dix-sept novembre, 2006. — Sept heure quarante-cinq du matin, les cheveux légèrement en bataille, la chemise de son uniforme hors de son pantalon, la cravate défaite, son badge à l'envers et une boisson caféinée à la main, iryon rentre en dernier dans la salle de classe bruyante. Il n'a pas l'habitude de se trouver ici. Le silence s'impose, et les regards de ses camarades prouvent amplement l'incompréhension et la stupéfaction de voir cet adolescent dans cet endroit. Les balafres couvrant son visage n'aident en rien son intégration dans cette classe. De toute façon, iryon n'est pas là pour créer une quelconque amitié ou même discuter sur les demoiselles. Non, le jeune homme n'a rien à voir avec ces adolescents de quinze ans. Vole à l'étalage, dealer et racketteur, un petit délinquant qui n'a que de mauvaise fréquentation. Pourtant le brun aime ça. L'adrénaline lorsqu'il se fait courser par les gérants de supérette, ou même lorsqu'il doit faire passer des petites pilules à un endroit d'un autre. Une routine qu'il effectue depuis quelques mois. Et son père adoptif a beau lui faire la morale, il n'arrête pas. Ron est un électron libre. Mais pas assez libre pour être absent en cours. Un appel de l'établissement, une trempe de la part de son précepteur, et le lycéen se retrouve dans ces lieux détestables.

Il se dirige jusqu'à sa table, au fond de la salle, près de la fenêtre. Et alors qu'il s'avance, ses iris noisette se posent sur cette adolescente, déjà assise sur le siège d'à côté. Quelques murmures se font entendre ; sans doute pour chuchoter des : « elle n'a pas de chance. » Mais iryon n'en prend pas cas, et pense même que sa voisine de table est mignonne. Il passe derrière elle, pour prendre place, et pose son sac au sol, avant de s'asseoir sur sa chaise, sirotant sa boisson. Ses yeux ne quittent pas la demoiselle. Il finit par se redresser, déposant le gobelet vide sur son petit bureau et il s'accoude sur celui-ci, sa joue balafrée réconfortée par sa paume de main chaude. « c'est quoi ton nom ? » demande-t-il, un large sourire sur ses pulpeuses légèrement amochées. C'est qu'il est curieux le délinquant, et surtout intéressé d'avoir une jolie camarade à ses côtés. Aurait-elle touché cet idiot en plein cœur sans même avoir émis un seul mot ?

dix-sept novembre, 2006. —  Chaque matin, je me lève de bonne heure pour aller me doucher et me préparer pour les cours qui se déroulent plus tard. Mettant mon uniforme conformément, en boutonnant tous les boutons possibles qui puissent exister sur cette chemise et veston. Mettant la boucle à mon collet ainsi que le badge, tout pour que je sois la petite parfaite que mon père aimerait avoir puisque son fils l’est, n’est-ce pas? Mon œil. Je quitte ma chambre me dirigeant tranquillement vers l’énorme salle à diner. Je suis une fille d’un père riche et directeur d’hôpital. Il faut que je sois conforme, droite. Que je ne fasse aucune erreur qui négligerait l’image impeccable de mon paternel, je soupire à cela en m’installant à une chaise devant mon repas. Être nommée une gosse de riche et être entourée de requin pour avoir une bonne réputation dès le premier regard, me saoule énormément. Sauf que père voudrait que j’aie des amies, m’a-t-il dit entre deux téléphones. Ce n’est pas une amitié d’être copine avec des filles aussi hypocrites, préférant être seule, après tout ma santé ne me permet pas de faire le moindre effort puisque tout me fatigue ainsi que tout m’essouffle. Je n’ai pas d’énergie à perdre avec cette histoire.

Sept heures quarante-cinq du matin, les cours vont bientôt commencer et moi, je profite de l’absence de mon voisin pour regarder le merveilleux soleil qui se présente en ce novembre plutôt frisquet. Je contemple la beauté du paysage en ignorant les discussions de ses pseudos amies qui me tiennent compagnies. Pourtant le silence se fit, ce que je n’ai pas remarqué. J’ai songé que le professeur est arrivé, mais je continue de rêvasser en me disant que je n’ai jamais réellement rencontré mon voisin de bureau. Celui-ci étant majoritairement absent ou quand il était là et moi absente dû à mon énorme fatigue/essoufflement, plutôt celle qui dormait en infirmerie lors de l’heure de sport. Cependant, je n’y prête pas plus d’attention que cela car les chuchotements m’ont sorti de mes songes. Pauvre de moi? Je tourne mon regard pour voir ce qui se passe comme spectacle, mais une silhouette prend place à mes côtés. Déposant sa boisson et en s’assoyant à la chaise qui lui ait dédié. Je n’ai pas lâché des yeux de sur lui ainsi que lui non plus alors qu’il s’accoude sur le pupitre en souriant comme un idiot balafré quoi et pourtant je lui souris de même un peu amusée qu’il me pose la question à propos de mon prénom. J’ai mis une mèche de mes cheveux en arrière de mon oreille pour lui répondre, mais l’enseignant se montre le bout de son nez. Du fait, mon attention se tourne vers l’adulte en avant. Prenant mon cahier j’ai pris un bout de papier pour écrire : «Sun et j’imagine que tu dois être Iryon?» je lui lance subtilement pour qu’il tombe devant ses yeux.

dix-sept novembre, 2006. — Yeux dans les yeux, iryon continue de sourire. D'un sourire enjôleur. Jolie, se dit-il, sans émettre de parole ; alors que sa camarade de classe lui rend un sourire légèrement amusé. Les doigts fins de la demoiselle glissent une mèche de cheveux derrière son oreille, et iryon suit le mouvement de ses iris noisette. Très jolie, renchérit-il au fond de lui. Il ne capte même pas que le professeur est devant son pupitre, et qu'il a commencé l'appel. Non, l'adolescent est trop occupé à observer la demoiselle qui écrit sur un bout de papier. Il regarde même la petite note atterrir sur son bureau en bois. Il se redresse pour le prendre, et ses doigts s'activent pour déplier le morceau de feuille blanche. Avant même de pouvoir lire, la voix du professeur retentit plus fortement dans la salle de classe : « Oh, un revenant, je suis impressionné de vous voir, Moon Iryon. Ça été ces longues vacances oisives ? » Un petit sourire dédaigneux s'inscrit sur les pulpeuses du jeune homme, fier de savoir que son professeur ne lésine pas sur ses mots. « Parfait, M'sieur. Même si j'préférais qu'elles continuent. » rétorque-t-il, des plus sérieux ; une envie soudaine de se faire virer pour insubordination envers un enseignant. Si c'est la manière qu'il faut employer pour sortir de ce trou à rat, alors iryon se fera un plaisir de l'utiliser. Seulement, à sa plus grande déception, le professeur lui offre un grand sourire, loin d'être amical. « J'espère que vous n'embêterez pas Sun avec vos idioties. » Et l'homme âgé continue son appel, sans même attendre une réponse du délinquant.

Iryon semble surpris et déçu de ne pas être renvoyé. Il soupire ouvertement, s'adossant à sa chaise. Il retourne à son occupation première, et regarde le petit mot dans sa main. « Même son écriture est jolie », murmure-t-il pour lui-même. Il se penche alors vers sa voisine de classe et se sert, sans gêne, dans sa trousse. Le crayon noir entre ses doigts, la plume de celui-ci inscrit sur le morceau de papier : « Enchanté, Sun. Je ne t'embêterais pas... à condition que ce midi, nous mangions ensemble. » L'adolescent est direct. Il sait ce qu'il désire ; et en l'occurrence, cette demoiselle. Il observe l'enseignant qui écrit au tableau, avant de déposer le papier plié sur le cahier de sa camarade de classe. Iryon s'accoude, de nouveau, à sa table pour voir la réaction de Sun, son sourire enjôleur de retour sur ses pulpeuses. Ses iris noisette semblent obnubilés par elle. Il pense même revenir demain pour simplement profiter de ce joli visage.

dix-sept novembre, 2006. —  Le petit mot intercepté, j’attend patiemment sa réponse pendant que le professeur fasse les présences. L’adulte semble surpris d’apercevoir mon voisin au point de lui faire une remarque. Je regarde la situation qui se défile sous mes yeux d’un intérêt particulier. C’est cliché qu’un enseignant ait un élève en particulier dans sa ligne de mire et je crois réaliser qui quand il a fait un commentaire concernant ses longues vacances. Je suis du point de vue d’Iryon, cela-dit. Loin des études, être libre de faire ce que tu veux ça semble être un rêve. Malheureusement, je n’ai pas cette liberté que cet adolescent a devant moi. Je suis coincée devant un pupitre sous les directives sévères de mon père et avec ma condition de santé assez fragile, je ne peux me permettre de faire quoique ce soit. Je ne peux même pas faire du sport ni faire le moindre exercice physique. Marchée m’essouffle, me fatigue énormément. Certes, l’intimidation ne manque pas dans cet établissement. Je fais toujours partie des moqueries même si j’ai quelques amies qui restent auprès. Enfin, amies seulement d'apparat. J’ai cru que le balafré aurait pu se faire expulser de la classe avec ce qu’il a rétorqué et je suis tout de même surprise que l’événement se retourne vers ma direction. Je m’absente aussi souvent que lui pour des raisons de santé alors pourquoi l’avertir de ne pas me déranger? L’éducateur en avant a peur que mes bonnes notes descendent à cause de lui? Impossible, je suis tout de même assidue pour ne pas que cette situation arrive. Quelque chose bouge dans mon angle-mort pour le voir ainsi piger dans ma trousse à crayon que je l’approche en souriant. Ainsi il n’a pas ses cahiers et ses crayons pour commencer le cours?

J’ouvre le bouquin à la page demandée ainsi que le cahier pour prendre les notes du cours. Je commence à écrire doucement en effaçant à l’occasion de l’erreur que j’ai fait sur ma page avant de reprendre mes notes. Lâchant quelques regards vers le rebel et vers le tableau. J’écoute attentivement les explications jusqu’à temps qu’un bout de papier se retrouve devant moi sur mes feuilles. Je prends le petit message en souriant avant de lui lancer un regard quoi de plus moqueur. Il ne veut pas m’embêter à moins que je mange avec lui à l’heure du midi telle est sa condition demandée. Je prends mon crayon pour ainsi trouver une petite place pour lui ceci: «Retrouve moi, ce midi, à l’arbre en avant de l’école.» Je plie ce bout de papier avant de vouloir le lancer cependant l’enseignant reporte son attention vers Iryon qui semble être obnubilé par moi. Je penche la tête sur le côté avant de me lever tout en me levant la main: «Je peux toujours partager mon livre et mes notes pour qu’il soit plus attentif lors du cours.» ai-je suggéré pour ne pas qu’il ait des ennuis. «Bonne idée Sun! Vas-y.» Des murmures se font entendre que j’ignore tout simplement. Il reste avant tout un élève, un étudiant comme les autres malgré son apparence délinquant et libre. Je n’ai pas peur de lui, il est très gentil avec moi et pourquoi je refuserai sa gentillesse? En mettant encore une fois mes cheveux en arrière des oreilles, je colle mon pupitre à mon voisin avant de faire glisser mes mains sur ma jupe pour déposer mes fesses sur ma chaise. Dès installer, je lui donne le bout de papier tout en tirant le manuel pour qu’il soit entre nous. Qu’il ait au moins attentif - ou faussement attentif dans son cas - durant l’enseignement.