Son regard avait tendance à se perdre dans l'horizon. Elle n'aimait pas ça. Elle n'aimait pas se fondre parmi tous ces imbéciles. Il n'existait pas une seule journée où elle rêvait pas de partir. Entrevoir toutes les pensées les plus secrètes avaient le don de la mettre hors d'elle. Et elle ne le faisait pas exprès… Il fallait souvent qu'elle se concentre pour s'interdire d'entendre. Autant dire qu'il n'y avait rien de plus dérisoire à surprendre que les amours secrets des uns et des autres. Les craintes d'appartenir parmi les derniers au classement du lycée… Que de pensées futiles. Inutiles. Énervantes. Elle n'était pas patiente Si Yeon, ni particulièrement indulgente. Elle ne voulait pas l'être parce qu'elle estimait qu'aucun d'entre eux ne le méritait… C'est aussi pour cela qu'elle venait régulièrement squatter le toit de l'établissement pour se retrouver complètement seule. Du moins, elle s'était crue seule jusqu'à cette seconde présence, non pressentie… Ses prunelles perçantes ne tardèrent pas à le reconnaître au premier coup d’œil. Lui, qu'elle méprisait tant. Lui, qui semblait attirer la reconnaissance et les groupies sans procurer le moindre effort...

Et la jalousie n'avait même pas son mot dans cette histoire. Elle le détestait. Même si elle ignorait encore concrètement pourquoi, elle le détestait. « Qu'est-ce que tu regarde ? » scanda t-elle d'un ton répulsif. Si Yeon était pourtant celle qui venait de débarquer, sauf qu'elle s'était sentie irrépressiblement agressée par ce dernier. Il n'avait suffit que d'un regard pour qu'elle se mette dans tous ses états… Alors que concrètement, il n'avait rien dit. Il n'avait rien fait. Tant pis, elle irait ailleurs. Et elle ne se fit pas prier pour repartir aussi simplement qu'elle était apparue. Son humeur était massacrante. Une humeur à vouloir sécher les cours… Pour quelle raison s'était-elle rendue jusqu'au lycée, déjà ? Elle avait de suite pressentie que cette journée serait pourrie. L'école, ça ne servait à rien. C'était juste un endroit où l'on rassemblait les ados les plus attardés de toute l'île ! Depuis ce matin même, la belle ne pensait qu'à une seule chose ; rejoindre la côte est et se terrer dans un coin de la forêt. Elle avait même envie de s'essayer à un secteur qu'elle n'avait encore jamais souillée. En partant dès maintenant, et sans avoir à user plus que nécessaire de ses dons particuliers, elle y parviendrait en moins de deux heures.

encore une journée comme une autre. tu venais au lycée pour faire plaisir à ton frère, qui ne voulais pas que tu manques trop l'école... mais même si tu lui avais promis de te rendre sur les lieux, tu ne lui avais pas promis d'aller en cours. tu avais vu là une faille ; comme à ton habitude, tu allais te réfugier sur le toit. le matin il y faisait bon, et tu pouvais profiter de la légère brise maritime, tout en fixant l’horizon, les rayons du soleil baignant ta peau de ses uv. tu entendais des pas dans les escaliers, tes sens étaient un peu plus développés que la normale et ça t'avais souvent sauvé la mise, on a encore jamais pu te surprendre. tu te disais que c'était peut-être un membre du personnel, mais ça pouvait aussi être une de ces filles chiantes qui te suivaient partout. mais de toute façon, tu ne pourrais pas vraiment fuir, alors résigné, tu te retournes et tu regardes la silhouette féminine qui s'avance sous tes yeux. elle te méprise, comme à chaque fois d'ailleurs. cette fille est différente, tu arriverais presque à la comprendre. à sa question tu ne réponds rien et tu la regarde s'éloigner. tu restes un peu de marbre, elle t'en veux presque autant que tu culpabilises d'exister. et alors que ton regard se portait sur les derniers arrivants qui se pressaient pour ne pas être en retard, tu la vois, quitter l'école. et tes yeux suivent sa silhouette.

tu ne sais pas vraiment pourquoi ton corps à réagit, mais sans réfléchir tu descendais les escaliers quatre par quatre. tu ne comprenais pas ce qui t'attirais chez elle, il y avait une sorte de lien étrange... comme si elle était comme toi. ce côté que tu caches à tout prix au monde, le fait que tu peux communiquer avec des animaux. tu sais que c'est pas normal... et avec les gens en général, tu te sens mal à l'aise parce que tu sens bien que t'es anormalement constitué. mais quand t'es avec elle... c'est comme si ce sentiment disparaissait. tu ne comprenais pas vraiment pourquoi elle te haïssait à se point, et quelque part, ça te dérangeais un peu. avec tes grandes jambes, tu la rattrapais sans mal, attrapant doucement son poignet pour qu'elle se retourne. le contact eu une drôle de sensation, comme un petit choc électrique. ça t'avais surprit alors sur le coup tu en avais perdu tes mots. je te pensais pas du genre à sécher, disais-tu. tu parlais toujours peu, toujours à dormir en classe ou à ignorer les gens, silencieusement dans ton monde. elle ne devait même pas savoir que tu étais capable de parler.

Vega était un gars qui se fichait de tout. Qui n'en branlait pas une… En soi, une attitude quasi similaire à la sienne si l'on prenait en compte le nombre de fois qu'elle avait séché l'an dernier. Étudier était une perte de temps pour la jolie brune. Elle préférait sortir et découvrir le monde. Elle ne supportait pas devoir rester assise sur une chaise pendant de longues heures. Écouter des professeurs tout aussi blasés qu'elle dans le fond… Où était le dynamisme et l'intérêt de venir chaque jour dans cet endroit ? A vrai dire, elle aurait peut-être pu apprécier Vega si… S'il avait su agir comme il fallait, par le passé. Durant toutes ces années, la belle s'était contentée de l'observer de loin, avec cette même rancœur persistante. C'était plus difficile de l'éviter à présent qu'ils se retrouvaient dans la même classe. Elle n'était pas non plus du genre à garder ses pensées pour elle seule. Pas, alors qu'elle percevait toutes celles des autres, au point que c'en était parfois insupportable. Il y avait très peu de personnes pour la cerner ou pour l'apprécier dans ce bahut, et ça lui allait très bien comme ça. Plus ils s'éloignaient tous d'elle, et plus elle était tranquille.

Évidemment, la jeune adolescente ne s'était pas attendue à ce qu'il la rattrape au moment où elle s'apprêta à dépasser la grande cour. La lanière de son sac glissa le long de son bras lorsqu'elle fut ramenée en arrière. Ce contact électrifiant, la paralysa pendant un traître instant, alors qu'elle ne se l'expliquait pas elle-même. La belle ramena son regard hostile vers lui. D'où il se permettait de la toucher, celui-là ? Elle ne se fit pas prier pour libérer son poignet d'un mouvement brusque, après qu'il se soit exprimé. « Et si tu te mêlais de tes affaires ? Tu comptes m'arrêter, peut-être ? » Provocante, jusqu'à ce petit rictus déversé à son encontre. Il ne la croyait pas capable de sécher ? Lui, le grand abonné aux absents, était mal placé pour lui faire cette réflexion. De toute façon, qu'est-ce qu'il comptait faire ? Le signaler aux enseignants ? Qu'il le fasse donc. « Ne t'approches plus. Je ne suis pas une de tes groupies ! Fiche-moi la paix. » Son ton avait été froid. Glacial. Non, elle n'avait vraiment pas besoin d'un gars comme lui dans sa vie. C'était trop tard pour revenir vers elle… Il avait peut-être oublié, à l'orphelinat, mais pas elle.

tu regardes ta main alors qu'elle retire son poignet de ton emprise. tu ne comprends pas vraiment ce qui vient de se passer, c'était pas un coup de jus, c'était quelque chose d'autre, d'inexplicable. tes yeux se posent à nouveau sur son visage, toujours si furieux après toi. et tu ne comprenais pas sa rancœur. je comptais pas t'en empêcher, loin de là, disais-tu alors que ton regard se vidé à nouveau de toute expression. tu prends sur toi, tu te prends sa tornade de reproches de plein fouet. et tu ne bronche pas, quelque part tu devais l'avoir cherché? tu ne savais pas ce que tu avais pu lui faire pour qu'elle soit ainsi. tu serres le poing, détournant le regard. d'habitude tu te serais mis en colère, tu as cette réputation de ne pas savoir te contenir quand on te provoques... mais quand c'était elle, tu te la bouclais. j'ai jamais pensé que t'étais une de mes groupies, c'est pour ça que je voulais devenir ton ami... t'es la seule fille qui soit différente ici, disais-tu avant de soupirer. quelle mauvaise idée, tu le savais alors tu te pinçais les lèvres. c'était toi le grand dadet qui semblait intimidé par cette fille au fort caractère. tu avais de vagues souvenir qui remontait, des souvenirs dont tu as tout fait pour oublier ; tu te rappelais le regard de cette petite fille, pleine de mépris parce que tout le monde lui avait raconté des mensonges.

tu secoues la tête, tu ne veux pas te rappeler de ça. par politesse, tu tends le bras et tu remets correctement son sac sur son épaule puis tu passes à côté d'elle l'air de rien. tu glisses tes mains dans tes poches et tu regardes le portail déjà fermé, toi tu pouvais passer par dessus parce que tu étais grand, mais tu doutais qu'elle puisse. et le temps qu'elle trouve un moyen, elle risquerait de se faire attraper par un des surveillants. tu soupires et tu t'agenouilles devant le portail. je vais t'aider à escalader, tu peux arrêter de me regarder de travers, je t'ai rien fait, disais-tu le regard détaché, la voix ailleurs. tu ne voulais pas te sentir mal devant elle, alors tu prenais ta facette du mec froid, distant, à l'ouest.

Il pouvait paraître si mou, parfois… Si détaché. Et Si Yeon détestait quant il se mettait à agir comme de la sorte. Elle avait l'énervante impression de s'adresser à un mur… Ou de ne pas être assez pertinente pour qu'il daigne vouloir réagir ! C'était énervant. Vraiment trop pour elle. Et l'animosité dans son regard ne s'essouffla pas non plus au moment où il parut recouvrer l'usage de la parole. Au lieu de retenir le positif, elle buta sur le fait qu'il voulait devenir son ami. Lui, son ami… Si elle avait pu le tuer par la pensée, elle l'aurait sûrement déjà fait ! Ses prunelles incendiaires entrèrent directement en contact avec les siens, lui crachant son mépris du regard. Et elle n'en avait rien à faire qu'il fasse une tête de plus. De toute façon, ce gars n'avait rien dans le pantalon. « Tu te fiches de moi… ? Pourquoi est-ce que je voudrais être ton amie ? » C'était trop tard pour revenir maintenant, elle était bien trop rancunière et trop fière pour pardonner à qui que ce soit. Elle se surprenait à vouloir maudire tous ceux qui avaient pu lui faire du mal… Si les yoghwi étaient bien réels, alors elle espérait qu'ils se chargeraient de leurs cas comme ils le mériteraient.

Bien entendu, elle était un peu une pile électrique à côté de lui. Une boule de nerf aux traits angéliques… Et lorsqu'elle le surpris avoir ce geste amical dès lors qu'elle fut devant le portail, un petit grognement exaspéré s'échappa d'entre les lippes. Elle n'aimait pas cette obstination qu'il avait pour elle, ce jour-ci. Pourquoi tenait-il tant à se monter gentil, tout à coup ? Ce comportement l'énervait au plus haut point. Il avait beau paraître impassible, s'il s'en fichait réellement, il n'avait qu'à la laisser au lieu de la croire incapable de tout, ou n'importe quoi. « Tu me prends vraiment pour une gamine ! Je peux y arriver sans toi. J'ai besoin de personne. » cracha t-elle, alors qu'elle le contournait pour estimer la hauteur d'un peu plus prêt. Elle aurait sûrement déjà sauté, s'il n'avait pas été là… Pouvait-elle prendre le risque d'user de ses aptitudes particulières pour se hisser sous ses yeux ? Impossible. Elle devait paraître normale. S'il le découvrait, il risquerait encore de la suivre… ce qu'elle ne souhaitait pas ! « Hm. Ok, j'accepte ton aide juste pour cette fois… Et t'as pas intérêt à mater sous ma jupe ! » Précision utile et très importante pour une jeune fille de son âge. Du pareil au même, elle lui adressa un regard revolver.

tu ne dis rien, tu ne ressens rien ; tu te voiles la face. son rejet te fais comme l'effet d'un coup de couteau dans le coeur, et le moindre de ses regards de travers c'est comme te sentir saigner, les plaies béantes. mais tu ne dis rien, tu encaisses, le regard vide d'expression. au fur et à mesure qu'elle s'exprime, ton regard perd en intensité jusqu'à être celui d'un être rempli de remords, qui remet en doute sa propre existence. une expression désespérée, quelque part. c'est vrai, tu as raison. je suis bête, disais-tu. tu n'avais pas vraiment d'amis proche, même si tu traînais avec une bande, personne ne semblait te comprendre totalement. tu n'avais personne à qui te confier, avec qui être toi-même ; il y avait bien ton frère mais... tu voulais quelqu'un qui t'aime d'amour, le vrai. pas pour ton physique, mais pour ton âme. quelqu'un qui verra à travers tes masques, tes blessures. je te prend pas pour une gamine, je t'aide juste., disais-tu alors que tu te redressais.

tu entendais des éclats de voix, grâce à ton acuité des sens bien plus développés que la moyenne. il fallait faire vite avant de se faire repérer. tu l'attirais dans tes bras, sans aucune réelle gêne. tu poses ta main sur sa hanche et tu la maintiens fermement contre toi. tu attrapes ensuite le haut du grillage, tu sautes et tu te hisses par dessus et avec une facilité déconcertante, tu utilises un peu tes pouvoirs pour retomber sur tes pieds. tu appuies sur sa tête pour qu'elle se baisse, la gardant toujours contre toi alors que deux membres du personnel passent à proximité. tu finis par te rendre compte de ta posture et tu échange un regard avec elle. désolé. c'est vrai que, tu voulais pas que je te touche, disais-tu en te reculant, retombant sur tes fesses. la veille, tu t'étais blessé en chutant d'un arbre dans la forêt, tout ça pour sauver un petit animal coincé. ta jambe te faisais affreusement mal suite à l'effort que tu venais de faire, tu grimaçais un peu. tu tournais la tête, évitant de la regarder à nouveau.

Incompréhensible, était bien le mot. Elle en venait presque à se demander si ce qu'elle avait vu avait été du désarroi ? Bizarrement, la brune s'était attendue à tout sauf à ça… Pour autant, elle se refusait de lui pardonner ou à ressentir de la culpabilité à cause de lui. Après tout, il l'avait amplement mérité. Ce n'était que le dixième de ce qu'elle avait pu encaisser. Elle devrait même être contente à l'idée de le blesser avec des mots. Mais sans se l'expliquer un seul instant, tout ce qu'elle ressentit fut une puissance bouffée de chaleur au moment où il la ramena à l'intérieur de ses bras. Totalement tétanisée face à ce geste, le cœur de la jeune fille s'emballa frénétiquement à l'intérieur de sa poitrine. Elle ne se souvenait pas avoir déjà été aussi désorientée et de façon aussi soudaine. Sauter du toit d'une maison pouvait lui procurer une sensation similaire... sauf que là, la demoiselle ne s'y était absolument pas attendue ! Elle ne semblait pas même avoir le contrôle de quoi que ce soit alors qu'elle sentait la main de Vega se poser sur sa hanche pour les hisser en deux temps trois mouvements hors du sol.

Un petit cri lui échappa, et Si Yeon se recroquevilla instinctivement contre son camarade dans une position d'auto-défense. Elle en avait presque perdue l'usage de la parole, si bien qu'elle réalisa après coup s'être fermement accrochée à la chemise de Vega, la froissant encore et toujours entre ses doigts. Elle n'avait jamais été aussi physiquement proche de quelqu'un. « W..wow… M-Mais… C'était quoi ça ? » Elle le relâcha aussi sec, et se laissa retomber sur le côté, désormais bien attentive à la présence du personnel, à proximité. Ça serait idiot et même stupide de se faire prendre dès maintenant… Mais il lui était impossible de garder le silence sur ce qui venait de se produire. Son regard regagna une froideur qui lui était déjà plus propre. « Comment t'as pu faire ça ? » scanda t-elle sur un ton reproche. Son impulsivité venait une fois de plus de parler, et sans s'imaginer un seul instant lui faire mal, la belle se releva et le gratifia d'un coup de pied sur sa jambe qu'elle ne savait pas endolorie. Elle ne s'attendait vraiment pas à lui faire mal. Lui qui semblait d'ordinaire, bien plus costaud que ça…

vous l'aviez échappé belle. tu avais sauté à temps au dessus de la barrière et tu avais juste eu le temps de faire en sorte qu'on ne l’aperçoive pas. tu gardais ton visage terne et vide d'expression, les pupilles perdant de leur éclats à chaque fois que tu fais face au reproches et aux jugements de la jolie brune. pourquoi tu me détestes à ce point?, disais-tu d'une voix plutôt calme. tu ne bronchais pas vraiment. tu avais l'habitude de son attitude envers toi, mais quelque chose semblait te blesser plus qu'avec les autres, malgré le fait qu'on ne te comprenne jamais et qu'on te juge sans arrêt. t'es bizarre, t'es anormal, t'es pas fait comme les autres. mais est-ce qu'elle a réellement le droit de te haïr à ce point? tu lui veux pas de mal à cette fille, au contraire. tu regardes à nouveau ta main, te remémorant cette sensation que tu avais eu en la touchant. tu l'avais ressenti à nouveau en la serrant contre toi, quelque chose de particulier. mais tu ne disais rien jusqu'à ce qu'elle te frappe dans ta jambe, celle qui te faisais souffrir, t'arrachant un petit cri de douleur.

tu posais ta main sur ton genou, te recroquevillant un peu. tu te prends pour qui à la fin?, disais-tu en te relevant, ton genou s'étant remis à saigner, une tâche rougeâtre apparaissant sur ton pantalon de couleur clair. tu la force à reculer et tu la coince contre un mur, plaquant tes mains de chaque côté de sa tête, te penchant par dessus. tu lui lançais un regard de colère, une expression que tu n'avais pas souvent sur le visage. tu frappe contre le mur qui, à cause de ton pouvoir d'élu, se fissure légèrement. j'ai compris que j'étais à tes yeux qu'un connard sans valeur, mais je suis pas méchant avec toi, je t'ai jamais rien fait. je sais même pas pourquoi tu t'acharnes sur moi !, disais-tu en la fixant un moment. puis tu soupires, et tu perds de nouveau la lueur dans tes yeux, et ton visage affiche à nouveau un air malheureux. je suppose que je peux pas t'en vouloir..., disais-tu en t'éloignant d'elle, te dirigeant vers le chemin de la forêt, ton refuge, boitant un peu.

L'hémoglobine avait surgi sans prévenir, la figeant du tout au tout alors qu'elle ne réalisait pas concrètement ce qui s'était passé. Pourquoi diable, saignait-il ? Et sans avoir non plus le temps de se poser les bonnes questions, la belle fut projetée contre le mur voisin. Cétait bien la première fois qu'elle découvrait Vega dans cet état. C'était donc à ça qu'il se ressemblait lorsqu'il était poussé à bout ? Et le regret dans tout ça ? Elle n'en ressentait toujours pas. Tout comme le sentiment de peur, inexistant. Mais le trou qu'il creusa à quelques centimètres de son visage poussa sur une exclamation primitive, instinctive. Pour qui se prenait-elle ? Pour elle-même, tout simplement. On ne lui avait plus imposé de barrière ou de limite depuis qu'elle avait été adopté par sa famille. Alors Si Yeon faisait et disait tout ce qu'elle voulait. Comme toutes les questions précédemment posées, la lycéenne se contenta de les ignorer. Elle lui adressa un regard lourd, sans sourciller. Ses petites mains osèrent un contact physique dans la mesure où elle le repoussa hargneusement par le torse. Trop proche… et dangereux, visiblement. « Dégage. Si t'es pas capable de comprendre, c'est que t'es vraiment le pire de tous ! » scanda t-elle avec l'étrange impression d'avoir perdu son sang-froid. A chaque fois qu'elle le voyait, son sang se mettrait à bouillir, à frémir, sans qu'elle y puisse quoi que ce soit. Elle n'y connaissait rien en sentiments. Elle savait juste qu'elle le détestait à un point inexplicable.

Puis une fois encore, il eut ce regard, terne, même… malheureux. Elle ne comprenait pas ces dernières paroles. Elle ne comprenait rien à lui. Et le pire, étant que c'était réciproque… Pourquoi se sentit-elle étrangement mal, tout d'un coup ? Elle n'était pas à l'origine de cette blessure. Ça ne la concernait pas… Ses prunelles se reposèrent sur la fissure qu'il avait provoqué avec la force d'un seul poing. Un frisson parcourut son échine, et elle chercha son camarade du regard, l'ayant vu repartir en boitant, dans une direction… Sauf, qu'il avait déjà disparu. Comment avait-il pu… aussi vite ? Elle ne comprenait plus rien à rien. Et maintenant qu'elle y repensait, il l'avait drôlement rattrapé lorsqu'elle était redescendue du toit pour lui demander ce qu'elle faisait… Ce pouvait-il qu'il soit « différent » lui aussi ? « Roh, et puis. Je m'en fou. » grogna t-elle pour elle-même alors qu'elle réajustait son sac à dos sur ses épaules. Elle poussa également sur sa rapidité plus évoluée pour se rendre jusqu'à son antre de prédilection. Le besoin de calme et de quiétude se faisait ressentir. Il fallait vraiment qu'elle cesse de penser à lui.

cette fille à le don, à chaque fois, de te retourner les tripes. tu remets tout en question, jusqu'à ton existence même. sa haine viscérale, tu voudrais l'accepter, la comprendre... et être toujours dans l'incompréhension, à force ça t'usais psychologiquement. celle qui devait le moins comprendre des deux, c'était elle, et elle ne faisait pas vraiment d'effort pour que ce soit le contraire. et être incompris à la longue, ça te blessais vraiment. tu voulais vraiment te faire de vrais amis, tu envies tout ceux qui ne sont pas seuls... mais t'es incapable de te sortir de son cercle vicieux. tu les envies de loin, attendant qu'un jour quelqu'un crée du changement chez toi. pour le coup, la coréenne y arrive parfaitement, mais tu t'attendais à quelque chose de positif. là tu avais juste l'impression d'être poignardé sans arrêt dans la même plaie béante. tu t'étais éloigné, tu ne voulais pas fuir mais c'était la seule solution que tu avais trouvé. ça ne servait à rien, tu te faisais du mal à t'acharner, mais tu aimerais juste qu'elle arrête de te regarder avec autant de mépris. juste une fois, juste quelques secondes. tu t'enfonces dans la forêt, t'asseyant sous un arbre.

ta jambe te faisais toujours mal mais le saignement semblait s'être arrêté, ton pantalon servant de pansement même si ce n'était pas des plus hygiénique, tu n'avais pas envie de rentrer, tu voulais encore t'isoler. tu t'assois au pieds d'un énorme chêne, en haut d'une petite clairière, d'ici tu pouvais voir la petite plaine, et en même temps tu étais à l'ombre, bercé par la douce brise d'un été qui approche à grand pas. tu fermes les yeux, et tu soupires. tu te laisses aller quelques minutes et tu t'endors, le bruit des feuilles qui se mouvent au gré du vent comme seule mélodie. puis des râles et des craquements de la forêt. tu sors des songes et tu te redresses. des animaux chassent. tu entends un cri, sans réfléchir tu arrive à le localiser grâce à tes sens et tu cours dans sa direction. est-ce des grognement de loup que tu entends? ils ne sont pas méchants mais il suffit que quelqu'un se soit approché de la tanière des louveteaux pour que la mère se mette en colère. c'était pile dans cette direction. tu finis par arriver, à peine essoufflé, voyant le loup montrer les crocs prêt à bondir sur une jeune fille, dos à toi. elle ne fera aucun mal à tes petits, je te le promet, disais-tu en t'avançant prudemment, entre la fille et la louve, utilisant ton pouvoir pour régler ça sans encombre.