31 août 2007Des lumières m’aveuglent alors que j’ai repris conscience. Je vois flou, j’aperçois des ombres au-dessus de moi et je sens une légère brise constante sur moi puisqu’on est en mouvement. Je suis allongée sur une civière inconfortable. Je suis donc à l’hôpital? Je fronce les sourcils tentant de me relever, mais on m’oblige de rester allonger. «Ne bouge pas, Sun, sinon tu vas faire une autre crise!» Une crise? Mais quelle crise que mon paternel parle? Déboussolée, je tente de nouveau de me redresser, mais une douleur me poignarde la poitrine. Mon rythme cardiaque n’arrête pas de s’affoler. Cette souffrance me fait gémir en me tenant le buste à leur étonnement. «Vite, allez chercher la comptabilité du cœur de cette patience! Chuuut… relaxe Sun… C’est une urgence, elle fait de l’arythmie!». «Mais monsieur, ce cœur est déjà réservé et la patience est sur le point d’avoir sa transplantation…» cet employé est un homme bon. On ne vole pas un organe vu la difficulté de s’en procurer surtout la rareté des dons. Il n’y a pas assez de donneur. Sauf qu’en voyant le regard noir que le chef de cette brigade détient, deux infirmiers sont partis sous cet ordre. Je souffre le martyr, je sens que mon cœur va me lâcher. Est-ce que je vais mourir?
«Votre fille est compatible, monsieur Ye!». «Parfait, apportez-moi le cœur, on s’en va au bloc opératoire, maintenant!» C’est vague. Je ne suis pas complètement la conversation. La douleur m’arrache des plaintes incessantes. On roule de plus en plus rapidement suivi de quelques personnes pour entrer dans la salle d’opération. «NE PRENEZ PAS LE CŒUR! MA FILLE VA MOURIR SINON!» hurla une femme qui accoure, totalement paniquer que l’organe qui était destinée à sa fille ait été dérobée pour celle du directeur de l’établissement. «On a une urgence, madame, poussez-vous!» fis mon paternel en repoussant vulgairement la dame. «MAIS MA FILLE VA MOURIR! JE VOUS MAUDIS VOUS ET CETTE ADOLESCENTE!». Cette dame est hors d’elle. Sa fille a autant un problème pour faire la demande d’une transplantation. Je lui comprends. Je viens à peine d'avoir seize ans et on m’a découvert récemment que j’ai une maladie héréditaire du cœur, père a choisi sa progéniture que de sauver cette personne qui a attendu plus longtemps que moi. Il aurait pu me garder sous surveillance le temps de trouver un autre donneur, mais non, sa famille avant tout… J’ai eu la Cardiomyopathie Dilatée. C’est un problème dû aux parois du cœur qui s’étirent et s’amincissent en raison d’une augmentation d’une ou de plusieurs cavités du cœur. Cela fait que l’activité principale de cet organe – étant de pomper le sang – ne suffise pas. Causant ainsi des évanouissements de ma part et une douleur à la poitrine. «Je la maudis… souhaitant que cette adolescente se souvienne de ce jour toute sa misérable vie ainsi que les autres jours qui s’en suivront…» un murmure qui sonne écho dans ma tête quand la porte d’opération se referme brusquement. Lors de la préparation de tous les équipements adéquats ainsi que plusieurs équipes. On dépose un masque sur mon visage en même temps de couper mes vêtements que je porte sur le dos. Dévoilant ainsi ma peau si blanche et mes seins en voie de développement à la vue de tous avant qu’on me met dans un état de mort temporaire. Une mort temporaire puisqu’on me maintient en vie artificiellement le temps qu’on enlève le cœur malade en dérivant la circulation sanguine avec une pompe extracorporelle pour ainsi greffer l’organe en santé. Ainsi, une cicatrice apparente restera graver à tout jamais sur mon corps me remémorant ce jour à tout jamais.
À mon réveil, tout semble aller pour le mieux. Je dois prendre des médications pour ne pas faire un rejet à cette greffe. Certainement que j’ai mal, sauf que je n’ai jamais eu autant mal au crâne. Je me souviens de tout. Comment on m’a ouvert, scié les os, coupé toutes mes artères de mon cœur. Je me souviens que ces médecins tentaient tant bien que mal de ne pas faire la moindre erreur puisque mon père se trouvait non loin derrière l’énorme fenêtre d’observation. Comment je me souviens de tout ça alors que je n’étais pas consciente? Mon cerveau entend tout, sens tout. Consciemment je n’étais pas là, mais on a cinq sens après tout, non? La vue, quand j’ai jeté un rapide coup d’œil, les moindres détails que j’ai pu observer à une vitesse fulgurante. L’ouïe, tous les appareils, je pouvais entendre leur grognement du moteur ainsi que ces personnes spécialisées parler. Sentir, ce n’est pas agréable à ressentir surtout quand on sent une lame se planter dans ta chair et l’ouvrir comme si ce n’était rien… Je me souviens de tout, me levant le cœur et en m’évanouissant dû à une migraine qui ne cesse d'accroître.
Cela a pris plusieurs semaines, même des mois avant de trouver la bonne dose des analgésiques morphiniques qui m’ont permis de ne pas tomber sans connaissance dû à cette migraine. Des antidouleurs si puissants que je dois prendre, au moins deux fois par jour, pendant toute ma vie ainsi que l’antirejet également.
Depuis l’opération : Une vague glisse doucement à mes pieds. Cette eau saline qui disparaît aussi vite qu’elle est apparue pour m’enfoncer dans le sable. Ça recommence à nouveau tel un rythme répétitif. Je me tiens debout face à la mer, mémorisant tout. La vue, l’horizon magnifique que je ne pourrais sans doute jamais l’atteindre. Je ne pourrais pas quitter l’île non plus. Une malédiction pèse sur moi depuis des années. Une malédiction pour moi, mais un don bénéfique pour d’autre. Ce n’est pas agréable de tout se souvenir comment que l’eau peut être glacée qui engourdissent mes orteils. Sentir le sable m’érafler la peau. Sentir le papier qui est entre mes doigts s’envoler au gré du vent qui m’ébouriffe les cheveux. Ce petit mot étant écrit que ma mère a quitté mon père pour aller avec son amant dans la capitale de Séoul. Me laissant ainsi seule avec les hommes de la famille qui veulent toujours ambitionner à mon sujet. Ils veulent toujours plus au point d’aller dans l’extrême. Pourquoi m’a-t-elle laissé? Elle sait que je ne pourrais pas la suivre puisque je suis coincée sur l’île de jeju… Une lâche et pourtant, je ne lui en veux pas. Elle n’a jamais aimé les relations d’apparats et je tiens cela d’elle.
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Depuis l’opération, j’ai rattrapé mon énorme retard au lycée. Ça n’a pas pris plus de deux semaines pour connaître toutes les matières que j’ai pu avoir manqué. Cela a été un choc à tout le monde plus particulièrement à mère qui me croit encore comme un monstre en mettant la faute sur ma greffe. Mon père, lui, voit toujours une opportunité. J’ai été l’expérimentation de toutes ses demandes. En allant apprendre le piano, allant vers les langues, la cuisine, les arts, lire un nombre incalculable de livres que je me souviens chaque lettre de chaque pages. Bien souvent, on n’a pas le talent en soi. Je n’ai jamais été douée en art surtout envers le dessin et le chant… Je crois que je n’ai pas été dans un seul domaine qui puisse exister dans le monde. C’est un don, s’écrit-il avec joie. Je n’ai pas une incapable de fille, maintenant elle est parfaite, continua-t-il. Comment me sentir dans ce cas-là? Un objet. Un objet qui a appris à forger un caractère et à se rebeller. Mon frère ainé a appris à ses dépens ainsi que de nombreux partisans qui se sont crus supérieurs. On a maudit et créer un monstre, il faut bien que j’utilise à mon avantage, n’est-ce pas?
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Père est officiellement directeur tirant vers sa retraite. Mon frangin est un célèbre chirurgien qui batifole de gauche à droite tel un homme en soif de chair, hélas, il a été élu successeur de l’hôpital Ye. À mon égard, j’ai ignoré toutes ses formalités pour tenter d’expier ma culpabilité que j’ai envers cette longue cicatrice que je regarde à chaque soir avant de me coucher. Cette adolescente, j’y dois la vie grâce à elle malgré qu’à mon réveil on m’a maudit. J’y dois le respect, je la remercie chaque jour. Je me repentis en m’occupant de la génération prochaine. Maternant les enfants, les appréciant, en les cajolant pour ne pas qu’ils soient malheureux.
«Monsieur Ye vous demande, demoiselle Sun.» Un garde du corps et un chauffeur sont venu me tenir compagnie à la plage pour ne pas que je prenne froid et de m’assurer que je ne bifurque pas en chemin pour aller ailleurs. Père me quémande pour probablement me présenter un prétendant et me parler de mon mariage arrangé. Je ris à cette pensée. S’il savait que je m’en fiche éperdument. Ça va être comme tous les autres : je serai une pièce de viande. Une candidate riche et avec du renom pour leur valoriser. Il n’a donc pas saisi que je choisirai la voie que je voudrais aller? Ce n’est pas pour rien que j’ai choisi la pédiatrie et être avec mes cocos. Il a voulu dicter ma vie maintenant qu’il assume ses responsabilités. Pourquoi il fallait que je me mari absolument pour lui donner une descendance? Mon frère lui? Oui. Il est occupé, on m’a dit. Occupé à faire hurler les demoiselles comme des bêtes pendant ses nombreux débats. J’ai encore des frissons de dégoût à ce sujet. Bon, quand il faut y aller, il le faut. Je dois refuser une nouvelle fois ce candidat.