SUIT UP // Les directives sont plutôt claires. Dix-huit heures trente chez elle, vêtu de mon plus bel accoutrement. Autant avouer que j’ai mis une petite heure à trouver ce que j’avais de mieux dans mon armoire, faisant un stop par l’Absinthe pour demander à Horang ce qu’il en pensait. Bon comme d’hab il a pas énormément réagit mais il a acquiescé avec son sourire de barman mystérieux qui fait tomber toutes ses clientes, j’en conclus que j’suis pas mal. Haziel qui prend les devants moi je dis oui. Depuis le temps que ça se tourne autour je crois que j’ai enfin mon heure, amen j’en pouvais plus cette fille est un enfer : un pas en avant et trois en arrière comme on dit. « Yon, mec, laisse moi gérer ça solo s’teuplait. » Pour une fois. J’ose pas le dire devant Horang, j’assume pas de me faire posséder par Yon pendant mes rencards et mes baises. « J’te dis c’est enfin le moment. » Merde si j’dis ça il va débarquer. « De bien me saper quoi. Tout ça. » j’envoie ma main valser, sourcils froncés pour balayer tout ce bordel que j’articule. « Bon aller bonne soirée les potes. On s’voit demain. » Je leur tape une pause les pouces en l’air avec mon meilleur smile avant de filer dans un taxi, c’est la commune qui paie.

Dans le taxi. Je suis là dans 15 mins.

Sans déconner Haziel habite sûrement la plus grosse baraque de l’île. Et j’peux vous dire que je m’y connais, j’ai fait mon stage de fin de premier cycle en urbanisme à la mairie. Je me penche vers l’avant du taxi et redirige le rétroviseur vers moi, ignorant le regard assassin du vieux. J'ajuste mes cheveux blonds. Beau gosse. « Aller salut Roger ! » J’lui tape sur l’épaule et sort comme un champion. « À mettre sur la note de mon père. » Ca a l’air cool comme ça mais sachez que je la paie tôt au tard cette course. La porte s’ouvre sur une Haz qui m’a sorti le grand jeu. J’en peux plus. C'est quoi le programme là ? « wow divine ! il fallait prévenir. » Ça m'éblouie je dois me cacher les yeux. Moi qui avait l'impression d'avoir trop maîtrisé ma tignasse. « quand tu disais sur son 31, ça correspond à peu près à l'image que tu t'en faisais ? » Je tourne sur moi même les bras écartés, sourire sur les lèvres. J'espère que ça lui va hein parce que sa robe là...

SUIT UP // Y a pas à dire, je déteste ces soirées. Soirées mondaines obligatoire, parce que je suis fille de papa. Mais attention, pas n’importe quel papa. La famille Yoo est l’une des familles les plus influentes de l’île et pour cause: notre famille possède de grands centre commerciaux.
De ce fait, chaque soirée, chaque réception donnée, je me devais d’y assister. Mais depuis que je les vois ces maudits chiffres, j’avais lourdement refusé de venir. Après tout, la plupart des invités étaient déjà tous âgés, près de la mort un peu plus que les jeunes héritiers.

Ainsi donc forcée de venir, j’avais émis une condition : que Kevin, ce petit con m’accompagne. Ouais Kevin, pourquoi Kevin ? parce que c’était le premier à qui j’ai pensé. Et puis honnêtement, notre petit jeu devrait bien se pimenté un peu.

Déjà apprêtée, j’attendais, faisant les cents pas dans ma chambre quand je reçus le message de Kev. Au moins il savait être ponctuel. Derniers détails à peaufiner et pile poil quand je sortis de ma chambre, la sonnette retentit. Je m’empresse donc d’aller lui ouvrir, le trouvant dans son costume ma foi très élégant. Je ne peux m’empêcher cependant de rire. « Pas mal, tu vois quand tu peux. Allez rentre »

Inutile de lui montrer le chemin dans la maison, il était déjà venu ici et ce, depuis que nous faisions encore des châteaux de sable dans le bac. « Alors, ce soir, c’est une réception pour l’anniversaire d’une vieille peau qui va bientôt clamser, alors…si j’avais su je ne serai pas venue, mais mon père a insisté.J’espère que tu te feras bien chier avec moi » Je me tourne vers lui, jetant un coup d’oeil rapide au dessus de sa tête. Les chiffres étaient normaux, il n’était pas…bizarre pour une fois.

SUIT UP // Pas mal. Même Horang avait su faire plus enthousiaste mais ce n’est pas grave, disons que je passe au-dessus car j’ai mis trop d’efforts pour ne pas en être fier. J’entre un pied devant l’autre, essayant de rester élégant jusqu’au bout, avant de me retourner vers elle. Whoua. Encore un choc. Non mais fallait me prévenir, moi je m’attendais pas à ce qu’elle me sorte le grand jeu ce soir. « Eh t’insinues que je me laisse aller ? J’ai une réputation à tenir, j’fais des efforts quotidiens. On dirait pas comme ça mais c’est un vrai job. » et surtout une famille à représenter mais passons. J’hausse les sourcils avec mon air de faux moralisateur qui part trop dans les aigües puis je me balade, à mon aise.

J’suis déjà venu ici plus d’une dizaine de fois, c’est un peu comme chez moi. Alors je me promène un peu histoire de checker que rien n’aurait changé en mon absence. Et là… et là. Qu..que..que quoi ? Je me stop, clos les paupières histoire de prendre une inspiration profonde. Évidemment ce ne sera pas aussi facile, y avait forcément un truc derrière. Haz je ne suis pas ton gigolo. Mais au lieu de lui décrocher ça je me retourne simplement vers elle. « Ah donc c’était tellement relou pour toi que tu t’es demandé comment t’allais pouvoir te divertir. C’est vrai que c’est une bonne occasion de me faire chier. » Je grimace, portant mon doigt à mon menton d’un air penseur et sûrement très intelligent. « T’es négative quand même, peu importe de qui, un anniv c’est toujours une fête. Et je t’avoue, j’ai un faible pour les petites mamies. » P’tit sourire mesquin accompagné d’un clin d’œil aux sous-entendus peu ragoûtants, « Tu m’en verras déçu j’pensais que cette robe était uniquement pour moi. » Je soupire, las. « T’as un truc à boire avant de partir ? » Il faut que je me mette dans l’ambiance là.

SUIT UP // Réputation. Ce mot sonne comme une insulte à mes oreilles. La mienne était faîte désormais. Folle, ange déchu, tout ça, c’était la vérité, ou presque. Je n’étais pas folle, mais ces derniers temps, j’avais beau m’être expliquée maintes fois, la vérité ne passait pas.
Je soupire et me tourne vers mon cavalier pour ce soir. Il trouvait toujours une phrase à dire, une petite tournure pour détendre l’atmosphère. Quoi qu’il en soit, je regrettais presque de l’avoir invité. Je lui pointe des boissons à disposition pendant que je m’assois sur le siège de ma coiffeuse, finissant de me préparer, ignorant ses remarques presque

« Crois-moi, tu ne vas pas être déçu » marmonnai-je.

Les petites mamies, il y en auraient pas mal ce soir, mais aucune n’était vraiment les gentilles mamies que l’on penserait. Au contraire, de vraies démons. Je savais que j'allais être forcément un des sujets de conversation de la soirée. Après tout, cela faisait des mois que je ne m'étais pas montré à une soirée. Le stress monte d'un cran.

« Dis Kev »

Je pose mes yeux sur son reflet dans le miroir avant de me pincer les lèvres. Le jeu n’avait pas encore commencé, mais je voulais être rassurée. Pourquoi ? J’avais peur. Peur de perdre tous les efforts que j’avais fournis pour paraître « normale ».

« Tu seras à mes côtés pas vrai ? »

Haziel, ma pauvre folle. Toi qui étais si fière, orgueilleuse et trop égoïste pour demander de l’aide, te voilà à quémander de la protection d’un mec que tu n’appréciais pas forcément, mais dont tu ne pouvais t’empêcher de fréquenter, et ce, depuis l’enfance. Malgré tout, je ne pouvais pas non plus m’empêcher de l’envoyer bouler. Il était juste une connaissance, un petit fouteur de troubles qui ne cessait de m’enquiquiner.

Une fois prête, je me lève et le rejoins, regardant son visage sans vraiment le regarder et rectifiais sa coiffure qui se voulait ordonner, marmonnant assez bas:

« Tu aurais pu faire mieux pour tes cheveux quand même… »

Je m’empresse d’éloigner mes doigts de sa tignasse blonde.

« Prêt ? » lui lançais-je après un vague soupire.

SUIT UP // Je fais comme chez moi, j’ouvre une bière. Je sais où elles sont, je les chourave depuis que j’ai quinze ans. Passant de la cuisine au salon, à la recherche d’une princesse disparue, c’est dans sa chambre que je la retrouve. J’crois qu’elle vient de dire un truc mais j’entends rien, elle marmonne dans sa barbichette. « Hm ? » je questionne en pinçant mes lèvres dont je récupère la mousse au goût ambré. Elle ne répète pas, bien. Moi j’ingurgite ma bière, posé sur son lit comme si j’y avais déjà baisé. Dieu sait que non m’enfin. Elle pourrait presque me demander un truc érotique, là, en me regardant au travers de son miroir. J’suis prêt moi, elle peut y aller. « Oui Haziel ? » Elle a presque l’air inquiète, ou bien c’est la glace qui déforme ses expressions mais j’en doute. J’abaisse ma bière. En fait elle a pas l’air bien, la Yoo. Je la connais depuis assez longtemps maintenant pour réussir à cerner quand elle est en situation de faiblesse et c’est très clairement le cas. Elle en vient même à me demander de l’aide, c’est une alarme. « Bien sûr. » j’articule calmement et avec simplicité. De la sympathie. Je sais pas trop à quoi m’attendre mais je fais genre d’être un mec bien, c’est toujours cool.

Je l’observe un instant se préparer avant de me plonger dans mon téléphone, terminant ma bière doucement. J’relève les yeux vers une Haziel plantée en face de moi. Ok. C’est l’heure j’crois. « C’est dingue t’es bien sous tous les angles. » Je me relève et la surplombe, ce qui ne l’empêche pas d’avoir à redire sur mes cheveux et d’arranger ça comme il lui plait. Je l’observe dans sa concentration tandis que son minois est tout prêt du mien, tellement que je suis à deux doigts de loucher pour pouvoir l’admirer. « J’trouvais ça bien, ça faisait plutôt classe. Et sérieux. » mais bon si elle a quelque chose à redire… c’est sa mamie d’anniversaire après tout. Je souffle sur son minois avec, sûrement, une odeur de bière. Je la sens ailleurs et angoissée. Bon. J’vais devoir y mettre les formes. « Prêt. » que je réponds enjoué comme si j’avais rien remarqué. « Et toi ? » J’hausse les sourcils, lui offre un sourire sympa, pas réconfortant, juste sympa, et passe mon bras par-dessus son épaule. « On va bien s’amuser tu vas voir. Je m’y engage personnellement. » Je sais bien hyper les gens en général, j’le fais tout le temps avec Horang. Ca devrait le faire.

C’est un peu trop silencieux, ce taxi. Je la sens trop tendue mais j’en rajoute pas trop et fais la conversation normalement. « Tu vois ce signe ? » Je me gratouille le bout du nez en guise de démonstration. « C'est l'appel d'urgence. N'hésite pas dès que tu as besoin. Et ça marche dans les deux sens hein. » non parce que, eh, j'sais même pas où je fous les pieds!

SUIT UP // Kevin, c’est vraiment un type dur à cerner. Même en étant gosse, j’avais l’impression qu’à chaque fois que je pensais le cerner, en fait il me filait entre les doigts, et aujourd’hui encore, c’était cette impression que j’avais. Tantôt blagueur et joueur, parfois, il se montrait comme sérieux et calme. C’était perturbant, et peut-être aussi la raison qui me poussait à l’attirer plus vers moi pour mieux le repousser.
Je lâche un petit soupire en levant les yeux au ciel lorsqu’il me souffle dessus. Quel gamin. Il m’offre la garantie d’une soirée comme avant: là où je m’amusais. Mais Dieu savait que les anniversaires de petites mamies étaient barbants. Mais sinon, je n’aurais pas invité Kevin n’est-ce pas ?

Dans le taxi, je triture mes doigts, le stress monte encore plus à chaque kilomètre franchi qui nous rapprochait du lieu des festivités. Alors que j’étais plongée dans des scénarios improbables quant aux gens que j’allais rencontrer/revoir, je me tourne vers Kevin qui me parle. Il me parle d’un signal. J’hoche la tête, essayant de garder mon calme en respirant. Inhaler, expirer. « Okay, je vais faire mon possible. »

J’aperçois déjà la résidence chic qui se rapproche, même les grilles s’ouvrent automatiquement. Après avoir payé le taxi, je sors, mettant bien en place sur mes épaules ma veste qui couvrait mes épaules. Je commence à être paniquée. Je m’attendais déjà à voir ces séries de chiffres défiler et ça me faisait peur. À tâtons, je cherche le bras de Kevin à mes côtés.

« Je le sens pas, je le sens pas, je le sens pas » marmonnai-je en me dirigeant quand même vers l’entrée où la porte s’ouvrit avant même que nous ayons frappé celle-ci. Big Brother is watching you. « Yoo Haziel, je suis accompagnée de Byun Kevin » déclarai-je au « majordome » si on puit dire qui vérifia sur la liste noircie d’invités en tout genre. Après nous avoir souhaité une agréable soirée, chose que je pris comme de l’ironie, je découvre cette maison qui semblait se rapprocher d’un château. « Dis, on peut pas s’en aller ? » couinai-je à Kevin, en proie à une crise d’anxiété tellement j’avais peur d’entrer dans le salon où j’entendais le brouhaha mondain vaquer, le son des verres et des rires retenus. Je lève les yeux sur Kevin, la détresse clignotait presque.

SUIT UP // J’arque un sourcil face au doute émis par Haziel. ça va, se toucher le nez c’est quand même pas compliqué mais vu qu’elle est à deux doigts de l’hyperventilation j’imagine que ça le devient assez rapidement. « Bon n’importe quel signe, dans tous les cas je reste à côté de toi. » J’dis ça dans le but de la rassurer mais j’sais pas très bien si elle m’accorde assez de crédit pour que ça fasse son effet. On sort de la voiture et j’me sens soudain comme un chevalier servant prêt à l’aider dans cette épreuve dont j’ignore toutes les origines. Je viens de capter comment je viens de foutre les pieds dans un traquenard sans me douter de rien. Quel con, manquerait plus que Yon apparaisse avec son rire moqueur pour que moi aussi je commence à baliser.

C’est silencieux sur le chemin de l’entrée, j’arrive à palper son angoisse avant même qu’elle ne vienne m’accrocher. Doucement je pose ma main sur son avant-bras, bras dessus bras dessous gravé dans l’élégance d’un vieux James Bond. « on va bien se marrer, t’inquiète pas. » je lâche pour tenter de la rassurer comme je peux. Un bon fail, oui. « Merci, bonne soirée à vous aussi. » que je souhaite au majordome comme tout bon garçon bien poli. On pénètre dans l’espace bruyant et clinquant. Je ne suis même pas mal à l’aise, c’est à peine si j’ai besoin de me présenter tellement mon père m’a trainé dans ce genre de bordel pour son réseau. « Partir maintenant ? Si le but était d’être vue c’est raté. » Je les connais les combines pour faire acte de présence à ce genre de soirée, il faut au moins avoir fait l’effort de saluer l’hôte et les invités qui ne manqueront pas de parler de vous aux autres. Comment maximiser deux heures de présences plutôt que cinq terriblement ennuyantes. Je descends mon regard sur Haziel et les warnings dans ses yeux me prennent par surprise. J’crois que j’écarquille les mien dans un léger mouvement de recul du menton. Bon j’vais pas paniquer mais je m’y attendais pas. « Tu devrais au moins saluer l’hôte et tester le champ’. Ca t’aidera à te détendre. Aller viens. » Glissant mon bras derrière son dos, ma main dans le creux de sa hanche, je l’emmène vers le bar que j’ai déjà pisté ; là où un pingouin sert du champ pour qui veut bien en boire. Un job que je connais bien. Nous procurant deux coupes, prenant Haziel à charge tant elle est en pls, je me tourne vers elle en faisant tinter mon verre contre le sien. « il va falloir que tu m’expliques tout ce cinéma. » son numéro de tout à l’heure ne prend plus avec moi. Je ne l’avais jamais vue de la sorte. « haziel la dure à cuire. » que j’ajoute un sourire en coin, presque moqueur, en haussant des sourcils. Je la défie du regard parce que, là, je veux une réponse.

SUIT UP // Mais est-ce que cet idiot se souvient-il un instant que je ne tiens pas du tout l’alcool ? Je cligne des yeux lorsqu’il parle de champ. Putain, c’était bien la dernière chose dont j’avais envie, mais je n’ai pas le temps de rétorquer quoi que ce soit que nous étions déjà dans la salle et par automatisme, je baisse les yeux, je regarde tout sauf les autres. Je savais que peu importe qui je regarderai, je serai incapable de les regarder dans les yeux car mes yeux seraient attirés par autres choses. Ma main se serre sur le bras de Kevin. Je voulais partir tout de suite, j’aurais voulu faire marche arrière et repartir comme j’étais venue, vite. Je sens des regards sur nous, mais quand bien même, je fais mine de ne pas les voir, ma pochette dans l’autre main, jusqu’à ce qu’il me donne une coupe de champagne. « Haziel la dure à cuir. » Je lève les yeux, un regard furieux traversant mes yeux. « Tu t’attendais à ce que je t’amène dans une rave party peut-être ? » rétorquai-je avant de boire le champagne d’une traite, ne pensant même plus que d’ici quelques minutes je serai cuite. « Je repose la coupe quand j’entends une voix m’appeler. Ah mon dieu, nous y voilà. Je ferme les yeux une micro seconde et me retourne avec un sourire forcé. Mais personne à part Kevin le saurait que s’en est un. « Ah, Madame » C’était la petite vieille qui fêtait ses 85 balais. Je la salue en m’inclinant bien bas pour éviter de regarder sa tête avec ce satané compteur. Je m’empresse de présenter Kevin pour détourner son intention. Ouais, je comptais bien me servir du blond pour me sortir de cette situation ô combien stressante. « Byun Kevin, c’est le fils de M. Le maire » dis-je avec un petit sourire, reprenant une coupe de champagne au passage. Elle a l’air ravi de voir du sang frais la vieille, car son regard pétille lorsqu’elle pose son regard sur le blond. J’ignore ce qu’elle lui dit, mais une chose est sûre, si elle avait trente voire quarante ans de moins, peut-être qu’elle aurait essayé de l’amadouer. Je repense à ce qu’avait dit Kevin tout à l’heure. ‘J’ai un faible pour les petites mamies’ Ah bah, le voilà servi.

Malencontreusement, elle repose son attention sur moi alors je m’empresse de la regarder sans vraiment la regarder, les chiffres défilant au dessus de sa tête. « M. Yoo m’avait appris votre accident, j’espère que vous êtes rétablie ». Je ne sais pas vraiment ce que je lui réponds, enfin bredouille car mon coeur est sur le point d’exploser d’anxiété. « Oui oui, tout à fait, mais ne vous souciez pas de moi, nous sommes là pour fêter votre anniversaire. » Ah, qu’est ce que j’étais contente d’avoir gardé en tête toutes les fois où mon père m’avait traîné dans ce genre d’endroit avec mon frère et que je détestais déjà à l’époque. Je prie pour qu’elle s’éloigne le plus vite possible, et c’est ce qu’elle fait après m’avoir lâché un « Fort bien. » Une fois partie, je me tourne vers Kevin, ma coupe à la main. « Alors, elle te plaît toujours ? »

SUIT UP // bien que terrifiée elle mort toujours la lionne. « De base j’m’attendais à un truc plus intimiste mais, ça, c’était croire que t’avais un semblant de considération pour ma personne. » j’hausse les sourcils, ramenant sous l’émotion ma main sur ma poitrine avec la coupe coincée entre les doigts. Enfin la revoilà, la piquante. La qualifier de dure à cuire à dû faire vibrer un truc en elle. Une voix la hèle et la concernée se met en position d’auto-défense. Intéressant, un vrai spectacle cette soirée. « t’as toujours pas répondu à ma question. » que je glisse entre mes dents tel un ventriloque pendant que j'accueille du regard la vieille arrivant vers nous. Faut bien quelqu’un d’avenant ici. Le jeu d’Haziel me laisse admiratif, il faudra que je pense à la complimenter quand j’en aurai le cœur. J’imagine que la vieille est celle qui souffle ses bougies. Je fais office de cavalier jusqu’à ce qu’on m’introduise. Nan j’allais pas l’interrompre m’voyez, elle y mettait trop de cœur. « Enchanté. » merde j’connais même pas son nom, cimer le renseignement de la Yoo ; elle s’est donnée y a pas à dire. « Joyeux anniversaire, vous êtes divine. » j’avais prévenu, faire du gringue aux p’tites mamies c’est grave mon dada. Elle me remercie et me balance un compliment ponctué de ce regard de vieille dame qui a faim. ça m’fait sourire, je joue le jeu jusqu’à ce qu’Haziel lui dise gentiment d’aller voir ailleurs si elle y était. « Ah oui. Tu fais pas de quartiers. » Un sourire au coin des lèvres j’observe la brunette promue aux Oscars. « J’la trouve sexy. Tu devrais prendre exemple sur tes ainés. » conseil de vieux sage. J’déconne, le pire c’est qu’elle serait capable de me hurler à la gueule que j’suis un gros dégueulasse. « Tu l'as sifflée ? Whoa déstresse Blanche Neige faudrait pas gerber devant le panel non plus. » Je me fou un peu de sa gueule et de sa virginité concernant l’excès. Terminant ma coupe cul sec, je la repose sur le comptoir pour l’échanger pour une pleine. « Tu m’as pas présenté. » que je lance hasardeusement. « Donc je peux définir moi-même ce que je veux être ce soir. » Elle n'est pas en position d'imposer quoi que ce soit de toute façon, si ? Je me penche vers elle, à quelques centimètres de son visage en lâchant un « Cool. » provocateur ponctué d'un sourire présageant le pire. elle a voulu m'utiliser, bien. maintenant que je suis là autant faire comme je l'entends. me redressant, je trempe mes lèvres dans le champagne pour y chopper une gorgée, admirant la salle. « Je vais aller faire un tour. » que je lâche penaud, la surpassant pour m'aventurer entre les gens.

SUIT UP // « Gros dégueulasse. » répondis-je à sa blague pourrie. Je le fusille du regard. Voilà, nous y étions. Le jeu du chat et la souris qui nous définissait si bien. Il m’exaspère, mais il reste une personne dont j’ai besoin. Besoin pour me sentir encore vivante, comme normale. Je n’avais pas envie de lui dire. Pas ce soir. Pour qu’il me laisse en plan par la même occasion ? Non, certainement pas. Je le regarde partir avant de lâcher un « Enfoiré » à voix basse, préférant ainsi aller m’asseoir sur une banquette non loin fréquentée par d’autres personnes trop absorbées par leur conversation pour s’intéresser à moi. Et là, j’ose. Je pose mes yeux sur la foule qui tangue déjà un peu car l’alcool avait déjà pris possession de moi. Les chiffres défilent inexorablement, le compteur s’amenuisait encore et encore. Certains avaient encore deux ans à vivre, d’autres quelques mois, mais je ne les connaissais pas. Alors, je n’avais plus vraiment peur pour l’instant, sauf de savoir où se trouvait la tête blonde qui me servait de cavalier.

Je le voyais plus loin à faire l’intéressant avec le club du troisième âge, me laissant ainsi seule dans mon coin. Mais après tout, je l’avais cherché. Comme pas mal de choses. Alors que je rumine mes idées noires, un jeune homme de notre âge s’approche de moi, et il me salue d’un « Bonsoir » très doux. Je me demande ce que je devais faire. Car comme Kevin me l’avait dit quelques minutes plus tôt, je ne l’avais pas présenté. Alors que devais-je dire ? Mais tant pis, je lui retourne ses salutations avec un petit sourire qui se veut normal. Au moins lui avait une espérance de vie élevée, je le voyais. Alors j’oublie quelques instants que Kevin était là, m’intéressant à ce garçon qui venait aussi d’une famille riche. Finalement, cette soirée était pas si mal, si on oubliait le fait que j’étais peut-être un peu trop bien avec cette coupe de champagne déjà vide.