(outfits) ~ Un cillement se fait entendre dans mes oreilles me cassant littéralement les tympans. Une migraine qui apparaît le bout de son nez compressant ma boite crânienne. J’ai le goût de me fracasser le crâne sur la cloison du corridor tellement que la douleur est insupportable. L’éclairage m’aveugle et empire ma céphalée. Les bruits, qui jusque-là sont quasi imperceptibles à l’ouïe ou même le son de mes pas dû à l’impact sur le plancher, sont assourdissants. Je ne me sens pas bien. Je perds l’équilibre. Je tente tant bien que mal de me retenir auprès du mur non loin de moi pour prendre mes analgésiques dans mon sac. Vite. Il faut que je me dépêche. Je sors des plaintes face à la souffrance que je ressens. Ma tête va exploser d’une minute à l’autre. Je vais perdre pied. Mon corps tremble de plus en plus rendant ma recherche de mes cachets difficiles. Comment je me suis rendue là alors que je n’oublie pas? Une simple erreur. Tout a commencé par une faute banale. J’ai une alarme sur mon portable qui sonne religieusement deux fois par jour. Une fois le matin et une fois vers la fin de la soirée. Une alerte rien de plus ordinaire qui n’a pas fonctionné lorsque j’ai reçu un appel de mon père exigeant une visite d’urgence chez lui. Mon géniteur m’a appelé lors de mon rappel, le contact de ma joue a fait en sorte de l’éteindre ce que je n’ai certainement pas remarqué vu que l’appareil est collé contre mon oreille.

Je ne l’ai pas oublié; je n’ai pas pensé, mais il aurait fallu que je réfléchisse.

Dès la communication terminée, j’ai pris une douche rapide pour être fraîche. L’eau moindrement chaude se déverse sur mon corps nu. Émulsionnant le savon sur la douceur de ma peau. Me massant le crâne avec le produit cosmétique à cet effet. Terminant rapidement en m’enroulant dans une serviette de bain, ayant un ressentiment qu’un nouveau riche prétendant désirant ma main ou bien une querelle du mois puisque j’ai refusé tous les précédents candidats à ce poste. Obligeant d’être présentable et bien habillée, je me plie à cette exigence de père. Une tenue qui semble ordinaire à première vue, mais qui va certainement plaire à mon géniteur. J’ai pris mon sac en mettant soigneusement mes cachets à l’intérieur. Me disant qu’éventuellement l’alarme va sonner. Lorsque j’ai franchi la porte pour sortir de mon logement, les effets de ma malédiction m’ont pris court me laissant totalement vulnérable. Ça faisait si longtemps que je n’ai pas eu une crise aussi forte. La dernière fois, je me rappelle, est durant un de mes fameux rencards arrangés. Lorsque l’avertissement a interrompu son monologue de sa vie du mec devant moi, j’allais prendre mes analgésiques pour ne pas souffrir le martyr, mais monsieur se sentait insulté. Monsieur n’a pas apprécié que ma santé, mon bien-être, mon portable passe en premier. Il préfère que je sois important à ses yeux vue le potentiel monétaire que je puisse lui faire en me mariant. M’interdisant de ce fait de me médicamenter. Avec un sourire satisfait j’ai accepté sa requête et quelques minutes plus tard ; je jonchais le sol, évanouis face à la douleur. Résumé de ce rendez-vous : échec cuisant, mais une victoire pour la mienne puisque mon paternel n’a pas voulu d’un gendre aussi capricieux et corriger sa fille – moi à l’occurrence – de devenir davantage responsable en me soulignant fortement ma malédiction. Je ne suis pas idiote, je l’ai fait exprès aussi. Il ne comprend donc pas que les hommes qui essaient tant bien que mal de me faire épouser ne sont que des bons à rien en soif de richesse? Égocentrique, narcissique, détestable. Après on me traite comme si j’étais une droguée? Je suis une droguée, j’ai besoin de mes antidouleurs. Pourquoi m’en cacher? C’est un fait, un point que je ne peux pas me cacher. Le mâle avec qui j’aimerais réciproquement n’aurait pas d’autre choix d’accepter cette fatalité jusqu’à temps que je réussis à m’en débarrasser. Comment on fait cela? Très bonne question.

Ainsi, tremblant comme une feuille, j’ai réussi à prendre le pot sauf que mes jambes ont perdu toute leur aptitude à me tenir debout et le peu d’équilibre qu’ils puissent avoir. M’effondrant sur le sol, le contenu de ma main tombe également glissant de plus en plus loin alors que j’essaie de le rattraper pour ne pas que je tombe inconsciente. Cependant, les cillements stridents endolorissent mon audition. Je me tiens la tête, le compressant dû à la douleur pour essayer un moindre réconfort, hélas non. Je pourrais hurler à m’en arracher les amydales, mais je n’entends absolument rien. Mon ouïe n’entend que le bruit insupportable, donc si quelqu’un m’appelle? Rien. Si on me dit de me taire? Rien. Je suis partiellement sourde. Mon visage m’empourpre à cette souffrance infernale pareillement pour mes sclérotiques. Je commence à percevoir des étoiles – dans la langue commune – je n’ai plus pour très longtemps. Si je ne prends pas mes analgésiques morphiniques dans les plus brefs délais, mon voisin ou qui que ce soit va voir un corps inerte sur le sol. Je ne sais pas qu’est-ce qui arrive si on ne me soigne pas rapidement après l’évanouissement. C’est un vrai mystère qui va le rester, disons que je ne le souhaite pas le savoir immédiatement.

(#cf3c36)

Après une dure journée de travail, Siwon décide de s’accorder une soirée de repos. Pas de Pearls ce soir. Juste une soirée posée dans son salon, à regarder quelques séries, lire quelques pages de son livre du moment. Une fois garé dans le parking du complexe, il prend l’ascenseur pour le mener au dernier étage de l’immeuble. Il patiente quelques minutes le temps d’arriver à destination en regardant son smartphone, répondant à quelques messages alors qu’il conduisait. Les portes s’ouvrent et le jeune homme en sort, se dirigeant vers la porte de son logement, toujours en train de consulter son téléphone, jusqu’à que son pied bute contre le pot de médicament, qui roule à son pied en se répandant sur le sol. Il relève la tête et voit sa voisine Sun étalée sur le sol.

Bien que son coeur rate un battement, du à la surprise, il papillonne un peu des yeux, cherchant sa contenance.

— Sun, dit-il.

Il espérait une réponse. Il se baisse pour lire l’étiquette du médicament ; des analgésiques morphiniques. Il ne l’avait jamais vue avec de tels médicaments, il ne la savait pas suicidaire non plus. Il la secoue un peu, n’obtenant guère de réaction de la part du médecin.

— SUN, répète-t-il, plus fort.

Bien que sa main se tende vers les médicaments, Siwon hésite un moment. Il commence par ramasser les médicaments, les remettant dans la boite, ramasse le sac de la jeune femme qu’il passe autour de son épaule, calant le tout dans son dos, avant de la soulever avec une précipitation soudaine. Poids plume entre ses bras, la portant comme une princesse, il rentre dans son appartement, la dépose sur le canapé de son salon, tirant le plaid rapidement pour couvrir le corps de la jeune femme. Celle-ci, en bougeant fait voler quelques effluves dans l’air ; un mélange de cigarette et de parfum boisé, masculin - l’odeur de Siwon, en somme, rien qui ne donne mal à la tête, mais c’est quelque chose de palpable. Il s’éloigne rapidement pour récupérer un verre d’eau, qu’il apporte à son amie. Il s’asseoit près d’elle, saisit le pot de médicament. Pour le coup, il n’est pas bien sûr de ce qu’il fait, mais il fait confiance à Sun, alors il croise les doigts pour que ça marche. Il glisse un cachet entre les lèvres de la jeune femme, puis entrouvre les lèvres de la jeune femme pour verser de l’eau dans sa bouche.

— Avale, Sun.

Le médicament ne va pas faire effet de suite, la meilleure chose qui lui reste à faire, c’est d’attendre. Il prend tout de même son rythme cardiaque pour pouvoir comparer avec après. C’est la seule chose à faire à vrai dire. Il s’asseoit par terre, à côté du canapé, vérifie son téléphone, lui jetant un coup d’oeil inquiet de temps en temps, reprenant son pouls pour vérifier si oui ou non il y a des améliorations ou non.

(outfits) ~ Le cillement ne cesse d’augmenter. Ne cesse de bousiller ma tête. La douleur aiguë qui émane de ma boite crânienne. Ma veine frontale doit être apparente à cause de cette souffrance que j’ai du mal à supporter sans mes analgésiques. Bien évidemment, il a fallu que mon père m’appelle lors de l’alarme que je puisse la rater pour être dans cet état. Pourquoi je n’ai pas eu le réflexe de vérifier l’heure avant de partir en me disant que ça va sonner? Au lieu de ça, comme dans les clicher, mes cachets glissent entre mes doigts, roulant ainsi sur le sol. Compressant mon crâne, je tente de me soulager quelque peu, mais sans succès. Si je tente de hurler pour que quelqu’un puisse m’aider? Je ne sais pas si ma voix va avoir un quelconque impact, je ne m’entends pas respirer, je sens une céphalée qui n’a aucune limite concernant l’affliction. Si je pouvais, je prendrai une épidurale pour engourdir cette migraine. Et bien non, on utilise ça seulement lors d’un accouchement et ce n’est pas le cas, puis je suis étalée sur le sol devant chez mon voisin. D’ailleurs, mes doigts qui s’étirent au maximum pour atteindre le petit pot de médicaments, la lumière qui m’aveugle, empirant du fait le marteau piqueur qui s’acharne sur mon cerveau, j’ai pu déceler une ombre qui a cogné sur mon objet tant convoité. Vu l’état de ma vision, je ne sais pas qui est ce pied, mais je voudrais terriblement le maudire, au lieu de ça, je me lamente sentant mon visage devenant rouge. Non pas que je ne respire pas, mais bien au contraire, c’est insupportable. Vous ne voulez pas être à ma place même si vous vous souvenez de tout. Vous apprenez tout d’un claquement doigt et qu’on vous considère comme une personne intelligente, mais non. C’est le contrecoup de cette malédiction.

Un écho que j’ai du mal à déceler. L’ombre qui reste là devant moi, alors que je suis contre le sol cherchant une échappatoire pour enlever ce mal qui m’envahi. Une voix lointaine que j’ai réussi à déceler quoique miraculeusement puisque je commence à être entièrement sourde. « Siwon…» ai-je sorti sous d’énormes efforts. J’aurais voulu dire plus. J’aurais voulu lui demander de me les donner ses cachets qu’il ramasse avec hésitation. Donne, donne-les moi aurais-je voulu lui dire sauf aucun son n’est perceptible ni ne sort de ma bouche. Perdant doucement la notion de la voix après avoir perdu la notion auditive. Le cillement interminable qui me détruit littéralement mon crâne ainsi diminuant mes sens. J’ai le goût de me fracasser la tête contre un mur pour me faire perdre connaissance. Justement à cet effet, qu’est-ce qui va m’arriver si jamais je m’évanouisse et que je n’arrive pas à temps pour les soins adéquats? C’est à ce point que j’ignore la réponse et je ne tente pas de m’y rendre de peur que ça soit la fin. Je remercie cependant le bon sens de Siwon qui m’a pris dans ses bras pour me faire rentrer chez lui. Ne vous inquiétez pas, ce n’est pas une astuce pour me le taper, d’ailleurs il ne m’intéresse pas quoique je le trouve mignon, mais aucune attirance à ce sujet. Il ne m’a jamais intéressé plan cul, mais davantage envers un ami sur qui on peut compter tout comme maintenant.

Ce court laps de temps, j’ai senti la chaleur de son corps qui s’échappe en allant vers le mien. Normalement, lorsqu’il s’agit de douleur, on utilise le froid pour atténuer cette souffrance qu’on puisse avoir. Il a agi instinctivement sans rien savoir de ce qui se passe. Il ne sait pas que j’ai une malédiction. Une simple malédiction, j’aurais la mémoire d’un éléphant j’aurais bien apprécié malgré tout. À mon sujet, c’est une malédiction à double tranchant. Oui, je me rappelle de tout, je me souviens du moindre détail, moindre son, moindre sensation, mais j’ai une contrepartie. La céphalée qui me martyrise la tête. On ne peut pas soigner une douleur aussi intense alors que l’origine est purement paranormale. Mon père a même cru que je feignais lorsque j’étais petite, cependant comment mentir sur une affliction qu’on a réellement et que personne ne comprenait? C’est ça être un médecin et/ou scientifique. On tente de trouver un raisonnement possible au lieu d’aller dans ce qu’on ne voit pas. De toute façon, ce n’est pas une preuve si on ne voit rien, n’est-ce pas? Néanmoins ce détail est bien réel. Ainsi, il me dépose sur le canapé, je commence tout juste à voir des étoiles, ce n’est jamais bon signe. Je vois des tâches noires dans ma vision déjà floue à cause de ma tête et voilà que je suis à deux doigts de tomber dans l’inconscience? Espérons que mon ami ait une tête sur les épaules et qu’il n’hésitera pas à me donner ce qu’il a dans les mains comme il a fait avec ce plaid qui m’a mis sur moi. N’hésite pas, c’est tout ce que j’aimerais lui dire, mais c’est impossible car mes yeux, peu à peu se ferme. Je suis à deux doigts de partir.

Quelque chose se colle contre mes lèvres pour se laisser tomber dans ma bouche ainsi qu’un liquide s’en suive. J’ai avalé par automatisme et étrangement le temps que cela descend le long du tube digestif pour tomber dans mon estomac. La capsule de désagrège doucement faisant diminuer légèrement mes cillements. Sentant des doigts pour aller chercher mon pouls. Sentent qu’il s’assoit près de moi en vérifiant de temps en temps mon rythme cardiaque. Cherchant également un réconfort pour ne pas trouver aucune anomalie dont des palpitations irrégulières. Je ne sais pas combien de temps que cela a pris avant de faire effet, mais j’ai ouvert doucement les yeux pour le regarder. Certainement que j’ai encore mal à la tête, mais le bruit assourdissant n’y est plus, ce qui me soulage grandement. « Merci…Tu as bien fait…» fis-je en me redressant doucement puisque la migraine est toujours présente. « Désolée de t’avoir surpris à ta soirée de congé..?» Comment que j’ai su qu’il ne travaillait pas ce soir? C’était simple. Même quand je dors, j’entends tout. C’est rare que je l’entende entrer chez lui tôt dans la nuit ou bien souvent il n’entrait tout simplement pas. Je ne suis pas quelqu’un de fouineuse, mais bien au contraire, mes connaissances surpassent l’imagination de bien des communs des mortels.

(#cf3c36)

C’est son prénom dans la bouche de sa voisine qui le fait tiquer. C’est ce qui lui donne la conviction qu’elle a besoin de ce médicament. C’est ce qui le motive à agir. Il comprend vite. Heureusement qu’il était là quand même. Bien qu’il ignore depuis combien de temps elle est dans cet état, il est assez content, au fond de lui, d’avoir pu la récupérer avant qu’il ne soit trop tard. Pour le coup, Siwon valait peut-être mieux que la plupart des prétendants de la jeune femme. Insupportable les deux tiers du temps, au fond il a un coeur énorme, et beaucoup d’émotions à montrer. Elle le sait. Pendant le trajet, il la change de position pour la caler contre son torse, pour que sa tête ne pende pas bêtement dans le vide, à lui faire un torticolis. Et puis c’est plus facile pour lui de la porter ainsi.

C’est une bonne chose que Sun ait avalé l’eau et le médicament qu’il lui a donné. A ce moment là, il ne sait toujours pas s’il a bien fait ou non. Il reste quelques minutes à l’observer, à chercher un signe d’amélioration, avant de se sentir un peu stupide à la fixer ainsi. C’est ainsi qu’elle finit par ouvrir les yeux, face à un Siwon muet comme une carpe, penché au dessus d’elle. Il apprend rapidement qu’il a bien fait, ce qui le soulage grandement. Il était déjà soulagé de la voir ouvrir les yeux, mais il l’est encore plus de le lui confirmer de vive voix. L’inconsciente veut alors se redresser, le mafieux fait alors de même pour lui laisser de l’espace pour le faire. Il hausse les épaules. Il se fiche bien de son jour de congé à ce moment-là. Siwon pense juste au bien être de son amie, qui semblait jusqu’à présent bien mal en point. C’était bien là le plus important. Sun était d’ailleurs bien une amie ? Sûrement. Elle est peut-être la seule à voir la carapace. Lourde carapace qu’il porte sur ses épaules. Peut-être devait-il apprendre à faire la différence entre la personne publique qu’il se doit d’incarner, et celle qu’il peut être en privé, à trouver un équilibre entre les deux pour que ce qu’il doit être en public n’écrase pas tout le reste. Sun l’encourageait dans cette voie. Une voie périlleuse, pas si évidente. Siwon n’est pas encore sûr de vouloir s’engager dans celle-ci. C’est difficile d’apprendre à lâcher prise, surtout quand on s’agrippe comme lui. C’est la vie qui l’a voulu ainsi, qu’il se disait parfois. Siwon n’est pas mal dans sa peau, mais parfois ça lui pèse un peu. Le fardeau est parfois trop lourd. Des fois, il pense à Jisu, qui malgré les années, semble toujours un peu effrayée par sa personne. Il l’avait pourtant toujours épargnée. Bien plus que n’importe qui d’autre. Plus que Sun, avec qui le jeune homme n’a pas toujours été tendre.

— Tu te sens mieux ?

One se lève finalement pour trouver sa machine à café, qu’il allume. Malgré une journée un peu fatigante, ce n’est pas dit qu’il aille dormir de suite. Siwon dit peu de choses, mais beaucoup de choses tournoient dans son cerveau ; c’est peut-être pour ça qu’il parle peu, finalement.

— T’en veux un ? demande-t-il.

Il va avoir besoin de forces. Vu qu’il la retrouvée sur son paillasson, il aimerait bien avoir quelques explications. Surtout que dans sa tête il a quand même pris le risque de la tuer, si c’était ce qu’elle avait réellement souhaité.

— Que s’est-il passé ?

Si ça devait arriver souvent, il fallait qu’il sache.

(outfits) ~ Une céphalée n’est pas du tout agréable à ressentir. Comme si un marteau te martèle la tête de plus en plus férocement sans jamais avoir de fin côté douleur. En ce moment, mon crâne est toujours endolori. Je suis en piteuse état, une grosse fatigue me submerge. Je suis épuisée, une mal de tête en général cela t’épuise au point d’avoir sommeil pour te reposer c’est mon cas actuellement quand j’ai papillonné mes yeux pour ancrer dans ceux à mon ami qui, sûrement a été inquiet, qui se trouve au-dessus de moi. J’ai eu le réflexe de regarder autour et de me redresser pour m’asseoir. Buvant le verre d’eau qui m’était destinée alors que mon sauveur se lève en me posant une question. Est-ce que je me sens mieux? Je me sens amorphe. Je me sens légèrement dans les vapes et la souffrance que je ressens actuellement disparaît, mais pas aussi rapidement que je ne voudrais. Est-ce que je me sens mieux? Mieux qu’il y a quelques minutes oui. Je me sens bien si je compare au moment que j’étais au sol. À pâtir de ma malédiction due à mon erreur que mon père m’a causé. Je ne mets pas entièrement cette faute sur lui, mais disons qu’il en fait partie. Après l’appel, j’aurais pu vérifier l’heure pour en avoir le cœur net. J’aurais pu, mais je ne l’ai pas fait. Pensant que j’ai encore du temps avant de prendre mes analgésiques, le temps m’a manqué décidément.

En déposant mon verre dorénavant vide, je le regarde qui se dirige vers la cuisine. «Mieux oui, mais ça va prendre du temps avant que je ne ressente plus la douleur.» fis-je en retirant le plaid qui m’a mis sur moi pour m’assoir adéquatement sur son canapé. C’est peut-être un ami, mais il faut bien que je me tienne correctement envers lui pour ne pas abuser de son hospitalité qu’il m’a offert contre son gré vu l’événement qui s’est déroulé sous ses yeux. Tranquillement, je me lève, mais je me rassois aussitôt sachant que l’étourdissement n’est jamais bon. C’est bon, je vais me battre en retraite le temps que j’aille une tête sur les épaules car pour l’instant, elle est en compote et ne demande juste d’être à off le temps se remettre de cette offensive. «Oui, s’il te plaît.» je pris doucement mon portable pour envoyer un message à mon paternel que finalement j’ai eu un imprévu et que je ne viendrai pas. Il va sans doute m’appeler, me demander pourquoi je refuse comme ça à la dernière minute alors que j’étais sensée être sur la route. Pourquoi je refuse d’obéir à ses ordres puisqu’il a sûrement trouvé un prétendant pour moi? Je secoue légèrement la tête voyant l’appel que je viens tout juste d’avoir. Je ferme mon portable en soupirant avant de me masser les tempes. Migraine, dégage de là, je veux penser sans que l’envie de me fracasser la tête contre quelque chose de solide soit omniprésente dans mes songes.

La question que je redoute le plus, il me l’a enfin demandé. Qu’est-ce que je pourrais lui dire? Bon, je ne l’ai jamais caché que j’ai une mémoire phénoménale, mais la migraine que je venais tout juste d’avoir? Pourquoi je me pose la question alors que j’assume entièrement ce que je suis devenue? « L’effet de ma malédiction.» rigolais-je un peu avant de soupirer. J’ai pris le pot de mes analgésiques en réfléchissant. Si Siwon croit au paranormal, tant mieux, sinon il va me prendre pour une folle si je balance que j’ai été maudite par les esprits de cette île. Du fait, que je ne peux pas partir d’ici, du fait également que mon savoir est sans fin, du fait que je me souviens de tout même de la sensation du sable entre mes orteils, d’un cœur brisé ou du moindre détail. Je n’ai aucune limite. «Ce que tu m’as donné ce sont des anti douleurs puissants, analgésiques morphiniques ou opioïdes, qui me permettent de ne pas faire de crises comme tu as pu le voir plus tôt. Si tu étais arrivé plus tard, je serai évanouie et je ne sais pas ce qui arrive si jamais je me rends pas à l’hôpital à cette étape.» J’ai déposé le pot en soupirant, bon pourquoi pas de ne pas tout lui dire. «Cette crise est due à ma malédiction. Je suis incapable d’oublier et je ne sais pas pourquoi, mais il y a un effet secondaire. Tu peux me croire ou pas, tu peux me traiter de folle si tu veux, je m’en fiche, mais ce que j’ai dit est vrai. J’ai été maudite alors que j’ai volé le cœur d’une autre patiente, enfin je crois.» lui expliquais-je alors je me dirige tranquillement vers la cuisine pour aller à ses côtés. Je suis encore secouée, mais c’est supportable contrairement à plutôt. Je dépose ma main sur son épaule, lui souriant faiblement. S’il sait que je lui en dois une énorme aujourd’hui. Je lui dois une faveur pour lui redonner son dû. «Merci, Siwon, sincèrement.»

(#cf3c36)

Il écoute Sun parler calmement alors qu’il prépare le café. Aux yeux de n’importe quelle personne normalement constituée, Siwon serait certainement en train de fixer son amie avec de grands yeux ronds, à se demander si elle croit vraiment ce qu’elle est en train de dire, si elle se moque de lui. Mais non. Rien de tout ça. Lentement, le mafieux redresse la tête pour la regarder après avoir placé les tasses au niveau de la machine et de dire doucement :

— Je te crois. Est-ce que ça fait de moi quelqu’un de fou ?

Il aurait presque pu avoir un petit sourire en coin. Mais quasiment pas. Il est quasiment imperceptible. Après tout, il a bien le pouvoir de paralyser les gens, n’est-ce pas ? Aussi loin qu’il se souvienne, il en a toujours été capable. Il est né ainsi. Il a eu de la chance, pour ainsi dire. Si le fait de paralyser quelqu’un, en soit, n’est pas nécessairement dangereux, c’est le contexte dans lequel il le fait. Et pourquoi aussi. Il aurait pu paralyser quelqu’un en train de nager ; celle-ci, inévitablement, se serait sûrement noyée. Il pourrait s’en servir à son avantage pour avoir des filles dans son lit, mais en avait-il vraiment besoin ? Malgré son air, il est loin d’être ainsi. Siwon a un grand coeur, et c’est ce qu’il vient de prouver en sauvant la vie de Sun, sa voisine, son amie. Elle sait qu’il y a plus. Plus que ce qu’il ne veut bien le montrer. Siwon est plus généreux que l’on ne voudrait le croire. Bien au delà de ce que les gens peuvent imaginer à vrai dire. Il a beau être haut-placé dans la mafia (qui y a-t-il au-dessus de lui si ce n’est Na Bi ?), le jeune homme n’est pas motivé par l’argent. Bien au contraire. Est-ce que la réaction de Siwon est suspecte ? Pas nécessairement à vrai dire, il y a des rumeurs qui circulent à Jeju.
Et finalement, avant tout, c’était une question de vie ou de mort. La pédiatre mentirait-elle vraiment sur un sujet aussi important ? Il ne pense pas. Il est du genre à prendre ses danseuses au sérieux, quand elles lui disent qu’un client dépasse les limites. Le patron a besoin de faire rentrer de l’argent dans son business mais pas à n’importe quel prix. Et puis il y a quelque chose qu’il a bien compris : une danseuse heureuse fait plus d’argent. C’est pareil dans la maison close : une prostituée heureuse fait rentrer plus d’argent. Il donne de la motivation à ses employées, de la gratification. Il ne leur fait pas croire qu’elles accomplissent quelque chose d’incroyable comme de sauver le monde, simplement que leur métier n’a pas besoin d’être désagréable, qu’il n’est pas nécéssaire qu’elles soient violentées, battues. Siwon n’a jamais forcé la main à qui que ce soit.

Il rajoute cuillères et sucres dans les deux tasses. Cependant, Sun a-t-elle vraiment volé le coeur de quelqu’un ? Etait-elle vraiment responsable de tout ça ? Il a du mal à y croire. C’est une femme très droite, avec des principes, pas forcément facile à vivre, il s’en doute, mais avec de la morale. Et littéralement voler le coeur de quelqu’un, Siwon n’y croit pas. La main posée sur son épaule le sort de ses pensées. Alors qu’elle lui parle :

— Merci Siwon, sincèrement.

Le jeune homme se retourne et tend la tasse remplie de café. Elle sourit. Sun est une très belle femme, c’est indéniable, cependant, il n’y a jamais eu cet intérêt physique entre eux. Dès le début. Il ne l’a jamais intéressée et Siwon s’intéresse très peu aux filles. Sa compagnie est tout de même appréciable. Ils partageaient de nombreuses choses. Peut-être plus qu’avec Jisu, tristement, alors qu’ils se connaissent depuis plus de dix ans. Des fois, il se pose des questions. Il ne sait pas quoi faire. Demander conseil lui paraît impensable. Il finit par rétorquer, humblement :

— De rien. J’ai simplement fait ce qui me paraissait être… le mieux.

Siwon avait agi à l’instinct, totalement incertain de son action. Pour une fois, ce n’est pas Jisu qu’il sauve. Pour un mafieux ça commence à faire beaucoup de vies sauvées. Serait-il un jour capable de lui révéler tout ça ? Plus le temps passe, et puis cela lui semble difficile. L’amour grandit et fait grandir la peur en lui. C’est ainsi que ça marche ceci dit. Siwon ne sait pas encore tout cela.

(outfits) ~ Voler un organe vital est-ce possible? Je me suis toujours posée cette question et honnêtement c’est illogique. Comment peut-on voler quelque chose de si précieux dans l’organisme humain? Comment peut-on voler ça à quelqu’un qui a autant de besoin? Ce n’était pas volontaire de ma part, mais mon père a volé pour sauver sa seule fille. Il l’a volé pour que je puisse continuer de vivre. Qu’est-ce qu’on ne ferait pas pour son enfant alors qu’on a le pouvoir? On peut tout faire, même sacrifier une vie pour sauver une autre qui est chère à ses yeux. Je le comprends. Je l’ai compris lorsqu’il a agi comme cela. Toutefois, il aurait pu attendre que mes crises ne soient calmées pour me mettre en attente pour la prochaine greffe peut-être de ce fait je n’aurais pas eu ma malédiction. Pourquoi les esprits m’ont maudit alors que je n’ai rien fait en tant que tel? Pourquoi ils m’ont puni moi? Ce n’est pas le fait que ça me dérange de ne rien oublier, j’ai pris l’habitude depuis les années passées, mais de là à me donner une céphalée incontrôlable? Les femmes sont naturellement tolérantes à la douleur contrairement à un homme, mais à cette ampleur, je ne sais pas comment que je peux être vivante à l’heure qu’il l’est. Comme père me disait : « c’est une malédiction, mais c’est aussi une bénédiction. » J’apprends tout et je n’oublie pas. Cependant, je voudrais bien oublier les peines d’amours que j’ai dû ressentir par le passé. Oubliant la lettre que j’ai reçue, oubliant même le visage que j’ai aimé autrefois dans un amour de jeunesse. Oubliant également ses lèvres contre les miennes et ses caresses contre ma peau qui frissonnait à son contact. Je voudrais bien oublier sauf que je me rappelle de tout même aux détails près. Je me souviens de ses vêtements, de l’environnement et de son parfum lorsqu’on s’est embrassé pour la première fois. Incapacité à oublier, pourquoi il faut tout que je me souvienne?

«Oui, ça fait de toi quelqu’un de fou.» répondais-je à sa question en souriant. L’odeur du grain moulé et noyés dans l’eau très chaude est unique. C’est corsé, amer, mais ça sent terriblement bon. Je ne lâche pas mon ami du regard quand il s’agit de faire du café. Il fait le meilleur café que je connaisse sur cette île. Dieu sait que j’en ai consommé énormément avec mes nuits blanches. Sauf les meilleurs restent par le ténébreux à mes côtés. Mouler à l’ancienne c’est ce qui fait sortir les arômes de ce grain. Dire que ce grain est un noyau d’un fruit. Un fruit si rouge ou violette, si éclatant et la pulpe sucrée. Comment une si petite chose peut devenir notre source de notre addiction? Sécher et puis griller pour ensuite se faire moudre en une si fine poudre. Comment que ce liquide peut être aussi exquis quand il est consommé… Ce n’est pas tout. Je l’ai remercié oui, parce qu’il m’a peut-être sauvé d’une mort certaine, mais aussi du fait que je lui vole de son temps alors qu’il n’y a peu. Je pourrais boire le café et partir pour ne pas abuser de son hospitalité et de sa gentillesse, mais j’ai quelques questions que je dois lui poser. Il n’est pas comme d’habitude. Il n’est pas autant froid comme veuille la coutume. Comme si un petit feu s’est allumé à l’intérieur de lui pour fissurer ainsi sa coquille me montrant qu’il s’est davantage adoucit. Quelque chose cloche, est-ce que je me trompe? Je prends la tasse qui me tend gentiment. Ce que je remarque cette fois; c’est quand il est dans ses pensées il baisse sa garde. Même si ma tête me fait légèrement mal encore, je peux toutefois déceler qu’il se fragilise de plus en plus à chaque fois que je le côtoie. Est-ce que ça concerne la petite demoiselle que j’ai vu sortir de chez lui la dernière fois?

En fait, il a joué avec la chance et l’instinct. Il aurait pu trouver mes analgésiques au sol ainsi que le pot qui a pu rouler à ses pieds et se poser terriblement de questions. Il aurait pu se dire que j’ai trop consommé et que je fais une overdose? Il aurait pu. Je remercie le hasard de jouer à ma faveur. Je remercie son instinct pour être aussi aiguisé pour lui donner les bonnes directives. Je lui lève mon chapeau. Dans mon cas, tout est mûrement réfléchi sauf quand il s’agit d’une personne blessée que seulement il faut être allumée et gérer la situation adéquatement tout en étant calme. «Sacré instinct dis-donc… tu pourrais en user pour ta douce amie que tu as apporté chez toi dernièrement non?» fis-je en portant la tasse à mes lèvres. Déviant légèrement le regard sans toutefois le quitter des yeux. Analysant chaque expression, réaction de sa part. Soufflant contre le liquide chaud pour ne pas me causer une brûlure avant de goûter. C’est si délicieux, mais malheureusement trop chaud pour que je puisse déguster comme il se doit. «Tu t’es également adoucit Siwon. Tu es à découvert quand tu penses à elle.» Je lui présente un sourire moqueur de ma part. Rigolant, mais également contente pour lui qu’il a enfin pu trouver quelqu’un qui peut se fier. Éternel oiseau de nuit, il peut désormais commencer à des trucs plus sérieux, à se poser dans le fond.

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Quand on vit une vie comme, il n’y a pas le choix : il faut apprendre à vivre en sachant jouer de son instinct, à en faire fi aussi, car ce n’est pas toujours ce qui permet de survivre lorsque l’on se trouve dans une situation inextricable. Bien que Siwon soit naturellement relativement intelligent, apprendre à réfléchir vite, ça s’apprend. La mafia lui a appris ça. Encore une fois, ça n’a pas été un grand défi pour lui. Il avait des prédispositions naturelles pour ce genre de choses. Merci Maman, de m’avoir élevé dans un environnement non-propice au développement sain d’un enfant.

— Si même moi je suis fou alors… on est parti sorti de l’auberge.

Peut-être que dans une autre vie, il aurait monté sa propre entreprise et aurait ouvert un café. Il semblait avoir un don pour préparer les boissons chaudes ; cafés, thés, chocolats chauds, quand il en faisait, Siwon en entendait parler pendant des jours et des jours. Siwon ; du proxénète de Jeju au petit patron de salon de thé. Une véritable saga. Un véritable oxymores qui arrache un léger sourire au mafieux. La vérité, c’est qu’il aurait pu, d’autant plus qu’il n’a jamais été un cancre à l’école. Il aurait peut-être même pu aller dans une prestigieuse université, s’il avait eu une vie différente, s’il n’avait pas eu autant de problème dans la rue. Sa vie aurait peut-être été bien différente. Peut-être que Siwon aurait eu moins de raison de garder ce masque sur son visage, d’entretenir ce mur pour ne pas être affecté par ce qui l’entoure. Jusqu’à qu’elle fasse une remarque sur une amie qu’il a ramené chez lui. Il essaie de couper court rapidement.

— Je ne ramène pas de filles chez moi, tu le sais.

Il l’avait eu fait au début par contre. L’innocence de la jeunesse, probablement, mais Siwon a vite appris. Elle se moque de lui en plus. Il le sait. Le brun lui adresse un regard un peu de travers, mais rien de comparable par rapport aux regards noirs qu’il peut lancer d’habitude.

— Je ne vois pas de quoi tu parles, répète-t-il, déterminé à ne pas s’aventurer sur ce terrain glissant.


Il fait même claquer sa langue contre son palais, désapprobateur. Il ne connait pas Sun depuis aussi longtemps que Jisu, mais la première a toujours été comme ça avec lui, le titillant et essayant de le faire sortir de ses gonds. A quoi pouvait-elle bien jouer ? Cependant, il ne peut pas se jouer de sa voisine comme il peut jouer avec d’autres. Elle ne prend pas, elle le voit au regard qu’elle lui porte, qui lui dit « est-ce que j’ai l’air conne à ce point ? ». Siwon entreprend alors de boire une gorgée de café avant de dire.

— Ca fait au moins 10 ans qu’on se connait. C’est pas pareil.

(outfits) ~ Qu’est-ce que serait le monde sans avoir des personnes folles? Une souche d’idée est née et une révélation a été découverte par un fou. C’est comme cela que l’humanité a évolué. Seulement ceux qui sont considérés comme timbrés font avancer les choses. Alors que d’autres décident de s’enfoncer dans un délire sans fond et de commettre l’irréparable dont les guerres. Nous vivons avec ces gens-là. On les côtoie. On est ami. Nous pouvons également les aimer et les détester. Ça fait d’eux des êtres humains et comme dans ce cas-ci, j’ai été maudite. Me laissant avec une mémoire phénoménale, me laissant la chance de tout me rappeler par le passé sans le moindre effort. Me rappelant chaque petit détail, chaque mot, chaque aspect. Dans un sens c’est une malédiction puisque je ne peux rien oublier, mais sur un autre côté ça me permet d’aider davantage de patients avec mon vaste connaissance. Non seulement à la médecine, mais dans la vie courante. Je peux parfaitement me débrouiller seule, je pourrais également me partir une compagnie et tout gérer à moi seule. Dès que j’apprends, dès que on me le montre, dès qu’on me parle et même dès qu’on me touche, tout cela est gravé dans ma tête. Tout comme les paroles de Siwon. Oui, nous sommes fous, mais de bons fous malgré tout.

S’il sait que je perçois tous les expressions de son visage ainsi que son léger sourire. S’il sait qu’il est davantage vulnérable. Dans ce cas-ci, il ne pense pas à sa douce amie, au contraire, il pense à quelque chose de rigolo qui sait? Ses traits s’adoucissent énormément, le rendant quasiment amoureux lorsqu’il pense à quelqu’un en particulier. Depuis quelques temps que je le connais personnellement et depuis que je l’ai vu, je ne l’ai jamais vu dans cet état. Enfin quelqu’un qui a réussi à faire battre son cœur. Enfin, une personne qui a su percer sa carapace pour lui toucher le cœur. Je sais pertinemment qu’il dort très peu, ses cernes sont horriblement flagrants, mais la dernière fois que je l’ai vu alors que sa copine soit partie de chez lui. Dans la soirée, il était un peu plus lumineux, un peu plus frais, son aura dégageait moins la froideur qu’il ne voulait faire croire. Cette femme lui fait du bien, ça l’apaise. Je ne sais pas qui elle est, je ne sais rien de son identité, mais tout ce que j’ai pu voir, c’est qu’elle fait du bien à cet homme. Telle une brise rafraîchissante et paisible après une énorme tempête. Si cette nana savait qu’elle avait un sacré don, un don lui permettant d’apaiser les âmes tourmentées comme celle-ci devant moi. Je ne dis pas qu’elle doit abuser de manières négatives, mais de l’utiliser avec soin avant que Siwon tombe quel que ce soit la raison.

Pendant que je sirote ce délicieux breuvage, ses mots et son regard qu’il me lance alors que je le toise du regard. Sérieusement? Même s’il me regard de travers, je m’en fiche éperdument. Je ne me laisse pas intimider par n’importe qui et encore moins par mon ami ici présent. Il ne me fait pas peur. En fait, je ne connais plus ou moins la peur depuis que ma greffe du cœur. J’ai eu la peur de mourir et depuis lors, je connais davantage le stresse que la peur, honnêtement. De toute façon, même s’il prétend faire peur, il est un gentleman, il a un bon fond avant tout. Beaucoup de personnes l’aperçoivent ce genre de côté. Il reste néanmoins quelqu’un de mystérieux et de secret. Il ne parle très peu de sa vie privée et de son passé. Déjà que je suis bien surprise d’avoir vu une cocotte sortir de son loft. Puis, il me dit qu’il ne ramène pas de fille chez lui? Qu’il ne fait pas semblant. Qu’il ne me prend pas pour une conne. Je sais ce que j’ai vu et je me souviens très bien de l’image. Elle a d’ailleurs barré la porte à clé. Ce qui veut dire un futur couple en perspective? Ce qui veut dire qu’elle est davantage proche de lui et lui tente de me prouver le contraire?

« Siwon.» ai-je dit en souriant et en le regardant. Est-ce que j’ai l’air d’une conne à ce point? C’est ce que mes yeux ont voulu passer comme message. Lorsqu’il m’a regardé, lorsqu’il a claqué sa langue dans sa bouche. J’ai su que ceci est une petite victoire. Il ne voit peut-être pas de quoi je parle, je crois qu’il sait entièrement où que je voulais aller. Je suis contente pour lui qu’il ait enfin trouvé quelqu’un pour lui tenir compagnie. Est-ce que c’est réellement ça? Comme il dit : cela fait au moins dix ans que je la connais, ce n’est pas pareil. Habituellement, tu ne passes pas la nuit avec quelqu’un même étant ami surtout entre un homme et une femme. À moins que l’un ou l’autre soit attiré par le même sexe, puis même là. Je ne vois pas l’intérêt qu’elle ait été seule à partir dès le matin alors que lui, lui a faussé compagnie à la hâte. «Dix ans ou pas, c’est surprenant venant de toi. Puis dis cela à ton visage.» ai-je dit avant de déposer ma tasse. Dis cela à ton visage. L’expression si tendre qu’il a pu avoir. C’est dans ses moments-là que j’apprécie ma malédiction; je n’oublie jamais de détails. Dès que je l’ai vu, cela a déjà été mémorisé. Ancré dans ma tête. Puis une question m’est venue à l’esprit : « Elle te plaît?»

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Sun lit en lui comme dans un livre ouvert. Ca l’agace un peu, parce qu’il sait qu’elle a raison, mais surtout, il a du mal à faire face à ses propres sentiments. Et Sun voit tout, aucun rictus sur son visage ne lui échappe, si bien que s’il reste stoïque pour la majorité des gens, Sun voit tout. Et le pire c’est qu’elle doit être l’une des seules personnes à ne pas le craindre pour un sou. Siwon soupire, vaincu, quand son amie prononce son prénom l’air de dire « je ne suis pas stupide à ce point-là ». Aussi secret qu’il était, le jeune homme voulait garder ça secret. Comme tout le reste.

— Comment ça c’est surprenant ? Qu’est-ce que ça veut dire ?

Elle a le don de toujours appuyer là où Siwon ne voudrait pas qu’elle appuie. Il s’en offusquerait presque. Le mafieux porte la tasse de café à ses lèvres avant d’en prendre dans sa bouche. Il manque de tout cracher sur le plan de travail quand Sun lui pose la question fatidique. Si elle lui plaît, c’était ça la question. Voulant éviter de tout recracher, il avale de travers, s’étouffe, l’obligeant à tousser ses poumons pour ne pas mourir. Il reprend une gorgée de café pour essayer de tout faire glisser dans son gosier, avant de reposer la tasse sur table, avec une certaine violence, ce qui fait que le contenu de la tasse passe par-dessus le bord du contenant pour s’échouer sur la main du brun et sur la surface. Il regarde le tout avec dépit. Une chance, c’est qu’au moins il ne s’est pas brûlé, il a attendu suffisamment longtemps avant de prendre les premières gorgées de son café. Malheureusement, il ne lui reste pas grand-chose dans sa tasse, étant donné que la moitié est passé par dessus.

— Je dois vraiment répondre à cette question ? demande-t-il finalement.

Le patron tourne le dos à son amie pour récupérer l’éponge dans l’évier dans l’idée de nettoyer le saccage qu’il a crée. Siwon ne sait même pas quoi y répondre. Il reste pensif tout en regardant l’éponge absorber le liquide foncé. Est-ce qu’elle lui plaît ? Sûrement, c’est une très belle femme. La seule différence qu’elle a avec les femmes qu’il ramène dans son lit - non, qui le ramène dans leur lit, c’est qu’elle est timide, alors bien sûr, elle ne l’avait jamais mis dans son lit. Et le brun n’avait jamais pensé à le faire. Jusqu’à qu’un autre homme se profile dans le paysage. L’idée lui était insupportable au fond, pourtant, impossible de l’admettre. La fierté est beaucoup trop importante. Siwon boit le reste de son café avant de se poster devant la baie vitrée de son appartement qui fait tout un pan de mur de la pièce. Il reste pensif un long moment.

— Dis, Sun…

Il marque une pause. Il hésite un instant à la poser, cette question. Mais maintenant qu’il a ouvert la bouche, il est coincé. Il sait que Sun est la seule personne avec qui il peut parler de ça pour le moment.

— Comment tu sais ? Quand est-ce que ça devient de l’amour ?

Après tout, Jisu est son amie. Ca n’a jamais été rien d’autres que cela. Les autres filles, il y en a eu pleins, et pourtant il n’en a aimée aucune. Pour le dire vulgairement, il les a baisées, parce que c’est ce qu’ils voulaient, d’un côté comme de l’autre. Elle c’était différent. C’est ce qu’il se tue à se dire, sans pour autant comprendre ce que cela implique pour autant. C’est lui qui est allée vers elle, pas l’inverse. Cherchait-il, au fond, une femme pour lui ? Il se sent extrêmement confus. Il n’a jamais ressenti ça.

— Et ne te méprends pas, on a pas couché ensemble cette nuit-là !

Pas cette nuit-là. Donc. Y avait-il un sous-entendu par rapport à une autre nuit ? A une intention de la part de Siwon ou rien du tout ? Il n’est pas du genre à se vanter de ses exploits, ni même à exprimer un souhait clair envers une fille en particulier.