La douce caféine qui nous tient réveiller. Toi, ma fidèle amie, que je ne me sépare jamais. Toi, qui me tient compagnie alors que je suis seule sur cette terrasse. Toi, que je tiens entre les mains en regardant  les passants, je regarde ce qui se passe sous mes yeux et de temps en temps, je joue avec mon téléphone. Je ne suis pas là pour attendre quelqu’un, mais bien pour relaxer face à cette dure nuit et journée de travail que j’ai dû faire. Quand j’y pense, mon père n’a toujours pas cessé de vouloir que je me marie avec un riche prétendant et ça depuis que j’ai seize ans. Il n’avait pas cessé depuis malgré le nombre de refus que j’avais pu donner. Le nombre de fois que j’avais posé un lapin à mes prétendants ou seulement à les tenir compagnie pour manger à un quelconque restaurant. Un goût amer se glisse sous mes lèvres sur cette pensée. Papa m'a toujours ordonné et ça m'a toujours donné envie d'aller contre sa volonté. Jusqu’à quand va t- il s’arrêter ? Telle est la question qui va toujours rester un mystère dans ce vaste monde.

Chère tasse à café que je t’apporte doucement sur mes lippes. Ce que tu contient, je le goutte enfin. J'ai assez attendu pour ne pas que tu m'ébouilles l’intérieur de la bouche. Ni trop sucré ni trop amer. Juste corsé à souhait pour me redonner de l’énergie et de me tenir réveiller. Une belle après midi s'est annoncée, je ne vais tout de même pas la passée à dormir jusqu’au lendemain sans pour autant profiter. De toute façon, j’ai un jour de repos que j'ai gentiment demandé, en fait, que mon père m'a exceptionnellement donné pour une saleté réunion de famille le lendemain. Je n'irai pas, je connais tour bonnement son jeu. Je vais plutôt profiter comme aller à la plage pourquoi pas ? Je verrai le lendemain pour l’instant, j'ai une fixation sur ce liquide brun. Me plongeant davantage dans mes pensées. Pensant à tout et à rien. À mes patients ou bien ma vie. Sur cette dernière c’est tout à fait platonique. Je ramène encore une fois la tasse à mes lèvres, cependant quelque chose m'obstrue mon champ de vision et se retrouve sur mon visage. 《 oh ?》 je n'ai pas crié, rien de la. Seulement parlé assez fortement tout en prenant soigneusement la feuille rebelle. Je regarde le contenu avec curiosité pour remarquer que finalement c’est un plan. Hm ? À qui cela appartient ?

Ma journée n’était pas finie, ou du moins venait de commencer. J’adorais mon travail et à aucun moment je ne m’étais lassé de ce dernier. Profiter d’une terrasse à travailler était l’une de mes activités préférées. Il faisait beau, et la brise ne fait qu’augmenter cette sensation de bien être et de satisfaction. Ma tasse de café à côté de moi, je trace des traits, sûr de moi et non dans la demi-mesure. Cela fait peut-être la deuxième tasse que je bois ? Pf, ça n’était rien comparé à la cafetière entière que je pouvais boire en une après-midi. La caféine est mauvaise pour la santé, blah blah blah…Mais mon corps la réclame. Il m’arrivait de faire des journées de 22h avec une heure de sommeil entre temps. Rien ne m’obligeait à les faire ainsi cependant. J’étais un architecte libre et indépendant, alors j’étais maître de moi-même lorsqu’il s’agissait de mes horaires de travail. Mes proches me décrivent comme un Addict du boulot, et c’est vrai, je ne peux pas les contredire. Mais quand la création me prend et m’inspire, il faut que je couche mes idées sur le papier, comme à l’instant où je trace un autre trait, mettant des annotations à côté.

Parfois je relève la tête pour prendre le temps d’admirer les passants, et aussi le paysage qui m’entoure. S’il y a bien une chose que je ne regrette pas après avoir déménagé, c’était de m’être installé sur cette petite île. J’avais déjà résidé à la capitale, étant de loin un homme de la ville et ce, depuis ma tendre enfance. J’avoue sans problème que vivre sur une petite île comme Jeju ne me déplaisait pas. Paris ne me manquait pas non plus le moins du monde. Il arrivait pourtant parfois que la France me manque et c’était normal, car c’était le pays où j’ai vu le jour et où j’avais grandi.  Cela ne signifiait pas pour autant que je reniais mes origines coréennes, d’où ma présence ici.

Je rêvasse, mais bien vite, je suis sorti de ma rêverie quand un de mes plans s’envole à la table d’à côté, dérangeant par la même occasion une jeune femme. Je me lève et me précipite à sa table afin de récupérer le précieux plan, mais aussi pour m’excuser. « Pardon, j’étais dans la lune et je n’ai pas pensé qu’il s’envolerait. » dis-je avec politesse. Mes yeux s’arrêtent sur elle, et la première chose qui me frappe, ce sont ses grands yeux qui m’observent et je suis comme captivé par son regard à la fois innocent et…charmant ?

Cette île si unique en son genre. Mystérieuse. Je suis toujours surprise que personne ne se pose davantage de question à son sujet. Se posant pourquoi que certaines personnes ont des particularités en moins ou plus contrairement à d’autre. Des blessures qui semblent pourtant banaux, mais que finalement ce n’est pas le cas. Ou bien des personnes qui sont sensibles à la lumière du soleil. Encore mieux, tout comme moi qui a l'impossibilité à oublier alors que c’est strictement impossible de tout mémoriser pour un humain normalement conçu. Pourquoi certains sont maudits sur cette île au point être bloqués ici ? Néanmoins cela reste avant tout un coin paradisiaque. Même si je ne peux quitter cet endroit pour voyager, même si je ne peux partir pour aider d'autres pays, je suis quand même bien de vivre ici. On dirait que nous sommes isolés du monde et que personne puisse troublée cette paix. Malgré que la nature s’en charge naturellement, mais ça c'est partout n'est ce pas ? Une île si étrange et pourtant attiré énormément de touriste. Fascinant le paranormal.

Revenons à ce dite plan. Son propriétaire – qui est mon voisin de table finalement – se lève pour aller chercher son bien qui a pu s'envoler en guise de rébellion. Amusée par cette situation, je lui tends sans problème sa feuille importante pour lui. Si, avant cette petite mésaventure, j'avais remarqué que cet homme était occupé avec ses dessins. Cela ne me dérange pas, bien au contraire, je le considère chanceux qu'il puisse avoir cette chance de profiter de l’extérieur. Je suis coincée à l’intérieur d’un bâtiment qui sent le peroxyde ou toutes autres substances. Entourée par des malades ou des blessés qui demandent des soins adéquats. Des patients qui exigent énormément d'attention contrairement à d'autres. Des enfants qui ont besoin de pansement et de traitements autant que les adultes. Ma vie que je ne regrette pas, qui me fascine. 《 ne vous excusez pas. Je préfère nettement mieux que votre croquis vole en ma direction que vers le ciel ! 》 lui dis-je en souriant tout bonnement. Ainsi son plan comme ça, il aura plus de probabilité de le retrouver en ma direction que vers le ciel. C’est tout de même un document important. Enfin, cette voix à dorénavant un visage. Des traits tout de même assez charmant et charismatique. Un homme d’âge mûr ? De quelques année tout au plus de moi ? 《 Vous êtes architecte ? Vos dessins sont magnifiques ! 》 Je n'ai pas pu m’empêcher d commencer une conversation. Je me suis tournée en sa direction tout en continuant de sourire la tasse de café entre les mains. Buvant encore un peu mon café, mais cette fois avec intérêt. Disons que cela envisagerait d’être légèrement divertissant que de regarder les passants, non ?

Mon portable sonne. Je le prends par automatisme pour ainsi regarder le numéro. Marque un sourcil avant de répondre rapidement un :《envoie moi les résultats et je te rappelle. 》Avant de raccrocher. Un petit semble être entré dans un sale état durant mon absence. Je pourrais entrer, mais je ne sais jamais à quelle heure que je sors de mon lieu de travail. Une workaholic aussi. C’est comme ça que nous sommes : des passionnés. On ne se lasse jamais de travailler vue que justement ce n'est pas un travail pour nous. Ce n'est pas une obligation, on le fait avec le plus grand de nos plaisirs. Bien souvent c’est notre corps qui nous dit d’arrêter sinon on pourrait continuer comme cela jusqu’à ce que la mort s'en suive.