Le voile sombre d’une nuit claire s’étend sur la ville dans une trainée d’étoiles impossible à voir au travers de ces millions de lumières, mais la voiture s’éloigne et apaise l’esprit contrarié du policier ayant tout le luxe au travers de la vitre teintée d’observer le ciel dégagé à mesure que la ville se réduit derrière le véhicule. Aucun mot ne sort de sa bouche ni de celle de son indic et s’il n’avait jamais douté avoir affaire à un criminel, la mort n’a jamais été aussi proche de lui qu’en une soirée pourtant bien moins sanglante que ce à quoi il s’était attendu. Il avait besoin de temps pour assimiler être entré par effraction chez un autre du milieu. A priori il avait une famille et cette découverte bien que très réaliste rendait le jeune homme complètement fou.

Le coup de frein et le crissement des pneus sur le gravier annonce la fin de leur périple, il avait proposé de rentrer chez lui, mais à cette heure, il n’y aurait eu aucun transport et même si Jeju vit aussi bien la nuit que le jour, il n’avait pas eu son mot à dire. Être au service d’un homme est une chose, savoir ce pourquoi il l’est en est une autre et il n’approuvait pas d’être là, de devoir côtoyer tous ceux qu’il aurait bien coffré s’il en avait eu l’occasion avant que leur échange de bon procédé ne soit prononcé. Un soupire passe la barrière de sa bouche entrouverte dans une moue tirant vers le bas. Son regard, celui d’un homme qu’il ne faut pas chercher. Mais il le voit au travers de la fenêtre et il sent les ennuis arriver. Il espère malgré tout que ce ne sera pas dans l’immédiat, faisant trainer sa canne jusqu’à la porte d’entrée. Une inspection douteuse se produisant alors sous son nez, croyait-il sincèrement que ce geste était anodin ? Mais Se Han enregistre et garde l’information pour plus tard, se contentant d’avancer pour atteindre au moins le divan, mais la petite tête brune lui barre la route, faisant preuve d’autorité en anticipant la moindre évasion possible. Il souffle, le dévisage, encrant son regard. Ce n’était pas le moment. « Je dors sur le divan, ton boss n’a rien ? Alors ça s’est bien passé » leur mission était plus que périlleuse, néanmoins le seul obstacle à leur progression dans cette récolte d’informations était dû à la présence d’enfants.

L’ancien militaire s’appuie sur sa canne, cherchant à gagner le précieux fauteuil qui le libèrerait d’une douleur constante quand il force sur sa jambe, ce qui est arrivé ce soir. Ne pas laisser de trace quand il y a un troisième élément requiert plus de finesse. Sa canne était comme une signature et il ne valait mieux pas la laisser s’il voulait boucler l’escroc, mieux ça que d’être tué et bouffé par des poissons après tout, surtout avec une famille.

Sa main passe sur son visage, il n’a pas envie d’en parler, pas à lui de surcroit et il a besoin de repos pour que la suite de l’opération se passe bien. « Tu comptes rester au milieu combien de temps ? Je ne compte pas m’enfuir alors bouge » il n’irait pas bien loin de toute façon et pour faire quoi ? Triste réalité qu’il n’admettrait simplement pas. Il est plus difficile d’être policier que d’être un bon soldat.

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@Moon Iryon

Le passage se libère, temporairement seulement. Il aurait dû prévoir que le crétin s’empresserait de le faire tomber et il aurait dû être en plus de sa vigilance, moins dépendant de ce fichu morceau de bois poli. Mais non, fatigué de cette nuit, le policier ne s’était pas méfié et s’est retrouvé parterre, réceptionnant de justesse avec ses mains avant de chercher à gagner sa canne, mais un coup de pied shoot dedans et le brun se retrouve à lorgner sur le visage du criminel qui se profile en le toisant. Sa hargne naturelle le poussant à se remettre sur pieds, il serre les poings et inspire profondément. Il n’avait pas besoin de ça et il ne supportait plus dorénavant que l’on lui dicte sa conduite. Devoir des comptes à cet énergumène lui taper sur le système. Sa vie n’avait été fait que de ça, réfléchir un peu lui permettait de se sentir moins lésé par une société qu’il devait affronter et protéger à la fois. Les menaces n’avaient donc pas d’effet, lui qui était prêt à se jeter dans la fausse pour permettre à d’autres de ne pas succomber à ce déclin. Un sourire forcé tord sa bouche alors qu’il s’assoit. « Quel intérêt j’aurais à mentir, s’il était arrivé quoi que ce soit tu l’aurais vu, puisque tu l’as inspecté » Moquerie anodine, mais néanmoins il l’avait remarqué, cette façon de le regarder. Proches, trop proches sans doute et ça lui importait peu, lui tout ce qu’il voyait c’était un emmerdement supplémentaire parce que le papillon était un peu trop apprécié. Il claque sa langue contre son palais, le besoin urgent d’insulter son assaillant le prend, mais il laisse danser sa pomme d’Adam en réfrénant ses envies. Devenir comme l’ennemi ne lui rendra ni le prestige qu’il se sent déjà coupable d’avoir eu d’antan de son service, ni cette humanité qu’il cherchait désespérément à retrouver. « Il y avait des gosses dans la baraque et puisqu’on doit les coffrer, non tuer vos petits rivaux, ça s’est annoncé plus délicat de simplement récolter les informations. Quant à tout savoir en détail, pourquoi tu ne demanderais pas directement au boss au lieu de me faire chier ? » il n’avait que ça à faire et endurer la guerre, les entrainements secrets en devenant presque un art militaire lui valaient au moins une résistance à la hauteur.

« Je n’ai pas confiance en toi non plus, mais tant que ton patron reste en vie, indemne et en liberté quand il est avec moi, c’est que je tiens ma part du marché » et à la fin de leur contrat, il ne pourrait garantir de savoir se tenir à carreau avec le décoloré. Le vétéran était un tantinet rancunier quand on touchait aux cordes sensibles de sa jambe en plus de tenter de se faire obéir de lui. Mais il était loyal, surement autant que le petit fumier qui avait si gracieusement éloigné sa canne. « On a ce qu’il faut pour le forcer à s’exposer, partie du plan A terminée, point » savoir avec exactitude comme si le malfrat y était ne le mènerait à rien et les détails qu’il donnerait seraient seulement ceux nécessaires à leur projet, Sehan n’avait pas l’empire du papillon au creux de ses mains et il n’en voudrait pas, il estimait que c’était le rôle de celui au sommet de la chaine alimentaire de s’exprimer là-dessus et si besoin il rajouterait, mais en attendant, ça n’avait pas lieu d’être et la priorité du chef n’avait pas été d’en informer Moon Iryon, voilà où semblait se situer le problème. Quant à ses agissements, ils avaient tout l’air de ceux d’un flic, les ordres sont les ordres et tant qu’il n’y en avait pas, alerter la populace n’était pas nécessaire, en soit, c’était la dure réalité qui bousculait le militaire : c’était dans son sang d’être aussi bien réglé et il allait devoir changer ça.

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@Moon Iryon

« C’est à se demander comment vous n’avez pas foiré avant si t’as autant la gachette facile » ça devait l’énerver de ne pas pouvoir le toucher, de simplement malmener un infirme au lieu de lui briser les doigts ou une jambe. En soi rien ne l’empêchait de le faire à l’exception de Na Bi et ça le contrariait aussi, mais il n’allait pas s’en plaindre. Cette protection nécessaire offerte par le mafieux lui permettait de répliquer en toute impunité à son bras droit. Sa fierté avait déjà été mise à mal, mais c’était aussi ça être soldat. Se reconstruire, savoir où est sa place et lorsqu’on se décide à refaire surface dans un monde plus clément, on ne la laisse pas repartir. « Bien sûr et toi t’as autre chose à faire que de m’emmerder ou c’est juste une période creuse ? » il lui volait littéralement la vedette, n’était-ce pas ? En l’attaquant de la sorte, Sehan comprenait que le second aurait voulu être sur place, mais qu’il avait fallu un flic plutôt que lui pour faire le boulot. La décision du boss n’était pas comprise de tous, lui-même se demandait pourquoi, mais tant que ça lui procurait satisfaction, il n’avait aucune raison de se précipiter.

Quant au point soulevé dans un sourire dément de la part du blondinet, Sehan le lui renvoya avec tout autant de calme sur ce visage poupon. « Ça sera à celui qui tire le plus vite » il ne doutait pas des compétence d’Iryon et encore moins des siennes. Qui du mafieux ou du militaire gagnerait ? Quoi qu’il en soit, puisque la menace avait été proliféré par quelqu’un d’autre que le grand manitou, il n’y avait pas d’entorse au contrat… habile et prévisible malgré tout. De son côté, se risquer à avertir un collègue n’était pas à l’ordre du jour et il n’avait aucune envie d’être aussi déloyal qu’eux. S’il devait mourir, il n’avait pas peur. Il y était préparé depuis toujours. Il récupère sa canne et se redresse alors, non sans serrer les dents pour s’appuyer sur ses jambes et se mettre debout. Mais c’est négligeable et son regard est aussi intense que celui du blond. « Tu devrais faire attention, il est facile de te lire Moon Iryon et dans ton domaine, c’est dangereux » une menace ? Possible, mais il n’avait pas pu s’en empêcher. Ce conseil était une constatation, la preuve que Sehan voyait à quel point les Kim étaient importants pour lui et s’il devait mourir, aurait-il des scrupules à éliminer quelqu’un de précieux aux yeux du malfrat ? S’asseyant enfin sur le canapé, il le dévisage, malicieux. Enerve-toi… criait son sourire à peine perceptible.

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@Moon Iryon

« Façon de parler » balle ou tout autre moyen d’en venir au meurtre, après tout, quelle importance, il n’allait pas tous les énumérer pour en venir au fait à moins que cela ne soit nécessaire et il n’en voyait pas l’utilité, en vue de la lueur brillant dans le regard aiguisé du rival. Il se plaisait à l’importuner uniquement par son statut et cela rendait le flic catégorique : rien à faire avec ce genre-là. Il l’était lui-même, assez fermé, ce cliché du criminel qu’il avait en tête lui était si prestement offert sur un plateau d’argent qu’il n’avait pas envie de croire être possible de s’en détacher. Pourtant, il faisait plus ou moins confiance en celui qui l’avait convaincu de se déchoir de ses fonctions premières de représentant de l’ordre pour une justice un peu moins loyale, néanmoins toute aussi efficace. Un moyen d’accélérer le rythme qui fit légèrement sourire le vétéran. « J’ai vu, si t’as que ça à foutre, qu’est-ce que j’y peux après tout » c’est bas de l’attaquer sur sa fonction, mais c’était mérité aux yeux du policier. Se redressant plus ou moins, il laisse entendre qu’il ne se laissera pas faire et ne crèvera pas sous les coups de celui qui l’avait averti, mais rien n’y fait. « Que ce soit une arme à feu ou non, que ce soit toi ou non, ça revient au même, c’est bien de jouer sur les mots, mais ça ne sert à rien »

Et c’est à cet instant qu’il devient plus dur ce regard, qu’il l’invite à la menace et que son visage aussi froid que le sien ne transmet pourtant pas la même lueur vile. Il hausse les épaules. Il l’avait provoqué, mais c’était exactement ce qu’il voulait. « Même ceux qui ne le cherchent pas visiblement. Je ne tue pas » s’il le devait ? Peut-être, il sait viser, il sait user d’armes blanches, il est surentraîné et il a tenu compte de ses lacunes physiques pour ça. Celles psychiques sont également dans le lot et il s’attend à claquer sa langue contre son palais lorsqu’on lui rappellera qu’il était soldat avant de faire ce qu’il fait. Il connait la réponse, il ne nie pas, il va de l’avant et c’est bien pour ça que la menace ne prend pas avec lui. « Je n’ai pas besoin que tu explicites prendre des précautions en tenant mes proches, mais tu crois sincèrement que je serais si serein si je n’avais pas pris les miennes ? » Il se redresse, tapote l’épaule du décoloré avant de se jeter littéralement dans le canapé en soupirant. « Qui te dis que je vais tirer ? » Ce qu’il voulait ce n’était pas un cadavre encore chaud ou un à traîner et cacher, déguiser en autre chose, lui, c’était un coupable jugé qui finirait ses jours dans l’enfer des geôles. Il n’est cependant pas souriant, juste sûr de lui, mais tout aussi ferme que son acolyte forcé. « Rends nous service à tous les deux et épargne-moi le jeu du mafieux par excellence, ça ne prendra pas »

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@Moon Iryon