Good boy

Il n’avait aucune envie d’être là dans son costume, aussi louable que soit sa cause, s’afficher au bras d’un homme était une chose qu’il aurait préféré faire avec un sentiment sincère et ça ne l’était pas entre le mafieux et lui. Il n’avait pas eu l’occasion de s’informer plus sur lui au risque d’éveiller les soupçons. Délicate affaire ou le privé devait se mêler au professionnel. Sa gorge se serre, ses sourcils se froncent et il inspire profondément en baissant ses stores, voyant une voiture luxueuse se garer. Nul doute qu’il avait son propre chauffeur et que c’était bien lui qui l’attendait, à l’heure comme il s’en serait douté qui plus est.

Malgré son savoir-faire, briller en société n’avait jamais fait partie des compétences requises pour être soldat et il est loin d’être un exemple. Le vétéran s’estime heureux de pouvoir retrouver un semblant de normalité, d’être jeune et potentiellement se remettre des horreurs qu’il a pu voir, pourtant, il met une barrière entre lui et le monde, beaucoup trop stricte envers lui, envers eux. La confiance aussi n’est pas la même et il ne pouvait pas dire en accorder beaucoup au papillon qu’il soit sous couverture ou non, cet homme avait un empire à gérer et il ne pouvait le faire en forçant le respect seulement, Sehan avait bien du mal à le croire.

On frappe à la porte, il lève les yeux au ciel avant de trainer sa canne jusque-là dans un cliquetis qui l’agaçait lui-même. Le militaire ouvre, dans son costume, prêt et n’ayant sur lui que le strict minimum de défense. Sa canne ne cache rien, mais elle est fort utile, il sait s’en servir et le fera en cas de besoin. Peu importe les scénarios qu’il voit dans cette soirée, il verra toujours un rôle ennuyeux ou qui ne lui convient pas, lui, un peu marginal et pourtant ayant décidé d’être l’un des défenseurs de cette ville. Quelle drôle d’idée.

Son regard se pose sur le jeune homme, de toute évidence sur son trente-et-un et il ne peut nier apprécier la vue, même si lors de leur première rencontre, moins officielle, il avait été tout aussi précautionneux et distingué. Kim Na Bi ne manquait pas de classe, au moins, on ne risquait pas de se frotter de trop près ni à l’un ni à l’autre. Malgré son handicap, le policier était intimidant et une aura semblait le protéger de toute intrusion dans son espace personnel. Bonsoir ? Qu’on en finisse ? Il ne savait que dire pour entamer le dialogue, claquant discrètement sa langue contre son palais. Il lui était difficile de sourire et pourtant il s’y était entrainé. Ce n’est pas la chaleur, mais la malice et le cynisme qui teintèrent celui qu’il venait d’offrir. « Bonsoir » c’est tout ce qu’il dit, plutôt réservé, peu enclin au contact physique sous regard d’un autre, en l’occurrence le chauffeur. Se montrer trop familier ? Pas assez ? En présence d’inconnus ? La soirée promettait d’être longue et sans doute riches en surprises. Il s’était préparé mentalement…, mais serait-ce assez ? Elle n’avait pas encore commencé.

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@Kim Na Bi

Good boy

La vue était plaisante, il devait bien l’admettre, mais il plisse tout de même les yeux, n’aimant pas être détaillé en retour et complimenté comme s’il était malgré tout une poupée manipulée avec plus de leste. « Je te l’avais dit et de toute façon, je m’habille comme je veux » lui dicter sa conduite serait une erreur et ça, Kim Na Bi l’avait bien compris. Même s’il représentait à lui tout seul le côté sombre de cette ville, il n’était qu’un homme avec autant d’autorité que celui qui se dressait devant lui et qui marchait avec sa canne pour rejoindre une voiture de luxe. « Potiche, donc » glissa-t-il en retroussant un côté de sa lèvre. Il avait eu raison et ne le garda pas pour lui tout en inspirant profondément. Se Han n’était pas inquiet de briller en société ou non, il pouvait bien admettre ne pas en avoir grande expérience et ne certainement pas jouer un rôle qu’il ne saurait pas tenir. En somme, son air sauvage faisait son charme et il se demandait bien ce qui poussait les gens à lui adresser la parole malgré les barrières invisibles qu’il s’évertuait à poser.

« Prêt oui, mais eux pas » dit-il en s’engouffrant dans le véhicule, attendant dans le silence le plus total d’arriver à destination pour faire rouler ses yeux vers le ciel. La nuit était belle et pourtant, les battements de son cœur s’accéléraient parfois lorsqu’il pensait avec indignation que ces riches personnes il les avait sauvés quelque part ou que d’autres comme lui étaient morts au nom d’une paix qui n’avait peut-être jamais été menacée. Et en quel cas il était révulsé intérieurement de voir à quel point rien n’avait d’importance à leurs yeux que leurs petites personnes. Se Han n’a jamais été égoïste et pourtant, il apprend peu à peu à se rétracter, à ne pas tomber sur les traquenards, à prétendre un minimum ne penser qu’à lui quand lorsqu’il refuse de tendre la main, une fois au calme chez lui, il rumine et culpabilise. Néanmoins, ce soir il sait que ça ne sera pas le cas, le pense sincèrement et se contente de soupirer d’agacement avant d’offrir un léger rictus à l’entrée de l’immense bâtisse. Pour le coup, les œuvres de charités se produisent sans la moindre honte de ce qu’il en coute plus que de ce qui est donné et c’est une honte à laquelle il n’aurait jamais participé de son plein gré en lançant des regards presque haineux à celui qu’il était censé aduler. « Et bien ça promet » ronchonne le plus jeune entre ses dents, laissant les regards sur sa canne glisser sur lui comme de l’eau en renvoyant toute la force de son regard à quiconque oserait ne serait-ce qu’en penser du mal.

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@Kim Na Bi

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La façon qu’il avait de parler de lui le rendait suspicieux. À la fois comme un proche, un sourire sage et délicieux, mais également comme cet homme qu’il se devait d’être sur le devant de la scène. Se Han ne répondit rien, n’ayant jamais su prendre les compliments autrement qu’avec gêne et écoute attentivement son rôle pour cette soirée qui ne lui convenait pas à mesure qu’il l’entendait. Bien sûr ce n’était pas tout à fait le rôle, il devait récolter de précieuses informations sans éveiller le moindre soupçon. « Ça va de soi, je grillerais ma couverture si je faisais ça » le militaire se sent vexé, mais n’en laisse signe que ses yeux plissés et son regard habituellement froid. Les voilà en route, lui ne voulait pas se mêler à ces personnes, mais il y serait forcé, minimum de courtoisie oblige quand on veut délier les langues. Ça en était d’ailleurs étonnant de constater que son partenaire de crime était plus bavard que lui encore et confiait parfois quelques bribes d’informations qu’il n’aurait pas dues. Le testait-il ? Sans doute, le vétéran n’y prêta pas plus attention, l’un l’autre se méfiaient et ils avaient surement raison de le faire.

Une fois à l’intérieur et après avoir passé la sécurité qui le fit bien sourire, ni choqué par la vue d’armes, ni surpris de constater qu’il pouvait en posséder une à l’intérieur, il constata le luxe de cette soirée et des regards posés sur eux. Sa canne ne faisait pas tant de bruit, mais elle était visible et il ne pouvait pas vraiment la cacher même s’il faisait l’effort. À quoi bon ? Il avait du mal à marcher sans. Soupirant discrètement il observe son soi-disant petit ami faire des courbettes et se présenter à une femme dont la carrure laisse présager une fortune certaine. Il inspire profondément, se laissant ainsi malmener par une main sur sa taille qui le sert prestement contre Nabi. Ses lèvres pincées témoignent de son malaise, mais il reprend au mieux possession de ses moyens. « Bonsoir, enchanté, Yu Se Han, son petit-ami » il aurait bien voulu rajouter qu’il n’était en réalité que le petit-ami sous couverture, mais à quoi bon ? De toute évidence, les personnes ici se doutait bien de ce qui se tramait en fond. Il n’avait pas d’autre choix et ce supplice qui prenait vie en ces lieux ne faisait que commencer. Nabi n’était pas détestable, mais il venait de lui faire un coup qu’il n’appréciait pas. Devoir se présenter, c’était certes, moins dégradant, mais il aurait encore préféré faire la potiche que de devoir sortir la carte de son caractère tout de suite, en espérant simplement que personne d’autre ne daigne lui adresser la parole avec cette désinvolture presque caractéristique de ces gens ? Quel culot monstrueux, mais quelque part, cette chaleur qu’ils dégageaient tous en était presque effrayante.

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@Kim Na Bi

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Etait-il seulement possible d’être préparé au genre de la mafia ? Il se doutait que si sa mission commençait ce soir, c’est qu’elle n’était pas une simple couverture pour l’initier en douceur. Il n’y avait aucune douceur pour ce genre de métier, aucune pour le sien, aucune transition entre bien et mal. Il ne fait qu’acquiescer avant qu’ils se retrouvent dans l’antre du loup et Sehan ne se montre pas intéressé, sans pour autant ne pas être attentifs aux détails qui peuvent bien tomber dans l’un de ses sens. Particulièrement l’ouïe ou la vue. On lui demande qui il est, on le regarde, on le dévorerait littéralement s’il n’avait pas son répondant et cette assurance. Il n’était pas seul, certes et il ne s’était jamais senti inférieur sous seul prétexte de sa canne, la tête droite et le regard à peine souriant, il s’exprime pour indiquer être en couple avec l’une des grosses pointures de la table. Il avait cependant remarqué à la fois la pause dans les discussions et le fait que ce ne soit pas choquant. Mais était-ce en rapport avec Na Bi qui ne se cachait pas de sa sexualité ou du nombre de partenaires qu’il aurait pu posséder ? Le doute subsiste, ne le concerne pas. Puis zut, pourquoi s’en soucier autant ? ça ne lui nuira pas, en quel cas, on ne l’approchera pas plus qu’on ne le fait déjà en tant que proie ou prétendant ou autres idioties qu’il est assez grand pour refouler lui-même en général.

Les chuchotements qu’on lui fait à l’oreille en toute intimité lui font perdre un instant, un court instant le contrôle de façon non visible. Un battement de cœur raté, son regard fixe qui balaye la pièce tandis que lui sont narrées les histoires de deux personnes. La première, cette femme qui n’avait montré aucun signe d’hostilité ou de dangerosité, malgré son statut ici. Le deuxième, pas encore dévoilé à son regard, un criminel qui lui fait froncer les sourcils alors qu’il se tourne, un peu trop proche du criminel sensé être son petit ami. On ne pouvait pas dire qu’il manquait de crédibilité à accepter une telle proximité, leurs souffles bien trop proches pour être anodins et la main du mafieux toujours sur sa taille. « Quel charmant personnage, je serai ravi de jouer les commères auprès de sa charmante dame, en espérant qu’elle soit bavarde et qu’elle soit complice » même si ça ne l’enchantait pas. Son objectif serait d’être assez renseigné pour s’introduire et récolter plus de preuves encore avant de laisser ces évidences dans l’oreille de son supérieur ou directement sur son bureau. « Quoi d’autre ? » demande-t-il, sentant la chaleur de son partenaire d’infiltration se répandre et tentant de rester le plus professionnel qui soit en offrant ce rictus à fossette dénonçant son goût du challenge, yeux dans les yeux. Finalement, cette soirée pourrait être une réussite.

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@Kim Na Bi

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La prise sur sa hanche se fit plus persistante, mais il n’allait pas s’en plaindre, cela lui permettait une certaine autonomie et ne pas entendre les cliques de sa canne au sol comme un rythme constant et agaçant. Il y était habitué, c’était une douce torture, surement celle à laquelle il était le plus résistant dorénavant, mais ça ne l’empêchait pas d’être cependant contrarié de devoir être proche de Na Bi pour se sentir plus indépendant d’elle. En mettant cet épisode personnel de côté et se concentrant sur sa mission, son sourire crispé, cynique apparait dans une remarque toute aussi vorace de ces délinquants de haut niveau. Ces regards plus ou moins complices qu’ils s’offraient n’avaient rien de l’amour que pouvaient s’imaginer les participants de cette soirée. Pourtant, il y avait ce quelque chose, il ne pouvait nier apprécier l’infiltration malgré lui et y trouver son compte de ce fait.

Les instructions du mafieux lui étaient d’une grande utilité et il le laissa susurrer à son oreille sur les derniers conseils. Une femme redoutable à éviter, ou à séduire dans le pire des cas, mais les partenaires de crimes sont plus liés qu’il n’y parait et il avait des raisons de penser qu’elle serait fidèle à son mari, contrairement à la première apparemment qui ne trouvait d’intérêt à cette mascarade que dans les rencontres et le divertissement dans le danger. Il n’aimait pas la perspective de séduire, mais il en allait de sa crédibilité dans le jeu sournois de ces criminels et par conséquent de sa sécurité. Sehan se détache donc peu à peu de Na Bi, allant rejoindre le buffet où il avait plus de chance de croiser du beau monde, notamment sa cible. Qui a dit que se jeter sur les petits fours à peine arrivé n’était pas de bonne coutume ? Personne ne prêtait trop attention à son handicap, bien qu’il y ait quelques regards curieux, ça leur était passé très rapidement et il en fut soulagé. Il devait trouver une excuse qui n’avait aucun rapport avec sa carrière militaire ? Où opter pour la sincérité ? Cela impliquait de révéler être un flic qui plus est véreux, ce qui n’avait rien d’étonnant à son sens vue sa présence, mais c’était une carte joker qu’il n’avait pas envie de dévoiler. Ainsi, qu’était-il ? Rien, un vétéran dont la blessure a été motif de renvoi sans préavis et sans reconversion possible dans le milieu. Voilà une amertume qu’il aurait eu et aurait pu le faire entrer dans le milieu par le biais d’un baron du crime devenu son amant. Quelle histoire sordide, elle aurait pu se dérouler vraiment et ça lui en provoquait des frissons. Le brun se fait servir de quoi se désaltérer, observé du coin de l’œil par cette proie vers laquelle il lève les yeux et penche la tête après avoir siroté une gorgé de son précieux alcool. Qu’allait faire Na Bi en attendant ? Il était bien curieux et il garderait un œil sur lui, mais pour l’heure… il devait faire la conversation et se montra plutôt coopératif, sans changer trop cette personnalité peu avenante et trop direct.

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@Kim Na Bi