Woo Sik était occupé ce jour là, qui pourtant semblait avoir bien commencé. Personne ne se souciait de la catastrophe qui allait arriver, dont Woo Sik qui faisait son travail. Comme si le destin s’était amusé à faire les choses, le lieutenant était avec la lycéenne Ahn Si Yeon parce qu’elle avait encore séché les cours, chose banale pour elle et lui, mais cette fois, le policier avait un mauvais pressentiment qui alourdissait sa bonne humeur habituelle.

Le regard lourd de sens, le jeune homme conduisait vers le lycée de la jeune fille pour la ramener quand il sentit une onde anormale les dépasser, puis avant qu’il n’ait le temps de dire quelque chose, une incroyable secousse le fit perdre le contrôle du véhicule. Le premier réflexe qu’il eut est d’imposer son bras devant Si Yeon afin d’amortir le choc…S’il savait…Le véhicule fait plusieurs tonneaux qui les secoue violemment dans son élan. Par miracle, le véhicule s’arrête bien qu’ils aient la tête à l’envers, Woo Sik, encore conscient prend conscience de ce qu’il venait de se passer, mais il était encore dans l’ombre concernant l’état restant de la ville.
Enlevant avec difficulté sa ceinture de sécurité, le policier constate une douleur cinglante dans son bras droit. Il devait être casser. Il n’a pas le temps de s’attarder sur ce problème et regarde sa passagère.

« Si Yeon ! Tu m’entends ?! »

Fort heureusement, l’étudiante semblait consciente. Prenant son arme difficilement à sa hanche, Woo Sik s’apprêta à casser la vitre, ou du moins le reste de vitre de son côté afin de s’extirper de là et d’aider la jeune fille. La douleur dans son bras n’était rien, de toute manière, il allait récupérer assez vite grâce à sa nature de Seonchul.

« Attends, je vais essayer de te sortir de là ! »

Une fois dehors, il constate avec horreur les immeubles à terre, les voitures toutes balayées et d’autres énormes crevasses qui remplaçaient le bitume noire de Jeju-do. Encore un peu étourdi, le Lieutenant essaye d’ouvrir la portière de son véhicule désormais broyé.

« Tu as mal quelque part ?! Attends, on va te sortir de là… »

Des goûtes de sueur perlaient déjà sur la tempe du policier, mais extirper la jeune fille de la voiture fut compliqué vu que le bras cassé du seonchul qui le tiraillait. Mais de son bras gauche, il attrapa la main de la jeune fille en essayant de l’attirer à l’extérieur. Il n’avait pas d’autre choix que de la sortir de là, il n’abandonnerait pas, tout comme les habitants de Jeju qui avaient besoin d’aide un peu partout.

La situation s’annonçait très mal. Très très mal. Bien que le point positif dans l’histoire est qu’il y avait deux personnes en plus qui venaient l’aider et que Si Yeon semblait avoir regagné connaissance. Il était soulagé. La priorité était désormais de se mettre en sécurité. Mais pouvait-il y arriver ? Mettre les autres en sécurité.

« Oui ça va aller…Aidez moi à l’extraire de la voiture s’il vous plaît…Doucement »

Après plusieurs tentatives, Woo Sik réussit à la tirer de là sans pour autant l’écarter du véhicule complètement retourné. La priorité était de savoir si en dehors de sa jambe, elle était blessée. Pendant qu’il examinait les jambes de la lycéenne, une étrange odeur arriva aux narines du lieutenant avant qu’il ne comprenne l’horrible dessein qui se dessinait sous ses yeux. Ne réfléchissant pas plus, il prit Si Yeon dans ses bras, malgré sa propre blessure qui le lançait, avant de faire signe aux deux autres civils de partir.

« Courrez loin devant et ne vous arrêtez pas ! Surtout ne vous retournez pas ! Courrez vers le commissariat le plus proche je vous y rejoins ! Restez bien groupés et surtout, quoi qu’il arrive, ne vous mettez pas en danger. »

Il regarda les deux civils avant de leur faire signe de partir et de se mettre lui même à s’éloigner le plus vite de la voiture qui risquait de s’enflammer d’une minute à l’autre. Les poussant au maximum devant lui, il jeta quelques coups d’oeil au véhicule qui n’était plus qu’une bombe à retardement.

« Vite vite vite ! »

L’odeur s’amplifiait de plus en plus, signe que la température montait dans la carcasse vide du véhicule méconnaissable. Woo Sik serra la lycéenne contre lui le plus fort possible lorsqu’ils furent à cinquante mètre de la voiture qui explosa dans un fracas assourdissant. Sa vision se brouille quelques instants tout comme son ouïe gênée par le vacarme de la déflagration. Bien qu’essoufflé, le policier n’avait pas le temps de réfléchir qu’il rejoignit les deux autres non loin de là.

« Bon sang… »

Il posa Si Yeon contre un mur découvert de tout où rien ne pourrait lui tomber dessus. Enfin, le Lieutenant réalisa à quel point il était chanceux d’être seonchul, la douleur se faisait moindre, mais sa guérison allait prendre du temps et non pas quelques heures. Prenant son talkie, l’agent essaya de contacter des collègues s’ils avaient survécu.

« Unité centrale, ici Hotel Whisky Sierra. Je répète, Hotel Whisky Sierra. M’entendez-vous ? Unité centrale répondez ! over »

Il tendit l’oreille, mais le silence lui répond. Pourtant les fréquences d’un talkie walkie militaire était censé marcher. Il allait faire sans. Soupirant, le Lieutenant s’assit quelques instants, regardant le jeune homme et la jeune femme de tout à l’heure.

« Merci de votre aide. Je suis le Lieutenant Han Woo Sik, je suis policier dans ce district. Voici ce qu’il va se passer. Nous allons essayer de rejoindre les cotes, nous serons en sécurité là bas. Sur notre chemin, il est possible de croiser des survivants, si nous pouvons en emmener au maximum avec nous alors ce serait génial. Chose primordiale…Ne vous mettez pas en danger inutilement. Regardez bien où vous marchez, et restez groupés. »

Le policier était dans une impasse. En même temps, Iris avait raison, mais ils n’avaient pas d’autres choix pour l’instant. Il ne pouvait pas délibérément prendre le risque de rester au centre ville parmi les décombres et des immeubles ébranlés à peine solide. Non il ne pouvait pas.

« Je suis désolé, je préfère encore vous emmener dans un endroit où on sera sûrs qu’aucun mur ne vous tombera dessus. Je vais porter Siyeon ».

Le Lieutenant préférait s’acquitter de cette tâche. Il ressentait cet irrépressible besoin de la protéger avec une telle vivacité qu’il était prêt à marcher aussi longtemps qu’il le fallait avec elle sur le dos plutôt que ralentir le groupe.

« Passez devant moi, et essayez de ne pas vous éparpiller. » dit-il en reprenant la lycéenne dans son dos avec délicatesse.


Et ils se mettent en route pour la plage. Le Lieutenant avait une pensée spéciale pour une personne particulière. Il espérait de tout coeur que Linh était en sécurité. Pourquoi il l’espérait à ce point ? La peur de perdre encore une amie proche ? Peut-être. Pour l’heure, Woo Sik observe leur deux autres compagnons de mésaventures puis il dit à l’intention de Iris.

« Tout s’arrangera pour votre amie, ne perdez pas espoir. »

Il n’avait pas envie de dire ça pour des paroles en l’air, en vérité il pensait réellement que leur proches s’en sortirait, il l’espérait tellement. Remontant parfois Siyeon, des gouttes de sueurs mêlées à la poussière ambiante perlaient sur le front de Woo Sik. La douleur qui lançait son bras était insupportable, mais il tenait bon. Pour ses concitoyens, pour lui et Siyeon. Il n’avait pas envie d’en rester là avec la vie, ils étaient tous trop jeunes pour mourir songea-t-il.

La côte semblait plus proche après quelques rues empruntées, où le silence de mort trônait en maître sur la ville d’habitude si animée à la limite de l’implosion. Il pouvait parfois entendre des gémissements, mais il était trop loin pour percevoir réellement la provenance de ces cris désespérés. Il verrait sur place si d’autres collègues pointaient le bout de leur nez. D’ailleurs, le talkie walkie de Woo Sik se mit à grésiller, une voix se faisant entendre difficilement entre les coupures.

« Sommes…à la plage. Terminé »

Voilà qui rassurait le Lieutenant dans son choix. Il n’était pas le seul à avoir pensé à se rabatte sur les côtés. Un tsunami ? Il n’y en aurait pas. Car au plus profond de lui, il savait que cette catastrophe n’avait rien de naturelle et que les Yoghwis y étaient pour quelque chose.