L'été arrivé à grand pas, le soleil sortait de sa cachette beaucoup plus tôt et la chaleur se plaçait sur toute l'île pendant la journée, il était tant de sortir un peu, de prendre l'air. Sachiko avait décidé de sortir son chien, Isao, qui lui-même avait un peu de mal à supporter la chaleur. Quoi de mieux que de le laisser gambader dans l'eau, lui courir après pendant quelques heures la fatiguera ! Elle avait donc prit un bus avec des affaires parfaites pour s'amuser avec un temps pareil, un pistolet à eau juste pour elle et son précieux chien, une belle journée s'annoncer. La plage Hyeopjae était étrangement plutôt calme pour le moment, l'été n'étant pas encore présent, peut-être la foule arrivera plus tard. Non pas que la tranquillité la dérangeait, elle avait la plage à elle seule, enfin... Presque.

Isao courrait partout, dans l'eau, dans le sable, il se roulait comme un fou. La Japonaise savait quel boulot elle allait avoir en rentrant, le brosser pour enlever tout le sable. Cela allait être un long boulot, rien de très dérangeant, mais très long. Elle-même avait refusé de se baigner, montrer son corps n'était pas une chose qu'elle appréciait après tout, alors elle avait enfilé une robe blanche, peut-être pas le meilleur choix à côté de l'eau, mais c'était léger et bien plus agréable que tout ce qui pouvait toucher au corps avec cette température. Le ciel bleu emprisonna son attention quelques minutes, ce bleu était si beau, si pur. Était-il si bleu là-bas avec sa mère et Taku ? Allaient-ils bien ? Est-ce qu'elle lui en voulait toujours ? Ses pensées la kidnappèrent pendant bien trop longtemps, tellement que ce ne fut que quand elle reprit ses esprits qu'elle entendit Isao aboyé, avant de le voir sauter sur une personne inconnue juste pour jouer. Mais un chien de 70 centimètres au garrot et qui pèse environ 55 kilos à sec alors mouillé, ce n'était pas non plus le plus léger des chiens. La Japonaise se précipita vers la personne.

« Isao qu'est-ce qu'il te prend ? Excusez-moi, vous allez ? Il ne vous a pas fait mal, j'espère ? Il ne voulait que jouer. Je suis vraiment désolée. »

Sachiko récupéra son chien avec le collier pour le tenir afin qu'il n'aille plus sauter sur n'importe qui, ça lui apprendra de se prendre dans les beautés du ciel.   

( o u t f i t )
depuis que l'été pointe le bout de son nez, l’ensoleillement accompagne chaleureusement les habitants de l'île au cours de leurs journées. soleil de plomb et températures en hausse, la colombienne ne peut qu'en être comblée. si sa vie était commentée par une voix off à la manière d'un documentaire animalier, cette voix dirait que droit devant vous se trouve une karmen suarez épanouie dans son élément naturel. il faut dire qu'elle commençait à désespérer. la météorologie d'asie n'a strictement rien à envier à celle d'amérique latine. toute cette pluie cumulée en une année... de là où elle vient, il y aurait eu de quoi remplir des piscines olympiques d'eau potable pour les pauvres des bas quartiers.

ainsi donc, c'est avec un sourire éclatant sur le faciès, des lunettes de soleil teintées sur le nez et sa guitare précieusement couchée dans son sac en bandoulière que l'hispanique décide d'aller à la plage pour bronzer. quitte à recevoir des petits commentaires racistes de la part des petits vieux et des plus fermés, autant encaisser et coupler commentaires xénophobes avec critiques beautés ! ils sont tous plus blanc que linge, dans ce pays. certains en ont presque un teint maladif. le culte de la blancheur est et restera sans doute un grand mystère aux yeux de la grande métissée.

vagues et écumes viennent lui chatouiller les pieds tandis qu'elle prend de grandes bouffées d'air aussi iodé que frais. un instant, son regard se perd l'horizon. elle n'a aucune idée de si elle regarde ou non du bon côté, mais, son cœur se tourne vers ses terres natales. cela a beau faire trois ans qu'elle les a quittées et elle a beau dire qu'elle n'en a plus rien à cirer, il y a toujours une once de nostalgie. voire même de regret. parfois, elle se demande comment vont les siens. est-ce qu'ils ont pris leur vie convenablement en main ou ont-ils empruntés, comme elle, les mauvais chemins ? faut dire qu'elle a été une sœur aînée en carton. elle était censée montrer l'exemple, au lieu de ça elle trafiquait de la drogue et traînait avec ce genre typique de très mauvaises fréquentations. elle se demande aussi si son ancien cartel, son "ancienne famille", est démantelé désormais. la rancœur, déception et rancune qu'elle porte pour son très cher ex-protecteur lui faisant franchement cracher de son plus beau venin : si c'est le cas, c'est bien fait pour ta gueule.

soupirant profondément avant de se craquer la nuque à s'en coincer les cervicales, la noiraude tâche de ne plus y penser. elle est venue pour passer une bonne journée. pas pour ressasser un passé qui ne fait que remuer le couteau dans la plaie. c'est alors qu'un boulet de canon, ou plus exactement un chien, débarque en trombe dans sa direction. ça, ça à le mérite de stopper des pensées divagantes efficacement ! un peu trop efficacement, peut-être... karmen a à peine le temps d'écarquiller les yeux en voyant le bestiau fondre sur elle. quand bien même elle aurait voulu pousser un cri pincé de surprise, l'animal ne lui en a pas laissé le temps et voilà que deux grosses pattes avant s'écrase sur son vêtement blanc et qu'un gros coup de langue baveuse lui agresse le menton. heureusement, une jeune femme ne tarde pas à récupérer le chien vagabond. sans doute sa propriétaire.

isao qu'est-ce qu'il te prend ? excusez-moi, vous allez ? il ne vous a pas fait mal, j'espère ? il ne voulait que jouer. je suis vraiment désolée.

l'étrangère reste un instant muette, assez hébétée par cette situation qu'elle n'avait pas vu venir. son regard va du visage de l'asiatique à celui de son toutou avant de réaliser que ses habits sont désormais imprimés de deux grosses traces de coussinets dégueulasses. son expression perd de son éclat. on ne le voit pas forcément à travers les lunettes de soleil, mais, ses yeux expriment un lourd et profond "jeez. are u serious ?" remontant ses dites montures qui glissent de son nez fin, karmen soupire avant de retrouver un faible sourire. heureusement qu'elle avait une machine de linge sale à faire. ça ira dedans à la seconde où elle rentrera au bercail. elle contient ses envies de scandales théâtraux en se confortant comme elle peut.

ça va, ça va. surprise plus que du mal. en trois ans, karmen est passé d'aucune base en coréen à coréen compréhensible, mais, sa maîtrise de la langue reste toujours un brin bancale. mais bon ! tant qu'elle se fait comprendre, même si sujet - verbe - complément sont parfois réparties dans ses phrases avec anarchie.

attention de nouveau portée sur l'animal, l'hispanique se mord l'intérieure de la joue avant de tendre timidement et avec méfiance sa main vers la truffe du chien. dans sa vie, elle a plus eu affaire aux chiens errants qui croqueraient sans aucun problème dans vos mains s'ils peuvent vous y piquer quelque chose à becter et à ceux renifleur de drogues de la police colombienne qu'à des gentils chiens dociles et bien dressés. il est jeune ? demande-t-elle par curiosité. ça expliquerait pourquoi il est tout foufou et qu'il agresse de pauvres inconnues. j'aime bien les chiens, quand chiens dociles. sinon j'ai peur, un peu. et, ne voulant pas paraître malpolie, elle adopte la coutume du pays qui est de saluer en s'inclinant légèrement. karmen. se contente-t-elle en guise de présentation.

Bien qu'il était jeune, et que ce n'était pas non plus un chien de taille géante, juste grande, Isao était légèrement plus grand que la plupart des Akita américains de son âge, il n'était pas encore adulte, et il faisait déjà la taille d'un adulte. Un peu comme Sachiko, un enfant coincé dans le corps d'un adulte, comme on dit, tel maître tel chien. C'était sûrement la raison principale de l'entente entre les deux. Puis même si c'était plutôt un chien qui appréciait la neige plutôt que le soleil frappant de plus en plus fort sur la terre, rien n'empêchait un enfant de jouer. Voilà pourquoi elle s'était inquiétée de l'état de la personne qu'elle ne connaissait pas. Elle connaissait le résultat d'un chien déjà gros, qui était alourdi par l'eau dans ses poils et le sable, qui venait vous sauter dessus.  

Ce qui l'étonna le plus rapidement était l'accent de la jeune femme devant elle, bien que par son visage, également, il était évident qu'elle n'était pas d'ici, ou alors qu'elle n'était pas asiatique au moins. Mais elle semblait comprendre le coréen, et maîtriser au moins les bases du peu que Sachiko avait entendu, ce qui rassurait la Japonaise qui n'avait jamais été un génie à l'école, ayant même arrêté plus tôt que la plupart des jeunes de son âge. Elle n'avait pas à essayer de parler une autre langue et hallelujah, parce qu'à part le japonais, elle ne pouvait pas vraiment aider. Heureusement également pour elle, à part la belle trace des coussinets mouillés et plein de sable sur elle, la jeune femme ne semblait pas blessée. Sachiko lâcha un soupire, rassurée qu'elle n'ait pas à payer pour les dégâts, avant de répondre avec un sourire à l'étrangère.

« Il est jeune oui, pas encore un adulte, mais bientôt, il a un an et quelques mois. C'est pour ça qu'il court partout pendant facilement toute la journée, excusez-moi, encore, j'aurai dû le surveiller. » Mais le soleil frappant sur son visage et donnant la couleur si belle à la mer l'avait envoûtée pendant quelques secondes, quelque longues secondes qui étaient cruciale. « Il n'est pas agressif, il veut simplement jouer, les Akita américains n'aboient pas vraiment et défendent seulement leur maître et foyer... Vous pouvez le caresser, il se laissera faire. » Normalement, et sans lui sauter dessus aussi... Sachiko garda malgré tout le collier du grand chien en main pour lui faire comprendre de ne pas repartir partout en courant et de rester calme. Il était assez docile, assez calme, une fois qu'il était contrôlé en tout cas.

Regardant la jeune femme la saluait et se présentait, un grand sourire se posa sur ses lippes, elle fit donc de même de son côté, s'inclinant rapidement. « Sachiko, mais Sachi marche aussi. » Elle n'avait jamais réellement aimé que son prénom même disent que c'était un enfant, alors enlever le "ko" de son prénom ne la dérangeait pas du tout, au contraire. La curiosité parla à la place de la Japonaise, qui n'était jamais réellement timide de toute façon, sauf si elle était dans une position qu'elle craignait. Ici, ce n'était pas réellement le cas, alors elle se permettait de poser des questions. « Excusez-moi si je suis trop curieuse, mais... Vous êtes ici depuis longtemps ? J'ai entendu l'accent... »  

( o u t f i t )
l'animal qui renifle sa main ne montre aucune once d'agressivité. sa docilité étant confirmée par sa propriétaire qui assure qu'il n'y a rien à craindre. alors, karmen s'autorise à le caresser. ses doigts passant dans les poils mouillés du canidé. c'est bien moins agréable à toucher que s'il avait été sec, mais, l'hispanique laisse son côté précieux de côté. c'est drôle, comment les chiens semblent avoir un pouvoir sur les êtres humains. amis des bêtes ou non, tout le monde se sent bien en caressant un chien. comme s'ils étaient des petites boules anti-stress à quatre pattes. parfois, la métisse se dit qu'elle adopterait bien un animal de compagnie. pour combler la solitude de son logis. mais, elle a toujours eu un côté réticent à cette idée. elle n'a jamais eu de bête à la maison et n'est donc, avec eux, ni bien à l'aise ni très douée. cela dit, si elle se trouve un chien comme celui-ci... ça laisse à réfléchir. pourquoi pas.

karmen n'y connaît strictement rien en chien. alors, elle écoute attentivement l'asiatique. découvrant ainsi le nom de la race de son chien et quelques unes de ses caractéristiques. c'est un bon chien. constate-t-elle alors. beau, aussi. elle sourit. il faut dire qu'il a une belle petite bouille. même si ses poils ressemblent, actuellement, plus à une vieille serpillière qu'à autre chose. mais, séché, l'animal doit être vraiment très beau. son nom c'est quoi, déjà ? si elle ne se trompe pas, la jeune femme l'a dit lorsqu'il lui a posé ses grosses pattounes dessus. mais, elle ne l'a pas retenu. il faut dire que, sur le coup, il y a eu soudainement beaucoup d'informations à assimiler. étant passée de tranquillement les pieds dans l'eau avec sa guitare dans le dos à agressée par un chien non identifié.

lorsque l'inconnue se présente, karmen fronce légèrement les sourcils dans un air de réflexion. sachiko... elle n'est pas experte en tout ce qui concerne l'asie, mais, rien qu'à l'oreille... ça ne lui a pas l'air de sonner très local. pas coréen ça, si ?

et alors que sachiko lui fait remarquer son accent, l'hispanique soupire légèrement en passant une main dans ses cheveux. évidement c'est noté sur sa figure qu'elle est étrangère, mais... encore si flagrant ? demande-t-elle au sujet de son accent. elle espère tout de même qu'il n'est plus autant à couper au couteau qu'avant. 3 ans. répond-elle. mais, je parlais pas avant. je appris ici. tout. elle grimace un peu, parce qu'elle a conscience de faire des fautes. mais, elle tente de s'exprimer comme il faut. je parle bien, par texto. parce que j'ai temps de réfléchir bien à sens et tournure. mais, oral plus spontané et rapide. moins le temps de prendre le temps. et, j'avoue... je connais parleurs anglophones et hispanophones. avec eux, je parle coréen très peu. du coup je... elle a un trou de mémoire sur un mot. claquant de la langue par agacement, elle se contraint à mettre un mot anglais au beau milieu de son coréen. du coup je pas "improve" mon coréen beaucoup.