Il y avait des périodes, comme en ce moment, où Dean avait un besoin crucial d'aller voir ses grand-parents. C'était un besoin vital, important, quelque chose qui le titillerait jour et nuit le temps qu'il ne le faisait pas. Durant ces périodes, il avait besoin d'eux. Besoin de leur présence, de leurs mots, de leurs sourires. Il avait besoin d'eux, pour apaiser son âme, son cœur. Il avait cette douleur physique. Son cœur qui se comprimait encore et encore au point que ça en devienne douloureux, au point que ça en devienne gênant, lassant et fatiguant. Il avait cette douleur psychologique. Ces souvenirs qui allaient et venaient, cette peine qui apparaissait par vagues plus ou moins violentes, plus ou moins grandes. Ce manque qui picorait sa peau, qui émiettait son cœur. Cette culpabilité qui rongeait son âme, noircissait ses pensées. Ou peut-être bien que c'était l'inverse.
Les voir c'était comme inspirer un air plus frais. C'était comme relancer son organe vital, le forcer à battre dans un rythme normal. C'était comme apaiser son esprit et ses démons, les repousser dans un coin plus sombre, plus éloigné.
Durant ces périodes, il avait besoin d'eux, de leur parler mais aussi d'être silencieux. D'être simplement entouré et ils le savaient tous les deux. Ils ne posaient pas de questions, se contentaient de s'asseoir près de lui et ils discutaient. De tout, de rien. Il avait besoin de sa famille, de leur sentir près de lui.
Son père lui manquait, c'était un fait. Et il y avait des périodes, il lui manquait tellement qu'il avait mal. Mal comme si tout venait de se passer la veille. Mal comme si le poids de la vie l'écrasait. Mal comme si la culpabilité le plantait au sol et l'empêchait de se relever. Mal comme si toute la peine du monde le clouait sur la terre et l'empêchait de respirer.

Voir sa famille lui faisait toujours du bien. Ses grand-parents semblaient le savoir quand Dean en avait besoin. Le fleuriste n'était pas du genre à quémander, à supplier qu'on vienne passer du temps avec lui. Il n'aimait pas ça. Il n'avait pas envie de perturber les plans des autres, en plus. Et de temps en temps il osait. Oh il ne disait pas qu'il avait besoin de quelqu'un pour aller mieux, non. Il ne disait pas non plus qu'il se sentait seul et que ça le pesait, non. Il demandait simplement si une soirée tentait. Quelque chose de simple, de banal, d'un peu bancal aussi.
Na Yung avait dit oui. Elle allait venir le voir. Ils allaient passer la soirée ensemble. Devant un film, à manger, à parler, à rire bref à se changer les idées. Quand le coup résonna à la porte, il était pratiquement déjà à la porte, l'ouvrant doucement dans un sourire. « Salut », il ouvrit un peu plus grand et se décala, lui faisant signe d'entrer. « Tu vas bien ? T'as passé une bonne journée ? », il garda son esquisse aux lèvres, le cœur se réchauffant doucement en la voyant. Il la fit s'installer au salon ensuite, non sans avoir glissé un petit câlin par là. « Je suis content que tu sois là. Tu veux boire quelque chose ? », son esquisse n'arrivait pas à disparaître, son organe se calmait petit à petit.