Repos. Un simple repos fait du bien à n’importe qui. Un simple congé, un weekend ou même des vacances.  Ça revigore l’esprit tout en redonnant de l’énergie. Bien, moi, je n’ai aucun congé. Je travaille et je veux seulement travailler. Cela évite de justement à trop réfléchir, réfléchir à des trucs qui m’assombrissent l’esprit et c’est très mauvais pour les affaires, du coup; bourreaux du travail, c’est moi. Cependant, on aime toujours de se faire dorloter. Même si je n’ai plus ou moins de congé, j’ai du temps libre pour moi que je garde simplement pour moi. Comme pour boire un café ou boire un verre à la fin d’une grosse journée. Cette fois, il fallait que ça soit plus relaxant. Une nouvelle coupe? Une teinture? Oui, tout à fait, je parle de se faire coiffer. Que ça décoiffe!

J’ai pris le salon de coiffure qui avait davantage de bons commentaires et j’ai été. Je n’avais aucune référence pour comparer les tonnes de salons qui puissent avoir sur l’île de Jeju. Je suis allée au hasard et le hasard faisait bien les choses habituellement, non? Justement, il est temps pour mes cheveux refaire sa décolorisation. J’aimais bien être châtaine, ça me faisait sortir du lot et on me reconnaissait facilement. Je n’ai pas trop fait attention la dessus, mais qui sait un jour j’allais retourner à ma couleur naturelle et peut-être même court? Je me lance des idées de même ça m’arrive très souvent. Il faut juste me suivre. Les salons de coiffure sont généralement bondés avec une clientèle plutôt âgée ce sont les stéréotypes qu’on pourrait donner, mais pas celui-ci. Lorsque j’ai entré, deux coiffeuses sont là avec une demoiselle très jolie. Les deux employés discutent de tout et de rien alors que celle-ci a le nez plongé dans son portable. Je suis sans voix. Depuis quand c’est aussi vide? Je regarde l’heure; ah mais oui, midi vient tout juste de passer.

«Puis-je vous aidez?» demanda une des coiffeuses à mon égard. Si. Je voudrais qu’on m’aide. On ne voit pas mes repousses en ce moment et j’aimerais aussi qu’on me les entretienne convenablement? La dernière fois, mes cheveux ont eu la vie dure. «Oui, j’ai pris un rendez-vous…?»

Je me suis trompée? Pourtant non..? Les employées me sourient et celle qui est libre me présente une chaise juste à côté de la cliente. Je me dirige à ses côtés, un peu mal à l’aise de ce qui s’est passé. Pourquoi elles ont souri comme ça bêtement en me regardant? «C’est pas net…» lance-je en rigolant un peu en faisant un sourire à ma voisine de chaises.

Ambre ne connaît pas le mot repos. Elle fait partie de ces gens qui ne peuvent pas se permettre de prendre plus de repos que ce que la loi lui autorise. Elle doit toujours travailler parce que sa mère a du mal à trouver un boulot et il faut bien quelqu'un pour ramener de l'argent à la maison. C'est pour ça qu'elle a deux boulots et que les personnes qu'elle voit le plus ce sont ses collègues et non pas sa famille ou bien ses amis. Néanmoins il lui arrive comme tout le monde d'avoir des jours de congés comme aujourd'hui. Et ce qu'elle allait faire était tout trouvé, ses cheveux avaient clairement besoin d'être coupés et reteints.

C'est pour ça qu'elle a pris rendez-vous dans un salon de coiffure qu'elle a trouvé au hasard et qui n'était pas trop cher. Elle a pris rendez-vous durant la pause de midi comme ça, elle sera sûre que le salon n'est pas bondé de monde et d'avoir un minimum de tranquillité. Et en poussant la porte du salon, elle se rend compte qu'effectivement elle aura tout le calme qu'elle souhaite puisqu'elle est la seule cliente. C'en est presque gênant pour le coup, elle est accueillie par l'une des deux employées à qui elle indique qu'elle a pris rendez-vous et ce qu'elle souhaite faire. Elle est conduite sur l'une des chaises alors que les deux femmes parlent ensemble de leurs affaires de cœur, elle a l'impression mais elle n'en est pas sûre. A vrai dire, elle a rapidement décroché parce que ce sont leurs affaires et que ça ne concerne qu'elles, après tout elle ne les connaît pas et n'a donc pas son mot à dire sur ce que les coiffeuses racontent. Au final elle s'est plongée dans la contemplation de son portable regardant les photos de son dernier shooting ou encore les commentaires sur sa dernière performance de gameuse.

C'est en entendant une autre cliente, toi en l’occurrence que l'américaine commence enfin à se détendre. Ca commençait à être vraiment gênant cette situation et elle ne savait plus où se mettre. Alors quand tu lui adresses la parole, elle te regarde soulagée. Et c'est volontiers qu'elle décide de faire la conversation avec toi.

- Peut-être qu'elles sont juste contentes d'avoir un autre client.

Elle se retient de hausser les épaules pour ne pas gêner la coiffeuse dans son travail mais elle te rend ton sourire. Elle te regarde et elle ne peut s'empêcher de se faire la réflexion que t'es vraiment jolie. T'as ce petit quelque chose en plus qu'elle ne trouve pas chez les autres femmes qu'elle a déjà rencontré ici.

- Vous allez faire quoi à vos cheveux vous ?

La demoiselle à mes côtés semblent soulager d’avoir quelqu’un à qui parler outre que les deux employées qui s’occupent de nous. Elle semble si soulagée de ne plus entendre leur conversation sans doute en rapport avec les relations de cœur ou bien les bottins car son attention est venu vers moi. Elle me regarde. Je me suis installée et j’ai vu son visage. Ses traits, son visage, on dirait un mannequin. Cependant, elle me disait bien quelque chose. Ses yeux, son visage. Elle ne semble pas avoir seulement les origines asiatiques, mais bien plus. Elle me disait quelque chose et j’ai l’impression de l’avoir déjà vu quelques part. Où? Mais où, cherche Lalia. Tu n’oublies jamais un visage aussi beau que le sien.

Oui, elles sont sûrement contentes d’avoir une autre cliente. Deux employées pour une cliente c’était un peu désolant à voir. Je disais que ce n’était pas net parce qu’elles ont arrêté tout d’un coup de faire leur travail pour ensuite une d’entre elle aille me voir. On dirait qu’elle ne foutait rien… Bon mes employés ne feront jamais cela car c’est une perte de temps. Il y a toujours quelque chose à faire, du ménage, de la paperasse, du triage… il a toujours quelque chose à faire il faut seulement prendre l’initiative. Ce qu’un patron aime; des employés compétents et qu’on ne perd pas d’argent en les payant à ne rien faire, c’était mon point de vue professionnel. Mon point de vue personnel? Elles ont le droit de faire ce qu’elles veulent, ce n’était pas moi leur patron.

Lorsque ma voisine me sourit, j’ai eu un choc. Non. Ce n’était pas celle que je pense? La femme mannequin américain qui fait des superbes photos? Pas celle que tout le monde veut quasiment se l’arracher pour l’avoir en première page dans un magazine? C’était bien elle qui se trouvait devant moi? Quelle coïncidence! Dire que je ne m’y attendais pas de rencontre une célébrité pareille, mais bon je m’éloigne de mes pensées alors qu’elle me pose une belle question; qu’est-ce que je fais avec mes cheveux? C’est une question plutôt intéressante parce que j’ai plusieurs idées en tête. Lorsque j’étais au lycée, j’avais les cheveux noirs puis quand je suis partie, je me le suis fait couper. Mes cheveux étaient pour moi quelque chose qui renaît, dans le sens; un nouveau départ est égal à une nouvelle coupe. Comme avec mes bâtiments, c’était un nouveau départ du coup je me les ai coupé et teints les cheveux. Je les ai décoloré depuis je les entretiens. Donc voilà, je suis venue pour refaire mes repousses et ainsi couper mes pointes. J’avais songé de les foncé, mais ça éventuellement. Un prochain nouveau départ.

«Seulement décoloré ma repousse pour qu’elle soit de la même couleur et faire mes pointes. Et vous? Vous avez planifié quoi?» je l’ai questionné en lui redonnant son sourire. Je laissais la chance à l’employée de faire son travail sans la déranger. Devrais-je lui poser la question? Devrais-je? Depuis quand je me retiens? Depuis quand je ressens de la gêne pour quelque chose? Je n’ai aucune gêne. « Habituellement, dans votre métier vous n’avez pas de coiffeurs personnels?»