La nouvelle était tombée depuis un jour déjà, demain, il partirait pour les Etats-Unis, et il y resterait sûrement longtemps. Il fallait être réaliste, les relations à longues distantes sont rarement quelque chose qui marche, puis même, il ne se pensait pas capable, après tant de temps, de revenir et de toujours avoir des sentiments pour elle, surtout vu l'état de ses sentiments actuellement. Il ne ressentait plus grand chose autre que de la lassitude, de l'ennui, et les deux anciens tourtereaux étaient très souvent en froid, les disputes se faisaient de plus en plus nombreuses, ils étaient déjà en train de se déchirer. Tout ce qu'il avait fait été de briser la chose avant que tout ça ne devienne pire. Il l'avait vu auparavant, sa copine était très jalouse, au point où le fait même qu'il puisse avoir une amie féminine amène en elle le courroux. À partir d'un moment, ce n'était plus mignon ou une preuve de son attachement, elle l'enfermait. Et ce sentiment de solitude qu'il détestait plus que tout revenait même quand il était avec elle. Il n'y avait plus rien de beau dans leur relation. Il n'avait plus envie de la toucher, de l'embrasser, de la complimenter, il n'avait plus envie de la protéger certains jours. C'était ce sentiment, cette impression qui avait fait que Mingjun était sûr que ça ne marcherait plus. Ce n'était plus qu'une amourette d'adolescent, ce n'était pas comme s'il avait cru qu'il finirait par se marier avec elle de toute façon. Il savait depuis le début que ce n'était qu'une relation parmi d'autres, que ce n'était qu'un amour d'adolescence et rien d'autre. Mais en voyant la réaction de la jeune fille quand il l'avait mis au courant de la fin de leur relation, elle ne devait pas voir les choses de la même manière.

Il avait essayé de faire les choses en douceur, parce que même si elle commençait à l'insupporter, il l'appréciait toujours, elle avait été l'élue de son cœur pendant deux longues années. Il avait toujours cette envie, cet espoir qu'elle aille bien, que tout se passe bien en son absence, mais elle l'avait provoqué, elle lui avait craché dessus, le réduisant à un objet qui lui appartenait. Et si Mingjun devait appartenir à quelqu'un, c'était à lui-même. Alors il s'était importé, il s'était énervé, et maintenant, le froid régnait. Et pourtant, en pleine nuit, elle demandait pardon pour ses mots, elle le suppliait de ne pas partir, de rester avec elle. Pour le jeune Chinois, elle pouvait l'avoir une fois, deux, mais pas trois, cette fois, c'était fini pour de bon, et ce n'était pas comme si son père allait accepter de rester juste parce que son fils avait sa copine sur place. Mais Mingjun n'était pas encore majeur, il devait suivre le courant. Malgré la rupture, le fait qu'il soit toujours un petit peu énervé, il prenait le temps de répondre à chacun de ses messages, il pensait que ce seraient les derniers qu'il aurait de la part de la blonde, mais non. Un après l'autre, elle n'arrêtait pas. Éventuellement, un moment, celui-ci avait arrêté de répondre. Cette nuit était déjà assez difficile pour lui qui ne voulait pas avoir à faire des voyages avec son idiot de père. Il était minuit, ou peut-être une heure du matin, ou peut-être plus tôt dans la matinée quand il finit par recevoir le simple message " Je veux juste te parler face à face une dernière fois. " Et pensant que ce n'avait rien de mal au fait de tout mettre à plat une dernière fois, il accepta.

C'est bien sûr sans prévenir ses parents qu'il partit de chez lui en pleine nuit, seul son petit frère était au courant de la chose. Prenant une veste au hasard au cas où il ferait trop froid dans la nuit noire qui se présentait devant lui, Mingjun se dirigea alors vers le lieu prévu, la tête haute. Il n'allait pas revenir sur ses propos, et il n'allait pas changer d'avis, il le savait. Rester avec elle lui causerait de devenir fou à cause de la solitude, et peut-être de la détester, il préférait que ceci n'arrive pas. Arrivé en premier sur les lieux, il attendait tranquillement, calmement, la veste sur son épaule et son téléphone en main. Elle avait pour habitude de se faire attendre, mais peut-être que cette fois-ci, c'était autre chose. Et au final, elle arriva quelques minutes plus tard, dans la simple robe qu'elle portait en journée. Mingjun ne put s'empêcher de rouler des yeux, soit elle faisait exprès, soit elle était pressée. Il finit par s'approcher d'elle pour poser sa veste sur ses épaules afin qu'elle n'est pas trop froid, avant de lui tourner le dos et de s'éloigner.

« Je reviendrais pas sur mes mots Soo Ah. Je pars demain, et y a rien que tu puisses faire pour que ça n'arrive pas. »

Tout avait été si rapide. Les indices de la fin de cette période heureuse étaient passés au-dessus de Soo Ah, elle n'en avait aucune idée, aucun doute, que plus rien ne résonnait dans le cœur de son Roméo. Et pourtant elle avait bien entendu les mots qu'il avait prononcé cet après-midi. Des mots qui l'avait déchiré, meurtri, elle pensait avoir fait quelque chose de mal dont elle n'avait en aucun cas l'intention. Et la raison de cette fin si triste n'était pas une bonne raison de se séparer aux yeux de la blonde. Pour elle, même à l'autre bout de l'univers, de la Voie Lactée, elle l'aimerait toujours. Elle pensait qu'il en serait capable également. Après deux belles années, il ne pouvait pas tout arrêter comme ça, comme si elle n'était plus rien tout d'un coup. Il ne pouvait pas, il n'en avait pas le droit ou l'autorisation. Il lui appartenait. Mais quand il était devant elle et qui la fixait de ses yeux qu'elle aimait tant, Soo Ah ne pouvait rien faire d'autre que de rester paralysée. Il était froid, et pourtant un sourire aux lèvres.

Elle était donc passée par plusieurs émotions, en commençant par la tristesse devant lui. La blonde l'avait supplié de ne pas la laisser seule, de ne pas la quitter, elle qui le voyait à ses côtés même après la mort. Elle s'était accroché à lui en pleurant toutes les larmes de son pauvre petit corps, elle avait espéré qu'au son de sa voix faible, qu'au contact de ses larmes, il reviendrait vers elle. Mais il n'en était rien, il avait l'air décidé, sûr et certain que cette relation devait être fini. Soo Ah passa par une autre émotion, la rage. Elle ne contrôlait plus son corps entier, ses paroles. Toujours accroché à lui comme si sa vie en dépendait, elle le frappait au torse de toutes ses misérables forces, l'insultant et le maudissant autant qu'elle le pouvait. Il n'avait aucun droit de la laisser. Et quand ses paroles sortirent de ses lèvres, la réponse de son seul et unique détenteur de son cœur n'était plus douce, désolée comme elle l'était avant. Il était froid, distant, violent même dans ses paroles. Ne la rabaissant presqu'à une simple femme sur son chemin, elle qui pensait avoir été sa première et unique femme, elle qui pensait qu'il l'avait aimé. Soo Ah hésita quelques secondes à ce sujet, peut-être avait-elle raté dès le début, peut-être jouait-il avec elle depuis tant de temps. Mais les sourires qu'elle avait vu, les rires qu'elle avait entendu, les caresses qu'il lui avait fait ; rien de tout ça n'était faux. Il l'avait aimé et des sentiments ne partaient pas aussi rapidement non ? Il devait rester quelque chose en lui. Mais c'est seulement en le voyant partir loin devant elle qu'elle sentit le besoin de s'excuser de ses mots, d'essayer de récupérer sa confiance, son amour. Elle avait besoin de lui pour vivre.

Même une fois loin de lui, la blonde ne pouvait pas abandonner aussi tôt. Elle l'avait bombardé de message d'excuse pendant tout le reste de la journée jusqu'à qu'il abandonne de lui répondre. Cette nuit était froide sans lui, cette nuit était effrayante sans lui. Que serait le reste de sa vie sans lui, surtout qu'elle ne pourrait possiblement plus jamais le voir s'il s'envolait loin d'elle ? Les problèmes, les coups, les insultes, tout allait revenir, et elle n'aurait personne pour la défendre, personne à ses côtés. Soo Ah devait trouver un moyen, calme et civilisé, de retenter sa chance. Peut-être si elle restait calme, contrôlait du mieux possible ses émotions, elle pourrait l'avoir pour elle à nouveau. Un message suffit. Et sa dernière chance était enclenchée. En recevant l'acquisition de son Roméo, elle courut presque vers le lieu prévu, même si encore une fois, elle avait trouvé un moyen pour arriver après lui. La blonde n'avait pas pris le temps de s'habiller différemment que pendant la journée, et le froid caressait d'un peu trop près son corps. Le geste attentionné de son bien-aimé lui réchauffa le cœur tout comme le corps, même si ses paroles restaient froides, le dos tourné.

« Même si je ne peux rien faire pour ton départ, il doit bien avoir un moyen... »

Il était difficile pour elle de rester calme, de ne pas pleurer. Il ne lui montrait même plus son visage, elle qui aimait tellement ses yeux, ses lèvres, elle ne pouvait rien voir d'autre qu'une silhouette lui faisant dos. Serrant sa veste contre elle, elle était imprégnée de son odeur, et cette odeur même provoqua un pincement au cœur de la blonde. Il devait avoir un moyen.

« Je t'attendrais toujours ici Mingjun. On n'est pas obligé de se séparer... J'attendrais autant de temps que je dois, même si ne plus te voir ici me briserait le cœur. Je t'en prie. »

Soo Ah était complètement désespérée. Avec la voix la plus douce et contrôlée qu'elle avait, elle parlait tout en tremblant de peur de le perdre, de peur de ne plus jamais le revoir, de ne plus jamais pouvoir lui dire qu'elle l'aimait et qu'il l'accepte.

Au fond, même si Mingjun en était venu à ne plus rien ressentir elle, l'entendre parler d'une voix tremblante sans la voir sachant qu'il lui avait tourné le dos, pleine de tristesse, ce n'était pas quelque chose de plaisant pour lui. Même si son cœur avait changé, cela lui faisait une pique au cœur de l'entendre dans cet état. Et celle qui arrivait à se concentrer, à rester calme plutôt que de s'énerver parce qu'elle n'avait pas ce qu'elle voulait était celle qu'il avait aimé. Mais de toute façon, il avait bien vu que c'était trop tard. À quoi bon rester avec quelqu'un pour qui il n'avait plus aucun sentiment ? Plus aucun sentiment autre que de la pitié, et même parfois du dégoût ? Ce n'est pas un sentiment qui est censé arriver dans un couple normal, et Mingjun n'était pas aveugle à ce point pour croire aux secondes chances. Puis au fond, avec ce qu'il avait pensé, ce qu'il avait fait, ce qu'il avait dit, il avait déjà marqué une fin à cette relation. Des erreurs qu'il avait fait n'était pas acceptable, lui-même le savait, lui-même s'en voulait, même s'il ne lui avait rien dit sur cet incident. Il préférait garder sa culpabilité pour lui-même, il ne supporterait pas de lui avouer une erreur de ce genre. Le jeune Chinois écoutait ses mots patiemment, au fond, savoir que quelqu'un vous attend patiemment est rassurant, mais il lui souhaitait le bonheur et si possible avec quelqu'un d'autre que lui. L'emprisonner dans une attente de temps indéfini, alors que lui savait que si ici, il avait réussi à gâcher tout si facilement, une fois aux Etats Unis, il serait également capable de tout.

« Ne m'attends pas, je te l'ai dit. Les relations longues distances ne sont pas mon truc. Puis je préfère te savoir heureuse avec quelqu'un d'autre que malheureuse à m'attendre. »

Il l'avait dit à haute voix alors qu'au fond, rien que de la penser avec un autre homme l'énervait. C'était la preuve qu'il tenait toujours à elle, et ça l'énervait un petit peu. Mingjun aurait aimé que tout ça s'envole avec ses sentiments. Mais c'était des habitudes et sentiments qui s'étaient développés avant cet amour. Son âme charitable, le petit héro en lui était obligé de s'inquiéter à tout moment, de vouloir garder un œil sur elle. Mais il fallait qu'il soit logique. Ça n'allait pas arriver, il allait la perdre de vue, et elle ira mieux sans lui. Même s'il ne souhaitait pas partir, son père s'en fichait. Monsieur faisait sa règle ici, et en tant que mineur à ses 18 ans, Mingjun devait "obéir". Et il aurait préféré avoir juste un an de plus pour pouvoir lui tenir tête.

« Tu seras mieux sans moi Soo Ah. Alors tout ce que je te demande, c'est de passer au-dessus de tout ça et continuer sans moi. Ça devrait pas être difficile non? »

Bien sûr que si, ça sera difficile, et ça même pour Mingjun si elle continuait à pleurer jour après jour son absence. Rien que cette pensée l'attristait tout en le faisant presque frissonner de dégoût. C'était ça le problème après tout, ce dégoût de la personne derrière lui, il commençait à avoir du mal à la prendre dans ses bras sans avoir les yeux qui roulent. Si même ça était impossible sans qu'automatiquement, il se mette à râler, c'est qu'il ne ressentait plus rien. Au fond, il préférait partir loin d'elle le plus rapidement comme ça, il n'aurait plus cette culpabilité qui le ronge. Enfin, il l'aurait toujours, mais il n'aurait pas à la voir tous les jours, et se rappelait de son erreur. Son erreur ? Rien de très gros pour certains, quelque chose de grave pour d'autres. Sur le moment, Mingjun n'avait pas vu le problème, il avait déjà prévu de ne pas rester avec la blonde, mais au final, la seconde d'après, il s'en voulait. Ce n'était rien de très impressionnant. Mais si la petite venait à l'apprendre, sa vie pourrait se transformer en cauchemar, ou alors elle ne sortirait peut-être plus de chez elle. Déjà, qu'il ne la voyait avec beaucoup d'autres personnes que lui... Voilà, c'était aussi ça le problème. La solitude était quelque chose que les deux détestaient et le jeune Chinois le savait très bien. Alors pourquoi l'isolait-elle et s'isolait également de son côté ? Elle n'avait pas à avoir peur de le perdre par une amie qui aurait fini par devenir importante pour lui, sachant qu'une fois promis à quelqu'un, il était assez fidèle... La plupart du temps... Puis tout simplement, si elle lui avait fait confiance, rien de tout ça serait arrivé... N'est-ce pas..?

« Crois-moi. Tu préfères être loin de moi. Avant que tout ça nous détruise plus que ça ne l'a déjà fait. »

Bien que désespérée, Soo Ah voulait rester calme, elle ne voulait pas s'énerver parce qu'elle n'avait plus ce qu'elle voulait, comme une enfant pourrie-gâtée, mais c'était ce à quoi elle avait été habituée pendant toute sa vie. On lui avait toujours tout donné quand elle le réclamait, ses parents lui avait habitué à ceci. Puis même quand elle avait décidé que celui devant elle lui appartiendrait, elle avait eu ce qu'elle voulait. Pourquoi maintenant plus rien n'allait ? Pourquoi maintenant tout tombé devant elle ? Qu'avait-elle fait..? Est-ce que lui faire confiance avait été une erreur ? Est-ce qu'il ne pensait plus à elle depuis quelque temps ? Était-elle devenue laide à ses yeux ? Est-ce que c'était une chose qui venait d'elle ? Tant de questions se ressemblant et pourtant demandant une réponse précise pour chacune. Est-ce que c'était une chose qui venait d'elle ? La blonde souhaitait tout simplement être dans ses bras une dernière fois, l'embrasser une dernière fois... Mais ses mots, un par un, la transpercèrent. Il pensait vraiment que sa vie serait simple sans lui ? Qu'elle arriverait à l'oublier comme ça, d'un claquement de doigts alors qu'elle lui avait tout donné ? "Ca ne devrait pas être difficile" si seulement. Son monde entier tournait autour de lui et il osait prononcer de tels mots ? Comment osait-il se rabaisser au niveau d'un moins-que-rien, d'une personne parmi d'autre devant elle ? Comment voulait-il qu'elle reste calme après de telles paroles ? Attachant ses mains à la veste qu'il avait posée sur ses épaules, Soo Ah baissa la tête et ne put contrôler le flot de ses larmes. Elle faisait vraiment son possible pour rester calme, mais elle le voyait partir loin d'elle un peu plus chaque jour, un peu plus chaque minute. "Avant que tout ça nous détruise plus que ça ne l'a déjà fait", il la détruisait déjà avec ses mots. Elle était déjà détruite depuis longtemps.

« Tu crois vraiment ce que tu dis ? Tu crois vraiment que je vais pouvoir t'oublier comme ça ? Que si je le veux, tu serais inexistant pour moi ? »

Le ton de sa voix, couvert par la tristesse, devenait de plus en plus strict, de plus en plus appuyé. Pour qui il se prenait ? Un pauvre homme oubliable en deux secondes ? Une pierre sur son chemin ? Elle qui était tombée dans son propre piège, l'amenant vers lui pour devenir dépendante, tout tombé sur elle maintenant. Soo Ah venait à regretter de ne pas l'avoir surveiller à tout moment, de lui avoir laisser sa liberté, si elle l'avait gardé près d'elle à tout moment, il serait toujours là aujourd'hui. Mais elle n'arrivait pas à le garder autant pour elle. Elle n'arrivait même plus à se contrôler elle-même la plupart du temps. Que ce soient ses réactions, sa joie, sa peine, sa douleur, ou même la seule chose dont elle savait qu'elle avait le monopole si elle le voulait, ses propres rêves. Elle n'avait pas à les contrôler, il était partout dans sa vie. Mais maintenant, tout ça n'aura plus de sens, elle pourra rêver, mais rien n'arrivera. Et pourtant, elle voulait toujours sentir son corps contre le sien, passer une nuit avec lui dans le dos de ses parents, fuir quelque part avec lui. Son corps entier se dirigea vers celui de l'élu de son cœur, se laissa tomber contre son dos, s'attachant à ses vêtements, les larmes coulaient sans fin sur son visage.

« Je peux pas faire ça idiot ! Je peux pas t'oublier quand est-ce que tu vas le comprendre ? Tu sais très bien comment je suis sans toi, pitoyable et seule, c'est ce que tu veux ? Tu veux que je sois seule jusqu'à la fin de mes jours ? Tu me détestes autant ? Qu'est-ce que je t'ai fais pour que tu me haïsses ? »

Elle n'arrivait plus à contrôler ce qu'elle disait, ni même le volume de sa voix, où encore son corps entier que ne cessait de frapper le dos de celui qu'elle allait voir partir de ses petites mains. Vu la force qu'avait Soo Ah, ce n'étaient pas ses coups qui allaient le blesser, son cerveau ne cessait de lui dire que c'était de sa faute, mais en même temps qu'il n'avait pas le droit de lui faire ça. Et au fond, il avait raison. Pour qui il se prenait ? Depuis le début, il lui appartenait, et peu importe le temps que ça prendra, il sera toujours sien, qu'elle ait à l'enfermer chez elle ou pas. Des pensées impures ne cessaient d'arriver, tant qu'elle arrêta les coups sur son dos et ses pleurs pour en rire.

« Je sais. J'ai trouvé. Je suis assez petite pour entrer dans une valise, emmène moi avec toi, même si c'est juste mon corps et rien d'autre. Et tu le feras parce que tu m'aimes moi et personne d'autre, donc tu le feras parce que je l'ai demandé. »

Au fond de lui, Mingjun espérait vraiment que tout se passerait bien, qu'elle finirait par comprendre, s'excuser et qu'ils pourraient peut-être garder contact, mais en tant que simples amis. Quelle blague, quelle innocente pensée. Il connaissait Soo Ah comme sa propre main depuis le temps, et pourtant, il espérait toujours ? Il faut croire qu'au fond, il espérait toujours qu'elle soit comme avant, comme au tout début, comme à la seconde où il s'était rendu compte de ses sentiments pour elle : la jeune, belle, fragile Soo Ah. Au fond, c'était toujours le cas. Elle avait toujours besoin plus que tout de protection et il le savait très bien. Mais il l'entendait derrière lui, le ton de sa voix, sa façon de parler, rien n'allait plus n'est-ce pas. Ça n'allait pas être aussi simple que prévu n'est-ce pas. Puis elle pensait quoi. Que l'entendre pleurer ne lui faisait rien ? Que de l'entendre le supplier de rester ne lui faisait rien ? Bien sûr que ça lui fait mal au cœur, bien sûr qu'il aurait préféré ne rien entendre de tout ça. Bien sûr qu'il aurait préféré rester à ses côtés même si son cœur ne battait plus de la même façon. Le fait qu'il ne pouvait même pas garder le moindre coup d’œil sur elle pendant ce temps indéfini le rendait presque fou d'avance. Et si elle avait besoin de lui ? Et si elle était en danger un jour et qu'il se trouvait à des milliers de kilomètres loin d'elle ? Il serait trop tard de toute façon, Mingjun devait s'y faire, puis c'était sûrement la meilleure chose, plutôt que de continuer à imiter quelqu'un d'amoureux alors que ce n'était plus le cas.

Mingjun n'avait jamais été quelqu'un qui montrait ses sentiments facilement, il avait toujours caché ses larmes, caché de réels sourire, caché tant de chose, tout ça parce qu'au fond, il se disait que de montrer tout ça était une faiblesse. Et cette faiblesse, il le savait très bien que même elle, si elle pensait l'avoir vu, elle n'avait aucune idée d'à quel point il pouvait tomber bas. À quoi servirait de verser la moindre larme ? À quoi servirait de verser la moindre larme ? Il n'y avait pas de moyen de changer tout ça. De même, les questions qu'elle posait alors qu'elle perdait le contrôle de sa voix le faisait réfléchir. La détestait-il vraiment ? Et pourquoi ? C'était une question qui lui demandait à la fois trop de réflexion et pas assez. Bien sûr que non, il n'était pas encore arrivé au stade de la détester. Mais il y avait des jours où il cachait une rage en lui qu'elle provoquait, où il ravalait sa haine envers certaines choses qu'elle faisait, tout ça parce qu'il voulait son bien. À vouloir le bien de quelqu'un, il allait tout simplement se brûler les ailes, il en était venu à sentir la chaleur de la rage tellement souvent que comment lui avouer que ce n'était pas elle, et pourtant, c'était entièrement de sa faute également ?

« Non ce n'est pas ce que je veux. Je ne veux pas te voir dans cet état non plus. Et je ne te déteste pas. Disons que... Tu n'es pas l'erreur dans ce cas-là, je suis entièrement responsable. Mais certaines choses chez toi n'ont pas aidé. »

Ce n'était pas très doux comme façon de dire, il aurait pu être plus gentil même s'il essayait plus que tout de ne pas l'effrayer, de ne pas la faire partir en courant, qu'elle aille bien. Et à la seconde où il prononça sa réponse, plus rien. Plus de ses petits coups dans le dos, puis de pleurs. Silence. Un silence qui fut rompu par un rire déconcertant. Voilà, elle. C'était elle le problème. Celle qui tout d'un coup ressemblait à une folle furieuse pour ne pas peser ses mots. Celle qui passait des larmes aux rires d'une façon tellement déconcertante que même lui se demandait comment il avait fait pour ne pas voir ce côté d'elle. Puis cet ordre, elle le savait très bien. Personne ne donnait d'ordre ici. Surtout pas un ordre pareil.

« Mais oui, comme ça, je ramène un corps avec moi qui va mourir d'asphyxie avant qu'on arrive. Soo Ah, arrête de faire l'idiote. Tu sais très bien que tu resteras ici. »

Il ne le fera pas... Il ne le fera pas... Est-ce que c'est censé être une forme d'affection ? Est-elle censée bien prendre le fait qu'il ne l'enfermerait pas dans sa valise pour la prendre avec lui ? Oui, c'était parce qu'elle risquait de mourir s'il faisait une telle chose, donc il tenait à elle ! Alors pourquoi ? Pourquoi après tant d'années... Et comment ça "des choses chez toi n'ont pas aidé" ? Pour qui il se prenait ? Lui qui lui avait toujours dit " Ne change rien, reste toi-même " et deux jours plus tard " Oh non, tu me fais chier ". Il devrait savoir au fond qu'il ne parlait pas à n'importe qui. Il était ici parce qu'elle était vivante, parce qu'un jour, elle avait décidé que cet homme serait à ses pieds et il le restera. Qu'il le veuille ou non. Ou alors il reviendra en rampant comme ils font tous. Parce qu'il a besoin d'elle, autant qu'elle a besoin de lui. Qu'il ne le voit pas n'était pas le problème, elle aurait juste à venir le voir pendant quelques nuits pour lui rappeler son importance, pour lui rappeler que son cœur ne bat que pour elle, et que c'est naturel maintenant. Que plus rien n'est forcé, qu'elle ne fait plus de malaise à force de venir chaque soir hanter ses rêves. Puis ce n'était pas seulement elle qui pensait qu'ils étaient parfaits ensemble. Ils étaient aux yeux des autres ce petit couple tout mignon avec deux trois tensions parfois, mais il en faut toujours dans un couple et l'amour était là, au milieu. Qui sait qui est venu les séparer pendant leur danse, mais si c'est une personne, Soo Ah était prête à la trouver et lui faire regretter tout ce qu'elle lui avait fait subir.

« Je m'en fiche de mourir asphyxiée si je reste avec toi... C'est pas difficile ce que je te demande ! Au pire, tu vas voir ton père et tu lui dis que tu restes ici avec ta copine parce qu'elle compte plus que lui dans ta vie ! Et ose me dire le contraire, je sais que tu hais ton père. »

Il lui en avait parlé de son retour, qu'il pensait qu'il n'était qu'un profiteur, mais aux yeux de la jeune femme, c'était juste que Mingjun était jaloux. Jaloux qu'un homme lui pique sa mère comme ça. Qu'est-ce qu'il aimait sa mère, c'était presque effrayant. Soo Ah retira sa tête du dos de son Roméo pour seulement le tenir au dos d'une main, il n'allait pas s'en aller en courant, mais elle aimait avoir une emprise à la fois physique et mentale sur lui, mais si le mental ne suivait pas, elle ne pouvait plus rien faire. Comment pourrait-elle le garder alors que le jour d'après il allait partir ? Elle n'allait pas pouvoir le récupérer en une nuit, une chose pareille prend plusieurs jours, plusieurs nuits pour marcher. Elle avait mis plus d'un mois avec que le Chinois vienne enfin vers elle. Allait-elle accepter de le perdre pour autant ? Non. Elle allait pleurer les larmes de son cœur pendant bien trop longtemps, et même si elle ne pleurait plus à ce moment précis, faisant la forte, elle sentait son cœur se brisait de plus en plus à chaque fois qu'il la repoussait.

« Je comprends juste pas ce que je t'ai fait... Tu vois quelqu'un d'autre ? Une fille te fait plus d'effet que moi ? Ou alors c'est pas une fille ? Tu serais gay ? Non pas toi. Alors quoi ? »

Et pourquoi pas faire tout ça dans l'autre sens ? Si elle le garde ici, il ne pourra pas partir, et il resterait avec elle jusqu'à la fin des temps ! Après, il pourrait très mal le prendre, ce serait en quelque sorte un kidnapping vu que lui-même n'a pas l'air de vouloir rester à ses côtés...

« Et si je te cache ce soir et pendant quelques jours chez moi ? Ou alors j'ai une planque quand mes parents m'énervent pas loin de chez moi ! On pourra vivre à deux comme un beau couple loin des problèmes, de ton père et tout ça ! »

Elle, celle qui était derrière lui, Mingjun n'avait jamais vu de femme plus... Hideuse qu'elle. Celle qui se rabaissait à plus bas-que-terre, proposant directement de mourir pour lui. Elle ne tenait dont pas à la vie plus que ça ? Au fond, il pouvait jouer avec elle, lui faire croire tout ce qu'il voulait, elle le croirait. Autant, avoir un certain pouvoir sur quelqu'un était tentant, très tentant. Autant en aucun cas, il n'en voulait pas autant sur sa petite amie. Mingjun avait toujours aimé les femmes qui savent ce qu'elles veulent, et font tout pour l'avoir, celle qui se mette en avant pour montrer leur qualité. Et bien que Soo Ah n'est jamais vraiment correspondu à cette description, il avait toujours trouvé chez elle une chose qui l'attirait, qui lui avait plus, comme si son cerveau n'arrêtait pas de penser à elle, même lorsqu'il dormait. Aujourd'hui, il commençait à penser à d'autres choses, son corps refusait le moindre touché d'elle, c'était clair et net non ? Si même son subconscient détestait ce qu'elle était devenue, comment continuer à aimer une femme pareille ? Après, elle était jeune tout comme lui, elle pouvait toujours changer, lui montrer qu'il avait faut de ne croire qu'en le fait qu'elle ne changera jamais, qu'elle restera la Soo Ah qu'il hait en ce moment, la pitoyable, la détestable Soo Ah. Est-ce que ça, elle le comprendra ? Telle est la question.

Et apparemment, non. En effet, parler de son père était une bonne façon de soulever une très bonne raison de rester. Vrai, il détestait son père, vrai, il ne voulait pas y aller. Mais c'était quoi ce plan ? Elle se prenait pour une actrice principale d'un film romantique où deux adolescents décident de ne pas écouter leur parent et s'enfuir dans une planque où ils restent et font n'importe quoi ensemble ? La vie n'est pas aussi simple, Mingjun le savait. Il l'avait déjà vu après tout. Tout ça devenait décevant, et surtout très long. Elle pouvait le tenir, ça ne changerai rien au fait qu'il allait faire ce qu'il savait faire de mieux, la laisser derrière. Puis en quoi le fait qu'elle ne l'attire plus ferait de lui quelqu'un de gay ? Elle réfléchissait un peu dans sa vie ? Est-ce qu'elle utilisait sa cervelle ? Est-ce qu'elle en avait toujours une déjà ? Parce qu'il se souvient qu'elle ait faite preuve d'intelligence auparavant, mais en ce moment, c'était assez décevant. Comme si elle était aveuglée par un soleil et ne voyait que ceci. Même si jeune, Mingjun se savait beau avec un certain pouvoir sur certaines personnes, mais quand ça dépassait la limite du potable... Ce n'était plus possible pour lui.

« Tu t'entends ? Tu veux recréer Roméo et Juliette tant qu'on y est ? Tu me diras dans cette version des choses, tu finis morte aussi. Mais non. Non, c'est non. Puis franchement, tu parles comme une idiote depuis plus de dix minutes, je vais y aller. »

Et encore, il s'était empêché de dire pire. Il ne voulait pas la laisser au fond, mais d'un autre sens, si, énormément. Il demandera à quelqu'un de garder un œil sur elle pendant son absence et voilà. Tout irait bien tant qu'il est loin d'elle, elle ira mieux, il ira mieux. Mingjun n'aurait pas à la regarder et revoir dans ses yeux ses erreurs, encore et encore. Ses yeux qu'ils commençaient à haïr autant que le son de sa voix. On dit que l'amour et la haine ne sont qu'à un fil, et il comprenait que le dicton était vraiment vrai. Et tout avait été si rapide, si choquant même pour lui.  

« Demain donc. Vers midi, si je me trompe pas. Mais essaie pas de me retenir, l'autre idiot à calculer court pour aller à l'aéroport. Et au final ça sert à rien de venir même pour dire au revoir de loin, je veux pas te voir ou t'entendre demain. »

Oui, c'était froid, mais c'était mieux pour elle et pour lui s'il ne se voyait pas le lendemain.