MONSTERS MUCH BIGGER THAN I CAN CONTROL Auckland, terre natale, mer natale. L’eau est ton élément, c’est rassurant, c’est silencieux quand tu as besoin de calme, quand tu as besoin de te retrouver seul face à toi-même. Un savant mélange de deux pays, à la fois si différents et si ressemblants. Enfant, tu es timide, tu n’oses pas parler à vrai dire, ou très peu. T’es l’enfant du milieu de la famille, entre deux soeurs aussi, seul garçon de la fratrie. Pourtant tu n’y restes pas bien longtemps, seulement jusqu’à tes 7 ans. Au revoir Nouvelle-Zélande. Ta vie va alors être ce qui te semblerait être un enchaînement de circonstances et de merdes, il faut dire ce qui est.
I CAN FEEL YOU FADE AWAY (9) Des années à être malade continuellement. Au début, ça avait l’air de rien, mais éventuellement, ça n’a fait qu’empirer avec le temps. Un coeur malade. Un coeur mourant. Un coeur qui ne peut pas, qui ne peut plus. Rien de plus à cette misérable vie. Tu peines à réaliser que tu es à l’article de la mort, mais tu finis bien par pleurer, par comprendre qu’éventuellement, la mort va venir te chercher. C’est dur. Parce que ton esprit quitte peu à peu ce corps et tes soeurs sont jalouses. Elles n’existent plus aux yeux de leurs parents. C’est difficile pour des enfants de ne plus exister aux yeux de leurs parents. C’est difficile d’accepter qu’un frère va disparaître. Et finalement, la réaction est normale. Toi, tu ne sais pas comment te positionner, tu subis, tant bien que mal.
C’est trop dur.
Tu t’effondres. C’est plus facile. C’est plus facile d’abandonner que de vivre. De toute façon, comment lutter contre un coeur qui fonctionne de plus en plus mal ? Ça hurle partout autour de toi. T’es plus vraiment là, mais tu es conscient de ce qu’il se passe dans le monde réel alors que tu t’enfonces toujours plus dans les limbes, alors que les machines crient toujours plus fort autour de toi.
Ta vie c’est ça. Trois cachets deux fois par jour. Des médicaments pour que ton corps ne s’attaque pas à ce nouveau coeur, qu’il ne l’abîme pas. Un coeur que tu as obtenu en échange de la vie d’une autre personne. Au fond ça t’a toujours dérangé, bien que la personne soit normalement volontaire pour cela. Autant qu’une personne morte peut l’être.
Ta vie c’est ça. Un nouveau coeur.
Et tu pleures. Et tu ris. En même temps.
Une nouvelle chance.
Vivre à cent à l’heure.
Adieu timidité. I SOLD MY SOUL TO A THREE-PIECE 3 ans de vie mis de côté. 12 ans, et tu quittes Suwon pour t’installer à Jeju. Un mode de vie bien plus adapté pour un rescapé comme toi. T’aimes tes soeurs, mais en être entouré, c’est pesant. Quand t’arrives à Jeju, c’est la renaissance ; tu fais plus ou moins connaissance avec tes cousins, que tu n’avais jamais vraiment vu, ou pas assez jusqu’à présent. Tu te lies très vite avec Seong-Su, il devient rapidement comme ton grand-frère et il est très difficile de vous séparer. Vous êtes toujours ensemble, à faire les 400 coups, autant que vous le pouvez. Tu grandis physiquement, mais dans ta tête, ce n’est pas ça ; la vie est un jeu, si tu pouvais passer ta vie à rire, tu le ferrais.
On t’avait dit de ne pas y aller, que c’était un lieu sacré. On t’a prévenu maintes fois, et pourtant, 17 ans, tu ne peux pas t’en empêcher, gentiment éméché, tu as envie de voir ce qu’un tel endroit pouvait cacher. C’est plutôt joli à dire vrai. Mais tu as provoqué le courroux de l’esprit tutélaire de ces lieux. D’autant plus quand sans le faire exprès, tu as cassé un artefact. Même si tu t’es excusé, ça na pas suffit ; tu n’avais pas à être là dès le départ.
Innocent, ne pensant qu’à jouer, tu t’es fait maudire avant même d’avoir pu t’en rendre compte. Au début, t’es resté un long moment quasiment aveugle, à ne rien pouvoir faire. T’es resté des mois enfermé dans ta chambre, conservant une luminosité assez faible dans ta chambre. Pour prendre l’air, tes parents te couvraient les yeux, de peur que tu ne te crames la rétine.
Quel enfant à problème. Toujours malade, toujours à avoir des problèmes improbables. Un coeur malade et maintenant, ça ?
Tes parents voulaient partir à Auckland pour voir l’autre partie de ta famille, pendant deux semaines mais tu n’as jamais pu partir. Ou si, tu es parti, mais arrivé à Séoul, tu étais trop malade. Tu n’avais jamais eu aussi mal de toute ta vie, même pour le coeur, ça n’avait jamais été aussi douloureux. Je veux retourner à Jeju que tu pleurais. Tes parents n’ont pas supporté ce cinéma, jusqu’à que tu t’évanouisses, littéralement. Retour en urgence à Jeju, quelques heures après avoir quitté l'île. La catastrophe a été évitée de justesse. Heureusement, ta grand-mère sait un paquet de choses, elle sait pour les malédictions et elle sait quel triste sort t’attend. Il n’y a qu’une seule chose que tu retiens.
Tu es prisonnier de Jeju. Toi qui rêvait de liberté et de voyage, te voilà tes rêves arrachés, une certaine jeunesse que jamais tu ne retrouveras.
Pour tes parents, une
fatalité.
Tu n’as pas été gâté par la vie, disaient-ils. Mais tu l’as bien cherché, n’est-ce pas ?
SHE’S SWEET BUT A PSYCHO (22) Un jour, t’es tombé drôlement amoureux. Il te semble que tu n’as jamais aimé quelqu’un comme ça. Tu files le parfait amour, et pourtant il y a un mais. Evidemment. Elle a changé, petit à petit.
Cette fille a essayé de te décrocher de chacune de tes fréquentations, de t’isoler. T’as vite senti qu’il y avait anguille sous roche, ou plutôt baleineau sous gravillon. Cependant, plus t’essayait de t’éloigner, plus elle s’accrochait à toi. Votre relation était passionnelle, pendant un moment, tu t’es abandonné à elle, sans pour autant renoncer à voir ta famille, tes amis.
La petite amie voulait plus ; un appartement, une bague au doigt. Ca va trop vite pour toi. Tu n’as pas envie de te précipiter. L’amour se construit lentement dans ton coeur et il semble qu’il peine à fleurir. Eventuellement, elle te demande de quitter l’île avec elle. Evidemment, tu ne peux pas ; tu es maudit, quitter Jeju t’est impossible, même si tu le voulais. Et dieu sait que tu le voulais. Tu rêves de retourner dans ton pays.
Il semblait qu’elle ne parvenait pas à avoir ton coeur. C’est ce qu’elle voulait. Littéralement.
Ton coeur. Elle t’a pris pour quelqu’un que tu n’étais pas. C’est devenu tout à coup très malsain. T’as eu peur et t’as rompu. Ça ne s’est pas arrêté là, malheureusement. Elle te suivait, et elle voulait continuer cette relation qui finirait par vous détruire inéluctablement, tous les deux. Elle essaie de te faire du mal.
« C’est mon coeur » qu’elle te hurlait dessus. Tu n’as pas arrêté de te demander comment elle avait su. Comment avait-elle pu se procurer son nom, le receveur du coeur de son ami d’enfance ? Des années plus tard, elle t’avait trouvé, t’avait séduit dans le seul but de s’approprier ta personne. Tu t’es senti objectifié. Tu t’es senti terriblement mal, alors que le harcèlement suivait son cours. Ca te détruisait de savoir que tu avais aimé un monstre pareil, qui avait réussi à te manipuler à sa guise pour que tu lui tombes dans les bras. Tu t’es détesté. Ca t’a mis en colère, une colère noire, triste, mauvaise, et en même temps elle t’empoisonnait. Elle t’a empoisonné autant qu’elle a pu, te parlant comme si ce coeur ne t’appartenait pas, comme si tu lui devais, à elle, quoi que ce soit. Elle a même commencé à menacer ta famille. Du moins, elle t’a promit qu’elle s’en prendrait à eux. Tu as essayé de tenir tête, mais parfois tu as du déclarer forfait dans la bataille pour espérer pouvoir gagner la guerre, comme on dit.
Elle ne te lâche plus, elle te suit, jour et nuit. Elle te rend dingue. Si tu ne connaissais pas l’importance d’une vie, tu l’aurais peut-être déjà tuée. T’as failli le faire à vrai dire.
T’étais chez toi. Tu te rappelles de tes mains autour de son cou. Tu n’es plus maître de toi-même, hors de toi, désespéré, effrayé, t’essaye de reprendre le dessus. Tu cries, tu pleures, tu trembles.
Tu ne vois que la nuisance.
Meurs, que tu lui hurles dessus. Tu la secoues, parce que t’es littéralement en train de péter un câble. Ça fait des mois qu’elle te harcèle, et que tu laisses faire sans rien dire. Elle rit. Es-tu si peu crédible que ça ? Tes mains se serrent davantage autour de son cou, comme si tu avais oublié que tu avais un être humain entre tes mains. Elle suffoque. Elle commence à pleurer, parce qu’elle comprend que tu n’as pas l’intention de la lâcher. Tu commences à lui balancer tout un tas de trucs horribles, que tu ne regrettes qu’à moitié, à vrai dire. Notamment par rapport à son meilleur ami, première raison par rapport à laquelle elle a décidé de sortir avec toi. Elle pleure.
C’est ton frère qui t’as arrêté. Il a arraché tes mains de son cou, la laissant s’écrouler sur le sol. Tu as maudit ton propre frère, tu l’as un peu frappé aussi, en te débattant. Tu t’es défoulé sur lui, en somme. Pourtant, au final, tu l’as remercié. Grâce à lui tu n’es pas devenu un assassin, mais nulle doute que les traces resteront un moment sur le coup de la jeune femme.
Désolé. Je t’ai fais du mal alors que tu ne le méritais pas.
Depuis, elle semble te laisser tranquille. Celle-ci n’a pas porté plainte pour l’agression, pour les bleus que tu lui as laissé. Après tout, tu pourrais aussi porter plainte contre elle. Finalement, il y avait cet accord tacite entre vous deux, qu’elle semblait vouloir respecter en échange de sa vie. Celle-ci a même quitté l’île semblerait-il, car tu ne l’as plus jamais revue.
Depuis ce jour, tu as peur de te laisser aller dans les bras d’autres partenaires. Se remettre de cette rupture a été plus difficile qu’il n’y parait. Pourtant, il voudrait pouvoir l’oublier facilement, malgré tout, il a quand même passé deux ans de sa vie avec elle, cette dernière connaissant toute sa famille.
Tu t’efforces de vivre normalement depuis, même si ça t’a touché dans ton âme, tu essayes d’être le garçon souriant que tout le monde connaît.