iris ne sait plus depuis combien de temps il a cette stupide amulette avec lui, mais rien n’y fait. il la porte dès qu’il est habillé, la garde sur sa table de chevet quand il dort, mais il la voit encore, toujours. son visage est même devenu plus visible. les souvenirs, plus douloureux. il se voit heureux, il se voit lui sourire, il se voit la prendre dans ses bras. puis il se réveille, fait une crise de panique, finit sa nuit avec des larmes sèches sur ses joues.

c’est donc un mélange de rage envers lui-même, de rage envers ce soit-disant ami qui a laissé sa fille seule, une tristesse profonde, le manque de sommeil, qui l’épuise. tel un robot, il se lève après avoir fermé les yeux peut-être trois heures, se douche, mange, pars travailler ou à l’université. il se doit de sourire aux clients, mais le coeur n’y est pas. il révise autant qu’il peut, mais ses migraines sont de plus en plus fréquentes. vraiment, iris, il vit un cauchemar éveillé.

parmi tout ça, il pense à cette jeune vendeuse. il repense à son sourire quand il fait ses crises de panique, se rappelle de comment il se sentait en cet instant, dans un espoir de se calmer. ça ne marche que rarement. il ne sait même pas pourquoi il pense à elle, iris. mais elle est toujours là, que ce soit quand il voit un grigri pour touristes, ou simplement une personne aux cheveux clairs dans la foule. iris, il en a un peu marre, parce qu’il comprend pas.

c’est dans une humeur de chien qu’il ouvre la porte, alors qu’il est arrivé de son travail il y a de cela dix minutes. il est toujours en tenue quand il lui ouvre, à cette fameuse jeune femme. une humeur de chien qui est remplacée par de la surprise. iris n’a pas le temps de lui demander ce qu’elle fait ici, qu’elle parle déjà. il l’écoute. la regarde de haut en bas durant son speech, pas de manière perverse, il l’observe simplement. la trouve très jolie, mais il le garde pour lui cette fois-ci.

puis il pousse un long soupire quand elle termine. se frotte le visage une nouvelle fois. il en a marre. “ça doit être pour ça que ma semaine à été pire depuis que j’ai la mauvaise amulette...je sais pas laquelle vous m’avez vendu, mais c’est insupportable.” il prends ce qu’elle lui tend. “merci en tout cas, d’être venu jusqu’ici pour la changer. vous n’étiez pas obligé.” il tâte ensuite ses poches, ne se rappelant plus s’il a enlevé l’amulette ou pas, avant de constater que oui, elle n’est pas là. iris lui fait alors signe d'entrer dans son appartement, ouvrant un peu plus la porte. “entrez, je vais aller la chercher, je sais pas où je l'ai posé.” un petit sourire, quelque peu gêné, étire ses lèvres. le premier de la semaine certainement.

il referme la porte derrière eux et une nouvelle fois, ses yeux se posent sur la jeune femme. “vous voulez quelque chose à boire ? j’ai du café, du thé, de l’eau…” un peu gêné, iris passe sa main dans ses cheveux : il n’a pas l’habitude de recevoir du monde et, même si son appartement est très bien rangé, il ne peut s’empêcher de se sentir mal à l’aise, comme s’il était nu devant elle. “pour vous remercier de me ramener la bonne amulette et.. m’excuser du comportement que j’ai eu, mademoiselle...?”

puis il laisse sa phrase en suspend. après tout, elle connaît son nom et son adresse. il aimerait bien connaître son prénom aussi, à cette jeune femme, plutôt que de penser à elle en l'appelant "la vendeuse".

une amulette pour trouver l’amour ? iris regarde la jeune femme avec des sourcils froncés. il n’a rencontré personne cette semaine, bien au contraire : que des gens en couple autour de lui, des personnes se mariant, d’autre fêtant leurs anniversaires… au contraire, il s’est senti bien seul. “cette amulette doit juste attirer les couples alors… parce que je n’ai rencontré absolument personne. à part vous.” il dit cela de manière tellement naturelle, comme s’il impliquait quelque chose. mais ce n’était pas son attention. alors il ne s’attarde pas dessus et fais comme si de rien était.

quand elle lui répond ce qu’elle souhaite boire, il reste un petit instant à l’observer. puis un petit sourire vient tirer ses traits fatigués. “vous pouvez vous asseoir.. mon canapé n’est pas du genre à mordre contrairement à moi…” mais bon dieu, que quelqu’un l’arrête. “désolé, c’était eum... une blague totalement nulle.”

iris va vraiment finir par se jeter par la fenêtre. voire même essayer de se noyer dans ses toilettes. il ne sait pas d’où ces répliques sortent, mais elles lui viennent, comme ça. et c’est comme si son cerveau arrêtait de fonctionner pour un petit moment, comme si un grand vide venait s’installer dans sa tête. et sa bouche forme des mots qu’il ne remarque pas. par contre, le rouge sur ses joues se remarque à des kilomètres.

pour essayer de faire passer la gêne, il tousse un peu, après avoir dit que c’était une blague. mais non, il n’avait pas du tout eu l’intention de blaguer. il avait juste essayé de se rattraper. très mal, mais bon… une rencontre ne pouvait pas se passer aussi mal, vraiment.

toujours aussi nerveux, il se tord un peu les doigts, joue avec sa montre. il s’occupe comme il peut. “je pensais pas qu’on pouvait faire pire…” un petit rire gêné sort d’entre ses lèvres. puis un petit sourire quand la jeune femme lui dit son prénom. “c’est un beau prénom. j’aime beaucoup.” pour une fois, il se retient de dire autre chose : il a bien compris qu’une fois que sa bouche était lancée dans les compliments, rien ne l'arrêtera.  

il remarque bien, iris, yura qui regarde la décoration de son appartement au lieu d’aller s’asseoir sur son canapé, comme il lui a proposé. pendant quelques secondes, il panique un peu. puis il se rappelle qu’il n’a pas de photo d’eunha dans le salon. seulement dans sa chambre. il n’a pas envie que les gens se mettent à lui poser des questions dès qu’ils mettent un pied dans son salon. alors il a des photos avec sa famille, sa cousine, des amis du lycée. très peu de photos récentes.

alors une fois de plus, pour s’occuper les mains, il défait l’espèce de foulard autour de son coup, comme si ce vêtement en moins allez changer quelque chose à la gêne qu’il ressent. il le pose sur son comptoir puis il part dans sa cuisine, cherche dans ses placards ce fameux thé, ayant la chance d’avoir une cuisine ouverte sur son salon. ou un appartement trop petit pour avoir une cuisine séparée. la jeune femme le suit alors qu’iris s’arrête quelques secondes après qu’il ait commencé à chercher....

quoi ? il se demande s’il a bien entendu. certes, c’est une question sorti de nulle part. mais ça reste une question comme une autre. alors il fait comme si de rien n'était, alors que ses joues sont de la couleur du haut de winnie l’ourson.  “oui, je vis seul depuis cinq ans ici. et oui je suis célibataire.” pourquoi avoir répondu ? bonne question. impulsion, comme toujours.

ça ne prend que quelques minutes, de préparer leurs thés, il ne peut pas faire semblant plus longtemps. alors il se retourne vers yura avec son plateau ainsi que ses deux tasses de thé. et ses joues rosies. Il lui fait cette fois-ci signe de le suivre, alors qu’il pose son plateau sur sa table basse. “j’ai le droit de savoir si vous êtes célibataire à mon tour, ou c’est trop impoli ?”

il s’est rendu à l’évidence que leur rencontre ne pouvait que signifier de la gêne ultime. alors il ne cherche plus à le contrer. tant pis. faut vivre avec. il a pas envie de se prendre la tête et encore moins aujourd’hui.

iris essaye de se calmer un peu.après tout ce qu’il vient de se passer, toutes ces phrases plus que gênantes échangées, rien ne peut être pire. leur rencontre ne peut pas plus dériver. il n’aurait d’ailleurs jamais pensé que cela puisse partir aussi loin. et dire qu’il y a une semaine, alors qu’il rencontrait yura pour la première fois, la présence de la jeune femme l'apaiser. maintenant, c’est bien le contraire.

assis sur son canapé à côté d’elle, il l’écoute parler, sa tasse de thé chaud dans l’une de ses mains. il n’a jamais réussi à les boire trop chaud, alors il attends que ça refroidisse. passionnant. “vous ne savez pas comment elles marchent ?” il est un peu surpris, mais il trouve la jeune femme tellement adorable, dans sa manière d’être et de parler, qu’il ne peut pas lui en vouloir. “moi qui allait vous demander de me donner des conseils pour l’amulette contre les fantômes…” une idée qui tombe à l’eau. il trouvera bien sur internet.

un simple je vois, comme si elle lui avait demandé la météo de demain. iris s’était attendu à autre chose, il ne sait pas quoi exactement, mais je vois semble plat, faible, après lui avoir demandé s’il était célibataire. mais après tout, qu’est-ce-qu’elle aurait pu répondre d’autre ? il ne comprends pas les attentes qu’il a envers la jeune femme, qui lui viennent aussi soudainement.

par contre, la réponse de yura est beaucoup plus intéressante que celle qu’iris a pu donné. si lui a répondu simplement par un oui, la jeune femme cherche ses mots. un petit sourire vient se loger sur son visage. “ça a l’air compliqué votre histoire… un coup oui, un coup non… j’vais pas en demander plus.” il voit bien qu’elle ait gêné. puis ce sont des histoires privées, il n’a pas son mot à dire.

son thé ayant un peu refroidi - du moins il l’espère - il s’apprête à prendre une gorgée, mimant les gestes de yura, avant que son cri ne le surprenne. il ne pense pas à deux fois avant de prendre un torchon, posé sur la table basse, pour frotter l’eau de la robe de la jeune femme. il ne se rend même pas compte que son geste puisse être déplacée, il part vraiment de bonnes intentions. “entre ça et l’amulette, t’es vraiment maladroite…” le vouvoiement s’envole au même moment que ses mains sur le corps de la jeune femme. enfin, sur sa robe. “je peux te tutoyer ? tu ne dois pas être plus âgé que moi…” il n’y pense pas sur le moment, à la vouvoyer, mais il préfère demander au cas où, trop préoccupé par la possible brûlure que la jeune femme pourrait avoir. après un petit instant, de longues secondes, il arrête de frotter la robe et se lève.

“j’ai une trousse de soin dans la salle de bain.” mieux vaut prévenir que guérir, vraiment. en ni une ni deux, il revient avec la fameuse pharmacie personnelle et une de ses chemises. elle est déjà grande pour lui, alors pour yura, ça devrait lui faire une robe.

“je me suis dis que c’était mieux qu’une robe mouillée…” il est un peu gêné, ses joues une nouvelle fois rougie - à croire qu’il est toujours comme ça en présence de yura - alors qu’il pose la fameuse chemise sur un fauteuil et la trousse de soin sur la table basse. il préfère attendre avant d’entreprendre quoi que ce soit. peut-être que des glaçons dans un torchon aurait suffit ? il n’a pas regardé s’il y avait une marque et en même temps, ce n’est pas à lui de le faire. il va pas déshabiller la jeune femme alors qu’ils viennent de se rencontrer, tout de même.

petit à petit, iris il a l’impression de faire face à une nouvelle personne. si durant leur première rencontre, yura semblait confiante et sûre d’elle en tout point, elle est maintenant toute timide. certainement car c’est la première fois qu’ils se voient dans un espace plus intime. puis vraiment, il n’a pas été très futé de passer ses mains sur elle pour l’aider. certes, ça partait d’une bonne intention, mais la jeune femme est toute rouge maintenant. c’est affreux, mais il aimerait qu’elle le reste : elle est vraiment adorable comme ça. il aurait presque envie de lui faire un câlin. non, il en a carrément envie. mais il se retient : il ne connaît que son prénom et son âge, il va pas se comporter comme s’ils s’étaient connus depuis le bac à sable.

“23 ans ? effectivement, t'es plus jeune.. j’en ai 25.” il fait un léger sourire, alors qu’il revient de la salle de bain. sourire qu’il perd bien rapidement, puisque la jeune femme est dans son salon, la jupe relevée pour voir si elle s’est brûlée. c’est au tour d’iris de rougir alors que ses yeux restent bien fixés sur le visage de la jeune femme : il a déjà dit des choses assez gênante, il va pas en plus fixer ses cuisses. il déglutit un peu avant de reprendre la parole. “j’allais pas te laisser dans une robe trempée...c’est le minimum.”

puis il hoche la tête avant de la regarder partir vers sa salle de bain.après l’avoir suivit du regard un petit instant, il finit par tourner le dos. il soupire un bon coup, se secoue la tête : ça suffit maintenant. il faut qu’il se calme un peu. jamais ne s’était-il sentit comme ça depuis ses dix-huit ans. on dirait qu’il est redevenu un adolescent, c’est désolant.

la jeune femme revient et la couleur sur les joues d’iris aussi. il aurait pas dû lui passer une chemise. surtout que celle-ci est plus transparente que ce qu’il ne pensait : surtout quand elle est humide. il voit très bien la démarcation du soutien-gorge que yura porte mais il ne s’attarde pas dessus. du moins, pas plus que ce qu’il ne vient de faire. il voit bien que yura aussi a remarqué que la chemise était transparente au niveau de sa poitrine et ça le gêne encore plus. “le temps que t’as rien, c’est le principal.” il tente un nouveau sourire. “ça arrive, t’en fais pas. moi qui voulait t’offrir un thé pour te remercier, c’est mal parti..” la chance ne leur sourit pas du tout.

iris ne compte plus le nombre de fois où il a rougit face à la jeune femme, ça devient insoutenable. il se racle un peu la gorge, essayant de faire passer la gêne, regardant yura  dans les yeux. “au moins tu restes toujours aussi jolie juste avec une chemise.” il reste proche de la jeune femme en lui disant ça, alors qu’un petit sourire en coin étire ses lèvres. pas le genre de sourire espiègle, juste un sourire sincère. il lui fait sans arrêt des compliments, iris. il se sait pas d’où ils sortent, mais ils lui viennent, comme ça. lui qui voulait faire passer la gêne. “enfin bref, tu es venue pour l’amulette. autant que je te la rende avant qu’une autre catastrophe n’arrive.”

que cette journée s’écourte avant qu’iris ne finisse par dire ou faire quelque chose qu’il regretterait. il s’éloigne de la jeune femme pour aller chercher l’amulette qui est restée sur sa table de chevet, et revient quelques secondes après, celle-ci en main, la donnant à la jeune femme. “voilà. en espérant que celle contre les fantômes marche mieux.”

après tout, ce n’est pas comme s’il avait trouvé l’amour durant cette semaine.

c’est peut-être le fait qu’elle soit plus petite. ou peut-être parce qu’elle est plus jeune ? il ne sait pas vraiment iris. mais il la trouve adorable. avec son menton relevé, son regard planté dans le sien, il ne peut s’empêcher de la prendre pour une peluche. elle paraît toute douce et ça le ferait presque sourire : il se retient, pour ne pas donner l’impression qu’il se moque de la jeune femme. bien au contraire.

“ça arrive d’être maladroite. la prochaine fois se passera mieux.” quelle prochaine fois ? il en sait rien, iris. il propose, il espère surtout. yura est beaucoup trop gentille et adorable pour qu’il la laisse filer, qu’il n’ait pas envie de la revoir. “de rien, je suppose ? je dis juste c’que je pense.” il le fait beaucoup, iris, avec elle. à dire ce qu’il pense. sans réfléchir. et il pense bien que c’est la première fois qu’il ne se sent pas ultra gêné. il a les joues encore légèrement rougie mais à part ça, il assume ce qu’il a dit. après tout, c’est la vérité.

c’est rare qu’elle regarde iris dans les yeux et celui-ci en profite. il lui rend l’amulette, il laisse ses doigts toucher ceux de yura et il en ressent un léger frisson. il aurait presque envie de lui attraper la main et de les entremêler : jamais il n’avait eu une pensée aussi clichée. il ne s’en rend pas réellement compte, mais il s’est légèrement approchée de la jeune femme. il est assez proche qu’il pourrait passer son bras autour de ses hanches. l’idée est là, elle reste dans sa tête, mais il n’agit pas. “j’espère aussi. je repasserais si ça ne marche pas.” toujours cette idée de la revoir en tête, il utilise des excuses.

comme si elle avait entendue ses pensées, c’est elle qui propose de se revoir. il est un peu surpris iris, il la regarde avec les sourcils relevés. puis il joue un peu avec sa montre. “d’accord. avec plaisir. va pour le..restau ?” ou n’importe quoi vraiment, le temps qu’il y a à manger, il n’est pas contre. surtout avec une aussi belle compagnie.

il aurait aimé lui dire qu’elle ne l’embête pas, loin de là même. la colère qu’il pouvait ressentir en début de journée est parti depuis bien longtemps maintenant. il a même oublié pourquoi il était autant frustré. mais il n’a pas vraiment le temps de dire quoi que ce soit avant qu’il ne sente les lèvres de la jeune femme contre les siennes. il pensait pas qu’elle allait lui faire la bise. alors il a tourné la tête vers elle. dire qu’il est resté con est bien faible comparé à ce qu’il a ressentis. parce qu’il a apprécié, iris. et il a à peine le temps d’y répondre - parce que oui, il avait envie d’y répondre -, de s’approcher encore plus de la jeune femme, que celle-ci recule.

ça fait l’effet d’un bon sceau d’eau glacé, et il se recule également. la main qui s’approchait de la hanche de la jeune femme se retire bien vite elle aussi. iris il a pris ses fantaisies pour des réalités. tout aussi gêné que la jeune femme, il ouvre sa porte d’entrée. “eum..ça arrive. accident. pas grave.” il est trop gêné pour faire des phrases complètes. c’est triste.