(outfit) Tout l’or du monde, mais pas lui. Cette pensée venait littéralement de la transpercer, telle une épine logée à l’intérieur de son cœur. La sensation n’en fut que plus désagréable, parce qu’il avait le malheur de se trouver au même endroit. Triste hasard ou douce coïncidence… Cette vision qu’elle avait désormais de son meilleur ami, fièrement entouré de parfaits inconnus, et d’une grande majorité de femmes eurent raison du dégoût profond qui remonta le long de son œsophage. Si la belle se retint de mimer son envie de vomir, elle ne se gêna guère pour lui adresser un faux sourire, passablement contrariée… Elle n’aurait jamais su masquer son mécontentement, même avec la meilleure volonté au monde ! Un samedi soir en solo, ne lui ressemblait pas tellement… Et puisque Seungho n’était pas en ville pendant quelques jours, la jolie blonde avait su se prendre dans la torpeur générale, vite encouragée par ses amies à ressortir ses vêtements les plus sexy, suite à un pari outrageusement perdu… Une tenue dans laquelle elle ne se sentait pas à son aise. Surtout maintenant qu’elle savait Kael dans un périmètre bien délimité et qu’elle avait l'étrange impression d'être mise à nue ! N’importe qui dans ce genre de situation se serait rendu vers son plus vieil ami pour ne serait-ce, le saluer… Sauf que là, c'était au-dessus de ses forces. Se rapprocher lui aurait davantage insufflé des envies de meurtres ! Et jusqu’à preuve du contraire, passer sa vie derrière les barreaux n’était pas dans ses projets…

La belle se retourna alors vers ses trois amies à qui elle offrit un sourire bien plus spontané. Pas défaitiste pour si peu. « Je vais nous commander à boire ! J’espère qu’il reste des banquettes de libre. » s’exclama t-elle dans un espoir en tout point réel, puisque la soirée ne faisait que commencer. Bien que juchée sur ses talons, Mijoo se sentit minuscule au milieu des quelques fêtards qu’elle brava pour recouvrir la direction du comptoir. Faute d’un barman déjà occupé, cette dernière se fit toiser par un type sur sa chaise haute, l’air de la bouffer du regard… De quoi la mettre passablement mal à l’aise. Mais sans le lui montrer, la belle se contenta de lui adresser un regard dédaigneux avant de lui tourner le dos. Elle attendit simplement son tour, le regard vrillée en direction de la piste endiablée… Elle avait beau vouloir l’éviter, elle savait que la rencontre serait inévitable. Il viendrait forcément à elle… Mais en redoutant cet instant fatidique, l’élément perturbateur ne se gêna pas vraiment pour glisser une main le long de son épaule, comme pour l’inciter à se retourner… Ce qu’elle fit, en repoussant cette main indésirable d’un mouvement sec. « Tu me touches encore une fois et c’est mon genou qui dira bonjour à tes parties intimes. » scanda t-elle aussi froidement que possible, peut-être douce et frêle sur les apparences. Sauf qu’il n’en était rien...

(outfit) ce qui relevait de l'ordinaire, dans tout ça, ce n'était pas les diverses filles papillonnant autour de lui depuis plusieurs heures, ni le fait qu'il en était à son quatrième verre de rhum arrangé et qu'il aurait dû être bien plus ivre qu'il ne l'était réellement. non, rien de tout ceci. ce qui était plutôt inattendu, c'était sa présence à elle. comme attiré magnétiquement, il l'avait vue à la seconde où elle avait fait son entrée, belle, atrocement sexy. une combinaison qui lui avait fait monter le cœur au bord des lèvres l'espace d'un instant, et pas à cause d'une quelconque nausée, mais l'envie soudaine de le lui donner tout entier. oh, mauvaise idée... il n'avait fait que la suivre du regard, avant de se forcer à détourner les yeux, presque comme s'il se brûlait, dégouté de lui-même. il serait temps de passer à autre chose, d'oublier cet amour stupidement ravageur pour une fille qu'il sait qu'il n'aura jamais. mais, comme on le dit si bien, the heart wants what it wants...

ce qui n'allait pas l'empêcher de profiter de sa soirée comme il l'avait prévu initialement. meilleure amie sur les lieux ou non. il ne manquait pas de choix quand à celle qu'il ramènerait ce soir et il ne chercha pas à s'en cacher, abusant presque de ce sentiment grisant de lui faire voir qu'il était désiré, et que si ce n'était pas par elle des tas d'autres attendaient un signe de sa part en faisant la queue. une pensée un peu puéril, il le reconnaissait, mais quand mijoo lui lança un sourire clairement pincé, quelque chose de bien trop bon glissa le long de son palais. un mélange entre émotions et alcool, de son verre qu'il avait repris et terminé sans même faire attention. il choisit - se força, en vérité, de ne pas la fixer plus longtemps, feignant de s'intéresser aux conversations se déroulant autour de lui et rigolant sans savoir pourquoi à quelque chose que venait de sortir l'un de ses amis, vraisemblablement une blague de mauvais gout.  elles étaient toujours de mauvais gout. mais mijoo, elle, ne l'était jamais, oh non. mijoo elle était toujours la plus belle chose sur laquelle il posait ses yeux, et dès qu'elle était là, tout devenait accessoire, secondaire. il se détestait pour ça. il avait beau se faire violence, tous ses sens revenaient constamment à elle.

à elle, qui subissait désormais le regard fiévreux d'un homme clairement plus âgé, et qui ne semblait pas apprécier la situation. kael non plus, d'ailleurs. sans rien dire, il abandonna le troupeau, ignorant les jérémiades de quelques jeunes filles pour foncer droit vers sa cible, ses iris lançant des éclairs à l'arrière du crâne de l'importun. pourtant, ce fut d'un air détaché, rieur, presque trop léger qu'il s'adressa à lui en se plaçant aux cotés de la belle, un sourire factice aux lèvres. « je serais toi, mec, je tenterai pas le diable. je sais que cette furie est capable de faire ce qu'elle dit. », et pourtant, c'était bien un poing durement fermé qu'il cachait à moitié le long de sa hanche, trahissant sa colère. l'homme ne chercha pas à débattre, préférant s'éloigner, et kael pris sa place, plus détendu mais toujours assez fébrile, et ce pour des raisons désormais totalement différentes. comme toujours lorsqu'il était avec elle sous l'influence de l'alcool. bien qu'il tenait plutôt bien la boisson, il avait toujours trop peur de ce qui pourrait sortir de sa bouche et atteindre les oreilles de celle qui ne devait surtout pas savoir. « difficile de questionner ce pauvre monsieur, cela dit... t'as vraiment sorti le grand jeu. », qu'il lança, un autre sourire entendu, une lueur de malice dans ses prunelles posées sur elle.

(outfit) Elle n’était pas encore saoule, Mijoo. Quand bien même, il avait été convenu qu’elle ramènerait tout le monde, d’ici la fin de la soirée… Garder le contrôle et rester maître de ses moyens… C’était tout de même plus louable que de finir à genoux, au-dessus de la cuvette des toilettes ! Mais à présent qu’elle savait Kael dans le collimateur, le besoin de s’enfiler quelque chose en urgence se faisait drôlement ressentir. Même si elle s’efforçait à ne rien laisser transparaître, la blonde baignait désormais dans une anxiété constante… Rien qui puisse la rendre particulièrement sereine quant à la suite du programme. Et tout cela était la faute à Kael. Tout était toujours de sa faute… Pourquoi fallait-il qu’il s’exhibe à ce point ? Pourquoi étaient-ils tels des étrangers depuis son retour de l’armée ? Aujourd’hui, il n’existait plus que les souvenirs en gage de leur complicité d’antan. Cette même complicité qui les avaient conduis à devenir des « meilleurs amis »… Pouvait-on encore les nommer ainsi dans la mesure où ils ne se voyaient presque plus ? Même leurs échanges par sms n’avaient plus rien de sincères ou de spontanés… Plus le temps passait, et plus Mijoo s’attendait à le perdre définitivement… Et elle n’était plus tout à fait elle-même en sa présence, comme poussée par une force méconnue à devenir détestable. Une sorte de peste. Surtout dès qu’il avait le malheur d’être accompagné… Et il était toujours accompagné. A chaque fois, d’une nana différente. Dans ces moments-là, elle le détestait...

« Je pouvais très bien le dégager, Kael... » scanda t-elle d’une voix éraillée, l’autre perturbateur aussitôt congédié. Ce moment tant redouté avait finalement eut lieu… et la belle sentit  ses jambes vaciller fébrilement à son apparition. Pourquoi avait-il fait ça ? Pourquoi ressentait-elle un tel désarroi, à le voir aussi séduisant ce soir-là ? Son meilleur ami lui manquait. Et il y avait tellement de choses agréables qu’elle souhaitait lui dire… Des choses qu’elle pensait. Sauf qu’elle n’y parvenait pas… Et lorsque son imagination prenait le dessus, elle ne voyait rien d’autre qu’une pauvre fille, à haïr. Difficile d’apprécier ce qu’elle voyait, alors qu’elle savait pertinemment que les vêtements que portait Kael lui seraient bientôt arrachés… Et pas par elle, mais par une autre. Ce genre de pensée finissait par la rendre littéralement folle. « Cette jupe ne cesse de remonter... Tu m'étonnes que j'attire les pervers... Et retire-moi ce sourire, tout de suite.. » La malice dont il pouvait faire preuve lui sortait aussi par les yeux… Lui qui semblait apprécier chaque instant et la narguer dans son bonheur, qu’elle devinait factice. Mais après tout, c’était bien lui qui avait décidé de changer de vie et de comportement… Devait-elle pour autant le subir ? « Tu passes une bonne soirée ? Je voudrais pas faire attendre tes amies… » prononça t-elle dans un sous-entendu recherché, un sourire narquois sur les lèvres. La belle se tourna du côté du barman pour ainsi l’ignorer et commander deux Sex on the beach faute d’avoir suffisamment de mains pour en rapporter plus. Les autres étaient de grandes filles, après tout. Elles iraient chercher par elles-même ce qu’elles voudraient… « Ah, au fait. Vérifie qu’elles sont toutes majeures… J’aimerai pas assister à l’un de tes procès, si tu vois ce que je veux dire. » Les boissons déposées à même le comptoir, la blonde se saisit des cocktails après avoir adressé une tape compatissante sur l’épaule de son vieil ami. Du foutage de gueule ? Un peu. Beaucoup.

(outfit) si la mention d'une jupe récalcitrante désirant offrir ce qu'elle avait en dessous fit brûler certaines parties de son corps, c'est malgré tout la frustration qui pris le dessus. pourquoi fallait-il qu'elle précise que ce qu'elle portait pouvait la rendre vulnérable aux yeux de tant d'autres ? de tant d'hommes ? il ne supportait pas cette idée, kael. l'imaginer déshabillée rien que par le regard suffisait à le rendre amer et irrité. ce fut d'ailleurs la raison principale qui lui ôta quelque peu son sourire, et non la demande explicite de son amie. ah, bordel... il l'avait dans la peau, cette nana. toutes ces réactions, toutes ces émotions pour de simples choses, de simples faits qui devenaient le centre de son monde dès qu'il s'agissait d'elle. quel abruti, quel pauvre fou.

il saisit aisément l'agacement dans le ton sa voix, mais se trompa en beauté sur les réelles raisons, à savoir qu'elle transpirait de jalousie. à ses yeux, elle était simplement déçue, en colère de le voir être tombé "si bas" selon elle, et peut-être un peu aussi selon lui. il savait bien qu'il avait changé. un aveugle aurait pu voir la différence entre ce qu'il était avant et la personne qu'il montrait aujourd'hui. au fond de lui, il restait le même, mais il était irrémédiablement mutilé. mais ça, elle n'avait pas à le savoir. alors, il ravala la légère amertume que lui infligeait sa remarque, et laissa la place entière à son amusement, le sourire malicieux reprenant ses droits sur son visage. « t'inquiète pas pour ça, je vérifie à chaque fois. tant que ça a 18 ans, ça me va. », et quelque chose dans sa voix tanguait vers l'acerbe, avait une petite note d'agressivité qui aurait presque pu être imperceptible. kael savait très bien que ça n'allait pas lui plaire. il avait choisit ses propos en fonction. il savait que la belle mijoo qui n'était pas sienne serait rebutée, dégoutée par de tels mots. mais c'était ce qu'il voulait. il voulait qu'elle le déteste, autant qu'il se damnerait pour recevoir son amour. il la désirait entière mais ne pourrait jamais, jamais l'avoir. elle méritait d'être heureuse, et lui ne pouvait sûrement pas lui apporter ce bonheur. elle n'en voulait pas, de toute manière.

aussi rapidement que l'éclair, il se débarrassa de son sourire, le visage désormais neutre et presque froid ; il la fixa tandis qu'il fit claquer contre le comptoir la paume de sa main contenant un billet. sans regarder le barman, il lança « un autre sex on the beach. », et attrapa un des verres que mijoo ne pouvait pas tenir, vidant la moitié du contenu, le tout sans jamais la quitter des yeux. « le reste de ma nuit m'attend. », qu'il ajouta, son ton radicalement différent, perçant, glacial. il eut un rictus quasi mauvais, sans une once de légèreté derrière. « fais gaffe au grand méchant loup. je voudrais pas qu'il arrive malheur entre toi et seungho. », sur ce, il se retourna et rejoignit son groupe, se faisant violence pour ne pas accorder un seul regard en arrière à celle qu'il voudrait pourtant contempler jusqu'à la graver dans sa mémoire. quelle blague. elle y était déjà, tatouée, ancrée, ineffaçable.

(outfit) Provoquer son ami ne s’était jamais fait sans un retour d’ascenseur. Même avant que leur relation ne se ternisse, ces deux-là avaient toujours eu un tact certain pour se dire clairement les choses… Mais jamais de manière aussi hostile et directe. Sauf que le temps n’était plus à la plaisanterie et il venait de toucher le cœur de la demoiselle de la façon la plus incorrecte qui soi… Ce n’était plus seulement de la rancœur mais un profond sentiment de colère et tristesse qui transparaissait le visage de la blonde. Et il valait bien mieux pour lui qu’elle la garde en sourdine au risque que ça dégénère… Kael le savait plus que bien. Mijoo avait toujours été une personne très émotive, en bien comme en mal. Elle resta simplement muette et distante avec lui, encore plus déçue par cette facilité qu’il avait de la rendre aussi mal. Cependant, son orgueil la poussa à rester stoïque dans la mesure du possible. Sa sensibilité ne devait pas l’empêcher de rester forte et indépendante. Advienne que pourra de cette amitié brisée... Et peu importe ses fichus sentiments persistants… Peut-être qu’un jour, elle en aurait tellement assez de lui que ses sentiments disparaîtront pour envisager un avenir possible, avec Seungho. Le fait qu’il souligne son nom étira de ses lippes, une mimique disgracieuse et un regard d’autant plus noir qu’elle ne se priva guère de lui jeter. « Inutile de t’en soucier. Je suis une grande fille contrairement à ces gamines, qui te vont si bien, je te l’accorde. » Le calme dont elle fit preuve ne fut rien de plus qu’une mascarade pour masquer la véritable tempête à l’intérieur de son cœur.

Crétin de Kael. Il n’avait vraiment pas son pareil pour gâcher sa soirée ! Et jusqu’à nouvel ordre, elle ne désirait plus le voir, ni même le recroiser. Ce fut bien munie de ses deux verres que Mijoo se rendit du côté totalement opposé au sien, désireuse de retrouver ses amies et de l’oublier une bonne fois pour toute ! Ces dernières qui avaient su mettre la main sur un coin de la banquette, étaient également parvenues à s’incruster auprès d’une bande de jeunes garçons, que Mijoo supposa encore étudiants… Entre dix-neuf et vingt et un ans peut-être ? Super. Voilà qu’elle répétait involontairement le même délire que Kael ! Face aux signes que lui envoyait deux de ses amies, la belle se dépêcha de les rejoindre en déposant les verres au centre de la table… déjà fortement garnis d’alcool en tout genre. « T’étais longue Mijoo ! Tu t’es faites draguer ? » - « En quelque sorte... » répondit-elle sans réelle conviction. Ce n’était pas à ces filles et encore moins en présence de ces purs inconnus qu’elle évoquerait l’altercation avec son ami d’enfance… Elle qui était pourtant si enjouée à la base, voyait son moral retomber dans ses chaussettes ! Et elle eut beaucoup de mal à se mettre dans l’ambiance, malgré le cocktail pour l’y aider ou lui donner l’illusion d’y parvenir…

Chacune de ses pensées l’amenèrent de façon imparable jusqu’à Kael. Et lorsqu’elle se motiva à rejoindre la piste de danse, son regard tomba fatidiquement sur lui et sur son indéniable prestance… Inutile de se demander comment il parvenait à toutes les avoir. Il avait toujours été atrocement séduisant lorsqu’il dansait. Autrefois, elle pouvait dire de lui qu’il était cool. Mais à présent, c’était à peine si elle parvenait à soutenir la vision de cette fille collée à lui. C’en était écœurant… Sans même chercher plus longtemps, la jeune femme quitta la piste pour retourner du côté des banquettes, hésitante à s’enfiler un deuxième verre, ou non… On ne lui laissa pas vraiment le choix lorsqu’une liqueur qu’elle devinait être du rhum s’implanta sous ses yeux, suivit de l’un de ces types resté lui aussi en retrait, durant une bonne partie de la soirée. « Allez juste un verre. Si jamais tu te sens pas de conduire, avec mes potes on prévoit un after pour notre crémaillère… Si tes copines et toi veulent rester dormir… » Proposition explicite et fortement osée. Elle le fusilla des yeux avant de repousser ce verre jusqu’à lui, le poussant par la même occasion puisqu’il se tenait bien trop près. « Non merci. » prononça t-elle avec froideur. Par chance, il ne se fit pas insistant. Au moins un qui avait le mérite de comprendre et d’arrêter avant de passer pour un gros lourd.

(outfit) elle croyait pouvoir le lui cacher, mais lui, il voyait tout. elle était comme un livre ouvert pour lui, aussi comique et cocasse que cela puisse paraitre étant donné leur situation commune, mais c'était un fait : elle n'avait pas de secret pour lui. kael était capable de discerner le moindre changement dans son ton ou dans ses expressions, pouvait déceler la lueur changeante dans ses yeux, quand bien même fugace. il en avait toujours été ainsi, il la connaissait par cœur. et en cet instant, c'était probablement plus une malédiction qu'autre chose. en cet instant, il voyait avec une clarté douloureuse l'écho intérieur qu'avaient eut ses mots, mais il ne pouvait pas revenir en arrière. il pouvait les regretter, se maudire, mais pas les reprendre, et quelque part, il ne le souhaitait pas. comme un désir, un poison mesquin qui le persuadait qu'il faisait ça pour le bien de sa belle, pour la protéger de lui, la protéger de tout ce qu'il était, obscurité souillée face à sa lumière angélique.

alors, même s'il avait bien compris, il ne répondit rien, et la laissa s'éloigner sans la retenir, lui-même dos à elle, déjà à mis-chemin vers son opposé. pendant un bon moment, la soirée poursuivit son cours presque sans lui ; tandis qu'il se forçait à rester un minimum présent, il eut un mal fou à se remettre dans l'ambiance, presque détaché, perdu dans ses pensées. mijoo avait le don de lui faire ça. elle était là, juste là, elle ne faisait rien d'autre que d'être là et lui, il n'y était plus, déjà happé par elle, aspiré dans sa stratosphère. quelle plaie. agacé contre lui-même, il redoubla d'efforts pour reprendre sa place dans ces instants factices avec des filles sans noms, et petit à petit, sa belle s'effaça, jamais disparue mais suffisamment en retrait dans son esprit pour qu'il puisse profiter et s'occuper de séduire l'une d'entre elles. d'une attitude experte, l'air bien plus à l’aise que n'importe qui présent ce soir, il entraina celle sur qui son choix s'était porté parmi les corps fiévreux, prenant les choses en mains, installant une cadence qui leur valu involontairement des regards curieux, admiratifs autour d'eux. il le savait, kael, qu'il était bon comme ça. c'était habituel pour lui maintenant d'attirer l'attention lorsqu'il dansait, et quelque part, même s'il était flatté et qu'il sentait son égo ronronner de plaisir à chaque fois, il ne pouvait s'empêcher de penser que ce n'était que justice. c'était son métier, après tout. il s'était crevé à la tâche pour en arriver là. alors, qu'ils le regardent, tant que ça leur sied. c'était le seul domaine où il savait ne souffrir aucun rival.

lui, pour sa part, restait concentré sur la beauté entre ses bras, prudent de ne pas être hâtif, mais assez culotté pour l'attirer un peu plus en son sens, l'amener en douceur à prendre la décision finale pour laquelle il se trouvait ici : l'accompagner jusqu'à chez lui. son lit ou ailleurs, cela n'avait pas d'importance, et puis, il savait se montrer aventurier... ce qui comptait, c'était qu'elle franchisse le seuil de sa porte d'entrée. et, comme quasiment à chaque fois, le charme opéra, puisqu'elle se laissa emmener sans rechigner jusqu'à l'extérieur du club, un sourire entendu sur son visage et les yeux brillants de luxure. la main agrippant déjà sa clé, kael l'entraina en l'écoutant à moitié jusqu'à sa voiture, sur le point de presser le bouton d'ouverture quand son regard fut attiré, inexorablement, sur sa droite, vers l'objet de tous ses tourments. son petit démon qui semblait bien perdu maintenant, l'expression légèrement paniquée et les gestes brefs, presque tremblants, alors qu'elle fouillait désespérément ses poches. il ne suffit de plus pour qu'il fronce les sourcils, immédiatement inquiet, instantanément à elle pendant que le monde entier autour s’effaçait. encore. il n'hésita pas lorsqu'il attira son attention d'une voix plus forte, tout ses sens à son écoute. « eh, quelque chose ne va pas ? » il tenta tant bien que mal de contrôler les traits de son visage, mettant son inquiétude en sourdine, totalement indifférent aux questions presque agacées lancées à son égard par la brunette à ses cotés. c'est qui celle-là ? tu la connais ? oh, si tu savais...

(outfit) Elle s’imaginait plus forte que ça… Vraiment plus forte. Foutu cœur qui bat, pour lui procurer un mal de chien… L’univers tout entier aurait pu s’effondrer qu’elle serait restée transparente aux interactions des uns et des autres. Complètement ailleurs, démoralisée, mais aussi en colère. Contre elle-même. Avant tout contre elle-même, parce que ce n’était pas ainsi qu’elle s’était imaginée la soirée ! A présent cloîtrée dans cette minuscule cabine, côté toilettes féminine, la jeune femme tâcha de faire le vide dans son esprit, encore sur les nerfs. Squatter cet endroit n’était pas vraiment pour l’enchanter, mais au moins, elle se disait qu’elle n'aurait aucune chance de retomber sur lui, ou sur une quelconque midinette pour lui donner de sacrés complexes quant à sa propre apparence physique. Et pourtant, ce n’était pas une chose à laquelle elle se souciait. Encore moins alors qu'elle s’était apprêtée pour l’occasion ! Sauf que ces gamines qui semblaient plaire à Kael auraient toujours un terrible avantage sur elle… Un visage plus juvénile, un corps probablement plus mince ou plus harmonieux… Qu’importe la manière dont elle se voyait dans la glace, Mijoo ne s’était jamais considérée comme particulièrement sexy, malgré le port de talons ou d'une mini-jupe. Sa petite taille et sa manière d’être, un peu bourru et rentre-dedans ne reflétait rien de très sensuel ou de délicat… Et dans ces moments-là, elle se maudissait de ne pas avoir ce petit truc, pour plaire à celui qui occupait toutes ses pensées. Naïvement, elle avait cru durant ses jeunes années, qu’un peu de maquillage et un bel ensemble suffirait à faire basculer les choses… Mais tout avait finalement empiré. Et répondre par la colère revenait le plus souvent comme un moyen d’auto-défense, envers lui mais aussi envers elle-même. Etait-il encore possible pour eux de revenir à leur amitié d’antan ? Etait-ce totalement désespéré d’attendre après un miracle ? Quelle foutaise.

Si la belle avait cru toucher le fond, elle était encore bien loin de ses surprises. Après une demi-heure passée à vagabonder de salle en salle, à la recherche de sa bande, ses efforts furent infructueux… Rien. Plus personne. Elles avaient toutes disparues ! Et si autrefois, la blonde se passait d’exprimer son agacement à qui voudrait bien la surprendre, cette fois-ci, elle n’en avait plus rien à faire de paraître désagréable. Jouer la comédie avait assez durée et elle ne désirait plus qu’une seule chose ; rentrer chez elle. Cette sortie était définitivement un vrai fiasco ! « Hyemi ! Jooeun ! » s’écria t-elle à travers les échos lointains et les basses assourdissantes. Et ce ne fut qu’au moment où elle retourna auprès des banquettes, qu’elle constata qu’un autre groupe y avait fait son domaine. Il ne semblait même plus y avoir les jeunes hommes d’un peu plus tôt… L’avait-on laissé en plan ? Au profit de quoi ? D’une bande d’inconnus qui les auraient soudoyés avec un peu d’alcool et une fameuse crémaillère ? Cette pensée venait littéralement de la mettre en colère, alors qu’elle se ruait rapidement jusqu’à la sortie, encore assez naïve pour espérer voir une de ses amies à l’extérieur… Mais non. Il n’y avait presque plus personne mis à part un vigile pour la retenir un court instant par l’épaule, l’air pas très aimable. « Hé ! Si tu pars, tu ne rentres plus. » Cette menace proférée la secoua d'un pénible rire. A juste titre, Mijoo ne se gêna pas pour le regarder de travers, bien trop sidérée par les circonstances pour ressentir une once de gêne ou de peur. Elle s’exprima avec allégresse. « Quel dommage ! Cet endroit va tellement me manquer. » Pas suicidaire pour autant, elle ne tarda pas à s’éloigner du mastodonte pour se rendre jusqu’à sa voiture, stationnée aux abords de la boîte.

Maintenant qu’elle se mettait à chercher partout sur elle, pour retrouver ses clés, elle se rappela les avoir confié à l’une de ses amies – comme elle le faisait quasiment toujours – pour éviter de se trimbaler quoi que ce soit sur elle et payer une blinde, les vestiaires… Depuis le côté passager de sa Hyundai grise, la belle pouvait apercevoir son sac à main à terre, sans aucun moyen de le saisir… Pour cause, tous ses papiers et même son téléphone avait été laissé à l’intérieur ! Sans ses clés pour ouvrir la portière, elle ne pourrait ni appeler à l'aide, ni même conduire pour espérer sortir de ce cauchemar ! Cette soirée était en train de virer au drame. Et la petite cerise sur le gâteau se prénomma bien évidemment Kael au son de sa voix, et de sa pertinente question… Bien sûr que ça n’allait pas ! Mais au lieu de lui exploser sa rage en pleine figure, elle s’efforça à canaliser ses démons intérieurs pour ne pas paraître complètement hystérique. Surtout devant cette petite garce pour la lorgner d’une telle façon. Mijoo profita d’avoir l'entière attention de son meilleur ami pour adresser un sourire mauvais à cette dernière, aussitôt désintéressée par sa présence, tout comme son existence. Elle se tourna vers Kael, non sans émettre un petit rire nerveux. « Ok… Comment résumer en quelques mots ? Je suis dans la merde. » Le langage familier et grossier n’avait rien de si étonnant venant d’elle, mais Mijoo s’amusa intérieurement de la réaction de la plus jeune qu’elle devinait bien plus outrée par son manque de bienséance. « Kael, j’ai pas mes clés. Je veux dire… C’est Jooeun qui les a, et… elle est introuvable. Elles le sont toutes ! » On pouvait presque penser à une mauvaise blague et pourtant, c’était bien réel. Concret. Mijoo se retrouvait littéralement enfermée dehors.

(outfit) la dinde à ses cotés avait beau lancer un hoquet outré face aux mots employés par son amie, kael, lui, n'esquissa pas l'ombre d'une réaction. il la connaissait ainsi, il l'aimait ainsi, surtout parce qu'elle ne cherchait jamais à être quelqu'un d'autre, elle. patient, bien qu'intérieurement progressivement fébrile, il l'écouta débiter ses paroles de manière peu assurée. elle semblait perdue, légèrement paniquée, et presque honteuse de la situation dans laquelle elle se trouvait, comme si elle aurait préféré tout plutôt que de devoir la vivre et l'avouer à son meilleur ami. mais, lui, il n'en avait strictement rien à carrer. rien de ce qu'elle pourrait dire, faire, rien de ce qui pourrait lui arriver ne parviendrait à la rendre minable à ses yeux. tout ce qui importait, c'était que le désarroi avait volé la place au sourire sur son joli minois et qu'il ne pourrait, dans aucun monde, l'abandonner à son sort. mijoo n'était jamais ridicule. elle était toujours amusante, intéressante. continuellement belle.

mais tout ça, bien sûr, il ne le montrait pas. il n'avait d'ailleurs aucunement l'intention qu'elle le comprenne. alors, pour la forme, il lâcha un soupir, mais fut très vite rattrapé par son caractère naturel de bienveillance et d'aide à autrui, puisqu'il n'hésita pas un seul instant à congédier la jeune femme à ses cotés. oh, elle pesta bien sûr, elle alla même jusqu'à pousser des jurons à l'encontre de sa sirène, mais un simple regard noir de la part de l'amoureux suffit pour la faire reculer et baisser d'un ton, puis partir sans demander son reste. imperturbable, kael reporta ensuite toute son attention sur mijoo, avançant déjà vers elle sans la quitter des yeux. une fois à son niveau, il analysa un bref instant son sac à main dans sa voiture qu'il pouvait voir à travers la vitre, les alentours et enfin le visage de la belle. il avait déjà pris sa décision. « les remontrances envers tes pseudo-copines attendront demain. je te ramène chez moi. » voyant son expression changer, il eut un léger sourire amusé. « je te laisserai mon lit et j'irai dormir sur le canapé, ne te fais pas d'illusions. » il secoua la tête, très fier de sa bêtise, puis pris la main de son amie pour la guider jusqu'à sa propre voiture. l'étreinte aurait pu être dure et brutale, mais il n'en était rien ; elle était étonnamment douce et légère, comme s'il faisait attention à ne pas la blesser, et c'était là tout le paradoxe de kael. un homme qui aime faire parler les apparences alors qu'il est et se sait bien plus doux que le premier connard venu "dans son genre". cela lui va très bien ainsi, il ne s'en cache pas. il n'a aucun raison d'être violent avec les femmes, et déteste n'importe quel macho qui se le permettrait. mais, quand on n'a pas l'habitude de ce genre de geste de sa part, peut-être qu'il peut surprendre. et il n'avait pas traitée mijoo ainsi depuis des années...

sans lui laisser trop le temps de réfléchir, il ouvrit la portière passager et la fit monter dedans, avant de rejoindre le coté conducteur et de se placer devant son volant. il ne prononça absolument aucun mot lorsqu'il démarra, bien trop conscient de la présence brûlante de la femme à ses cotés, et du fait qu'elle n'avait encore jamais mis les pieds dans son nouveau studio. ils n'en avaient encore jamais eut l'occasion... et elle ne se serait jamais présentée d'une autre manière, de toute façon. à quel point le fossé s'était-il creusé entre eux... ? les yeux rivés sur la route éclairée par les lumières artificielles et les bâtiments, il ne se tourna pas une seule seconde vers elle, les mains à présent de plus en plus contractées sur le volant. il n'était ni en colère ni agacé, c'était simplement la douleur qu'il avait jusque là réussi à contrôler qui commençait à devenir plus présente. elle prenait de l'ampleur et il le savait, il savait qu'il allait devoir se forcer à dormir ce soir s'il ne voulait pas qu'elle devienne insupportable et que pire, mijoo remarque quelque chose. un détail auquel il n'avait pas réellement pensé, du moins pas dans son ensemble, mais maintenant qu'ils se trouvaient au pieds de son immeuble, il était bien là et semblait le narguer d'avoir été aussi stupide. pour sa défense, il s'agissait de mijoo. comment aurait-il pu faire autrement ? il a réagit d'instinct, c'était presque automatique. ouais, parfait, maintenant assume.

sans lui montrer son trouble intérieur, kael fit signe à sa belle de le suivre, l'invitant à monter dans l'ascenseur. la montée se déroula en silence jusqu'à son étage, puis jusqu'à son palier devant lequel il s'arrêta pour faire tourner la clé dans sa serrure, ouvrant ainsi la porte d'entrée sur son studio plutôt luxueux, qu'il pouvait maintenant se permettre grâce à ses cours qui payaient bien et les diverses propositions qu'il avait à droite à gauche. d'un geste nonchalant, il laissa glisser ses clés sur le comptoir au centre de son salon et se dirigea directement vers le frigidaire pour en sortir une bouteille de jus d'orange, attrapant un verre. « je te sers quelque chose ? » il leva ses prunelles noisettes sur elle. « si tu as faim j'ai de quoi grignoter. tu peux aller prendre une douche, je te prêterai des vêtements propres et le nécessaire pour ce soir. fais comme chez toi quoi. » sur ce, il ouvrit la bouteille et se servit, vidant la moitié du contenu en quelques gorgées. il sourit légèrement mais, de sa poigne toujours autour de la bouteille en plastique, la tension était évidente. la douleur s'étendait maintenant suffisamment pour commencer à le faire voir un peu trouble. il fallait qu'il donne le change. et merde.

(outfit) C’était devenu impossible pour Mijoo de se la jouer transparente ou tolérante. Rien de ce que faisait Kael ne la poussait à s’adoucir ou à se montrer plus patiente. Elle avait attendu deux foutues années. Impatiente à l’idée qu’au terme de ses études, il la découvre plus femme que jamais… Et ça n’avait pas manqué. La demoiselle était juste méconnaissable sur son lieu de travail. Le genre pouvant plaire et captiver tous les regards. Mais surtout celui du seul qu’elle espérait conquérir… visiblement plus insensible que jamais à ses charmes. Et son indifférence avait blessé son amour propre, ainsi que tout espoir possible d’une amélioration entre eux. Depuis son retour de l’armée, Kael n’avait plus jamais été le même… Et malgré les souvenirs heureux et les moments partagés, rien de tout cela ne semblait avoir de l’importance… Leur relation était-elle devenue toxique à ce point ? Plus elle y pensait, et plus elle se disait qu’ils feraient mieux de tout laisser tomber… Et pourtant, il se passa une chose à laquelle elle ne s’était pas attendue. Bien que, agréablement surprise, au moment où il dégagea cette pimbêche, la coréenne ne l’aurait à aucun moment parié. Encore persuadée qu’il portait plus d’intérêts à ses plans culs, qu’à elle, désormais… C’était dire comme elle se trompait sur son meilleur ami. Et si un soupçon de gratitude lui traversa l’esprit, la belle ne laissa rien transparaître d’autre qu’une mimique disgracieuse, à la suite de ses propos. « Comme si ça pouvait me traverser l'esprit. » répondit-elle de but en blanc, malhonnête pour la peine. Kael n’avait cependant pas tort pour les pseudo-copines. Mais elle préférait plutôt mourir que de lui donner raison !

Et si autrefois, se tenir la main aurait été le contact le plus basique au monde, la douceur de sa poigne et de ce geste inespéré ne la laissa nullement indifférente. Un contact bien éphémère et rompu au moment où il lui ouvrit la portière. Un nouveau problème se posa une fois assise du côté passager. Cette jupe déjà bien trop courte et qui avait la fâcheuse tendance à remonter au moindre mouvement… Et parce qu’il s’agissait de Kael, la belle rechercha quelque chose pour couvrir ses jambes, la main tendue du côté de la banquette arrière, non sans contenir un juron d’entre ses lèvres. « Aish… Tu n’aurais pas quelque chose de chaud ? Kael. » lui demanda t-elle, mi-plaintive, mi-désemparée. Autant dire qu’elle n’aimait pas particulièrement la situation. Elle, habituellement si sure d’elle… Ce n’était décidément pas le genre d’image qu’elle voulait lui laisser. Comme s’il pouvait s’agir du dernier... Inévitablement, le silence se creusa, tel un gouffre sans fond. Un gouffre dans lequel ils s’étaient déjà jetés, à intervalle distance… Lui en voulait-il parce qu’il aurait préféré la compagnie de l’autre, à la sienne ? Pourquoi était-ce devenu ainsi ? N’y avait-il plus rien qu’ils pouvaient se dire ? « Je suis désolée, ok. J’imagine que j’ai ruiné tes plans pour ce soir… La prochaine fois, ignore-moi, ça sera mieux pour tout le monde. » Elle avait voulu se montrer hostile en s’exprimant ainsi, mais Kael n’allait certainement pas être dupe... Tant pis pour les apparences. Elle aurait tout le temps du trajet pour reprendre contenance et aviser la suite du programme… Autant dire, un terrain miné.

Contrairement à elle, Kael s’était déjà bien lancé dans la vie active. Il était parvenu à s’octroyer un loft qu’elle-même n’oserait rêver. Toute sa vie, Mijoo l’avait vécu modestement, sans artifice d’une quelconque valeur, parce que cela ne lui ressemblait que trop peu… Mais surtout, parce qu’elle n’y avait jamais été habituée. Juste avant de rejoindre le bon appartement, la blonde s’était gardée de retenir sa respiration tout le long de la traversée en ascenseur. Sans trop savoir comment, ni pourquoi, elle en était venue à avoir des pensées absurdes envers lui… Des pensées qu’elle ne contrôlait pas. Faute, une fois encore, à un regard qu’elle avait osé lui adresser. Qui avait-il de plus simple sur terre que d’admirer le visage d’une personne ? Elle en mourrait d’envie. Juste, le regarder. Plonger ses yeux noisettes dans les siens et y lire toute la vérité. Son âme, peut-être. Quelque chose pour se persuader qu’il était toujours le Kael du passé. Le Kael, qu’elle aimait… Mais dès que cela arrivait, son sang se mettait à bouillir, et son pouls s’accélérait de façon fulgurante ! Nul doute, qu’un petit rafraîchissement ne lui ferait pas de mal. En temps normal, elle aurait refusé la proposition d’une douche… Mais l’offre tomba presque à point nommée. « Hm. Non merci. Je vais juste prendre une douche… C’est par où ? » demanda t-elle, penaude. Elle ne se sentait pas à sa place. Pas digne de se tenir ici. Ce n’était pas elle qu’il aurait voulu emmener, initialement. Et cette pensée suffisait à endurcir ses traits déjà crispées par la nervosité et le stress.

Dès lors qu’elle eut rejoins la nouvelle pièce, la jeune femme s’adossa contre la porte, la main dressée contre son cœur, soudainement prise de vertige… Un peu plus, et elle suffoquait, c’était certain. La présence de Kael était devenue trop pesante et inhabituelle. C’en était même terrifiant, de perdre aussi facilement le contrôle à cause d’une seule et unique personne… Sans doutait-il un seul instant ? Bien sûr que non, puisqu’elle préférait se mettre en colère dans ces moments-là. La colère pour masquer ses doutes, pour masquer les sentiments qu’elle lui portait… Ce mec causerait définitivement sa perte. Comment parviendrait-elle à passer la nuit ? « Mijoo, t’es qu’une idiote. Une idiote. » prononça t-elle pour elle-même, en envoyant valser ses escarpins d’un mouvement sec du pied. Elle n’en avait même rien à faire de les abîmer. Se déshabiller et se doucher. Une seule étape à la fois, et ensuite seulement, elle aviserait le cas ; Kael.

Ce ne fut qu’une fois totalement nue qu’elle réalisa n’avoir rien pour s’attacher les cheveux… Mijoo comptait pas abuser son hospitalité. Et mouiller ses cheveux, sachant qu’elle les avaient lavé un peu plus tôt, n’était pas à l’ordre de ses priorités. Dans la précipitation, elle rechercha dans le meuble de sa salle de bain, quelque chose pouvant ligoter sa longue crinière décolorée. Un peu à contre cœur, la belle intercepta quelques produits de beauté qui avaient sûrement appartenu à l’une de ses conquêtes… Bien que dépitée, la jeune femme se saisit d’une serviette qu’elle noua autour de son petit corps, hésitante et sans réelle conviction. Si elle n’osa pas se pavaner ainsi dans son loft, elle consentit quand même à ouvrir la porte en grand, afin de l’appeler par son nom… L’air la plus normale possible, la jeune femme pris sur elle au moment de son approche, sans attendre qu’il soit sous ses yeux pour lui parler. « Je-ne trouve rien pour attacher mes cheveux. T’aurais pas un élastique ? » Elle se sentait tellement ridicule de lui demander ça… Encore plus, maintenant qu’elle pouvait jauger sa réaction. Il avait beau être un homme, elle ne doutait pas qu’il possédait forcément ce genre de chose puisque ses cheveux n’étaient pas spécialement courts, selon certaines périodes.

(outfit) le trouble intérieur qui semblait affliger mijoo était invisible aux yeux de kael, qui ne remarquait rien, du moins rien qui pourrait lui mettre la puce à l'oreille. s'il était quelqu'un d'intelligent et observateur, il était totalement aveugle et stupide concernant sa belle, pour qui il souffrait d'une passion qu'il croyait à sens unique depuis des années. un bel idiot. idiot qui, actuellement en proie à ses propres tourments, essayait d'ignorer le fait qu'elle était maintenant dans sa salle de bain, sous sa douche, qu'elle poserait ses mains délicates sur ses affaires et serait bientôt recouverte de ses vêtements. c'était suffisant pour rendre un homme amoureux et frustré complètement fou, et aussi surprenant que cela puisse paraitre, cela lui offrait une distraction bienvenue sur la douleur qu'il ressentait toujours, comme un écho glissant constamment sous sa peau.

il n'entendit pas la porte de la salle de bain de rouvrir, plutôt surpris lorsqu'il entendit une petite voix l'interpeller et qui était-il si ce n'était un esclave simplet de cette douce mélodie ? oh là. l'alcool ingurgité plus tôt avait sûrement brûlé les quelques neurones qu'il lui restait pour la soirée. ça, ou alors mijoo et son être parfait le rendait aussi stupide et ridicule qu'un flan. il ferma les yeux une seconde en soupirant puis secoua légèrement la tête pour se remettre les idées en place, avant de prendre la direction de l'appel, clairement pas préparé à ce qui se trouvait devant ses yeux une fois sur place. pour peu, il aurait totalement manqué la question, le regard automatiquement posé sur le corps nu et uniquement recouvert d'une serviette - une de ses serviettes bordel, avant qu'il ne puisse se ressaisir. il s'arrêta, comme figé, à quelques pas d'elle, le visage neutre mais le cerveau en vrac. il pris tout son temps pour répondre, se contenta d'abord de la scanner de la tête au pieds, pas de manière à être insolent, mais plus comme s'il examinait ce qu'il avait devant lui afin de trouver la réponse appropriée. une fois le regard de nouveau sur le visage de la belle, il plissa les yeux, songeur. « je sais pas si je dois me sentir flatté ou vexé. » paroles qui n'auraient sûrement aucun sens pour mijoo, ou qu'elle interpréterait de manière totalement différente au sens qu'il y mettait à proprement parler. elle ne semblait pas si mal à l'aise ainsi, et dans la tête du danseur, c'était presque irritant. ne le voyait-elle à ce point pas comme un homme ? n'avait-elle aucune idée de ce qui pouvait lui traverser l'esprit en la voyant ainsi ? et merde... à croire qu'effectivement il n'était pour elle que son meilleur ami, et encore, la notion "meilleur" était fortement compromise depuis quelques temps. qu'était-il maintenant ? n'était-il plus rien du tout à ses yeux ?

sans rien ajouter, il s'approcha, posa ses mains sur ses épaules nues pour la déplacer doucement sur le coté - et s'il chantait dans sa tête "je vais bien tout va bien" pour ne pas s'attarder sur la douceur de son épiderme encore chaud, personne n'avait à le savoir. il pénétra dans la salle de bain, ignora non sans remarquer, évidemment, les vêtements rangés sur le coté qui n'était définitivement pas les siens (bordel elle porte des sous-vêtements noirs comment on respire déjà ?). il ouvrit un tiroir un peu caché par du linge et en sorti un nœud qu'il lui tendit, avant de retourner dans son salon sans plus de paroles, presque content de se sortir de cette situation indemne. non pas qu'il l'aurait touché sans son consentement, oh non, jamais, jamais il ne se permettrait une chose pareil. il n'était pas comme ça. il avait juste assez d'images en tête pour nourrir son imagination déjà trop débordante concernant sa muse et il n'était pas sûr, là comme ça, que c'était une bonne chose. il attendit d'entendre enfin l'eau couler plus loin pour se détendre un peu et lâcher ses muscles tendus, expirant profondément tout en passant la paume de ses mains sur son visage. la nuit promettait d'être longues...

maintenant qu'il avait quelques minutes à lui pour réfléchir, ses pensées le ramenèrent à quelques temps auparavant, dans l'habitacle de sa voiture. ce que mijoo lui avait dit à ce moment là n'avait reçu aucune réponse, mais il l'avait bien entendue. peut-être s'inquiétait-elle du fait que "par sa faute", il n'était pas rentré accompagné... ou du moins pas par la bonne compagnie. de son point de vue, avoir mijoo à ses cotés valait bien plus que d'être entouré d'un harem entier, mais ça, elle ne pouvait pas le savoir. lâchant un autre soupir, il se redressa, alla chercher couverture et oreiller dans la commode de sa chambre pour installer un lit de fortune sur son canapé, veillant à prendre ce dont elle aurait besoin pour se changer une fois sortie de la douche. il posa les vêtements pliés devant la porte de la salle de bain, lui signalant d'un toc contre le bois qu'il lui avait placé de quoi s'habiller sur le pas, avant de repartir se changer lui-même. quelques minutes plus tard, désormais installé devant sa télé, il la vit revenir, penaude, mais ce n'était clairement pas sur l'expression de son visage qu'il s’attarda. elle portait ses vêtements. son jogging était trop long pour elle et elle avait dû le retrousser un peu, son tshirt, dans lequel elle se noyait, pourrait presque lui faire office de robe, et si tout ça ne lui avait fait aucun effet sachant qu'il n'était déjà de base pas considéré comme étant le plus grand des hommes... kael se racla la gorge, reportant son attention sur la télé, comme s'il suivait et comprenait un traite mot du programme sur lequel il s'était arrêté. « ma chambre est libre. tu peux aller te coucher maintenant si tu veux. » quelque part, il espérait qu'elle en fasse ainsi, parce qu'il était de plus en plus difficile pour lui de prétendre que chaque parcelle de son corps ne le faisait pas souffrir de plus en plus à chaque minute passée. il fallait qu'il s'octroie de son regard. il hésita un instant, et poursuivit. « au fait... pour ce soir. ça me dérange pas du tout, alors te bile pas trop, okay ? » il lui adressa un petit sourire, et reporta une nouvelle fois son regard sur l'écran, comme pour lui faire comprendre qu'elle pouvait maintenant faire ce qu'elle voulait, et autrement dit, aller dormir. vas dormir, s'il te plaît...