Les larmes avaient brusquement cessé. A force de hurlements entremêlés à de nombreux pleurs, le peu de force qui lui restait le maintenait à peine debout. Inconsolable. Et meurtris. Sa plus profonde peine avait été exposée à la vue de leurs convives et du restant de la famille. Cette même famille qui faisait le déplacement jusqu’à l’île de Jeju chaque année consécutive, pour la commémoration de leur défunte mère. Ce 7 juillet, synonyme de souffrance. Synonyme de retrouvaille pour d’autres… C’en était presque aberrant de les voir débarquer les uns après les autres, sous prétexte qu’il s’agissait d’un devoir, avec leurs bonnes intentions en papier mâché… Pour Minyeol, tout n’était que du cinéma. Une injure à la mémoire de cette omma qu’il avait tant aimé. Et qu’il aimait toujours. Elle, qui méritait tellement mieux que ça…

La veille au soir, le plus jeune des Kang avait eu la mauvaise idée de sortir à une soirée, pensant que cela l’aiderait à mieux oublier. Au contraire, tout lui semblait des plus lucides, avec les quelques grammes qu’il n’avait pas su digérer au cours de sa courte nuit. Il s’était retenu plus d’une fois de l’ouvrir, pas au meilleur de sa forme pour prétendre à une force d’opinion. Désormais, il ne restait presque plus rien de lui, hormis un gosse brisé. Le même qu’il y a dix ans… Aux yeux de la plupart d’entre eux, il restait l’éternel vilain petit canard. Juste bon à se faire cajoler par les nouvelles pièces rapportées… Et c’est ce qu’avait tenté de faire Miyeon, la mère de Sohee. Sa belle-mère, en soi. Sauf que dans un élan de colère, Minyeol l’avait simplement repoussé, sans raison précise.

C’en était devenu impossible de rester une minute dans cette pièce. Même si après la commémoration, il s’attendait à voir débarquer tout ce beau monde jusqu’à leur villa… L’ironie d’un cocktail en ce jour funeste. Il n’avait jamais compris le principe. Tout n’était qu’un prétexte pour se retrouver, à boire et manger, alors que lui, était l’un des seuls à réellement pleurer ! Et ça le tuait un peu plus à chaque fois… Comme toujours, il irait s’enfermer dans sa chambre pour ne plus en ressortir. Mais puisqu’il ne pouvait pas se barrer comme bon lui chantait, attendre dans ce couloir semblait l’unique solution, pour le moment. A présent qu’il venait de faire son petit effet général, il s’attendait bien à voir surgir l’un de ses frères ou peut-être même Sohee. Un sourire grave sur ses lèvres, le coréen se laissa glisser le long du mur. Ailleurs. Absent. Quasi inexpressif.

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C’est la première fois entre cinq ans que Sohee ainsi que sa maman pouvaient participer à cette cérémonie à laquelle Minyeol tenait tant. Une cérémonie en l’honneur de sa défunte mère, une personne dont il était très proche avant qu’elle ne quitte ce monde. C’est surtout Miyeon, la mère de la jeune femme qui avait suggéré d’attendre quelques années avant de s’incruster parmi les membres de la famille. Elle se disait que les garçons n’étaient pas encore prêts à voir une autre femme dans les bras de leur père devant la photo funéraire de leur génitrice. Sohee n’y avait jamais vu aucuns inconvénients, elle faisait confiance à sa mère pour gérer la sociabilité avec la famille. C’est clair que ce n’est pas l’intelligente qui ne comprends rien aux sentiments et aux émotions qui allait dire quoi que ce soit.

Il y avait beaucoup de gens mais les yeux de Sohee ne détachaient pas son demi-frère du regard. Le voir aussi profondément triste lui brisait le cœur, encore plus que la fois où il avait ramené une invitée non désirée à la maison. Elle n’avait qu’une envie, c’était de le prendre dans ses bras, de le consoler même si ce n’était pas son point fort. Mais elle ne pouvait pas. Il n’y avait pas seulement ses parents à cette réception mais bien toute sa famille. Qu’allaient-ils penser ? De toute manière, elle avait entendu sa mère dire qu’il avait besoin de pleurer seul dans ce moment de recueillement. Elle se disait qu’elle irait le voir plus tard. Sa maman s’y connait clairement mieux qu’elle à ce niveau-là, donc elle lui faisait confiance. Sohee avait pris quelques minutes aussi pour prier la défunte. Elle souhaitait la remercier pour avoir donner naissance à une personne comme Minyeol. Elle voulait la remercier pour avoir pris soin de lui jusqu’à la fin. Et le plus important, elle lui a fait la promesse de ne jamais l’abandonner et de veiller sur lui.

De retour à la villa avec tous les invités, Sohee était restée près de sa mère qui discutait.  Elle écoutait d’une oreille, elle faisait un petit sourire pour faire genre ça l’intéressait mais elle ne pensait qu’à rejoindre la personne qui hante ses pensées.  Il n’était trouvable ni dans le salon, ni à la terrasse. Peut-être dans sa chambre ? En prenant cette direction, elle croisa enfin son chemin. Il était assis contre le mur, le regard perdu dans le vide. La demoiselle s’accroupit prêt de lui, il ne l’avait certainement même pas remarqué. L’une de ses mains venait délicatement se poser sur sa joue. Silencieusement, elle caressait celle-ci. Comme à chaque fois, elle ne savait pas comment réagir, alors elle se laissa guider par des envies inexpliquées. Au moins, elle ne faisait pas la gaffe de lui demander comment il allait. « Tu ne veux pas passer un peu ton visage sous l’eau ? Ça te fera du bien. » disait-elle avec une voix rassurante, elle n’avait pas envie de le brusquer, ni même de le forcer à faire quoi que ce soit. Si il souhaitait rester dans le couloir toute la nuit, elle resterait à ses côtés à moins qu’il ne demande à être seul.

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La cérémonie achevée, il lui avait été impensable de se joindre aux « festivités » et de se mélanger au restant de la famille. On dirait encore de lui qu’il faisait son enfant, mais qu’importe. Tous pouvaient bien penser ce qu’ils veulent, Minyeol n’en avait plus rien à faire de leur opinion. Elle ne changerait probablement jamais et son frère aîné en rajouterait sûrement une couche pour le faire passer pour plus minable, c’était un fait. Il était faible… L’inverse de sa grande supériorité à tous les niveaux. Minyeol abdiquait. Ce jour précis, il était juste bon à rien… Et les bières ingurgitées en trop grandes quantité la veille au soir n’étaient pas sans lui faire ressentir une cuisante migraine qu’il se serait bien passé. Il y avait cependant une personne dont il ne se passerait guère, même dans un état aussi lamentable. Sur le coup, il ne l’avait même pas entendue, mais en sentant cette main se poser sur sa joue, nul doute qu’il ne pouvait s’agir que de Sohee. La seule sur cette foutue planète qui était à même de réanimer son muscle vital d’une chaleur réconfortante. Malgré le sentiment de gêne et d’embarras, un minuscule sourire s’étira de ses lippes lorsqu’elle s’exprima pour lui suggérer un peu d’eau sur le visage. Elle n’avait pas tort. Cela ne lui ferait pas de mal. Mais il y avait une chose qu’il désirait faire avant de se relever. « Ouais, je vais faire ça… Mais avant… laisse-moi te prendre dans mes bras. » lui demanda t-il d’une voix à peine audible mais à la fois si distincte.

Sans chercher son approbation, le coréen se redressa pour entourer le corps de la demoiselle et la maintenir contre lui. Une étreinte forte et à la fois mesurée. Il avait toujours le sentiment d’enfreindre une règle fondamentale ou de pouvoir la casser lorsqu’il la tenait ainsi. Et peu importe si quelqu’un les surprenaient dans cette situation compromettante. Il en avait plus rien à faire. Seule comptait Sohee. Envers et contre tout, elle était la seule pouvant suffire à son bonheur. Sans elle, il allait même jusqu’à penser qu’il ne valait absolument plus rien.« Merci Sohee… Ça va déjà un peu mieux… Merci d’être là, pour moi. » Si sa voix dérailla un peu sur la fin, il prit néanmoins sur lui pour rester digne. L’air de rien, le jeune homme s’éclaircit la gorge avant de se redresser, non sans oublier de lui tendre la main, pour la tirer à sa suite. Cette villa comportait trois salles de bains, dont une située trois portes voisines ; celle qu’ils avaient souvent pour habitude d’emprunter, étant la plus proche de leurs chambres. Il ne vit pas d’inconvénient à entrer le premier pour rapidement se rafraîchir sous de l’eau gelée. Il lui fallait au moins ça pour se donner un sérieux coup de jus, en plus de remettre ses idées en place.

Pendant un bref instant, seul le bruit du jet d’eau abrita les murs l’habitacle. Un silence de courte durée, puisque Minyeol se retourna aussi vite vers Sohee, un rictus sur le coin de ses lippes, presque irrésistible avec le bout de ses mèches humifiées. S’il parut un peu intimidé, sa posture laissa toutefois présager qu’il allait effectivement mieux et qu’il était prédisposé à continuer sur cette lancée. Adossé contre le rebord du lavabo tout en marbre, le coréen lui fit signe d’approcher, résolu à la garder rien que pour lui. Il n’allait mieux que lorsqu’ils étaient ensemble. « Comment c’est en bas ? L’ambiance doit être pesante... » Il demandait, puisque son acte de présence ne s’était limitée qu’à quelques secondes… Jusqu’à présent, il n’avait fait que pleurer sur son compte, mais il n’oubliait pas l’attitude qu’il avait eu avec Miyeon, sa belle-mère… Tout comme il avait conscience que cette commémoration était aussi une première pour les deux femmes. La situation devait être extrêmement délicate pour elles aussi… « Désolé pour tout à l’heure. J’ai pas été très sympa avec ta mère… Et toi, ça va, c’est sur ? » lui demanda t-il, plus soucieux. Instinctivement, il avait fini par glisser ses mains sur ses hanches pour la tenir près de lui, le regard ancré dans le sien. C’était dingue comme il finissait toujours par se sentir attiré par elle. Une attraction qu’il ne s’expliquerait jamais.

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C’est une étrange sensation, ce muscle vital qui semble s’être harmonisé parfaitement à celui dont il est épris. L’intello avait l’impression que si Minyeol était au plus bas, que la tristesse était la seule émotion ressentie, alors elle serait pareille. Elle se sentait déprimée, triste mais elle ne le montrait pas. Encore une chose que les livres de psychologie lui ont appris. "Pendant un moment triste, il faut toujours qu’il y ait une personne qui se montre plus forte que les autres afin qu’ils se sentent rassurés." Et cette personne c'est Sohee. Il fallait qu’elle se montre forte. Ce qui n’était pas une tâche bien difficile puisqu’elle ne faisait preuve de presque aucune sensibilité. La jeune femme n’avait même pas eu le temps de comprendre sa phrase entièrement que son corps finissait entouré des bras de son demi-frère. Son cœur montrait à nouveau qu’il existait, qu’il était bien présent dans sa poitrine tellement ses battements étaient accélérés. Elle avait même perdu l’équilibre dans la surprise. Sa robe de cérémonie noire arrivant aux dessus de ses genoux, ces ceux-ci, nus, qui rencontraient le sol dans une toute petite chute. Après que Sohee soit sortie de ses perturbations, elle répondit enfin à l’étreinte du jeune homme. Avec une grande douceur, elle entoura ce corps frêle et vide d’énergie d'une aura protectrice.

Sohee n’avait plus envie de le lâcher, elle avait simplement envie de le garder, comme ça, dans ses bras, jusqu’à ce que la tristesse le quitte. Heureusement que Minyeol savait qu’il devait montrer lui-même à la jeune femme ce qui pouvait le réconforter ou lui faire du bien. Peut-être qu’avec le temps, elle finira par savoir comment réagir d’elle-même, qu’elle n’aura pas besoin de dessin pour comprendre. Que les signaux seront évidents pour elle. Elle l’espère. En attendant, elle se contentera simplement de suivre le mouvement avec une seule idée en tête ; le rendre heureux. Ses paroles dessinèrent un tendre sourire sur ses lippes. « De rien Minyeol. » Elle ne pouvait être que rassurée de savoir que son demi-frère allait un peu mieux grâce à elle. C’est d’ailleurs une énigme car elle ne comprenait même pas comment elle faisait. Une part d’inquiétude se lisait sur son visage enfuit dans le torse du câliné. Et si on les surprenait ? Sohee avait bien remarqué que Minyeol faisait en sorte de ne jamais se faire prendre en étant trop intimes, que cela soit par leurs parents ou par ses amis. Elle l’avait remarqué certes mais elle n’avait aucune idée du pourquoi.

À contre cœur, la jeune femme devait quitter les bras chaleureux de son demi-frère afin qu’il puisse se rendre sous sa demande à la salle de bain. Avec son aide, elle se relevait sans trop grandes difficultés avant de bien replacer sa robe. Pendant que le bruit de l’eau était le seul son audible dans la pièce, la jeune femme ne quittait pas des yeux le beau brun. Elle doutait fortement qu’un peu d’eau sur le visage réglerait sa tristesse mais elle était persuadée qu’au moins, ça dégonflerait un peu ses yeux. Lorsqu’il se tourna vers elle, elle voulait s’en assurer mais c’est tout autre chose qui captiva son attention. Les yeux rivés sur ses lèvres qui lui offrait un sourire dont elle ne comprenait pas la signification mais qui était assez puissant pour la déstabiliser et lui donner des envies. Lui qui lui avait certifié à la plage que ça passerait, elle attend toujours. Elle avait même l’impression que plus ça va, plus ça devient fort. « Oui, assez. Je ne comprends pas pourquoi tous ces gens sourient et rient alors que c’est un jour triste. » disait-elle en avançant de quelques pas tout en fixant le sol, pas qu’elle tentait d’éviter le regard de son demi-frère mais un peu quand même. Elle secouait négativement la tête afin de rassurer son interlocuteur. « Je ne t’en veux pas. Ma mère non plus ne t’en veux pas. Elle m’a expliqué que c’était normal que tu réagisses comme ça. Que ce n’était pas un jour facile pour toi. » Un bref résumé de tous ce qu’a pu dire la mère de Sohee pour lui faire comprendre. « Oui, ça va. Je.. » La bouche de l’intello se fermait immédiatement sous le contact imprévu de son frère. Les yeux brillants plongés dans les siens, elle sentait cette envie monter. Elle avait envie de confirmer quelque chose. Les paroles de Minyeol à la plage ne voulaient pas quitter ses pensées. Sur la pointe des pieds, elle rapprocha lentement ses bouts de chairs légèrement rosés par un rouge à lèvres de ceux dont elle n’arrêtait pas de penser depuis ce jour. Le contact fut délicat, doux et peut-être même surprenant. Sohee s’était simplement laissée guider par ses envies.  Une petite voix dans sa tête lui disait qu’elle avait le droit car le beau garçon en face d’elle avait commencé à la provoquer en premier, peut-être inconsciemment.. ou pas. Elle ne faisait durer l’échange que pendant quelques secondes avant de placer une distance entre les têtes des deux étudiant afin que leurs regards puissent se rencontrer. « C’est faux. C’est la deuxième fois et je ressens toujours la même chose, bien plus fort.. Ça ne passe pas et.. » Et elle ne comprenait pas pourquoi, à nouveau son visage reflétait le mot perdu. Le diagnostic de Minyeol était faux ou bien était-elle tellement différente qu’elle ne réagissait pas comme les humains normaux ? Sohee se mordillait les lèvres, elle avait l’impression d’avoir mal agit, elle ressentait de la culpabilité. L’embrasser et lui poser toutes ses questions alors qu’il n’est pas bien.. Quelle idiote. Les relations humains c'est vraiment pas son point fort. Avant qu’il ne puisse dire un quelconque mot, elle recula de quelques pas, un peu précipitamment. « Ce n’est rien. Excuse moi.. Je pense que tu devrais aller te reposer. Tu dois être fatigué après cette journée. » La jeune asociale commence à avoir quelques talents dans l’art de l’esquive et du changement de sujet. Un petit sourire timide se formait sur ses lèvres avant qu’elle ne prenne la directement du couloir.

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Il arrivait parfois qu’on la pense étrange et un peu déconcertante… Et pourtant, il ne s’était jamais senti plus en phase avec quelqu’un. Elle était même l’unique personne de censée dans cette baraque ! De son point de vue, c’était bien Sohee qui avait raison dans son positionnement. Et ce n’était pas lui non plus, qui la contredirait. « Y’a rien à comprendre. Ce sont des hypocrites… C’est le monde dans lequel on vit. » Mais heureusement, il y avait Sohee. Heureusement, elle était là pour illuminer ses jours, parfois même jusque dans ses rêves. Il lui était même impensable d’imaginer sa vie, si elle n’en faisait pas partie, de près comme de loin… « J’irai la voir demain quand même, pour m’excuser. » ajouta t-il d’une voix calme, presque trop sérieuse. Le regard qu'elle lui lança n’en fut que plus énigmatique au moment où il la ramena contre lui. Il avait beau y penser, encore et encore… Minyeol savait que sa patience atteindrait un jour ses limites. Il savait qu’il ne pourrait pas le supporter indéfiniment. C’en était même à se demander comment il avait fait pour tenir tout ce temps, sans péter un câble ! Depuis la dernière potiche qu’il avait ramené à la maison, le jeune homme ne s’était plus tenté à recommencer. Il ne voulait plus revoir la colère et l’indignation sur le visage de sa cadette. Depuis que les sentiments de la blonde avaient changé pour s’accorder aux siens, tout était devenu extrêmement simple et à la fois… compliqué. C’était simple, lorsqu’il se conditionnait au rôle du grand-frère. Mais il ne lui suffisait aussi d’un rien pour ranimer la petite étincelle entre eux. Et cette lueur malicieuse dans le regard du coréen ne présageait rien de sage en soi…

De sa vie, il n’avait jamais été aussi indécis concernant une fille et ses propres sentiments. Mais là, il ne désirait même plus y penser. Il ne voulait penser à rien d’autre qu’à ce sentiment qui l’habitait et qui renforçait le goût de l’interdit. Un goût si doux dans ses souvenirs… et qu’il ne s’attendait pas redécouvrir en l’espace de cet instant. La pression de leurs lèvres à nouveau scellées l’amena instinctivement à se pencher vers elle, alors qu’il ne la relâchait toujours pas – bien au contraire - comme pour prolonger ce contact enivrant et cette sensation si vive, faisant écho dans sa poitrine. Il n’avait lui-même pas conscience de ce qui se passait jusqu’au moment où elle rompit le baiser pour lui sortir cet aveu d’une franchise toujours aussi désarmante, le laissant pantois. A l’inverse d’elle, les mots avaient plutôt tendance à se bloquer dans sa gorge… Il ne savait jamais quoi dire d’intelligent dans ces moments-là. Et le temps qu’il se décide à un onomatopée ridicule, la belle venait déjà de lui glisser sous le nez… Une réaction on ne peut plus prévisible venant d’elle. Quitte à ne pas avoir de tête, il avait toujours des jambes pour courir. Ce qu’il fit, après s’être partiellement remis de ses émotions, la main tendue dans sa direction, dès lors qu’il l’eut rattrapé au beau milieu du couloir. Son autre main de libre lui dicta de se taire, le doigt levé contre sa propre bouche. « Viens par-là. Fais-moi confiance. » lui murmura t-il en se saisissant de sa main, aussi vite guidée du côté de sa chambre. Le seul endroit où ils ne seraient pas dérangés. Là où aucune paire d'oreilles indiscrètes, ne pourraient les surprendre.

Une fois à l’intérieur, le coréen se débarrassa de sa veste costard qu’il balança dans un coin de sa piaule. Il entreprit un rapide mouvement pour dénouer la cravate qui pendait toujours autour de son cou, non sans la retirer complètement… Par flemme, ou juste parce qu’il s’y prenait mal. Il se sentait néanmoins plus à l’aise, plus à même de respirer alors qu’il larguait tout aussi vivement ses chaussures de ville. L’un sous son bureau et l’autre sous son lit. Il semblait comme se débarrasser du poids du monde au fur et à mesure qu’il se libérait de cet accoutrement ridicule. Dans un soupir d’aise, Minyeol se laissa retomber contre son lit, très vite amené à se redresser pour ne pas la laisser en reste, ses pieds touchant toujours le sol. « Je crois que je te dois quelques explications... » Il lui fit signe d’approcher, attendant qu’elle s’exécute et qu’elle soit à sa portée pour l’attirer une nouvelle fois contre lui. Dans une position qui n’était pas sans rappeler celle qu’ils avaient eu sur la plage… Il avait conscience que cette proximité n’était en rien anodin, mais pour autant, ses gestes furent délicats et prévenants lorsqu’il l’entoura de ses bras pour la maintenir en équilibre, sur lui. Ils ne pourraient pas fuir cette situation éternellement après tout… Il fallait bien que l’un des deux se montre fort et honnête. Et pour une fois, ça serait lui. « J’ai pas vraiment été franc la dernière fois… J’ai dis que ça te passerais. Mais peut-être que ça ne passera jamais, Sohee… Ce que tu ressens, je le ressens depuis le lycée. Ça fait quatre ans que je t’aime, Sohee. ». Et malgré tout le courage qu’il lui avait fallu pour lui avouer ça, il n’osa pas la regarder. C’était bien beau, sauf que maintenant, qu’étaient-ils censés faire ou devenir l’un pour l’autre ? Cette question le terrifiait.

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Sohee n’avait rien de plus à ajouter aux paroles de son frangin hormis un hochement de tête pour acquiescer. En fréquentant les gens riches, elle avait vite compris que dans ce monde, l’hypocrisie était reine. Ce soir, elle le voyait de ses propres yeux. Il était inutile d’en dire plus. Le but était de consoler Minyeol et non de l’enfoncer dans sa tristesse. Elle n’imaginait même pas sa réaction si elle lui disait que les conversations avaient dérivé sur tous autres sujets que les funérailles et la mémoire d’une personne chère à son cœur. Affaires, rendez-vous, argent. Il n’y a maintenant plus que ces mots qui sortent de leur bouche. Et puis au fond, le jeune homme devait certainement s’en douter.

Est-ce que la blondinette avait fini par causer l’irréparable en cherchant des réponses à ses questions ? Avec un peu de recul, elle se rendait compte que ce n’était ni l’instant, ni le moment pour revenir sur ce sujet quelque peu délicat. Les émotions ne se contrôlent pas scientifiquement, ni même les sentiments. Plus que des interrogations, il y avait aussi de l’envie dans ce geste. Une envie peu comblée, un goût de trop peu, comme cette fois à la plage. Alors que la fuite était sa solution, Minyeol en décida autrement. Il l’amena dans sa chambre et comme demandé, elle le suivit sans broncher. La vision de cette pièce, lui rappela de mauvais souvenirs. La dernière fois qu’elle était entrée dans la chambre de son frangin, il était en compagnie de cette pimbêche qu’elle avait voulu faire fuir avec une méchanceté improvisée. On peut dire que ça n’avait pas fait effet et qu’au final, elle s’était juste faite virée par Minyeol. Tant bien que mal, elle essayait de chasser ses mauvaises pensées en observant son demi-frère. Elle le trouvait encore plus beau que d’habitude dans son costume. Un petit plus qui la faisait encore plus craquer.

Des explications ? La jeune intello n’était pas contre. Cela fait des jours qu’elle les attend, sans forcément savoir que depuis le début, Minyeol les connaissaient. Elle s’approchait de lui via son geste de la main. À nouveau, la proximité entre les deux devenaient très petite, ce qui avait le don de faire battre cet organe vital beaucoup plus fort qu’à son habitude. Cette position lui rappelait celle dans laquelle ils étaient sur la plage. Lui allongé sur son lit et elle à califourchon, ses jambes de part et d’autre de sa taille. Les petites mains de la seonchul venaient se poser sur les hanches de Minyeol. Comme elle, il n’avait pas l’air de vouloir arrêter cette descente dans l’impossible. Les mots de son frangin résonnaient dans sa tête. Il lui fallait quelques minutes de réflexion avant que son cerveau n'ait un déclic. Elle pouvait enfin poser un mot sur ce qu’elle ressentait. Elle était amoureuse de l’homme qui se trouvait en face d’elle. Elle ne pu s’empêcher de sourire bêtement, beaucoup trop contente de comprendre ses sentiments et de voir qu’ils sont réciproques. Elle n’en avait plus rien à faire du reste. « C’est donc ça.. Ce que je ressens.. ? Je t’aime. Tellement. Fort.  » C’était la première fois que ce mot sortait d’entre ses lèvres. Elle l’avait dit avec tellement de fierté et de sincérité. L’une de ses mains s’était déplacée jusqu’à la joue du jeune homme afin de la caresser tendrement, ses yeux détaillant à nouveau chaque recoins de son visage. « 4 ans ? Pourquoi tu ne me l’avais jamais dit avant ? » Cette question tombait tellement sous le sens.. Mais pas dans l’esprit de l'insociable. « Et pourquoi tu as ramené cette fille la dernière fois si c’est moi que tu aimes ? » Certes, la jeune intello avait su placer des mots sur la plupart de ses émotions mais il y a encore pas mal de choses qu’elle ne comprenait pas venant du comportement de Minyeol.

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Une grosse galère. Tel était le terme le plus approprié pour témoigner leur situation. Face à son aveux, le coréen n’osa pas tout de suite la confronter du regard, hésitant, et tout de même un peu embarrassé… en prime. N’était-ce pas quelque chose qu’il s’était toujours juré de garder secret ? Tout partait en cacahuète depuis son retour d’Allemagne. Tout avait débuté par l’apparition de Somi et la fabuleuse idée de la ramener chez lui… Se rebeller contre l’autorité familiale, contre son père, de surcroît. Et il s’était senti bien malin en commettant cette bêtise. En blessant Sohee. Bien que sur les faits, cet incident les avaient considérablement rapprochés ! Avant ça, la jolie blonde ne lui avait encore jamais témoigné le moindre intérêt… Pas du genre à se montrer soucieuse ou jalouse à la première donzelle qu’il sortait de nul part. Mais ce long mois passé à l’étranger lui avait finalement fait réaliser une chose, à la petite intello… Pas uniquement à elle, d’ailleurs. Minyeol en avait assez de faire semblant et de tout garder pour lui. Même s’il n’était pas en droit de la vouloir, il ne voulait que Sohee. Il n’y avait toujours eu que Sohee. Et ses nombreux batifolages n’y changeraient strictement rien… Si bien que lorsqu’elle lui posa la fatidique question, il ne sut pas vraiment quoi répondre à cela. A vrai dire, il ne sut pas non plus quoi dire à ces précédents propos, ne prêtant attention qu’à ses caresses sur son visage. Son « Je t’aime » qu’il n’avait pas non plus percuté, l’immobilisa de plein fouet au moment où il en saisi la signification. Non, ce n’était pas un banal je t’aime d’une sœur envers son frère. Des deux, elle avait probablement toujours su différencier le statut patrimonial des individus propres et individuels qu’ils étaient à eux deux. Face à ce constat, son cœur tambourina un peu plus vivement dans sa poitrine. « Euh… je… je sais pas… Enfin j’imagine que ça a toujours été plus compliqué pour moi. ».

D’un geste bienveillant, Minyeol plaça ses mains sur la taille de la jeune femme pour la basculer légèrement en arrière, désormais échoués l’un à côté de l’autre sur la surface plane de son lit. Sans la décrocher des yeux, il étudia un instant sa réaction, pris d’une réflexion intense. Il allait devoir argumenter mieux que ça… et quitte à lui livrer tout ce qu’il avait sur le cœur, autant le faire jusqu’au bout. « Il y a 4 ans, j’étais pas aussi sûr de moi. » prononça t-il dans un léger soupir. Délicatement, il leva sa main jusqu’à son visage pour y dégager quelques mèches rebelles du devant de ses yeux. Puis en raccord avec ses propos qu’il tenait à faire valoir, le jeune homme se rapprocha de la belle pour venir coller son front contre le sien, preuve en est qu’il n’était plus le petit adolescent d’autrefois, et qu’il ne craignait plus sa réponse. « Puis aujourd’hui c’est différent… Nos parents se sont mariés… J’avais mes raisons de vouloir de te le cacher. » Cela tombait même sous le sens, mais manifestement, la logique de Sohee n’était la même. Et quelque part, c’était aussi une des raisons qui la rendait aussi unique à ses yeux… Elle était pure et innocente. A l’opposé de lui, qui ne réfléchissait pas beaucoup et qui passait son temps à faire des conneries. « Tu sais, la plupart des hommes n’ont pas besoin d’être amoureux pour fréquenter quelqu’un… Puis avec Somi, c’était juste passager. Je ne l’aimais pas… Je n’ai fais que… m’amuser un peu. ». Lui en voudrait-elle pour ça ? Le trouverait-elle ignoble ou dégueulasse ? Ce monde n’était pas fait de bisounours et dans le fond, il se doutait qu’elle en avait fortement conscience. Pour autant, il redoutait un peu qu’elle le perçoive autrement… Minyeol éloigna alors son visage pour mieux la regarder, son regard emplit d’une douceur dont il n’avait pas conscience. Il glissa avec précaution le revers de sa main sur sa douce joue. « On dit aussi que pour oublier celle que l’on aime, le meilleur moyen est de sortir avec une autre, mais… ça n’a jamais marché avec moi. J’ai essayé trop de fois… sans succès. ». Il laissa passer un léger temps de silence avant de relever les yeux jusqu’à elle, s’attardant sur ses lèvres rosées qu’il rêvait d’approcher. « Parce que je suis trop con et trop stupide pour faire une croix sur toi… Je t’aime, Yun Sohee ».

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