Une bien piètre menteuse… En temps normal il aurait déjà ris à la voir innocemment se rendre jusqu’à la mer… Sauf qu’il avait parfaitement saisi cette feinte pour l’éviter, lui, et ce retour à la réalité bien plus difficile qu’il ne l’aurait présagé. Il ne s’était cependant pas attendu à la retrouver aussi chamboulée. Elle, qui ne laissait jamais rien transparaître, comme insensible aux émotions d’autrui… Sauf lorsqu’il était question de lui, ou d’une potentielle petite-amie qu’il s’amuserait à ramener à la maison… Il lui semblait bien que les choses avaient commencé à changer depuis son retour de Berlin. Et ce petit gage stupide n’avait pas été sans soulever de nouvelles interrogations, chamboulant la demoiselle au point de lui faire perdre le nord ! Minyeol s’amusait un peu de la situation, mais en réalité, il était presque tout aussi perturbé qu’elle. A son retour de vacances, il s’était pourtant résolu à l’oublier. Sohee, son visage, ses cheveux, sa voix ou tout ce qui pouvait bien la caractériser et qui le rendait totalement dépendant…

Une beauté divine, presque surréelle, qu’il n’avait jamais pu se retirer de la tête. A aucun moment. Et pourtant, il avait essayé, et à de nombreuses reprises… Sûrement perdait-il son temps inutilement, mais que pouvait-il faire d’autre à part espérer qu’une autre l’arracherait de ses pensées ? Une telle personne existait-elle en ce bas monde ? Y avait-il quelqu’un d’aussi incroyable que la jeune femme se tenant sous ses yeux ? Ça non, il ne faisait pas d’illusion. Minyeol avait souvent entendu parler de l’âme-sœur. Les probabilités pour rencontrer cette personne s’estimait sûrement entre 0,5 et 1 % … Et malgré les milliards d’habitants peuplant cette planète bleue, il restait absolument persuadé d’une chose ; Sohee, était son âme-sœur. Il n’y avait toujours eu qu’elle… Et il se sentait même capable de l’aimer à distance, ou secrètement, durant toute une vie de déception s’il le fallait… Elle subsisterait de façon permanente dans son cœur, puisqu’elle l’avait déjà marqué au fer rouge depuis le tout premier jour, le tout premier instant. Et il n’en serait jamais autrement. Le nier revenait à se mentir à lui-même… Et s’il pouvait mentir aux autres, il n’en serait pas de même pour ses propres sentiments.

Comme toujours, son cœur s’emballa devant une telle proximité. Il lui était impossible de ne rien ressentir lorsqu’il se tenait face à elle. Surtout maintenant que son regard s’était perdu dans celui de la jolie blonde. S’il s’écoutait, il l’aurait déjà embrassé pour apaiser ses craintes et confirmer la réciprocité de leurs sentiments. Sauf qu’il avait aussi conscience qu’elle ne comprenait pas ce qu’elle éprouvait. Elle n’en avait pas la moindre idée… Mais lui faire entendre cette triste réalité reviendrait à lui faire subir le même sort. Fallait-il vraiment qu’il lui dise ce qu’elle ressentait, alors qu’ils ne pourraient jamais être ensemble ? Pouvait-elle endurer ça ? Et ce fut presque à contre cœur, qu’il l’entoura de ses bras pour la tenir contre lui, plongeant son visage dans sa crinière d’or au parfum délicat. « Désolé. On aurait pas dû… C’est l’effet d’un premier baiser, et j’aurai pas du te le prendre. Il ne me revenait pas… Ça sera… notre petit secret. » Il n’osait pas sereinement lui faire face, incertain, presque en colère contre lui-même.

De ce fait, il l’étreignit avec un peu plus de force pour ne pas qu’elle bouge. Allait-elle croire qu’un simple baiser pouvait être la raison de son chamboulement ? Allait-elle croire que si ça n’avait pas été lui, mais un autre, le sentiment aurait été exactement le même ? Il l’espérait, d’une certaine manière. Il le voulait, pour lui épargner sa souffrance. Tout était beaucoup simple s’il demeurait à jamais, un frère. Et juste un frère. « Rentrons chez nous. Il commence à faire frais. » ajouta t-il avec plus de conviction, en libérant sa veste pour recouvrir les frêles épaules de sa demi-sœur et la maintenir un peu plus au chaud. Il s’efforça, pendant un instant, à ne pas croiser son regard. Se maudissant d’être faible. Se maudissant de ne pas savoir ce qu’il voulait. Contrôler ses pulsions n’avaient jamais été chose aisée puisqu’il s’autorisait constamment tout… Mais là, il ne devait vraiment pas l’embrasser de nouveau. Pas après ce qu’il venait de dire. « Yah. N’y penses plus. Ça fait toujours ça la première fois… Ça finira par te passer... ». Voilà un beau, de mensonge. Si seulement c’était vrai...