il la contemple ; il ne peut s'en empêcher. il la couve d'un regard tendre, car ce ne sont pas ses cruautés qui lui reviennent en mémoire mais bien la douceur de son rire et l'élégance du moindre de ses gestes. son cou opalin, sa nuque délicate, ses yeux de biche et ses lèvres ourlées... en ce cœur incompris s'écoule le doux poison d'un sourire mesquin, et si shin n'en laisse rien transparaître, il ne souffre pas moins de la savoir si près et pourtant si loin. c'est sur vega qu'elle pose ses yeux ravissants, c'est à lui qu'elle s'adresse en toute simplicité, et shin ne peut s'empêcher de jalouser le gamin. alors, irrité de les voir si proches, pousse un soupir agacé. « t'es un boulet vega. tu pourrais t'excuser correctement, au moins. » remarque inutile, petite pique pour mieux enfoncer un garçon qu'on se surprend à vouloir évincer. ni vu ni connu, shin se glisse aux côtés d'iseul et chiffonne du bout des doigts ses trois bracelets bariolés. « oh, ils sont jolis. » il se tourne vers le propriétaire du stand pour en réclamer à son tour. « alors, qu'est-ce que tu penses des miens ? » pauvre garçon mendiant l'attention de sa belle, il saisit les rubans qu'on lui tend et les attache à son poignet gauche.

tu souris à ton ainée, la jolie coréenne aux yeux de braises. même si avec toi tu ne l'avais jamais perçue de la sorte, tu savais qu'elle se plaisait à torturer les âmes sensibles des autres garçons ; et à vrai dire si tu pouvais l'aider un peu, ça t'amusais aussi. après avoir bousculé deux malheureuses passantes, tu n'avais pas eu le temps de réagir que la jolie iseul s'inquiétait pour toi. tu n'étais pas du tout fragile, tu avais même plutôt l'habitude de faire les quatre cent coup et de faire des accrobaties. c'est vrai que déjà petite, elle faisait tout pour t'empêcher de faire des bêtises. une petite maman poule? ça te faisait presque sourire. je vais bien noona, c'est plutôt les demoiselles qu'il faudrait aller voir..., disais-tu en te tournant à nouveau pour chercher de vue les deux filles... mais elle semblaient avoir disparues. et le temps de faire un nouveau tour sur toi même avec tes grandes jambes que tu vois shin prendre de l'avance et te distancer avec la coréenne. tu décides de les laisser en amoureux et de te contenter d'attraper le papier qui t'annonce la couleur de tes trois bracelets. tu laisses ensuite l'organisateur du festival te les passer autour du poignet, faisant signe à shin que tu t’éclipses et que tu le laisses se débrouiller. de toute façon, tu n'aime pas les foules aussi danses, et le bruit qui t'entoure. tu veux aller te balader au calme un peu plus loin.

Ça était convenu, adjugé, validé, sans aucun retour en arrière possible. Aurait-elle osé revenir sur ce qu'ils s'étaient promis quelques jours auparavant ? Minyeol mettait sa main à couper qu'elle avait compté les jours, tout comme lui, jusqu'à cette soirée précise. Il avait été incapable de contenir sa joie et son amusement tout le temps du trajet. Au lieu de la moto, ils s'y étaient rendus en taxi, comme le parfait petit bourgeois qu'il se revendiquait – lorsque ça l'arrangeait – et notamment parce que pour une fois, il n'avait pas voulu attirer l'attention… Le festival de chaepsal, c'était sans doute la première fois qu'il s'y rendait seul à seul avec quelqu'un. C'en avait même des airs de rendez-vous, avec le cadre et l'atmosphère bien particulière. Minyeol était bien satisfait d'avoir Sohee rien que pour lui. Quiconque osait la reluquer avec insistance se prenait un missile tout droit sorti de ses globes oculaires !! Il était son grand-frère… et par conséquent, il pourrait user de cette excuse toute faite si on venait à lui sortir la moindre réflexion. Même si son attitude s'apparentait plus à celui d'un petit ami jaloux, la vérité était tout autre… Bien qu'à une époque, il aurait fièrement aimé se revendiquer comme étant celui qui avait su conquérir le cœur de l'une des nanas les plus jolies et les plus intelligentes du lycée. Sur ce point, rien n'avait véritablement changé. Mais il fallait croire que certaines choses étaient faites pour perdurer envers et contre tout. « On va directement chercher nos bracelets ou tu veux t'arrêter à un stand avant ? » L'un n'empêchait pas l'autre. Il prit un peu les devants en glissant son bras autour de sa taille pour la maintenir contre lui. L'excuse pour ne pas la perdre parmi la foule. Le moyen de persuation pour évincer ses potentiels adversaires...

J’avais fini par craquer, je m’étais laissé entraîner par cette bonne humeur qui avait atteint la ville en plein cœur, depuis que les prémisses de cette célébration s'étaient abattues sur elle. Je devais également avouer que la faute était sienne, que si j’avais finalement accepté de me retrouver au milieu de tout ces gens, entouré par ces rires et cette effervescence, qui avait éveillés en moi ces souvenirs d’enfance, ces brides de joies qui s’étaient faite si rare à cette époque, c’était certainement à cause de lui. De mon meilleur ami, qui marchait à mes côtés. Lui, il avait eut cette enfance dont j’avais été privé et par conséquent, il avait été le premier à me faire apprécier ce festival, cette célébration qui avait, il y avait longtemps de cela, prit l’allure de la plus terrible des corvées. À présent, c’était différent, il avait réussi à changer ma perception et mon regard, c’était adoucit. Je marchais au milieu de ces gens que je ne connaissais pour certain, que de vue, mais je n’avais plus cette peur pour me tordre les tripes, à présent, je me sentais comme les autres ou presque. La chaleur, les rires, la légèreté, ce n’était pas désagréable. Armée de mon sourire, je serpentai sans encombre, mon ami sur les talons. J'étais trop timide encore pour m'approcher de ces autres, mais les observer évoluer était un rien intriguant et amusant.

un soupir. puis un rire. vega, vega… à croire qu’il ne la connaissait pas. qu’importe les demoiselles ou quoi qu’elles aient pu être, elle s’en fichait comme de sa première chemise, bien trop concernée par son état pour s’inquiéter d’inconnues auxquelles elle ne s’intéressait guère. mais elle ne dit rien, iseul. préférant le silence à une remarque, se contentant de lui ébouriffer les cheveux, à ce gamin soit disant robuste. « tais toi shin, elles n’ont rien. » pas qu’elle ait vérifié, elle ne se souvenait même déjà plus de quoi elles pouvaient bien avoir l’air. juste… qu’elle s’en foutait complètement. pourtant, lorsque ses prunelles s'arrêtèrent sur son cas, sa voix s'adoucit, comme se rendant compte d’un changement inhabituel dans son comportement. l’homme violent et distant avait laissé place au gosse en manque d’affection. c’en était presque déroutant. le sourire fleurit, taquin, tandis qu’elle éloignait ses bracelets de sa vue par simple sécurité. « jolis mais dangereux. » à en croire par ce qu’indiquait le papier, il valait mieux que jamais elle ne s’en fasse enlever. par contre, pour les siens… c’était une autre histoire. s’approchant de lui plus que nécessaire, femme curieuse dont on avait éveillé la lueur, ses doigts vinrent caresser lentement le tissu, débordant sur la peau, éveil de sensations. faisant mine de s’intéresser, puis d’être légèrement déboussolée par pareille proximité pour… tirer sur le nœud d’un bracelet, à savoir le violet. « celui-ci ne va pas avec ton teint. ~ »