium en me gratifiant sans arrêt, mais j’ai appris à vivre avec d’autres statuts. Le lycée, j’ai apprécié le bas peuple, j’ai éperdument aimé un d’ailleurs. Bon, on a fait une sacrée erreur de jeunesse, mais n’empêche, j’ai vécu et vieilli avec les petits gens. Donc Darren, il aurait pu être un serveur d’un café, un livreur de pizza… En fait, ça m’aurait turn off puisque je ne considère pas comme un métier, mais bien un job temporaire? Est-ce que c’est méchant? Quoique je m’en fiche, c’est ce que je pense personnellement.

Ainsi, il s’installe à mes côtés. Je n’ai jamais lâché des yeux à vrai dire. J’ai pu entrevoir sa main qui se dirige vers mon dos. La sentant glissée dans mon dos qui m’a fit frissonner légèrement. J’ai gouté une dernière fois ma boisson avant qu’il puisse me la retirer pour déposer sur la table basse non loin de nous. Ainsi nos regards se croisent pendant un instant avant de l’apercevoir qu’il fixe mes lèvres. Je souris, amusée par cette situation puisque j’imagine qu’il ne se gêne pas. Voyant lentement la proximité qui nous sépare diminuer. Sentant sa main qui se dépose sur ma tête pour finalement nous embrasser. Une sensation si lointainement oubliée, si amèrement oubliée. Ses lippes contre les miens sont un délice que je n’oublierai sans doute jamais. Un baisé divine et pourtant, je me suis surprise à imaginer mon premier baiser avec mon ex, ce qui m’a fait arrêter mon geste pour regarder l’homme devant moi. Pourquoi? Pourquoi je pense à lui alors qu’il a un homme qu’il me veut? On me désire, mon corps le désire, pourquoi devrais-je continuer à vivre dans le passé pour un crime que je n’ai pas commis? Certes j’ai des regrets de ne pas avoir été autant combative qu’en ce moment, je regrette beaucoup, mais ce Darren, que je contemple avant de déposer mon attention sur cette bouche, pourquoi devrait-il écoper?

Une de mes mains qui est déposée sur sa cuisse alors que l’autre prend l’initiative de gravir la chemise de l’homme avant de lui caresser la chair de son cou. « Que tes désirs n’attendent pas…» soufflais-je sur ses lèvres avant d’y déposer les miennes. Oui, mes pensées envers mon ex, je tente de les effacer pour laisser place à ce moment. Laisser place à cet homme qui m’est inconnu et que je souhaite étrangement connaître davantage. Le découvrir de plus en plus. Prolongeant le baiser. Sa bouche est si exquise, si pulpeuse. Elle me donne envie d’approfondir et c’est ce que je fais sans broncher. Des pulsions, si longtemps enfouis en moi, ressurgissent instantanément ne perturbant aucunement le moment que nous avons. C’est vrai ces instincts sont primaires. C’est normal qu’un homme – ou vice versa – agit comme s’il est en chaleur. L’alcool ne nous aide pas. L’alcool altère notre bon sens. On veut se noyer dans la débauche dès qu’on touche l’autre. On veut. On veut encore plus. Ses lèvres tout comme son corps contre le mien. De sentir sa peau et avoir la chair de poule à ses caresses. L’envie se fait de plus en plus présente embrumant ainsi mon côté réfléchi.