La forêt pour refuge, Si Yeon s'était donc convenue au plan initial. Celui d'explorer la zone interdite pour cause d'animaux sauvages, si elle en croyait les nombreuses signalétiques… La notion de danger était vraiment inexistante pour elle, du fait qu'elle pouvait facilement se régénérer et courir plus vite que la norme. La lycéenne se croyait, à tort, intouchable. Mais en attendant, elle ne pensait plus à rien en particulier. Elle admirait et découvrait ce nouveau périmètre inexploré, la tête levée en direction des épais feuillages qui l'empêchait d'y voir clairement. Le chemin sinueux qu'elle arpentait semblait la conduire dans un habitat sombre et peu fréquentable. Pour ne pas dire, hostile. Ce qui ne l'effrayait pas vraiment, car étant du genre à paniquer qu'en tout dernier recours. Elle s'entremêla alors les pieds dans quelque chose, manquant de tomber à la renverse. Ces fichues chaussures n'étaient pas les plus adéquates pour une balade en forêt, et elle se maudissait de ne pas avoir récupéré ses baskets dans son casier. En frôlant la dégringolade, Si Yeon se rattrapa à un arbre avant de croiser les pupilles d'une bête, terrée dans l'ombre. Elle s'immobilisa bien vite et réalisa qu'il s'agissait d'un loup. D'un véritable loup.

A part en songe, la brune ne se rappelait pas en avoir déjà vu un, en vrai. Et l'affection toute particulière qu'elle éprouvait pour cet animal la poussa à rester de marbre. Presque satisfaite quelque part, d'en approcher un… Et c'est au moment où elle osa un léger mouvement que la bête se cambra en une position offensive. Elle avait senti l'adrénaline monter, mais elle n'eut pas vraiment le temps d'appréhender le danger que la silhouette grande et élancée de Vega s'interposa entre l'animal et elle pour la secourir par le biais de mots étranges. La confusion lisible sur ses traits, Si Yeon n'osa pas se prononcer, incertaine. Il venait pourtant de s'adresser à la bête sauvage ! Elle n'avait pas rêvé… Et cette dernière qui était donc une femelle, fit brusquement volte-face pour les laisser de nouveau face à face, dans un silence pesant. Un silence, inhabituel. « Vega… Qu'est-ce que tu viens de faire ? » Elle n'était pas folle. Il avait éloigné la louve, d'elle. Et au lieu de lui crier à la figure ou même de le remercier, la belle le contourna pour lui faire directement face. Ses yeux ancrés dans les siens, elle chercha désespérément à entrer dans son esprit pour avoir une foutue réponse... Mais il n'y eut rien. Elle avait toujours pensé qu'il était aussi vide dans la tête, qu'il ne daignait le montrer. Mais là, c'était tout bonnement impossible. Sans tout de suite le réaliser, du sang coula de son nez alors qu'elle usait vainement de son pouvoir, pour rien. Une fatigue cuisante la fit maladroitement vaciller, et elle ramena ses mains contre son visage, désorientée et morte de honte.

ton regard plongé dans celui de l'animal, ta voix change et tu sembles parler une autre langue. cette louve n'était pas méchante, tu la connaissais assez bien, mais elle était très protectrice avec ses petits et sa tanière n'est pas très loin. comme quasiment personne ne vient dans ce coin, elle n'a pas l'habitude et s'est sentie menacée. mais visiblement rassurée, elle recule et s'enfuit à travers les arbres. tu soupires, soulagé. plus qu'avoir peur pour un autre humain, tu ne voulais surtout pas qu'un animal attaque qui que ce soit, sinon ils seraient tous chassés alors qu'ils ne font que de se défendre. injustice animale, tu finis par te tourner vers l'humaine derrière toi. tes yeux perdent de leur intensité, et tu te sens un peu faible. juste le contre coup d'avoir forcé pour persuader le loup, tu te tiens alors à l'arbre à côté de toi et tu la laisses te fixer. oublie juste ce que t'as vu et entendu.. si j'étais pas intervenu, cette louve t'aurais étripée, t'es une étrangère sur son territoire. ses petits ne sont pas loin, et les mères ne réfléchissent pas quand il s'agit de leurs progéniture, disais-tu alors qu'elle te fixait. sur le coup tu étais un peu surprit qu'elle te regarde comme ça aussi intensément jusqu'à remarquer qu'elle se met à saigner du nez. qu'est-ce qui lui prend au juste?

elle semblait soudainement mal elle aussi, alors sans arrière pensée tu poses tes mains sur ses bras pour la maintenir, l'aidant à s'asseoir un moment par terre. tu attrapais un petit morceau de tissu propre dans ta poche, t'accroupissant à côté d'elle pour poser le tissus sous son nez et essuyer le sang, sans lui poser de question ni même réellement la regarder. tu fais une insolation, je crois. reste assise un peu à l'ombre, ça va passer, disais-tu persuadé qu'elle était juste une simple humaine fragile. tu t’assois à côté d'elle, appuyé contre l'arbre. tu fermais un instant les yeux pour souffler, la brise légère qui décoiffe un peu tes cheveux et qui se faufilait dans la forêt donnant une sensation de fraîcheur inédite à l'instant. tu peux me détester si tu veux, mais j'aimerais juste savoir pourquoi... j'ai tout oublié de mon passé... on se connait depuis l'orphelinat pas vrai?, disais-tu alors que tu relevais ton pantalon pour regarder la plaie de ta jambe qui saignait encore très légèrement.

C'était probablement commun au genre humain de vouloir se sentir aimé et entouré. Tout le monde dans ce fichu lycée, semblait courir après l'amour ou un besoin de reconnaissance. Et Si Yeon, elle n'avait jamais compris pourquoi. Ca ne la dérangeait pas de rester seule. Elle n'avait aucun problème avec ça. Mieux valait être seule que mal accompagnée. Et ce n'était pas faute d'avoir malencontreusement lu en certaines de ses camarades… La débilité que cela semblait engendrer ne l'insufflait pas non plus à vouloir s'attacher aussi fort à qui que ce soit. L'amitié c'était déjà très compliqué pour elle, alors l'amour, ce n'était même pas la peine d'en parler ! Sur cœur était sûrement fait de pierre. Il n'y avait que lorsqu'elle se mettait en danger que la belle finissait par ressentir quelque chose de différent. Son cœur battait la chamade quant elle prenait des risques inconsidérées. Mais visiblement aussi, quant elle se retrouvait en présence de Vega…

« Comment peux-tu savoir toutes ces choses? » Si Yeon n'était pas habituée à ce qu'on lui résiste. Et abuser de son don fut une grossière erreur. Le sang n'était pas vraiment un problème. C'était surtout les effets secondaires… Et l'idée même d'être perçue comme une petite chose fragile la mettait hors d'elle. Cependant, elle ne le repoussa pas lorsqu'il l'aida à tenir en place, pour la poser à terre. Un mélange de sentiments contradictoires comprima l'intérieur de son ventre. C'est instinctivement qu'elle leva la tête pour s'emparer elle-même du mouchoir, ne voulant pas être chaperonnée. C'était assez gênant comme ça... « La louve… Elle était magnifique. » marmonna t-elle dans un souffle à peine audible. Le silence s'imposa. Un silence réconfortant, alors qu'elle se laissait doucement retomber en arrière, se fichant bien de se salir. Elle profita du fait qu'il avait refermé les yeux pour l'observer à son insu. Du moins, jusqu'à ce qu'il ne reprenne la parole pour la forcer à détourner le regard. Si Yeon s'assura de ne plus avoir de saignement avant d'éloigner le tissu de son visage, calmée. « Comment as-tu pu oublier ? C'est pas juste, Vega... J'aimerai oublier aussi. » Elle n'avait plus la force de s'emporter ou de jouer les divas. Elle n'avait même plus la force de le détester, actuellement. Voir sa jambe dans cet état lui fit un drôle de pincement au cœur. « Ça te fais encore mal ? Je... » … suis désolée. Elle l'était, mais elle ne parvenait pas à le lui dire.

elle semblait affaiblie, et quelque part tu avais conclu hâtivement que c'était peut-être parce qu'elle avait fait une insolation. tu ne pouvais pas t'imaginer à cet instant qu'elle était probablement comme toi. tes grandes mains sur ses bras pour l'aider à s'asseoir avec bienveillance, tu regardais son visage qui semblait maintenant si gêné. et cette expression sur son visage était nouvelle pour toi, là tout de suite elle ne te fusillait pas du regard. c'était agréable. je le sais... c'est tout..., disais-tu en détournant l'espace d'un instant, te pinçant les lèvres. au fond tu voulais le lui dire, pour une fois tu voulais faire abstraction du monde entier et dire ton secret. après tout elle était la première à t'avoir vu utiliser ton pouvoir, et elle ne semblait pas choquée. son regard semblait même s'être apaisé, elle ne te regardait plus de travers. tu souriais un peu à ses nouvelles paroles, à propos de la louve. c'est vrai que cet animal était sublime, tu comprenais totalement son attraction pour eux. tu me fais un peu penser à une louve toi aussi., disais-tu en essayant de sourire un peu alors que tes yeux sont déjà fermé, ton dos appuyé contre l'arbre derrière toi. tu soupires et profites l'espace d'un instant.

alors tu t'occupais de ta jambe, essayant de retirer un peu le tissu de tes plaies pour l'empêcher de s'infecter. tu grimaces un peu, c'est assez douloureux. mais tu n'es pas du genre à te plaindre alors tu ne dis rien, te contentant de poser un mouchoir que tu humidifie avec un peu d'eau de bouteille. tu voulais juste retirer le plus gros du sang et désinfecter de façon très sommaire la plaie. de toute façon tu n'as rien de mieux pour la panser. tu te tournes vers elle à ses mots. je suis désolé, disais-tu à sa place, l'interrompant en plein milieu de son élan. tu relevais la tête vers elle pour garder un air assez sérieux. je ne sais pas ce que je t'ai fais quand j'étais plus jeune... mais si j'ai été un idiot, je m'excuse sincèrement..., ajoutais-tu. tu rabaisses ton pantalon, oubliant ta plaie. la brise légère lui dérange les cheveux et tu tends le bras pour lui retirer une mèche rebelle de ses yeux. et tu lui fais un grand sourire. un vrai, un grand ; t'as l'air un peu idiot, mais cette fois c'est vraiment sincère. tu étais juste heureux qu'elle t'autorise à lui parler sans te regarder avec mépris. même si ça ne dure pas, tu es heureux du peu qu'elle t'offre. t'es vraiment jolie quand t'arrêtes de me fusiller du regard, disais-tu en t'adossant à nouveau à l'arbre, serrant ton sac à dos contre toi.

La brise était légère et reposante. Elle semblait emporter avec elle, son animosité à l'égard de Vega. Parfois, elle se demandait pour quelle raison ça l'affectait autant… Après tout, il n'avait pas été le seul à l'ignorer dans ce foutu orphelinat. Bien d'autres lui avaient tourné le dos en plus de lui mener la vie dure… La différence étant, que la brune avait toujours attendue et espérée après lui, et pas un autre… Sauf qu'il n'était jamais intervenu. Il n'avait rien fait. Et elle lui en avait toujours voulu pour ça… Vega lui donnait l'étrange impression d'avoir un secret. Il ne savait pas vraiment mentir… en plus d'avoir l'air gêné. Donc elle n'insisterait pas d'avantage, en tout cas, pour le moment.  « Je… Il paraît oui. » répondit-elle à sa ressemble avec l'animal. Elle n'aurait jamais imaginé qu'une telle réflexion lui ferait aussi plaisir. Un petit sourire s'étira de ses lippes sans qu'elle puisse en avoir en contrôle. C'était sans doute la première fois qu'elle abaissait sa garde devant lui...

Le jeune homme venait de la dépasser sur la pensée, comme sur la parole. Elle écouta la suite, sans broncher… Il avait l'air tellement sincère qu'elle en venait à remettre en doute tout ce qu'elle avait toujours pu croire... Voilà que ça devenait un peu plus confus tout à coup… « Tu n'as rien fais. Tu n'as rien fais, Vega... lorsqu'on s'en prenait à moi. » révéla t-elle d'un ton monocorde. Et elle ne s'était pas attendue à ce qu'il l'a complimente par la suite. Pourquoi recevait t-elle un compliment de la personne qu'elle méprisait le plus ? Et quelle était cette sensation étrangère logée à l'intérieur de sa poitrine ? Son organe vital s'était subitement emballé et ses pommettes s'empourprèrent d'un voile délicat lorsqu'il eut dégagé une mèche rebelle de son visage. Elle semblait également avoir plus chaud… Mais qu'est-ce que ce type était en train de lui faire ? « Yah ! A quel moment j'ai arrêté ? T'imagines pas des choses ! » Elle n'y pensa pas à deux fois avant de se relever un peu trop vite. Prise d'un vertige, elle tituba en arrière avant de retomber lourdement sur Vega. En l'espace d'une seconde, elle se retrouva sur le jeune homme, son visage à quelques centimètres du sien, avec un cœur sur le point d'exploser. Au lieu de hurler ou de le repousser comme elle l'aurait déjà fait, la belle fut incapable de réagir. Elle parut même faire une étrange fixette sur la forme de ses lèvres… C'était comme si le temps s'était soudain arrêté.

tu avais beau entendre ce qu'elle te disais, pour toi c'était irréaliste. tu as volontairement voulu oublier ton passé, parce que c'était trop douloureux. tu avais subit la trahison, on t'avait mis toutes les cruautés du monde sur le dos. tu baissais un peu la tête pour essayer de t'en rappeler, mais rien, le néant. pour toi, tu te battais sans arrêt avec ces garçons et ils t'accusaient d'un tas de choses. écoute... je me souviens pas de ce que j'ai pu faire durant mon enfance... mais dans mon dossier médical, ils disaient que je me battais sans arrêt., disais-tu. tu supposais que tu devais bien l'avoir mérité, que c'était peut-être parce que tu étais méchant, qu'on se vengeait sur toi. je sais plus... est-ce qu'on me frappait parce que j'étais méchant avec toi? ... est-ce que j'ai osé te frapper?, demandais-tu en prenant tout le blâme pour toi. comme si tu étais la cause de ses problèmes, et peut-être qu'un jour tu te souviendras que tu étais en réalité un héros. que tu faisais ça pour elle, et que tu voulais que les autres t'embêtent et te frappe toi, plutôt qu'elle. tu passes ta main sur ton visage, n'arrivant pas à te persuader que tu étais capable de frapper une fille. tu t'excusais sans doute en vain, si tu avais fait une chose pareille, elle ne te pardonnerais jamais. et tu la comprenais que trop bien.

et elle chuta, dans tes bras. ton dos butta contre l'arbre derrière toi et tes bras vinrent entourer son corps par réflexe. son regard ne t'échappa pas, tandis que le tiens était fait de culpabilité et de gêne, le sien semblait se perdre sur le bas de ton visage mais tu n'osais pas vraiment y réagir. tu préférais la laisser agir d'elle même, au risque de te faire de nouveau frapper. le temps s'était comme ralenti, voir totalement arrêté l'espace d'un instant. à chaque contact, tu sentais cette sensation étrange te traverser ; ce n'est pas quelque chose que tu pouvais expliquer, et ça ne ressemblait pas à une sensation normale. c'était magique, c'était divin. la brise qui remue ses cheveux te font remarquer une feuille coincée dans ceux-ci. durant l'espace d'un instant, elle ne semble plus te haïr. alors tu te permets, tu oses et tu remontes alors ta main dans ses cheveux pour la lui retirer, rompant ainsi cet instant intense. je... ma jambe..., disais-tu alors que tu grimaçais un peu, elle n'avait pas du remarquer qu'elle s'appuyait contre, réveillant du coup d'avantage la douleur.

Elle l’enviait presque… Elle l’enviait parce qu’elle aurait peut-être aimé se débarrasser des souvenirs désagréables. Pouvait-il s’agir d’une forme d’amnésie partielle ? Les êtres humains étaient définitivement très compliqués… Et Vega était sûrement celui qu’elle comprenait le moins. Jusqu’ici, Si Yeon s’était toujours imaginée qu’il avait volontairement fait exprès de la blesser… par l’intermédiaire des autres. C’était ce qu’on lui avait toujours fait croire. Mais son discours était en train de tout remettre en cause. « Je… Non… J’ai été persécutée parce que quelqu’un en donnait l’ordre… Ce quelqu’un, c’était toi… Du moins, j’en suis plus tout à fait sure parce que... » Elle se remémorait soudain quelque chose. Sans trop savoir comment ni pourquoi, la jeune fille avait l’étrange certitude d’avoir été proche de lui à un moment donné, dans leur enfance… Et pourquoi l’avait-on martyrisé, également ? Elle n’y comprenait pas grand-chose. « Tu ne m’as jamais frappé, c’est vrai… Je… Pourquoi ? » L’avait-on induite en erreur pour qu’elle se retrouve définitivement seule ? Vega aurait-il été lui-même victime à cause d’elle ? C’était à peine pensable… Elle n’osait même plus connaître la vérité.

C’est à ce moment précis qu’elle se redressa en jurant. Trop vivement qu’elle en perdit l’équilibre avant de retomber sur lui ! Le pire des scénarios envisageables, puisque maintenant, ce n’était plus uniquement sa cervelle qui fulminait, mais son corps tout entier. Si Yeon en venait à perdre tout raisonnement possible. Elle ne s’en rendait pas encore tout à fait compte, mais son cœur tambourinait à une vitesse anormale. Le fait d’être aussi proche d’un garçon était une nouveauté pour elle. Qui plus est, le mélange d’émotions et l’imposante stature de Vega ne l’aidèrent pas à connecter ses neurones, visiblement indisposées. Ce n’est qu’au moment où il leva la main pour dégager une feuille de ses cheveux, qu’elle consentit à reculer, un peu hébétée par son commentaire. Elle n’avait pas fait exprès de tomber sur lui, mais elle aurait pu se bouger bien avant ! Faute de quoi, elle était encore en train de lui faire mal… Depuis le départ, elle ne semblait bonne qu’à ça… Et si en fin de compte, la grande méchante de cette histoire, c’était elle ? Sur cette pensée, sa vision se flouta d’une pellicule de larmes qu’elle s’évertua à ne pas faire flancher. « Tu ferais mieux d’y retourner… Occupes-toi sérieusement de ta blessure et ne m’adresses plus la parole. » prononça t-elle avec un mépris, feint. A moins d’être maso, il n’avait aucune raison de persister. Même s’ils étaient amené à se voir en classe… et parfois, dans le même groupe « d’amis ». Il fallait qu’ils cessent de se chercher mutuellement. « Tu comprends pas ? Je suis différente. » De toi. Devait-elle lui montrer son pouvoir de régénération ? Devait-elle montrer son véritable visage ? De ses pupilles intransigeantes, Si Yeon le provoqua du regard.

pendant l'espace d'un instant, ton cerveau t'avais joué un vilain tour. tu venais de te rappeler de son visage d'enfant, cette petite fille dont tu ne te souvenais que de la voix et de la silhouette... de ce sentiment de haine qu'elle te vouait. et plus le temps passait, moins tu comprenais ce que tu ressentais. tu culpabilisais mais en même temps tu voulais hurler que tout ça était impossible, que lui faire du mal te rendrait malade. je serais incapable d'une chose pareille... ça me rendrait malade., disais-tu sincèrement alors que ton regard copie le mouvement du sien, se posant sur ses jolies lèvres en forme de coeur. la feuille qui était coincée dans ses longs cheveux d'ébène désormais entre tes doigts, elle se redressait un peu à tes regrets. tu relevais quand même les yeux vers elle. tu avais l'habitude qu'elle te hurle dessus mais là, sa voix était différente, tu l'entendais très clairement. je suppose que c'est plus facile pour toi de me détester., disais-tu en te redressant un peu. et elle avait beau te lancer des regards noir, ses yeux révolvers... elle avait les larmes aux yeux.

tu t'appuies alors contre l'arbre pour te relever sans s'appuyer sur ta jambe, passant une main dans tes cheveux pour les décoiffer comme d'habitude et avoir un air de débraillé, ou juste de bad boy rebelle. ... si tu veux pleurer, fait-le. si quelqu'un te vois je dirais que c'est moi comme ça on ne se moquera pas de toi., disais-tu en attrapant son poignet sans vraiment la forcer, la tirant un peu pour qu'elle te suive. tu n'allais pas la laisser toute seule dans la forêt et surtout tu voulais lui montrer quelque chose. tu allais visiblement dans le sens opposé pour sortie des bois, l'emmenant jusqu'à un grand arbre. tu connais cet endroit, pas vrai?, disais-tu en montrant une cabane dans l'arbre à moitié réparée. tu venais ici depuis quelques semaines. j'ai tout oublié de mon enfance sauf ça, je sais pas pourquoi... elle était toute cassée, abandonnée alors j'essaye de la réparer tout seul., disais-tu en montrant le matériel et les planches de bois. tu lui lançais un regard comme pour lui demander si elle voulait t'aider, ne te rendant compte que maintenant que tu tenais toujours son petit poignet entre tes grands doigts. tu affichais un faible sourire en glissant sa main dans la tienne quelques secondes avant de la lâcher. c'est toi qui comprend pas, on est pareils., disais-tu. tu t'éloignais ensuite, t'approchant du matériel, oubliant volontairement la blessure sur ta jambe.

Elle avait beau vouloir lui tenir tête, le corps et l’esprit ne semblaient pas totalement en adéquation… Les larmes présentes sur le rebord de ses yeux la décrédibilisait malgré son envie de le repousser, pour qu’il cesse de s’obstiner. Elle en avait assez de lui. Assez de sa gentillesse et de ses attentions qui la faisait passer pour une personne odieuse… Si Yeon, elle ne se détestait jamais. Elle ne se remettait jamais en cause puisque seul importait son jugement. Elle n’en avait que faire des états d’âmes des autres… Alors pourquoi ? Pourquoi se sentait-elle aussi mal, à cause de lui ? La brune n’aimait vraiment pas se sentir comme ça. Et elle lui fit bien comprendre, alors qu’elle se hissait un bref instant sur la pointe de ses pieds pour le lorgner du regard. « Mais je me fiche de ce que penses les autres ! Je n'ai pas envie de pleurer. » De ses prunelles sombres, elle le mit au défi. Vulnérable, cependant, lorsque les premières perles salées vinrent s’acheminer le long de sa joue. Fichue traîtresse qu’était son propre organisme... Ces fameuses larmes, elle les essuya de façon grossière et elle ne s’attendit pas à ce qu’il attrape son poignet pour la diriger dans une autre direction, tout aussi désabusée que contrariée. « Yah ! Qu’est-ce qui cloche chez toi ? Lâche-moi. » s’exclama t-elle d’une voix éraillée, exténuée. Elle ne trouvait plus la force de s’emporter mais elle faisait preuve d’autant d’obstination que lui…

Immobilisée face à un cet arbre qui n’était pas sans lui rappeler d’improbables souvenirs. La vision de cette cabane construite en hauteur la fit fébrilement tituber en arrière, dans un premier temps à court de parole. « M-Mais… C’est... » Sa cabane. Une intime conviction lui dictait qu’il s’agissait de la sienne, mais pas seulement… Et au sein de ses souvenirs embrouillés, la vision d’un jeune garçon lui apparut. Un mirage, qu’elle ne pouvait guère identifier, alors que la réponse semblait toute évidente. Des deux, elle était pourtant celle qui n’avait pas été atteinte par des pertes de souvenirs. Alors, lorsque son camarade reprit la parole, ce fut un peu la douche froide. Le muscle dans sa poitrine s’emballa de plus belle au moment où elle réalisa cette triste vérité. Ce mirage, qui n’en était pas un. Cette cabane qui était en faite la leur. Vega avait raison, c’était elle qui ne comprenait pas. Pire encore, dès l’instant où il relâcha sa main, la belle fut prise d’un étrange sentiment de panique. Sentiment qui alimenta ses gestes, et l'adolescente se hâta de le rejoindre pour se coller à son dos et l’encercler de toutes ses forces par la taille. « Je… J’ai eu tort… Je sais pas pourquoi je fais ça mais s’il te plaît, je… Je sais pas ce qui m’arrive. J’ai peur, Vega... » De te perdre. Peur d’elle-même. De ce qu’elle était… De ce qu’il était ? Son attitude n’était-elle pas complètement stupide ? La gêne et l’embarras avaient vite eut vent de la faire se reculer d’un pas, tête abaissée pour éviter la confrontation visuelle.

Elle n'en avait pas la moindre conscience mais ses joues s’étaient pâmées d’un rose incendiant, d’une beauté singulière.

tes longs doigts entourant son poignet fin, tu la guidais dans les sentiers de la forêt. tu sentais bien ce petit quelque chose â chaque contact avec elle, c'était comme magique.. une sorte de connexion sporituelle, un truc du genre. et tout de suite, tu ne voulais pas te faire menaçant, lui faire peur ou lui faire mal était la dernière chose à laquelle tu pourrais penser. c'était ton instinct qui de disait d'agir, de lui ouvrir les yeux. tu ne supportais plus qu'elle te haisse, mais si après cet énième message, similaire à une bouteille jetée à la mer, ne la faisait pas réagir... tu abandonnerais. pour elle, tu arrêterais de l'embêter et d'insister. tu accepterais tout simplement. tu trainais ta jambe pour t'enfoncer un peu plus dans les bois, écartant les branches et les ronces comme un vrai gentleman pour qu'elle ne se blesse pas. tu avais juste ignoré chacune de ses remarques jusqu'à te trouver devant la petite maisonnette en bois dans l'arbre. et elle semblait elle aussi se rappeler, elle ne disait plus rien l'espace d'un instant et alors que tu lâchais son poignet pour aller vers l'arbre, elle te stoppa net dans ton élan.

ton coeur loupait un battement, sentant sa présence dans ton dos et ses bras entourer ta taille. sa voix avait elle aussi changé, te faisant frissonner. elle avait peur? mais surtout elle s'excusait? et alors qu'elle se recule, tu n'oses pas te retourner tout de suite. tu te pinces les lèvres et finalement, après quelques secondes de réflexion tu soupires. un soupir de soulagement ; l'abcés est enfin percé. ça a du te fatiguer de me haïr autant pas vrai?, disais-tu en te retournant doucement avec un regard un peu timide. elle était mignonne, avec ses joies toutes rouges ; ça t'arrachais un sourire gêné, facilement charmé par la jolie brune. je t'ai pas facilité la tâche, moi aussi... ne culpabilise pas, je ne t'en veux pas., disais-tu en essayant de capter son visage en penchant la tête vers elle. tu attrapes ensuite une petite planche, tendant la main vers elle. ça te dis de m'aider? après tout c'est aussi chez toi ici..., ajoutes-tu en souriant d'avantage.

tu venais de te souvenir que tu avais toujours été amoureux d'elle, depuis tout petit... et tu voulais la protéger et la voir sourire quoi qu'il arrive, quoi qu'il t'en coûte.