Trois heures du matin. Personne dans les rues de ce village traditionnel. À part un criminel. Un mafieux du nom de ron. Et celui-ci, titube, s'aide des murs pour marcher. Il doit rentrer, non chez son maitre, mais chez cette famille. Famille qu'il n'apprécie guère. Sauf cette gamine. Princesse rebelle, au caractère bien trempé, dont il adore taquiner. Et un sourire nait sur les pulpeuses du mafieux à la pensée de cette adolescente. Stupide criminel qui s'entiche d'une gamine. Gamine aux courbes irrésistibles pour le décoloré. Et ses maux s'apaisent, le rendant un peu trop doux à son goût. Étrange pouvoir de cette gosse.

Et le jeune homme a une dette, dont il tiendra parole, jusqu'au bout. Il se demande juste quand celle-ci sera conclue. Pour le moment, il doit être présent pour ne pas attirer de soupçons sur lui. iryon grimace à chaque pas, une de ses mains effectuant un point de pression sur une plaie bien ouverte, parmi celles composant son corps. Un coup de couteau qu'il n'a pas vu venir. Pourtant, sa mission semble réussie, au prix d'être amoché de la tête aux pieds. Cible assassinée alors qu'un guet-apens avait été mis en place contre le bras droit de nabi. Un des hommes de celui-ci est véritablement un espion. Et il compte bien torturer cet enculé avant de lui prendre son âme.

Néanmoins, le criminel pense déjà à trouver une excuse débile, pour expliquer les balafres sur son visage, à l'adolescente. Ou les camoufler. C'est aussi une autre solution. Solution idéale pour le mafieux. Et iryon s'arrête pour reprendre sa respiration. Il est dans un piteux état. Il doit vite rentrer pour se recoudre de lui-même. Gestes simples et communs pour le jeune homme. Seulement, une voix résonne dans la ruelle. Cette voix, il la reconnaitrait parmi tant d'autres. Bambi.. Pourquoi serait-elle là ? aurait-il des hallucinations à cause d'une trop grande perte de sang ? Il secoue la tête, pensant à une illusion sonore, et poursuit son chemin, chancelant. Stupide mafieux.  

Les rues sont presque vides à cette heure de la nuit et le froid mords la peau de Dambi avec une force digne de l’hiver. Peu importe combien elle aime cette saison, elle veut rentrer au plus vite chez elle pour retrouver la douce chaleur de ses couvertures. Quelle idée d’être sortie sans sa veste, vêtue d’un simple pull et d’une jupe. Ce ne sont pas ses cuissardes qui allaient lui tenir beaucoup plus chaud. Mais que ne ferait-elle pas pour rester parfaitement habillée, avec un style parfait et avec les derniers vêtements tendances ? Ses dents claquent doucement dans la nuit et elle passe de ruelles en ruelles, toutes aussi sombres les unes que les autres, mais formant le plus court chemin menant au hanok. La soirée a été mouvementée et elle voudrait rapidement retrouver son lit pour dormir et se dire que toute cette journée n’a été qu’un stupide rêve. C’est pour ces deux grandes raisons qu’elle accélère le pas, marchant à tout allure.

C’est là qu’elle le voit. Iryon. Que fait-il au milieu de ces ruelles ? Instinctivement, sans même réfléchir plus, ne pensant même pas à la possibilité de tomber sur un dangereux meurtrier, elle laisse le nom du mafieux passer ses lèvres. « Iryon ? » Plus lentement, elle s’approche de lui alors qu’il continue son chemin, appuyer tout contre le mur. Mais que lui est-il arrivé ? Ce n’est qu’une fois entièrement certaine de son identité que Dambi se rue sur lui. Ses jambes la portent a une vitesse folle jusqu’à sa hauteur et jamais encore elle n’avait couru aussi vite. « Que t’est-il arrivé ? Qui t’as fait ça ? Réponds-moi. » L’adolescente parle rapidement, la voix teintée par une inquiétude immense qu’elle ne se donne pas même la peine de cacher. Pourquoi donc ? Elle n’a pas le temps de penser à son jeu d’actrice dans cette situation.

Les dégâts semblent être assez sérieux. Il devrait se rendre à l’hôpital, et pourtant c’est la voie de leur hanok qu’il était en train de prendre. Même si Dambi n’est pas un génie, ce n’est pas une parfaite idiote pour autant. Rapidement, elle comprend qu’il ne veut pas se rendre à l’hôpital. Malgré cette déduction, elle préfère poser son interrogation à voix haute. « Tu prenais le chemin du hanok… Es-tu certain de ne pas vouloir aller à l’hôpital ? » La brune attrape son bras qu’elle glisse sur ses épaules. Malgré sa force de moustique, elle veut faire son possible pour l’aider. Parce qu’elle ne partira pas. Même s’il la repousse. Même s’il ne le veut pas. Elle restera. Parce qu’il a clairement besoin d’aide. « Tiens toi à moi. Je ne te laisse pas. » Jamais, ajouta-t-elle dans son esprit. Elle allait être là pour lui. Parce qu’elle l’aimait. Parce qu’elle souffrait de le voir ainsi. Parce que ses souffrances étaient également siennes.

il ne s'arrête pas, il croit halluciner et pourtant, des bruits de pas, peu discret foncent vers lui. il aimerait sortir son arme, mais il sait qu'elle est déchargée. c'est bien sa veine. il n'a pas envie de crever. en tout cas, pas maintenant. il s'apprête à prendre sa deuxième option, son couteau ; celui qui lui sauverait la vie, une énième fois. seulement, cette même voix résonne à nouveau. il lâche prise sur le manche de son couteau, tournant son visage balafré vers l'adolescente. ses sourcils se froncent, s'efforçant à se redresser pour ne pas montrer son piteux état.  « gamine.. tu devrais être couchée à cette heure-ci.. »  rétorque-t-il, d'une voix sèche. et iryon reprend son rôle de baby-sitter, sous une grimace, dès plus déplaisante à regarder. et merde ; lui qui ne pensait pas croiser dambi, cette nuit. il ne souhaite pas qu'elle le voie dans cette condition. l'adolescente pourrait découvrir ce qu'il est réellement.

et les mots de la jolie biche étirent les pulpeuses du mafieux, d'une façon malicieuse. même avec une coupure monstrueuse à l'abdomen, iryon est toujours armé de son sarcasme.  « comme tu l'vois, c'est une belle nuit, alors j'ai prévu d'faire une promenade au clair de lune, avant d'me rendre à l'hôpital.. » dit-il, fièrement. des mots remplis d'ironie, plutôt méchants, envers la jeune femme, qui essaie de l'aider. sans qu'elle ne prévienne, le bras d'appui du décoloré se retrouve sur les épaules de l'adolescente. il s'affaisse sur la demoiselle, dans un grognement rauque. sa coupure s'ouvre quelques secondes, laissant du liquide rougeâtre imbibé, un peu plus, son pull col roulé. il ne résiste pas longtemps, lorsque les mots de dambi retentissent dans la ruelle. il a besoin d'elle. il le sait. néanmoins, sa fierté en prend un coup. et il pense déjà aux réponses qu'il devra lui donner. fausses, bien évidemment.

il compresse sa blessure ensanglantée de sa main de libre, exécutant plusieurs pas avec difficulté. il essaie de ne pas trop s'appuyer sur l'adolescente, se mordant la lèvre inférieure. il ne voudrait pas lui faire de mal, ou même tombée sur elle. qui plus est, il ne souhaite pas salir la jolie tenue du faon. « t'as encore fait l'mur..j'vais devoir te punir.. » susurre-t-il, entre deux pas, le souffle erratique, essayant de suivre les palpitations de son organe vital. son ironie a disparu, laissant le baby-sitter revenir au galop. dans ces moments là, iryon a l'impression d'être une autre personne. loin du mafieux terrifiant qu'il peut être. et il espère qu'ils seront bientôt rentrés, que ce chemin se terminera très vite.

Même dans cet état, Iryon prend encore le temps de la sermonner. Comment peut-il être ainsi ? Elle a envie de lui répondre que ça ne le regarde pas, et qu’elle n’a pas à se coucher à l’heure de poules. Mais compte tenu de son état, elle ne se permet pas de répliquer. Ce n’est pas le moment idéal. A la place elle pose des questions parfaitement sérieuses. Dambi est même étonnée de réussir à garder son calme. Un sourire tire les lèvres du blessé alors qu’il laisse son sarcasme s’envoler. « Tu crois que c’est le moment de plaisanter ? Tu réalises ton état ? » Finalement, elle passe son bras sur ses épaules pour l’aider autant qu’il lui est possible de le faire. Autrement dit, très peu. Ce n’est pas comme si son corps était réellement capable de soutenir entièrement celui du mafieux. Ce dernier s’affaisse sur la plus jeune dans un grognement et il lui faut quelques secondes pour qu’il se laisse aider. Ou peut-être des minutes, la jeune fille ne le sait plus. Chaque instant qui passe parait s’étirer, encore et encore. Les secondes deviennent une éternité.

Le sang imbibe d’autant plus son col à chacun de ses mouvements et avec une telle proximité les vêtements de la belle seront forcément tachés. Mais pour une fois garder une tenue correcte n’est pas sa priorité. Loin de là. Pour le moment, elle ne pense qu’à l’amener au hanok pour panser ses blessures, continuant de trouver ce raisonnement idiot puisqu’il semble clairement avoir besoin de se rendre à l’hôpital. Il retient son poids, ce qui les aide tout de même à avancer plus vite, et susurre quelques mots entre deux pas qui arrache un râle à la demoiselle. « Ouais ouais, tu me puniras si tu veux. Pour l’instant, garde tes forces pour marcher. Réfléchis à la punition dans ta tête si ça peut te faire plaisir. » Il devait à tout prix garder ses forces pour rentrer jusqu’au hanok. Dambi avait beau l’aider du mieux possible, elle serait bien incapable de tirer son corps inerte jusqu’à chez elle toute seule. Et elle ne se voyait clairement pas demander l’aide de qui que ce soit. Pas à cette heure. Pas avec Iryon dans cet état.

Ils arrivent plus rapidement qu’elle ne l’avait espéré à la demeure familiale et, sans réfléchir, elle prend le pas de sa chambre. Parce qu’elle sait que la porte arrière est ouverte et que personne ne les repérera, puisque c’est ainsi qu’elle s’est échappée quelques heures plus tôt. Parce qu’elle sait où est la trousse à pharmacie et n’aura pas besoin de fouiller bien longtemps. Dambi ne le lâche qu’après l’avoir invité -ou plutôt obligé- à s’assoir sur son lit. Elle repart quelques instants chercher la trousse à pharmacie et referme à clef derrière elle. « Enlève ton haut. » Vu comme il se courbait dans la ruelle, elle n’a pas de mal à imaginer une blessure à l’abdomen ou dans les côtes. L’adolescente allume sa lampe de chevet, laissant une faible lumière orangée éclairer ses traits. Il a l’air encore plus amoché qu’au premier abord et elle ne peut retenir un hoquet de surprise. « Qui t’as fait ça ? Bor… » Ses doigts se posent devant ses lèvres et elle récupère de l’antiseptique qu’elle pose sur du coton. Dambi s’agenouille devant le mafieux, les mains tremblantes et le regard empli de crainte, de peine et de colère. « Iryon… Je… » Elle est désolée. Son cœur souffre pour lui. Parce qu’elle l’aime. Ses mains tremblantes restent en suspens. L’adolescente n’est clairement pas préparée à ça.