L’hiver s’installait paisiblement, dans un air marin qui chatouillait les narines du policier cantonné à de la surveillance en bord de mer. Les touristes ne désemplissaient pas les lieux, fréquentés pour cette saison en raison de la beauté du paysage et des attrapes couillons un peu partout. Néanmoins, il n’allait pas s’en plaindre, appréciant cette odeur fraîche et salée ne lui rappelait rien en particulier si ce n’est qu’il était revenu, vivant, même s’il avait laissé une part de lui au combat bien plus conséquente qu’il ne l’aurait imaginé. Si on lui demandait aujourd’hui ses regrets, il n’en avait pas. En revanche, refaire sa vie en retournant dans le passé, il aurait surement choisi une carrière scientifique ou celle de policier. Moins d’horreurs ? Non, mais moins de morts sous ses yeux, moins de vie qui se détache d’un être et moins de responsabilités pour n’en être pas l’auteur. Criminels, voilà ce qu’étaient les soldats, impunis de leurs services à la nation pour avoir ôté la vie à d’autres combattant pour leurs causes. À quoi bon au final si le conflit perdure, mettre en péril la vie si précieuse de forces spéciales ? Dans ses pensées, il n’en demeure pas moins policier en civil pour mieux interpeller les suspects. Des pick-pockets, rien de particulièrement menaçant et sans nul doute plus facile à intercepter pour lui dont la canne laissait un son régulier sur son passage.

Un cri au loin le surprend et il tourne la tête dans la même direction, observant la scène qui se déroulait sous ses yeux. Il voyait l’homme prendre la fuite, poursuivi par la victime et observa sa canne avant de la soulever légèrement et de s’en saisir pour trottiner du mieux qu’il le pouvait, tentant d’anticiper les chemins de cette ville qu’il connaissait par cœur. Homme de terrain, il savait quelles étaient les possibilités et manqua à plusieurs reprises de tomber, reprenant quelques fois sa canne qui faisait bien trop d’échos dans les ruelles empruntées. Il n’avait pas le choix. Soudain, une ombre à l’angle d’une rue, la jeune femme essoufflée et le voleur qui se dirigeait droit vers lui sans l’avoir vue. Sa canne en travers, lui rentra dedans en le poussant de sorte à ce que l’homme se retrouve à plat ventre après sa chute certaine, appuyant dans le milieu du dos de l’agresseur en y mettant assez de poids pour le dissuader de se relever sans lui faire réellement mal. « Si tu ne veux pas te faire arrêter, tu lâches ce portemonnaie. J’ai pas envie de t’embarquer, alors tiens-toi à carreau, je suis pas seul dans le coin, si tu te fais prendre une seconde fois je ne pourrais rien y faire » parler comme ça à un voleur ne payait pas de mine, le robin des bois du policier ? Non, certainement pas, mais il aurait aimé qu’on lui offre plus d’une possibilité, alors il donnait l’occasion à l’inconnu, assez jeune de se racheter. La peur panique avait tétanisé le garçon, sans doute qu’il se souviendrait de cette confrontation et de ce fait, il pu récupérer le bien de la jeune femme en essayant de se baisser non sans une certaine douleur. Gémissant en se redressant, il racle sa gorge et tend la main à la jeune femme au loin. « Mademoiselle, la prochaine fois, s’il vous plait, ne suivez pas votre agresseur sans avoir averti un policier. Ce voyou n’était pas une menace, mais s’il en avait été une vous auriez pu tomber sur bien pire en étant si loin du marché »

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@ryu tae ah

Ryu Tae Ah a écrit:

heroes doesn't always wear a cape

La jeune femme semblait vraiment désespérée, presque comme étant absente lorsque quelqu’un l’interpelle avec son portefeuille. D’abord surprise, elle regarde l’étranger de la tête aux pieds. Il semblait avoir son âge, et cette canne l’interpella. Il devait avoir un handicap. Mais comme avait-il pu récupérer son bien avec ce handicap justement ? Elle ne préférait pas trop y réfléchir, se concentrant plutôt sur l’objet de sa venue vers elle. Puis elle réalisa que cet homme devait être quelqu’un de très important. Un policier ? Qui sait.

« Oh…Merci beaucoup ! »

Puis elle réprima une grimace lorsqu’il lui fit la morale. Tae Ah n’était pas du genre à se dégonfler devant la petite racaille du coin. Au contraire, elle ne se laissait pas facilement impressionner ce qui avait parfois le don de destabiliser ses opposants. Malgré tout, elle ne pouvait pas se permettre de lui dire ce qu’elle pensait comme il venait de lui sauver sa journée. Ça aurait été terriblement impoli alors qu’il venait d’arrêter un voleur à lui tout seul, alors qu’elle n’avait fait que de le poursuivre sans idées précises.

« …pardon, je ferai plus attention la prochaine fois » marmonne-t-elle en reprenant son porte feuille avant de vérifier le contenu. Tout y était, ses papiers, même le peu d’argent qu’elle avait sur elle.

Elle rit légèrement et se tourne vers son sauveur.

« Comment je peux vous remercier ? Bon, je n’ai pas d’argent, il faut dire que je ne suis pas Crésus mais si je peux faire quelque chose, je serai ravie de le faire. Je m’appelle Ryu Tae Ah, enchantée .»

Elle tend sa main qui semblait frêle, même si son corps était comme engourdi. La malédiction de Tae Ah était de ne plus avoir de sensibilité corporelle, du moins, une grande partie. Et des fois ça l’arrangeait, d’autres fois non. Mais cette fois, elle semblait aller bien, et c’était tout ce qui comptait.

« Mh…Je peux vous payer un verre si vous voulez, ça sera mieux que rien ! »

@Yu Se Han

Le regard qui lui avait été adressé ne le surprenait pas, le policier avait l’habitude et il n’allait juger personne pour ses particularités du moment qu’on ne le piquait pas à ce sujet volontairement. Après tout, c’était vrai, il n’était pas comme les autres. Non, il ne l’était plus à son plus grand regret. Tentant malgré tout d’ignorer ce premier contact, il se laisse remercier sagement avant d’expliquer à la jeune femme qu’il est dangereux pour elle de suivre un voleur, même un adolescent. En retour, c’est quelques mots sous cap qui vinrent apporter la promesse éphémère de ne pas recommencer. « J’espère qu’il n’y aura pas de prochaine fois… » rien n’était certain, mais se faire avoir deux fois nécessité d’avoir une certaine malchance, même si le portemonnaie de la jeune femme n’était pas celui d’un petit bourgeois. Après tout, il n’y avait qu’à la regarder. Elle était très jolie, Sehan ne pouvait pas nier et elle ne s’habillait de cette façon particulière qu’on les personnes aisées à étaler ou non ces richesses qu’ils prennent pour acquis. Il masse sa nuque et penche la tête. Le remercier ? C’était étrange qu’elle veuille le faire, mais il n’allait pas lui dire non. Seulement, à l’entente de ces quelques mots particuliers et la vision de ce portemonnaie dont il n’avait pas vraiment vérifié le contenu, le brun claque sa langue contre son palais.

« Je vous propose autre chose, on va boire un verre, mais c’est moi qui paye et ça n’a rien à voir avec de la galanterie, c’est juste qu’on a obtenu gain de cause tous les deux et que ça se fête » enfin, c’est une excuse surtout pour dire qu’il est content d’avoir pu aider et se rendre utile malgré la douleur lancinante de sa jambe. Sa canne toujours en main, il serre un peu les dents pour ne pas le laisser paraître, il avait peut-être un peu trop sollicité les muscles qu’il ne fallait pas et les petits nerfs furieux de ce geste le lui rendaient très mal.

Le petit voleur s’était enfuit et il espérait bien qu’il ne le reprendrait pas de sitôt. Le bruit de son aide au sol était le seul qu’on entendait au travers du brouhaha de la civilisation retrouvée et du marché bondé de monde. Un peu trop pour lui, cependant il ne peut en vouloir à personne de ne pas apprécier la foule. « Comment vous vous appelez ? »

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@ryu tae ah

Il voyait bien l’agacement dans son comportement et ne la comprenait pas, il en aurait été capable si elle lui avait fait part de son ressenti, ou peut-être que non. Dans la tête du policier en civil c’était la guerre tout le temps ou s’y préparer lorsque ça devrait arriver, alors s’accorder immédiatement un temps de pause était bienvenue. Le brun se devait d’être courtois, préférant inviter la jeune femme que de se faire inviter, question d’éthique c’était lui le flic et il devait montrer l’exemple autant que son dévouement pour les personnes qui en avaient besoin. À ses yeux, ce qui primait restait la gentillesse avec laquelle elle accueillait sa personne sans se soucier de son handicap. Chose rare. Porter l’étiquette d’un représentant de la loi nécessité parfois d’assumer un regard strict ou le dédain ingrat de certains citoyens. Un rictus se forme une demi seconde, laissant un semblant de fossette s’afficher alors qu’il rétorque « Justement, je vous l’ai rendu pour que vous puissiez en profiter, pas pour le vider et je me sentirais offensé si j’étais responsable de ça, laissez-moi m’en charger… s’il vous plait ? »

La jambe douloureuse, il s’appuie un peu plus sur sa canne qu’à l’accoutumée, exposant ainsi son mal-être aux yeux de la victime qui répond malgré tout à ses questions en relevant le nez. « Yu Se Han, enchanté » il force ses mains à quitter sa troisième jambe signe de politesse en les joignant pour ensuite emboîter le pas à l’ingénue répondant au doux prénom de Tae Ah. La question suivante le fait acquiescer. « Oui, excusez-moi, je suis policier et je n’étais pas sensé travailler maintenant, mais que voulez-vous… » le crime n’attend pas, même si ce n’était qu’un vol anodin, ça évitait beaucoup de tracas et même si ça devait l’exposer, il n’avait rien d’autre que son métier entre les mains pour rendre sa vie moins pénible. Les divertissements ne manquaient pas et pourtant, il accueillait avec difficulté les quelques jours de repos auxquels il pouvait bien avoir droit. Parfois forcé de ne pas venir au commissariat par son supérieur, consciencieux et un peu trop impliqué, il râle dans sa barbe et prend son mal en patience jusqu’à ce que la journée s’écoule. Mais ce soir, peut-être que ce serait différent, jouer les gardes du corps n’était pas si mal non plus et complètement dans ses cordes.

Sa tête se penche, on met en cause sa jambe, évidemment, comment faire l’impasse ? Il grogne presque, mais il acquiesce « Ne vous inquiétez pas, si je suis policier avec cette canne, c’est que ça n’altère en rien mes capacités d’ailleurs… » lui qui s’était inquiété observait à présent le sang à la cheville de la belle. « Vous saignez… est-ce que vous avez mal ? » il se sentait coupable, même si ce n’était pas de sa faute, elle avait couru pour rattraper son agresseur et s’était faite mal, effectivement, sous cet angle s’il n’avait pas eu son petit problème, elle n’aurait pas été obligé de courir. Les sourcils froncés et réduisant ses lèvres en une ligne, il fait bouger sa mâchoire. « Voyez-finalement vous en avez bien plus besoin que moi de ce verre, si ça vous fait mal, il vaut mieux aller voir un docteur »

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@ryu tae ah

La jeune femme n’avait pas pu se résoudre à passer à côté de son handicap, qui le pouvait ? Se Han n’avait jamais choisi la voie facile et même le destin semblait lui promettre un parcours sinueux aussi bien socialement que professionnellement. Lui qui aimait les défis n’allait certainement pas s’en plaindre, se contentant d’expliquer être compétant malgré tout. Il n’avait rien à prouver à la victime d’un vol de menu fretin, même si ses performances, il les regrettait toujours pour son manque d’endurance par le biais de sa blessure. Le résultat avait été le plus important, finissant au bar à offrir un verre à une inconnue, il y a pire comme situation. Quand il remarque que sa protégée est blessée, la culpabilité et la frustration le rongent, montant lentement pour compenser la satisfaction d’une bonne action. Elle lui assure ne rien avoir et si elle a été capable de marcher jusqu’à présent, c’est qu’effectivement ça n’était pas grand-chose, cependant ça le rendait nerveux. Ne rien sentir et dire que ce n’est rien n’est pas la même chose.

Plus le vétéran en apprenait sur la jeune femme, plus il la trouvait étrange, mais attachante. Elle avait apparemment l’habitude, sortant un pansement pour le placer sur sa cheville, était-ce suffisant ? Sans doute, ce n’était qu’une blessure superficielle en apparence, mais il aurait bien voulu la conduire au médecin. Relevant le nez en sirotant son verre, observe sa jambe de nouveau. « Non… je me suis juste baissé un peu trop rapidement et… » certains mouvements lui sont encore difficile et il ne les récupèrera surement jamais avec autant d’aisance qu’une personne valide, pourtant il se contraint malgré la douleur pour paraître le plus normal possible dans la mesure de ses moyens et de ses capacités cependant.

Il était difficile de raconter les détails de cet incident, de celui qui lui a coûté sa carrière et qui d’un certain sens lui promettait un avenir que bon nombre de soldats ne pouvaient espérer. Gravir les échelons sans en avoir la certitude, qui sait quand une vie sera fauchée ou non ? Ses doigts pianotent nerveusement. « J’étais militaire, j’ai servi et j’ai été blessé, c’est tout » Il n’était pas obligé, il ne s’étale pas plus, mais il était tout de même fier, plus ou moins de ses exploits, d’avoir arrêté de nombreux dangers, pas d’avoir pris les vies d’innocents si tenté qu’il en soit directement responsable, ce qui restait à prouver.

Un raclement de gorge, il boit encore, quelque chose de frais et ralentissant simplement pour que son verre ne soit jamais vide sans pour autant demander à être rempli à nouveau. Sehan a déjà connu les travers de l’alcool et il sait à quel point toute tentation peut être vile et mettre sa vie en péril à une allure folle s’il ne maîtrise pas. Les joies d’être un homme en fin de compte. « Vous faites quoi dans la vie ? »

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@ryu tae ah

Il n’était pas évident de s’ouvrir à autrui et même si l’envie ne manquait pas, parfois la confiance n’était pas au rendez-vous. Comme un loup qu’il valait mieux apprivoiser en douceur, Se Han répond sans donner plus de détails et s’intéresse à la jeune femme qui en fait de même. Une vendeuse ? Modeste, ce qui leur faisait un point commun et si le métier de policier le rendait aux yeux du monde plus honorable que la jeune femme, pour lui ça revenait au même. Sans conseil et sans personne pour gérer les caisses et les clients, l’anarchie prenait vite le dessus, rendant la vie du consommateur lambda bien moins agréable qu’elle ne l’est. Le respect se perd, s’attache ou se greffe à d’autres valeurs que lui juge moins nécessaires, mais il n’en dira rien, acquiesçant seulement avant qu’elle ne reprenne la parole.

Le militaire penche la tête, sourcils froncés, ne comprenant pas pourquoi elle se confiait à lui qui n’était clairement pas le plus attendrissant ni le plus compatissant des hommes au premier regard. Il était plutôt abrupt, sans forcément le vouloir en tout cas il ne souhaitait aucun mal, mais il avait tendance à s’effacer et à repousser plutôt qu’attirer la sympathie d’autrui. Son geste pour sauver les biens de la demoiselle y avait surement été pour quelque chose. « C’est moche de leur part, personne ne mérite ça. Et… » avait-elle dit qu’elle n’avait trouvé qu’un emploi et pas de domicile ? Depuis quatre ans ? Son inspection visuelle n’indique pourtant pas les signes de quelqu’un qui vivrait dans la rue, mais il n’est pas expert et masse sa nuque « Tu as… quelque part ou dormir quand même ? » il allait se faire avoir ou en tout cas il aurait été facile de le faire. Se Han allait redoubler de vigilance quant à ce qu’il comptait proposer, mais il s’assurerait dans les jours à venir de ne pas avoir eu à faire à quelqu’un de dangereux ou qui cherche salaire contre de l’espionnage… hm, étrange, il panique, mais il ne dit rien, ne laisse rien paraître et espère juste que sa chance habituelle a encore frappée.

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@ryu tae ah