Apology

Ahn Seok travaille dans une librairie quand il n’a pas de contrat où on lui demande de poser. Son contrat est plutôt souple et il a moins d’heures de travail que la normale.

Comme la plupart du temps, Ahn réveille sa soeur pendant qu’il se prépare. Ça lui demande de se réveiller plus tôt que s’il avait été seul, car il doit préparer les repas pour le midi, et puis choisir des vêtements pour la petite pour que ça aille plus vite. Ensuite il amène l’enfant à l’école en bus avant de repartir de la même manière pour aller travailler.

Ce n’est pas ce qu’il aurait espéré faire comme travail, mais c’est un métier qu’il peut faire. S’il avait pu, il aurait bien aimé être policier. Mais c’était surtout un rêve d’enfant. Les rêves d’enfants ne durent jamais longtemps, à moins d’en faire réellement une vocation. Les rêves d’Ahn, cependant, semblaient difficilement atteignable avec son handicap.

Libraire c’était bien ; il n’avait pas besoin de beaucoup communiquer avec les clients et le staff s’assurait qu’il n’ait pas besoin de le faire. Aujourd’hui, il lui avait été demandé de préparer les commandes en click & collect du magasin. Il avait plusieurs cagettes sur un chariot où il entreposait les différents livres que le jeune homme devait récupérer. Son travail se déroulait plutôt bien jusqu’à que sans qu’il n’y soit préparé, quelqu’un le tire en arrière pour qu’il fasse face à la personne. Il tombe nez-à-nez avec une femme qui semble lui hurler dessus depuis un petit moment maintenant. Il la regarde avec de grands yeux dans un premier temps avant que son regard ne se pose sur ses lèvres et qu’il n’en déchiffre que quelques bribes, qu’il reconstitue tant bien que mal dans son esprit :

— Pour qui… prenez… ignorez ?… n’êtes… qu’employé… Je… faire renvoyer…

Ah. Le voilà qui soupire. Ça lui a échappé mais il n’aurait jamais dû. C’est que maintenant, elle l’agresse physiquement, en plantant son doigt dans son épaule. Il se laisse faire sans rien dire, peut-être qu’elle se lassera de se défouler sur lui mais il n’en est rien. La voilà qui reprend :

— Soupirez… en plus ? Et… répondez pas ?… Voulez… parlez ?

Son regard balaye la pièce ; les regards curieux sont accrochés à eux. Ahn Seok tente de signer quelque chose en espère qu’elle comprenne, mais elle ne fait pas attention à ses mains. Il répète continuellement en signe : « Je suis désolé ». La femme ne semble pourtant pas se calmer.

Apology

dain dans une bibliothèque, c'est étonnant. les gens qui la connaissent bien n'hésiteraient pas à lui dire "ah ? parce que tu sais lire, toi ?" malicieusement. parce qu'il faut avouer que les bouquins et les lieux silencieux ne sont pas son élément. enfin... ne l'étaient pas. maintenant, le moindre endroit calme lui est une bénédiction. à cause de sa malédiction qui la fait grincer des dents au moindre son strident. cela dit, ça ne fait toujours pas d'elle une grande lectrice. lorsqu'elle vient chercher un ouvrage ici, c'est toujours pour ses cours ou par curiosité sur un artiste. des livres sur monet et l’impressionnisme, en soit... c'est un peu l'équivalent des bouquins pour enfant, mais, pour les plus grands. ça reste un principe de phrases courtes et d'images.

livres d'art sous le bras (et quelques comics, pour le plaisir personnel) la blonde s'en allait en direction de la réception-caisse lorsqu'elle entend hausser le ton. ses sourcils se froncent presque instantanément alors qu'elle se met à pester comme les documentalistes des CDI dans les collèges et lycées. y'en a qui pige visiblement pas le concept de ferme sa gueule dans un endroit comme c'lui là. sans gêne, elle n'a pas hésité une seconde à accentuer sa vulgarité en regardant en direction de celle qui s'égosille. même les beuglantes que ron weasley reçoit de sa mère sont moins criardes que la voix de cette femme.

la curiosité l'y oblige, dain cherche à voir et savoir pourquoi une grognasse tape un scandale au beau milieu d'une librairie. et c'est en voyant la gestuelle de l'employé qu'elle comprend. s'approchant des deux silhouettes, elle pose sans pression sa main sur l'épaule de la jeune femme. en plus de beugler dans un lieu public, vous beuglez sur un sourd. c'est pathétique. si le jeune homme se doit de rester poli avec sa clientèle, la blonde n'a pas à filtrer ses mots. que diriez vous d'vous calmer, pour commencer ? elle porte son regard, beaucoup plus doux, en direction du garçon. elle lui signe alors : ça va ? quel est le problème ?