il croyait la faire taire, mais elle sort de ses gonds. et plus elle s’insurge, plus le sourire de shin s’élargit, fendant son visage comme tranché au couteau. que c’est bon de la voir ainsi perdre patience, alors qu’il a attendu sept trop longues années pour la tenir dans ses bras ! qu’elle soit de bonne humeur ou non, shin n’est pas prêt à la laisser s’évader. il la couve d’un œil bienveillant, allant d’un tendre amusement à une admiration certaine, et puisque la gamine aboie, il se contente de l’apprécier du regard, détaillant sans pudeur la sensualité de ses courbes. elle est infiniment belle ; il n’en a jamais douté.

mais tandis qu’il s’évertue à l’ignorer, elle lui saute au cou sans prévenir et enfonce ses crocs dans sa chair. ce seul geste suffit à le ramener quelques semaines en arrière, lorsqu’il perdait lui même patience et malmenait sa peau sucrée. mais elle ne fait pas semblant, la garce, et shin se fait violence pour étouffer un cri de douleur alors que, d’une main puissante, il saisit sa nuque et lui redresse la tête pour libérer sa gorge. regard foudre. iseul fond sur ses lèvres et shin a tout juste le temps de glisser sa main sous le tissu de sa culotte, dominateur, avant qu’elle ne descende dangereusement la sienne. « hop hop hop ! » rire jaune. et de sa main libre, il s’empare de son poignet pour le relever au-dessus de sa tête, grognant contre ses lippes carmins. « vu les merveilles que tu fais avec ta bouche, t’as interdiction de toucher à ça. » lui, en revanche, n’attend pas plus longtemps pour passer ses doigts au col de son vagin. brasier humide ; et il rit, et mord tendrement sa lèvre inférieure, les iris noyées dans les siennes. « non, t’as vraiment pas l’air malheureuse. »

eux deux, ça avait jamais été un long fleuve calme et tranquille. et ça le serait probablement jamais. beaucoup trop fiers et gamins pour laisser l'autre gagner. Beaucoup trop possessifs et accros pour abandonner. mais aujourd'hui, c'était iseul qui montrait les crocs. iseul qui perdait l'esprit et aboyait face à un homme qui semblait avoir pris le contrôle. elle avait pas l'habitude. pas du tout. c'était à la fois tellement frustrant et... plaisant ? une pensée tellement absurde, et pourtant... elle pouvait pas se décrocher de ce regard brasier, arrêter ses baisers au goût de paradis. elle était incapable de stopper la caresse de ses doigts sur un corps terrassé par l'envie. et ça l'énervait d'autant plus, la belle. improvisée nymphe de ces bois, elle y avait attiré un mortel. mais ce dernier ne l'écoutait pas, prenant plaisir à la rendre faible. un affront qu'elle n'avait même pas la force de contrer, face à sa poigne de fer. ses forces commençant à l'abandonner à mesure que le plaisir prenait possession d'elle. « il paraît que ma bouche fait des merveilles, oui. et tu es assez bête pour t'en privé. tant pis, ma main n'en fera pas non plus. » sa bouche avait toujours été sa meilleure arme. ses mots son meilleur combat. sauf que provoquer ici s'avérait bien plus compliqué. et si elle ne voulait pas qu'il s'arrête, elle allait devoir mettre sa fierté de côté. du moins... à moitié. sa langue s'insinua en une caresse lascive à la recherche de sa jumelle pour danser en harmonie, son corps brûlant dont le désir pointait de toute part se colla au sien avec une possessivité non feinte, tandis que de sa main libre, ses doigts voyageaient sur ce corps, jusqu'à aujourd'hui vierge de son touché. « je vais te laisser faire tout ce que tu veux... » un murmure rauque, susurré par une voix cassée et à bout de souffle. chatouillement de plaisir contre un lobe qu'elle mordille avec l'aplomb d'un chaton. « mais je ne te donnerai rien en retour. ce sera ta punition. » contraint de la voir profiter et jouir, tandis que son plaisir à lui, gonflé en ce membre si tentant, ne trouverait pas satisfaction.

il s’enivre de ses baisers, de la moindre pression de ses chairs contre sa peau, sombrant souffle à souffle dans la dépendance au goût de sa bouche, au sucre de ses lèvres, à la ferveur de sa langue. elle est passion sublimée, objet de toute convoitise, et leur ballet de fièvre et d’orgueil, leur joute incessante, tout semble vouloir le rendre fou. il rit encore, aux propos d’iseul. qu’elle est belle, dans son insolence. de ses doigts, shin s’aventure plus profond en elle, dans un espoir encore naïf de la faire taire, mais il ne fait que provoquer des mots plus frustrants encore… quoique la permission qu’elle lui donne le laisse entrevoir des possibilités infinies. « tout ce que je veux… » sa voix vibre dans les timbres les plus graves, signe que le monstre se tient prêt à prendre les rênes n’importe quand. shin frissonne alors qu’elle malmène le lobe de son oreille, notes sulfureuses contre son ouïe aux aguets. « …c’est bien suffisant, iseul… » et son nom traîne entre ses lèvres, sifflé comme une mélopée. il ferme les yeux un instant, et tandis qu’il ravive la chaleur entre les cuisses de son aimée, promène ses doigts le long de sa gorge claire, poursuit son ascension jusqu'à sa lèvre inférieure qu'il caresse d'un pouce avide. il y laisse un baiser, presque chaste, puis descend sa bouche contre son cou, entre ses seins qu’il effleure d’une main tremblant d’impatience tout juste contenue, souffle court jusqu’au bas de son ventre. bientôt, le tissu qui empêche son interminable descente aux enfers tombe à terre, souillé de plaisir. dernier regard levé sur le visage angélique, et shin, à genoux, semble lui sourire dans la pénombre. et sa bouche, enfin, s’échoue contre la chair tendre, libère une langue qui s’insinue, conquérante, entre les lèvres rosées. d’abord doux, puis quand ses mains trouvent les fesses de la jeune fille et y plante leurs ongles, shin se sent déraper peu à peu. c’est comme si l’envie décuplait ses sens, attisait son âme de charbons ardents, jusqu’à intensifier ses caresses et y promener ses dents. dangereusement, shin exalté pourrait en oublier sa force.

il était désir. sauvagerie. passion à son état le plus brut. il avait ce regard à vous en damner, ce toucher à vous en extasier. tout son être respirait le péché, et iseul qui avait cru pouvoir jouer... s'était faite piéger par sa sensualité. le corps prit dans une toile invisible, le cœur encore plus accroché par un sortilège incompréhensible. elle aurait voulu se débattre un peu plus. ne pas accepter pareille défaite. pouvoir le rendre plus faible encore qu'elle. mais elle n'avait trouvé qu'à le priver, pour ne pas se sentir totalement possédée. pour se trouver une excuse de rester. elle avait pas l'habitude, d'entendre son prénom sur ce ton. chaque note désirée, chaque intonation lui donnant le sentiment d'être aimée. l'électricité cascadait dans son corps, la picotant. la brûlant. la chaleur irradiait, flue continu d'un plaisir qui douchait son corps sans la laisser respirer. tout en elle lui hurlait de se laisser aller. et plus il descendait, plus son âme dérivait, s'élevant vers un ciel de vices et plaisirs. le souffle court, les mains désordonnant la tignasse de cet homme assez fou pour vouloir la posséder... elle oubliait tout. le festival, le contexte. l'arbre qui lui écorchait la peau du dos. seule sa bouche à la torture délicieuse et sa langue à la caresse vicieuse restaient. le tremblement de ses jambes s'intensifia, un soupir de plaisir s'échappa. pour la première fois, iseul était à la totale merci d'une de ses proies.

jusqu'à ce que ses ivoires deviennent trop puissantes, onde de douleur crispant son corps ruisselant. ses ongles se plantant dans la peau tendre de ses épaules. « ...shin... shin ! » y avait de la panique dans sa voix aux notes perdues de désir. de la douleur mélangée à la cassure d'un souffle court et haché par le plaisir. « tu me fais mal... » un hoquet de souffrance, tandis qu'elle le secouait pour calmer ses ardeurs. « moins fort ! » elle l'avait toujours su au fond. qu'il était pas comme les autres. mais que contrairement à elle, il contrôlait rien. et elle lui en veut pas, de perdre le contrôle. elle ravale son angoisse, elle chasse de ses prunelles la peur liquide qui y coulait. caressant ses cheveux, d'une main fébrile, tandis qu'un pâle sourire, étire son visage d'ange. « c'est pas grave. » pas vraiment. et face à ce regard, elle aurait pu pardonner plus encore, son cœur se serrant. battement traître d'un palpitant.

mains enfouies dans ses cheveux d’ébène, soupirs délicieux aux étoiles, et son corps qui tremble entre ses bras, soulevé de frissons. plaisir palpable que shin ne peut que ressentir à son tour, et plus il la sent réagir à son toucher plus il la désire. iseul, toute entière, ses cris contre sa bouche, son souffle rauque dans le sien. et ça le rend fou, ça lui fait perdre pied, la perspective de posséder la belle qui hante ses pensées nuit et jour depuis son adolescence. à mesure qu’il goûte à ses saveurs, son excitation grandit et s’insurge ; bouleversement des sens. et le monstre s’éveille dans un grondement. time collapses. soudain, c’est iseul qui le prie d’arrêter, le secoue jusqu’à ce que shin reprenne conscience de ses gestes, recule son visage d’un coup vif et tombe sur ses fesses. « iseul ? » au clair de lune, il voit ses larmes perler sur ses joues blêmes. le gamin se redresse doucement, comme tiré d’un état second qui ne lui appartenait plus, pose une main tremblante sur la joue de la jeune fille et s’en approche avec précaution. « iseul… je… je suis désolé… » voix brisée, regard inquiet, shin s’en veut terriblement. lui qui connaît ses faiblesses, qui se targue de savoir se contenir alors qu’il sait mieux que personne qu’il ne saura jamais réellement contrôler quoi que ce soit. lui qui rêvait encore hier de ces instants précieux où iseul se dévoilerait dans toute sa splendeur, lui qui se convainquait d’être incapable de lui faire le moindre mal ; la culpabilité éclot en son cœur son cruel poison et ses orbes se voilent de chagrin. « je voulais pas te faire mal, je te promets… je suis désolé. » il a l’impression qu’il lui faut expliquer, parce qu’il a bien trop peur de passer pour un malade mental… mais peut-être l’est-il, tout compte fait… « j’ai pas fait exprès, crois-moi… je… j’suis un peu plus fort que la moyenne… j’arrive pas toujours à maîtriser. » il ancre ses yeux dans les siens avec toute la sincérité du monde, tandis que ses mains se logent à la chute de ses reins. et ses lèvres, d’une douceur infinie, déposent sur sa bouche vermeille un baiser contrit. il scrute son visage pour s’assurer à son faible sourire qu’elle ne lui tiendra pas rigueur de son geste, bien trop habitué à faire fuir ses conquêtes. car son cœur se serre à l’idée de la perdre à tout jamais, il referme avec mille précautions ses bras autour de sa taille fine, enfouit son visage au creux de son cou. « je t’en supplie, dis-moi que tu n’as pas peur de moi. »

la chaleur était retombée, le temps s'était arrêté... il n'avait suffit que d'un instant, pour que tout finisse par s'écrouler. les cris reprirent, la joie aussi. les passant revinrent à la vie, tandis qu'iseul et shin se regardaient, figés. comme incapables de respirer. puis tout redevient trop rapide pour son esprit, voyant shin se redresser, puis essuyer ses joues humides, ne s'étant même pas rendu compte des perles de sel s'y étalant. c'était la première fois qu'elle le voyait si... fragile. et à le regarder. à l'entendre. on aurait dit que c'était celui qui souffrait le plus. son regard était perdu, et dans l'immensité obsidienne de ses yeux se mêlaient peur et désolation. jamais il n'avait été aussi doux. jamais il n'avait tenté de se justifier non plus. pourtant, face à elle se tenait désormais un enfant. apeuré. désolé. paumé. comme tentant de réparer une poupée cassée. une poupée dont il semblait tenir plus que de raison. ouvrant sa bouche puis la refermant, n'ayant pas de mots assez puissants, elle se laissa enfermée dans ses bras avec une précaution telle qu'elle se serait cru en porcelaine. c'était déroutant. révoltant. et en même temps... lacérant, de le voir ainsi. alors elle le laissa quelques instants dans ses bras, avant de le pousser légèrement, une main sur son torse, l'autre relevant un menton prêt à s'enfoncer dans le sol. « juste un peu plus fort que la moyenne ? » sourire ironie, aucune méchanceté ne perçait pourtant ses traits, avant qu'un soupire contrit ne passe la barrière de ses lèvres. « regardes moi. tu crois vraiment que je peux avoir peur de toi ? » la norme avait peut être fuit, surement même. mais elle était loin de tout, la beauté. aussi différente que lui. une battante qui n'abandonnait rien. une femme sauvage qui ne pleurait jamais. ou presque. alors elle lui pinça une joue, le plus naturellement du monde, réagissant face à l'enfant qui se tenait la sans bouger. « t'es vraiment trop con. » c'était plus fort qu'elle. incapable de le laisser dans cet état. réagissant excessivement pour chasser les nuages de ses orbes agitées. jusqu'à ce que ce sourire qu'il connaissait si bien réapparaisse, se dessinant sur ses lippes sanguines, étirant son visage d'un éclat taquin. « c'est dommage, les passants ont raté l'occasion de t'entendre gémir. je suis sure que tu aurais fait une belle musique de fond. » ou peut être qu'ils auraient juste fini chez les flics. probable même.

culpabilité crève-cœur. c’est un supplice que vit shin, perdu entre honte et chagrin. il aurait dû faire attention. il aurait dû se faire violence pour que le plaisir d’iseul passe avant le sien. c’est ce qu’il a toujours désiré, au fond de lui. mais elle souffre, et lui porte le deuil d’une occasion qui ne se représentera plus de sitôt. pourtant, loin de le repousser, la jeune fille semble plus douce encore que jamais, et ses gestes et sa voix et son rictus amusé surprennent d’autant plus le garçon qu’elle a toujours pris un malin plaisir à le mettre mal à l’aise. et à sa question empreinte d’ironie, shin adresse une moue hésitante. « euh… beaucoup plus fort ? on dirait pas mais… » dans une tentative de plaisanterie maladroite, il tapote son biceps dont la jolie musculature n’a pour autant rien d’impressionnant. iseul retrouve peu à peu son aplomb, forte de ses adorables insultes dont elle maîtrise l’emploi à la perfection. trop con, oui… trop con pour avoir su lui offrir le moment le plus délicieux de sa vie. trop con pour ne pas ruiner leur petit jeu qui, il faut l’avouer, lui plaisait plutôt bien. pas assez con, cependant, pour se jeter à ses genoux et arracher son cœur à pleines mains et clamer son amour. iseul ne semble déjà plus lui en tenir rigueur, pourtant shin s’en veut terriblement. dieu sait ce qu’il aurait donné pour retrouver la fougue de leur étreinte ! mais contre mauvaise fortune bon cœur ; il succombe à l’humeur de sa belle, étouffant bientôt un rire narquois. « quoi ? tu rigoles ! aux dernières nouvelles c’est toi qui gémissais encore y a deux minutes. on a de la chance que personne ait débarqué avec ton boucan. » il fait le malin, mais c’est pour mieux cacher son embarras ; à présent que le temps n’est plus aux embrassades, sa nudité lui semble de trop. celle d’iseul, en revanche… ses orbes n’en peuvent plus de descendre la courbe de ses seins et la cambrure de son dos. « tu devrais… mmh… te couvrir. » souffle-t-il en voyant son désir ressurgir. il se baisse, ramasse les vêtements de la jeune fille et les lui tend, avant de s’emparer de son jean. l’euphorie est tombée si net qu’il ne sait plus vraiment comment se comporter, ni que penser de leur rapprochement. son attirance pour iseul n’a jamais été à prouver, mais qu’en est-il de son côté ? était-ce un jeu à ses yeux, ou cela signifiait-il plus ? ce ne sera sans doute plus jamais un sujet à aborder, et à cette idée le cœur de shin se serre de regret. « on n’est pas obligés d’en reparler. je suis désolé. » sourire amer. le jeune homme enfile son pull avant de fixer iseul. ses cheveux, encore décoiffés de caresses trop rudes, volent contre son visage angélique, et de quelques doigts délicats il replace les mèches les plus folles. comme si tout n’avait été qu’un rêve. « voilà, maintenant on peut dire qu’il s’est jamais rien passé. »

la passion avait laissé place à l'humour vache, et tandis que shin lui montrait ses biceps, elle rigolait, la belle. les ayant déjà admiré mainte fois en secret, elle savait plus ou moins les courbes qui se cachaient sous ses vêtements. et aujourd'hui elle confirmait. de la plus étrange des façons, certes, n'ayant jamais cru sauté un quelconque pas caché derrière un arbre ou un buisson, mais enfin... il avait le don de faire de l'improbable une réalité. « je parlais au futur mon chou, tu aurais fini par t'y mettre aussi, et honnêtement, vu comment tu te contrôles, je crois qu'on aurait pu entendre ton râle animal à l'autre bout du festival. »  faisant mine de lui tapoter l'épaule, désolée, ses lippes finirent par esquisser un sourire dont la taquinerie et la douceur se mêlaient en un cocktail pour le moins déroutant. « mais je t'en veux pas, va. j'aime te faire cet effet la. » qui cracherait sur un homme tellement fou qu'il en perd quelconque contrôle ? pas elle en tout cas. peut être pas que pour ça. reprenant ses vêtements, elle les enfile rapidement, vérifiant en même temps distraitement que personne ne puisse toujours les voir. « tu me forces à me déshabiller, puis à me rhabiller... faudrait savoir ce que tu veux ! » il n'y avait là pourtant aucune méchanceté dans ses propos, bien heureuse de ne plus courir aucun risque du point de vue moral, même si elle regrettait l'étreinte, autant que le confort de sa peau mise à nue. il fallait dire qu'entre les vêtements un peu terreux et la chaleur ambiante... rien n'arrangeait. fronçant les sourcils face à son monologue, iseul le toise longuement, le laissant la recoiffer distraitement avant de lâcher sèchement. « c'est ce que tu dis à toutes tes conquêtes ? il ne s'est rien passé ? tu repasseras pour la politesse. » ça lui avait échappé, irritée par de tels propos. était-il lâche ou croyait-il qu'après avoir fait son affaire il n'aurait plus besoin de la saluer au détour d'un croisement ? « je ne vois pas pourquoi tu es désolé, si ce n'est d'avoir joué au con dans les dix secondes qui viennent de précéder. tu regrettes ? » le jaugeant de ses prunelles accusatrices, la nymphe croise les bras, son corps tendu par un élan de colère qu'elle ne se connaissait pas. finalement, un soupir passe la barrière de ses lèvres et elle abandonne une discussion dont le ridicule ne lui ressemble pas. « mais soit, oublions si tel est ton souhait. à quoi bon si tu n'assumes pas. » elle passa alors une main distraite dans ses cheveux, lui offrant un dernier sourire dont la véracité n'était que façade, avant de se retourner, prête à s'éloigner.

iseul passion. iseul déraison. elle se moque et elle brûle, avec ses regards langoureux et sa sensualité assumée. mais il ne sait pas trop comment la prendre, sa pique. il ne sait plus bien de quoi elle parle et ce qu’elle sous-entend derrière ses moqueries pleines de charme. sorcière des âmes, elle déambule en son cœur comme un esprit facétieux. alors que le gamin veut lui offrir une liberté inconditionnelle, persuadé que c’est ce qu’elle désire, elle a soudain le sourire qui craque et les sourcils qui se froncent, la bouche fendue de poison et les gestes grandioses. et tandis qu’elle fait volte-face, shin a l’impression qu’elle est la plus peinée d’eux-deux. comme s’il la répudiait sans état-d’âme. comme si elle voulait encore risquer ses ferveurs. il l’attrape alors par la main pour l’attirer à lui, excédé. « iseul ! putain ! j’essaye de faire les choses bien, aide-moi, merde ! » plein de bonne volonté, shin a pourtant l’impression que la situation ne fait qu’empirer, comme si tout prenait un malin plaisir à lui échapper ; et la belle qui riait plus tôt darde à présent sur lui des yeux noirs de colère. il s’en fout, shin. il envoie chier sa fureur parce qu’il est beaucoup trop occupé à se justifier avec ses mots trop simples et son bagout approximatif. « tout ce que j’veux dire c’est que j’suis désolé d’avoir tout gâché en te faisant mal, et que même si j’ai pas envie d’oublier ce soir j’suis quand même prêt à pas t’emmerder avec ça, comme ça t’auras pas à m’éviter et on pourra continuer d’être, j’sais pas, toi l’espèce de… de truc… de déesse sexy, et moi le couillon qui te regarde sans oser faire le premier pas, sauf que maintenant il sera déjà fait alors je serai encore plus pathétique qu’avant. » il est à bout de souffle, le garçon-soleil. et d’avoir juré sous les étoiles et balancé ses mots comme ils venaient, il se sent un peu moins lourd, un peu plus franc. un peu plus nu que s’il avait encore la peau d’iseul à même la sienne. il lâche la main de la jeune fille, prêt à la regarder disparaître dans la nuit.

elle comprenait plus rien, iseul. assaillie par une colère qui grondait en elle, ne lui ressemblant pas. elle-même abasourdie par sa façon de répondre à une conversation qui de base, ne la toucherait pas. alors elle fuit, pas sure d'elle. préférant ensevelir ce regard meurtrier que de laisser sortir encore une fois une pique qu'elle ne voulait pas. mais il la retient, avec des insultes. pas à son encontre pour autant. plus une façon de parler, comme à son habitude. « parce que je fais les choses mal ? » elle avait pas envie d'en parler. pas envie de continuer cette conversation. pourtant elle soutient son regard, se demandant ce qu'il pouvait bien avoir à lui dire. et elle s'y attend pas, au revers de la médaille. le détaillant se dévaloriser de la sorte, tandis qu'il tentait d'expliquer au mieux ce qu'il ressentait, avec des mots... disons lui appartenant. « c'est bon, t'as fini ? » non mais sérieusement, c'était quoi ces conneries ? levant les yeux au ciel face à tant d'idioties, l'énervement s'évapore de son regard de braise progressivement, tandis qu'un léger soupir s'échappe de ses lèvres aguicheuses. « ne dis jamais quelque chose que tu ne penses pas pour faire plaisir. ça rime à quoi ? t'aimes souffrir ? t'es un mec, non ? agis comme tel. alors non, je ne vais pas t'éviter, et oui, le premier pas est fait. mais en quoi ça te rend pathétique d'avoir désiré une femme ? je comprends pas. tout le monde ne me passe pas dessus tu sais, j'invite pas le premier couillon qui se pointe à m'embrasser non plus. t'es vraiment... » compliqué ? con ? énervant ? il était un tout, en fait. un concentré de défauts qui assemblés ressemblaient pourtant à une qualité. elle en savait rien au fond. alors elle soupira, desserrant finalement les mâchoires et empoignant son col pour le ramener à sa hauteur et l'embrasser. comme pour le faire taire, au cas où il aurait voulu parler. se reculant à peine, leurs souffles chauds s'entrecroisant encore, ses prunelles d'onyx s'enfoncèrent dans les siennes, comme cherchant à le comprendre. en vain. « et réfléchis avant de parler, ça te fera le plus grand bien. »