i like me better when i'm with you

Douleur intense. Suffocante. Tu clignes plusieurs fois des yeux, tentant pendant un long moment de te situer. Tu es dans ta chambre, ça ne fait aucun doute. Comment tu t’es rendu à ton lit, you have no fucking clue. Tes paupières retombent une nouvelle fois. Ce n’est pas le sommeil qui te regagne, mais bien la douleur. Tu glisses une main sur ton ventre pour rencontrer le pansement qui le recouvre, fronces les sourcils, plongé dans l’incompréhension. Qui…

Lui. Sa respiration calme s’élève à tes côtés. Ton regard valse sur ses courbes, sur son visage si délicat. Sur celui qui, certainement, t’a encore tiré de l’embarras. Ta main hésite, flottant au dessus de sa hanche, mais tu la reposes sur le matelas. Quelle erreur as-tu commise en te permettant ainsi de le laisser entrer dans ta vie. Tu t’en mords déjà les doigts, après si peu de temps. Et pourtant, la simple vue de ce faciès, même endormi, te pousse à croire que ce fut la meilleure de tes erreurs.

À pas de loup, tu t’extirpes de ta couche. Démarche chancelante, c’est au bord de la porte patio que tu trouves refuge. Tu ouvres la porte de cette dernière, donnant sur un petit balcon, où tu y prends place. Tu attrapes un paquet de cigarette laissé à l’abandon sur la table en verre et en glisses une entre tes lèvres, l'allumant pour emplir tes poumons de ce poison gazeux. Détente. Tu expires longuement, t’appuyant sur la rambarde pour fixer la ville encore active, même à cette heure tardive. Une dernière inspiration, presque trop longue. Tu lances le mégot par-dessus bord et rentres, refermant la porte.

Aussi silencieusement, tu te reglisses dans le lit. Tu as peu d’espoir de regagner le sommeil. Et tu te rends compte que tu viens peut-être de tirer le plus jeune du sien. Il s’étire et tu en profites pour te rapprocher. « hey… cami… » Léger sourire qui illumine ton visage tandis que tu murmures son prénom. Ta main glisse sur sa hanche et tu le tires contre ton torse, serrant les dents pour ignorer la douleur. Tu niches le bout de ton nez au creux de son cou et t’enivres de son parfum, te délectes de la chaleur de son corps. C’est automatique, tu te sens mieux. « je ne voulais pas te réveiller. Je m’excuse… » Ta main remonte lentement contre son torse. Tu espères qu’il acceptera tes excuses et refermeras les yeux. Mais ce serait trop beau.

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Il ne sait pas à quel moment le sommeil l’avait emporté, le corps proche de celui de Macsen sans pour autant l’étreindre, de peur de le blesser en le touchant. Il avait pensé au début à laisser Macsen et passer la nuit sur le canapé, mais il ne sait pas à quel moment ses yeux se sont fermés, sous les nombreux baisers de son ainé. Il avait fini par le faire taire et oublier toutes ses questions, ça n’allait surement pas durer, au réveil, Cami se montrera plus insistant. Il se tourne, le sommeil léger et ses sens en alerte, il sent Macsen bouger derrière son dos, puis l’entend marcher jusqu’à la porte. Il ne regarde pas en sa direction, se contente de fixer le mur face à lui dans la pénombre. C’est la première fois qu’il passe la nuit chez Macsen sans que rien ne passe entre eux. Il sourit légèrement, ses pensées s’égarent. Comme souvent, depuis quelques temps, il se demande ce qu’ils ont ; l’intérêt de toutes ses rencontres nocturnes. C’est rare qu’ils se voient en dehors de l’appartement, ils ne sont pas ensemble, ils n’en sont même pas au stade d’amis, ils ne savent rien l’un de l’autre.

La porte se referme et les pas feutrés de Macsen parviennent à son oreille, il sent le lit s’affaisser à ses côtés et finit par enfin faire face au jeune homme, les bras tendus vers la tête du lit, il s’étire, un simple soupir franchissant la barrière de ses lèvres. « Hm. » marmonne-t-il, une main posée sur les yeux. Son corps vient naturellement se coller à celui du plus vieux quand il l’attire vers lui. « C’est pas grave. » Il traine une main sur le bras de Macsen, laisse ses doigts pianoter sur son épiderme rafraîchit par l’air de l’extérieur. Sa peau contre la sienne, il sent quelque chose d’étranger, et c’est à ce moment qu’il se remémore la veille ; l’état dans lequel il avait retrouvé le jeune homme.

Il laisse la distance se créer entre eux et se redresse légèrement, sa main tâtonne sur la table de nuit pour allumer la lumière de chevet. « Ça va mieux ? » Il frôle le pansement de ses longs doigts, les lèvres pincées, il se rappelle de l’état dans lequel il avait retrouvé Macsen la veille, ses mains tremblaient s’affairant à traiter la plaie. « Tu comptes toujours rester silencieux ? »

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what are you. cette question te revenait souvent en tête, question à laquelle tu n’arrivais jamais à répondre adéquatement. what are we. c’est généralement la question qui suivait la première interrogation. Vous n’étiez rien. Une simple fréquentation, tout au plus. C’est du moins ici que la ligne réelle se dressait. À quel moment devient-on plus que de simples connaissances, tu ne pouvais dire. À quel moment était-il normal de faire subir ce genre d’épreuves à une personne qu’on ne connaissait pas plus que de nom? Il en avait vu des choses, en si peu de temps, Cami. Il t’avait vu dans tes bons comme tes mauvais jours. Surtout tes mauvais.

Proximité momentanée, qui ne dure qu’un simple instant. Tes prunelles s’accrochent à ton cadet, surveillant ses moindres faits et gestes. Tu refermes les yeux lorsque la lampe de chevet s’allume, un grognement sourd passant la barrière de tes lèvres. Ils s’ouvrent de nouveau lorsque les longs doigts du brun glissent contre ton ventre. Tu te contentes d’hocher la tête. Outre la douleur, tout semblait aller. Peut-être était-ce dû à tes facultés particulières. Cami y était pour beaucoup. Le bout de ton nez se retrousse, ta main remontant pour venir chercher la sienne. « tu sais que je ne veux pas t’impliquer dans ces trucs là. » Un murmure, presque chuchoté, comme si tu avais honte d’en parler. « tu sais dans quel domaine je travaille. tu devrais déjà avoir fait le lien. » Aider les criminels à rester hors de prison, ce n’était pas une tâche simple et on te le faisait généralement savoir. Comme hier soir.

Tu serres ses doigts entre les tiens, te redressant légèrement pour lui subtiliser un baiser. Dévier le sujet, comme à chaque fois. Ta spécialité. « ça n’arrivera plus, je te le promets. t’as pas à t’en faire. » Sourire en coin pour appuyer tes paroles, ou pour tenter de te convaincre également que ce genre de situations ne se reproduira pas. « merci. d'être resté. » C’était la moindre des choses. Si tu ne voulais lui dire tout en détail, tu pouvais au moins lui montrer à quel point tu lui étais reconnaissant. C’est peut-être pourquoi tes bras passèrent à sa taille, le tirant dans une nouvelle étreinte, le bout de ton nez frôlant le sien. « y a-t-il quelque chose que je puisse faire pour me racheter? » Et tu espérais, du plus profond de ton âme, que la réponse serait positive.

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Vague et sans nom, leur relation. Des regards, des caresses, des murmures à peine audibles laissés au creux d’une oreille qui peine à satisfaire les attentes. Il n’y a jamais rien eu de plus, aucune promesse au milieu de leurs ébats brûlants, aucun avenir dans leurs corps qui ne savent plus se découvrir tant ils se connaissent par cœur. Alors pourquoi a-t-il eu aussi peur la veille, quand il avait découvert Macsen en sang devant la porte de son appartement ? Pourquoi est-ce que son sternum se consume douloureusement à la pensée que l’ainé ne daigne pas lui offrir de réelles explications ? Comme s’il n’était rien de plus qu’un nom sur une liste, un compagnon d’une nuit. Indigne – Ephémère. Il se déteste d’être ainsi et de laisser ses émotions prendre l’ascendant sur son calme, mais il déteste tout autant Macsen ; source de tous ses maux internes.

Il soupire à sa présence qui revient à ses côtés, lui faisant perdre son sommeil. Ce n’est pas comme s’il dormait paisiblement de toute façon, l’image du sang et de la plaie profonde au ventre de Macsen lui revient chaque fois que ses paupières se renferment, et c’est naturel que ses doigts viennent à la recherche de la blessure, inquiets à l’idée qu’elle ne se rouvre. Cami s’est déjà blessé plus jeune, des constellations de couleurs, plus ou moins douloureuses, ont bien souvent recouvert son corps, pourtant il n’est pas si doué en soin. Il a perdu l’habitude et Macsen est plus souvent celui qui s’occupe de ce genre d’attention. C’est normal qu’il ait peur d’avoir mal fait les choses. Son anxiété à la découverte de la blessure n’avait pas du bien aidé ses doigts tremblant à la désinfecter puis la panser. « Non, j’en sais rien. Et tu sais pourquoi ? Parce que tu me parles jamais. » Il sait qu’il a été surement le moins pire des clients de Macsen. Un énième soupir quitte ses lèvres tandis qu’il ferme les yeux au baiser de Macsen, les garde ainsi clos même au moment où il recule, leurs doigts liés. « Me mens pas, t’en sais rien, si ça arrivera encore ou pas. » Tout comme il ne se doutait pas qu’il se ferait attaquer la veille.


« J’allais pas te laisser te vider de ton sang, me remercie pas. » Son ton est plus sec qu’il ne voudrait, mais le discret tremblement qui l’agite trahit l’inquiétude qui sommeille toujours en lui. Il se laisse faire quand le brun l’attire vers lui, pour autant, il ne répond pas à son étreinte. « T’es pas en état pour me donner ce que je veux. » Il pose un léger baiser sur son nez et détourne le regard. Ses doigts libres viennent effleurer les mèches brunes de Macsen. « J’étais vraiment inquiet. »