Les doigts qui tapotent sur la table. Impatient. Et plus les secondes passent, plus il risque de trouer la table avec ce mouvement répétitif. Idiot est celui qui croit que ce rituel calme les esprits. Il ne calme rien, il aggrave, il agace et exaspère davantage. Chaque choc prononçant une sentence plus violente pour le coupable. Il n’était pas là par bonté de coeur, Rafael, mais bien par obligation fraternelle. Comme il aimait à le dire. Il portait Minyeol dans son coeur, c’était un fait, et il était prêt à beaucoup pour lui. Il l’avait prouvé, plus d’une fois, si seulement une telle amitié avait besoin de preuve. Pour autant, il méprisait Dongchul, pour sa compagnie qu’il devait régulièrement subir, pour ses remarques déplacés et son air conquérant. Il n’allait rien conquérir avec Rafael, il était en territoire ennemi, sans intention de reddition. Tout ce qu’il risquait, c’était de se faire écrasé par sa colère s’il n’arrivait pas dans les cinq minutes. Impatient. Il avait lui-même fait exprès d’arriver en retard, heureux d’imaginer l’autre l’attendre. Karma’s a bitch. Il avait pesté d’abord, puis décidé de prendre son mal en patience. Rafael avait des points forts, mais celui-là n’en faisait pas partie. Impatient. Proche de la fenêtre, il dévisage la moindre personne qui ose croiser son regard. Noir. Pas comme l’ébène. Noir. Comme le néant. Comme l’avenir de Dongchul. Le décompte continue, rigoureusement, dans son esprit. Une seconde est une seconde de trop, perdue, à attendre un idiot pareil. Pourtant, il attend. Impatient. Il attend. Incapable de se lever, de lui poser un lapin. Non, car le sujet est important. Alors il soupire, rafael, résigné, forcé de patienter jusque l’arrivée du messie. Quel messie … Une blague.
I m p a t i e n t
Finalement, ses sourcils se froncent alors qu’il aperçoit enfin son meilleur ennemi passer la porte du café. Le sien est froid. Il n’avait plus le coeur de le boire. Il le repousse doucement d’un geste de la main, aussi doucement que possible. Il se retient de lui jeter en pleine figure, même s’il le mériterait presque. Presque. Il ne dègne pas lui faire un signe pour lui indiquer sa présence, qu’il se débrouille, grand comme il est. Et c’est le pied tapant au sol que Rafael accueille son rendez-vous, plus irrité que jamais. Quel honneur tu me fais, je t’attendais plus. Le sarcasme n’a plus besoin d’être relevé tant il est présent, mais il ne résiste pas à l’envie d’accompagner sa phrase d’un rire mesquin. Mesquin et forcé.

Le texto était arrivé comme ça, sans prévenir. Non, il ne s'attendait certainement pas à voir s'afficher un jour un crétin sur son téléphone. Et pourtant, c'était bien Rafael qui lui donnait rendez-vous. Le lieu fit se marrer Dong Chul, un lieu neutre, un lieu où ils devront rester silencieux sans élever la voix. Dire qu'ils ne se supportent pas, est un doux euphémisme. Le premier jour où ils se sont rencontrés, ils ont su que jamais, ils ne pourraient devenir amis. C'est ainsi et pas autrement. Sauf que pour MinYeol, ils ne font rien. Se lançant juste des regards noirs, des piques. Mais dès que le plus jeune n'est plus là, ils se comportent comme deux parfaits inconnus, ne s'adressant pas la parole. Pourtant, aujourd'hui, comme chaque année, la trêve est là. Tout ça pour qu'ils se mettent d'accord pour l'anniversaire suprise de leur ami commun. C'est juste pour MinYeol.
Il le fait exprès DongChul d'arriver en retard à l'heure du rendez-vous. Comme si il allait venir en avance, il n'est pas son larbin, et il ne se pliera jamais à ses directives. JAMAIS. Une demi-heure, après tout, ce n'est pas si en retard. On pourra dire qu'il est même en avance pour l'année prochaine.
Son regard parcourt le café, cherchant cette silhouette qui l'énerve. C'est juste pour MinYeol qu'il est là, juste pour discuter des préparatifs de l'anniversaire de son meilleur ami. Il soupire en reconnaissant la silhouette de son meilleur ennemi. Il se passe une main dans les cheveux avant de se décider à avancer vers la table. Si sa majesté veut bien excuser mon retard. Foutage de gueule ? Si peu. Ceux qui les connaissent savent qu'il ne faut pas les laisser dans la même pièce plus de cinq minutes seuls ou alors dans un lieu neutre. J'avais autre chose à faire avant. Il lui sourit, d'un sourire supérieur. Une réunion. Dong Chul aurait pu rajouter des mots, des phrases pour rappeler à son vis-à-vis qu'ils ne faisaient plus partie du même monde, et qu'il lui était nettement supérieur dans la classe sociale. Mais, il sait qu'ils n'avanceront pas dans la discussion qui risque d'être houleuse pour l'anniversaire de leur meilleur ami. Alors, même si sa voix se fout de la gueule de Rafael, il lui dit juste la variété. Une réunion avec son père et les associer de ce dernier.
Une serveuse s'approche d'eux pour prendre une commande. L'héritier Choi, ne se gêne pas de détailler la demoiselle à côté de lui, se penchant légèrement en arrière pour regarder le fessier un rien rebondit. Et juste pour mettre mal à l'aise son charmant camarade, fait un geste pour bien lui faire comprendre qu'il se ferait bien la fille à ses côtés. Vas-y, prend ce que tu veux, c'est moi qui paye.

Les boissons commandées, Dong Chul soupire, en passant une main sur son visage. Alors le puceau, expose-moi tes idées. Le puceau, surnom qu'il lui a donné le jour qu'il a comprit que Rafael en était un. Son sourire gognard, son regard suffisant. Il attend de savoir ce que l'autre à a proposé comme une idée pour la soirée qui marquera la majorité de MinYeol. .

Son poing qui se serre sous la table est la réponse justifiée à une provocation de ce genre. Pas qu’il soit étonné, vraiment, mais jamais réellement rodé à ce genre de rituel. Ce genre de pique. Il détestait qu’on le prenne de haut, lui qui était auparavant au sommet. Mais il fallait bien qu’il se fasse une raison, il avait chuté et surtout, s’était bien éraflé dans sa descente aux enfers. Son enfer, qui se trouve en dongchul à l’instant présent. Il lui en foutrait des majesté s’il le pouvait. Mais il n’a pas le temps de riposter, il le fait pour lui. Pour l’enfoncer un peu plus. Pour montrer qu’il est fort. Pour prouver qu’il est puissant du haut de ses quatorze ans d’âge mental. Avec ses réunions, ses collaborateurs, son père. Il jalouse Rafael, mais ronge son frein autant qu’il le peut. Ni le lieu, ni l’endroit pour commencer une de leur habituelle bataille. A qui aurait la plus grosse … Immature. Je m’en fous. Il essaye de le couper court. Les détails, il s’en passe avec plaisir, non pas parce qu’ils sont loin de l’intéresser, mais surtout parce que ça ne le concerne en rien. Et ce qui ne le concerne pas, il n’en a rien à foutre. Du vent. Pour autant, malgré le semblant de calme que rafael essaye de faire régner en lui, son vis-à-vis n’est pas du même avis. Il pousse, il pousse le bouchon toujours plus loin (maurice, lol, je pouvais pas m’empêcher), il cherche à arriver au point de rupture. A quel but ? Il n’en savait rien. Mais être en sa compagnie était, et sera toujours, le pire supplice qu’on puisse vouloir lui infliger. Il claque des doigts, pour obtenir son attention. Pour épargner la serveuse aussi, avant qu’elle ne devienne une autre victime de cette bête assoiffé de sexe. J’ai pas besoin que tu payes pour moi. Les yeux au ciel, d’exaspération, il se résout quand même à prendre un cappuccino. Qu’il payera. Lui-même. Avec son argent. Pendant que dongchul s’étouffera avec le sien. Sort mérité.
 
Il sourit, alors que l’autre soupire. Il peut jouer la comédie autant qu’il le souhaite, mais il sait bien que Minyeol compte autant pour eux deux et que ce passage est obligatoire. Pas que ça les rende heureux, mais c'est un mal pour un bien. Avec de la coopération et surtout, de la bonne foi, tout ça pourrait être régler rapidement et sans bain de sang. Alors Rafael passe outre l'insulte qu'on lui lance faisant mine de passer au dessus de tout ça. Faux. Ça le touche en plein cœur. On va d'abord commencer par les mises en garde. Il croise les bras alors que son dos vient heurter son dossier de chaise. Presque excédé. Mais lui aussi ne joue qu'un rôle, pas vrai ? Tu vas oublier directement la moindre idée de strip teaseuse qui passe dans ton cerveau de dégénéré mental. Il le défie du regard, sans crainte de ce qui pourrait lui tomber dessus. Et pourtant, il devrait avoir l'habitude avec lui de représailles peu sympathiques. On est pas non plus là pour ouvrir une maison close. Si c'est pas assez clair pour toi, je peux faire en sorte que ça le soit. Des menaces qui peuvent sembler légères mais qu'il se ferait un plaisir de mettre à exécution. Il n'a toujours attendu que ça, le moment de faiblesse de son compagnon de haine. Le moment où il pourrait le faire flancher, prendre le dessus sur cet énergumène suffisant et pervers. Et ce moment viendrait, tôt ou tard. Mais pas aujourd'hui. Pas maintenant. Il attrape la tasse qu'on vient de lui servir pour en prendre une grosse goulée. Un peu trop chaude. Impatent, toujours, Rafael. Qui se brûle la langue, la claque, et râle un coup. Tant pis pour les moqueries, il l'avait bien mérité cette fois. Je me demande … Est-ce que t'as la moindre idée si on met de côté les partouzes? Une autre gorgée. Plus doucement. Il se languit de savoir quels sont les plans de son vis-à-vis qui n'incluent pas de femmes nues. J'en doute. C'était des murmures plus qu'une attaque frontale. Mais la provocation allait sûrement faire mouche. Parce qu'elle le faisait toujours, avec lui. C'était inévitable. Soyons sérieux … Je propose qu'on implique Sohee. Impossible de ne pas se rendre compte de ce qu'il se passait avec ses deux là. Ça sautait quand même aux yeux. Du moins, aux leurs.