Il livre une confession venant du cœur. Haneul, il croit à ce qu'il dit. Il est pas fait de certitudes, pourtant il sait que c'est vrai. Il a aimé Romi, aussi évident que le soleil qui se lève. Que la Terre tourne, que la lune rayonne. Il déteste le voir tout nier, tout balayer d'un revers de main comme s'il mentait. Non, pour une fois il ne ment pas. Il ne joue pas, il ne joue plus lorsqu'on parle de leur passé. Il ne l'a jamais fait. Peut-être que partir était une erreur, le geste à ne pas faire. Mais aux yeux d'Haneul, c'était la seule possibilité. C'était dur à croire, difficile à comprendre - pourquoi Romi, pourquoi aimer quelqu'un d'autre autant ? Aucune idée mais tout cela l'avait effrayé. Il était apeuré face à l'immensité de ses sentiments, de son cœur qui battait rien qu'à la vue de Romi. Il voudrait éteindre son soupir, le faire taire. Il entend la haine dans sa bouche, la voit qui s'écoule dans ses paroles. « Non, t'en sais rien. T'écoutes pas. » Toujours son erreur qui lui est renvoyée en plein visage. Haneul ne dit pas qu'il ne le mérite pas mais c'est toujours aussi douloureux. Il voudrait avancer, briser les chaînes de leur passé. Elles les empêchent d'avancer. L'amertume le heurte de plein fouet une nouvelle fois. Lui aussi a envie de hausser le ton. « T'es qui pour m'en empêcher ? » L'immaturité qui ressort. Il sent la main de Romi qui couvre la sienne, le fait lâcher. Tout s'intensifie, tout éclate entre eux. Haneul il écoute, il suit les mots de Romi. Il ne peut pas imaginer assez ce que son départ lui a fait. Il s'en voudra toujours, c'est plus qu'évident. Mais Haneul, il croit aussi qu'il peut mieux faire. Qu'il peut tout reconstruire de ses mains si Romi l'y autorise. Il voit la glace tomber, s'écraser sur le stand de glace. Et puis il sent la main de Romi qui remonte le long de son bras. Toucher chaud dans la nuit trop froide. Il sent la prise s'attarder sur sa joue, devenir de plus en plus ferme sur quelques mèches de ses cheveux. Légère douleur qu'il sent. Romi qui vient capturer ses lèvres. Haneul qui est surpris du baiser, surpris de l'absence de tendresse. C'est différent, c'est plus comme avant. C'est trop vide, trop mort - il n'y a plus leur fougue, plus leur jeunesse. Il sourit amèrement en l'écoutant, il déteste ses mots. Il n'est plus face à son premier amour. « Tu me détestes tant que ça ? » Plus que tu m'aimes, plus que tu m'as aimé. Question qui naît. Haneul dont la main vient se poser sur la joue de Romi, quelques mèches qu'il tire à son tour. « Si c'est ce que tu veux, faisons-le mais on dîne avant. » Il veut imposer ses conditions. « Je veux passer du temps avec toi. » Peu importe comment, juste parce que ça fait longtemps. Il croit peut-être à sa chance aussi.

« J’écoute pas, mais est-ce que tu t’entends ? » réplique-t-il systématique, la voix aigrie, le poids serré. Il ne comprend pas, il n’y avait aucune explication logique et les mots que Haneul lui déballait – les excuses – ils ne trouvaient pas grâce à ses oreilles. Il aurait préféré ne plus le revoir et simplement laissé son visage à jamais terni dans les souvenirs de son passé, Romi était certain que le temps aurait fait son boulot et il l’aurait entièrement oublié pour n’en garder que le bon. Mais Haneul est revenu bien trop tôt, la douleur est encore vive, la plaie ouverte. Il l’avait tant aimé, de cet amour qui ne pourrait disparaitre après trois années passées en éclair. Si seulement. Mais Haneul est face à lui et il n’y avait aucune possibilité de revenir en arrière, sans qu’aucune zone d’ombre ne s’éclaircisse jamais entre eux. Il aimerait tant que sa voix se taise et que ses yeux se closent. Il aurait voulu n’avoir jamais connu cet amour-là, parce qu’il ne l’avait couvert que de regrets sitôt le bonheur d’avoir Haneul entre ses bras pour une nuit dissipée. Ça n’a été qu’un mirage ; éphémère mais à la pression éternellement brûlante contre sa peau. Il jurerait parfois encore sentir son toucher, contempler ses lèvres pour lui murmurer un je t’aime qui n’a su durer jusqu’à l’aube. Et il s’attaque à ses lèvres sans douceur, une violente si lointaine de la tendresse dont avait été empreint leur dernier échange il y’a des années. « Je te déteste plus que je ne t’ai jamais aimé. » murmure-t-il le souffle court, son regard ancré dans le sien, comme s’il le défiait. Et il l’avait aimé plus que tout au monde. Il glisse ses doigts jusqu’à la main de Haneul pour la déloger de sa joue, un soupir agacé s’éteignant sur ses lèvres. « Ça marche, pour le dîner. » Il ne sait pas ce que chacun d’eux cherche, sa propre proposition n’avait en rien été préméditée. Il finit par reculer vers son stand afin de le couvrir, non sans ouvrir l’un des petits placards pour en sortir les rares paquets qu’il lui restait encore et les enfouir discrètement et rapidement dans son sac à dos. « Je préfère un endroit où on pourra manger rapidement. »

Il n'aime pas ses mots. Haneul entend mais Romi n'écoute pas. Dialogue de sourd, ils avancent sur place. L'harmonie semble s'être envolée avec le temps. C'est un combat pour avoir le dernier mot, pour faire plier l'autre. Haneul est surpris, troublé par Romi qui s'attaque à lui. Ses doigts qui tirent sur ses mèches de cheveux, il le regarde ébahi avant de sentir ses lèvres contre les siennes. Rien de doux, rien de beau. Ce n'est plus un songe mais un cauchemar de chair. Avant, c'était plus agréable - plus important. Ce n'était pas juste un baiser mais bien quelque chose avec une signification. Violence qui se perpétue, Haneul que Romi rejette un peu plus loin de ses mots. Sourire amer qui naît sur ses lippes. « Je préfère croire que tu me mens. » Qu'il ne le déteste pas tant que ça. Haneul sent pourtant sa haine, le fait qu'il le déteste dans chaque parcelle de son être. Enfant naïf, il voudrait tout effacer. Tout dissimuler d'un revers de main; ce serait plus simple. Ce murmure lui serre le cœur et tout a l'air si réel. Si intense; il en ressent chaque bout de douleur. Romi déloge sa main de sa joue, nouvel écart entre eux. Et ils s'offrent des paroles qui ne veulent rien dire. Propositions plus stupides les unes que les autres mais chacun veut sortir vainqueur du débat. Haneul, il est comme agacé que Romi accepte sa proposition. Il lui rend son soupir, déteste tout ce qu'il pourra dire. Romi s'éloigne pour ranger son stand et Haneul reste planté là. Il ne sait pas ce qu'ils font, ça n'a aucun sens. Ses yeux scrutent le moindre mouvement de l'autre. Pour une fois, il se tait. Reste silencieux jusqu'à ce que l'autre ne parle à nouveau. « Pas moi. » Deux mots rebelles qui s'échappent. « J'ai envie de prendre mon temps. » Il garde la tête haute, sa stupide détermination. Haneul, juste un gosse. Il s'approche de Romi, chuchote au creux de son oreille. « Que ce soit pour le dîner ou le reste. » Il ne sourit pas mais se satisfait intérieurement. Sourcils froncés, il s'avance. Fait signe au garçon de le suivre. Il marche encore vers l'inconnu, probablement vers une mauvaise idée aussi. « Sache que je te baiserai pas, je te ferai l'amour Romi. » Légère fierté qui sera rejetée mais Haneul s'en fiche. Il offre ces mots à la nuit si elle les veut.

Réminiscence d’un passé à deux, des souvenirs auxquels il s’était tant accroché jusqu’à devenir une part indissociable de sa personne. Mais les souvenirs sont entachés aussi, depuis le départ de Haneul, les corps se sont enchainés dans ses bras et entre ses draps, mais aucun n’a égalé le jeune homme. Romi déteste l’habitude qu’il a de comparer chacune de ses conquêtes à Haneul, il n’a cessé d’essayer de retrouver le parfum du brun et son toucher inconsciemment dans ces inconnus. Il n’y jamais eu personne d’autre que lui, tout son être résonne de cette même pensée alors qu’il comble brutalement la distance entre leurs lèvres. Son cœur tremble et s’effrite, son corps ne rêve que de retrouver celui du garçon. Il veut lui faire mal aussi, profiter de sa peau contre la sienne puis disparaitre avant l’aube. Il veut tant que Haneul passe par les mêmes émotions que les siennes pour se rendre compte que les mots et les excuses ne tairont jamais les complaintes de son cœur. Il ne souffle aucune tendresse dans leur baiser, le rend vide et presque dénué de réel plaisir, ce ne sont que des lèvres qui s’écorchent à vif. Il n’y a plus d’amour, c’est ce dont il se persuade en tout cas. Il ne répond plus à Haneul ensuite, cherchant ses affaires pour lui suivre. Haneul qui assure qu’il veut prendre son temps, ce à quoi il répond par un simple regard dédaigneux, le sourcil arqué et un soupir agacé coincé entre ses lippes. « Il faut être capable d’aimer pour faire l’amour aux gens, Haneul. » son prénom est presque craché. Il s’éloigne quand le garçon se retrouve trop près de lui et préserve cette distance pendant tout le trajet jusqu’au restaurant, le lieu est choisi par Haneul puisque lui ne faisait pas réellement attention au chemin. « Commande pour moi aussi, j’ai pas envie de me casser la tête. » qu’il murmure sans jeter un regard sur le menu que le serveur dépose en face d’eux.

Haneul déteste la distance que Romi met entre eux. Il ne l'embrasse pas, il ne fait que coller ses lèvres aux siennes de façon abrupte. Il le repousse dans ses mots, dans ses gestes. Il l'assène de coups verbaux; Haneul, il a les poings et le coeur qui se serrent. « Je sais peut-être pas aimer mais je sais t'aimer.» Romi, juste Romi dans sa tête et son coeur depuis toutes ces années. Les autres, c'est rien. ça n'existe pas, ce sont juste des relations éphémères. Pas d'amour, pas de tendresse. Que du vent qui glisse entre ses doigts, Haneul il s'attache pas. Il ne veut pas tomber pour eux, perdre la tête pour des amourettes. Il est certain d'avoir aimé Romi; il le sait parce qu'aujourd'hui encore - il ressent ce même sentiment. Il le trouble mais c'est différent. « Je te ferai l'amour Romi. » Il appuie sur son prénom comme lui l'a fait. Haneul, immature qui répète. Il renvoie la balle, gamineries incessantes. Il voudrait clouer Romi à son bras, l'attacher pour ne pas qu'il s'en aille. Il déteste sentir son corps qui se décale, qu'il le repousse même légèrement. Haneul choisit le restaurant, endroit agréable selon lui. Il n'aime pas la mauvaise volonté de Romi, ses mots autoritaires non plus. Il décide pourtant d'obtempérer. « T'es insupportable. » Il le défie du regard. La serveuse vient prendre leur commande et Haneul le fait pour deux. Il choisit les plats préférés de Romi; souvenirs non erronés pour une fois. L'attente se fait dans une atmosphère tendue. Les yeux de Haneul n'ont pas envie de quitter Romi. (...) Le néon grésillant du love hotel apparaît. Haneul aurait voulu leur offrir mieux mais il lui était impossible de rentrer chez lui. Parents qui se disputent, persona non grata. Il commande une chambre pour eux deux et fait signe à Romi de le suivre lorsque tout est réglé. Il se sent comme troublé lorsqu'ils entrent dans celle-ci. C'est si différent, si étrange. A peine la porte fermée, il se retrouve face à Romi. « Tu regretteras rien ? » s'autorise t-il à demander. L'incertitude le gagne mais Romi répondra vite à sa question.

Haneul est comme dans ses souvenirs, entêté et infaillible. Il ne l’écoute pas et continue d’affirmer qu’il lui fera l’amour ce soir, pensant naïvement qu’il y’avait encore lieu à ce sentiment entre eux. Un amour révolu entre eux et Romi ne désire plus faiblir de nouveau devant les grands yeux clairs. Il ferme son cœur et ses pensées, tait la voix qui lui crie qu’il n’a pas envie qu’une histoire sans lendemain, parce que Haneul n’avait jamais quitté son esprit, pas un seul jour. Il aimerait le détester autant qu’il le prétend, il n’y a rien qu’il veuille plus que ça, mais au fond il sait, Romi, qu’il a bien trop aimé son cadet pour que tout s’efface à cause de son abandon. Il crée la distance pour empêcher son cœur de vaciller un peu plus, les lèvres pincées, il continue de marcher jusqu’au restaurant où il laisse Haneul commander pour lui, aucune volonté de lui rendre les choses plus faciles. Il ne répond pas au défi dans son regard et se contente de détourner la tête, observe les clients, les passants visibles à travers la grande vitre à côté de laquelle ils sont assis. Romi préserve ses lèvres farouchement mutines, pourtant, il se sent attendrir quand il remarque les plats posés devant lui. Ses préférés, Haneul n’a pas oublié. Il mange silencieusement, rapidement. L’envie d’en finir avec tout ça.
Le love motel les accueille, endroit qu’il ne connait pas spécialement quand la majorité de ses conquêtes se sont faites dans boites de nuits ou en voiture. Il suit les pas de Haneul jusqu’à la chambre qu’il ne prend pas la peine de détailler. « Non. Déshabille-toi. » Un souffle et ses doigts qui s’affairent déjà sur les boutons du plus jeune, le haut et le jeans enlevés presque en même temps avant qu’il ne le pousse contre le lit et prenne place sur ses genoux. Ses doigts remontent jusqu’aux courtes mèches brunes et s’y pressent afin de lui dévoiler la gorge d’Haneul qu’il marque sans tendresse. Il veut juste en finir, au plus vite.

Il se sent presque seul alors que Romi est en face de lui. Il ne déteste pas la vue, loin de là même. Il déteste juste le silence, le fait que l'autre ne dise rien. Il se contente de manger sans même lui adresser la parole. Son ego infantile en serait presque blessé. Haneul, grand enfant. C'est comme s'il n'avait jamais grandi. Il hésite à parler lui aussi mais ne laisse échapper que peu de paroles. Débit contenu alors qu'il apprécie son plat. C'est la première fois depuis des années que Haneul est si silencieux à table. Etrange situation, il préfère essayer d'oublier. Partir vers le love hotel avec Romi, c'est bizarre. Il ne serait jamais attendu à des retrouvailles de ce genre. Il aurait voulu lui sauter dans les bras, qu'ils vivent quelque chose de romantique mais Haneul; il était stupide. Romi n'avait rien oublié, surtout pas le mal qu'il lui avait fait. Il a pris son temps sur le chemin mais il sent un Romi pressé. Le garçon qui le suit docilement, ne regarde que peu les lieux. Haneul en est presque vexé; le sentiment s'intensifie lorsqu'il lui dit non. Déshabille-toi, ça fait écho dans sa tête. Il n'a pas envie d'obéir. Romi ne lui laisse pourtant pas le choix. Ses doigts viennent se poser sur lui et ses vêtements. Il le déshabille de ses mains, fait glisser son haut et son jean sans que Haneul ne puisse s'opposer à rien. L'air frais vient se poser sur sa peau; sans qu'il ne puisse rien dire, Romi l'assoit sur le lit. Haneul est docile, complaisance qui ne durera pas. Romi prend place sur lui, attrape quelques mèches de ses cheveux afin de le diriger et d'atteindre son cou. Aucune tendresse, aucune douceur. Haneul ne peut pas le supporter. Ses mains viennent capturer les poignets de Romi. Il défait sa prise presque trop aisément; le regarde quelques instants. « Je veux pas le faire comme ça. » A peine a t-il fini sa phrase qu'il vient encadrer le visage du brun. Ses pouces caressent ses joues quelques secondes. Mais Haneul, il perd finalement patience et vient l'embrasser. C'est lent, doux. Ce n'est pas pressé comme les gestes de Romi le sont. Il sent l'impatience, la colère mais ne lâche pas sa prise pour autant. Sans prévenir Romi le moins du monde, il vient l'entraîner sur le lit. Traité précieusement, le dos du garçon rencontre le matelas. Haneul dérive sur lui, mains curieuses qui ôte son haut et dévoilent sa peau. Haneul laisse de longs baisers sur Romi. De ses lèvres à son cou; de son cou au haut de son torse. Et prenant son temps comme il le désire, il taquine Romi de ses lippes. Peau contre peau, Haneul qui embrasse chaque centimètre du torse nu du garçon. Il sourit en sentant la frustration qui semble émaner du garçon. Mais Haneul n'a pas envie de se presser, ni que tout se finisse trop vite. Il torture doucement son ancien amant et s'en amuse. Ses mains s'arrêtent au bas ventre de Romi; hésitation d'une seconde.

Romi aimerait chasser tout ce qu’il y’a eu de beau entre eux, les souvenirs, les rires, l’amour sans limite qu’il pensait durer toute une vie entre eux. Il se laisse oublier chaque moment passé à deux, mais le rappel de leur unique nuit lui revient toujours en tête, il veut remplacer chaque toucher tendre par un plus brutal et faire ressentir la même peine à Haneul. Celle de l’abandon au réveil, quand la veille seulement il s’est senti submerger par la plus pleine quiétude. Il n’a pas le temps pour le restaurant, les longues sérénades, les excuses de Haneul ou son envie d’alléger son abandon, lui assurant qu’il peut l’aimer encore. Il n’y a plus d’amour entre eux et Romi compte le lui prouver. Une fois au love hotel, ses gestes sont rapides et brusques, sa voix gronde d’autorité alors qu’il entraine le garçon contre le lit, le délestant de chaque couche de vêtement. Il faut que tout se termine, au plus vite. Seulement à ce moment il arrêtera de penser à lui, Romi en a la certitude. Mais Haneul doit encore rappliquer comme à son habitude, il emprisonne ses poignets et joue la carte des sentiments, encore. Il peine à soutenir son regard qu’il ne tarde pas à faire dériver. Et il faiblit sous les caresses de Haneul, ses lèvres qui retrouvent les siennes. C’est tendre et doux, c’est presque amoureux et il se sent son cœur qui vacille, tous ses membres qui tremblent sous la pression du plus jeune. Son corps rejoint la literie, les vêtements s’envolent mais rapidement remplacés par le toucher brûlant du jeune homme. La langueur de ses gestes est une vraie torture, tout lui revient comme s’il ne s’était quitté que la veille. Le toucher de Haneul n’est en rien différent d’avant, quand ils étaient encore amoureux. Et c’est trop pour lui, il a mal. « Fais chier. » l’injure quitte ses lèvres brusquement alors que ses mains épousent les épaules du garçon pour le pousser à s’éloigner de lui. « Je peux pas faire ça. » Les mots sont plus simples que les actes, il ne peut pas le baiser, il ne peut même pas l’approcher sans que les images du passé ne ressurgissent. La colère, à présent, est dirigée contre lui-même, frustration qui monte et l’incendie. Romi se redresse et chercher du regard son haut pour l’enfiler de nouveau. « C’était pas une bonne idée, j’vais y aller. » Les mains maladroites qui s’affairent, le regard fuyard. Il a une boule au ventre comme s’il risquait de fondre en larmes à n’importe quel moment. Pourquoi ?

Il ne sait pas quoi penser, ni même si son cerveau fonctionne encore. Il se laisse aller, joue au jeu que Romi a initié. Il n'a pas envie d'un simple contact charnel. Avec les autres oui mais pas Romi. Non, Romi il ne veut que le beau. Que des gestes lents, que mille baisers. Il ne veut que l'embrasser, le chérir - le vénérer de ses mains. Il ne peut pas le souiller, il ne peut pas encore tout gâcher. Il fait durer le plaisir, joue avec les nerfs du plus vieux. Il doit l'insupporter, il le sait. Mais Haneul, il ne peut pas s'en empêcher. Il tombe tout de même dans l'incertitude lorsqu'il arrive au plus proche de Romi. Il hésite, attend. Et Romi choisit pour eux. Injure qui s'échappe, les yeux de Haneul qui retournent au visage du garçon. Il le regarde, finit par sentir ses mains sur ses épaules. Romi le repousse, Romi le rejette. Est-ce donc ce que ça fait ? Je peux pas faire ça. Haneul, il ne fait qu'écouter. Médusé, surpris. Il voit Romi qui se redresse, Romi qui attrape son haut plus rapide que son ombre. Il marmonne, murmure. Phrase que Haneul entend tout de même. Il est comme perdu dans le vide pendant quelques secondes. Et puis il voit prêt à disparaître. Il ne peut pas laisser faire. Il se rapproche vite de lui. Ses mains viennent se poser sur les siennes. Il cherche son attention, il n'a pas envie qu'il parte. « Reste. » Presque comme une supplication. Il n'entend pas comment sa voix sonne sincère, comment elle prie Romi de ne pas s'en aller. Ses bras l'emprisonnent à leur tour. Ils l'empêchent de bouger, Haneul ressent sa chaleur contre lui. « Juste ce soir. » Il ne lui demande pas l'éternité, simplement quelques heures en sa compagnie. Rien de passionné, ni d'enflammé. Juste lui à ses côtés, plongé dans les bras de Morphée mais à l'abri dans les siens. « Je te toucherai pas, je voudrais juste qu'on fasse une trêve. » Même si elle ne dure pas, murmure dans ses propres lèvres. Haneul continue de serrer Romi contre lui. Il n'est plus dans l'envie d'une nuit charnelle, juste silencieuse avec leurs seules respirations pour bruit.

Un trait qu’il avait désiré tiré avec cette nuit, pour se convaincre qu’il ne lui restait rien d’eux que les souvenirs, ceux que Haneul avait gâché avec sa fuite. Romi ne veut que le détester, de tout son cœur. Haneul a tout sali, leur premier amour, les premiers baisers et la tendre étreinte dans laquelle ils se sont avoués timidement leurs sentiments. Simplement des adolescents aux mains curieuses et aux cœurs battants à l’unisson. Des réminiscences devenues impossibles à ressasser sans une pointe d’aigreur, Haneul s’était foutu de lui, sa confiance vulgairement écrasée. Il ne croira plus en ses sérénades, tout ce qui quittait les lèvres du plus jeune n’était plus que mensonge à ses yeux. Ce n’est pas comme si Romi s’était apitoyé sur son sort depuis, il ne compte plus les hommes et les femmes qui sont passés dans son lit, parfois plus qu’un seul à la fois. Haneul ne devrait pas être différent, un corps en plus, un visage à oublier. Mais il n’y arrive pas, et ça l’agace. Il est incapable de soutenir son regard une seconde de plus, il fuit à son tour, pourtant ce n’est pas pour répliquer les actions d’Haneul d’il y’a quelques années. Il n’y arrive tout simplement pas. Ses mains sont tremblantes quand elles attrapent son haut pour se recouvrir. Il se sent stupide, il aurait dû ignorer Haneul. Une mauvaise idée, toute cette histoire était stupide, elle ne lui rappelait qu’à quel point il était faible, vulnérable face à Haneul. « Non. » Il garde sa tête farouchement baissée, il n’obéira. Il se dérobe aux mains de Haneul, ses poignets se renfermement contre ses genoux, crispés comme le reste de son corps. La voix du jeune homme se fait suppliante, il n’y résistera pas longtemps et il le sait, alors il doit partit le plus vite possible. Une seconde tentative mais cette fois-ci ce sont les bras de Haneul qui le serrent dans un étau ferme ; différence de force distincte, il n’arrive pas à s’en libérer. « Me fais pas ça. » souffle-t-il affligé, il en a tout autant envie mais il pense au lendemain. Son cœur qui s’affolera de nouveau, avant de s’effriter. Les émois qu’il traversera comme pour la première fois. « Lâche-moi. » Ses mains remontent jusqu’aux poignets de Haneul, mais elles n’essayent pas de l’obliger à lâcher prise, elles s’y agrippent désespérément. C’est au-dessus de ses forces. « Si tu m’as un jour autant aimé que tu le prétends, alors laisse-moi partir. Tu sais que ça me fera du mal de rester. » Il baisse sa garde, laisse les sentiments prendre voix. Haneul n’aurait qu’à insister un peu plus pour faire tomber toutes ses barrières. Romi restera, mais il sait qu’il souffrira aussi.