les jours commencent de plus en plus à s'ensoleiller, à l'approche de l'été. les examens de fin d'années aussi, pointent le bout de leur nez. mais, ça, dain se plaît à dire que ce n'est qu'un détail. jusqu'au moment où elle fera moins la maligne, dans l'obligation de carburer au café, tard le soir, pour gratter cinquante esquisses de tenues à rendre le lendemain matin. le fameux "j'ai l'temps, j'suis large" qui finit par dépasser de la marge. mais, pour l'instant, la jeune femme ne s'inquiète pas de sa montagne de travail. surtout lorsque daeho semble motiver à sortir plutôt que de rester enfermer. et tout le monde sait que si dain a pour passion le fait de râler, elle a aussi pour faiblesse de ne pas savoir dire non à son cadet. on va à la plage ? voilà ce qu'il avait signé, à peine sa sœur réveillée et descendue pour manger (oui, c'est elle : la fameuse fille qui se lève à midi). elle s'était contentée d'un haussement d'épaule, d'un air de dire "on verra, laisse moi déjeuner". en fait, l'idée lui plaisait. mais, elle avait cette réticence qui lui nécessitait une réflexion. ses maux de tête répétés. dain avait fini par remarquer que tout n'allait pas. vraiment pas. ses migraines vont au delà de la normale. et voilà, même, qu'elle se met à croire à ses histoires d'esprits sur lesquels elle crachait à son arrivée. et si elle avait vraiment merdé, en niant leur existence ? et si cela relevait vraiment de la malédiction, plutôt que de la malchance ? l'étudiante ne sait pas. elle n'en sait rien. tout ce qu'elle sait, c'est que ça lui pourri le quotidien.

la plage, le son des vagues... cela va lui être insupportable. mais, daeho... il la supplie du regard. depuis leur déménagement, frère et sœur n'ont pas fait énormément de choses rien qu'à deux. chacun pris par les études ou par leurs occupations. dain se sentirait coupable de lui refuser une après-midi où elle ne serait rien qu'à lui. comme à busan où ils cumulaient les sorties. c'est pourquoi elle finit par soupirer, tapotant ses doigts contre le bois de la table pour capter l'attention de son frère à l'aide des vibrations. va te préparer, on y va quand t'es prêt. et tu prends un chapeau. et de la crème solaire. et un foulard au cas où il y a du vent en rentrant. elle n'a pas signé ses mots, consciente que daeho est extrêmement attentif aux mouvements de ses lèvres. surtout lorsqu'elles s'ouvrent pour dire quelque chose qu'il souhaite y lire. *va y je te dis. avant que je change d'avis.* elle a signé, cette fois-ci. un sourire malicieux face à l'éclat de joie dans ses petits yeux. dain la fille dure, hein ? si les gens savaient à quel point sa grosse carapace fond en un instant devant son frangin... elle perdrait en crédibilité.

de retour dans sa chambre le temps de se préparer, la blonde décolorée ne s'embête pas spécialement et prend les premiers vêtements qui lui viennent. pile ce qu'il faut pour être décontractée sur le sable. elle n'aura qu'à prendre un gilet dans son sac, au cas où le temps viendrait à se rafraîchir, et tout sera parfait. quant à ses cheveux... elle y passe une main désespérée. de toute façon, il vont finir emmêlés. confession inutile prononcée à son miroir avant de glisser une brosse dans le sac de toile, pour la bonne conscience et s'éviter la joie des énormes nœuds.

redescendant les escaliers pour patienter dans l'entrée, dain prévient ses grands parents qu'ils sont de sortie et qu'ils tâcheront de ne pas rentrer trop tard. et, dans le cas inverse, de ne pas s'inquiéter. casque antibruit autour du cou (loin d'être classe et discret, mais, madame fait avec les moyens du bord pour limiter la stridence des sonorités) elle fronce légèrement les sourcils en voyant son frère descendre. *j'ai dit quoi ? c-h-a-p-e-a-u.* un jour, peut-être, cessera-t-elle de le voir comme un bébé fragile. mais, en attendant, elle restera toujours autant sur son dos. *mets le dans ton sac au moins ! si tu te tapes une insolation papa et maman vont encore réussir à mettre ça sur mon compte alors qu'il y a des kilomètres d'eau salée entre nous et eux.* signe-t-elle en exagérant son exaspération à travers ses expressions.

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ça peut paraître bête, mais, s'il y a bien une chose dans le monde que la blonde chérit plus que tout, c'est le sourire de son petit frère. c'est comme ça depuis qu'il est tout petit. l'aînée a toujours aimé voir le bonheur éclairer son visage. dans un sens... quelle sorte de grande sœur préférerait voir la tristesse sur la tête de sa moitié ? comme elle a toujours aimé dire pour le taquiner lorsqu'il se met à pleurer, et qu'elle aime encore dire au fil des années (on ne change pas les bonnes vieilles habitudes, n'est-ce pas ?) : "t'es moche là, souris s'te plais. ça te rend un peu plus agréable à regarder." sa façon un peu détournée de faire comprendre qu'elle ne veut que le meilleur pour lui et qu'il est bien trop précieux pour s'accabler sur des gens ou des détails qui n'en valent pas la peine. oui, il y a plus simple. oui, il y a plus évident. mais, dire des "je t'aime" clairement, c'est si désuet. du vu et revu. un peu d'originalité ! et puis... daeho le sait. il n'a pas besoin de recevoir des messages remplis d'amour pour savoir à quel point sa soeur tient à lui. ils aiment laisser penser le contraire à travers des fausses insultes et chamailleries puériles, mais, si l'un devait sauter d'un pond pour sauver l'autre, ils le feraient sans la moindre once d'hésitation.

tout ça pour dire que dain est heureuse de pouvoir faire plaisir à daeho.

dans le hall d'entrée, bras croisés, elle roule du regard avec un rictus amusé sur les lèvres lorsque daeho dit qu'il n'a plus quatre ans. *nan, c'est vrai. tu as grandi. tu es un grand garçon de 8 ans maintenant.* que d'affection entre vous, ahlala.
une fois que son cadet est armé d'un couvre-chef, la blonde signe un "ok". signe que n'importe qui saurait reconnaître tant il est universel et utilisé autant par les sourds que les bons entendant. allez, c'est ti-par !

sur le trajet, daeho est si enthousiaste qu'il trottine plus qu'il ne marche. dain a l'impression d'être ce genre de maître qui n'arrive pas à suivre la cadence du petit chiot trop heureux de sa promenade de santé, à l'autre bout de la laisse. yaaah. daehooo. ralenti y'a pas le feuuuu. face à son dos, il ne risque pas de l'entendre et encore moins de lire sur ses lèvres. dain parle principalement pour le plaisir de râler.

plus le duo se rapproche de la plage et du bruit de l'eau, plus les sons lui deviennent insupportables. elle n'a pas envie que ses migraines gâchent se moment avec son petit-frère, mais, tout ceci la rend toujours malgré elle un brin amère. *je te le dis juste d'avance... je vais pas dans l'eau.* elle n'a pas envie de se justifier. dans un sens, comment expliquer que c'est parce qu'un esprit en colère lui a ruiné sa sensibilité aux décibels ? au pire, si daeho insiste... elle mentira en sortant la fameuse et ultime carte et excuse du genre féminin : j'ai mes règles.

arrivant à la délimitation entre pavés de ville et sable fin, dain extirpe de son sac son casque anti-bruit. elle geste un *te fout pas de ma gueule.*, parce qu'elle sait qu'il y a mille fois plus classe que ce casque sur ses oreilles. mais... c'est soit le style, soit la survie à l'apocalypse sonore.

désormais agréablement coupée du son des vagues, la jeune femme pose les mains sur ses hanches avant de prendre une bonne bouffée d'air iodée. bon. qu'est-ce qu'on fait ?

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quand dain dit que son frère n'a que 8 ans, ce n'est pas que pour l'embêter. c'est aussi parce qu'elle le pense vraiment, par moment. suffit de voir ses réactions. regardez-le, à jouer l'enfant mécontent : si ! on ira dans l'eau ! si ça ce n'est pas digne d'un gamin, ça... la blonde soupire. elle le connaît. beaucoup trop. il lâchera pas l'affaire. et comme elle n'a pas la motivation de se battre tous les trente secondes avec lui, elle va jouer la carte de la grande sœur ultra lazy. avec un peu de chance, peut-être qu'elle n'aura pas mal au crâne si son casque reste bien vissé sur ses oreilles. tant qu'elle ne le perd pas dans l'eau où qu'elle ne finit pas entièrement submergée sous les vagues, ça devrait passer. enfin... elle l'espère. elle lui propose donc un marché en signant de ses mains : *je propose un compromis : ok je vais me baigner avec toi, mais, je mets s-u-r-t-o-u-t pas la tête dans l'eau.* et avant qu'il ne puisse râler quoique ce soit, elle menace d'un malicieux : *si t'es pas content j'irais pas plus loin que les genoux. réfléchis bien ~*.

lorsqu'il se met à exagérément rire du casque posé sur les oreilles de sa sœur, cette dernière adopte une tired face extrême. elle va le noyer ou l’ensevelir vivant sous le sable, il va rien comprendre. les gloussements de daeho attire certains regards sur elle auxquels elle répond par des yeux revolver. "occupez-vous de vos oignons" semble une bonne traduction.

daeho lui demande de l'aide pour protéger son dos du soleil et une profonde immaturité mutine enflamme dain. il se fout d'elle ? pas de problème. elle va se venger, puisqu'elle est rancunière. alors qu'elle étale la crème, elle prend bien soin d'oublier une petite zone qu'elle a soigneusement pris la peine de faire une forme spécifique. et quoi de plus immature qu'un pénis au milieu du dos ? il ne reste plus qu'à attendre que le soleil fasse son oeuvre et le marque d'un zizi rougeâtre. (elle est gentille, elle l'a pas fait si grand que ça.) elle tapote sur son épaule pour lui signaler qu'elle a terminé. récupérant le tube pour se badigeonner elle aussi. tu feras le mien aussi, s'teuplais ?

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