Samedi. Un jour comme les autres pour beaucoup de monde. Premier jour de week-end pour les étudiants et les personnes travaillant la semaine et non pas le week-end. Sa mère est d’ailleurs passée du week-end étant mieux payée qu’en faisant le boulot de la semaine. Elle travaillerait donc seulement week-end mais pendant douze heures, en revanche la semaine elle serait en repos. Elle a annoncé ça à sa fille le jour précédent alors que son boss cherchait du monde pour travailler le week-end. Personne ne s’était proposé alors il avait désigné et manque de chance c’était tombé sur la mère de la lycéenne. Quand sa mère lui avait raconté ça, elle avait cru halluciner tant elle avait l’impression d’être au lycée. Cette méthode c’était bon quand personne ne se portait volontaire pour aller au tableau ou rendre un exposé la première semaine tout en sachant que tout le monde devrait passer. Sophie se porte alors volontaire dans ces cas-là puisque ça leur fait perdre du temps inutilement et les professeurs sont généralement plus gentils avec ceux qui passent en premier. Puis au moins c’est fait, c’est passé, c’est derrière elle alors que les autres attendent d’un côté avec impatience de passer de l’autre côté quand arrive la veille ou le jour J ils ne veulent plus passer parce qu’ils sont envahis par le stress et la peur de faire moins bien que les gens d’avant. Que le premier à passer n’a personne avec qui se comparer mais Sophie s’en fiche, elle respecte juste les consignes sans trop se poser de questions et c’est exactement ce que veulent les professeurs que les élèves suivent simplement les instructions données en classe. En soit, il n’y a pas de raison d’avoir pour qu’un élève ait une note en dessous de la moyenne si il a tout fait comme l’enseignant l’avait demandé.

Voilà ce à quoi la lycéenne pense alors qu’elle se trouve sur le banc des remplaçants. La première raison est qu’elle a mal réceptionné un ballon au cours du match et vu le craquement que ça avait fait, sans aucun doute qu’il s’était passé quelque chose au niveau de ses os ou de ses muscles, elle ne sait pas trop. Tout ça parce qu’elle avait voulu faire une tentative désespérée d’empêcher l’équipe adverse de marquer un point. Au final, le point n’a pas compté et une des remplaçantes a couru pour la remplacer sur le terrain. Une fille qui au final se révéla bien plus efficace qu’elle sur le terrain. La deuxième raison s’avère qu’elle est mille fois plus efficace en dehors du terrain à regarder les équipes adverses. Elle a alors tout le loisir d’analyser les forces et faiblesses de chacune de leurs adversaires et elle peut donner ses instructions généralement codées à ses camarades. Elle n’est pas forcément la meilleure avec un ballon dans les mains, certaines filles dans son équipe sont beaucoup plus douées quand elles possèdent la balle entre leurs mains. Le domaine de Sophie c’est la stratégie. Elle n’a encore rencontré d’adversaire de son niveau dans cette catégorie, à vrai dire la plupart des équipes n’ont aucun stratège, ils font tout au fil de l’instant alors qu’avec la lycéenne rien n’est laissé au hasard. Tout est étudié minutieusement de façon à ce que son équipe remporte la victoire et on peut le constater en voyant que tous les matchs où la grecque lançait ses instructions, elles n’ont jamais perdu. Comme si c’était uniquement elle la clé de la victoire mais elle est très loin de penser ça. Elle pense simplement que c’est la vie et qu’on ne peut pas toujours gagner, c’est comme ça.

L’arbitre siffle enfin la fin du match et Sophie n’a pas besoin de regarder les scores du match pour savoir qui a gagné et qui a perdu quand elle voit toutes ces coéquipières arrivées vers elle en se félicitant. Alors que de sa main valide, elle tape dans la main de ses autres coéquipières direction les vestiaires. Indifférente aux différentes sortes de cris qui résonnent dans la salle, la brune parle avec ses camarades et amies pour certaines de la fin du match. Bien entendu ses talents de stratège sont salués. Arrivée dans les vestiaires, elle continue de parler de tout et de rien avec les autres filles se changeant tant bien que mal, ce n’est pas facile à une seule main. Si d’habitude, elle fait exprès de rester le plus longtemps possible dans les vestiaires avec Luna, là elle ne fait pas semblant. Elle a un mal de chien à passer son débardeur et son short, l’été étant plus que présent à Jeju. Le plus dur est de lasser les lacets de ses Converses. Son sac de sport sur l’épaule, elle quitte dans les dernières les vestiaires. Son regard circule entre les différentes personnes pour tenter de te repérer, si d’ordinaire elle en aurait mis à celui qui avait osé lui faire une blague comme celle-là elle ne le fait pas cependant vu que c’est toi. Elle n’est même pas surprise que tu essaies de la surprendre avec ce genre de blague mais c’est raté puisqu’elle ne bouge pas d’un pouce. Finalement elle se tourne vers toi mi blasée mi amusée. Blasée puisqu’il est plus que temps que tu te renouvelles au niveau de tes blagues et amusée de voir que tu aies pu croire une seule seconde que ça marcherait avec elle.

- Il faudrait vraiment que tu penses à te renouveler niveau blagues Dan un jour. Et oui on va au Mac Do comme on avait dit, de toute façon ça fait partie de l’une des raisons pour lesquelles t’es ici non ?

Elle est bien loin d’être naïve, elle sait parfaitement que tu penses principalement avec ton estomac. Elle le sait puisqu’elle se sert justement de ça pour t’attirer à ses matchs. Elle rajoute ses yeux de biche auxquels personne n’a encore pu résister pour être totalement sûre que tu viennes et que tu ne lui poses pas de lapins.

- Sérieusement il pleut ?

Elle n’a pas entendu la pluie s’abattre sur le toit du gymnase à vrai dire elle était tellement occupée par le match qu’elle a comme occultée tout le reste. Aussi elle tente de ne pas penser à la douleur qui s’atténue pourtant provenant des doigts que la balle a touché un peu trop violemment. Elle pense très sincèrement que ce n’est rien puisqu’elle aurait beaucoup plus mal à son avis si jamais elle s’était cassée ou fracturée quelque chose. Ca n’empêchera pas sa mère de vouloir l’emmener faire une radio quand elle lui racontera tout ça quand elle rentrerait ce soir.

En attendant, elle a plus urgent à faire que de penser aux retrouvailles avec sa mère. En effet elle doit courir car la pluie s’abat avec force sur sa peau nue. Si elle avait su, elle aurait pris une veste ou aurait au moins un tee-shirt avec des manches au lieu de ses débardeurs et de ses shorts habituels. Sans compter que les Converses sont bien évidement des chaussures en toile qui sont complètement trempées en arrivant sous l’abri de bus.

- Je suis bien d’accord quoique je pense que les clics-clacs méritent aussi leurs places dans les instruments de torture, c’est un coup à te faire mal au dos ces trucs !

Elle rit tout en tentant de reprendre son souffle. C’est le vécu qui parle, dormir pendant une semaine sur ces maudits canapés lits lui avaient filé un mal de dos pas possible. Son vrai lit lui avait beaucoup trop manqué ainsi que le confort qui allait avec durant cette semaine, c’est d’ailleurs pour ça qu’elle s’était écroulée sur son lit en rentrant chez elle et avait directement sombré dans les bras de Morphée ayant beaucoup trop mal dormis sur ces engins de torture.

Elle soupire légèrement n’ayant aucune envie de faire son entraînement ce soir. A vrai dire le programme qu’elle s’était imaginée pour cette soirée était beaucoup plus chill et relax, s’allonger sur son lit et regarder des séries. Elle n’a pas la force de lire pour ce soir.

- Ok mais qu’une petite séance de running, je te préviens !

C’est à ce moment là qu’une voiture arrivant trop vite vous éclabousse tant et si bien que vous êtes trempés de la tête aux pieds. Oui, Sophie aurait dû s’habiller plus chaudement puisqu’elle est en train de mourir de froid là dans cette tenue.

- Au moins on aura pris notre douche, il faut se dire ça.

Elle tente de te faire voir la situation sous le meilleur angle et tente de te faire rire mais ce n’est pas facile surtout quand ça ne la fait pas rire elle. Elle n’a pas envie de rire, juste de se sécher un coup et de manger. Finalement le bus arrive et vous entrez dedans. Elle fait bipper sa carte de transport puis va s’écrouler sur la première rangée de sièges à deux de libre qu’elle voit. Son sac sur les genoux, un sourire amoureux apparaît sur son visage alors qu’elle constate un sms de Luna sur son portable. Oh elle ne dit rien de fou mais pour elle c’est déjà beaucoup. Elle hésite un petit moment faisant tourner son pouce au-dessus de l’écran, indécise sur comment formuler ses messages. Depuis qu’elle a réalisé ces sentiments pour sa coéquipière, elle a du mal à ne pas passer trois ans à choisir les bons mots etc pour écrire un simple message.