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03. la 20ème version du forum est enfin là alors allez vite la commenter!
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Le soleil passe au travers des rideaux, laissant un peu de lumière pénétrer dans la pièce. Encore un peu endormie et éreintée par la longue nuit, Yon Ran a quelques difficultés à se tirer du lit. Il est encore tôt, bien trop tôt pour une personne qui travaille dans un bar et reste debout une nuit entière. Un sourire se dessine tout de même sur ses lèvres. Le jeune femme est ravie de la nuit dernière. Si d’ordinaire elle évite d’amener qui que ce soit à l’appartement, cette fois le bel étranger se trouve juste là, entre ses draps. Ils ne partagent que leurs nuits ensemble et même s’ils ne parlent jamais réellement de leurs vies, la barmaid apprécie le chirurgien. D’apparence, il a bien meilleur caractère que son meilleur ami et même si elle aime ce dernier bien plus qu’elle ne peut l’imaginer, elle aime passer quelques nuits dans d’autres bras masculins, de manière bien moins innocente. La brune se lève avec lenteur et décide de prendre une douche avant d’enfiler un short et un débardeur. Elle prépare une boisson chaude à Long Wei avant qu’il ne sorte de l’appartement. Un soupire passe ses lèvres alors qu’elle s’appuie contre la porte d’entrée. La brune ne se sent pas comblée ou parfaitement heureuse. Yon Ran sait que la nuit a été belle, longue et plus qu’appréciable. Malgré tous ces bons sentiments, elle sent toujours ce creux vide au fond de sa poitrine. Ce lieux où rien ne naît, où rien ne meurt, où il ne semble exister que le néant. Cette infime partie qui n’est remplie qu’en présence d’une seule personne.
C’est avec une grande délicatesse que ses mains poussent la porte de la chambre de Jae Yeol pour se glisser tout à côté de lui. Il est rare qu’elle ne passe pas la nuit à ses côtés et sans vouloir se l’avouer, cette toute petite habitude quotidienne lui a manqué. Elle ne sait pas vraiment s’il est encore endormi ou s’il est déjà réveillé depuis longtemps, elle n’a que son dos pour compagnie. Une main tendre passe dans les cheveux de son meilleur ami alors qu’elle laisse un rire lui échapper. « Une véritable marmotte. » Sa voix n’est qu’un murmure. Pour des personnes qui travaillent la nuit, leur journée devient leur nuit, aussi la fatigue est toute autre. Mais elle veut qu’il lui réponde, elle veut qu’ils discutent et qu’il comble se vide en elle qui lui donne envie de pleurer sans jamais s’arrêter. C’est égoïste, Yon Ran en a bien conscience au fond d’elle. Plus que quiconque, il est celui qui lui permet de se sentir bien, et si elle n’a pas conscience de ses sentiments, elle a au moins conscience de ça et de son attachement si fort, si intense pour le propriétaire du bar. Il représente sa famille, son meilleur ami ; d’une certaine manière son âme sœur. Sa main retombe sur le matelas et la jeune femme roule sur le dos pour poser son regard sur le plafond. « J’espère que t’as pas fait le fermeture trop tard hier... » Et par fermeture, la barmaid ne parle pas de celle officielle du bar ; plutôt de celle faite par les employés après avoir presque tout rangé. La brune avait quitté le bar bien plus tôt, en bonne compagnie, aussi elle ignore quand Jae Yeol était rentré à l’appartement. « Tu veux quelque chose à boire ? » Le café est encore fumant dans la cafetière, l’odeur se rependant d’ores et déjà dans toute la cuisine. Yon Ran voulait plus que tout se sentir à nouveau complète.
La nuit avait été courte. Très courte pour le maître du Dionysos. Il avait vu du coin de l’oeil, sa meilleure amie s’éclipser au bras d’un homme qu’il ne connaissait que trop bien et que toute la nuit durant, il détesta. Oh oui. Impossible pour le lui de sortir de sa tête les fausses images de Yon Ran entre les bras de cet homme, mais qui pourtant devenaient réelles.
Il avait donc fermé le bar sur les coups de cinq heures du matin, d’une humeur massacrante. Aucun comité d’accueil pour lui à l’appartement, seulement quelques bruits étouffés venant de la chambre de sa colocataire. Il rageait intérieurement. Il savait qu’il n’était pas le mieux placé pour faire une crise de jalousie et que lui aussi couchait avec d’autres femmes, mais par respect, il évitait de les ramener à l’appartement. Jae Yeol préférait largement aller dans un hotel pour quelques heures et revenir au petit matin, évitant ainsi de rencontres gênantes qui allaient se produire dans peu de temps.
Il ne tarda pas dans le living et partit dans sa chambre. Au delà de cette porte, de ces murs, il arrivait parfois à entendre la voix de sa meilleure amie. Putain. Et dire qu’elle s’envoyait en l’air avec un type qu’il connaissait. Oh oui, il connaissait sa méthode et son goût exacerbé pour les femmes.
Vêtu d’un t-shirt noir et d’un jogging, le jeune homme s’installe sur son lit, la fenêtre ouverte où il allume une cigarette. Le silence de sa chambre trahit sa colère. Il aurait aimé surgir dans l’autre chambre et mettre dehors l’individu qui attisait sa colère. Mais il se raisonna d’une manière ou d’une autre. Fumant sa cigarette, il ferma les yeux. Le silence. Avaient-il fini ? Ou bien n’était-ce que partie remise ? Il serra les dents, écrasant sa cigarette dans le cendrier sur sa table de chevet avant de fermer la fenêtre et de se glisser sous sa couette.
Sept heures du matin, toujours pas endormi. Il n’avait pas fermé l’oeil de la nuit. Et il avait hésité à revenir au Dionysos finir sa nuit sur sa banquette dans son bureau, mais il n’avait pas bougé. Fixant le reflet de la lune se transformer en rayon de soleil. Puis sur les coups de huit heures, il entend la porte s’ouvrir.
Comment osait-elle se présenter à lui après avoir couché avec Long Wei ? Après avoir échangé des baisers passionnés, des étreintes sensuelles que lui-même n’avait jamais osé imaginé avec elle ? Il fit semblant de ne pas l’avoir entendu.
« Une vraie marmotte… ».
Un silence en guise de réponses. Ce n’était qu’une question de minutes avant que le propriétaire n’explose de colère. Et même s’il ne l’avouerait jamais devant elle, s’il ne mettrait pas le doigt sur cette colère, il savait que c’était la jalousie qui le possédait.
« J’espère que t’as pas fait le fermeture trop tard hier... »
Il serre l’oreiller sous sa main, se redressant d’un coup avant de regarder sa colocataire avec colère. « Je suis rentré y a trois heures, et je n’ai pas fermé l’oeil. J’espère qu’il est déjà parti, sinon je m’occupe de le mettre dehors. » gronda-t-il
Inutile de dire qu’il avait à moitié entendu tout leur échanges durant les heures passées.
Il sort du lit. Il n’avait pas envie de les voir, de la voir aussi. Non, du moment qu’il était encore là, il savait que son état émotionnel serait trop instable pour qu’il puisse rester calme.
« J’ai adoré entendre votre partie de jambes en l’air. Et par dessus le marché, parmi tous les mecs au Dionysos, il a fallut que tu choisisses Long Wei ? Long Wei ?! »
Il lâcha un soupire. Ereinté, et sur la crise de nerf, le propriétaire ose à peine poser son regard sur elle. Il savait qu’il allait dire des choses qu’il regretterait plus tard, mais c’était plus fort que lui.
« Putain Yon Ran, ça t’amuse ? Vu comment il est fricqué, ça ne vous a pas effleuré l’esprit d’aller dans un putain d’hôtel pour emmerder d’autres personnes ? Oh non, vous aviez trop envie de copuler. » enchaîne-t-il
Il prit sa veste qui était restée accrochée sur sa chaise pour sortir de la chambre, allant dans le living pour vouloir sortir. Il avait envie de fuir. « Merci, tu peux garder le café pour Long Wei et toi. » grogna-t-il en enfilant ses chaussures, près de son casque de moto.
D'abord, c’est le silence qui lui répond. Yon Ran continue de parler, espérant obtenir une réponse de sa part. Son coeur vide le réclame plus que jamais. Mais ce ne sont pas les mots tant attendus qui traversent les lèvres de son meilleur ami. Il gronde, envahi d'une colère qu'elle ne comprend pas. Redressé sur le lit, elle peut voir dans ses yeux une rage inconnue l'habiter. Un regard qu'elle n'a encore jamais rencontré. Ils se sont déjà énervés l'un contre, mais jamais avec cette flamme derrière ses pupilles. Jae Yeol quitte le lit sans lui adresser un regard, continuant de laisser parler cette jalousie en lui que la jeune femme ne voit pas. Elle ne comprend pas. « Bordel, il t'arrive quoi ? T'as quoi contre lui ? » Elle n'attend pas de réponse. Il ne l'écoute peut-être même pas. Il est seulement consumé par cette rage qui ne faisait aucun sens pour les deux. Un soupire passe les lèvres du jeune homme, tandis qu'elle se redresse en passant une main dans ses cheveux. A-t-il perdu la tête ? Ses cris n’ont absolument aucun sens. Est-ce seulement parce qu'il l'a entendue entre les bras de cet étranger ? Cela semble si irrationnel aux yeux de la barmaid. Après d'autres mots, il quitte la chambre pour le living room et elle saute du lit pour le suivre. Sa veste en main, il s'approche de ses chaussures et de son casque. Il veut partir. Il n'a fait que lui crier dessus sans réelles raisons et voilà qu'il veut s'enfuir de l'appartement. Génial !
Sans attendre un instant de plus, la brune s'approche de lui pour l'attraper par le bras. Son regard cherche le sien alors qu'il a tout fait pour l'éviter, pour que leurs iris ne se croisent pas. « Long Wei est parti. Bordel, je fais couler du café tous les matins. Tu crois vraiment que j'ai préparé un café spécial Long Wei ? » Le problème est qu’elle n’arrive clairement pas à mettre le doigt sur la raison d’une telle colère. Alors qu’elle ressent la même lorsque, notamment par le passé, elle dormait seule dans ses draps froid en attendant son retour de sa douce partie de danse intime. Sa main s’accroche désespérément au bras de Jae Yeol, peut-être même qu’elle le serra trop fort et qu’elle y laissera la marque de ses ongles. Mais c’est sa dernière préoccupation à cet instant précis. « Tu veux vraiment partir de l’appart juste parce qu’il est venu une nuit ici ? » Ses yeux crient, plus que ses cordes vocales. Elle ne veut pas qu’il parte. Parce qu’elle est certaine que dès l’instant où il passera cette porte, elle se sentira à nouveau vide et incomplète. Egoïstement, elle a envie qu’il reste parce qu’elle a besoin de lui dans sa vie. Plus que n’importe qui d’autre, plus qu’un stupide étranger. Jae Yeol, plus que chaque personne de ce monde.
Ses yeux se ferment un instant alors que ses lèvres se pincent. Au lieu de chercher à comprendre sa réaction, au lieu d’essayer de savoir pourquoi, Yon Ran ne cherche qu’à justifier cette dernière nuit. Stupide jeune femme ! « Tu sais, c’est ça aussi la coloc. Je l’ai ramené dans ma chambre. Ma chambre ! Tu l’as même pas croisé. » Un main se pose sur son front alors que de lourds soupirs lui échappent. Elle n’a pas été préparée à se battre contre lui de si bon matin. Sa gorge se crispe et elle sent une boule s’y former. Sa colère grandit tout autant, résultat de son ignorance et de l’incompréhension. « Est-ce que tu voudrais, juste un instant, arrêter d’être stupide ! Tu agis comme un crétin. » La brune le pense sincèrement. Sa main libre s’accroche à la veste de son associé, le forçant à lâcher prise pour qu’il ne quitte pas l’appartement. Pour qu’il ne la quitte pas. Dans son cœur, elle sait que Long Wei ne compte pas et que Jae Yeol y est roi. Mais ça, jamais elle n’osera lui avouer. « Je comprends pas pourquoi ça te met dans cet état. Tu peux m’expliquer ? Parce que je capte plus rien ! » Ses mots passent ses lèvres avec une violence dont elle fait rarement preuve. La jeune femme est perdue. Elle ne comprends pas le cœur de son meilleur ami, tout comme elle ne comprends pas son propre organe. Ne pas vouloir s’avouer qu’on s’aime, surtout pas. Ses sentiment pour Jae Yeol sont bien enfuit au fond de son cœur, bien qu’ils lui dictent souvent sa conduite. Rien n’avait de logique. Il faut croire que c’est ça, l’amour.
Le jeune homme n’est vraiment pas enclin à la discussion. Il soupire et se mord l’intérieur de la joue. Ne voyait-elle vraiment pas ce qui le dérangeait ? Ne voyait-elle pas que sa rage venait de fait qu’il ne supportait pas de voir la belle avec un autre homme ?
« Ouais, ta chambre. Est-ce que moi j’ai déjà ramené des filles dans ma chambre ? »
Non. Il ne l’avait jamais fait pour plusieurs raisons. La première étant par respect pour Yon Ran, et la deuxième, il ne voulait pas que d’autres femmes voient sa vie privée, son appartement, ses habitudes. Il détestait ça. Alors pour dénuer les sentiments, éviter les attaches, Jae Yeol prenait toujours soin de voir une fille en dehors de l’appartement. C’était mieux ainsi.
« Nan c’est pas ça la coloc. La coloc c’est un minimum de pudeur pour l’autre ! J’aurais du rester au Dionysos, j’aurais un minimum fermé l’oeil. »
Il lâche son casque, passant sa main dans sa nuque. Le manque de sommeil et de rationalité lui fait perdre les pédales. Il ne voit pas la détresse dans les yeux de la belle, il ne voit pas son besoin de l’avoir auprès d’elle.
« Ce qui se passe Yon Ran, c’est que Long Wei, c’est juste un gros riche qui court à droite à gauche pour coucher avec les filles de Jeju, et tu crois que ça me fait plaisir de savoir que tu fais partie de ses trophées de chasses ? Nan, pas du tout. »
Belle excuse, même si c’était en partie vraie. Il lève les yeux au ciel. Il avait envie de tout dire, de tout mettre sur la table. Cela faisait un moment qu’il se posait des questions sur ses sentiments, sur son coeur qui semblait battre pour une seule personne. Il savait pour qui, mais il n’osait pas l’admettre ni regarder la vérité en face.
« J’sais pas, t’as pas l’impression d’avoir dépassé les bornes ? Et en plus t’as le culot de venir me voir après qu’il soit parti comme si de rien n’était ? J’hallucine. Moi j’viens te voir quand j’ai fini de baiser une nana ? Non. Parce que j’ai du respect un minimum envers toi. »
Il s’appuie contre le mur de l’entrée, observant avec dureté la jeune femme devant lui. Il se retenait de toutes ses forces de tout lui avouer, mais il avait du mal. Il savait que cette matinée marquait un tournant dans leur relation jusque là bancale. « Alors c’est simple, la prochaine fois que tu comptes ramener Long Wei ici, tu me préviens à l’avance comme ça je laisse l’appart. »
Et sur ces mots, il file à la douche se détendre, comme impossible à dire ce qu’il voulait depuis le départ. Il voulait tellement lui dire qu’il ne supportait pas de la voir entre les bras d’un autre, savoir que c’était un autre qui touchait sa peau, l’embrassait. Il ne le supportait pas. Il voulait que ça soit lui, rien que lui qui puisse faire ceci. Mais en avait-il réellement conscience ?
Jamais il n'a ramené de filles à l'appartement, c'est une vérité qu'elle ne pouvait nier. Cela change-t-il réellement quelque chose ? Pas le moins du monde. Cela ne changerait jamais le fait qu'elle sait. Ces filles, elles les voient au Dionysos et connait parfaitement leurs visages. Elle en a enregistré les moindres centimètres carré comme dans de la pierre. La jalousie est alors aussi vive que si elle les avaient vues dans ces lieux. Yon Ran l'écoute sortir d'autres mots. Il n'a pas fermé l'oeil de la nuit, il rabaisse Long Wei, il parle de respect. La jeune femme est trop énervée pour tenter de comprendre le fond de ses paroles. Elle ne voit pas que c'est de la jalousie, alimentée par l'amour qu'il lui porte. Elle ne voit que son meilleur ami en colère contre sa personne et prend chaque mot personnellement. Pourtant, elle peut voir l'exaspération de Jae Yeol rien que par sa main passée sur sa nuque. Ses lèvres s'ouvrent pour se refermer, puisqu'elle n'a pas le temps de lui répondre qu'il file dans la salle de bain. Stupide Jae Yeol !
« Hé ! » crie-t-elle. Mais la porte est déjà refermée et elle ne peut qu'entendre l'eau couler. Elle s'avance jusqu'à cette finie séparation sur laquelle s'abat son poing. « Hé ! » crie-t-elle encore plus fort. Ses poings frappent le bois une nouvelle fois. Non pas pour qu'il lui ouvre, mais seulement pour qu'il lui prête son attention, et certainement pour laisser sa colère sortir de son frêle corps. « Qu'est-ce que t'es con Jae Yeol ! Tu penses vraiment que j'ai pas de respect pour toi ? » Ce n'est pas ce qu'il venait de lui dire, mais c'est ce qu'elle a lu entre ses lignes et ce qu'elle a interprété. Son front se colle contre la paroi froide, autant que l'est son être à cet instant précis. Il crie pour mieux la fuir, et elle ne cesse de tenter de lui courir après. Qu'est-ce qui cloche chez eux ? Pourquoi sont-ils incapables de s'avouer les autres ? Ses poings s'abattent avec moins de force, si bien que ses mains finissent par simplement se poser à plat contre la porte. « Parce que tu crois que je suis attachée à Long Wei ? Je sais très bien ce que je suis pour lui ! Il compte même pas pour moi ! » Yon Ran pinça quelques instant ses lèvres avant de reprendre, la voix emplie plus que jamais d'une jalousie qu'elle avait tenté de cacher. Ses mots sortent comme une injure envers toutes les filles qu'il a pu toucher. « Me fais pas croire que t'as pas de liste aussi ! » Peut-être qu'elle n'est pas aussi longue que celle du chirurgien, mais rien que de savoir que plusieurs noms y sont listés suffit à la rendre folle.
Elle ferme les yeux, laissant le poids de son corps contre la porte. L'eau coule toujours et elle ignore s'il l'écoute ou s'il fait tout pour ne pas entendre. S'il est enfermé là dedans, la seconde option est certainement la plus probable. « T'en fais pas, il reviendra pas en ta présence. Si c'est tout ce qui peut te faire plaisir. » Elle ne le dit pas directement, mais elle ferait tout pour garder Jae Yeol dans sa vie. Il lui suffirait de quelques mots pour qu'elle cesse de le voir. Quelques petits mots pour qu'elle cesse à jamais de voir quiconque du sexe masculin, du moins de cette manière. Son coeur frappe sa poitrine et elle ne sait pas très bien si c'est toutes ses émotions ou simplement son amour pour lui. Quoiqu'il en soit, le vide toujours présent semble s'allier à la douleur, et son coeur semble peser soudainement une tonne. « Bordel ! Parle-moi ! » Son souffle se fait court. Un truc vient de se briser. Quelque chose vient juste de changer dans leur relation. Elle le sait, même si elle ne veut pas y faire face. Yon Ran sait que son coeur a déjà changé, bien qu'elle refuse de l'admettre. Mais elle ne se serait jamais douté que leur relation puisse changer, d'autant plus de cette manière. Seule une porte les séparent, pourtant, elle a l'impression qu'un fossé de plusieurs kilomètre vient de se creuser entre eux.
Le jeune homme ignore ce que lui crie sa colocataire. Il essaye tout du moins de ne pas lui prêter attention. Il hait cette manière qu’elle a de ramener sur le tapis chaque frustration, chaque mot qu’il lui a jeté à la figure. Parce qu’il sait qu’elle aura toujours un mot à lui dire, à contre-attaquer. Il sait qu’il a été dur avec elle, qu’elle était sa meilleure amie pour le meilleur et le pire, mais le pire, il n’arrivait pas à le supporter, non il arrivait pratiquement jamais à garder sa colère pour lui. Il fallait que ça sorte, que ça explose quitte à la faire pleurer, et il le regrettait amèrement après.
Justement pensa-t-il lorsqu’elle évoqua l’importance aux yeux du chinois. Aux yeux de Long Wei, Yon Ran ne représentait rien, juste une femme de plus dans son lit, le temps d’une nuit. Mais pour lui, pour Jae Yeol, Yon Ran représentait tout. Son refuge, sa famille, sa meilleure amie, la seule femme qu’il portait dans son coeur. Alors il ne supportait pas de voir justement la fille la plus chère à son coeur être traitée comme un vulgaire besoin d’une fois.
De rage, il coupe l’eau chaude, s’essuyant rageusement les cheveux et le corps. Une fois habillé d’un pantalon propre, il sort, torse nu en évitant de regarder Yon Ran. Pourquoi fuit-il ? Pourquoi ne lui dit-il pas simplement la vérité ? Peut-être parce que cette pièce de théâtre qui s’est installée entre eux n’a durée que trop longtemps. Il n’arrivait pas à lui dire, il n’arrivait pas à dire ces simples mots. « Parce que je t’aime bordel. » Il voudrait lui dire, mais il n’arrivait pas.
« Ouais, je le vois ici une fois, c’est un homme mort » marmonne-t-il pour aller dans sa chambre prendre un t-shirt noir, au passage prenant ses clopes pour fumer.
Il lâche un soupire. Comment réparer cet écart qui les séparait cette fois ? Comment allaient-ils se rabibocher ? Bien qu’il n’approuvait pas son comportement, bien qu’il déplorait totalement le fait que ça soit Long Wei qui soit passé dans son lit, il n’allait tout de même pas renier sa meilleure amie pour autant.
Il regarde sa cigarette se consumer lentement, et se tourne vers la belle. Ô Dieu oui qu’elle était belle, il ne pouvait que l’admettre sans aucune honte.
« …Ecoute, que tu ramènes des mecs dans ta chambre, j’ai rien à dire, parce que effectivement moi aussi je passe parfois mes nuits avec des filles, mais Long Wei. T’as du prendre Long Wei ? Putain, il a déjà la réputation d’être un vrai queutard sur l’île, et voir ma meilleure amie faire partie de sa putain de liste, non merci. Peut-être que j’ai réagi trop violemment, et j’suis désolé, mais nan. Long Wei, hors de question ».
Il écrase sa cigarette, fin de la discussion, fin de la dispute il espérait. Et sans lui demander son avis, Jae Yeol la prend par le poignet pour l’attirer dans ses bras. Serrer son corps frêle entre ses bras pour l’apaiser et pour aussi apaiser sa propre colère. « T’es ma meilleure amie Ran, t’es celle qui m’a sauvé de l’enfer…Ça me fait chier quand on se dispute, alors je suis vraiment désolé ok ? » @bae yon ran
Après ce qu’il lui semble être une éternité, l’eau se coupe et son meilleur ami sort de la salle de bain sans même lui accorder un regard. Son cœur se meurt un peu plus dans sa poitrine. Ils n’arrivaient pas à faire face aux actes de l’un et l’autre. Yon Ran lève son regard vers le plafond, les poings et les lèvres serrés. Elle ignore si elle veut lui mettre une gifle, l’enlacer ou fuir de ces lieux à toute jambe. Sur le chemin de sa chambre il marmonne, enfile un tee-shirt noir sur son buste, prends ses cigarettes. C’est une menace. Sérieusement énoncée. Un soupir passe ses lèvres alors que sa cigarette se consume. La jeune femme croise les bras sur son buste. Pourquoi se disputent-ils de cette manière à cause d’un homme ? Pourquoi s’en veulent-ils autant de préférer d’autres personnes ? Chacun le sait, pourtant tous deux se taisent. La barmaid fait taire ses sentiments depuis si longtemps que cela ressemble à un second instinct. Se forcer à ignorer son cœur tout en le sentant battre dans sa poitrine. Une déchirure.
Yon Ran n’a pas envie d’entendre que d’autres filles viennent aussi partager les draps de Jae Yeol. Peut-elle lui en vouloir ? Certainement pas. Ils ne sont que des meilleurs amis. Aussi, elle met le reste de sa tirade sur cette simple amitié protectrice. Comment pourrait-elle penser un seul instant que ce n’est que de la jalousie ? Impossible. Ils ne sont pas ainsi. Ils sont meilleurs amis. Pour le meilleur. Pour le pire. S’aimer leur est impossible. Sa cigarette consumée, il l’écrase avant de la prendre par le poignet pour l’attirer dans ses bras. Son geste suspend le temps, les enfermant dans cette bulle qu’elle aime tant lorsqu’ils sont ensemble. Et qu’ils ne sont pas en train de se crier dessus à cause de leurs cœurs stupides et de leurs pseudo amitié à conserver. Elle reste un long moment interdite avant que ses bras ne remontent le long du dos de Jae Yeol, jusqu’à serrer le tissus noir entre ses doigts. Sa colère semble soudainement s’envoler. Cet homme en est le remède magique. Bourreau et médecin de son cœur.
Il sent le savon, la lessive ; il sent Jae Yeol et cette odeur si familière la baigne immédiatement dans un état second de bonheur. L’avoir juste lui près d’elle. Juste eux. « J’aime pas ça non plus… Pourquoi on se crie autant dessus ? Sérieux ? » Sa joue posée tout contre son torse, elle parait minuscule entre ses bras. Il pourrait la briser en un fragment de seconde. Yon Ran n’a pas envie de reculer et de défaire cette étreinte. « Je te promet qu’il ne reviendra plus ici. Je comprends que tu le déteste. Mais moi, je l’aime bien. Il… Il me fait me sentir moins seule. Moins vide. » Elle n’espère pas qu’il soit d’accord, ni qu’il comprenne. Seulement qu’il ne la juge pas aussi sévèrement pour avoir choisi Long Wei parmi tant d’autres. Parce que son meilleur ami ne pouvait pas lui offrir ce que lui offrait l’étranger. Parce que même si elle sait qu’il l’aime davantage, il ne peut pas l’aimer de cette manière. Elle en est persuadée, du plus profond de son être.
Finalement, elle brise cette étreinte en se reculant. Un long soupir passe ses lèvres, soulagée qu’ils ne se crient plus dessus. La main de Yon Ran vient pincer quelques instants la joue du jeune propriétaire de la nuit. « N’en parlons plus, d’accord ? » Si tout ce qui peut le satisfaire est de ne plus croiser ce chirurgien, alors il en sera ainsi. Ce qui est fait ne peut pas être défait, aussi ces nuits entre les bras de cet homme ne changent plus rien à sa liste. Les pupilles brunes de la jeune femme cherchent celles du garçon. « T’es mon meilleur ami, qui m’a tout autant sortie de l’enfer. J’aime à croire qu’on s’est sauvé l’un l’autre. Sans toi, jamais j’aurais pu m’en sortir indemne. T’es plus important que n’importe qui. T’es l’homme le plus important de ma vie, Jae Yeol. » C’est une déclaration, à demi-mot. Parce que le véritable mot n’arrive pas à passer ses lèvres. Ce je t’aime. Quelque chose de si simple et de pourtant si compliqué. La dispute passée, les cœurs apaisés, elle lui offre un clin d'oeil en riant. Jamais elle n’a été plus sincère qu’à cet instant précis. Jamais.
Jae Yeol a la gorge qui se serre lorsqu’il écoute sa meilleure amie. N’arrivait-il pas à combler ce vide qui l’habitait ? Il avait longtemps pensé qu’il n’avait besoin de personne d’autre, sauf Yon Ran. Il aurait tout fait pour elle, tout pour la rendre heureuse, tout pour qu’elle ne manque de rien, mais il était obligé de se rendre compte que sa mission avait échouée quelque part. Le propriétaire du Dionysos ne se rend pas compte que c’est par Amour qu’il fait tout ça, que c’est ses sentiments stupides qui l’aveuglent et le rend fou de rage lorsque la belle passe ses nuits avec un autre. Son côté bestial aimerait que ça soit lui, et personne d’autre.
Resserrant son étreinte autour du frêle corps de Yon Ran, le jeune homme soupire et ferme les yeux, inspirant l’odeur familière de sa meilleure amie. Comment faire face à cette vague de sentiments qui l’assaillent ? Il ne sait pas quoi faire. C’était bien la première fois qu’il aimait si fort. La première fois que ses sentiments étaient bien réels, le rendait vivant. Son histoire avec Yura n’avait été qu’une illusion, et même s’il la détesté pour avoir joué avec son coeur, ses sentiments n’avaient jamais été aussi forts que ceux qu’il ressentait avec Ran.
« Je sais » répondit-il simplement d’une voix basse après qu’elle se soit séparée de lui.
Ses paroles le font réfléchir, il ressasse tout dans sa tête, mais il n’en reparlera pas. Il décide de fermer les yeux.
« Bon, on se le boit ce café ? » demande-t-il en s’avançant vers la cuisine pour prendre le café que la barmaid avait mentionné plus tôt.
Une chose était sûre, Long Wei, s’il le revoyait bientôt, n’aurait pas l’accueil qu’il espérait. Même si avait pardonné à Yon Ran, il ne pardonnait pas moins le chinois, riche ou pas. Il avait joué avec sa meilleure amie, la femme qu’il aimait le plus, et ça, c’était impardonnable à ses yeux. Aucun home ne pouvait se permettre de toucher impunément Yon Ran, et sa rancune était encore plus vivante. @bae yon ran
Mieux que n’importe qui d’autre, Jae Yeol connait la chanson de son cœur. Il sait quelle en est la mélodie, depuis ce qui semble être une éternité. Peut-être est-ce parce qu’ils se connaissent si bien qu’ils ne cessent de se frapper là où ça pique le plus. Leur dispute est terminée, la paix retrouvé, l’amitié à nouveau en place. Jusqu’à quand ? C’est la question. Plus le temps passe et plus ils se disputent, trouvant toujours de nouveaux prétextes. Le plus connu ? Leur jalousie maladive envers les autres, bien qu’ils ne l’avoueraient jamais à haute voix. Deux mots simples passent les lèvres du garçon. Bien sûr qu’il sait tout. Cela ne change rien pour autant. Cela ne calme pas leurs cœurs qui frappent leurs poitrines. Un sourire tire les lèvres de la brune lorsqu’il parle du café, prenant la direction de la cuisine. L’arc-en-ciel après l’orage. « Ouais. Carrément qu’on le boit de café. » Yon Ran le rejoint dans la cuisine, sortant deux tasses pour y verser le liquide brunâtre, posant tout le nécessaire sur la table avant de prendre place face à lui. Ce genre de moment qu’elle ne voudrait perdre pour rien au monde. Le petit-déjeuner -en pleine après-midi- en tête à tête.
Ses yeux restent accroché à son meilleur ami, alors qu’elle laisse distraitement sa cuiller tourner dans son café pour y mélanger un peu de sel. De quoi ne pas la rendre malade. Comme lui a toujours conseillé sa meilleure amie. Il faut qu’elle parle à Sun Hi. Ses sentiments volent dans tous les sens et elle sait que la cuisinières saura l’écouter. Qui d’autre le ferait ? Yon Ran n’a pas grand monde sur qui compter. Du moins, pas en ce qui concerne les choses essentielles et les plus importantes de sa vie. « Ce soir je m’occuperai de la fermeture du bar. Tu pourras rentrer et te reposer. » A cause d’elle sa nuit n’a pas été des plus merveilleuses, bien au contraire. Et si elle n’est pas du genre à réfléchir avant d’agir, à présent elle s’en veux de n’avoir pensé qu’à sa personne. Alors même qu’il est la personne la plus importante de sa vie. Le seul avec qui elle se sent entière. Pas moins seule, comme avec les autres. Mais parfaitement comblée.
Ses yeux se posent finalement sur la marre brune, buvant quelques gorgées légèrement tièdes. Le café a refroidi le temps de leur dispute, mais elle fait comme si de rien n’était. « Je vais profiter de la journée pour aller voir grand-mère. Tu peux m’accompagner si tu veux. » Un sourire tire ses lèvres alors qu’elle termine le contenu de sa tasse. Ils sont si proches que Jae Yeol a déjà rencontré la grand-mère de la barmaid. Seule femme stable de la vie de Yon Ran, seule personne l’ayant élevée après les horreurs de sa vie. Il faut avouer que sa grand-mère est folle de Jae Yeol, et qu’elle l’aurait sans doute épousé si elle avait eut une quarantaine d’années en moins. Il a toujours eut une bonne influence sur Yon Ran, lui faisant échapper à des bêtises qui auraient pu la mener au fond du trou. Il est tout pour elle, et sa grand-mère le sait bien. C’est certainement pour cette raison qu’elle lui est si reconnaissante.
« Cette fois elle pourrait bien te passer la bague au doigt et oublier votre écart d’âge. » Un nouveau rire passe ses lèvres alors qu’elle se lève de table, posant sa tasse dans l’évier. Elle ne va pas manger, la café étant suffisamment fade et ne voulant pas risquer de rejeter de la nourriture. Yon Ran passe près de son meilleur ami, ébouriffe ses cheveux encore humides et dépose un baiser tendre sur sa tempe. « Je vais me doucher et me préparer. T’as le temps d’y réfléchir. » Puis, elle récupère des vêtements dans sa chambre et s’enferme à son tour dans la salle de bain. Le front contre la parois, elle ferme les yeux et laisse l’eau brulante rougir sa peau. Qu’est-ce qu’elle l’aime cet homme ! De tout son être. Un amour tel qu’elle n’en a encore jamais connu. Alors pourquoi tout est si compliqué ? L’amour se doit-il d’être ainsi ? Pourquoi ?
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Jeu 20 Déc - 11:53
