tenue. // @kim ha ru ※※※

aizen était de sortie au quartier étranger de la ville après avoir passé sa journée dans l'un des studios de son ami photographe pour une campagne pour laquelle il bossait. malgré l'état mental dans lequel se trouvait le jeune homme, ce dernier avait tout de même réussi à se secouer afin de sortir ses pieds et son cul hors de chez lui. après tout, il se devait d'aller travailler comme tout bon citoyen, n'est-ce pas ? « bon citoyen ». plutôt ironique en ce qui concernait le coréen-japonaise, non ?

aizen était donc dans ce quartier, parcourant les ruelles, malgré la forte migraine qui le prenait depuis plusieurs jours. à vrai dire, depuis le soir où il avait rendu visite à celui qui était censé être son meilleur ami. ouais. censé. bon, on ne va pas le nier pour ses beaux yeux, mais aizen était tout de même incapable d'avoir une quelconque rancoeur contre son ami. il était celui qui le connaissait le mieux, et inversement. il lui était donc impossible même de le détester et de le rayer de sa vie.

mais alors que le jeune homme se rendait en direction d'une épicerie pour prendre de quoi se désaltérer, sa vision se troubla fortement l'espace d'un instant qui lui semblait durer bien plus longtemps alors que la migraine devenait plus intense que les jours précédents. lorsque sa vue semblait lui revenir, aizen était désorienté. il ne reconnaissait pas le lieu où il se trouvait, mais pas que. l'atmosphère était plus... sombre, plus rougeâtre.. ce genre d'atmosphère qui lui rappelait celle d'un anime qu'il adorait regarder plus jeune, et même encore maintenant. mais l'heure n'est pas à se remémorer quoi que ce soit. aizen, ne comprenait pas ce qui pouvait se passer. toutes les personnes qui se trouvaient autour de lui étaient devenues comme des ombres qui se mouvaient dans l'air libre. seulement, deux silhouettes desquelles il se rapprochait avec une certaine lenteur semblaient être plus distinctes. celles de deux enfants jouant ensemble. le jeune homme se frotta les yeux, se demandant s'il rêvait ou s'il hallucinait... plus il s'approchait et plus il se disait que ces enfants ressemblaient énormément à son meilleur ami et à lui. aizen fronça ses sourcils, cette scène lui rappelant étrangement quelque chose.

« on ne se fera jamais de mal, hein ? tu promets ? hein, ai.»

à ces mots, aizen s'arrêta net. j'hallucine.. c'est pas possible... on a dû me droguer.. je vais me réveiller. pensa-t-il alors qui était pleinement conscient que cela ressemblait beaucoup trop à cette promesse qu'ils s'étaient fait avec son ami. mais avant même qu'il ne puisse réagir d'une quelconque manière, aizen senti une étrange présence. une présence familière. il tourna son visage sur le côté, croisant le regard de cette fameuse présence. son regard s'ouvrit grand. c'était.. « haru ?!! » lâcha-t-il à voix haute avant de penser immédiatement : mais.. qu'est-ce que tu fous là...

pauvre petit haru. ce dernier devait sûrement se retrouver plongé dans le même visuel qu'aizen dès le moment où leurs regards s'étaient croisés. le métis était clairement en panique, et cela se lisait sur son visage. aizen pensait qu'il devenait fou.

tenue. // @Asai Aizen ※※※

Comme à son habitude depuis qu'il avait quitté le manoir et s'était installé en ville, Ha Ru réalisait sa petite promenade quotidienne. Depuis sa nouvelle vie il y avait maintenant un mois, il avait réussi à faire quelques pas vers les autres. Un simple effleurement ne le rendait plus dans un état aussi panique qu'à l'accoutumée et pouvait réussir à contrôler un peu mieux ses crises. Les tremblements eux, restaient, tout comme les battements effrénés de son cœur dès qu'une personne s'approchait d'un peu trop près de son épiderme. Les bars et fêtes trop bondés restaient pour le moment un objectif inatteignable, mais les soirées en plus petit comité étaient maintenant possibles, tant qu'on lui laissait l'espace nécessaire pour que son traumatisme ne vienne ruiner son bien être.  

Tout simplement, les mains dans les poches de son long manteau marron de la dernière collection de chez Saint Laurent, l'ancien directeur repartait des zones commerciales du quartier étranger pour retourner à sa voiture garée à plusieurs rues d'ici, un sachet de plusieurs spécialités culinaires japonaises entre les doigts. Élevé à la japonaise, ce fut tout naturellement qu'il cherchait à se rapprocher au mieux de ses origines.

Intrigué, le jeune homme s'arrêta bien vite, fronçant des sourcils en détaillant le corps situé sur le trottoir d'en face juste après le passage piéton. Les traits de son visage lui paraissaient fort familiers, mais sans même prendre la peine de les détailler davantage Kim traversait déjà pour venir le rejoindre, plus inquiet de voir cette personne qu'il connaissait en mauvais état que vraiment intrigué d'avoir la réponse avant de reprendre ses pas.

- …Ai?

Depuis quand ne l'avait-il pas revu? Mais surtout, quand est-ce qu'il était rentré, ce jeune homme qu'il avait connu depuis tout petit et qui n'avait eu de cesse de l'ennuyer alors qu'il essayait de se comporter comme un grand frère pour lui. De par son éducation stricte et ferme, Ha Ru avait toujours été élevé de sorte à être très indépendant, au dessus des autres, autoritaire et stricte lui aussi et ce, dès son plus jeune âge. A savoir se tenir, ne pas trop sourire, ne pas courir, ne pas trop courber le dos mais ne pas le laisser trop droit. A ne faire aucun plis sur ses costumes alors qu'il n'avait que 7 ans.

Sans le toucher, Ha Ru chercha à capter son regard, son attention ou autre forme de chose qui pourrait l'aider à le sortir un tant soit peu de son état de panique. Le rassurer. Mais dès lors ses iris rencontrèrent les siens, le monde changea du tout au tout. Ses yeux s'ouvrirent en grand, alors que ses lèvres s'entrouvraient pour laisser passer l'air sous l'effarement qui épousait ses traits. L'ambiance du quartier avait totalement chaviré, mais aussi ses couleurs automnales signe du changement de saison. Seul les feuilles rougeâtres semblaient au rendez-vous, tel que Ha Ru dût forcer sur ses yeux pour détailler les deux silhouettes non loin d'eux. Deux enfants, dont l'un désignait sans soucis être Aizen beaucoup plus jeune. Un ami proche qu'il devinait. Peut-être plus que cela. Et au delà du choc, Kim était perturbé. Depuis quand Asai pouvait-il faire ce genre de choses? A moins qu'il avait lui-même touché un autre élu? Pourtant il n'avait même pas frôlé ne serait-ce que l'ombre d'un habitant. Était-ce de sa faute à lui? Ou celle de l'autre sang-mêlé?

La vision changea. Les mains du coréano-japonais agrippèrent vivement sa tête entre ses doigts. Il ne comprenait pas. Il ne comprenait rien.

- Ai….

Parce qu'il lui avait suffi d'un unique coup d'œil vers lui pour comprendre qu'il était dans un état bien pire que le sien. En fond, il pouvait voir une autre scène, des cris, ou peut-être des hurlements, de peur et de rage. Une haine étouffante. Et encore une fois, Aizen au milieu de la scène comme principal protagoniste. D'autres images encombraient sa tête, comme s'ils essayaient de remplacer ses propres souvenirs par ceux d'une autre personne. De l'autre jeune homme particulièrement. Des plus joyeux qui venaient contraster avec ce rouge toujours présent en fond.

Aizen souffrait, et lui aussi. Voilà l'important du moment. Alors Ha Ru se décida à prendre la situation en main malgré le mal de crâne qui le menaçait méchamment et sortit une bouteille de son sachet, l'ouvrit, et en déversa le contenu sur Asai. Est-ce que seulement ça réussirait à les sortir de cet enfer?

tenue. // @kim ha ru ※※※

aizen secoua vivement sa tête et s'accroupissait au sol, doigts perdus dans ses mèches de cheveux et fermant fortement ses paupières.

« oui.. on a couché ensemble.. mais je te promets que je ne savais que c'était elle.. » « je me suis reconstruite, aizen... » « je les ai vu.. entrer dans un hôtel de luxe.. à séoul.. »

toutes ces paroles et bien plus encore se mélangeaient dans son esprit, la migraine du métis augmentait fortement au fur-et-à mesure que les cris des évènements passés refaisaient surface dans son esprit. aizen était bien loin de se douter que ce qui se passait n'était autre que l'apparition de son nouveau « don ».. pourquoi tout cela à l'air si.. vrai.. oh oui, pourquoi donc ? pourquoi donc aizen était plongé dans une telle illusion ? drogue ? fatigue ? hallucination ? il n'en savait absolument rien.. il croyait en quelque sorte au surnaturel, mais le jeune homme ne savait absolument pas que tout cela existait réellement.

« je veux que tout cela.. s'arrête... » murmura-t-il alors qu'il ne prêtait plus aucune attention à son ami, pensant qu'il faisait partie de son hallucination, jusqu'à ce que de l'eau glacée l'éclaboussât entièrement. soudainement, la migraine d'aizen se dissipa. miracle. le brun releva alors doucement sa tête, remarquant que tout avait disparu, ou plutôt que tout était redevenu comme avant, à une exception près. haru. il était là, planté devant lui. les larmes presque aux yeux, aizen agrippa les bras du coréano-japonais et l'attira contre lui, rassuré de vraiment le voir. il était si perdu.. inconscient de ce qui s'était produit quelques secondes auparavant. oui... quelques secondes. si aizen aurait prêté attention à son téléphone, il aurait pu voir que seulement quelques secondes s'étaient écoulées. pourtant, cela avait l'air d'avoir duré bien plus longtemps.

« haru... tu es.. vraiment là.. hein ?.. dis-moi que je ne suis pas fou.. je t'en supplie.. »

aizen était totalement désorienté. il avait la nausée d'être aussi perdu. cela pouvait se voir d'après son teint plus pâle qu'à l'habitude. le jeune homme nicha son visage au creux du cou de son ami, tremblant de toute part.

tenue. // @Asai Aizen ※※※

Le liquide versé à même son visage eut l'effet escompté et la vision rougeâtre se dégagea pour revenir au temps maussade d'un début d'automne. Le soleil pourtant peu présent lui agressa la rétine, comme si le monde ordinaire était d'un coup devenu bien trop lumineux pour ses yeux, pour lui, alors qu'au final, la noirceur de l'illusion en était elle la seule et unique cause. Les yeux larmoyants de Asai lui firent froncer les sourcils, pourtant, il n'eut le temps de vraiment s'en préoccuper. Les frissons. L'estomac qui se noua. Le sachet lâché qui rencontra le sol. La peur qui lui tordit les entrailles et le souffle coupé, bloqué au travers de sa gorge. Son monde à lui venait tout simplement de cesser de battre. De respirer. Ses lèvres tremblantes s'entrouvrirent, à la recherche d'air, en vain. Son corps se bloqua, ses muscles se contractèrent et la douleur fut vive. Trop vive à mesure que son organe vitale maltraitait son sang derrière sa cage thoracique. Les frissons ne cherchaient plus à se cacher et la timidité se voyait envolée. Il aurait aimé que ce ne soit que l'eau qui gouttait des cheveux du jeune homme jusqu'à sa peau qui les lui déclencha. Dieu qu'il aurait aimé. Mais non. Le liquide lui semblait tellement à des années lumières à présent des ressentis qui traversaient sa peau traumatisée.

Le souffle chaud et humide contre son cou suffit à lui donner le coup de grâce. Il étouffa en même temps qu'une boule déchirante trouvait logis dans sa gorge. Son teint rivalisa de pâleur avec celui de l'autre métis et sa mâchoire se contracta sous l'émotion. Enervé, parce que son traumatisme était connu de Aizen maintenant depuis des années. Peiné, parce que c'était quelqu'un qu'il avait laissé se rapprocher de lui qui le touchait. En colère. Surtout. Parce que c'était lui, Ha Ru, le gars étrange dans tout ça. Asai était paniqué, les larmes aux yeux, mais il lui en voulait, terriblement, de le toucher, de lui avoir dérobé ce premier câlin depuis l'évènement marquant. Une forme de contact qu'il redoutait plus encore qu'une simple poignet de mains. Un contact qui d'un coup venait de le ramener à la dure réalité. A sa dure réalité.

Une larme roula le long de sa joue pour venir longer sa mâchoire angoissée. Rage. "Ha Ru, arrête de croire qu'un jour ça s'améliorera. Arrête d'espérer. L'espoir fait mal". La constatation fut déchirante. Après plus de vingt ans et des années à essayer de se battre contre sa phobie, rien était pareil. Les câlins n'avaient plus rien d'agréable. Le corps pouvait simplement se résumer en torture lancinante, et en même temps, pas seulement. Lui qui avait cru, un instant, un moment, pouvoir guérir, pouvoir passer à autre chose, devenir normal. Il pensait ne jamais avoir espéré, avoir juste accepté sa condition, sans non plus se fermer à la possibilité que, un jour, ça irait mieux, ou qu'un jour, il pourrait au moins serrer quelqu'un dans ses bras, et tant pis, si ça n'arrivait pas, ce n'était pas grave, car il l'avait accepté. Il pensait l'avoir accepté. Il s'était terriblement fourvoyé. Une deuxième larme coula, sans que les muscles de son visage ne trahisse l'expression perdue vissée à même la chaire depuis le premier effleurement. Asai venait de lui faire comprendre que jusqu'ici, il fuyait la réalité, comme la peste, comme si celle-ci était son traumatisme en lui-même. Lui qui avait partagé des petits moments de sa vie, il le détestait.

- Me touche pas! Qu'il vociféra.

Pourquoi avait-il fallu qu'il baisse sa garde à ses côtés?

La panique laissa place à la fureur tempétueuse mise en éveil jusque là. Son visage se déforma sous la colère et ses mains tremblantes au possible le repoussèrent violemment. D'incompréhension, ses yeux voyagèrent d'un œil à l'autre, le regard plongé dans le sien. Trahison. Sa vision trouble revue sa peau si proche de la sienne et ses jambes lâchèrent. Une piètre image pour quelqu'un de son rang, une main au sol, l'autre contre ses lèvres. Il faisait pitié. Sa famille aurait honte de lui. Lui qui, après toutes ses années de droiture, avait tout juste réussi à imposer une forme de respect à son égard. Pour quoi? Pour flancher et se retrouver à genoux au sol? La panique continua de s'amuser à piquer sa peau de diverses douleurs lancinantes, tantôt vives et brèves, tantôt continues et son estomac lui annonça méchamment la couleur alors qu'il sentait son repas remonter désagréablement. Il ferma les yeux. Il ne voulait pas vomir. Pas ici. Il ne voulait pas montrer une faiblesse de plus. Il n'en avait pas le droit.

tenue. // @kim ha ru ※※※

et fût le moment où haru repoussa violemment aizen. le visage du brun se resserra fortement, lui qui ne supportait pas être repoussé. mais vu ce qu'il devenait, son impulsivité prenait le dessus sur sa raison. alors qu'il se rapprochait pour s'apprêter à attraper son ami par le col, le voir tomber au sol l'arrêta net. il pouvait son coeur se serrer dans sa poitrine, cette vision lui faisant du mal. aizen serrait ses poings et finissait par soupirer, presque calmé.

« kim ha ru... j'aime pas te voir comme ça... je... » aizen essuya ses larmes avant de renifler. il s'accroupissait au niveau de son ami, hésitant à poser sa main sur son dos. « tu viens avec moi. » haru pouvait avoir beau le détester, aizen s'en foutait royalement. il attrapa haru par le bras et le relevait, le forçant ainsi à le suivre jusqu'au parc le plus proche. là où il y avait des toilettes publiques. aizen grimaça, sentant sa tête tourner fortement ainsi que ses jambes trembler. il ne comprenait pas pourquoi son corps semblait si.. faible. le jeune homme grogna avant de lâcher à son ami..

« écoutes... j'ai aucune idée de ce qui m'arrive... j'arrive plus à comprendre ce qui se passe... tu peux vouloir me détester, maintenant, mais j'en ai rien à foutre.... je suis désolé... okay !?.. mais..... » alors qu'aizen s'était retourné vers haru pour continuer ses mots et le regardait dans lees yeux, sa migraine revenait plus forte. il avait l'impression que le paysage derrière haru s'éloignait et se rapprochait en même temps. il avait l'impression que le ciel s'assombrissait bien trop vite. il avait l'impression que le monde changeait à nouveau. ai' déglutissait difficilement alors qu'un air de boîte à musique résonnait dans sa tête, ses oreilles, comme s'il l'entendait réellement.. un air familier..

tenue. // @Asai Aizen ※※※


Il n'aimait pas le voir comme ça? Bien, rien à battre. Il n'avait qu'à pas le toucher. Les yeux toujours fermés, Haru sentit une main le saisir par le bras pour le forcer à se relever et la peur revint flirter avec la douleur caressant son corps dans son intérieur. Va te faire foutre. Il voulait l'envoyer chier, se dégager de son emprise effrayante et fuir. Retrouver sa villa et la fermer à triple tours. Empêcher quiconque de vouloir s'approcher à moins d'une dizaine de mètres de lui. Ses jambes le menèrent, il ne sut comment, jusqu'à où Asai souhaitait l'emmener. Son regard tiré par la douleur se posa sur les toilettes miteux d'un parc lambda. Honteux. Voila à quoi il en était réduit. Son ego en prenait un coup énorme.

Une nouvelle fois, de ses mains il chercha à se dégager de son emprise. Il en pouvait plus. Il avait mal. Et bordel de quel droit osait-il lui affirmer que cela lui faisait mal de le voir dans un tel etat, alors qu'il continuait à le toucher ? De quel droit?!

Les paroles de Aizen étaient incompréhensibles. Il s'en foutait qu'il le déteste mais restait désolé ? C'était quoi cette merde? Il s'en foutait? Haru avait fait tant d'efforts pour l'accepter à côté de lui et lui s'en foutait qu'il se mette à le détester ? Il fulminait. De rage. De peur. De tristesse.

- J'en ai rien à foutre! Jte hais tu comprends? T'avais pas le droit de me toucher et t'en as toujours pas le droit alors dégage fous moi la paix! Tu...

Le reste mourut entre ses lèvres alors que la vision changeait une nouvelle fois. La noirceur se reappropria sa vue, et le délire lui retourna un peu plus l'estomac. La musique lui parvint aux oreilles et encore une fois il avait l'impression qu'on forçait ses souvenirs à accepter un élément qui n'avait jamais fait partie intégrante de sa vie. Plus sèchement, il repoussa l'autre métis, ouvrit rapidement la porte des toilettes et son estomac se déversa dans la cuvette. L'illusion ne s'arrêta pas pour autant, n'arrangeant pas son cas déjà plongé au possible dans les limbes de la panique. Une chose qu'il comprit malgré tout dans tout ça, était que ces effets venaient soit de lui, soit de l'autre jeune homme. Mais dans tous les cas, Aizen avait donc un pouvoir. Mais, depuis quand? Comment? La poisse.... Une deuxième raison de fuir sa peau et son contact : s'il ne le touchait pas, cela s'arrêterait peut être? Son manque de contrôle ne lui était pas inconnu, alors il serait logique que la perte de contrôle vienne de l'ancien directeur.

- A.... Ai...

La nausée ne tarissait point et Haru restait piteusement assis dans les toilettes, les yeux fermés à espérer que les visions passent, s'en aillent, disparaissent. Mais aussi que la peur terrassante à la simple pensée que sa peau puisse retoucher la sienne s'amenuise.

- Depuis quand? Depuis quand t'es comme moi? M'approche plus. Plus jamais.

tenue. // @kim ha ru ※※※

aizen était bien trop pris dans cette illusion pour pouvoir s'être rendu compte que haru l'avait bousculé pour rentrer dans la cabine de toilettes. la musique se faisait de plus en plus forte. il reconnaissait cette musique mais n'arrivait pas à savoir qu'elle venait d'un profond souvenir comment avec haru. un soir où aizen avait offert une boîte à musique au petit haru pour combattre sa solitude lorsqu'il devait partir à chaque fois de ce manoir pour retourner sur séoul. pourtant, ce qu'il voyait désormais était loin de faire partie de ses souvenirs, ni de ceux de ha ru. l'un et l'autre, se tenant la main comme à la cour de récré. rien à voir avec le petit haru d'avant. il avait l'air.. si joyeux.. heureux de toucher quelqu'un. juste. heureux. l'ambiance devenait soudainement plus « joyeuse », mais le mal de crâne ne le quittait pas. à peine dix secondes après se changement d'ambiance, celle-ci changea de nouveau après divers glitchs visuels. vous savez, ce moment précis dans les jeux d'horreur, où le monstre menace de vous tomber dessus ?

l'air semblait plus.. normal.. alors qu'une voix résonnait dans sa tête.. plutôt lointaine. mais quelque chose le dérangeait étrangement. aizen glissa sa main le long du dessus de sa lèvre supérieure, le laissant ainsi découvrir une traînée de sang qui devait sûrement venir de son nez.

« depuis quand ? depuis quand t'es comme moi ? » revenant à la réalité au fur et à mesure, c'étaient les seuls mots qu'il retenait... aizen ne comprenait pas ce qu'il voulait dire par là. il était bien loin d'être au courant de la réelle existence de ce genre de chose. le jeune homme fronça les sourcils et se tourna vers son ami.

« qu'est-ce que tu racontes !? comme toi quoi !?? »

tenue. // @Asai Aizen ※※※

Les visions se mélangeaient beaucoup trop, entraînant alors leur lot d'incompréhension quand certains se basèrent sur ses souvenirs pures et d'autres semblaient totalement venus d'un univers parallèle. Depuis quand Ha Ru avait-il été ce môme souriant alors que sa peau était en contact direct avec celle d'un autre. Que cet autre soit Aizen, n'importe qui ou même son meilleur ami. C'était pas lui ça. Et la vision lui ramena un énième douloureux poignard au cœur, toujours face à cette remise face à la réalité. Patraque, les mains et les lèvres tremblotantes, Ha Ru s'assit dos contre la paroi des toilettes publics, une grimace plaquée sur le visage alors qu'il réalisait tous les microbes et la moisissure qui pourrissait sous ses fringues de luxe dont chaque millimètre pourrait suffire à racheter tous les toilettes publics de l'ile. Il était tombé tellement bas…

La tête penchée en arrière et le souffle irrégulier, Ha Ru reporta son attention sur son aîné, et la vue du sang lui intima qu'il avait faux jusqu'alors. Ces visions, ce n'était pas lui qui les avait créées sans rien contrôler, mais Asai. Mais alors pourquoi l'ancien directeur n'avait rien ressenti? Pourquoi est-ce qu'il n'avait rien récupéré? Yamada-san lui avait déjà parlé une fois, des autres, de ceux un peu comme lui mais pas vraiment. Elle lui avait expliqué qu'ils étaient plus mauvais, moins bons, et qu'il lui serait alors impossible de copier leur don. Il se mordilla la lèvre. Bon sang Aisen, qu'est-ce que tu avais foutu?

- Pas maintenant, qu'il lâcha dans un soupir.

Lessivé, son corps subissant encore les à coups de l'effroi, Ha Ru chopa un bout de papier dont il était même pas sûr de la propreté pour s'essuyer la bouche. Une fois chez lui, c'était sûr. Un bain de désinfectant. Deux même. Lentement, il essaya d'attraper son téléphone pour prévenir sa servante de lui préparer ce qu'il fallait, mais abandonna très vite l'idée alors qu'il ne pouvait même pas le tenir correctement entre ses doigts. Faisait chier. Il soupira, fortement, alors que les deux uniques larmes, séchées pourtant maintenant- ne cessaient de le tourmenter, comme une marque indélébile qui restera à jamais gravée dans sa peau. Jamais il ne pleurait. Jamais. Et la honte lui murmura qu'il n'aurait jamais dû.

- On va … On va aller chez moi. J'vais t'expliquer, une fois dans un lieu beaucoup plus décent.

Et remis de leur état. Difficilement, Ha Ru parvint à se redresser, mais le regard noir qu'il lança à l'autre métis lui ordonna de ne surtout pas s'approcher.

- Aizen. Retouche moi encore une fois, et tu peux être sûr, que tu pourras me rayer de tes souvenirs et de ta vie.

tenue. // @kim ha ru ※※※

aizen passait cette fois-ci la manche de sa veste contre le bas de son visage et ne disait rien aux mots du métis. il se contenta seulement de lancer un léger hochement de tête à ses dernières phrases, grimaçant à cause de la vue de son propre sang. il n'était pas vraiment serein face à son état physique.

le coréano-japonais se maintenait au mur du lieu public, sortant en longeant la paroi de ce dernier. il soupirait d'agacement et retrouvait l'air frais, bien qu'il ne faisait que sentir son propre sang. il râlait intérieurement et commençait à marcher en titubant, son état de jeune akma s'empirant en raison des deux illusions passées.

« ...je..me sens pas très bien... haru.. » disait-il en apportant la paume de sa main contre l'une de ses tempes. il grimaçait fortement et finissait par agripper le haut de sa chemise entre ses doigts.

« c'est loin, chez toi ?... » aizen n'était pas vraiment certain de pouvoir marcher plus longtemps, et en même temps, il n'était pas si sûr que ça soit non plus le cas pour haru. il essayait de lui jeter un regard, mais l'épuisement le gagnait de plus en plus fort.

« on peut.. prendre un taxi ?... s'il te plaît... » à ses derniers mots, ses jambes lâchèrent, sa force physique disparaissant comme instantanément. aizen avait alors glissé sur le sol, s'était retrouvé genoux à terre et mains contre le bitume.

tenue. // @Asai Aizen ※※※

Quel duo faisaient-ils, ainsi, tous les deux à se retrouver dans une position des plus rabaissante? Ha Ru se mordit la lèvre, la tête de nouveau maintenue contre la paroi de la cabine, l'épaule également et les yeux fermés alors qu'il essayait de se concentrer pour faire disparaître les tremblements de ses mains. Asai semblait avoir compris cependant, ce qui n'était pas une chose à laquelle se fier entièrement, mais il n'avait que ça, Ha Ru, pour se rassurer un minimum.

Ses doigts attrapèrent difficilement son téléphone même pas encore disponible sur le marché, remerciant intérieurement la reconnaissance faciale et tactile pour le déverrouillage.

- Appelle Yamada san.

Ordre simple et concis. La servante ne tarda pas à laisser entendre sa douce voix d'une femme s'approchant pas à pas de ses cinquante années de manière aussi brève.

- Fait venir un chauffeur au parc près du quartier étranger au niveau des toilettes publiques. Fais également couler deux bains s'il te plait. Un dans mes appartements et un dans la partie invité.

L'appel se termina et Kim rangea maladroitement son téléphone dans son long manteau infesté de miasmes et microbes il en était sûr. Au point où il ne savait même pas s'il préférerait s'en racheter un plutôt que de l'envoyer au pressing. Difficilement, il rejoignit son aîné en mauvaise posture. L'idée de déposer sa main sur son dos pour le rassurer ne lui effleura même pas l'esprit, de la même manière qu'il gardait à présent une assez grande distance de sécurité. Chercher un réconfort tactile auprès de l'ancien directeur était comme chercher un bonbon dans un botte de foin. Ça n'existait tout simplement pas. Et Aizen devrait le savoir, depuis le temps, que jamais il ne lui viendrait à l'idée de venir en aide à quelqu'un s'il y avait contact physique. Il n'avait jamais été prêt à confronter sa phobie, et le câlin lui avait douloureusement confirmé qu'il ne l'était toujours pas.

Sans qu'il daigne balancer ne serait-ce qu'une parole envers l'autre métis, vivant toujours l'incident comme une trahison, les minutes s'écoulèrent et une magnifique Berline s'arrêta devant eux. Le chauffeur sortit et fit le tour afin d'ouvrir la portière côté passager à l'ancien directeur qui ne se fit point prier d'entrer.

- Aide le s'il te plait, qu'il lui demanda afin qu'il le mette dans la voiture.