Trois pti chats chats chats

TenueLe cœur battant à tout rompre dans sa cage thoracique, Kim resta un instant immobile, une main moite enserrant son sweat noir contre son torse et les lèvres hermétiquement scellées, marchandes au silence. Il n'était pas habitué à de telles sensations fortes. A une telle adrénaline. C'était bien la première fois qu'il agissait ainsi, contre le respect des lois. Il s'était une fois faufilé dans le bureau de sa mère, et connaissant bien le phénomène, il la savait prudente, au point qu'il avait dû mener un nombre incalculable de précautions pour ne pas se faire prendre. Il devrait déjà connaître cette sensation, cette peur de se faire prendre la main dans le sac. Et pourtant, la situation actuelle était loin d'être comparable. Elle était d'un level bien plus haut : il était dans les archives des flics putain.

L'arrière de sa tête rencontra doucement ce qu'il devinait être un mur, et le jeune homme se permit d'expirer, le plus silencieusement possible alors que son cœur continuait son concerto dramatesque. Un sourire énigmatique étira ses lèvres. Ha Ru était loin d'être un type naturellement méchant, mais il avait toujours appris à se démerder, à escalader n'importe quel mur qui oserait le défier. Il avait demandé l'accès au dossier. On le lui avait refusé sans vraies explications. Il allait se servir de lui-même. Et ce sentiment, cette tension paralysant et mouvant dans le même temps chacun de ses muscles était tout bonnement addictif. Redoutablement addictif.

Plusieurs minutes défilèrent sans qu'il ne s'en rende compte, bien trop occupé à mettre de l'ordre dans ce tourbillon d'adrénaline et d'oxygène, avant qu'il ne sorte sa lampe torche, prenne une énième bouffée d'air et pénètre plus profondément dans le sous-sol aux mille-et-une merveilles d'informations. Les sens toujours en alerte, Kim se dirigea vers la série de dossier datant de 1995. Celle des affaires classées précisément. Il cherchait des réponses, un nom, une cause, une date précise, n'importe quoi, n'importe quoi pour le rassurer. Pourquoi sa famille avait-elle menti? Tué? En quel honneur?

Le faisceau lumineux était déjà passé sur une bonne dizaine de dossiers mais le doux nom de son père ne daignait illustrer l'encre noir stricte souillant la blancheur du papier. Des dents mordillèrent une lèvre, nerveusement, alors que des doigts effleuraient déjà de nouveaux classeurs. Pourquoi ne lui avait-on rien dit? En quoi cela aurait-il changé la donne de savoir que son père avait été tué? Un accident de voiture à cause d'un taré au taux d'alcoolémie affolant était bien vite arrivé. Un pot de fleur qui s'écrase sur son crâne à cause d'un imbécile heureux du haut de ses 4 étages d'immeuble. Un mauvais évènement en somme. Un accident à cause d'une tierce personne bien sûr, mais rien de prémédité.

Nouvelle morsure. Cœur qui bat beaucoup trop vite. Souffle erratique. Ne se souciant plus un instant d'effacer les traces de son passage, Ha Ru délaissa les liasses de papiers abandonnées au sol pour se concentrer encore et toujours sur d'autres dossiers. D'autres noms. D'autres dates. Une panique sourde et profonde le prit par les tripes et sa bouche se fit pâteuse, horriblement pâteuse, à la recherche du moindre oxygène, mais alors que son cerveau commençait déjà à saturer par la pression, les lumières s'allumèrent d'un grésillement commun.

Prit de cours et le souffle coupé, le jeune homme n'eut besoin de tendre l'oreille pour entendre des pas menaçant résonner entre les parois du sous-sol, accompagnés d'un bruit sourd qu'il ne saurait déterminer. Mais bien trop affolé pour se risquer au jeu des devinettes, Ha Ru se déplaça le plus rapidement et silencieusement possible sur le côté d'une rangée d'étagères. Cliché. Certes. Mais à ce moment, ses pensées n'avaient rien de mieux à lui offrir.

Les pas s'arrêtèrent un moment, puis reprirent leur mélodie. Kim déglutit, espérant que ce nouvel arrivant partirait bien assez vite.

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@Yu Se Han @Han Woo Sik

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Il lui arrivait d’avoir de belles journées quand il n’était pas sur le terrain, sachant qu’il y avait bien peu droit en comparaison d’un flic ordinaire. Mais aujourd’hui, on l’avait cantonné aux archives pour des allers et venues qui n’en terminaient plus. Il avait maximisé ses chances de ne pas y retourner en prenant de l’avance et épluchant les dossiers à classer, mais ça n’empêchait pas qu’il doive y retourner à son plus grand désarroi. Cela dit, ça lui permettait de ne pas être cloué sur sa chaise comme il le détestait tant. L’ex militaire s’étira, allant donc chercher le dossier en faisant trainer sa canne dans les couloirs, sous les regards de certains collègues qu’il fusillait généralement du regard jusqu’à ne plus pouvoir tourner la tête. Il n’aimait pas qu’on le juge par rapport à ça et son petit surnom de docteur house avait beau être amusant et mérité, il n’hésitait pas à mettre des bons coups de canne sur les pieds de ses collègues. Mais passons. Il n’ira pas siffloter en passant l’ascenseur, attendant le frein et la porte coulissante qui s’ouvre pour récupérer la clé et l’enfoncer dans la serrure. Quelque chose n’allait pas… c’était ouvert. Il y avait du bruit, mais personne ? Impossible. Une fois les lumières allumées, il observe la pièce, les yeux plissés et la mâchoire serrée en mordillant ses lèvres.

Inutile de dire que la luminosité permettait au policier de voir qu’une ombre se projetait d’un coin d’une étagère, faisant secouer la tête de l’ancien militaire d’exaspération. Il s’approche prudemment, râle en essayant de ne pas faire de bruit ce qui implique de ne pas utiliser sa canne et s’approche d’un côté du suspect pour envoyer sa canne en première ligne. C’est bel et bien sur une jambe qu’il tombe et qu’il croise les bras. Rares sont les fous qui viennent s’aventurer sans permission dans ces allées et plus encore s’ils ne sont pas de la maison. Sehan n’était pas vraiment d’humeur et claque sa langue contre son palais. « Tu es qui, tu fais quoi ici ... » Woo Sik, lieutenant et accessoirement supérieur de Sehan n’allait surement pas tarder à le rejoindre s’il mettait trop de temps. Parfois il avait l’impression d’être assisté et ça lui donnait envie de grogner sur son patron, mais il ne pouvait pas lui en vouloir pour son caractère plus que bienveillant. Quoi qu’il en soit, il avait à faire à un étranger et ça le rendait déjà fou. Il saurait le maîtriser ? Il le ferait au péril de sa vie… en aurait-il besoin cependant ?... « Pas de geste brusque où ça va mal aller, crois-moi… »

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@Kim Haru @Han Woo Sik

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Woo Sik, policier comme tout autres avaient des tâches à respecter et même si ces tâches avaient un certain ennui profond, il fallait bien le faire. Au grand damne de son coéquipier, Se Han, lui était déjà attelé à classer des fichiers déjà existants ou bien non classés. Et ça prenait du temps. Sehan faisait déjà des allers retours, et parfois Woo Ski était obligé d’aller le chercher afin que les choses bougent un peu. Il n’aimait toujours pas faire cette tâche, cependant cette fois, il trouva étrange que Sehan ne soit pas déjà remonté.

Il descendit l’étage et s’engouffra dans le couloir jusqu’à arriver à la porte des archives…ouverte. Il trouvait ça louche. Sehan ne laisserait jamais la porte ouverte. Il entre prudemment, cherchant Sehan. Il remarque au préalable les feuilles délaissées à terre et les suit jusqu’à tomber sur Sehan…et un individu qu’il n’avait jamais vu auparavant. Il comprend bien vite la situation et son regard pourtant si jovial et apaisant s’était transformé en regard perçant et glacial. Il ne s’exprime cependant pas et lâche un soupire qui voulait tout dire: ça allait barder. Il passe devant Sehan avant de prendre le bras de l’intrus afin de le redresser sur ses deux pieds.

« On va discuter ailleurs. »

Il ne se permet pas de prendre les menottes, mais il se méfie toujours, prêt à utiliser la force et de neutraliser ainsi toute tentative d’évasion qui pourrait se terminer en course poursuite dans la rue et autant dire que ce jeune homme n’avait aucune chance avec Woo Sik.

« Sehan, emmène-le dans la salle ». Ordonne-t-il calmement en essayant de sonder le personnage, mais avec difficulté.

Woo Sik regarde donc les deux hommes sortir et il ramasse grossièrement les dossiers à terre, essayant de voir ce que ce garçon pouvait bien chercher parmi ces feuilles secrètes.

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@Kim Haru @Yu Se Han

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Le cœur de Ha Ru quitta momentanément sa cage thoracique lorsqu'une cane entra bien trop rapidement dans son champ de vision, la surprise accompagnée d'un cri bien trop aiguë pour être catégorisé de masculin étouffé dans sa gorge. Pris dans le sac et n'ayant pas l'optique d'aggraver son cas, l'ancien directeur leva les mains en évidence et lâcha d'une traite :

- Kim Ha Ru, 25 ans, un gentil gars dont la partie de cache-cache a quelque peu pris une ampleur catastrophique, promis j'me laisse faire et j'ferai pas de gestes brusques alors me touchez pas s'il vous plait.

Ha Ru allait se redresser gentiment, sans aucun gestes brusques comme promis, mais ce fut sans compter sur un deuxième individu qui entra dans la partie et décida de le redresser de lui-même, le fusillant du regard au passage. Vivement, d'un geste sec, le nippo-coréen retira son bras alors que des sueurs froides menaçaient déjà son échine. Mentalement, il remercia le cuir qui avait séparé cette main intrusive et son épiderme bien trop sensible au toucher.

- Ne me touchez pas, s'il.vous.plait.merci, fit-il, appuyant sur chacun de ses mots alors qu'il le dévisageait à son tour. Et je n'essayerai pas de m'échapper.

Durant son adolescence, le jeune homme avait certes pu s'exercer à plusieurs types de sports de combat, il admettait sans honte son infériorité face au policier qui avait certainement dû passer plusieurs tests dans ce domaine afin de décrocher un poste dans ce métier. S'enfuir serait donc complètement idiot.

Ha Ru déglutit lorsque le mot "salle" quitta les lèvres du flic. Attendez, hein? Quelle salle? La grande salle au niveau de leur bureau ou bien une autre salle avait-il en tête? Il n'osa poser de questions mais paniqua légèrement intérieurement. Il n'était pas un dangereux criminel à ce qu'il sache. Il n'avait volé ou tué personne aux dernières nouvelles.

Jetant une dernière fois un regard aux liasses de papiers balancés ultérieurement à terre, son cœur se serra. Aucun dossier étant passé sous ses doigts ne parlait de son défunt père. Aucune trace. S'était-il trompé d'endroit, de rangée, ou bien la panique l'avait-elle rendu aveugle un instant? C'est avec tristesse qu'il se résolut sans chiner à suivre le premier gars. Il aurait voulu stopper le temps, rester encore des jours et des jours dans ces archives.

- Si je mets mes mains devant moi, ça vous convient?

Enfin, que cela leur convienne ou pas, il n'avait aucune intention de les laisser le toucher à nouveau, quitte à faire le gentil mouton.

Et avec cette douleur amère d'abandonner une source d'information précieuse le liant à son paternel, Ha Ru passa la porte, accompagné du dénommé Sehan.

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@Han Woo Sik @Yu Se Han

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Cette façon de parler était à la fois très particulière et relevait presque de l’inconscience. Qui était ce type et pourquoi est-ce qu’il déclinait sans rechigner son identité ? il se foutait de lui où est-ce qu’il était débile ? Ne pas le toucher… ça il voulait bien croire que ça l’avait surpris, il observe l’inconnu et plisse les yeux, le Lieutenant étant arrivé peu de temps après offre un regard tout aussi sévère que le sien et lui somme de mener leur suspect à la salle. Bien que l’ancien militaire soit d’humeur massacrante, cette petite altercation lui offre un temps de répit, divertissement bien plus attrayant que ce qu’il faisait depuis ce matin-là. Il claque malgré tout sa langue contre son palais, observant l’homme se comporter comme un adolescent et se demandant bien s’il n’avait pas affaire à un attardé… mais ça… c’était encore à vérifier, il n’avait pas envie d’être pris pour un idiot non plus. « 25 ans hein… » et bien on ne dirait pas.

Le policier acquiesce simplement et surveille son suspect pour le trainer dans l’une des salles vides réservée aux interrogatoires. Rien de transcendant, c’est petit, impersonnel et muni d’une simple table. Il n’y avait pas besoin de passer de menottes, évidemment, mais il en avait envie ne serait-ce que pour faire taire le dénommé Kim Ha Ru. Il se permet d’ouvrir la porte, d’attendre d’un regard insistant que le coupable entre et de refermer derrière eux. Sa canne traine toujours, mais il s’assoit malgré tout en face. « Bien… pourquoi vous étiez dans les archives du commissariat et comment vous y êtes entrés ? » il n’avait pas su tenir sa langue plus, impatient d’obtenir des réponses après toute une journée de trie et de marche dans les couloirs sans parvenir à calmer ses nerfs. L’occasion était presque trop parfaite pour qu’il ne la saisisse pas.

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@Kim Haru @Yu Se Han

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Woo Sik ferme la salle à double tour cette fois après avoir ramassé les dossiers négligemment jetés à terre, histoire de sous-tirer des informations à l’intrus. Il est sur le chemin de la salle d’interrogatoire, et rejoint Sehan dans la pièce austère. Tout était fait pour faire craquer les interrogés, si coupables ils étaient bien entendu. Sèchement, il fait claquer les dossiers sur la table en métal, prenant une chaise pour s’asseoir à côté de Sehan.

« Kim Ha Ru hein… » dit-il en observant le jeune homme devant lui. Enfin, ils avaient le même âge, mais quand même il faisait plus gringalet que lui ou Sehan. Ne jamais juger un bouquin par sa couverture disait-on.

Pendant que Sehan essayait de le faire parler, Woo Sik fait mine de feuilleter les dossiers que Ha Ru avait parcouru, son regard s’arrêtant de nouveau sur le coupable. D’habitude, Woo Sik est quelqu’un de souriant, attentionné et très aimé de tous, mais cette fois, il n’avait pas envie de l’être.

D’un geste de la main, il fait signe à Sehan de se taire. C’était lui qui allait prendre la parole. C’était sa responsabilité, et son devoir de tirer les choses au clair. Il entendait déjà de loin les reproches de ses supérieurs, et rien que d’y penser, un soupire lui échappe. La journée allait être plus longue encore.

« J’ignore comment tu es rentré dans les archives, mais c’est une faute très grave. Tous les dossiers que tu as lu, et par la même occasion laissés en plan, sont tous reliés à des meurtres. Je veux des explications. Claires. Précises. Et ensuite je déciderai de quoi faire de toi. »

Voilà qui annonçait la couleur. Il vérifie qu’aucun papier ne manque, mais ils étaient tous mélangés, et ça lui donnait des envies de meurtres. Des heures de classements pour rien, réduites en brouillon par un intrus qui se croyait dans un film d’espionnage ? Non merci. Il croise les bras sur la table, ne décollant pas son regard de se fameux Kim Ha Ru. Il n’avait qu’un seul projet pour lui: lui faire comprendre son amertume d’avoir voulu jouer avec le feu.

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@Kim Haru @Yu Se Han

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Ha Ru déglutit silencieusement alors que le dénommé Se Han l'incitait à passer la porte, un air loin d'être patient plaqué au visage. Sans se faire prier, il s'assit, les deux autres venant le rejoindre face à lui. Son regard se perdit un moment sur la pièce dans laquelle ils étaient enfermés. Petite était le plus gros détail qui le frappa. Beaucoup trop petite. Avec une simple table lui permettant de mettre assez d'espace entre lui et les deux flics. Il était déjà venu une fois au poste de police par le passé, mais jamais ici. Et hilarant ou pas, l'ancien directeur ne put réprimer quelques scènes de films où se déroulaient des interrogatoires plutôt corsés et violents de s'imprimer dans son cerveau. C'était bête, et il savait qu'ils ne lèveraient la main sur lui pour une simple effraction, mais ce fut la première réaction que lui accorda son cerveau. Une crainte sourde et stupide.

Il resta un moment silencieux après la première question de l'infirme alors que ses yeux se posaient automatiquement sur le tas de dossier qui avaient claqué face à lui. Rien que le fait d'y repenser, de repenser à cet échec qu'il venait d'essuyer, qu'il venait de voir là une chance inouïe d'apprendre des informations sur la mort de son père s'estomper fatalement lui suffit à faire remonter cette boule de tristesse et de peine dans la gorge. Il lâcha finalement, son regard sans expression planté  dans celui de son interlocuteur :

- Les caméras de surveillances ne sont pas là pour faire joli inspecteur. Vous interrogez souvent les gens sans aucune information supplémentaire au préalable? Et que vous connaissiez mes raisons ne changera rien à ce qu'il s'est passé. J'ai fait "une faute très grave", fit-il en se tournant cette fois-ci vers l'autre policier, le fait d'avoir un motif justifié changera-t-il la donne?

Non. Il avait commis un crime, même s'il ne le considérait pas vraiment comme grave, et ça ne servait plus à rien qu'il le nie. Ses dents vinrent mordiller le bas de sa lèvre alors qu'il repensait aux conditions de sa mère concernant sa nouvelle liberté : ne fait rien qui viendrait entacher notre nom de famille. Même s'il ne portait pas le même que sa mère, que rien ne risquait de leur mettre la puce à l'oreille, et qu'il savait par avance que l'entreprise n'en subirait les conséquences, il savait qu'il allait devoir faire appel à ce nom de famille aux sonorités japonaises pour en être sûr. Comme cette fois où son dossier avait été complètement rayé de l'histoire de l'île lorsqu'il avait conduit en état d'ivresse alors qu'il n'avait que 18 ans. Il n'avait pas été si bourré que l'agent avait voulu lui faire croire, plutôt pompét' vous voyez? Enfin, là n'était pas la question, puisque toutes traces de cet événement avaient disparu. Envolé. Quoi? Comment ça la police était un lieu où la justice régnait en maître? Rappelez-vous, que l'argent est le plus puissant des pouvoirs sur cette planète. Et la corruption, même chez les flics, elle existait grandement. Rien qu'à voir toutes ces affaires de prostitutions mêlant artistes et politiciens millionnaires.

Il n'avait jamais aimé ce genre de procédé, mais le futur de ses frères et de sa sœur étaient bien plus important que l'estime qu'il avait pour lui. Et puis, il s'était fait une raison sur toute la corruption existant en ce bas monde. Par contre, jamais il ne l'utilisait de vive voix. Jamais il ne s'était présenté comme étant "le fils de Madame". Non. Ce nom était bien trop connu et reconnu. Non. Lui, il n'était que Kim. Kim Ha Ru. Nom coréen hérité de son défunt père. Et c'était amplement suffisant. Alors il s'était résolu à passer tout le reste de cet interrogatoire en tant que Kim. Il verrait avec sa mère pour qu'elle efface tout plus tard.

Il fut apparemment absent un petit moment, alors que le deuxième policier le ramenait à lui en prenant la suite en main.

- Si je suis sincère avec vous, vous allez faire quoi? Me relâcher et me souhaiter une bonne journée? A moins que vous souhaitiez aider un "criminel" à trouver ce qu'il cherche? J'ai demandé il y a quelques jours à avoir accès à un certain dossier, seulement, on m'en a refusé l'accès. Sans me donner aucunes réelles explications. A croire que c'était juste la flemme du moment. J'ai donc décidé d'y aller, par moi-même, répondit-il finalement, sincèrement. Quelques secondes passèrent avant qu'il n'ait la force d'ajouter, sa voix tremblante trahissant la tristesse avec laquelle les derniers mots traversaient ses lèvres, ses doigts triturant nerveusement le bas de ses manches : Enfin, j'ai rien trouvé, alors mon motif n'est plus vraiment valable. J'en ai plus, tout simplement.

Et ses yeux se reposèrent inlassablement sur ces feuilles qu'il avait mis en désordre avec tout l'espoir grandissant dans sa poitrine.

- Si vous avez peur que j'ébruite les informations qui sont écrites, que je les dévoile à je ne sais qui serait vraiment intéressé par ça, j'peux pas être plus sincère qu'en vous disant de pas vous inquiéter, j'en avais que faire. Enfin, j'me souviens qu'il y en a un qui a violé sa gamine avant de la tuer. Une autre a poignardé son ex par jalousie. Et tant d'autres dont je ne me souviens pas. J'crois il y avait même un dénommé Park, ou encore Kim, comme moi. 'Fin, vous voyez, pas grand choses en somme. Je ne risque pas de dévoiler des choses que j'ai lues et peu retenues vu qu'elles ne m'intéressaient guère.

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@Han Woo Sik @Yu Se Han

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Sans un mot, le détenu s’assoit et les observes tous les deux avant d’expliquer dans un stress non contenu qu’ils faisaient mal leur boulot. Un constat qui fit siller l’officier d’un sourcil arqué. Ses bras étaient déjà croisés et l’exaspération se traduit malgré tout par une inspiration plus prononcée. Savoir se tenir, c’était leur quotidien, ne pas donner plus de raisons qu’il n’en fallait déjà aux criminels pour les traiter d’incompétents. Sehan n’était plus un bleu et cet affront aurait valu très cher pour un militaire… sans la moindre explication supplémentaire, une sorte de torture disciplinaire aurait été appliqué impunément elle aussi. Mais plutôt que de se réjouir mentalement de voir le jeune homme de son âge courir sous une pluie torrentielle et glaciale en plein hiver avec les phares d’une voiture militaire dans le dos… il se contente de reprendre. « On vient de vous surprendre, c’est en cours, les aveux sont tout aussi importants et comprendre la situation vous éviterait d’être mis dans le même sac qu’un serial killer par exemple, mais si vous pensez ne pas en avoir besoin, affaire classée, délit qui vaudra 19 millions de wons et un deux ans d’emprisonnement. Alors ? »

Ça n’était pas du bluff et cette peine pouvait même être allongée selon la gravité de la situation. Beaucoup de dossiers avaient été épluchés, ce qui n’arrangeait pas le cas du coupable dont l’attitude désinvolte insupportait déjà Sehan comme un moustique venu virevolté autour de lui. Gênant, sans doute moins menaçant qu’un psychopathe, cependant : ne jamais se fier aux apparences. Le lieutenant pose à son tour les questions, la réponse ne se fit pas attendre à la fois désespérée et colérique. Il y avait de la rancœur et quelque part c’était compréhensible, mais ça ne justifiait pas ce qu’il disait, non. Il aurait levé les yeux pour insulter ce type sorti de nulle part à la recherche d’un dossier précis donc et qui voulait se faire justice lui-même. Combien de fois il avait entendu ça ? Combien de fois ça avait empiré les choses ? Il se retient une fois de plus, le fixe et reprend la parole après avoir attendu que son supérieur termine. « Et ça ne vous a jamais traversé l’esprit qu’il y a parfois plus urgent qu’un dossier ? La vie d’une ou de plusieurs personnes par exemple ? » Parfois il fallait insister, revenir plusieurs fois, sans non plus harceler le poste de police, cependant, tomber au bon moment était extrêmement rare et traiter un dossier classer était bien moins prioritaire que certains cas d’agressions graves ou minoritaires qui dans tous les cas devaient être traités avant…

La suite fut encore plus déstabilisante et les sourcils se froncent d’autant plus que les pupilles se rétractent à ce plaidoyer qui ne faisait qu’enfoncer l’avorton. Mais pour qui se prenait-il ? « C’est bien, vous êtes tellement concentré sur votre personne que vous ne respectez même pas la mémoire de ceux que vous venez d’énoncer, sans compter que vous avouez avoir lu des dossiers et dévoilez des informations, mais ne prétendez ne pas les avoir retenus ? Mais dites-moi que je rêve ? » c’est qui ce guignol ? Il avait terriblement envie de lui enfoncer son poing dans la figure, observant Woo Sik en secouant doucement la tête, les paumes vers le ciel, l’air de lui demander confirmation : Sur quel genre de taré on est tombé au juste ?!

Il ne dit plus rien. Il n’avait apporté que de petits éléments de par ses interventions, laissant le soin à son supérieur de faire preuve, peut-être de plus de sang-froid quand bien même le sien l’était déjà assez à son goût. Aucune violence, mais une incroyable envie de mettre une tape derrière la tête de leur type. Ce n’était pas un criminel, certes, mais il restait suffisamment intelligent pour comprendre qu’il creusait de plus en plus profondément sa propre tombe.

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@Kim Haru @Yu Se Han

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S’il y avait bien une chose que Woo Sik ne supportait pas, c’était bien le manque de respect. Que ça soit envers n’importe qui, ou lui, ou même les lois fixées dans ce pays dont il était chargé de défendre et aussi d’arrêter ceux qui les enfreignaient. Il ressent de la colère, et cela provient de Sehan. Déjà que sa colère à lui était à peine palpable mais bien présente, le lieutenant sert légèrement le poing, son regard se durcissant un peu plus. Il a la gorge qui se serre tellement il a envie de répliquer d’une manière dont il se souviendrait, mais il finit par rire. Oui, Woo Sik rigole dans un moment pareil, et pourtant il n’y en avait pas de quoi. Qu’avaient-ils encore ramassé comme énergumène ? En tout cas, il ne pouvait pas le supporter. Il n’accorde pas un regard à Sehan, trop consterné pour pouvoir approuver ce qu’il venait d’être dit.

« J’appelle ça du foutage de gueule. Si tu en as rien a branler de ce que tu as lu, alors tu n’aurais même pas pris la peine de nous énoncer tout ce que tu viens de dire. Eh bien, sacré début, bravo. Je sens que je vais m’a-mu-ser. » décrète-t-il avec ironie.

Il se cale contre sa chaise et observe Haru d’un oeil noir. Il ne supportait pas son comportement et même si sa raison, et Dieu sait ce que c’était, cela ne justifiait en aucun cas son acte. Et il comptait bien le faire savoir.

« Moi aussi je peux t’en citer des noms, tu vas voir ça va te faire tout drôle. Mme. Lee Ok Ja est venue hier pour consulter des archives pour son mari disparu en Mars 2001, on le lui a refusé. M. Kim Il Kook est aussi venu pour le dossier de son frère assassiné le 17 Novembre 1987, on le lui a refusé. Mlle. Kim Dasom est venue il y a une semaine pour sa soeur qui est décédée dans un accident à cause d’un taré en Septembre 2005, on lui a refusé. Bordel, t’as cru quoi ? Que t’étais James Bond ? Que parce qu’on t’a refusé le droit de consulter les archives tu pouvais outrepasser la loi ? Si ça c’est pas du foutage de gueule, alors je sais pas c’est quoi, mais des mecs dans ton genre qui se croient avoir la science infuse…Je peux pas les voir ni en peinture, ni en face des trous. Alors je vais te dire un truc qui va rester dans ton crâne: Si l’accès a été refusé, c’est parce que de un, nous n’allons certainement pas laisser des étrangers pénétrer dans un local confidentiel, et de deux, soit le dossier en question a été déplacé depuis longtemps ou alors c’est qu’il a été renvoyé au tribunal. Dans tous les cas, nous n’avons pas à justifier le refus. Monsieur je sais tout aurait pu se renseigner avant de prévoir le casse du siècle. »

Passablement énervé, Woo Sik se lève et articule à l’intention de Sehan. « Place le en détention. »
Il rassemble les dossiers qu’il allait montrer à son supérieur quand il se rappelait d’une chose. « Oh j’ai eu la flemme de le dire vu qu’apparemment on est tous des flemmards ici: mais t’as le droit qu’à un seul appel, alors si j’étais toi, je le choisirai attentivement. »  

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@Kim Haru @Yu Se Han

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Si les deux années de prison pouvaient l'effrayer, l'amende, elle, était totalement dérisoire à ses yeux. Ce qu'il portait au poignet en avait déjà deux fois plus de valeur que la somme indiquée, voir trois. D'ailleurs, y'avait-il une raison logique à payer une somme pareille pour avoir ouvert une porte non autorisée? Bien que la peur fut un élément notoire dans son organisme à l'instant T, après tout, il n'avait aucune envie de perdre deux années de sa vie derrière les barreaux, un ensemble d'émotions lui prit les tripes. La douleur, la rancune, la tristesse, mais aussi l'exaspération, la colère alors qu'il écoutait Se Han lui sortir l'infatigable leçon du "y'a plus urgent/important". Qu'on ne le fasse pas rire. Ses deux là n'allaient lui faire croire qu'ils passaient toutes leurs journées à sauver des vies. Ils avaient aussi la leur forcément, leur envie de pause aussi, assis peut-être à leur bureau ou profitant d'une patrouille pour laisser leur esprit divaguer hors de ces dossiers si "urgent". Il n'était pas dupe. Lui-même assis il y a encore peu à un poste important de l'entreprise, il lui était arrivé de délaisser momentanément quelques dossiers pour s'accorder un peu de répit. Un peu comme lorsque ses demi-frères et sa demi-sœur déboulaient dans son bureau pendant les vacances scolaires. Et pourtant, ces dossiers étaient important. Après tout, il avait un nombre important de personnes dont leur salaire dépendait en partie de ses réussites. Toutes ces personnes qui tentaient de faire croire aux grands héros au cœur pur et à la justice inébranlable avaient très vite cessé de faire briller les yeux de Kim de milles étoiles au fur et à mesure qu'il grandissait au manoir. Seulement, il garda ce genre de pensées verrouillées derrière ses lèvres, puisqu'apparemment être sincère ne faisait qu'approfondir son cas. En tout cas, ce qu'ils lui sortaient relevé du foutage de gueule pur et simple.

Foutage de gueule. C'est ainsi que l'autre gars des forces de l'ordre dont il ne connaissait l'identité commença son récit, l'exaspérant un peu plus. Ca avait au moins le don de l'éloigner de cette douleur sourde qui avait menacé de le rendre fébrile quelques minutes plus tôt. Il ne prit d'ailleurs la peine de répondre à sa première remarque. Génial. Maintenant mentir aux flics devrait s'avérer plus prometteur que de leur dire la vérité. A noter tiens.

Seulement, à l'entente de tous ces noms quelconques, l'ancien directeur ne put retenir un rictus d'étirer ses lèvres, dévoilant quelques dents blanches au passage.

- Alors vous demandez aux proches des victimes de se la fermer et d'accepter le refus sans même savoir si le dossier a été déplacé ailleurs, ce qui, soyons honnête, les aiderait grandement à ne pas perdre leurs temps et leurs espoirs inutilement à revenir sans cesse dans ce poste de police, ou même renvoyé au tribunal? Vous nous prenez pour quoi sincèrement? "Dans tous les cas, nous n'avons pas à justifier le refus". Et après vous voulez me faire croire que je n'ai pas respecté la mémoire de ces victimes quand vous vous nous traiter comme des parasites? Vous y pensez sincèrement, à ces personnes, à cette Mme Lee Ok Ja, à ce Mr Kim Il Kook, à cette Mlle Kim Dasom comme vous avez si bien pu m'énoncer les noms au points que ça ne doit être la première fois qu'ils se présentent. Vous y pensez, à cet espoir et ce courage qu'ils regroupent en venant jusqu'ici à chaque fois, à l'idée de peut-être avoir un dernier lien avec leur défunt proche, et cet anéantissement, depuis toutes ces années, à chaque fois que vous les renvoyez sans. Aucune. Explications?

Les poings serrés posés sur la table en ferraille simple, ses pupilles noirs restreintes au possible, Ha Ru n'en avait que faire de l'image insolente et agressive qu'il renvoyait. Les yeux brillants néanmoins, son regard se posa de nouveau sur les dossiers que le flic rassemblait avant de se lever tandis qu'il se remémorait cette même étape qu'il avait lui-même vécue quelques jours plus tôt. Il était venu, un beau matin, et que dire, vraiment, un beau matin. Un ciel bleu, une douce brise, un soleil festif. Aucune tempête à l'horizon. Sourire et gentillesse au rendez-vous, il s'était dirigé non sans appréhension au bureau d'accueil, puis avait naturellement demandé à avoir accès au dossier de son père. Jusque là, il n'y avait eu aucun problème. La jeune demoiselle lui avait souri aimablement avant de quitter les lieux, l'ayant informé qu'elle allait se renseigner au préalable pour savoir si l'accès était alors possible. L'espoir lui avait alors comprimé le cœur, l'avait réchauffé de ses grandes mains d'espérance, et lui avait murmuré de doux mots d'optimisme. Une torture bien trop douce, balayée très vite par cette tempête qu'il avait à tout pris souhaité éviter.

Et les feuilles qu'il avait violentées plus tôt lui revenaient inlassablement en tête. Aucune information. Aucune piste. Rien. Au point où Ha Ru se demandait s'il avait bien cherché au bon endroit. Sa famille lui avait menti toutes ces années, alors plus rien ne pouvait vraiment l'étonner. Son père avait-il eu seulement droit à une affaire menée du début à la fin, convenablement, assez pour pouvoir reposer près de tout ces dossiers aux affaires classées?

Ha Ru dévisagea l'inconnu qui semblait bel et bien être d'une position plus élevée que celle de "Se Han".

- Déformer les paroles d'un suspect/criminel est quelque chose de dangereux monsieur. Surtout dans votre métier. Je n'ai jamais énoncé le fait que vous soyez tous des flemmards. Si la colère déforme déjà vos souvenirs, pourtant encore frais, j'ai bien peur des inepties que vous pourriez écrire dans votre rapport, Monsieur.

Rapidement, l'ancien directeur se redressa, souhaitant éviter que l'autre ne l'oblige à le faire et ne pose ses pattes sur lui, ignorant royalement le regard que lui portait le plus haut chapeau. Ses doigts s'aventurèrent dans les poches de son blouson, caressèrent lentement son paquet de clopes Vogue, son briquet, la jolie clef qui n'était qu'un double illégal, ses écouteurs, puis en sortirent son téléphone dernier cris, même pas encore disponible sur le marché du grand public alors qu'ils venaient de s'extirper de la pièce toujours bien trop petite aux yeux du jeune homme. Il soupira d'ailleurs d'aise une fois qu'il rencontra l'air moins tendue.

- Excusez-moi, puis-je me permettre de passer l'appel avant que vous ne me mettiez derrière vos barreaux avec mon téléphone? Demanda-t-il tout naturellement. Mais devant leurs regards, il ne put s'empêcher d'ajouter rapidement : Mon appel se fera à l'étranger et je suppose que vous n'avez pas envie de payer une somme faramineuse. J'pense pas que vous ayez un abonnement vous permettant de passer des appels à l'international.

Le Japon avait beau n'être aussi loin que la Pologne ou encore la Colombie, il doutait réellement que le poste de police ait un téléphone avec toutes options comprises.

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@Han Woo Sik @Yu Se Han