This is a Mad World

« So you've gone drinking again.
- And? Got a problem with that? »
Une belle famille, trois personnes, un père américain, une mère coréenne, leur fils, combinaison des deux caractères. Une famille ayant un certain problème d'affection peut-être, mais une famille malgré tout. L'enfant était heureux, c'était sûrement le plus important. La santé de ses parents n'était pas le plus important. Lors de ses premières années, tout fut assez calme, les deux parents s'entendant plus bien. Mais un jour, il commença à tomber dans l'alcool. Pourquoi ? Il venait d'apprendre que sa femme allaient sûrement être hospitalisé. Sortant d'un accident de transport, celle-ci semblait bien touchée au crâne, apportant des problèmes de mémoire assez grand. Elle ne se souvenait de plus rien, que ce soit son mari, ou son fils.
L'entendre chaque jour répéter « Qui êtes-vous ? » en le regardant droit dans les yeux. Au courant malgré tout de sa maladie, chaque jour, elle acceptait de réapprendre l'existence de son mari et de son fils. Pour le jeune enfant, c'était normal chaque jour de rappeler à sa mère qui il était et de faire en sorte qu'elle passait la meilleure des journées même si elle l'oublierait le lendemain. Il était habitué à cette situation, même si sa mère ne le reconnaissant pas lui faisait mal parfois. Mais il vivait avec ceci.

En grandissant, l'homme de la famille cacha sa tristesse dans l'alcool, son manque d'amour avec les femmes de la nuit et d'un soir. C'était une chose que Se Jun savait, il ne préférait rien dire. La mémoire de sa mère revenait petit à petit, il pensait tout simplement que son père arrêterait quand sa mémoire lui sera revenue. Naïf qu'il était.
Il avait grandi le petit mixte, il avait fini la plupart de ses études maintenant, il venait seulement pendant les vacances chez ses parents pour les fêtes, et partait ensuite dans son appartement. Sa mère avait eu assez d'aide pour retrouver une bonne partie de sa mémoire, dont son fils et son mari, ainsi que de pouvoir retenir ce qu'il se passait depuis ce jour. Tout semblait aller bien, bien que son père n'avait pas arrêté l'alcool. Jusqu'à la nouvelle année en tout cas. Tel le jeune adulte de 21 ans qu'il était, Se Jun était enfermé dans sa chambre en cette soirée, il était assez tard, mais il était tout simplement couché sur son lit, regardant son portable. Puis ça a commencé à nouveau. Ses parents avaient pris la mauvaise habitude de se crier dessus plusieurs fois par semaine. Chaque jour, c'était plus fort que la veille, des bruits de fracas les accompagner certaines fois. Mais jamais trop pour qu'il ne veuille intervenir. Il passait après son père la plupart du temps pour aller voir sa mère, la rassurer, lui dire que tout irait bien, qu'elle avait le droit de partir. Mais elle restait toujours. Il ne savait pas pourquoi. Ce jour-là, les cris portaient beaucoup plus que les autres.

« If you could shut up once in your goddamn life maybe I'll try to love you again.
- Maybe if you stopped cheating on me with whores, I wouldn't shout that much!
- You're the reason everything is like this! You're the reason why this family is ruined!
- Why? Because an idiot couldn't drive? »

Toute la soirée, remplie de leurs cris, de leurs plaintes, sans queue ni tête pour certains. Les yeux fermés, Se Jun était devenu habitué à tout ça, que ce soit bon ou non. Une assiette brisée au sol, ou peut-être contre le mur. Des bruits de défense ou d'attaque, il ne serait pas dire. Tout ira bien, se disait-il. Comme il faisait toujours, il ira rassurer sa mère après. Des cris, encore. Et encore. Et encore. Un énième coup, puis plus rien. Silence. Ce ne se finissait jamais aussi rapidement. Se Jun le savait. Il se leva donc lentement, sans faire trop de bruit, pour voir son père partir dans le jardin de la maison. Toujours le plus silencieusement possible, le mixte partit voir sa mère dans la cuisine, seulement pour voir sa mère au sol, une flaque de sang autour de son crâne. Paniqué, Se Jun tenta de réveiller sa mère, de lui faire ouvrir les yeux, mais elle n'avait déjà plus de pouls, son cœur s'était arrêté. Elle venait de mourir. Le sang de sa mère sur sa main, Se Jun savait ce qui l'attendait. Il en avait sûrement trop vu pour son père. Alors il partit le plus vite possible chercher ce que sa mère appelait "sa façon de se faire entendre", cacher dans un tiroir dans la maison. Armé, chargé, il retourna proche du corps de sa mère pour y voir son père, un sac-poubelle en main, tentant d'y mettre le corps de sa défunte femme.

« Se Jun, tu n'étais pas censé voir ça. » Dit-il en l'entendant derrière lui. « Tu n'étais pas censé mettre tes empreintes dessus non plus. » Tout se passa beaucoup trop vite pour lui, il eut du mal à comprendre pourquoi tous ses gestes lui paraissaient si simples, comme destinés, mais après quelques minutes. Le bruit de la détente, et il ne restait plus que lui. Il laissa tomber l'arme du crime au sol, suivi de ses genoux. Il ne lui restait plus personne. Il était seul. Est-ce que c'était cette soudaine solitude qui le rendait fou ? Est-ce cette solitude qui rendait le corps de sa mère si attirant pour lui ? Est-ce cette solitude qui lui donnait envie de la serrer contre lui et de ne plus jamais la lâcher ? C'était mal, il le savait. Mais rien que le corps de sa défunte mère contre lui le rassurait. Mais ce sentiment ne pouvait durer longtemps alors que les voisins avaient prévenu la police, et le jeune adulte, un sourire aux lèvres, tenant le corps sans vie de sa mère dans ses bras fut celui accusé pour ces meurtres.

Peut-être était-ce de la défense ? Bien sûr que la police s'était posé cette question. Mais les actions du jeune homme devenaient de plus en plus étrange au fil du temps. L'interrogation se passait correctement les premières heures, puis il eut comme un breakdown, se débattant, demander tout simplement un touché d'une personne, et rien de sexuel pourtant. Il ne refusait pas de parler, mais les heures d'attente seul dans la salle d'interrogation le rendaient fou. Au point où il avait trouvé le moyen de casser la poignée de la salle pour partir le plus vite possible. Il ne se débattait pas pourtant quand on le ramenait à la salle, une main de le dos. Mais il criait qu'il avait besoin de quelqu'un, que quelqu'un le touche, même si c'était des coups.

Dans l'incapacité de l'interroger normalement, les policiers conclurent que la perte de ses parents l'avait rendu fou. En regardant sur les circonstances du crime et les preuves, ils vinrent à la conclusion que son père avait tué sa mère, et que Se Jun lui, c'était seulement défendu contre son père, contraint de le neutraliser. Malgré tout, vu son état, il ne put être mis en prison, il fut placé dans un asile psychiatrique, afin de travailler sur son traumatisme et le guérir de tout ça. Rien ne fut simple. Beaucoup de ses gestes furent vus comme des attouchements, même si son visage, sa voix disaient le contraire. Travailler sur sa dépendance fut personnel, sachant que le personnel de l'asile n'arrivait à comprendre ce qu'il avait, il dût s'y habituer, gérer ce manque lui-même, et le surpasser autant qu'il pouvait. Au final, il arrivait à tenir deux jours sans avoir à crier qu'il avait besoin de quelqu'un, d'un touché même court, il arrivait à se contenir. Et après quelques années dans cet enfer, on lui autorisa de reprendre une vie normale avec la surveillance médicale.

Lui qui avait vu un futur grand pour lui-même, il avait tant travaillé dessus, cette fichue maladie avait ruiné sa vie. Il ne pouvait faire que ce qu'il pouvait pour vivre. On lui donna un appartement pitoyable, il dut se trouver seul son travail de surveillant au complexe scolaire, et il était pourtant difficile d'assurer qu'il n'allait pas faire le moindre attouchement aux enfants avec son état, mais on lui donna une chance. C'était loin du métier qu'il voulait, mais il arrivait à se débrouiller, avec des gestes qui n'étaient pas déplacés, il arrivait à se contrôler. Il arrivait à voir une lueur d'espoir dans ce monde.

Locked in Hell

Mais alors qu'il commençait à revoir le monde sous sa plus belle lumière, un jour, on vint le chercher chez lui, sans raison, sans avertissement, neutralisé d'un coup sur la tête. Quand il se réveilla, son cauchemar avait recommencé à nouveau. Enfermé dans un bâtiment qu'il ne connaissait pas, sans la moindre issue visible. « Tais-toi t'auras rien. » alors qu'il demande seulement une personne à ses côtés, même un corps lui suffirait. Juste un peu de contact physique... Rien de plus.