Avançant mollement, les bras ballottant le long de son corps, un faible soupir quitta ses lèvres pour aller s'écraser dans l'air. Ses prunelles voyagèrent ici et là, ne s'arrêtant pas longuement sur ce qu'il voyait. Il n'y prêtait même pas vraiment attention. Il semblait ailleurs, Dean. Perdu dans ses pensées. Il semblait être perdu, ou rêveur selon le point de vue. Il donnait l'impression de n'en avoir rien à faire. Il donnait la sensation de vouloir être partout sauf ici. Hors cette sensation-là, il la donnait tout le temps dernièrement. Il voulait être partout sauf à l'endroit où il se trouvait – mais si on lui demandait où il voudrait être, il ne saurait pas répondre. Parce qu'il ne savait pas. Il pourrait répondre chez lui. Mais « chez lui » pour lui résonnait faux. Une sorte de mélodie funeste un peu endommagée avec le temps. Un disque rayé, pas parce qu'il avait été trop écouté, mais parce que la vie l'avait tellement fissuré que l'écho qui s'en échappait paraissait brisé. Il semblait paumé, pas vraiment sûr de devoir être là, pas vraiment certain de savoir ce qu'il devait faire ou dire. Enfin non, il ne semblait pas perdu, il l'était totalement. Les images de ce jour-là tournaient en boucle dans son esprit, et avec minutie, il analysait chaque détail, chaque action, en se demandant s'il aurait réussi à changer quelque chose en agissant autrement. En se demandant si ce n'était pas sa faute, que son père soit mort. Et Dean se renfermait sur lui-même. Sans vraiment le faire exprès, c'était devenu automatique. Comme si son corps et son esprit se mettaient sur pilotage automatique. Il devenait une sorte de robot. Il ne savait plus penser normalement. Il ne savait plus quoi dire. Alors il se taisait. Il se murait dans le silence. Dans ce silence lourd, et pesant. Dans ce silence tellement bruyant qu'il lui en donnait le tournis et un mal de tête affreux à chaque fois. Dans ce silence tellement claquant, tellement assourdissant, qu'il en avait la nausée.

Arrivant dans la grande salle où tous les élèves étaient présents, un autre soupir franchit la barrière de ses lèvres. Cette journée promettait d'être horriblement longue. Il en avait déjà assez. Il passa faiblement une main dans ses cheveux, sa massant brièvement le front alors qu'il patienta. Le regard perdu ici et là, il étudiait les visages de ses camarades mais ne prêtait aucunement attention à ce qu'il se disait devant lui. On ne racontait rien de bien passionnant normalement. Il fut juste en mesure de réagir quand son nom fut appelé, et se dirigea comme un robot à la place où il devait aller. Et à nouveau, il patienta. Sagement. Sans bouger. Le regard naviguant dans la foule, sur les murs, sur le sol, les pensées s'envolant toujours un peu plus, ses pensées le perdant progressivement. Un visage se présenta soudainement devant lui, accompagné d'un sourire, et il fut incapable de faire quoi que ce soit. Il se contenta de fixer dans une moue confuse et incertaine. Il jeta un bref regard autour d'eux pour s'assurer qu'elle lui parlait bien avant qu'il n'effectue un vague mouvement d'épaules. « Je ne sais pas... ? », tenta-t-il, pas très sûr de ce qu'il devait répondre. Il haussa une nouvelle fois les épaules, plus brièvement. Lui n'avait pas spécialement hâte. Il voulait que cette journée soit déjà finie. Lançant un regard vers la demoiselle, Mijoo qu'elle se présenta, il l'observa un instant, les lèvres finement pincées, les paupières clignant doucement. « Dean », répondit-il, la voix basse, inclinant son visage pour la saluer poliment. Il se mordit la lèvre, tournant sa figure de l'autre côté, tentant de comprendre ce qu'il se passait pour finalement abandonner. Totalement immobile, comme si rester debout inutilement ne le dérangeait pas, il s'humecta rapidement les lèvres après avoir jeté un regard sur sa montre. Faire la conversation, ce n'était pas vraiment son truc. Ses prunelles se posèrent sur Mijoo malgré tout. « Tu avais dit que ça durait combien de temps ? », non Dean, elle n'avait rien dit du tout, elle avait même posé la question. Il fronça quelque peu les sourcils. « Tu sais pas non plus », qu'il ajouta rapidement après sa question – un point pour lui. « Il parle de quoi, au fait ? », demanda-t-il en désignant le directeur d'un signe de tête. Etant donné qu'il n'avait rien écouté, il faisait bien de demander. Au cas où il avait loupé quelque chose d'important...

Ce discours qui n'en finissait pas lui donnait envie de retourner chez lui et de ne plus sortir. Il ne savait même pas de quoi l'homme parlait. Il n'écoutait pas. Encore plus distrait que d'habitude, il n'arrivait à se concentrer sur absolument rien. Enfin, à part Mijoo. Et encore, ce n'était pas une concentration du tonnerre – mais en même temps, venant de Dean, une concentration trop élevée serait suspicieuse. Il hocha simplement le visage à sa réponse, jetant un regard vers l'homme pour finalement le poser sur le sol devant lui. Il avait décroché avant même d'entrer dans la pièce. Il avait décroché de tout, tout court. « C'est long », qu'il ajouta simplement, finement, dans un murmure à peine soupiré, à peine audible. Il n'était pas du genre à râler gratuitement de cette façon d'habitude. Mais le temps lui paraissait lent. Comme si tout était sur pause.

Dans un léger souffle, il observa les alentours, suivant du regard les silhouettes qui se mouvaient ici et là. Il devait bouger, lui aussi ? Certainement. Il se mordit discrètement la lèvre, écoutant ce que l'on disait autour. Il entendait sans entendre, cela dit. Les mots passant à ses tympans comme le vent, sifflant simplement pour finalement disparaître un peu plus loin devant lui. Un nouveau soupir, fin, inaudible, invisible. La répartition des classes, évidemment. Il resta immobile alors que tout le monde bougeait plus au moins. Il disait que le temps était sur pause, mais en réalité, lui seul l'était. Il était celui qui restait immobile alors que les minutes avançaient. Un regard vers Mijoo, il resta sans rien dire pendant quelques secondes, hochant à nouveau son visage. « A plus tard », qu'il répondit, et ce serait un miracle qu'elle l'ait entendu. Mais il l'avait dit. Il la regarda s'éloigner, déviant son regard vers tous les groupes qui s'étaient formés autour de lui. Discrètement, il recula. Discrètement, il s'éloigna, pour aller se fourrer dans un coin le temps que tout soit fini et que la suite puisse arriver. Chose qui arriva plus rapidement qu'il ne le pensait. Il marcha silencieusement dans le couloir pour se rendre dans sa classe. Le regard au sol, il le levait de temps à autre pour vérifier qu'il ne se trompait pas. Il laissa un petit groupe passer, les fixant sans rien dire, puis d'un pas hésitant entra à son tour. Ses prunelles voyagèrent dans la pièce, la mine perdue. Son regard capta un mouvement et il se mit à fixer Mijoo dans un air confus. Il lui fit un léger signe de main, avant d'abaisser cette dernière pour étudier la place dont elle parlait. Un bref mouvement de la tête, et il avança, s'installant, sans un bruit, sur la chaise, sa tête se tournant automatiquement vers sa camarade. « Merci », lui dit-il doucement, inclinant le visage, les lèvres quelque peu pincées. Il jeta un regard vers le reste de la classe, scrutant un à un les visages qu'il apercevait. « J'espère que je me suis pas trompé de salle... », chuchota-t-il plus pour lui-même qu'autre chose. Parce qu'il se connaissait, Dean. Distrait comme il était, il ne serait pas étonné d'être entré dans la mauvaise pièce. « Est-ce que tu... », commença-t-il, ses iris bougeant rapidement vers la fenêtre alors qu'il observait. Il l'étudia. Longuement. Peut-être un peu trop. Quand il baissa le regard, il fixa Mijoo et cligna des paupières. Ils parlaient de quoi déjà ? « Le nuage ressemble à un dragon », parce qu'étant donné qu'il ne savait plus, autant dire quelque chose... Pas forcément quelque chose d'intelligent... mais au moins quelque chose.

Il ne voulait pas être ici. Il ne voulait pas être ailleurs, non plus. Il ne savait pas vraiment où il voudrait être, ni où il voudrait se placer. Il ne savait pas trop ce qu'il voudrait voir, ou sentir. A part son père. Il voulait le revoir, lui parler, l'entendre rire, le voir sourire. Il voulait retourner jouer au basket avec lui. Il voulait passer une journée avec lui au salon à jouer à des jeux vidéos. Il voulait tant de choses et pourtant il n'avait rien. A part des souvenirs. Des restes. Des bouts d'avant, des bouts manquants. Des bouts qu'il ne revivrait plus jamais. Des bouts qu'il ne frôlerait plus non plus. Des sensations qui deviendraient lointaines, vague souvenir d'un autre passé. Comme d'une autre vie. Parce qu'ici, c'était un nouveau départ, une nouvelle vie, un nouveau Dean. Sauf que rien n'était nouveau, surtout pas lui. Tout était pareil, tout était identique. Ses pensées n'avaient pas bougé. Sa tristesse non plus. Et son deuil n'était toujours pas fait.
Il ne voulait pas être ici. Il ne voulait pas être ailleurs, non plus. Il ne savait pas où il voudrait être.

Il ne voulait pas être là, au milieu de tous ces inconnus. Il ne calculait personne, dans le fond. A part Mijoo, étant donné qu'elle était la seule à lui adresser la parole. Il n'allait pas faire comme s'il ne l'avait pas entendu, ce serait grossier. Et puis surtout, elle ne semblait pas méchante. Il n'avait aucune raison de l'ignorer. Par contre, il ignorait les autres. Même le professeur. Le jour de la rentrée était toujours atrocement long. Ils allaient devoir subir tout un tas de discours et surtout retenir tout un tas d'informations. Informations que Dean n'allaient probablement même pas entendre, alors retenir... « Ma copie ? Des maths ? », Dean ? Perdu ? Si peu. Il était totalement paumé, oui. Il ne comprenait pas de quoi elle parlait. C'était pas le professeur d'histoire devant eux ? Ou alors il avait totalement tout loupé... Non, il avait totalement tout loupé. Il grimaça, les lèvres pincées, le nez plissé, pas totalement satisfait. « On va passer un test ? », Dean, toujours au courant de tout, parce qu'il écoutait attentivement tout ce qu'on racontait de l'autre côté... ou pas. Mijoo allait devoir le sauver plus d'une fois aujourd'hui.
« Qu'est-ce qui est re... ah oui », il hocha doucement son visage, désignant faiblement le nuage. Un chien. Non. Un dragon ? Il avait dit quoi ? Un dragon. Mais maintenant ça ressemblait plus à … un nuage. Il plissa les yeux, avant de soupirer faiblement. Il voulait rentrer.

Il lança un regard confus à sa camarade, le sourcil arqué, les lèvres étirées en un trait droit. Elle n'allait pas s'en remettre ? Il secoua brièvement sa frimousse, sa bouche à peine étira en un sourire fin. Il allait bien s'entendre avec elle. Enfin, il espérait du moins. Son attention fut captée par le professeur ensuite et il l'observa en clignant faiblement des yeux, l'air penaud. Ses pupilles furent attirées sur un marque au plafond, retournant bien rapidement sur le professeur. Un long soupir vint mourir contre sa bouche, et il s'accouda à sa table, sa paume retenant son menton. Mathématiques... la journée ne pouvait pas être pire. Il approuva le faible râle de sa camarade dans un petit mouvement de tête, tournant cette dernière vers la fenêtre.
Autant dire que Dean n'avait pas du tout entendu le professeur qui l'avait appelé – trois fois. Quand la voix de l'adulte se fit un peu plus forte et porteuse, il sursauta sur sa chaise, articulant un bref « Présent ? » tout en regardant autour de lui. Façon bien agréable de se faire remarquer... et il n'aimait pas ça du tout. Ses joues s'empourprèrent et il baissa le regard sur la table devant lui, les lèvres pincées. « Désolé », qu'il souffla à l'attention du professeur. Il se leva pour s'incliner avant de s'asseoir le plus vite possible. Il détourna ses iris vers Mijoo et l'observa discrètement, le regard brillant de honte. « Ca va être long... », qu'il souffla discrètement, comme s'il partageait un secret avec lui. Il refusait de tourner les yeux vers ses autres camarades, les gardant posés sur Mijoo ou le ciel.

C'était inévitable, ce rouge qui chauffait ses joues. C'était inévitable, cette rougeur qui parasitait sa nuque et un bout de son cou. C'était inévitable, cette impression que l'air manquait dans cette pièce, qu'il était trop épais, trop humide et en même temps, qu'il était trop froid, ou trop chaud, selon le souffle qu'il prenait. C'était inévitable, cet embarras qui polluait son corps et cette envie de se cacher quelque part, n'importe où. Il n'aimait pas ça, attirer l'attention. Il préférait qu'on ne le regarde pas. Il préférait continuer à être discret, presque invisible. Comme ça, on ne lui posait pas de questions. Comme ça, il pouvait respirer comme il le souhaitait et surtout, il pouvait se perdre, aller et venir dans des souvenirs, des images, des sons, comme il le désirait. Sans que personne ne soit là pour le déranger ou l'en empêcher. Sans que personne ne le force à revenir dans le présent. Il pouvait errer, s'échapper. Alors non, il n'aimait pas ça, Dean. Attirer les regards sur lui. Et encore moins de cette façon. Ca le gênait plus qu'autre chose, et il se sentait encore plus ridicule que d'habitude. Ses pommettes brûlaient, et son cœur tambourinait. A tel point qu'il se demandait s'il était le seul à l'entendre ou si sa voisine l'entendait résonner.

Il reprit petit à petit son souffle, tentant de calmer les battements de sa pompe à sang, ses doigts se gesticulant étrangement sur son bureau. Il déglutit, grimaça et retint un long soupir de venir mourir contre ses lèvres. Il attrapa un stylo, la main encore un peu tremblante et commença à noter quelques réponses – absolument fausses, ça, il en était certain. Il n'était pas spécialement d'humeur à calculer. Et plus il fixait sa copie, plus les chiffres tournaient et voulaient de moins en moins dire quelque chose. Il s'humecta les lèvres et plissa le nez, relevant lentement le regard pour voir s'il était le seul peu intéressé. Il arqua un sourcil en voyant Mijoo s'agiter de son côté, fronçant les sourcils quand il fut une cible vivante pour... pour des boulettes de papier, après une analyse rapide de ce qui traînait au sol. Les lèvres pincées, il attrapa la boule que Mijoo lui donna, observant cette dernière sans trop savoir quoi en faire. Il n'allait pas se risquer à la lancer... il était sûr que le papier finirait du mauvais côté. Il devait en faire quoi, alors ?

Sans doute qu'il aurait dû réfléchir plus vite puisque le professeur se tourna vers eux. Il tourna le visage vers Mijoo en l'entendant parler, faisant face à l'adulte devant lui ensuite, les paupières clignant rapidement. Comme s'il ne comprenait pas tout – et c'était vrai, il ne comprenait pas tout, le Dean. Il sortit alors, évitant le regard de ceux qui resteraient dedans, les joues à nouveau rosies. Il fixa Mijoo, l'observant faire, avant de la copier, ayant rarement subi ce genre de punitions. Il haussa les épaules comme il le put. « C'est pas grave », au moins il évitait les calculs. Il devait garder les bras par contre. « On risque pas de perdre la sensation au niveau des doigts ? », parla-t-il doucement, basculant la tête en arrière pour apercevoir ses mains, agitant quelque peu les phalanges. « Vu que le sang... », il s'arrêta et fronça les sourcils. « Cette tâche ressemble presque à un poney », il pencha le visage, « Ou un cygne je sais pas trop », il baissa le visage et se tourna vers Mijoo. « Elle est encore loin, la fin de l'heure ? »

Il ne savait pas vraiment en quoi sa réflexion était drôle. Il ne savait même pas s'il avait énoncé quelque chose de drôle pour commencer. Dean, c'était un peu livre ouvert trop grand parfois, et tout ce qui défilait dans ses pensées sortaient de sa bouche. Pour les choses les plus futiles et inutiles, bien sûr. Autrement, il restait ce bouquin fermé sur le coin d'une table, qu'on finissait par oublier parce qu'il ne dégageait rien. C'était ça, Dean. Un mélange comique de libre pensée et de retenue. Ou bien était-ce juste parce qu'il était étourdi au possible qu'il en oubliait de garder la bouche fermée ? Théorie intéressante, et mais pas totalement erronée, quelque part.
Ce fut les sourcils quelque peu froncés qu'il observa sa camarade, l'air totalement paumé. Alors quoi, la tâche ne ressemblait pas du tout à un poney ? Oh c'était peut-être un dragon... Il releva le visage vers la dite tâche, les lèvres pincées, la frimousse songeuse. Non, définitivement, c'était un poney. Enfin, s'il inclinait un peu la tête c'était vraiment un cygne. Il cligna des paupières et rebaissa le visage – c'était totalement fou, tout ça. Il se tourna vers Mi Joo dans le même air, la bouche à peine ouverte, les yeux quelque peu arrondis, comme s'il redescendait d'un mauvais voyage. « Faire le tour de l'école ? », qu'il répéta, les yeux cavalant à une vitesse folle sur le mur un peu plus loin. « On l'a déjà fait le tour de l'école », marmonna-t-il. Mais bon, valait deux tours plutôt qu'un. « Enfin c'est vrai que ça aurait été utile », qu'il admit dans un mouvement d'épaules avant de lâcher une petite esquisse. « Cela dit c'est bien de pas bouger aussi », et ses prunelles retrouvèrent leur place sur le plafond. « On dirait vraiment un poney », et peut-être qu'il allait la prendre en photo pour l'étudier plus sérieusement. Ou peut-être qu'il était juste idiot, Dean. Ou plutôt qu'il était juste dans son monde, dans sa bulle, et qu'il s'y enfermait dès que l'occasion se présentait. Il supposait que c'était une sorte de mécanisme de défense de son esprit. Il se focalisait sur quelque chose pour ne pas trop penser au reste. Il se concentrait sur quelque chose d'aussi superficielle que cette satanée tâche juste pour ne pas songer à ce qui s'accrochait à ses épaules.
Même si c'était lui qui avait posé la question, il se retrouva à inspecter son poignet à la recherche d'une montre à la question de sa camarade. Et comme l'idiot qu'il était, il hocha négativement le visage.

Agitant les bras dans une petite grimace enfantine, il secoua ses doigts, les fixant comme s'il avait peur qu'ils se décrochent soudainement. Souriant discrètement à Mi Joo, il la suivit, retournant à sa place pour ranger ses affaires. « Il faut s'inscrire ? », il la fixa, les yeux ronds. Il venait de débarquer, Dean. Au sens propre comme au sens figuré. « J'ai pas... je crois pas... », ses pommettes rosirent faiblement alors qu'il se sentait soudainement gêné et idiot de ne pas avoir pensé à quelque chose d'aussi logique. Peut-être que sa mère l'avait fait ? Il ne savait plus – il ne souvenait vaguement qu'elle lui avait dit quelque chose … mais quoi ? « Je suppose que ma mère a dû le faire ? », pourquoi il posait la question à Mi Joo ? Il haussa les épaules, c'était pas trop grave, de toute façon – même s'il devait admettre qu'il avait un peu faim, maintenant. « C'était pas bon dans ton ancien collège ? », qu'il la questionna, souriant simplement en l'entendant rire. Et il hocha la tête à sa question, quittant la salle pour se rendre au réfectoire. Il était rassuré de ne pas être seul. Au moins, il ne risquait pas de se perdre. Il observa plus les alentours qu'il ne fit attention au chemin, et après il était étonné de se paumer. Il regarda la jeune femme faire, suivant ses gestes du regard, un peu comme un chiot qui suivait les mouvements de son maître.

Il redressa le regard vers elle, la mine défaite bien que l'air penaud ne se retira pas. « C'est mon grand-père paternel qui a choisi mon prénom », expliqua-t-il lentement. « Je suis américain. Je suis arrivé il y a... pas longtemps », qu'il ajouta, doucement, la voix de plus en plus basse, une esquisse triste aux lèvres. « Maman est coréenne, mes grands-parents habitent ici alors on est venus là... », il baissa le regard vers le sol, l'air totalement fermé, la lèvre inférieure un brin tremblante. Et il resta silencieux ensuite, Dean. Ses doigts s'agitèrent faiblement entre eux alors qu'il se mordait la lèvre, l'air affreusement coupable et perdu au visage. Ce fut qu'en entendant un casier qui se ferma qu'il redressa le visage dans un sursaut, les yeux grand ouverts. Il cligna des paupières, observant Mi Joo, toujours en silence. « Oh pardon je... me suis perdu dans mes pensées », le coin de ses lèvres se leva à peine. « [b]Tu parlais de quoi ? Du réfectoire ?[/b] », mémoire sélective ? Oui, un peu.