Allongée sur mon lit, des bouquins empilés et terminés depuis quelques heures sur ma table de chevet, mon index appuya sur le bouton envoyer pour que le petit message que je venais d’écrire à l’encontre de ma nouvelle rencontre lui parvienne. Faire partager ma connaissance, me sentir utile dans quelque chose, ça m’apportait un sentiment de satisfaction. Bien évidemment, je ne souhaitais pas l’inviter dans notre maison simplement pour lui faire part de mon cerveau plus développé que la moyenne, non. J’aime passer du temps avec elle. Je ne sais pas comment ça se fait d’ailleurs. Je ne porte jamais aucuns intérêts pour personnes mais elle est différente. Elle a réussi à me toucher dans une partie de mon corps que j’apprends à connaître, dans ce muscle qui me fait respirer. La voir s’occuper bénévolement d’animaux alors que sa situation financière est au plus bas.. J’ai de l’admiration pour la façon dont elle se bat. J’ai parfois envie de l’aider, de lui proposer de l’argent mais je n’ai pas envie qu’elle pense que j’ai pitié d’elle. À travers mes bouquins de psychologie, je sais que c’est ce que la plupart des gens ressentiraient face à ce geste. Alors je me contente simplement de prendre soin d’elle d’une autre manière. Un petit bruit résonna dans la pièce, mon téléphone me signalait une réponse de sa part. Une réponse positive. Un petit sourire sur les lèvres, je me levais de mon lit afin de remettre un peu d’ordre dans ma chambre. Bien qu’elle ne soit pas en bordel, je ne voulais pas qu’elle trouve la documentation sur les mystères et légendes de l’île. Même si ça ne paraît pas suspect, je ne préférais prendre aucuns risques.

un message. un sourire. imperceptible, certes. si rare sur les lèvres fanées de la belle, mais... bien présent. peu de gens étaient capable de pareil miracle. bonté si bien cachée sous des couches d’impulsivité et de férocité, qu'elle paraissait presqu'inconcevable. pourtant kalaya n'avait rien d'un monstre. rien d'une brute non plus. surtout envers la gente féminine. du moins, celle qui se respectait un minimum. sohee avait été l'une de ces rencontres impromptues. une fleur aussi éclatante que le jour, aussi douce qu'un agneau et à l'intelligence si peu commune, qu'elle resplendissait tel un joyau. elle avait l'impression qu'elle devait la chérir, la belle. en prendre soin. car les fleurs comme les femmes ou même l'amitié, se cultivaient pour ne pas faner. comme son sourire. ou son palpitant dont le battement avait quelques dérèglements. alors savoir que la jeune femme à la chevelure blonde et radieuse voulait passer du temps avec elle ne pouvait que réchauffer son cœur, pierre de lave refroidie et asséchée. vivement, elle tapota une réponse positive sur son vieux téléphone portable, et après avoir rangé soigneusement quelques livres dans son sac à dos, elle mis les voiles. une chance qu'elle ait fini plus tôt aujourd'hui.

elle n'avait pas l'habitude de mettre les pieds dans pareil quartier, la révoltée. un peu déboussolée. un peu tâche dans le paysage aussi. elle savait qu'il habitait là, son père. enfin, son géniteur, si tant est qu'il puisse porter ce nom. et ça la répugnait, de se savoir si proche de pareil raclure. mais elle fit mine de rien, serrant les poings et avançant. mieux valait penser à l'arrivée. jeune fille pauvre qui courait depuis bébé après quelques billets si difficilement gagnés, se tenir désormais devant pareil portail lui semblait plus proche du rêve que de la réalité. ça lui rappelait de vieux films que sa mère aimait regarder. à cette pensée, le sourire fleurit de nouveau, tendre... aimant. et alors qu'elle sonnait, toute trace d'agressivité disparue, fumée imperceptible s'évaporant de la panthère, réduit à l'état de simple femme, dont la douceur des traits inspirait le respect. « c'est moi, kalaya ! »

Après avoir pris soin de ranger correctement l’endroit où je passe toutes mes nuits à dormir, je descendais les escaliers afin d’attendre mon amie. Dire que je suis rarement impatiente de voir une autre personne que ma famille passer la porte. Kalaya est la première personne que j’invite ici depuis que j’y habite et même quand je vivais seule avec ma maman, jamais personne n’a franchi cette porte d'entrée pour me voir. Certes, mes frères ont beaucoup plus de facilité à ramener du monde à la maison, surtout le petit dernier alors que moi, habituellement, je ne ramène que des livres. Ça change et bizarrement c’est une émotion qui me fait plaisir. Surtout que la jeune femme attire énormément de respect et d’admiration de ma part.

La sonnerie retentie et une voix féminine se faisait entendre au loin. J’accourais presque depuis la cuisine jusqu’à la porte pour pouvoir l’ouvrir. J’avais été demandé à une des femmes de ménage de nous préparer un petit goûter pour plus tard. J’aurais bien voulu le faire moi-même mais.. Comment dire que ma cuisine est fade. Fade pas à cause du goût, non. Mémoriser des recettes et appliquer les doses exactes, c’est facile et bon à manger. C’est juste que je n’arrive pas à prendre ce plaisir que les humains normaux ont en cuisinant. Ils ont cette passion et cet amour à mettre en plus comme ingrédient. Quelque chose qui change tout. Alors, je préfère confiée cette tâche à quelqu’un de confiance. Les femmes de ménages ou toutes les autres personnes s’occupant de la maison, sont très gentilles. En même temps, ma mère et mon beau-père prennent vraiment bien soin d’eux et ne les traitent pas comme des moins que rien à cause de leur travail souvent moqué dans la haute société. Du coup, il y a presque une relation de complicité qui s’est installé depuis toutes ces années où je vis chez les Kang.

J’ouvre pour découvrir le beau sourire de Kalaya qui arrive à m’en arracher un petit, naturel et sincère. « Salut ! Entre, fais comme chez toi. » disais-je sans être vraiment sûre de moi. C’est la première fois que j’invite quelqu’un alors je ne suis pas très à l’aise dans la façon dont je dois me comporter dans ce genre de moment. Je suis un peu perdue, j’espère que ça ne se remarquera pas trop. Après que les chaussures de mon amie ainsi que sa veste aient été retirées, je lui proposais des pantoufles à moi pour qu’elle soit plus à l’aise. « On monte ? » à l’accord de mon invitée, je nous guidais jusqu’à ma chambre à l’étage. Une fois dans celle-ci, je restais debout, le regard posé sur mon amie. « Tu veux commencer par quelle matière ? » la questionnais-je.