(#cf3c36) La soirée d'il y a deux ne s’était pas réellement bien terminée pour Siwon. Il n’était pas tranquille, d’autant plus que Jisu est parti avec un autre mec. Ils ne sont pas ensemble, et ce qu’elle fait de sa vie devrait peu lui importer, pourtant, ça le gêne. Faut dire que l’une des dernières personnes avec qui elle est parti ne s’est pas avéré être la plus attentionnée, résultat, One s’est retrouvé aux urgences avec un plomb dans l’abdomen. Une chance qu'il ait pu s'interposer à temps, moins quand il en a subi les dégâts pendant plusieurs mois. Dans la mafia, ça peut être fatal. Son meilleur ami lui a laissé un sacré cadeau empoisonné quand il y pense, quelquefois.  Agacé, il avait fini par disparaître vers la zone VIP, une femme accrochée au cou. One n’avait pas eu à faire beaucoup d’efforts pour l’avoir dans les bras.

Après quelques soupirs, One s’était endormi avec une facilité déconcertante et s’était réveillé à 10h, soit 4h plus tard, pour commencer à travailler, faire sa petite tournée à travers la ville, surveiller que tout ce passe bien, que les prostituées n’aient pas de clients à signaler, récupérer des infos intéressantes par-ci par-là, se faire courtiser un peu avant de reprendre la voiture et de continuer sa tournée. Ses journées sont bien remplies, et des fois, il se dit que s’il pouvait avoir plus de 24h dans une journée, il ne serait pas contre ? Des fois, il aimerait pouvoir prendre des vacances. Il devrait peut-être le faire, mais il n’est pas sûr qu’être mafieux est un métier qui permette d’avoir du repos et des vacances, bien au contraire. Il faut calculer, prévoir, anticiper constamment. C’est un cercle sans fin et épuisant. Le lendemain, il a sensiblement fait la même chose, sauf qu'il est allé travailler au Pearls.

Pensif, le jeune homme finit les derniers rangements avant l’ouverture de la boîte, à essuyer des verres. Dire qu’il n’avait rien pu faire pour l’empêcher de partir, il se sentait véritablement frustré, essuyant les verres avec une hargne, qui bien que visiblement naturelle, ne l’était pas tant que ça. Disons que ça ne semblait pas être en dehors de son humeur habituelle. Son visage n’est clairement pas avenant.

La porte grince et c’est ainsi qu’il remarque l’arrivée de son amie. Aussitôt, il l’interpelle, manifestant son désir de parler avec elle, et ainsi qu’elle se rapproche de lui. Son ton n’est pas spécialement amical, on dirait plutôt qu’il va lui remonter les bretelles. Pourtant, encore une fois, c’est son air naturel ; un naturel plutôt impressionnant et charismatique. Ça ne marche pas avec tout le monde, certes, mais il a cette aura. Une fois qu’elle est à sa hauteur, il la regarde quelques secondes, de haut en bas ; elle a l’air entière. Siwon ne s’en fait pas plus que ça.

— Tu t’es bien amusée avant-hier soir ?

Il n’en dit pas plus. Il sait que Jisu est intelligente et comprendra très bien où il veut en venir. Siwon est très chiant avec ça, c’est même difficile à savoir si lui-même s’en rend compte ou pas. Mais il tient à la protéger, il s’est passé beaucoup de choses.

(outfits) ~ Une soirée et une journée de congé remplient de rebondissement digne d’une série télévisée. Je ne pensais pas que cela pourrait aller aussi loin. Étais-je naïve d’avoir pu penser à cela? Tout cela a commencé par une danse érotique, taquinée celui qui m’a toisé du regard, monter sur scène son ami qui fêtait son enterrement de vie de garçon, un baiser accidentel dû à ses potes. Puis tout le reste s’est déboulé par la suite sans que je dise le moindre mot. Malgré ça, dans mon far intérieur, je souhaitais que personne ne puisse s’interposer dans ce qui s’est passé. Je voulais vivre au moins une fois cette expérience, puis honnêtement je ne pensais pas que cela allait se rendre aussi loin. Je croyais que ma personnalité, mon calme, ma douceur, ma naïveté aurait tout gâché… Étrangement non. Au point bizarre d’avoir bien dormi la nuit. C’était la première fois depuis la mort de Kibum que je n’ai pas rêvé de lui en train de mourir une énième fois. Encore une fois de plus, de le voir ainsi maigri par la maladie en tentant de me faire rire pour ne pas que je sois triste. Le voir dépérir comme cela ne m’a jamais fait autant déprimer de la sorte et la seule personne qui pouvait me voir détruite, en tentant de le cacher au principal concerné, c’était bien One. Je ne sais pas comment celui-ci savait quand je ne me sentais pas bien, mais il le savait au point de m’en perturber moi-même.

Bref, malgré ma journée de repos durement gagnée – puisque les filles adoraient vouloir prendre mon congé pour que je puisse travailler encore et encore – ma routine habituelle reprend son rythme habituel. Gribouillant des chefs-d’œuvre pour des clients pour leur prochain rendez-vous ou en tatouant quelques personnes qui sont à l’heure. Aujourd’hui, cela a passé miraculeusement vite. Bon, je suis certes de bonne humeur de la nouvelle rencontre, mais pas au point de crier sur tous les toits. J’étais seulement contente d’avoir bien dormi. Un sommeil réparateur m’avait grandement manqué depuis le temps que j’en demandais un. Sauf qu’une question ose s’infiltrer dans mon esprit. One? Évidemment que je m’inquiète pour lui à ce sujet. Je ne sais pas pourquoi, mais depuis la mort de son meilleur ami il a toujours été aussi papa-poule à mon sujet. Il a toujours été celui qui me surveille pour ne pas que je m’égards dans le droit chemin. Donc c’est normal que je commence à être nerveuse en pensant à lui. Il a un visage sérieux, il a des réactions que parfois m’effraie car je redoute sa colère froide. J’angoisse en y pensant pendant que je nettoie mes outils, j’ai regardé l’heure. Malgré tout ça, je lui fais entièrement confiance, j’ai besoin de lui-même si je n’aime pas dépendre de quelqu’un. «ET MERDE!» M’écriai-je en voyant l’horloge. Le face à face aura bientôt lieu, je ne suis pas prête émotionnellement ni mentalement. Bon sang, qu’est-ce que je pourrais lui dire s’il m’a vu avec Luka? En fait, non, il m’a vu et forcément ça ne l’a pas plus. En finissant tout ça, je range le tout prenant le soin de prendre mon sac, verrouillant la porte derrière moi, je me dirige vers le bus pour aller vers le club avec une tension qui ne cesse de grandir dans mon estomac.

Tout le temps du bus, je commence à stresser. Je ne sais pas quoi penser ni quoi dire si jamais il me poserait la question. Non. Il va sans doute me poser cette question. Si jamais il ne la pose pas? Tant mieux pour moi, comme ça je n’aurais pas à répondre et je pourrai respirer normalement. C’est comme avoir le trac en ce moment. Plus que le chemin se fait et plus que la nervosité monte à son maximum. Jisu, calme-toi, tu es normalement relaxe et détendue. Sois toi-même il va sûrement comprendre. Il ne va peut-être te rien dire ou même, il est absent aujourd’hui. Pourquoi pas? J’aime bien cette idée. Arrivée devant la bâtisse, je n’ai jamais pris autant de respiration pour reprendre mon sang-froid. Je regarde le logo, je commence à avoir les mains moites. Inspire et expire. Détends-toi. Ce n’est pas comme si je parlais à un inconnu n’est-ce pas? Je le connais et il me connaît depuis des années. Il va comprendre que parfois l’instinct primitif prend le dessus non? Je fais un pas et puis un autre, je finis par pousser cette foutue porte qui grince à mon entrée que je voulais subtile.

En entrant, j’ai su toute suite qu’il est en train d’essuyer des verres. Il le fait normalement par automatisme, mais de cette posture et de cette façon, quelque chose cloche. Il m’a fait signe d’aller vers lui me souhaitant me parler. En marchant à sa direction, je tente de prendre mon calme avant d’arrêter près de lui avec un doux sourire. Fais comme tu fais d’habitude Jisu. Souris, sois la brise fraîcheur dans la vie de quelqu’un. Cependant lorsque j’ouvris la bouche pour dire quelque chose il a été plus vite que moi en me regardant de haut en bas. Je reste bouche bée… Je suis dans la merde. «Euh… je…» Finalement, en allant m’assoir sur un tabouret je passe une mèche de cheveux en arrière de mon oreille en le regardant. Décidément, je ne peux pas me défiler de cet affrontement. «Désolée, One, j’ai pas fait attention…» finis-je par avouer honteusement. Je ne pourrais jamais rien lui cacher, il est trop intimidant, il est une bombe à retardement et j’ai bien peur qu’un jour il va exploser. «Je sais que tu m’as dit de faire attention aux mecs, mais… Mais je suis revenue à un seul morceau, non?» je suis en train de me dire que peut-être que je devrais me taire avant de dire quelque chose de déplacer pour ne pas envenimer la situation.

(#cf3c36) En la voyant marcher, Siwon se rappelle de la soirée d’il y a deux jours. Il garde les yeux clos, à la pensée difficile de son amie collée à un autre. Il ne peut pas penser comme ça, il le sait. Il les rouvre, la tension en lui maîtrisée. Elle mérite le bonheur, vraiment. Il sait que Jisu a beaucoup souffert, et il n’est personne pour dire le contraire. Mais quand on travaille dans des clubs, comme ça, on ne sait pas sur qui on peut tomber, ce qu’il peut arriver. Siwon ne sait pas s’il pourrait survivre à une deuxième balle. La première fois il a eu de la chance, il ne sait pas s’il en aura autant s’il retente l’expérience. Et puis l’air de rien, ça fait mal, une balle dans l’abdomen.

One fait toujours mine de ne pas prendre en compte les sentiments des autres en compte ; pourtant il les prend plus en compte que les siens, et il fait toujours en sorte d’aider, l’air de rien.

Jisu sourit, et pourtant, le gérant ne peut que garder son flegme. Elle a l’air nerveuse, comme souvent quand elle se retrouve face à lui, il a encore du mal à comprendre vraiment pourquoi. Celle-ci s’excuse confusément et il y reste plus ou moins hermétique. L’employée passe une mèche de cheveux derrière son oreille. Aussitôt les confessions faites, il remplit un verre d’eau qu’il fait glisser vers elle qu’il continue à la réprimander :

— Il est interdit de fricoter avec les clients. C’est dans le règlement, Jisu.

Siwon se retient de soupirer ; il ne le fait que très légèrement. Le mafieux passe brièvement sa main dans ses cheveux, qui sont retombés devant son visage alors qu’il essuyait les verres.

— On n’a pas toujours des clients bien intentionnés, sois en consciente.

Et puis One ne le précise pas, mais Jisu risque aussi de se faire virer pour ça. Elle le sait très bien, les règles aux Pearls sont très claires dès le départ et le propriétaire à toujours été intransigeant pour assurer au maximum la sécurité de ses employées. Ce n’est pas une simple histoire de papa-poule. Elle a bien de la chance qu’il accepte de faire comme s’il n’avait rien vu aux yeux des autres employés, même si au fond il se rend bien compte que ça ne lui rend pas service. Mais elle, elle ne se souvient pas que ce qu’il s’est passé cette nuit-là. Ça devait être trop dur pour elle, c’est ce que les médecins ont dit. Et puis au final, ça l’arrange, l’image de héros ne lui convient pas, et ne lui va pas.

— Ce soir tu restes derrière le bar.

Dur de savoir s’il s’agit là d’une punition ou pas ; il enlève à Jisu la possibilité de se faire beaucoup d’argent en une soirée, lui retirant les pourboires des diverses danses faites. Mais de l’autre, il lui épargne aussi le fait de devoir se donner en spectacle devant plusieurs mecs dans la soirée. Au delà de ça, ça veut surtout dire « je suis fatigué », signifiant qu’à tout moment il embarque Jisu en salon VIP le temps d’une sieste. Siwon travaille beaucoup, et il a du mal à avoir un sommeil régulier, réparateur. Le mafieux fait suffisamment confiance à ses employés pour les laisser travailler sans les surveiller. Et il fait assez confiance à Jisu pour la laisser près de lui pendant qu’il dort, et le réveiller en cas de problème.

(outfits) ~ Toujours aussi impassible. C’est ce que je n’aime pas chez lui. Il est difficile à cerner. Je ne le comprends pas. Je ne sais pas quand il est heureux ou pas. Je ne l’ai jamais vu sourire non plus. Il a un mur devant ses émotions qui bloquent pour ne pas qu’on les voit. D’aussi loin que je me souvienne, il a toujours été comme ça. Kibum me répétait sans cesse qu’il a une vie difficile, il a du mal à s’exprimer, il ne sait pas comment réagir. Oui, mais je le connais depuis des années et je n’ai pas vu d’amélioration. En fait, si, il s’impose davantage dans ma vie comme s’il avait été un père ou même plus dans ma vie. Je baisse le regard dès que je réceptionne le verre d’eau donné par mon ami. Je me mords l’intérieur de mes joues, déçue, triste, fâchée. Il me réprimande et j’ai malheureusement deviné plus tôt. Il est le patron en ce moment, il a amplement le droit. Je sais que j’ai fait une erreur. Je sais que c’est moi la fautive dans cette histoire. Est-ce que je regrette de ne pas avoir suivi le règlement? Certainement. Est-ce que je recommencerai? Je n’en ai aucune idée, mais peut-être que oui si jamais je revoyais Luka. Il faut bien dire que je suis naïve sans me soucier du moindre danger que ça peut causer à mon entourage ou bien à moi. Sauf que je ne suis jamais été dans de pareilles situations pour mettre en péril ma vie, n’est-ce pas? Du moins, je m’en souviendrai si jamais quelque chose s’est produite à ce point grave, non?

Des mots durs, froids. Je ferme les yeux. Je me sens comme une petite fille qui se fait gronder par son paternel ou dans ce cas-ci son ami. On a quasiment le même âge de toute façon, non? J’ai bu un peu. Je redoute à ce qu’il va dire par la suite malgré qu’inconsciemment, je le sais d’avance. Pourquoi ne prend-t-il pas en considération que moi aussi j’ai besoin de rapport pour soulager mes envies de chairs? Lui, quand il apporte une danseuse dans son coin VIP et qu’elle sorte toute souriante, je n’ai pas mon mot à dire? Je les vois se déhancher et me narguer du regard comme si je pourrais être jalouse de cette situation. Je n’ai pas compris pourquoi elles faisaient toute ça. Il a le droit de se taper n’importe qui. Pourquoi je ne pourrais pas faire de même? Pourquoi cela a toujours été une autre histoire? Que je suis un cas à part qu’il va sans doute me dire. C’était rendu absurde! « Pourquoi moi c’est aussi dramatique? Et les autres? Les nanas qui fricotte et que tu fricottes, j’ai pas mon mot à dire c’est ça?» dis-je un peu irritée par cette histoire. Je sais que ce n’est pas très brillant de ma part de rétorquer ainsi à mon patron, mais tout de même. Je parle à One, pas au boss en ce moment. J’ai osé déposer mes yeux dans les siens. Son côté sans émotion me tape sur le système. Comme s’il est toujours sur ses gardes. Il a peur de quoi, si c’est le cas? Il est seulement propriétaire d’un club de danseuse. Ainsi, pendant le silence qui s’installe entre nous, j’ai vu qu’il replace ses cheveux qui sont tombés sur son visage. Il ne va pas me répondre? Non au contraire, il me punit. Il sait pertinemment que j’ai besoin de ce pourboire! Il sait que j’en ai de besoin pour rembourser les dettes de Kibum. «Mais merde! One! » contestai-je avant de soupirer et de faire la moue. Je déteste les ordres de celui-ci ça me donne envie de tout le temps désobéir, c’est plus fort que moi.

Je me lève de mon tabouret en retirant mon manteau de mes épaules pour le déposer. Je me glisse vers One. Certes, je suis déçue, attristée par sa décision, mais je suis la fautive. Je sais pertinemment que j’aurais pu me faire virer, je ne suis pas sotte. Sauf qu’il y a deux jours, j’ai baissé ma garde voilà tout. En m’accotant sur le comptoir à côté de mon ami pour le regarder. Ces cernes noircis par le manque de sommeil. Il a bien une chose qu’il ne peut me cacher c’est bien son manque de sommeil. C’est aussi flagrant qu’un nez au milieu du visage. Malgré tout ça, je n’ai aucune rancune envers lui. C’est de ma faute, je n’ai pas été prudente. «C’est quand la dernière fois que tu as dormi?» demandai-je alors que ma main touche son front pour vérifier s’il n’est pas moindrement fiévreux. Dire que je lui porte la même attention quand Kibum ne dormait pas la nuit… Je materne trop décidément. La porte se grince… Une danseuse est entrée pour commencer ses préparations. Ce bruit m’a ramené à l’ordre pour retirer cette main sur le visage du proprio. Un peu dans l’embarras, je détourne les yeux avant de prendre mon verre d’eau qui me glisse maladroitement entre les doigts pour se fracasser sur le sol. J’ai échappé un juron avant de m’accroupir au sol et de ramasser les plus gros morceaux en faisant attention pour ne pas me blesser. «Je suis désolée pour tout ça, je serai prudente la prochaine fois…» Pourquoi je me sens si embarrassée dès que la danseuse est entrée? Ah, oui, croqueuse d’homme que je suis. On m’a attitré ce pseudo malgré moi depuis le temps que je travaille ici et depuis je fais très attention pour ne pas galérer… Je me suis tirée une balle dans le pied quand j’ai parti avec Luka avant-hier. Misère.

(#cf3c36) — Pourquoi moi c’est aussi dramatique ? Et les autres ? Les nanas qui fricote et que tu fricotes, j’ai pas mon mot à dire c’est ça ?

Jisu s’emporte, Siwon reste silencieux. Une fois sur deux, cette même conversation se finit ainsi. Toujours. Il laisse planer un silence, durant laquelle sa mâchoire se contracte un bref instant, alors qu’il ravale sa colère, avant d’imiter son amie, et d’ancrer ses iris ébènes profondément dans le sien.

— Je ne couche pas avec les danseuses, si c’est ce que tu insinues. Et je ne suis pas sur la barre de pole dance non plus.

Siwon se retient de dire qu’il n’est pas en train d’aguicher les clients. Elle pourrait mal le prendre, même si c’est plus ou moins la vérité, et qu’il n’y a aucun sous-entendu sous-jacent. La réalité étant que les danseuses sont plus exposées, elles sont plus facilement les cibles de détraqués. Combien de mecs se font jeter dehors, comme ça ? C’est vrai qu’il part quelques fois avec les danseuses en zone VIP, mais absolument pas pour ce genre de chose. Comme n’importe quel employé classique, et du fait qu’il soit le patron, ça arrive qu’on lui demande des augmentations de salaire. Parfois, il y a des dérives, des danseuses qui essayent de le charmer, comme peut-être, s’il était une sorte de trophée à réclamer, quoiqu’inaccessible. La vérité, aussi, il faut le dire, c’est que Siwon est plus à même de se défendre que son amie : sans parler du fait qu’il a plus de force, il sait se battre et il a une arme, il n’a pas peur de s’en servir. Ce n’est pas son cas. Intransigeant. Jisu pouvait être révoltée, son patron ne changerait pas d’avis.

Puis finalement, elle se rapproche de lui, posant sa main sur son front. Le contact lui est plutôt agréable, tandis que sa température corporelle est plus élevée que celle de la jeune femme. Ca le rafraîchit, finalement. Ca le réveille un peu aussi. Quand à sa question, Siwon prend un temps pour y réfléchir. En réalité, hier soir il a peu dormi, peut-être une heure ou deux, tout au plus. Mais c’est un ensemble de la semaine. A part un soir où il est parti avec une cliente du club dans sa pièce, l’unique pièce de l’établissement qui n’est peut-être pas surveillé par des caméras, mais il est sûrement le seul à le savoir et il est aussi le seul à accéder à cette pièce. Avec les toilettes bien évidemment. Il s’est endormi sur le canapé, la fille dans les bras, et c’est ainsi qu’il avait trouvé le sommeil pendant des heures. Tant et si bien que c’est lui, au réveil, qui s’est retrouvé seul. C’est l’une des danseuses qui est allé le tirer de son sommeil, le réveillant en sursaut.

— Avant-hier.

Trop occupé, il devait souvent en négliger son sommeil. Il allait probablement tomber de fatigue avant de s’en rendre compte. Il dort mieux quand il est avec quelqu’un que quand il est seul ; non pas qu’il ait moins matière à s’inquiéter, mais plus que ça le distrait et l’empêche de cogiter de trop. Si de la fumée pouvait sortir de ses oreilles pour indiquer à quel point il est souvent en train de réfléchir intensément à des choses diverses et variées, cette fumée sortirait peut-être constamment. Si bien qu’il n’entend pas la porte grincer à nouveau, indiquant l’arrivée d’une autre employée. Il ne sort de sa torpeur que quand il entend le verre éclater sur le sol et Jisu se baisser aussitôt pour ramasser les morceaux.

— Ne touche pas ça, ordonne-t-il, plus sévèrement que tout à l’heure. Prends le balais.

One s’accroupit lui aussi, pousse les mains de son amie avant de prendre lui-même les bouts de verre. C’est ainsi qu’il prend soin de Jisu. Il n’est pas très avenant, ni même spécialement attentionné, mais il est là et il prend soin d’elle. C’est la dernière promesse qu’il a faite à Kibum après tout. Dès que sa main est trop pleine de verre, il pivote sur lui-même pour la vider dans la poubelle. Elle s’excuse et Siwon ne sait pas trop quoi dire. One peut avoir le contrôle de ce qu’elle fait pendant ses horaires de travail, il a moins de légitimité en dehors. Jisu reste libre de voir qui elle veut en dehors. Siwon finit par conclure :

— Si tu veux voir quelqu’un, fais-le en dehors de tes heures de travail au club.

Même s’il dit ça, il ne sait pas s’il est prêt à accepter quelqu’un dans la vie de Jisu. Ne se retrouverait-il pas bien seul, si elle n’était plus là ? Malgré tout, elle est celle qui le connait le mieux, et qui sait de quoi il a besoin.

(outfits) ~ Il ne couche pas avec les danseuses? Pourquoi elles me vantent de leur exploit dès qu’elles sont près de moi? Je les vois encore me narguer. Je les vois une par une aller le voir en se roulant le fessier. Je souris dans ma tête à tout ça. Pourquoi devrais-je porter une importance à ce détail? On dirait que je suis jalouse et ce n’est pas le cas. Pourquoi ai-je tout simplement dit ce qui me passait par la tête? C’est un mec, un patron d’un club. Il a amplement le droit de ne pas rester de marbre en face de sublimes créatures comme les autres. Il a le droit de faire ce qu’il veut. Aller voir une nana, de la draguer et aller dans le oser avec des vêtements qui volent de partout. L’ai-je surpris? Pas du tout, et je ne veux pas le surprendre non plus. Je suis du genre à reluquer avant de décider de me cacher le visage pour éviter que j’aie des pensées coquines et après avoir honte. Je suis une femme célibataire, c’est normale que mes hormones soient en feu. Sauf qu’une question s’impose à ce qu’il a dit : qu’est-ce qu’il essai d’insinuer avec la pole dance? J’ai l’impression qui me dit que je joue nettement avec le feu – ce qui est le cas – et que j’aurais pu faire attention. Ce n’est pas ce qu’il faut faire en étant danseuse? Aguicher? Séduire? Si ce n’est pas ça, il a qu’à me le dire et je vais changer mes méthodes. Déjà que je ne me déshabille pas entièrement un peu pudique contrairement à d’autres qui ne se gênent pas. Je n’ai pas envie d’attirer sa colère, en fait, la conversation se terminait sur ce qu’il a dit. Son silence m’insupporte. J’ai terriblement l’impression qu’il me cache quelque chose qui ne dit pas ce qu’il a en tête. Pourquoi? Je suis son amie après tout? Peut-être n’a-t-il plus confiance en moi depuis que j’ai été voir ailleurs? Ça serait stupide venant de sa part si c’est sa véritable raison.

Son front est chaud. Trop chaud contrairement à ma main qui est sensée l’être. Je le rafraîchis alors que je veux tout simplement vérifier sa fièvre. Avant-hier? S’il se néglige ainsi son sommeil, il va finir par tomber. Tomber comme Kibum. Mon chéri qui s’était quasiment tué à la tâche, tout le temps absent ou bien avec ses potes pour me laisser gérer sa shop de tatou. Le peu de fois qu’on était ensemble, c’était bien pour que je lui pardonne de ne pas être aussi présent à mes côtés. Je ne savais pas ce qu’il faisait réellement et le peu de fois qu’il tatouait, il s’en allait par après. Honnêtement, l’homme qui a été plus présent dans ma vie c’était bien One, mais ce dernier c’est différent, non? C’est comme se tenir avec un chat. Indépendant, aucune émotion. On ne sait pas ce qu’il veut et il crache dès que ça ne fait pas son affaire malgré que sa colère à lui soit froide, ce qui le rend encore plus redoutable. «Combien de fois il faut que je te dise qu’il faut que tu dormes?» soupirai-je peu de temps après sa réponse. Je ne sais pas comment il faisait pour ne pas dormir convenablement. Bon, je ne suis pas la meilleure placée pour lui remettre sur le nez puisque je ne dors pas très bien non plus avec mes cauchemars de vivre indéfiniment la mort de mon fiancé. Voir cette scène traumatisante… Il va falloir que j’aie voir un psychologue pour recommencer à avoir un sommeil réparateur. Ou à moins que je décide de passer à autre chose et de me remettre en couple. Peut-être c’est le fait que je m’en veux de tourner rapidement la page de mon ancien amour pour aller de l’avant? Je l’ignore.

Pourquoi être si mal à l’aise dès que je materne un peu trop One? Est-ce le fait que je faisais de même avec mon chéri? En fait, je le faisais pour les deux et peu à peu, dès que j’ai commencé à sortir plus sérieusement avec Kibum, j’ai de moins en moins materné mon ami. On me disait que c’était normal puisque j’étais en couple, mais c’est également mon ami. Ils m’ont accepté dans leur bande. Ils m’ont accepté telle que je suis. L’amour prenait-il autant de place dans mon cœur pour ainsi oublier les autres points qui sont importants dans ma vie? C’est sûr qu’à l’époque, j’étais une adolescente et je ne souhaitais que de rencontrer un prince. Sauf pourquoi en ce moment, je continuais de trouver que c’était mal vu? C’est tout à fait normal de s’inquiéter mutuellement vu qu’on a vieilli ensemble. Quand j’y pense, j’ai peut-être mal vieilli en fin de compte. Quand j’ai voulu prendre les fragments de verre, le ton sévère me ramène à l’ordre. Le patron a pris le dessus puisqu’avant il était… moins dur? Enfin, je l’ai cru pendant un instant.

Sa réponse me laisse sans voix. Je fronce légèrement les sourcils face à cette réponse du moins inattendue. Il m’a réprimandé il y a quelques minutes et voilà qu’il me dit de voir quelqu’un, mais à l’extérieur du travail? S’est-il adoucit en si peu de temps face à mes moues et mes colères? Non, en le regardant prendre les éclats de verres, il est seulement épuisé. Il atteint sa limite. «Non, arrête, je vais ramasser. Va t’allonger. Je m’occupe de tout. T’es vraiment pas dans ton état normal…» dis-je en me levant en faisant glisser ma main sur son épaule alors que je passe à côté de lui pour aller chercher le balai. Après quelques pas, j’ai pris ce foutu balai pour aller ramasser le verre que j’ai fracassé sur le sol par accident. Je nettoie rapidement puisque l’heure d’ouverture approche bientôt à grand pas avec les danseuses qui rentrent une par une. Aussitôt fini, je lui prends le visage entre mes mains. «Je t’apporte des cachets, va détendre. Je reviens dans cinq minutes.» J’ai fini par le pousser hors du comptoir et en fait qu’il se pousse dans son salon VIP. Je l’ai vu à plusieurs reprises gérer ouvrir le club, du coup, ce n’est pas ça qui m’inquiète réellement en ce moment. J’ai fini rapidement les préparatifs, discutant un peu avec les filles. Les premiers clients sont arrivés, j’ai pris mes affaires – mon manteau et mon sac – pour aller vers le salon avec un verre d’eau. En entrant, c’est bien la première fois que je m’y mets les pieds. Déposant le verre d’eau sur la petite table, en même temps de déposer mon sac, je lui ai tendu les cachets avant de m’assoir sur la banquette à ses côtés. « Ça devrait t’aider au moins à baisser un peu ta fièvre, idiot.» Je l’ai insulté oui, mais mes lippes s’étirent moqueusement à cette situation. Il faut qu’il trouve une nana pour le materner, le pauvre, il n’est pas capable de s’occuper de lui-même. Comment il va faire plus tard?

Jisu semble avoir d’autres choses à dire, alors qu’un silence long et pesant s’installe entre eux. Les mots ne sortent pas, alors que son regard se plante à nouveau profondément dans celui de sa danseuse, comme s’il avait le pouvoir de lire en elle, toujours avec ce visage impassible.

A la regarder comme ça, il se sent tout à coup épuisé, comme si sa présence avait le pouvoir d’aspirer tout son courage, de sa détermination et de lui faire prendre conscience qu’il faut qu’il prenne une pause. C’est à son tour de se faire réprimander. Pas en tant que patron, mais en tant que One cette fois, un être humain qui oublie trop souvent qu’il en est un. Il ne rétorque pas, seuls ses yeux se fronçant de fatigue semble acquiescer avec les propos de Jisu.

Quand il y pense, ça fait bien dix ans qu’ils se connaissent tous les deux. Jamais elle ne l’a appelé par son prénom. Quelle sorte de relation ont-il pour que les choses soient ainsi ? Certes, les surnoms sont censés trahir une certaine proximité entre deux personnes, mais personne ne l’appelle par son prénom. Pas même Jisu. Il finit par se persuader que si Jisu se trouve quelqu’un, il ne la verra plus, comme quand elle a commencé à sortir avec Kibum. C’est peut-être pour ça que ni l’un ni l’autre n’ont jamais remarqué qu’il vivait à la rue, en plus de tous les efforts qu’il avait déployé pour le cacher.

A nouveau, il est tiré de ses pensées. Une main sur son épaule. Il n’est pas dans son état normal ? Comment ça ? One continue à ramasser les bouts de verre les plus gros pour les mettre dans la poubelle près de lui. Accroupis, les deux sont dissimulés par le comptoir. Les danseuses qui rentrent dans le club ne les remarquent pas, peut-être voient-elles Jisu, mais pas Siwon. Celui-ci reste accroupi, vérifiant qu’elle n’oublie pas de bouts de verre ; quelqu’un pourrait se blesser après tout. Il lui indique ci et là des endroits qu’elle a oublié, toujours d’une voix placide.

Ses yeux s’agrandissent légèrement sous la surprise, et il se retrouve à déglutir. C’était rare que Jisu le touche ainsi. Siwon ne sait pas quoi faire de ce contact aussi surprenant qu’inattendu. Il ne la repousse pourtant pas. Pas avec violence en tout cas. En fait, sa main vient se poser sur la sienne, la faisant disparaître. C’est ce qu’il s’apprêtait à faire en tout cas, avant de se faire chasser du bar. Le jeune homme oppose un peu de résistance, forçant la jeune femme à déployer plus d’énergie pour le faire bouger. Face à sa détermination évidente, il décide de se laisser faire, et de se diriger, bien sagement, dans sa pièce.

— Préviens le manager.

Lui et One entretiennent des relations très cordiales, mais on ne peut pas dire  qu’il semble s’apprécier. Ca serait même plutôt le contraire. Le dos de Siwon s’éloigne davantage, tandis qu’une danseuse l’arrête sur le chemin, toute guillerette. Difficile de savoir ce qu’elle espère, mais son patron met rapidement fin à ses illusions, lui adressant un regard noir. Il la contourne d’un mouvement d’épaule et disparaît vers l’étage supérieur.

Une fois dans la pièce, il sort une boîte du tiroir d’un guéridon. Cette boîte contient du tabac et toute sorte d’outils improbable dont il se sert pour se rouler des joints. Il a le temps d’en rouler deux et d’en fumer un, celui dont la concentration est la moins élevée. Il aime bien cette variété car elle ne sent pas autant que les autres variétés. Il faudrait presque mettre son nez dans le joint pour en détecter l’odeur. Debout, il se déplace pour allumer l’aération de la pièce, et éviter qu’elle ne transforme en aquarium ; il en faudrait bien plus que ça, mais il aime toujours faire en sorte que l’espace s’aérer facilement quand il fume.

Jisu ne tarde pas à arriver avec un verre d’eau et des cachets à la main. Siwon récupère les cachets dans la main de son amie, il en prend la moitié d’un ; il ne sent pas assez mal pour en prendre un entier, d’autant plus que le cannabis est déjà dans la danse. Son amie s’assoit à ses côtés. Il rallume son joint qui s’est éteint, le temps qu’il prenne son cachet. Le mafieux ne s’est jamais caché de fumer des joints devant son amie. Elle l’a toujours su. Et elle sait très bien que ce n’est pas quelque chose qui va changer sa personnalité, cette variété l’aide simplement à se détendre un peu, à lâcher prise si l’on peut dire. Bien que ça reste illégal. Son regard se tournent vers sa cadette, dont le sourire s’étend. Sa tête se pose sur l’épaule de la danseuse, tandis qu’il tire une nouvelle taffe.

— Merci, dit-il alors, comme s’il ne voulait pas seulement la remercier pour les cachets.

Un nouveau silence s’en suit alors.

(outfits) ~ C’est un abruti. Pourquoi il reste là à me regarder? Il sait bien que je suis hors de moi et tout ce qu’il fait c’est de rester silencieux, me regarder comme si… comme s’il peut lire en moi pour ne pas rajouter de l’huile sur le feu. Il ne dit rien. Je ne sais pas ce qu’il pense et je voudrais tout lui dire que c’est un imbécile aucunement crédible envers les danseuses. Aucun argument. Ça tue une dispute, non. Cela empire quand on doit se calmer de force tout en avalant la rancœur qui vit dans nos cœurs. Devenant une bombe à retardement en quelques sortes, tout comme l’homme auprès de moi. Bref, je crois qu’il va falloir que je passe à autre que je puisse tourner la page avant quelque chose lui arrive ou bien que quelque chose d grave m’arrive. Oui, un accident est si vite arrivé tout comme ce malheureux verre d’eau qui s’est fracassé sur le sol. Prenant le balai, je tente tant bien de balayer, mais monsieur a son mot à dire à ce sujet par exemple. Il ne voulait pas me parler, me raisonner ou bien donner ses points de vue sur sa vision de la situation, mais nooon. Il préfère me pointer les endroits où que j’ai oublié de balayer. Si mon côté pacifique – bizarrement vu que je me suis disputée avec lui – je lui aurais bien donné un coup de balai pour lui dire de déguerpir pour qu’il se repose, mais non. Il n’est pas dans son état normal puisqu’il m’aurait envoyé balader ailleurs avec son ton qui me fait froid dans le dos. Ou suis-je immunisée vu que je le vois sur une autre facette? Nah. Seulement un coup de chance.

Le chasser du bar. Le faire dormir un peu. C’est mon but désormais de cette soirée vu qu’One m’a formellement interdit de danser pour ne pas que j’aie de pourboire. Sauf que je pourrais me glisser en douce pendant qu’il dort paisiblement pour ainsi aller chercher mon argent durement gagné. Arf, non, je vais m’abattre à une colère bien plus froide et une mise à la porte si je faisais ça, donc c’est une très mauvaise idée. «Oui, oui, je vais l’appeler ton copain.» que je déteste malheureusement. Celui qui dévore, celui qui ressemble à un loup déguisé qui se faufile dans une bergerie alors que le gardien est parti ailleurs. Je ne l’apprécie pas. Je me sens mal à l’aise. Il ne fait que regarder, reluquer grossièrement de manière abusive qui rende les nanas moins sûre d’elles. Il est intimidant et je suis la seule je crois qui l’ignore carrément et ce qui me donne envie de vomir c’est qu’il a un sourire satisfait. Beurk. Dès mon ami est monté vers le salon vip, je regarde mon portable en hésitant. Pourquoi ne me fait-il pas confiance pour gérer la boite? C’est vrai que je ne suis qu’une femme et une femme patronne est peut-être mal vue dans ce genre de métier? Je l’ignore, mais tout ce que je sais c’est que je glisse mon doigt vers le numéro. J’ai mis mon portable sur mon oreille en soupirant en priant qu’il ne réponde pas. Malheureusement, il a répondu ce con. «Amène tes fesses, One, est absent. Non, non, fais vite. Mais, je m’en fiche!» Je raccroche et je chuchote un Connard en regardant son numéro. Je n’ai jamais été aussi désagréable envers une personne et il est le premier souhaitant que ça soit le dernier. Je ne dirais pas ce qu’il m’a dit, il faut que je m’occupe de monsieur qui n’a pas dormi pour x raisons. S’il arrêterait de faire joujou avec son corps il ne serait pas à ce point épuisé, n’est-ce pas?

Dès que le manager est arrivé, j’ai déguerpi en vitesse vers le salon pour éviter tout contact avec lui. Quand je suis arrivée dans cette pièce, j’ai bien vu mon ami en train de fumer. Il fume encore ce merdier? Je sais que c’est une drogue relaxante, mais tout de même… Aussi loin que je me rappelle, j’ai très mal réagi quand je l’ai vu fumer son joint. Il s’en est fiché aussi. Kibum également. Ils avaient ri de ma gueule – en fait seulement mon amoureux – en me disant que c’était normal de prendre du bon temps. Ils me l’ont proposé. J’ai été conne d’y goûter. J’ai arrêté aussitôt parce que je ne voyais pas d’intérêt que je me calme puisque je le suis déjà normalement, non? Déposant mes affaires et tendant le cachet. Je hausse le sourcil en voyant prendre un demi. Mais? Pourquoi? Ça va l’aider à baisser sa fièvre et à mieux dormir. Bon, c’est sa santé, il fait ce qu’il veut après tout. Qu’il ne vient pas me voir quand il est nauséeux, enrhumé et il veut que je lui prépare de la bouffe… Je me trompe avec Kibum. Assise sur la banquette. Je vois qui rallume de nouveau son joint qui s’est éteint entre temps. Je roule mes yeux de désapprobation. La drogue est le mal. Sauf que je n’ai pas grand pouvoir sur ce coups-là. Si cela l’apaise. Un autre compromis que j’ai pu faire avec le temps même si je reste toujours en désaccord avec le cannabis et d’autres drogues en allant vers les durs. Je ne veux pas voir ni toucher ni même les sentir ni même être dans le même endroit que tout cela. C’est non. Son merci a été imprévu tout comme sa tête déposée sur mon épaule ce qui m’a ramené à l’ordre.

En rigolant, j’ai pris son joint entre ses doigts pour le déposer sur la table près de nous en l’éteignant évidemment. Je ne veux pas avoir de fumer secondaire, non du tout. « Hey! Tu sais que je tolère que tu fumes cette cochonnerie, mais ambitionne pas. Tu veux que je te montre ce que j’ai fait à Kibum pour qu’il diminue sa dose de joint?» fis-je en replaçant mes jambes pour taper mes cuisses. « Dépose ta grosse tête de blasé.» aussitôt demander et fait. Je passe mes doigts dans ses cheveux, lui massant le cuir chevelu avec délicatesse. Je souris bêtement en me plongeant dans mes merveilleux souvenirs. Je l’imagine encore la bouille de mon fiancé qui m’en quémandait au point d’être excessif pour le massage de crâne. J’ai rigolé malgré moi. Il était idiot, mais mon idiot que j’ai énormément aimé. Cette fois, je rends service à son meilleur ami qui est également le mien. Un homme qui m’a beaucoup soutenu et qui m’a beaucoup aidé malgré que je lui sois empoisonnée et que je tiens à mon indépendance. Même son attitude mauvaise et violente, j’ai une grande estime pour lui.

One avait déjà donné son point de vue à Jisu ; pour lui il n’y a rien à ajouter de plus. Si certains aspects, plus affectifs et sentimentaux se sont glissés dans son esprit, ils ne sont pas ressortis dans la conversation. Après, un règlement est un règlement, bien que s’il suivait le règlement littéralement au pied de la lettre, il aurait du la virer et lui demander ce qu’elle venait foutre au Pearls. Mais non. Jisu n’a aucunement besoin de ça. Il en est conscient. Il pourrait aider son amie mais il ne sait pas si elle accepter ait autant d’argent pour rembourser ces dettes. Surtout qu’elle voudrait savoir d’où tout cet argent vient et Siwon n’imagine pas pouvoir lui faire croire que tout l’argent vient du Pearls.

Le sentiment semble être réciproque. Jisu n’aime pas ce manager non plus. Le mafieux se dit qu’il devrait peut-être creuser un peu plus. Cet homme tient bien l’établissement, mais visiblement, les chiffres ne semblent pas être les mêmes quand il est là. Et pas dans le sens positif du terme. Siwon n’a jamais pensé à mettre Jisu à la place de cette homme. Pour plusieurs raisons, d’abord parce qu’elle ne semble pas avoir manifesté le désir de prendre cette place, mais aussi parce qu’aussi clean que le club puisse l’être, son patron ne l’est pas, et il a peur que Jisu devienne complice de ce qu’il est, alors qu’elle n’a jamais su ce qu’il était vraiment, ce qu’il faisait vraiment. Mais il ne la pensait pas moins incapable de le faire. Et ça signifierait aussi qu’il ne pourrait plus l’avoir près de lui.

Il lui semble attendre un moment avant que la jeune femme montre le bout de son nez, si bien qu’il avait commencé à penser qu’elle ne viendrait pas. L’avantage, c’est que One sait s’arrêter dans ses conneries ; il ne touchera jamais à une drogue dure. Il en connait déjà trop bien les méfaits pour avoir envie d’en consommer. Elle rit. Jisu s’empare du joint qu’il a entre les doigts. One fronce les sourcils avec désapprobation. Sa main s’éloigne de celle de Jisu pour tirer une dernière taffe, puis lui tend son joint sagement.

Ce qu’elle faisait à Kibum pour l’empêcher de fumer ? One n’est pas sûr de vouloir le savoir. Elle s’agite un peu et le mafieux doit se redresser un moment pour ne pas se prendre des coups d’épaule dans la tempe. Ne pouvait-elle pas arrêter de bouger ? Il la regarde un peu de travers jusqu’à qu’elle tape sur ses cuisses. Elle voulait qu’il s’allonge dessus ? Siwon semble assez circonspect. C’est vrai que là, à l’abri des regards, il n’y a plus de patron-danseuse, mais simplement Jisu et Siwon, deux amis de longues dates. La mort de Kibum, et le fait que Jisu soit venue travailler au Pearls avait fait oublié au jeune homme cet aspect de leur relation.

Face à l’air déterminé de son amie, One finit par s’éxécuter et déposer son crâne sur les cuisses de Jisu. Un de ses bras est replié contre son torse, tandis que l’autre se pose sur le genou, ajoutant une légère pression malgré lui. Il est alors entièrement allongé sur le canapé. C’est difficile de lâcher prise, surtout quand on a pas l’habitude. Ses doigts dans ses cheveux le surprenne un peu, mais il la laisse faire, d’autant plus que c’est si agréable. S’il avait pu ronronner, il l’aurait fait. Si la magie ne semble pas opérer de suite, les yeux du jeune homme finisse par se fermer, et en quelques minutes, il s’en trouve au bord du sommeil, ses articulations se détendant une à une, de même pour ses muscles et son visage aussi, qui semble alors peut-être un peu plus avenant. Sa température corporelle, elle, descend, petit à petit. S’il n’avait pas froid jusqu’à présent, il frissonne. Il est trop endormi pour trouver la force d’attraper le plaid posé sur le dossier du canapé, juste là où il était assis jusqu’à présent,  et qui était tombé dans son dos. La main sur le genou de son amie fait de même, glissant inexorablement vers le sol. Il ne lui a pas fallu longtemps pour s’endormir. La question reste de savoir combien de temps il allait dormir ainsi.

(outfits) ~ Ce manager, ce foutu manager. Pourquoi il est aussi insistant? Intimidant? Pourquoi il a fallu qu’il me regarde monter vers le salon? Pourquoi il a une fixation sur les brebis dans la bergerie? Pourquoi il faut tout le temps une bête féroce qui guette le moment importun quand le gardien ne surveillait pas? Pourquoi il faut que cet animal ait une proie à mettre sur la dent? Nous sommes des femmes, oui nous sommes des danseuses, mais on reste tout de même des êtres humains. On a un cœur, on a des sentiments, on est sensible. Même si ça ne paraît pas, dès que les hommes hurlent comme des loups, on se sent dénigrée. Dénigrée et perdre toute confiance en soi-même au point de descendre bien bas. Descendre au point de vouloir utiliser son corps pour au moins se sentir unique, se sent vivante, désirée. Beaucoup de mecs attendent cette vulnérabilité pour les détruire davantage en les abandonnant à leur sort. Que ces mêmes femmes deviennent accrocs et deviennent impures en de vivant que pour la luxure. Ce manager fait partie de cette catégorie et je n’ai jamais apprécié ces personnes dans cette catégorie. Si jamais One y était, je ne lui donnerais pas cher pour sa peau. Je vais lui parler, non, l’ignorer. On ne mérite pas mon respect et ma confiance en étant comme ça.

Le salon vip, je crois bien que mon ami a vu juste quand j’ai voulu prendre son joint quand il l’éloigne de moi pour prendre une dernière inspiration pour l’inhaler dans ses poumons. Tel un poison qu’il a aspiré pour vouloir une chose : se détendre. S’il savait qu’il a plusieurs façons de se relaxer sans vouloir consommer ces choses toxiques. S’il savait… Pourtant, il me laisse prendre le cannabis pour l’éteindre et ainsi l’éloigner de sa fixation. Je vais lui montrer comment je faisais avec Kibum. Lorsque je le surprenais, il ne me le cachait pas le moindre du monde. Au contraire, il osait me souffler au visage en rigolant avant de vouloir me chercher un baiser. Cet idiot qui faisait tout pour me mettre en rogne... me narguer ainsi alors qu’il savait pertinemment que je n’aimais pas ce genre de truc. Je ne voulais pas qu’il devienne plus bad boy comme il était déjà. Je ne voulais pas qu’il soit dans la débauche et qu’il consomme des drogues dures. Je voulais qu’il vienne avec moi dans le droit chemin. Donc, j’essayais de trouver des solutions. Cette solution était bien de lui faire un massage de crâne tout comme je fais actuellement à One. Il ne s’est pas prié même s’il n’était pas rassuré quand il a déposé sa tête sur mon genou. Malgré qu’il me coupe légèrement la circulation de la jambe, je n’ai pas prié pour commencer à jouer dans les cheveux, lui masser, qu’il se relaxe, qu’il se repose. One est peu convaincu sur le coup, mais attend, la magie s’opère tranquillement avant de nous surprendre et qu’on s’aperçoit qu’on est bien tombé dans son piège. Tout comme maintenant. Pas certain au début, mais c’est agréable avant de fermer les yeux. Tous ses muscles se sont détendus d’un seul coup, me laissant donc en plan… seule dans mes pensées. Bonne nuit, One.

J’ai voulu prendre le plaid en arrière du patron, mais décidément, il s’était couché dessus. Je m’étire vers mon manteau et mon sac plus loin sans le déranger avant de le prendre du bout des doigts, du bout des ongles peut-être car j’ai réussi. Je saute de joie dans ma tête quand je l’ai attrapé entièrement dans la main pour la faire glisser sur lui telle une couverture pour le maintenir au chaud. Je retente ma manœuvre pour aller chercher mon sac pour prendre mon portable au moins pendant qu’il dort je vais pouvoir m’amuser sur mon téléphone. Pendant que la soirée bat à son plein. Alors que je me suis accoudée sur lui pour être plus à l’aise et à l’occasion glisser ma main dans ses cheveux… Je ne sais pas à quoi que One pouvait rêver, mais les petits spasmes se font ressentir dans tout son corps. Que peut-il rêver pour le faire réagir rapidement? Je l’ignore. Sauf que je me suis surprise à le regarder. Je l’ai jamais vu autant apaiser… si vulnérable comme un animal en faible posture. Pour une fois qu’il laisse baisser sa garde quand je suis avec lui. Pendant ce temps, la porte toque légèrement avant de voir une petite tête se faufiler. Je fais signe à cette danseuse d’être silencieuse. «Qu’est-ce qu’il y a? Le manager est là…» chuchotai-je de peur de réveiller mon meilleur ami. Sauf que cela m’a intrigué de la voir aussitôt reparti sans rien me dire. Plusieurs questions volent dans mon esprit plus particulièrement : what the fuck? Enfin, bref je reconcentre mon attention sur mon portable en rigolant concernant les spasmes du dormeur. Pour un homme qui ne dort pas, en ce moment, il dort à point fermer.

Cela dit quelque chose m’intrigue. Pourquoi la danseuse a toqué à la porte toute à l’heure? Et pourquoi elle n’a rien dit? J’ai entendu des rires au-delà de la porte souhaitant justement que ça n’a pas réveillé One. Un rire d’un homme..? La porte s’ouvre doucement avant de refermer de nouveau. Mes yeux s’arrondissent de stupéfaction. Qu’est-ce que..? Pourquoi le Manager entre comme ça? Pourquoi il a un sourire malicieux? Pourquoi il me prend par le poignet du fait que j’échappe mon portable sur le plancher? «Mais qu’est-ce que…?!!!» sa main bloque le son qui sort de mes lippes ensuite le geste s’est suivi qu’il m’a tiré. Donc on me lève contre ma volonté du fait que je ne suis plus l’oreiller de mon meilleur ami, mais on me pousse férocement contre le mur de cette salle. J’ai les larmes aux yeux. Il me fait peur pourtant mes yeux le regardent remplis de haine et il en est satisfait. Hormis tout ça, il sort quelque chose de son étui pour sortir un fusil et le pointer sur l’homme endormi. Merde! Puis tout ce que le manager me répond? «Chuuuut… ne le réveille pas…». NON! Ne le tue pas. J’ai besoin de lui!