❝ La vie est un champ de bataille où naissent les héros qui meurent pour que l’on vive ❞ Une histoire d’amour qui avait débuté sur le champ de bataille. Il était simple soldat à cette époque et elle était infirmière militaire. Blessé au bras, brûlure provoquée par une explosion qui avait enlevé la vie de quatre de ses collègues, il fût emmené d’urgence à l’infirmerie du camp. C’est là qu’il a croisé ce petit bout de femme au caractère bien trempé, mais au charme irréfutable. Comme une balle, elle avait tiré dans son cœur, elle l’avait séduit sans le vouloir, elle était la raison de ce sourire apparu sur ses lèvres déroutant ses confrères qui le côtoyaient. Toute excuse était bonne pour faire un détour à l’infirmerie, même une petite égratignure superficielle. Elle a résisté, mais la maladresse de cet homme l’a séduit. Ils se marièrent une fois de retour au pays et construisirent leur famille dans une province proche de Busan.

Année 1988, le 18 Septembre. Il est né, lui ce petit bout qu’ils attendaient depuis des mois, le fruit de leur amour. Un petit garçon de 51 cm et pesant 3,5kg avec déjà des cheveux sur le sommet de son petit crâne qu’ils prénommèrent Yeong Cheol en espérant que ce prénom le portera loin. Une enfance joyeuse malgré les absences de son père qui ne pouvaient manquer à son devoir en tant que militaire. Il a bien grandi malgré le fait que son père lui manquait et qu’il rêvait le voir venir le chercher à l’école comme tous les autres enfants de sa classe. Parfois il s’absentait pendant plusieurs mois, la plus longue période fut 1 ans et six mois sans revenir. On fils a grandit sans qu’il ne puisse réellement le voir, une tristesse qu’il ne pouvait solutionner. Son dévouement en tant que soldat était une fierté pour sa famille, même son fils pour qui son père était un modèle exemplaire. Il est revenu et pendant cette nuit de retrouvaille, ils conçurent sa petite-soeur Yeon Joo. Sa naissance fût un nouveau bonheur, elle était belle, souriante déjà bébé, elle était une petite chose précieuse que Yeong Cheol voulait protéger de tout.

Cardiopathie congénitale. Le diagnostic tomba. Cette si belle petite fille était atteinte d’une malformation cardiaque. Elle était petite, si fragile, trop fragile pour subir une intervention chirurgicale. Trois ans d’attente avant qu’une opération puissent être faite. L’hôpital était son quotidien, par chance elle ne se retrouvait pas seule. Sa mère y travaillait comme infirmière, ayant quitté les infirmeries militaires après avoir su qu’elle était enceinte de son premier enfant et son frère passait tous ses temps libres à aller la voir au lieu d’aller jouer avec ces copains. C’est dans cet univers qu’elle a grandi, passant le plus clair de son temps à l’hôpital qu’à la maison. Ses amis, d’autres enfants malades avec qui elle pouvait s’amuser. Elle était souriante et heureuse malgré sa maladie. Malgré l’opération et les soins, elle avait besoin d’une greffe, mais la liste d’attente était longue. Leur père est revenu sur demande de rapatriement exceptionnel pour être auprès de sa femme qui avait besoin de soutient. Il y a fallu attendre encore et c’est à ses six ans qu’elle pût seulement être greffée. Après la greffe, monsieur Ahn est resté pendant huit mois avant de repartir sur une nouvelle mission.

La sonnette retentit. La voix d’une femme s’éleva à travers la porte, demandant à son chien d’arrêter d’aboyer. Elle avança vers cette porte sans se douter de ce qu’elle allait trouver. C’est avec le sourire aux lèvres qu’elle ouvrit la porte. Un sourire qui petit à petit s’effaça à la vue de ces trois personnes derrière sa porte. Leur visage terne, les yeux baissés comme honteux d’eux, à peine deux mots prononcés par le plus âgé et elle avait compris. Ses jambes se dérobèrent, tombant lourdement sur le paquet. Les voix des hommes s’élevèrent attirant l’attention de ce jeune garçon âgé de quinze ans qui révisait dans sa chambre, de cette jeune fillette de huit ans qui jouait dans le salon. Le plus vieux vit ses hommes aider leur mère à s’asseoir sur une chaise. Il se rapprocha d’elle, regardant les trois hommes tour à tour. Leur visage ne lui disait rien, mais leur uniforme déclinait leur identité. Trois soldats, trois confrères de son père. Poster devant elle, le plus vieux lui tendit un uniforme avec une plaque militaire qu’elle prit entre ses longs doigts fins. De son pouce, elle caressa les gravures inscrites dessus « Ahn Seok Tae ». Les larmes coulèrent le long de ses joues, serrant contre son coeur cet uniforme et cette plaque militaire appartenant à celui qu'elle aimait. Le lieutenant général Ahn était décédé.

L’école n’est pas faite pour lui. Il travaille, mais ce n’est pas son fort. De toute façon Yeong Cheol savait ce qu’il voulait devenir plus tard, comme son avenir il le voyait. Il voulait être militaire tout comme son défunt père et son père bien avant cela. Un choix que sa mère eut beaucoup de mal à encaisser, elle connaissait les risques qu’il allait encourir en s’engageant, mais elle l’accepta. C’est donc très jeune qu’il s’engagea dans l’armée. Son entrée ne fût pas discrète, il était le fils du respecter lieutenant général Ahn. Un honneur, mais également une pression pour lui de ne pas entacher la réputation de son père. Il excellait. Il ressemblait tant à son père. Peu de temps après la fin de sa formation, il fût envoyé sur sa première mission, loin de la Corée, loin de sa mère et de sa petite sœur. Première confrontation à la douloureuse réalité d’une guerre. Des victimes, du sang, des bâtiments détruits, un paysage désertique donnant une impression de fin du monde. Les premières nuits, il a mal dormi, il a fait des cauchemars. Premier camarade, jeune recru comme lui qui n’a pas survécu sur une attaque lancée contre des terroristes. C’était dur, mais c’était ce qu’il avait choisi. Il y a fallu bien un an avant de pouvoir encaisser toute cette cruauté dont il était spectateur et acteur. Il a enlevé des vies, sauver d’autres.

Il a 23 ans, il était enfin de retour d’une longue mission de six mois pendant laquelle il n’avait pu revenir. Une mission qu’il avait mené avec exploit et qui lui avait valu sa première décoration. À l’aéroport sa mère l’accueillie avec sa petite sœur qu’il prit dans ses bras et embrassa la jolie chevelure noire. Il était heureux de les revoir. Aucune mission n’était pour le moment prévue, il allait pouvoir rester quelques mois et profiter de sa famille. Une sortie avec des amis soldats eux aussi en permission, son téléphone sonna. Sa mère… C’était Yeon Joo… Il arriva à l’hôpital, sa mère devant cette porte où Yeon Joo était prise en charge rapidement, c’était son cœur greffé. Ils ont essayé de la réanimer, mais après plusieurs minutes de massage cardiaque et de défibrillation, son cœur ne reparti pas. Sa sœur s’en était allée, rejoignant leur père dans les cieux. La mort de sa jeune sœur fût l’épreuve la plus difficile qu’il eut à vivre.

Debout, au garde à vous alors que le général de l’armée s’approcha de lui pour le décorer encore une énième fois pour ses exploits émérites et son exemplarité. Sa mère était là, versant une larme de bonheur et de fierté pour son fils. Il fût promu en tant que capitaine, devenant chef d’une unité militaire d’élite dont il avait fait partie depuis sept ans, celle des forces spéciales. Si son père avait été là, il serait fier de son fils et sa petite sœur le serait également. Il était connu, reconnu en tant que soldat. Sa vie aurait pu continuer ainsi, continuer à être aux quatre coins du globe pour différentes missions et comme son père grimper les échelons, mais c’est à Jeju qu’il fût missionné. Une mission secrète dont il ne pouvait en dévoiler le contenue, à personne, ni même à sa mère. Une mission différente de toute celle qu’il avait pu mener jusqu’à présent. Une mission secrète dont il ne pouvait rien dire ni même dévoiler, même pas à sa propre mère. Un projet secret concernant des Yonghwi. Il ne comprenait, ne savait pas de quoi il s’agissait, il n’y croyait pas. Comment de telle personne pouvait exister ? Il n’y a pas cru jusqu’à croiser la route de ce type, de ce prisonnier qu’il allait devoir surveiller et veiller à ce qu’il exécute les ordres comme il se doit. Cet homme qui allait changer sa vie et peut-être même le changer sans le savoir. Ce type insupportable et exécrable. Ce grizzly poilu et grognon comme il aime l’imager… Son nom ? Sato Ren.