(outfits) ~ Je devine, je perçois, c’est pour cela que je lis la plupart des gens comme dans un livre ouvert. Je spécule et je trouve un sens logique à sa réaction. Le bodylanguage aide certainement à mieux cerner n’importe qui même le plus stoïque des cas tout comme Siwon. Toutefois, il est facile à déchiffrer quand il est dans ses pensées. Plus tôt, il a eu un léger rictus et il s’est rapidement mis à la défensive quand j’ai commencé à parler de sa douce amie. Si ça n’avait pas été le cas, il aurait balayé le sujet du revers de la main et on aurait passé à autre chose. Sauf que ses réactions sont de plus en plus satisfaisantes. J’ai touché une corde sensible et il tente tant bien que mal de me le cacher. Son aura à la fois froid et confiant est sans égale habituellement, mais cette fraction seconde a beaucoup joué contre lui. Il n’a pas dégagé l’aura d’un homme imposant, non, mais un homme qui pense à une cocotte et qui en est peut-être tombé amoureux qui sait? En tout cas, ses pensées sont tournées vers elle plus souvent qu’il ne l’imagine. Si mon ami veut garder sa coquille, qu’il fasse davantage attention, sinon je vais le faire tomber pour de vrai pour qu’il puisse se montrer au grand jour.

Il sait de quoi que je parle du fait que je lui ai dit que c’était surprenant de sa part. Il sait pertinemment ce que je veux dire. La douceur de son visage, apporter une nana dans son loft alors qu’il ne faisait pas avant. J’imagine surtout un mec qui couche avec une demoiselle avant de déguerpir aussitôt pour passer à autre chose. J’imagine être un homme qui préfère les coups d’un soir, mais de là à amener une cocotte à son chez lui. Peut-être qu’il n’a rien fait? Peut-être qu’il a fait quelque chose? Néanmoins, l’hypothèse est bien présente. La possibilité qu’il soit parti brusquement peu avant elle, cela signifierait-il qu’il a passé une belle nuit auprès d’elle au point d’en être en retard? Et que la princesse soit partie peu de temps après en verrouillant la porte, il a peut-être une confiance aveugle envers elle après tout. Qu’est-ce qu’il mijote aussi avec elle? Touché, coulé. Touché en posant une question, coulé parce qu’il tente de tousser un poumon pour ne pas davantage s’étouffer. J’ai touché un point sensible et il a coulé en réagissant ainsi. C’est curieux, j’en ri justement en lui tapotant un peu le dos. Pas que je rie de son malheur bien au contraire, mais la situation m’amuse même si mon crâne tambourine encore. Remarquant qu’il renverse un peu de son café, remarquant comment il me tourne le dos en me demandant s’il doit répondre. Aucunement besoin, son trouble est une pure victoire en ce moment.

Je le vois se diriger vers la baie vitrée, en buvant mon café je me suis dirigée vers le canapé pour prendre mon sac. Fouillant à l’intérieur de ce dernier pour trouver mes antirejet. Prenant les cachets rapidement avant de me relever avec ma tasse à la main, continuant de siroter mon breuvage tout en regardant le dos de mon ami. À quoi pense-t-il? «Plaît-il?» Une phrase en suspend qui me laisse de plus en plus curieuse. Je m’approche doucement de lui avant d’être surprise par ses questions. Comment nous le savons? Comment ça devient de l’amour? Je reste un moment sans voix réfléchissant profondément lui cherchant une réponse adéquate pour lui. Iryon a été un étranger avant d’être un ami. On est devenu plus que des amis quand le besoin de l’autre était devenu pesant. Un besoin vital quand on ne voyait plus l’autre. On faisait tout ensemble, on riait ensemble. Il a été auprès de moi quand j’ai eu mon opération et lors d’une nuit étoilée. J’étais auprès de lui en regardant le ciel. Un murmure, une pensée qui a su sortir de ma bouche. Mon cœur battait si fort que j’avais l’impression que j’allais mourir et pourtant la déclaration s’était faite. Il a resté silencieux un moment avant qu’il puisse me répondre par un baiser. Un sourire en coin apparaisse sur mon visage alors que mes yeux étaient coincés vers l’horizon. Ce n’est plus qu’un souvenir. Des années se sont passées, il m’a quitté en m’écrivant une lettre. Je l’ai très mal pris depuis ce temps-là. Je reprends mes esprits avant de regarder Siwon. «Ah? Parce qu’il y a eu d’autres nuits?» fis-je en rigolant avant de prendre mon sérieux. « Est-ce que tu sens que tu as besoin d’être auprès d’elle? Est-ce que tu sens une colère sourde en toi quand d’autre homme la regarde outre que toi? Est-ce que tu as cette envie de toujours vouloir l’embrasser? Vouloir la câliner, la toucher? Son odeur, son toucher le son de sa voix te rendent dingue et tu veux une chose; son bonheur?» Des questions qu’il doit répondre une à une. Qu’il réfléchisse. «Est-ce que tu as l’impression aussi que ton cœur bat tellement fort qu’il a envie de sortir de ta cage thoracique quand elle est-là?» La question ultime, s’il répond tout positivement, il devrait se réaliser par lui-même, non?

Je finis mon café et je me dirige vers l’évier pour y déposer l’objet dans mes mains. Des questions que j’ai nombreuses fois posé. Des questions que j’ai répondues positivement quand j’ai aimé en étant adolescente Iryon. Maintenant ce n’est qu’un simple souvenir que je ne peux effacer de ma mémoire. À la fois un fardeau, mais aussi une bénédiction. Je me rappelle de tout, mais à la fois je voudrais oublier pour refermer correctement mon cœur. Laisser la place à quelqu’un d’autre si la chance se présente à nouveau. «Siwon. Si tu réponds à toutes les questions que je t’ai posé positivement, tu as ta réponse.» expliquais-je avant de prendre une pause et de continuer. «L’amour ça se ressent. Ça ne s’explique pas et ça ne s’apprend pas. C’est instinctif.» Comment expliquer ce que c’est l’amour? Comment? Comment on peut apprendre à aimer quelqu’un? L’amour frappe sans avertir. Surtout quand cette amitié devient une attirance et qu’il devient ce qu’on a du mal à capter. On a tous passé par-là, même moi, même n’importe qui dans ce vaste monde.

(#cf3c36)
Jisu est sa faiblesse. Sa kryptonite. Si ça s’ébruitait… ça pouvait être dangereux. Non pas qu’il ne veuille pas lui dire, mais parce qu’il sait que ça pourrait lui être réellement fatal, à lui, comme à elle.

Sun vient se poster prend de lui, alors qu’il regarde Seogwipo qui s’étend sous ses yeux, l’océan est un peu loin, donc malheureusement, ses yeux ne sont pas capable de percevoir sa présence. Son amie reste pensive un long moment.

Ce qu’il ressent. C’est une vaste question. L’embrasser, la toucher. Il repense à la nuit fatidique. Mais était-ce vraiment ça ? Est-ce que ça comptait vraiment ? Il a passé trois ans de sa vie à s’occuper d’elle, à s’assurer qu’elle aille bien, parce qu’on le lui a demandé. Parce que Kibum le lui a demandé. Est-ce que c’est de l’amour ? Pour lui, c’est essentiellement physique, pour le moment. Il la veut, physiquement. Il veut l’embrasser, la toucher, partager le même lit, juste pour dormir ou pour d’autres choses… Mais surtout, il ne veut pas la voir blessée, il ne veut plus voir le regard des hommes sur son corps dans le club, même si c’est lui qui lui a proposé de venir travailler avec lui au départ, il a changé d’avis, au bout de 3 ans. Les regards lubriques des mecs sur Jisu, il ne peut plus les supporter, comme si elle était leur chose, une proie à chasser. Siwon a toujours détesté ces attitudes de prédateurs, et il espère, au grand jamais, qu’il ne s’est jamais comporté comme tel.
Souvent, on dirait que quand il travaille au club, il ne fait rien, mais en fait, il observe, supervise, veille sur les danseuses. En embauchant ses jeunes filles, il leur a promis qu’il mettrait en oeuvre tous les moyens qui sont à sa disposition pour qu’il ne leur arrive rien. Certaines, bien que majeures, sont encore des étudiantes et malgré tout très jeune. Siwon n’a jamais essayé d’arnaquer une seule de ses danseuses, ou de les utiliser pour se faire du fric. Du fric il en a déjà, il ne sait pas quoi en faire, de ce fait, il n’a pas besoin d’en avoir plus, au détriment des danseuses.

— J’ai failli mourir pour elle. J’ai pris une balle à sa place. Je sais que je recommencerais s’il fallait.

Il marque une pause.

— Et… Il y a eu d’autres nuits. Y’en a eu des dizaines. Des vingtaines. On a jamais rien fait. On y avait jamais pensé, parce qu’elle était trop occupée à pleurer toutes les larmes de son corps pour son fiancé. Il est mort tu sais. Ils sont sortis ensemble pendant des années, éventuellement il l’a demandé en mariage et puis il était malade. C’était mon meilleur ami. J’ai toujours été là, dans un coin. Je veillais sur lui, et sur elle. Mais après il ne restait plus que nous.

Il soupire. Kibum lui manque quelques fois. C’était un petit con, c’est vrai. Mais c’était un chouette petit con.

— J’ai fais une promesse. Il m’a demandé de veiller sur elle. Je l’ai fait. Et je me disais que je n’avais pas le droit d’y toucher, même si j’en avais envie. Et finalement, je n’y ai jamais pensé. Mais le mec, au club, j’ai pas pu. Je ne voulais pas qu’il me l’arrache alors qu’elle est tout ce que j’ai. J’ai pas de famille à part elle. Ca devait juste être un repas. Et finalement, l’alcool aidant, je l’ai embrassée et ça a dérapé très vite. Et maintenant, sa voix me hante. Pourtant, je ne sais pas si mon amour pour elle est légitime, si j’ai le droit, si je suis vraiment sincère. Je ne veux pas la blesser. Et je sais que je l’aime, bien sûr que je l’aime mais je ne suis pas sûr que ça soit de cette manière là. Ceci dit, je ne veux pas qu’un autre mec la touche.

Il reste de nouveau silencieux un petit un moment, avant de subitement s’éloigner de la vitre pour aller faire la vaisselle, celle-ci se résumant à deux pauvres tasses.

— En fait je ne sais pas. Je suis perdu et ça m’agace.

(outfits) ~Est-ce que j’ai davantage perdu dans son questionnement ou il ne sait tout simplement pas y répondre? Ce sont des questions pourtant faciles à dire, mais elles sont dures à mettre une réponse. Si on pense avec notre tête et non selon nos sentiments, c’est normal que ça ne vienne pas immédiatement. Parfois, on pèse les pours et les contres pour déterminer si ça passe ou ça casse entre un couple. C’est normal d’avoir des interrogations par rapport aux sentiments que tu ressentes et surtout au mot «amour». On n’apprend pas dans les écoles. Puis dans les livres, ça semble si simple, si magique. Pareillement dans les dramas. Le coup de foudre avant de tomber rapidement dans les bras de la personne qui t’a fait fondre. Cette fois, on parle d’une relation de plus de dix ans. On parle d’une amitié qui a connu des hauts et des bas. Ils ont sûrement vu et vécu des choses ensembles. Ça semble naturel, ça semble banal d’agir comme ça entre eux et enfin de compte, on réalise rapidement quand l’autre n’est pas auprès de toi. C’est là que les relations entre un homme et une femme sont complexes. Ils peuvent avoir une chimie amicale, mais il reste toutefois des possibilités qu’un/une tombe sous le charme de l’autre. Dans ce cas-ci, j’ai bien l’impression que mon ami s’est épris de quelqu’un à son insu. On ne sait réellement ce que c’est la définition de l’amour. On ne sait pas ce que ça fait et quand ça tombe, on reste sans voix. Bien souvent, on veut changer, on veut tout faire pour l’autre. C’est le cœur qui décide, pas la tête.

Le silence pèse énormément. J’ai voulu partir vers le canapé pour prendre mes affaires, mais quand Siwon a commencé à parler, je me suis retournée vers lui. Je suis ébahie. Comment peut-on recevoir une balle à la place de quelqu’un? Comment a-t-il pu recevoir une balle de fusil dans les rues de Jeju? Le courage a été là. Il a sauvé la personne qui tient le plus pour lui et c’est à refaire si jamais l’occasion se représente. Après, il se pose des questions envers son attachement à elle? Une pause s’installe avant qu’il puisse reprendre ses explications. Je pourrais tomber littéralement de mon siège si j’en avais un et non. Je n’ai pas tombé, mais mes jambes ont failli se flancher. Alors, il y a eu plusieurs nuits qu’ils ont rien fait. Il l’a réconforté pendant des années dû à la mortalité. Un deuil s’est si difficile et encore plus quand il s’agit de quelqu’un d’aussi proche. Je ne l’ai pas connu encore cette étape dans la vie et je ne le souhaite pas honnêtement. Pauvre ami comment il peut se sentir en l’écoutant pleurer nuit et jour, en veillant sur elle pour rien ne lui arrive et qu’elle soit bien. Toutefois l’évolution s’impose ce qui m’a fait sourire à racontant l’histoire de sa vie. Cela à évoluer et je n’ai pas besoin d’être présente pour différencier l’avant et le après. Oui, la fraternité a commencé au début avant de fleurir à autre chose.
Avoir le droit, telle est la foutue question que tout le monde se poser. Est-ce que j’ai le droit de l’aimer? Tout le monde a amplement le droit d’aimer qui que se soit dans ce vaste monde. Ce n’est pas comme si tu demandais l’autorisation d’aller aux toilettes lors d’une réunion importante. Tu aimes quelqu’un c’est plus fort que soi. C’est normal qu’on ait peur de faire souffrir la personne, c’est normal qu’on ressente de la jalousie – qu’à ce sujet j’ai rigolé en secouant négativement la tête – c’est normal qu’on ressente des choses qu’on ne ressentait pas avant. Ça l’agace oui. Il est perdu oui. Il ne sait rien, ça oui. Pourtant la réponse est bien là et il ne sait pas quoi penser car il est terrorisé. A-t-il peur de se faire rejeté? « Jalousie et possessivité.» fis-je doucement pendant que mes lippes s’étirent davantage à cette phrase. Je me suis approchée du comptoir pour m’asseoir sur les tabourets non loin de lui. La voix de son amie le hante si j’ai bien compris. « Qu’est-ce que tu as ressenti quand tu as vu cet homme avec ton amie? Il a sûrement fait des choses avec elle.» demandais-je en m’accoudant sur le comptoir pour déposer ma tête contre ma main. «Mais! Qu’est ce que?!» J’ai l’impression qu’il va me dire un truc pareil, c’est prévisible. C’est toujours un choc quand on confronte à ses sentiments surtout de force.

« "mais le mec, au club, j’ai pas pu. je ne voulais pas qu’il me l’arrache alors qu’elle est tout ce que j’ai. j’ai pas de famille à part elle. Sa voix me hante." Qu’est-ce que tu comprends dans cette phrase? Pour moi, il y a une évidence. Je sais que ton meilleur ami t’a fait promettre son bien, mais toi… toi qu’est-ce que tu veux? Je ne veux pas le Siwon stoïque, mais bien celui qui se cache derrière sa carapace. Lui, est-ce qu’il veut être un ami ou être beaucoup plus pour elle?» J’ai perdu mon sourire. Je veux que mon ami sache que je suis sérieuse même si j’ai répété mot pour mot sa phrase qui semble révélatrice. Oui, il a promis à son meilleur ami de la protéger et de veiller sur elle, oui, maintenant les choses ont changé, il en quémande davantage qu’être un simple ami, oreiller, mouchoir, garde du corps, il veut plus, plus encore. Il faut tout simplement qu’il le réalise. Je ne peux rien faire. Même si je lui dis concrètement qu’il est amoureux d’elle, c’est lui qui doit avoir ce déclique.

(#cf3c36)
Quand Kibum est mort, Siwon a dû être fort pour deux. Vu de l’extérieur, on dirait que ça a été facile pour lui de faire son deuil. Absolument pas. Siwon a pleuré, aussi, versé quelques larmes pour son ami, tout en s’assurant que personne ne voit rien. Malgré tout, le mafieux ne reste pas moins humain. Un humain qui a certes souvent du mal à s’exprimer. Et Jisu, qu’est-ce qu’elle a pleuré, elle. Sun s’accoude au comptoir, déposant sa tête contre sa main. Il secoue la tête, désapprobateur.

— Bien sûr qu’il l’a touchée…

Il fronce les sourcils, visiblement très contrarié à cette idée. Une fois la vaisselle terminée, il s’affale sur le canapé à nouveau, tandis que son regard se balade une nouvelle fois dans son appartement, bien dépourvu de décoration, comme toujours. Puis il réalise qu’il vient de dire à Sun sans le moindre scrupule qu’il avait pris une balle. Il soupire tout à coup, très embêté. Pourvu qu’elle ne pose pas de questions. Il allait avoir de sérieux problèmes sinon.

— Qu’est-ce que je veux ? il répète dans un soupir. Je… Non. Enfin…

Un léger rire nerveux lui échappe, malgré lui. Ça le rend chèvre.

— Je sais pas…

La vérité, c’est qu’il arrive pas à le dire. Il n’a jamais aimé personne dans sa vie, pas de cette manière en tout cas. Il n’a jamais connu l’amour de cette façon. Il n’a jamais été « en couple ». Sa relation avec Jisu prend une tournure très brouillon, ils sautent des étapes, les prennent à l’envers. Ca ne ressemble pas du tout à ce qu’il se passe dans les drama, ni dans la réalité. S’ils avaient des parents, ça fait longtemps que les deux auraient été déshérités. Alors pour une fois, heureusement pour eux. Siwon est terrifié. Terrifié mais surtout amoureux. Mais ça il ne peut pas l’admettre. Et pourtant, il a la chance d’avoir la liberté de l’aimer comme il le souhaite ; pas de parents pour s’interposer, pas d’amis pour donner leurs avis. Rien de tout ça. A part Sun, mais elle est loin d’être là pour lui dire qui il doit aimer.

— J’ai tant changé que ça ?

(outfits) ~ Je le regarde attentivement. Son aura s’est rapidement refroidi quand j’ai posé la question concernant le mec. Qu’est-ce qu’il a ressenti exactement? Il a sûrement fait des choses avec son amie. C’est en apercevant les sourcils froncés de l’hôte que j’ai su que j’ai touché une corde sensible. La jalousie. Un sentiment qui nous ronge de l’intérieur quand tu vois quelque chose que tu aimes se faire posséder par une personne outre que soi. Comme dans ce cas-ci, Siwon l’a ressenti. Je ne sais pas comment que l’autre individu l’a touchée, mais dit de cette façon ça doit être quelque chose de grave pour qu’il soit contrarié. Je pourrais creuser davantage en décrivant si One voyait le mec toucher sa douce à sa place, mais je me dis que c’est de jeter de l’huile sur le feu. Puisque la vaisselle terminée, il s’est couché sur le canapé en observant son appartement. Est-ce que je prends la chance de le voir réagir plus brusquement ou devrais-je rester tranquille à ce sujet? Dans le fond, tout ce que je veux c’est décrire la vision d’un homme et d’une femme lors d’une relation intime. Les voir s’embrasser, se minoucher, il ne voudrait pas les voir s’aimer? Si non, pourquoi ne prend-il pas les devant en se déclarant? Je pourrais bien, mais non, je ne vais pousser ma chance trop loin de toute façon, je ne veux pas le blessé, ce n’est pas dans mes intentions premières.

Je m’assois sur le fauteuil près de lui. Me sentant davantage comme une psychologue et lui, couché sur le canapé, le patient qu’il se confesse de ses problèmes. En ce moment, le problème étant que le monsieur, ci-présent, ne reconnaît pas ses sentiments envers son amie. Toutefois, il se dit que ça reste une amitié, mais aucun mec ne puisse la toucher? Qu’est-ce la logique dans cette situation totalement absurde?! Je souris moqueusement de la vision que j’ai mentalement. Quel drôle de situation tout de même. Il va falloir qu’il se mette à l’évidence qu’il craque carrément sur elle. Au point, de vouloir sûrement avoir de la décoration ou qu’elle soit dans les alentours. Au point, de penser à elle en ayant un sourire aux lèvres. Je le vois bien se lancer sur son téléphone dès que ce dernier sonne pour savoir si elle a répondu, tel un homme amoureux cliché. Je soupire en secouant négativement la tête en écoutant sa réponse. Il bégaie, il ne sait pas. Il rit nerveusement. La confusion règne dans cette ambiance anormale. Comment se fait-il qu’il soit aussi borné, qu’il continue à se voiler le visage alors que l’évidence est bien là? honnêtement, je ne sais pas ce qui s’est réellement passé pour qu’il reçoit une balle à sa place, mais il a reçu un projectile à sa place, ce n’est pas rien! Qu’il la protège aussi et qui lui propose de lui rendre visite chez lui alors qu’il ne le fait pas pour les autres nanas. Qu’il puisse déraper lors d’un repas amical en commençant avec un baiser seulement pour aller sous la couette. Surtout que sa voix le hante, pourquoi les hommes sont si bête?

Oui, il a changé. Ce n’est pas le même individu mystérieux qui dit le stricte minimum. Son aura est autrefois plus froid contrairement à cet instant précis plus chaleureux, plus doux si je peux dire. Je ressens en Siwon une chaleur, une flamme qui brûle de mille-feux et qui n’attend seulement LA personne pour l’alimenter davantage et cette personne, je sais pertinemment que c’était sa douce. Une promesse lui freine ses envies et je le comprends parce que le défunt fiancé de la demoiselle lui a demandé de la protéger. C’est normal qu’il hésite, mais on ne peut faire teindre les sentiments dans ton coeur surtout quand ces derniers ne cessent de grandir. Il faut qu’il mette à l’évidence. Que la vérité éclate. «Oui, et tu n’as pas remarqué?» dis-je en soupirant avant de me recroqueviller sur le fauteuil pour que je sois confortable. Je dépose ma tête sur le dossier en contemplant le plafond avant de finalement déposer mes yeux à sa direction. «Siwon, tu es dingue d’elle. Pourquoi tu ne lui demandes pas de sortir avec toi? Qu’est-ce qui te bloque? Oui tu as la promesse de votre ami, mais tu peux toujour la protéger en étant auprès d’elle, non?» Une promesse qu’il peut maintenir tout en étant en couple avec elle. D’ailleurs, de cette façon, il va davantage la protégée. Toutefois, la question que je me pose: la protéger pour quelle raison en particulier? Est-ce que l’histoire est plus sombre que j’ose le croire?

(#cf3c36)
Son aînée ne tarde pas à venir s’asseoir à côté de lui, sur le fauteuil. Siwon laisse sa tête tomber dans le vide, glissant sa tête vers le bord du canapé, pour pouvoir l’observer. Elle se moque de lui.

Il a changé, affirmait-elle. Et non, il n’a pas remarqué. Le changement peut se faire de manière si subtile. Mais c’est vrai que sa relation avec Jisu était plus apaisée maintenant que Luka n’est plus dans le paysage. Il se mettait en colère tellement facilement. Maintenant qu’il a disparu, c’est une autre histoire. C’est comme s’il lui était apparue comme une menace. Et ce n’était certainement pas faux, s’il admettait qu’il aimait Jisu plus qu’une simple amie.

— C’est compliqué, Sun.

Siwon ne veut pas rentrer dans les détails. Il lui jette un regard entendu, l’air de dire « peu importe combien de fois tu me demanderas, je ne dirais rien ». Il ne peut pas le dire. Il n’a pas le droit. Ce n’est pas quelque chose qu’il peut crier sur tous les toits. « Je travaille pour la mafia de Jeju, et en plus, je n’en suis pas seulement un membre lambda, je fais partie des têtes pensantes de cette organisation criminelle ». Clairement, Siwon ne peut pas dire ça. D’abord, on ne le croirait certainement pas, et puis ensuite si il arrivait qu’on le croit, il serait sûrement dans une sacrée merde. C’est un secret qui peut coûter très cher et c’est aussi pour ça qu’il ne peut pas s’engager avec Jisu tête baissée. Il aurait été beaucoup plus simple pour lui de tomber amoureux d’une femme proche de la mafia, travaillant pour elle, même. Mais non, visiblement il avait craqué pour Shin Jisu, son amie d’enfance. Et malheureusement pour lui, Sun est très intelligente, il suffit qu’il laisse à peine entendre quoi que ce soit pour qu’elle fasse le lien entre tout un tas de paroles, actions ou autre qui, au premier abord, semble n’avoir aucun rapport les uns avec les autres, et qui pourtant, avec la mémoire d’éléphant du médecin et son intelligence mélangés, prenait de suite beaucoup plus de sens.

Le jeune homme finit par imiter son amie, déposant son menton sur le dossier du canapé et regarder dehors, se redressant d’une position bien inconfortable. Il soupire. Lui aussi, des fois, il aimerait que tout soit plus simple.

— Merci de t’inquiéter pour moi, mais n’en parlons plus, s’il te plait ?

Il marque une pause avant d’ajouter :

— J’ai besoin de temps.

L’amour. Siwon sait très bien en donner, mais il ne sait pas ce que c’est de recevoir, réellement. Personne ne l’a jamais vraiment aimer. Ou alors, il n’a pas laisser ces personnes l’aimer. C’est encore quelque chose d’assez nouveau pour lui. Il a besoin que Sun l’épargne à ce sujet. C’est véritablement difficile à gérer pour lui, cette incertitude, cette peur d’être rejetée, finalement. Son contexte familial n’y est certainement pas pour rien. A l’extérieur, il a l’air dur, et froid, pourtant, au fond, c’est quelqu’un qui éprouve une certaine sensibilité, et qui peut être effrayé, lui aussi. Rare étaient ceux à pouvoir l’entrevoir de cette manière.

(outfits) ~ C’est compliqué. Un mot dénué de sens dans ce cas-ci, personnellement c’est ce que je pense. Je ne connais pas le fin mot de l’histoire. Je ne connais ni le début à vrai dire. Je connais des brides ici et là, sans détail et sans réellement approfondir. Je peux totalement dire ce que je pense et me tromper radicalement. Si je ne sais pas ce qui se passe, je ne peux pas bien conseiller. Comme étant médecin, si un patient ne me dit pas spécifiquement où qu’il a mal ou bien explique vaguement ses maux ; je ne pourrais pas le soigner convenablement. Pareillement, en ce moment. Compliquer. Un mot qu’une personne dit pour finalement faire taire le sujet. C’est justement ce que ses yeux tentent de me dire. Je souris légèrement victorieuse de la situation. Dès qu’on me dit quelque chose qui est intéressant, je ne peux plus m’arrêter au point d’acculer les gens au mur. J’attaque sans arrêt jusqu’à temps qu’on me dit de cesser. Je suis comme ça. Curieuse de nature, mais dès que vous me le dites une fois un petit détail, je n’oublie rien. Je me souviens de tout, je me rappelle de tout.

Mes yeux se glissent vers le plafond avant doucement refermer mes paupières. N’en parlons plus. Merci de t’inquiéter pour moi. Ces mots me font sourire et pourtant je n’ai rien fait à part piquer là où que ça fait mal. Il a besoin de temps, m’a-t-il dit. S’il attend trop, il va perdre cette chance. Si la dernière fois, il a failli le perdre à cause d’un mec qui s’est immiscé entre elle et Siwon, c’est peut-être un signe. Un signe qu’il se décide d’avouer ou bien de discuter avec elle calmement. « La communication est la clef. » fis-je doucement. Ma crise s’est dorénavant passée malgré qu’un petit mal de tête reste néanmoins présent me fatiguant de plus belle. C’est tout à fait normal. Ça ne part pas complètement surtout à ce stade que j’étais à deux doigts de perdre connaissance. C’est à lui que je dois remercier de son intervention et non le contraire. Je ne suis pas une bonne psychologue pour à ce point s’acharner. Malheureusement, je n’avais pas tort parmi toutes mes hypothèses que je lui avais révélé. D’ailleurs, il ne me contredisait pas. J’aurais pu avoir faux sur toute la ligne et bien non. Il s’avérait que mes raisonnements étaient justes. Ça me fait plaisir, mais à la fois non. Je me frotte légèrement le front avant de renifler subtilement dû à cet agacement à mon front avant de me redresser et de bien m’asseoir. M’accoudant sur le fauteuil pour ainsi déposer ma joue. Parler entre ceux qu’on n’apprécie c’est la clef. Pour ma part, mon père et mon frère ne sont que des détails que je ne tiens pas concrètement parler surtout pas avec ce dernier. Disons qu’on ne s’apprécie pas plus que cela et mes amis... Je parle de tout et de rien, je suis une pipelette après tout.

« Il va falloir que tu essaies d’être moins stoïque, de sourire un peu plus. Tu es mignon quand tu souris. » Je rigole un peu plus avant de continuer : « Dommage que je ne sois pas entièrement en état pour contempler les étoiles avec toi. Ou tu devrais faire avec ton amie... Ok, j’arrête ! » Une taquinerie. Je n’ai pas peur de lui en faire malgré son aura froid et autoritaire. Je n’ai pas peur de ce qu’il peut me faire car je l’ai vu à son état le plus vulnérable. Un être doux qui ne manque plus des bras féminins pour l’enlacer et lui donner tout l’amour qu’il a de besoin. Un homme bien que ça ne fonctionnera jamais entre nous. Pas le fait que nous sommes différents ou quoique ce soit d’autre. Disons que la volonté, l’alchimie n’est pas là. Nous nous ne ressentons pas la moindre attirance envers l’autre alors que j’aime les hommes et lui les femmes. Seulement une probabilité nulle quand on pense à aller plus loin. Nous restons au stade d’amis sans plus ni moins. Je prends mon sac à main ainsi que les cachets et mon portable qui va avec. Je me lève de son fauteuil extrêmement confortable pour me diriger vers la sortie. « Merci de ton hospitalité, du café et de m’avoir sauvé la vie, Siwon. Je vais aller dans les bras de Morphée, tente de faire de même pour tes cernes. » fis-je en faisant un aurevoir de la main en faisant danser mes doigts. Oui, un aurevoir, je suis bien curieuse de savoir la suite de cette histoire melodramatique.  

[size=11](#cf3c36)
Siwon ne veut pas de conseil sur sa relation avec Jisu. Il sait déjà où ça va le mener, mais il a besoin de ne pas être brusqué. Mais il ne peut pas le formuler ainsi à Sun, qui n’essaie que de l’aider. Une aide bien malvenue pour le jeune homme, qui ne se sent que violenté au milieu de ses sentiments. Du temps. Le mafieux n’est pas prêt, et oui, peut-être qu’il risque de rater le bon moment. Mais c’est un risque qu’il est prêt à prendre pour faire en sorte que les choses marchent. Il ne peut pas s’engager sans dire la vérité à Jisu. Mais il ne peut pas lui dire la vérité sans la préparer à l’accepter. Mais il ne veut pas envoyer balader Sun pour autant, elle ne le mérite pas, même si Siwon n’apprécie pas qu’elle s’immisce autant dans sa vie privée. Elle n’a pas peur de lui, c’est une chose. Mais personne n’entre dans sa vie comme elle le fait.



— Désolé, se surprend-il à murmurer.

Pourtant, elle semble satisfaite de la situation. Siwon ne voit pas qu’elle satisfaction il y a à tirer de tout cela. Le jeune homme se retrouve d’autant plus contrarié d’être acculé ainsi et qu’elle s’en amuse autant.

Au fond, il doit peut-être remercier Luka. C’est grâce à lui qu’il a ouvert les yeux, qu’il a pris conscience qu’il y avait peut-être plus que de l’amitié entre lui et son amie de longue date. Ceci dit, s’il le revient, le remercier n’est certainement pas la première chose qu’il va faire. Après tout, il semblerait qu’il ait fait du mal à Jisu.

La jeune femme se redresse et Siwon l’imite. Il faut qu’il essaye d’être moins stoïque. Il hausse un sourcil : c’est bien plus facile à dire qu’à faire. Il ne choisit pas tellement la manière dont il s’exprime. Puis le sujet retombe sur Jisu. Cette fois, le mafieux ne peut pas s’en empêcher d’attraper le premier coussin à sa portée pour le lancer dans la tête de son amie, qui rebondit doucement contre son visage. Non, il ne l’a pas lancé avec toute sa force ; elle aurait peut-être eu une raison supplémentaire d’avoir mal à la tête s’il l’avait fait. Quand le coussin retombe, il se sent soulagé. Une mèche des cheveux de la jeune femme rebique et il ne peut retenir un pouffement, qu’il cache derrière le dos de sa main.

Elle finit par se lever, ramassant son sac et ses cachets. Un instant, il se demande si le coussin ne l’a pas vexée, mais cela ne semble pas être le cas. Sun l’invite à essayer de se reposer. Il acquiesce doucement, avant de se lever pour la suivre, dans l’idée de faire ainsi jusqu’à la porte de son appartement. Elle agite ses doigts dans l’air.

— De rien, dit-il simplement.