purrfect paws

Les joues finement gonflées, son regard vaquait dans le vide qui tournait autour de lui. Il libérait des petits souffles contenus, les laissant fuir un à un comme s'il craignait faire trop de bruit s'il les faisait exploser d'un seul coup. Les coudes posés sur le comptoir devant lui, son menton dormait dans une de ses paumes tandis que l'autre main volait librement près de sa hanche. Il n'y avait pas un bruit. Tout était calme ici... Ça avait été ainsi depuis qu'il était arrivé d'ailleurs. Alors quoi personne ne voulait acheter de fleurs ? Il se pinça les lèvres dans une grimace enfantine avant qu'une longue respiration bruyante ne lui échappe enfin. Il jeta un coup d’œil sur l'heure, ses prunelles s'illuminant quelque peu : il ne lui restait plus que quelques minutes. Après ça, il allait pouvoir se détendre en allant retrouver un ami qui lui mettrait certainement du baume au cœur et lui tirerait de grands sourires. Et oh il allait voir Luka aussi - pas de sa faute s'il aimait un peu trop son chien. Pas qu'il n'aimait pas le maître mais... Il leva les yeux au ciel dans un nouveau soupir et une frimousse boudeuse comme s'il essayait de convaincre quelqu'un alors qu'il n'y avait personne à part lui. Cela voulait-il dire qu'il essayait de se convaincre lui-même ? Mystère. Et si Dean commençait à se poser la question, il y serait encore jusqu'à minuit.

Ses pieds tapèrent distraitement le sol et il sautilla faiblement sur place avant d'apercevoir la tignasse de son collègue qui allait prendre la relève. Sans plus attendre il alla récupérer sa veste, saluant l'autre au passage s'excusant parce qu'il était pressé et qu'il n'avait pas le droit d'être en retard – il n'avait pas vu Chin depuis longtemps et... ah oui Luka aussi. Il allait devoir faire en sorte d'arriver à l'heure et de ne pas trop montrer de favoritisme.

Mais de toute évidence il était en retard, pour commencer. Pas de sa faute si un magasin avait retenu son attention sur le chemin... bon d'accord il avait fait un détour pour s'y rendre et s'y était un peu perdu - mais il adorait appuyer sur les jouets bruyants des chiens juste pour voir le bruit qui en sortirait - ça le tenait occupé, oui. Il avait acheté quelques friandises pour Chin, et un nouveau jouet parce que pourquoi pas ? Luka le payait pour s'occuper du canidé et en soit Dean n'avait pas besoin de cet argent. Alors il le dépendait généreusement pour Chin. Une dépense intelligente, comme il le disait à lui-même.
Lorsqu'il arriva, il sonna après s'être rendu compte que le double des clés dansaient tranquillement dans sa poche. Il haussa les épaules et patienta, souriant dès que la porte s'ouvrit. « Salut », souffla-t-il doucement vers Luka, les yeux naviguant déjà vers le sol – Dean avait le sens des priorités. « Ca fait longtemps tu vas bien ? », agenouillé ses doigts roulaient dans le pelage du chien, « Tu étais sage ? Oui tu étais sage. Tu es toujours sage hein », un léger rire lui échappa alors qu'il continuait ses caresses. Ses iris se levèrent doucement vers l'ombre juste à côté et un faible « Oh » écarta ses lèvres. Ah oui. Luka. Il était arrivé en retard et il montrait clairement son favoritisme... mais il était pardonné pas vrai ? « Tu vas bien ? », qu'il articula doucement dans une petite mine embêtée. Il ne n'avait pas totalement oublié c'était faux. « J'ai apporté des trucs », c'était vague mais il avait des trucs. Il se releva et ouvrit le sachet dans un petit « Tadam », une frimousse parfaitement contentée étirant ses traits. « Des friandises et un jouet », sa tête bascula quelque peu sur le côté, « Enfin pour Chin hein. Sauf si les petits os saveur bœuf t'intéressent ? », il rit quelque peu, « C'est peut-être la petite grenouille qui couine que tu préfères cela dit », son rire s'éleva un peu plus bruyamment, le faisant baisser le visage pour le contenir et le rendre plus discret. « Désolé », ses iris brillaient d'amusement. « Dis-moi ce que tu veux et je te l'apporterai la prochaine fois », en soit, sa présence n'était-elle pas déjà un bon présent ? … Dean n'allait surtout pas se pencher sur la question.

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Cela faisait une éternité qu’il n’avait pas invité son ami Dean, pour une petite soirée pépère entre hommes. Son aîné était professionnellement désigné par le footballeur comme étant son dog-sitter attitré. Mais en réalité, il était devenu bien plus qu’un simple gars qui gardait son chien ! Après plus d’un an et demi de loyaux services, il était devenu naturel pour les deux hommes de se rapprocher au-delà d’une simple relation employé/employeur. Le tempérament attachant de Dean l’y avait fortement aidé – même s’il n’était pas compliqué pour Luka de se lier d’amitié avec toutes sortes de personnes – il avait été extrêmement touché par la loyauté et par l’amour que ce dernier portait à son jeune berger allemand. Son animal aussi, ne pouvait plus se passer de lui. Dean était en quelque sorte devenu son deuxième maître. Les deux passaient presque autant de temps ensemble, que l’animal avec le principal intéressé. Et le footballeur l’avait aussi très bien compris… Son chien abordait une attitude totalement différente avec lui, puis avec Dean. Ce petit malin connaissait bien son monde…

Si Luka aurait pu avoir des raisons de jalouser un peu leur relation, il n’en était rien. Bien à l’inverse, il ne pouvait être que reconnaissant pour l’aide et le travail fournit. C’était après tout pour cette raison qu’il continuait de l’engager, et ce, de façon quasi-permanente. L’intérêt avait toujours été que Chin ne puisse jamais manquer de rien, et surtout pas d’attention… Au fil des mois, les deux en étaient venu à s’offrir mutuellement le double de leurs clés. Cela n’empêche que Luka continuait de le payer généreusement puisque chaque travail méritait une récompense et que ce cher Chin pouvait aussi être très exténuant dans son genre !! Après tout, il n’était pas le genre de chien pantouflard, à défier l’autorité de son maître pour réquisitionner le canapé… Chin ne faisait pas ça, au loft… Même si de toutes évidences, les règles n’étaient pas les mêmes chez Dean ! Son canidé avait beau savoir à quoi s’en tenir, cela ne l’empêchait pas de tenter le diable à quelques occasions… et très sûrement, pour le plaisir de le faire hurler et se la jouer gosse rebelle ! Son chien était encore un ado après tout, non ?

Ce soir-là, Luka projetait un petit programme sympa à base de bières, de poulet et de marvel, confortablement installés devant la table-basse de son séjour ! Ambiance bon enfant et à la bonne franquette ! Le footballeur s’était motivé à mettre en avant ses talents culinaires pour les papilles de son invité – mais aussi pour le plaisir de frimer – s’auto-proclamant Roi des cuisses de poulets grillées ! Il s’était même vêtu de son tablier de vainqueur pour l’occasion. Le jeune homme avait appris la recette de sa mère, qui elle-même l’avait appris de sa propre mère… L’avantage d’avoir été élevé à la campagne faisait qu’il savait se débrouiller bien plus qu’un banal petit citadin. Cela étant, il n’était pas non plus un chef étoilés, et il gérait surtout deux ou trois plats, sans aller jusqu’à des réalisations trop complexes. Le but étant toujours de faire au plus simple… Par ailleurs, en accompagnement avec le poulet, le coréen avait laissé son fidèle auto-cuiseur à riz faire le travail !

La sonnette qui détonna lui fit comprendre que leur invité était désormais rendu à la porte. Dean aurait pu rentrer et faire comme chez lui, mais il n’osa peut-être tout simplement pas le faire puisqu’il était là… Si bien qu’un sourire amusé s’étira de ses lippes lorsque le sportif se rendit dans le couloir, avec Chin à ses basques, bien entendu. L’animal avait tout de suite flairé la surprise. Sa queue ne fouettait jamais autant l’air que pour accueillir l’arrivé de ce cher Dean ! Et anticipant la fougue de son chien, Luka l’agrippa d’une main par le collier, de l’autre, il ouvrit l’accès à son ami, peu surpris de le voir aussi vite accroupis au niveau de ce gros nounours ! Pas vraiment surpris non plus de passer en second plan, alors qu’il relâchait progressivement la pression autour de son collier. Ce genre de scène lui arrachait toujours un immense sourire, même si à observer la réaction de Luka, poing dressé contre ses lippes, son expression laissait entendre qu’il se retenait aussi de rire. « Je vais bien… Et j’ai été sage aussi, si ça t’intéresse. » le taquina t-il, vite gratifié d’un clin d’œil. En réalité, il n’avait pas tant été sage ces derniers jours… Mais évoquer sa vie sentimentale ou même sexuelle avec Dean, cela ne s’était encore jamais fait !! Il préférait plutôt réserver ce genre de confidence à son meilleur ami, qui lui était toujours de bons conseils… A chacun ses prédispositions.

A l’apparition de ce sachet pour mettre Chin dans tous ses états, le rire de Luka s’éleva dans l’habitacle. Un rire tant adressé pour le comique de la situation que pour les propos tenus par ce cher Dean. « En effet, c’est peut-être plus ce truc qui couine qui m’intrigue. » ajouta t-il d’un ton aussi léger, la main tendue en direction de la grenouille qu’il compressa dans sa paume pour retenir l’attention de son chien. Les oreilles toutes droites tendues, Luka s’amusa de la candeur de son jeune compagnon, osant une chose qu’il ne tolérait pourtant pas dans son loft… mais pour une fois, il ferait une exception. « Allez, vas chercher ! » Le jouet bazardé à l’autre bout du couloir – allant même jusqu’à atteindre le séjour – ce fut durant ce laps de temps-là que le footballeur en profita pour refermer après Dean et l’accueillir d’une tape amicale dans le dos. « Fallait pas, vieux. Mais merci pour lui… Je te laisserai lui donner les friandises. » Après tout, cela lui revenait de droit non ? Quant à ce qu’il devait apporter la prochaine fois... Sincèrement, sa présence suffisait. Luka ne manquait vraiment de rien. Et il lui fit comprendre d’un signe négatif de la tête que c’était bien inutile. « T’en penses quoi de ce tablier Betty Boop ? J’ai la classe avec ça, avoues. » Auto-sarcasme, quand ça te prends… Un cadeau plutôt utile mine de rien, même s’il aurait préféré la tronche de son idole, à choisir… Mais de toute évidence, on préférait le voir comme une pin-up !! « Installes-toi dans le salon. Fais comme chez toi ! Je vais aller allumer le barbuc sur la terrasse. J’en ai pas pour long. » Les cuisses de poulets n’allaient pas se griller toutes seules après tout… Le temps de préparation pour un feu n’était jamais à négliger.

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Dean avait un faible pour les animaux. Toutes les personnes qui le côtoyaient avaient dû s'en rendre compte à en peine quelques minutes. En même temps, comment douter du contraire lorsque la personne à qui l'on parlait se mettait soudainement à sourire bêtement en regardant un chien ? Ou comment en douter, encore, quand la dite personne lui faisait un petit « coucou » de la main – il ne le faisait pas tout le temps, heureusement. Mais quand il le faisait, Dean se justifiait en disant qu'il fallait rester poli, même avec les animaux. Surtout avec les animaux. Il était tellement poli avec les bêtes qu'il hurlait à plein poumons quand il apercevait une araignée, d'ailleurs. Enfin, tout ça pour dire que Dean aimerait avoir des animaux chez lui. Il craignait de ne pas savoir s'en occuper. Distrait comme il était, il avait peur de leur faire du mal sans le vouloir. Mais quelque part, un peu de compagnie ne lui ferait pas de mal. Et Dean était plus concentré quand il s'agissait d'un animal qu'autre chose... mais ayant peu confiance en ses capacités, il doutait tout de même. Heureusement pour lui, il avait Chin avec lui parfois. Chin lui prouvait qu'il pouvait s'occuper d'un chien. Et avec le canidé, il se sentait moins seul – il lui avait même déjà confié un secret ou deux. Il savait qu'il pouvait parler : l'animal ne le jugerait pas et ne le prendrait pas en pitié non plus. C'était peut-être idiot, dans le fond, mais ça lui avait fait du bien de parler de son père à quelqu'un. Il ne pourrait jamais montrer à Luka à quel point il lui était reconnaissant.

« Ah », souffla-t-il, clignant des paupières, penaud. Il n'avait pas de récompenses pour Luka, cela dit. « C'est une bonne chose », dit-il en lui tapotant doucement la joue, un rire vibrant dans sa gorge « Tu veux aussi une gratouille derrière l'oreille ? », qu'il le taquina à son tour avant de rire un peu plus bruyamment, cachant sa bouche de sa main pour atténuer son rire unique. Il lança un regard vers Chin, comme s'ils étaient complices, gardant un éclat amusé sur ses lèvres. Et son rire s'éleva à nouveau à la réponse de son ami. Il ne put s'empêcher de lui taper doucement l'épaule sous l'amusement. « Je le savais, j'aurais dû en prendre deux », il se pinça les lèvres dans un air faussement embêté avant de hausser les épaules. S'il y pensait, il lui en achèterait un la prochaine fois, pour la blague. Mais Dean risquait fortement d'oublier d'ici là... Le coin des lèvres levé il observa Chin et son maître, la moue attendrie face à l'animal qui s'élança dans le couloir. Il se pencha quelque peu après être bien entré, la frimousse totalement absorbée. « Hein ? », qu'il fit en se tournant vers Luka. Il avait dit quoi ? « D'accord », il ne savait pas ce qu'il venait d'accepter mais d'accord. Il avait juste retenu un truc avec les friandises ; il allait pouvoir gâter Chin toute la soirée et il n'en était que plus heureux. La preuve était ce sourire qui ne quittait pas sa bouche.

Baissant le regard sur le tablier après les paroles de son camarade, sa tête bascula d'un côté, puis de l'autre, ses lèvres se pinça de plus en plus. « Ca te va à merveille », commenta-t-il, redressant des prunelles pétillant d'amusement vers lui. « Trop bien même », il grimaça quelque peu parce qu'à l'inverse, Dean aurait l'air de rien là-dedans – c'était trop injuste. « J'aurais plutôt cru que t'étais du genre à avoir ce genre de tablier avec les faux muscles là... », il fit un geste vague des mains avant de rire, inclinant tout de même son visage pour s'excuser silencieusement ensuite.
Il hocha la tête et partit s'installer dans le salon, prenant doucement place sur le canapé, son regard allant et venant dans la pièce. Il se concentra sur l'entrée, ensuite, attendant patiemment que Chin fasse son apparition. Et quand il le fit, son sourire grandit un peu plus alors qu'il tapotait ses cuisses pour que le canidé s'approche. « T'es tellement beau », dit-il en passant ses main sur son pelage, tout sourire – s'il était un chat, il ronronnerait. Il se mit à rire discrètement, continuant ses caresses et ses commentaires sur sa beauté. « T'es le plus beau », il appuya ses paroles de gestes plus doux, « Le plus beau de tous », il sourit, relevant quelque peu le visage, croisant la silhouette de Luka. Le rouge lui monta quelque peu aux joues – qu'est-ce qu'il faisait là ? A croire qu'il avait oublié qu'il était chez lui. « Pas toi, le chien », lâcha-t-il, une mine d'horreur étirant ses traits. « Enfin t'es beau, je veux pas dire que t'es moche », se reprit-il, les pommettes rosies. Il grimaça finalement, marmonnant un petit « Bref t'as compris... » Il rit faiblement de sa propre bêtise et de son propre embarras. « Ca va sinon ? », comment changer de sujet de conversation de manière pas du tout discrète – un libre par Dean.

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C’était complètement idiot, parce qu’ils étaient sûrement très mignons – et ridicule – à voir ensemble, mais cette complicité avec Dean le faisait vraiment rire ! Bon, peut-être le cherchait-il un peu aussi, mais ce côté bon enfant faisait vraiment du bien au moral. Cette soirée s’annonçait rafraîchissante en plus d’être intéressante ! Aucun risque à ce que Dean reparte l’estomac vide, et en prime avec un léger mal aux zygomatiques, faute d’avoir trop ri et trop mangé ! Luka ne savait pas encore devant quel film ils se poseraient, mais l’interrogation existentielle viendrait bien assez vite. Chaque chose en son temps. Et pour l’heure, c’était bien le canidé qui s’accaparait le rôle de la vedette, même si Luka n’était jamais bien loin pour ramener le spectacle à lui. Avec un tablier aussi classe que ridicule, il s’attendait évidemment à faire son petit effet ! Le sourire qui s’étira de ses lippes n’en fut que plus fier et satisfait lorsque son complice alla même jusqu’à lui assurer que ça lui allait trop bien ! Du foutage de gueule ? Venant de Dean, c’était à peine croyable, bien que… « Ahh. C’est pas trop mon style… Trop prétentieux pour moi. » Sans parler que ses propres muscles lui suffisait déjà. Certes, il était loin d’égaler les corps sculptés tels des dieux grecs, mais jusqu’à présent ça ne l’a jamais empêché de séduire plus d’une femme. Il passait déjà de nombreuses heures à courir et à s’entraîner sur le terrain. Soulever des poids et des haltères pendant des heures et se goinfrer de boissons protéinées ? Ce n’était plus de la vitesse qu’il allait acquérir, mais une paresse de mouvement et un mode de vie bien plus contraignant qu’autre chose… « En plus, c’est une édition limitée. Je suis trop fier de le porter ! » Ou tout du moins, c’est ce qu’on lui avait fait croire le jour où il avait reçu le fameux tablier…

Les directives étant donné, le footballeur bifurqua rapidement du côté de la cuisine pour y ressortir un grand saladier en verre, du réfrigérateur. Ce même saladier contenait les cuisses de poulets préalablement assaisonnées, prêtes à être saisies au feu ! Maintenant que Chin était occupé par Dean, le coréen ne craignait plus de le surprendre, le museau dans le plat… L’appel du ventre et de la faim l’emportait toujours à la discipline… Même disposé en hauteur sur la table de travail, Luka ne s’essaierait pas à le surprendre les deux pattes dressées en avant. Pas après tout le mal qu’il s’était donné pour faire valoir son expertise en terme de cuisses de poulets ! Il en allait de son honneur et de leurs papilles gustatives. Bien entendu, avec cette cuisine ouverte, Luka fut témoins du discours de ce très cher Dean à l’encontre du toutou le plus veinard de l’univers. Devant tant de fragilité, comment ne pas sourire face à ce qu’il entendait ? Bien sûr, qu’il parlait du chien. Dean ne s’était encore jamais adressé à lui de façon aussi mielleuse… et encore heureux, d’ailleurs ! « Ça va. J’ai bien compris que tu le préférais lui, à moi. » répliqua t-il pour la connerie de la chose, sous un faux ton de reproche. Comment ne pas craquer pour Chin en même temps ? C’était un chien affectueux et surtout très malin. Bien évidemment que son berger était le plus beau de tous.

« Fin de mois surbooké. C’est le début de la ligue donc on s’entraîne à fond en ce moment. » Le foot, bien sûr. Toujours le foot… Et un peu de fatigue psychologique. Mais ça, qui n’en subissait pas ? « Et toi, le commerce fonctionne bien ? Vous anticipez déjà le rush de la st-valentin avec Ye Rin ? » Rare étaient les amis qu’ils avaient en commun. Ou tout du moins, la meilleure amie de sa sœur, Luna. Il savait que Ye Rin et lui travaillaient dans la même boutique de fleurs… Il faudrait même qu’il pense à s’y arrêter un jour, à l’occasion. « Elle est pas trop chiante, d’ailleurs ? » Taquinerie, oblige. Bien sûr qu’elle ne l’était pas. Du moins, pas plus qu’une autre femme ! C’est sur cette pensée qu’il se saisit de son gilet, prêt à contrer la fraîcheur du dehors alors qu’il traversait le salon pour rejoindre la terrasse depuis les grandes baies vitrées. Comme stipulé un peu plus tôt, la mise en marche du barbecue au charbon de bois ne se ferait pas tout seul ! On était loin de l’attirail de compèt’, mais ce modèle muni d’un couvercle en acier galvanisé lui suffisait amplement. Il savait au moins à quoi s’en tenir avec ça. Foutre le feu à la baraque, était de très loin une option envisageable. « J’arrive dans cinq minutes ! Si tu veux, tu peux nous sortir des bières ? Tu trouveras les gâteaux apéros dans le placard de la table-basse. Rien n’a changé ! » Il aurait même l’embarras du choix, alors qu’il se fasse plaisir ! Ce n’était pas Chin qui dirait non à quelques gourmandises salées, pas très bonne pour sa santé...

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Quand Dean s'occupait de Chin, il pensait toujours à Bambi qui l'attendait sans doute chez ses grand-parents. Il s'occupait de ce chien comme si c'était le sien depuis son arrivée ici, pourtant, il doutait encore. Il ne savait pas s'il était capable d'avoir son propre chien. S'occuper des chiens des autres était toujours plus simples après tout, non ? Dean comparait ça à s'occuper des enfants des autres. La comparaison était peut-être naïve et bien idiote, mais il supposait que c'était toujours plus facile de garder les enfants des autres. C'était juste de la surveillance, en quelque sorte. Il n'avait aucune obligation à les éduquer, à les élever, à leur apprendre les choses de la vie ou d'autres sujets encore. Ce n'était pas son rôle. Il n'était pas le parent – cela ne voulait pas dire qu'il pensait être éloigné de cette tâche, non. Il était un adulte et tout adulte aidait à la construction intellectuelle et sociale d'un enfant. Ou d'un chien. Dean se sentait juste plus à l'aise avec un animal. Il avait moins peur de faire les choses. Il avait moins peur de tenter ou de se confier. Et mine de rien, un animal restait tout de même un brin indépendant. Un enfant avait besoin d'une attention particulière, et étant donné que Dean se perdait souvent dans ses propres pensées, c'était un peu compliqué.

C'était un peu pour ça qu'il ne rechignait jamais à s'occuper du canidé. Que cela soit celui de Luka ou celui de ses grand-parents. Cela lui apportait une douceur, des moments de tendresse et de rire. Des moments plus tendres durant lesquels il pouvait s'évader sans pour autant se noyer. C'était agréable, un brin addictif, mais puissant. Et puis, la compagnie animale était toujours plus appréciée – cela ne voulait pas dire que Dean n'aimait pas la présence de Luka ou Ki Hyun, par exemple. Juste que de temps en temps, cela faisait du mieux de se couper des interactions sociales et toutes les normes et obligations qu'elle traînait. « Trop prétentieux ? Pourquoi ? », demanda-t-il, penaud, les paupières clignant doucement, le visage basculé sur le côté. Il releva brièvement le regard vers le plafond, comme si la petite ampoule venait de s'allumer là-haut. « Oh tes muscles te contentent déjà ? », il reposa son attention sur Luka dans une légère esquisse. Il aimerait pouvoir dire la même chose que lui et avouer que ses muscles lui suffisaient. Il en avait des muscles, Dean. Il les utilisait juste pour appuyer sur des boutons ou soulever des fleurs – disons qu'il ne les utilisait pas de la meilleure manière qu'il soit. Ca comptait s'il disait utiliser les muscles de son cerveau ? « Une édition limitée ? Ah oui ? », il rit quelque peu. « Il me semblait qu'on en trouvait souvent des comme ça un peu partout. A moins que je confonde », il haussa les épaules, le nez faiblement plissé.

Ses joues se gonflèrent quelque peu à la remarque de son ami, le plissement de son nez se prononçant un peu plus, la frimousse boudeuse – pourquoi c'était lui qui boudait au juste ? Il lui offrit ensuite une mine désolée, avant de regarder Chin, un sourire naissant directement sur sa bouche. « Disons plutôt qu'on peut pas vous comparer », dit-il, amusé. « Tu es t... oh regarde on dirait qu'il sourit c'est trop mignon » … Dean ? Ses iris détaillèrent le visage de son vis-à-vis durant quelques secondes, un air perturbé au visage. Il parlait de quoi déjà ? Oh. Tant pis.
« Ca doit pas être évident tous ces entraînements. Tu te reposes bien au moins ? », le questionna-t-il, le regard rivé sur lui – enfin il essayait, ses prunelles avaient tendance à glisser vers le chien. « Ca fonctionne bien oui », pas grâce à lui mais... « La Saint Valentin ? », il cligna des paupières, perdu. « Ah c'est pour ça... », qu'il murmura. L'approche de cette fête expliquait pas mal de choses, du coup. Son sourcil s'arqua à sa question avant qu'il ne fronce les sourcils. « Pas du tout », confia-t-il dans un ton léger et un sourire. « Pourquoi elle le serait ? Elle est gentille, et le temps passe vite avec elle », puis elle s'y connaissait mieux que lui en fleurs surtout. Ca aidait pas mal à donner aux client.e.s ce qu'ils.elles voulaient vraiment. Il l'observa en silence, gardant le sourire aux lèvres en observant Chin ensuite. Ce chien était adorable. Trop adorable pour le bien de Dean. Ca le déconcentrait un peu trop rapidement. « D'accord », qu'il répondit à Luka, les phalanges s'agitant tendrement dans le pelage du canidé. Encore un peu, et Dean ronronnerait de bonheur. Le coin de ses lèvres restait levé, les traits de son visage clairement détendus. « On va chercher les... », les mouvements de ses mains s'arrêtèrent net alors qu'il fixait Chin, lui demandant silencieusement de compléter le reste de la phrase – il devait chercher quoi au juste ? La moue quelque peu paniquée, il n'osa pas directement demander à Luka de répéter. Le pire était qu'il se souvenait avoir dit qu'il était d'accord. Sauf qu'il ne savait plus ce qu'il avait accepté. « Hum... », il se racla légèrement la gorge, ses dents mordillant sa lèvre inférieure. Un petit « Oh » d'illumination frôla sa bouche et il s'aventura dans la cuisine afin de rapporter quelques boissons – il prit une bière pour Luka et un soda pour lui. « Et il te fallait quoi dans cinq minutes ? », on pouvait pas lui en vouloir d'essayer, au moins, pas vrai ?