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Migraine, hangover et maux de tête courants le lendemain de soirées, Romi n’a jamais été doué pour se contenir ou faire attention. Pourtant, ce matin, il se sent bien moins lent que d’habitude, preuve qu’il n’avait pas franchi ses limites la veille. Il y’a surtout ses membres qui le lancent, le dos en pièces et les jambes douloureuses. Sa main remonte vers son front, son pouce et son index se pressant contre son crâne comme pour faire taire la musique imaginaire qui fait encore vibrer ses tympans. Il a encore envie de dormir, mais le soleil se fait bien trop insistant, il faut vraiment se lever. Il se tourne et c’est assez pour se retrouver au sol, son corps émet une plainte silencieuse de la manière dont il le traite. Il ouvre enfin les yeux, réalise qu’il est dans le petit salon de son appartement et qu’il a dormi sur le canapé. Le sourcil levé, il se redresse, ramasse ses petits bouts de mémoire jusqu’à ce que les souvenirs de la soirée lui reviennent rapidement. Il file rapidement sous la douche, quelques minutes seulement et il ne se sent réveillé qu’une fois sa clope entre les lèvres et une tasse de café noir dans la main. A présent, direction sa chambre qu’une inconnue devait joyeusement squatter. Le lit grince doucement sous son poids quand il s’y assoit, les doigts tendus vers la jeune fille dans une caresse sur ses mèches brunes. « Hey, debout princesse ! » Sa main descend jusqu’à son épaule pour la secouer gentiment.

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La musique cogne encore contre ses tympans remplissant sa tête de sons divers et agressifs. Elle a la tête qui tourne, la bouche pâteuse, le corps crispé, une sensation de mal-être mais de bien-être à la fois. C’est bizarre. Bien trop bizarre. Elle a l’impression d’être vidée, d’avoir extériorisé certaines choses, de se sentir libre, mais à la fois beaucoup plus lourde. C’est assez paradoxal comme sensation. Une sensation qu’elle ne parvient pas à décrire totalement. Son corps lui est étranger et elle ne le ressent pas comme d’habitude. Elle ne le perçoit pas comme d’habitude. Et puis son lit n’est pas confortable. Pas comme avant. Les odeurs d’agrumes et de vanille ne sont pas présentes pour la bercer, et la réveiller en douceur. Il y a plus une odeur âcre de cigarette qui lui remplit le nez. Une odeur fort désagréable. Elle ne veut pas ouvrir les yeux, elle veut continuer à dormir. Encore quelques minutes, voir quelques heures. Pour oublier. Mais oublier quoi ? Elle a déjà tout oublié. Elle ne se souvient plus de rien, pas même un petit détail. Le dernier souvenir qu’elle a c’est cet homme lui offrant cette pilule, lui promettant le monde des merveilles. Y est-elle réellement allée ? Elle ne sait plus. Elle sent alors quelque chose venir la pousser, doucement, essayant de la réveiller. Au début elle pense que c’est son chat et grimace, repoussant machinalement cette présence. « Bless », dit-elle à voix basse. Et puis elle réalise que ce n’est pas Bless. Le touché n’est pas le même. Ça ressemble plus à une main. Une main humaine. Elle se réveille brutalement, se redresse, et recule dans le lit, par réflexe. Et elle voit. Cet homme. Cet étranger. Elle écarquille ses yeux, cligne plusieurs fois des cils, essaye de se souvenir. Mais rien. C’est le vide. « Qui . . . qui êtes vous ? ». Et elle regarde autour d’elle. Elle ne reconnait rien. Rien ne lui appartient. « VOUS ÊTES UN PERVERS !! », elle se met à crier, capable de réveiller les voisins. Elle panique. Elle a peur. Elle ne sait pas pourquoi elle est là, ni comment elle est arrivée là. Elle ne comprend plus rien. Qu’est-ce qu’elle a fait ?

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Main repoussée. Bless. Un prénom qui n’est pas le sien, mais qui ne le rend pas pour autant curieux de son propriétaire, surement un animal de compagnie quelconque, auquel la jeune fille était plus habituée à se réveiller aux côtés. Romi soupira doucement et l’observe émerger de son sommeil. Malgré la soirée et qu’ils soient restés ensemble pendant tout ce temps, il ne connait même pas son prénom, ils n’avaient pas eu l’occasion de faire ces présentations, qui n’avaient pas semblé utiles de toute façon. Sous le brouhaha et la musique assourdissante, il valait mieux éviter les longues discussions et les cris pour se faire entendre, ils échangeant simplement le minimum, le plus important, ce soir-là, ça avait été la proposition d’un monde des merveilles qui permettrait à la brune d’oublier son malaise au milieu de tous les gens et réussir à s’amuser un peu. Le monde des merveilles, elle l’avait bien rejoint, un peu trop d’ailleurs, la drogue n’ayant pas pris beaucoup de temps avant de faire son effet de façon quasi destructrice. Jusqu’au point où Romi s’en est inquiété. Ce n’est pas le genre à s’inquiéter de ses clients ou de leur sort, son rôle c’est de livrer et d’encaisser les billets. Mais cette fois, la fille n’avait rien d’une cliente, c’était quelqu’un qu’il avait réellement voulu aider. Et il aurait surement dû y réfléchir à deux fois. Il a fini par la surveiller pendant toute la soirée et la ramener chez lui après qu’il ait jugé qu’elle ait fait assez de folies pour le soir, de petits vidéos bien drôles précieux enregistré sur son téléphone pour l’embêter le lendemain. « Romi. » répond-t-il simplement en haussant des épaules, conscient qu’elle ne se souvenait pas de son prénom parce qu’il ne le lui avait jamais donné. « Tu risques d’avoir encore plus mal à la tête si tu bouges de façon aussi brusque. » Simple conseil d’ami, il est déjà passé par la même chose et encore pire. Mais la brune ne semble pas prête à l’écouter, au contraire, elle se met déjà à crier et paniquer. Il la comprend, vraiment, elle doit être dépaysée mais ce n’est pas pour autant une raison pour attirer l’attention des voisins et risquer de ramener la police ici, encore moins avec tout ce qu’il avait dans son appart. La chose la plus logique à faire lui semble alors de mettre la main sur la bouche de la fille pour la forcer à se taire. « Hé, me traite pas de pervers après toutes les choses que tu m’as faites hier, ok. » Discours vague qu’il ponctue d’un clin d’œil, il n’enlève sa main quand il est plus confiant qu’elle arrêtera de crier.

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Elle ne reconnait rien, pas même les murs colorés de son appartement, pas même son lit, pas même sa fenêtre, pas même le paysage qu’elle peut avoir de son appartement. Rien. Elle est face à l’inconnu. Un inconnu pesant et particulièrement angoissant, au point d’en avoir des sueurs froides. Elle avale difficilement sa salive quand elle perçoit cet homme. Sa silhouette. Elle entend juste le prénom qu’il lui dit. Ce prénom qui sonne très étrange à son oreille et qui la terrorise à la fois. Elle s’imagine déjà des films, se dit qu’elle est enfermée chez un psychopathe, qui la retient en otage. Elle essaye, vainement, de se souvenir comment elle en est arrivée là. Mais il n’y a rien. Juste le vide. Rien que le vide. Elle va mourir. C’est la première chose qu’elle se dit et sans même entendre les conseils de son vis-à-vis, elle crie, pour alerter des potentiels voisins, si voisins il y a. Elle n’a pas le temps de crier plus qu’une main vient s’abattre contre sa bouche, ses yeux s’écarquillant davantage, son cœur manquant quelques battements. Elle va mourir. Un frisson lui parcourt l’échine, et son corps se crispe. Il va peut-être la frapper, ou même la bâillonner, l’attacher. Et . . . son cerveau s’arrête quelques secondes de fonctionner quand il lui fait des sous-entendus quelque peu absurdes. Toutes les choses qu’elle lui a faites ? Comment ça ? Est-ce une stratégie pour qu’elle se taise ? Si c’est le cas alors ça a fonctionné, parce qu’elle se tait. Elle devient presque muette. Elle ne comprend pas. Elle n’a rien fait n’est-ce pas ? Ce n’est pas possible. Qu’est-ce qu’elle aurait pu lui faire ? Et puis qui il est déjà ? Lorsqu’il a enlevé sa main de sa bouche, elle le fixe, essaye de détailler chacun de ses traits pour tenter de se rappeler. Mais il n’y a rien. Encore une fois elle ne se rappelle rien. « Vous êtes qui ? Pourquoi je suis là ? Qu’est-ce qu’il s’est passé hier soir ? ». Et alors qu’elle parle une douleur vive vient lui rappeler qu’elle a peut-être fait quelque chose de mal hier soir. Elle ne se sent pas très bien, sincèrement pas très bien. Elle fronce des sourcils, manquant de faire quelques rejets, mais se retenant de justesse. Et si . . .  et si elle est enceinte ? C’est possible de tomber enceinte comme ça ? C’est peut-être la pilule qui l’a rendu enceinte ? « Vous . . . qu’est-ce que . . . », elle ne sait plus quoi dire. « Comment je suis arrivée ici ». Faut qu’elle sache ce qui s’est passé hier soir.