(outfits) ~ À la dernière minute on m’a occulté pour finalement faire tomber le verdict, adolescente je souffrais  de Cardiomyopathie Dilatée. Une maladie du cœur héréditaire dû aux parois du cœur qui s’étirent ou s’amincissent en raison d’une augmentation d’une ou de plusieurs cavités du cœur. On ne l’a jamais su. Je cachais bien souvent la mauvaise santé, aux yeux de ma famille, aucune personne de mon entourage ne le savait sauf une en particulier, cette dernière a été un amour avec moi. S’occupant de moi pour finalement me quitter et disparaître du jour au lendemain alors de l'attirance que je lui portais. Du fait, j’ai été à l’hôpital. Ne pouvant plus cacher, mon état qui se dégradait, on m’a rapidement greffé un viscère musculaire conique. Hélas, il ne m’était pas destiné et pourtant j’ai été maudit à la place de mon géniteur. En fait, doublement maudit. Depuis lors, je me souviens de tout sauf qu’il a toujours une contrepartie. Deux fois par jour, je dois prendre mes analgésiques morphiniques pour ne pas avoir une céphalée aiguë qui a l’intention de m’exploser le crâne. En soi, ne rien oublier n’est pas une fatalité. C’est pratique pour bien des choses dont apprendre une seule fois ce que tu veux réellement apprendre et tu n’oublies pas les notions. Toutefois, ça devient davantage une malchance quand tu te souviens d’une mauvaise relation, des tendres caresses sur ta peau ainsi que les mielleux baisers qui puissent t’offrir ou bien de te souvenir d’une erreur que tu voudrais tout simplement effacer de ta mémoire, mais c’est actuellement impossible. Comment cela fonctionne? Comme un cerveau bien normal. On te pose une simple question et tu dis clairement la réponse sans moindrement chercher car tu la connais comme si tu viens tout juste de l’apprendre. Tout est frais, tout est toujours frais dans ta tête.

Mon père, le directeur Ye des hôpitaux, a su prendre pleinement l’avantage de ma malédiction. Je suis, moi-même, un enfant de parents riches. Donc apprendre les bonnes manières et ainsi développer plusieurs talents sont quelque chose assez répandu dans la haute société. Il faut qu’on soit parfait. Qu’on se prétend meilleur que les autres. Qu’on soit supérieur aux autres. Oui, il m’a tout appris. Les manières allant vers la danse. Apprendre de nombreux instruments allant vers l’apprentissage des langues. Lisant d’innombrables de livres en passant haut les mains les examens du lycée et de la fac. Apprenant à cuisiner allant vers la peinture.  Je crois que j’ai touché tous les domaines possibles – que ce soit dans la logique ou bien l’art – qui existent dans ce vaste monde. J’en ai énormément bavé, mais d’une certaine manière ça me sera utile un jour, du moins je l’espère.

Cependant, je n’ai pas quitté cette habitude de lire des livres. Même aujourd’hui. Même si j’ai mon propre appartement à Seogwipo, quand j’ai du temps libre, je parcours les bibliothèques recherchant de nouvel ouvrage à lire et en me souvenir. Dieu sait que cela fait plus de dix ans maintenant que je me rappelle de tout donc plusieurs feuilles ont pu entrer en contact avec mes doigts dont plusieurs coupures de papiers aux mêmes moments. J’ai fait plusieurs bâtiments et boutiques de bouquins qui puissent me donner intérêt à revenir sans être blasée en me disant que j’ai lu la plupart. Il y a bien un. Une indépendante. Même si c’est à Seongsan, elle m’intrigue. Elle est mystérieuse. Pourquoi cet endroit en particulier? Pourquoi dans cette ville coincée dans le passé? Ce qui rend de plus en plus curieux. D’ailleurs, je l’ai trouvé par hasard alors que j’allais à un rendez-vous arrangé de la part de mon paternel. Je l’ai ignoré pour finalement entrer dans cet endroit pour parcourir les couvertures de livres. Lisant les titres, un par un, découvrant des trouvailles que je n’ai jamais mis la main dessus. Comme quoi que le hasard fait bien les choses, non?

Aujourd’hui, c’est mon jour de repos quoique je ne dise jamais non pour aller travailler avec les enfants dont je soigne. J’ai eu le temps de finir les trois énormes livres que j’ai emprunté concernant la médecine et du fait, il faut que je les rapporte non? En voiture, je viens tout juste d’arriver devant cette curieuse bibliothèque. Me détachant, ouvrant ma portière et ainsi en prenant avec délicatesse les ouvrages, je me dirige vers cette entrée. Déposant ma main sur cette pogné de porte, j’ouvre la porte. Entrant faisant sonner la petite cloche. Je me dirige vers la bibliothécaire en faisant attention de ne pas trop claquer mes talons, déposant également les livres près d’elle, pour ne pas la déranger plus longtemps. «Bonjour, voici ce que je vous emprunté. Je suis dans les délais?» demandais-je pour être certaine si je n’ai pas eu de retard car ça serait tellement mon genre de les laisser sur la table en me disant d’aller les porter sauf qu’avec mon horaire imprévisible c’est un peu compliqué. Je parcours des yeux cet endroit. C’est petit, mais ça me plait. Ça semble si rangée, mais à la fois non ce qui rend encore les choses mystérieuses. Un aura silencieux, énigmatique règne comme si la vie extérieur est incapable de pénétrer dans cet univers.

(outfits) ~ Cette sensation dès que tu touches une page d’un livre. Tu effleures du bout des doigts les lettres tapées à l’encre noire lorsque tu lis un mot. La texture du papier quand elle touche ta main. Ce bruit quand on tourne celle-ci  est si ancien que nos ancêtres ont pu abuser pleinement à leur époque. Quand on le hume, une senteur de renfermer vient nous titiller notre nez. Les jeunes d’aujourd’hui préfèrent la technologie qu’à un bouquin. Préférant lire sur internet ou aller lire en ligne. Certes, c’est plus économique comme cela, on doit fabriquer moins de feuilles et tout devient virtuel. La technologie a ses pours et ses contres, mais rien ne se compare quand on caresse la couverture d’un manuel. Cette soif d’apprendre son contenu est insatiable, dès qu’on ouvre dès qu’on dépose les yeux. On dévore chaque virgule. Chaque point. C’est si fascinant. Mon envie de connaissance est sans limite depuis ma malédiction. Malgré moi, je continue à acquérir et un jour, j’espère à avoir une fin. Tout se rappeler ce n’est pas une vie. Tout se rappeler comme si c’était frais ce n’est pas sain. Il faut oublier. Le cerveau doit oublier pour se défendre des traumatismes et des chocs sinon on se brise. Je pourrais me briser si une telle chose m’arriverait car jamais je ne l’oublierai même si je m’évanouisse, même si je suis en train de dormir droguée. Je sens tout, j’entends tout. Je dors, mais je ne dors pas en fin de compte comme si jamais je me déconnecte. Pourtant j’ai un sommeil réparateur. C’est un peu compliqué.

La technologie, de nos jours, a ses hauts et ses bas. Points forts, c’est qu’on n’a plus besoin d’enlever internet pour faire un appel. Tu as tout cela sur un portable désormais. Tu veux envoyer une lettre à quelqu’un? Aucun problème rendu là, tu l’écris sur ton compte email et tu l’envoi sans problème. Le point faible, c’est qu’on est devenu accroc. Peu importe dans quel domaine que nous sommes, nous sommes dépendants. La médecine fonctionne avec l’informatique. Les banques. Les exposés. L’économie. Le monde fonctionne par de l’intelligence artificielle. Peu à peu, on s’engouffre loin, très loin. Allant au-delà de la limite de la logique. Voulant créer des robots pour nous aider dans nos tâches domestiques. Tranquillement, c’est cette technologie qui va contrôler ce monde ce qui est déjà le cas. Les jeunes du futur ne connaîtrons pas c’est quoi une bibliothèque et même un livre car tout sera disponible à un toucher.

Enfin bref, j’ai regardé cette ravissante demoiselle qui a sûrement eu une nuit difficile. Ce qui ne m’empêche pas de sourire pour la rendre à l’aise malgré tout. Même si elle prend mes ouvrages et qu’elle soit embarrassée du fait qu’elle ait oublié d’allumer son ordinateur. Honnêtement, ça ne me dérange pas. Elle a la chance de pouvoir faire des erreurs sans mettre la vie des gens en danger. Je lui pardonne, mais ce que je ne pardonne pas c’est ce qu’on puisse jouer avec la vie des gens comme si c’était une partie de cartes. Tout comme cette adolescente qui a attendu sagement pour ce cœur et du fait, je lui ai volé malgré tout. Elle est morte aujourd’hui, mais grâce à elle je suis en vie et je la remercie même si les esprits m’ont maudit moi et non mon père. Ce que je trouve totalement illogique. Son sourire – non plutôt sa grimace étrange – m’a fait échapper un rire. La pauvre, qu’est-ce qui s’est passé dans sa nuit ou bien dans cette matinée pour être dans cet état? «Aucun soucis, je comprends totalement. On a des jours comme cela.» Je dépose mon regard vers ce qu’elle pointe. Mes lippes s’étirent de plus belle en voyant les nouveaux arrivants. Je me dirige vers ces derniers pour ainsi regarder lequel ou bien lesquels attirent ma curiosité. «Toutefois, je vous félicite. J’ai lu énormément de livres dans de nombreuses bibliothèques et je fais de plus en plus de trouvailles à la vôtre.» fis-je en prenant un livre sur le paranormal. Intéressant tout de même quand j’ouvre rapidement pour déceler quelques mots. Comment fait-elle pour aller chercher des perles comme ça?