Les jours où il n’est pas au poste, le représentant de l’ordre se concentre sur les affaires non classées qui trainent et qui ne devraient pas selon lui. Mettre son nez dans ces affaires lui permettait de ne pas penser à lui, à son utilité, à ce qu’il a fait jusque-là et remettre en cause ses choix. Pouvoir aider ceux qui en ont le plus besoin et qui n’ont pas réussi à obtenir justice dans l’immédiat était donc l’idéal pour le soldat avide de voir se réduire les affaires irrésolues. Emporter des dossiers chez lui requérait d’avoir de quoi les mettre à l’abris et si l’endroit paressait dépouillé de toute personnalisation, il y avait malgré tout un coffre dont seul lui avait le code qui lui servait de table de nuit. C’est en posant ses mains sur ses genoux qu’il observe les papiers étalés sur la table basse, se plongeant dans une affaire de disparition et d’un présumé coupable. Aucune preuve et qui plus est tout semblait désigné un membre de la famille comme étant responsable. Vivre avec un meurtrier était une chose, ne pas savoir s’il en était un, une torture. L’homme dont il était question, père de la victime vivait depuis trois ans avec le poids de ce crime et la disparition de sa fille de huit ans.

Passionné, fasciné par les petits détails qui n’ont pas été relevé, mais bien noté, l’ancien militaire grogne quand on cogne à la porte. Le livreur sans doute ? Non. Il masse sa nuque en ébouriffant ses cheveux au doux son de la voix de son meilleur ami et frère d’un criminel recherché. Pour une fois qu’il n’était pas au milieu du bordel, il fallait qu’il se ramène et lui donne un travail supplémentaire : baby-sitter sans mêler l’étudiant à ses histoires. « Oui… je travaillAIS puisque maintenant je vais devoir tout fermer, c’est confidentiel » La tête penchée sur le dos de son canapé, il soupire et observe le jeune homme faire comme chez lui. Son frère et lui avaient ces mêmes habitudes de se sentir à leur aise où qu’ils soient, ce qui est à la fois une preuve d’adaptabilité très forte, mais assez perturbant et contrariant pour leurs hôtes. « Je vais très bien et toi ? T’es pas censé avoir cours ? Tu sèches pas au moins ? J’suis flic je te rappelle » en espérant que cela pèse pour qu’il décide de retourner sur les bancs de l’école, mais évidemment, s’il n’avait pas cours il n’y pourrait rien, il allait devoir le garder avec lui.

Se Han ne détestait pas la petite tête brûlée qui ne l’écoutait pas et venait lui rendre visite malgré ses avertissements, au contraire, il appréciait sa compagnie quand il n’était pas de mauvaise humeur ou trop concentré pour se faire interrompre dans une affaire qu’il avait envie de boucler. Au lieu de ça, il se penche sur la table basse pour récolter les feuilles et photo et les ranger soigneusement dans le dossier adéquat, prenant soin de l’avoir sur ses genoux afin de ne surtout pas le laisser trainer quand il irait chercher à boire ou plutôt… il avait une meilleure idée. « Je range le dossier et toi tu vas te chercher à boire, toute façon tu fais déjà comme chez toi alors sers-toi ce qui te convient du moment qu’il n’y a pas d’alcool sinon je te fais vomir »

---

@Kim Sae Rin

Il sent son meilleur ami se presser un peu, l’air de rien. Son sac de cours posé à l’angle du canapé « Parfait, juste de quoi me casser la gueule avec ma canne. Va poser ça côté fenêtre avant que je le bazarde ailleurs » ce qui serait fort regrettable pour l’étudiant. Se Han l’aurait mis dans un coin planqué, jamais jeté et ça ce n’était un secret pour personne. Il avait beau être spécial, il ne mettrait jamais sa canne en travers d’un chemin, même s’il savait également que Sae Rin faisait des études pour s’assurer un avenir au cas où, non pas parce que ça lui plaisait, mais le résultat était le même : il s’en donnait la peine et ce convenablement. L’ancien militaire fait en sorte de ne rien laisser à la vue du plus jeune. Il le sent vexé et ça le fait doucement sourire. « Que tu balances ou pas, je fais quoi si par ma faute tu vas jouer les justicier en allant appréhender un suspect ? L’affaire est pas publique et elle est pas classée, c’est douloureux pour les gens que ça concerne de savoir que des non flics sont impliqués » et même si ça venait à ne jamais se savoir, il préférait maximiser les chances.

Quant à ce sac de cours, il l’observe longuement pendant que Sae Rin le range et se demande s’il va en cours correctement. Evidemment, la réponse ne tarde pas, lui donnant envie de donner un coup dans le tibia du cadet. « Bien, content pour toi et c’est pas parce que je suis en civil que tu dois me parler comme ça, je suis ton hyung » dit-il, passant le fait qu’il avait commencé à parler sèchement lui, mais il ne savait pas faire autrement de toute façon. « Et si t’es pas content de comment je te parles, t’avais qu’à téléphoner avant » il lève le nez, fier d’avoir le dernier mot avant de se rasseoir et d’attendre la petite peste qui ronchonne. Se saisissant de sa boisson gentiment ramené, il soupire. « Non je n’ai vraiment pas le droit, sinon tu aurais été le premier à qui j’en aurais parlé, satisfait ? » faire des moues expressives en parlant de la sorte était bien sûr ironique, mais il l’aurait réellement fait. « Ou alors t’avais qu’à être flic » intérieurement, il ricanait, si son frère l’apprenait ou si Iryon le savait, oh il en jubilerait. Plus pour Iryon que pour Nabi. À vrai dire, il se sentirait coupable de mettre dans l’embarras tant de personnes, en particulier Sae Rin qui lui n’avait pas à connaître le côté sombre de son frère et de son ami, seule raison pour laquelle il ne disait pas ça sérieusement, donnant une petite tape sur la nuque du plus jeune.

Le brun boit une gorgée de sa boisson, soupire de satisfaction, assis enfin et masse sa jambe douloureuse tandis que l’étudiant reprend son cinéma. Lui dire ? Encore ? Non, inventer… ça ce n’était vraiment pas son fort, lui qui était très terre à terre devait certes, faire preuve d’assez d’ingéniosité, mais il n’avait pas la fibre artistique. « Ok, invente une situation, je te dis comment on procède, ça te va ? Gros gamin va… » il était bien content cependant que le plus jeune ait lâché l’affaire sur laquelle il était pour se concentrer sur quelque chose de plus fictif et ainsi ne faire de tort à personne. En réalité, une pause était la bienvenue et pour le coup, la compagnie de Sae Rin était plus que recommandée afin que son cerveau ne se mette pas à faire fumer ses rouages pour de toutes autres raisons bien moins plaisantes. Merci Sae Rin.

---

@Kim Sae Rin

« Ça tombe bien, j’ai une canne » dit-il pour toute réponse, bien content de voir que Sae Rin faisait l’effort de déplacer son sac pour lui. Ce n’était pas tant sa présence qui le dérangeait, mais son enquête qui allait piétiner quand lui pensait pouvoir l’arranger. Devoir expliquer à l’étudiant qu’il n’avait pas à mettre son nez là-dedans en donnant un exemple aussi peu crédible le fit claquer sa langue contre son palais. « C’est pour te dire, c’est dans le même genre qu’un membre de la famille d’une victime ne connait pas les détails de l’avancement de l’enquête, tu te doutes bien de pourquoi. Tu peux être aussi discret que tu veux et ne jamais en parler que j’en aurais aucune certitude et que ça te mettrait en danger possible sans compter les conséquences que ça peut avoir sur comment tu vas voir les choses après » cette explication plus détaillée le fait soupirer et rejeter sa tête en arrière pendant que le plus jeune récupère de quoi boire et met son ami mal à l’aise en parlant de son défunt père. Le sien quant à lui, il n’avait pas envie de le voir pour l’instant, bien qu’en bons termes, il préférait de loin l’affronter quand il n’était pas sous pression ou surmotivé de peur que les discussions s’échauffent et que son esprit de plus en plus indomptable ne prenne le dessus.

« Je ne te flique pas, tout de suite les grands mots, tu fais bien ce que tu veux, mais t’as la possibilité de faire des études autant aller jusqu’au bout sinon quel intérêt ? » et surtout, il ne parlait pas du fait que le jeune homme n’était pas particulièrement intéressé par une carrière dans le domaine qu’il avait choisi. Il lui propose alors d’être flic puisque monsieur râlait de ne pouvoir mettre son nez dans le précieux dossier. Ce qui fit presque s’étouffer le policier qui n’en dit rien. « J’espère qu’on ne te mettra pas avec moi si tu te décides un jour, un éclopé et un mignon petit Sae Rin, on va faire peur à tous les gros bonnets du quartier » et il ne plaisantait qu’à moitié.

L’idée proposée d’inventer une affaire pour connaître le déroulement de cette dernière est assez amusante, mais Se Han ne le dira pas, se contentant de masser sa nuque en regardant le plus jeune s’agiter et marquer tout un tas de choses tandis qu’il continue de boire son jus. « Un cluedo… » voir le travail qu’il effectue de la sorte, il n’avait pas vraiment tort, mais c’était tellement raccourci qu’il s’en passa la main devant le visage. « Bien… alors » en baragouinant les informations qui venaient d’être écrites en les retenant.

« On commence par demander aux scientifiques ce qu’ils en pensent, s’ils ont pris les photos et récoltés assez avant d’observer nous même sans piétiner autour de lui. » il masse son menton, observe la pièce comme s’il voyait la scène. « On cherche à obtenir à chaud le plus d’informations auprès du frère de la victime, quand est-ce qu’il l’a vue pour la dernière fois, s’il a une idée de son quotidien, si quelque chose l’a choqué avant de découvrir la victime » il mordille sa lèvre, faisant apparaitre une fossette. « Marque défensives manquantes, il connaissait l’agresseur et c’est de toute évidence ce qu’il s’est passé ou qu’on a voulu nous faire croire. Rien ne doit être touché, il faut qu’on sache ce que le meurtrier cherchait pour obtenir le motif de l’assassinat » ce n’était pas tout évidemment, mais il n’avait pas encore les détails, perler d’autopsie était peut-être prématuré, mais s’il n’y avait pas de plaie ouverte… « Ses yeux, ses lèvres, sous ses ongles, ses vêtements tout est important, mais ça n’est pas notre ressort on ne peut pas établir de réel profil de cette façon. Il faut attendre les résultats de nos collègues… une idée le stagiaire ? »

---

@Kim Sae Rin

Sehan n’était pas un donneur de leçon, mais il estimait que commencer une chose c’était s’engager à le terminer et voyant que le plus jeune ne l’écoutait que d’une oreille, il n’avait pas insisté plus en obtenant sa parole. Nul besoin de toute façon, même si ça ne le regardait pas, même si Saerin ne tenait pas ses engagements, il ne devait pas s’en mêler, il était son ami, pas son père et voulait encore moins ressembler au sien. D’un autre côté, il avait dit ce qu’il pensait et c’était également son rôle que d’être sincère et d’agir dans l’intérêt de ses proches ? Il masse l’arrière de son crâne et finalement propose bêtement que des études en criminologies soient plus bénéfiques pour Saerin en vue de son intérêt pour le sujet, ce qui fit presque briller les yeux du jeune homme qui renvoya malgré tout l’ascenseur à son ainé en lui balançant qu’ils n’avaient rien d’effrayant, l’incluant dans le lot. « J’ai vu plus de choses que toi on va dire et non, pour toi je ne suis pas menaçant c’est bien normal » il n’avait pas intérêt à l’être et quand bien même ce ne serait sans doute pas volontaire de montrer sa part d’ombre à la petite boule de tendresse mêlé à un soupçon de malice qu’était le jeune homme.

Finalement, c’est un jeu qui est proposé et qui est en lien avec son métier. Si le vétéran apprécie, il n’en montrera rien face à l’étudiant à part peut-être son raisonnement logique. Non pas par fierté, bien qu’il y ait de cela, mais plus parce qu’il s’investie sincèrement dans ses enquêtes dans le but que les meurtriers payent leurs crimes… comme lui ne l’a jamais fait, acclamé en héros, médaillé pour avoir tué. Il déglutit, fronce les sourcils et finalement se concentre, exposant divers fait que l’e plus jeune vient compléter. « Oui, empoisonnement ça se serait vu et de même pour ce qui est d’être assommé, il y aurait eu un hématome ou un signe plus flagrant, du sang peut-être » en réfléchissant un peu plus il acquiesce toujours « Si la porte était fermée de l’intérieur ça peut être dans l’air. Quant à l’heure oui, approximativement ils peuvent en donner une, mais plus on est précis et mieux ce sera, il faut passer la pièce au peigne fin pour trouver le motif, d’autres idées ? » Il voulait le laisser tâtonner, préférant le pousser à réfléchir et tester sa logique que de donner les solutions. En avait-il une seulement ou n’avait-il pas prévu de donner une réelle fin à son histoire de meurtre ?

---

@Kim Sae Rin

Ses yeux se lèvent vers le ciel dans une expression blasée. Evidemment que c’était lié, être plus vieux et expérimenté, mais pas nécessairement dans l’esprit du policier étant donné son supérieur plus jeune que lui. Il se gardera de le dire cependant, préférant poursuivre leur enquête. Sae Rin avait de très bons réflexes, ce qui était surprenant, mais assez agréable. Expliquer à quelqu’un les rouages d’un métier n’était pas forcément agréable pour lui dont la patience n’était pas aussi respectable que la plupart de ses collègues. Bien sûr il y avait d’autres domaines dans lesquels il excellait sur cette qualité, mais pour l’apprentissage, ça lui avait toujours été compliqué. Il acquiesce aux dires du plus jeune, écoutant attentivement ses propositions. Bousculer le frère de la victime était intéressant « Il faut lui demander de rester disponible également et de ne pas se rendre hors du pays durant l’enquête sans quoi il sera considéré comme suspect. Même si aucune piste n’est écartée, il n’est pas nécessaire qu’il sache qu’on l’a en ligne de mire » Subtilité du métier, il croise ses doigts entre eux au-dessus de la table, ses deux pouces contre ses lèvres.

« Exactement, l’argent n’est pas le motif, c’est un meurtrier que l’on recherche, pas un voleur » La criminologie était complexe, pourtant, ses bases étaient à même d’être comprises par tous, mais peu possèdent ce réflexe de questionnement. Sae Rin le surprend de nouveau. Les voisins ont peut-être entendu, effectivement. « Oui, très bonne initiative. Avant ça, il faut préciser que rien ne doit être déplacé avant que les experts ne soient passés pour les photographies et autres détails à récolter sur place. Qu’est-ce qu’on apprend de plus, les voisins ont-ils entendu quelque chose ? Selon toi, avertir qu’un meurtre s’est produit et qui est la victime est-il nécessaire dans ce cas ? » question piège cette dernière, mais il avait hâte d’en savoir un peu plus. Après tout, être flic n’était pas une partie de plaisir. Courir après les méchants était seulement la partie visible de l’iceberg et il fallait faire preuve de beaucoup de sang-froid et de beaucoup de tact, ce dont il manquait parfois cruellement à son plus grand désarroi. Il se souvient de la première fois où le lieutenant l’a embarqué pour prévenir des parents que leur adolescente a été victime de meurtre… un supplice auquel il a eu du mal à s’exposer, mais endurer est aussi sa part du marché. Si les parents réclament souvent vengeance, face à un visage qui inspire sécurité et confiance malgré les circonstances, ils remettent leurs espoirs de voir croupir en enfer celui qui leur à enlever leur lumière plutôt que de s’adonner eux même aux messes basses.

---

@Kim Sae Rin