One dort profondément. Il est si fatigué qu’il ne peut pas faire autrement. La porte qui s’ouvre semble déranger l’endormi, qui grogne un peu tout en enfouissant son visage contre ses cuisses. Pourtant, ses yeux ne s’ouvrent pas, et il semble redevenir paisible aussitôt la porte fermée, se blottissant dans le manteau de son amie. Il y trouve une odeur rassurante et réconfortante.  S’il rêve, il ne s’en rend pas compte.

Dès que le portable de Jisu tombe de sa main, faisant un bruit sourd à son contact avec le sol, Siwon commence à émerger. Il émerge encore plus quand il entend la voix de Jisu. Et il est on ne peut plus éveiller quand il voit son oreiller lui être violemment arraché. Le bruit sourd de Jisu qui rebondit contre le mur. Puis le fusil pointé sur lui. One est dans une colère noire. Il n’a jamais été autant en colère. C’est dans ces moments-là qu’il est content d’avoir un pouvoir. La paralysie fait effet très rapidement, et sans aucune inquiétude, il remet la sécurité sur le fusil, avant de le lui arracher des mains. Il le laisse tomber par terre.

— A quel moment c’était une bonne idée de t’en prendre à une de mes danseuses sous mon nez ? Et à Jisu, d’autant plus ?

One n’attend pas de réponse particulière. S’ils avaient été seul, ce qui n’est évidemment pas le cas, il l’aurait peut-être tué. Siwon n’aime pas la vermine de son genre. Ca avait un sale air de déjà-vu en attendant. Le patron du club prend son portable et appelle rapidement la sécurité.

— Ne compte pas sur ta paie de ce mois-ci.

Sa voix est tranchante, son regard ne dénoircit pas. Un réveil comme celui-là, plus jamais. Alors qu’il le pousse, l’éloigne de Jisu, il se rapproche, lui imposant son aura féroce et permettant à son amie de retrouver un certain espace vital ainsi que de s’interposer entre eux. Il le paralyse à nouveau, l’empêchant de tenter quoi que ce soit. One le tient en respect quelques minutes, le temps que la sécurité arrive. Le patron leur confie le malfrat et ajoute :

— Je ne veux plus jamais te voir au Pearls. Ni dedans, ni dehors. Si je te vois, je ne ferais pas que t’éconduire gentiment. J’espère que c’est clair.

La sécurité disparaît avec le gredin. Une fois que la porte se referme. One verrouille la porte, laisse la clé sur la porte : ce n’est pas un piège. Ca leur permettra d’avoir un peu d’intimité, le temps de digérer les évènements. Il allait falloir qu’il travaille ce soir. Beaucoup d’autres soirs. Il n’est pas prêt d’avoir un sommeil réparateur. Qu’est-ce que ça l’emmerde quand il y pense. Mais pour l’heure, il a d’autres préoccupations. Il reporte son attention sur Jisu, qu’il avait négligée jusqu’à présent, pour assurer sa protection. Il la prend dans ses bras, l’inondant de sa chaleur, la serrant fort contre lui, ses doigts allant se perdre dans ses cheveux avec une certaine tendresse. Ces sourcils sont froncés. Bien qu’il soit restés relativement placide, One s’est montré plus expressif qu’à l’accoutumée. Son coeur bat rapidement ; finalement, lui aussi il a eu peur. Mais il a su faire preuve de sang froid, comme bien souvent.

— C’est fini, murmure-t-il.

Siwon finit par se calmer lui-même. Sa main libre frotte doucement le dos de la danseuse, se voulant réconfortante, la laissant pleurer si cela peut la soulager. Il ne peut pas aller travailler comme ça, Jisu non plus. Le but de la manoeuvre avait été d’éviter de se trouver avec des gros lourds toute la soirée ; et de lui proposer de travailler sans vraiment travailler, puisqu’elle s’assure simplement de rester avec lui, et de le réveiller s’il faut. Même ça, elle ne peut pas le faire en paix. C’est quand même dingue.

Il est toujours aussi épuisé, et bientôt, il appuie sa joue contre le crâne de la jeune femme, témoignant de sa fatigue. Il ne va pas avoir le choix pourtant. Et hors de question de laisser Jisu s’occuper du club seule. Pas après ça.

Le mafieux ne semble pas disposer à lâcher la danseuse ; à vrai dire, il ne le fera probablement que quand elle ne voudra plus être entre ses bras.

Encore une fois, Siwon tient sa promesse face à Kibum.

(outfits) ~ Rebondir sur le mur sous la force de mon agresseur m’a coupé le souffle et encore plus quand ce dernier obstrue ma bouche pour ne pas que je fasse le moindre bruit. Le temps que j’assimile tout ça, mes larmes me montent aux yeux, juste assez pour qu’elles puissent rouler sur mon visage. Mes mains empoignent les poignets du manager pour essayer d’enlever sa main, mais la solidité qu’il pouvait avoir sur mes lippes tout en m’enfonçant de plus en plus sur la cloison me fait horriblement mal au point que j’osais me lamenter sous la douleur malgré son interdiction. Il va falloir que j’apprenne l’auto défense lorsque quelqu’un s’en prend à moi. Il va falloir que j’apprenne à me défendre pour protéger mon ami, qui était endormi, pour ne pas qu’il reçoit une balle en pleine tête sous mes yeux. Je ne veux pas entendre un bruit sourd quand il va enclencher la gâchette, je ne veux pas recevoir du sang quand la balle va se loger dans sa boite crânienne pour lui faire énormément de dégât au point de ne pas survivre à cet impact. Je ne veux pas le perdre. Je ne veux pas le voir mourir. Cet homme, One, il est important dans ma vie. Il est mon pilier quand je ne me sens pas bien. Il est celui qui s’occupe de moi quand je m’occupe moi-même très mal. Il fait des petites attentions… Il m’a beaucoup aidé à me remettre de la mort de Kibum et à faire mon deuil adéquatement sans que je fasse de bêtises. Parfois, je me dis que j’aurais dû sortir avec mon meilleur ami au lieu de mon amoureux. J’y pense, il a été plus présent dans ma vie que mon fiancé. Sauf que l’homme vêtu de noir et qui parle très peu a toujours été le plus mystérieux de tous, il m’intimidait même encore aujourd’hui. Vous vous dites pourquoi je ne sors pas avec lui maintenant? Je ne sais pas… J’ai peur de briser notre amitié – le fait aussi que c’est initialement le meilleur ami à mon fiancé – et en plus je n’ai pas cette chimie que j’ai quand je suis avec Luka. Avec le footballeur tout se fait naturellement, mais One… j’ai l’impression que je le dérange. Il est stoïque, il dit seulement des commentaires ni bon ni mauvais ou bien il me réprimande. Je le vois davantage comme un frère ou même un père…

Ce qui m’a plus surprise dans cette histoire qui se déroule sous mes yeux… C’est que le manager était à deux doigts de faire pression sur la détente pour tuer le patron de la boite quand soudain il s’est figé. Il a arrêté. La force qui m’enfonce dans ce mur a cessé. Il est devenu une statuette. Je me dis en même que c’était ça : la fin d’une personne. Non. One se lève, le regard mauvais qui me donne froid dans le dos, en mettant la sécurité avant de prendre le flingue et de le jeter. Mais… il n’a pas bronché celui qui en est le possesseur? Je fronce les sourcils d’incompréhension tout en versant des larmes à cause de ma maudite phobie de la violence qui me fait trembler de partout également. Puis c’est quoi aussi cette idée de lui dire que cet homme n’aura pas sa paie ce mois-ci? C’est quoi cette absurdité? Voilà, qu’il le pousse me faisant tomber sur le sol. J’essaie tant bien que mal de reprendre mon sang-froid. Reprendre contrôle de mon corps pour faire arrêter ces tremblements, mais ça ne fonctionne pas. Le fait que mon ami s’interpose entre le mec et moi, m’a effrayé encore plus. Je suis paniquée, je veux qu’on me laisse tranquille. Pourquoi on m’embarque dans des histoires comme celle-là et je n’ai aucun rôle en particulier à jouer à part être la fichue victime? Autre point qui m’a étonné : quand il est en colère noire, il parle énormément.

D’autres personnes sont apparues pour prendre le manager avant de disparaître. One referme la porte en verrouillant, mais ça je m’en fiche éperdument. Je me lève de peine et de misère en essuyant mes larmes. Sauf que des bras m’enlacent. Le parfum qui dégage de ces vêtements, j’ai réalisé qui s’est et pourtant, je le repousse tant bien que mal en me débattant tel un animal sauvage qui lutte contre sa vie pourtant il m’a retenu. Des doigts glissent entre mes cheveux me ramènent rapidement à l’ordre, me rassurent… comme ils ont toujours fait aussi loin que je me souvienne. J’éclate. Je ne peux plus me retenir. «Il avait un flingue! Un foutu flingue! Tu as pu être…. J’ai failli te…» fis-je en pleurant alors que mes bras se faufilent pour serrer mon emprise. Tétaniser à l’idée d’être de nouveau seule au monde même si j’ai Hanna et plusieurs amies auprès de moi, mais rien est comparable à celui qui m’a côtoyé depuis des années. Deux mots qu’il a dits. Je me suis vite calmée. Je reprends peu à peu le contrôle pendant qu’il me caresse le dos. L’eau saline continue de couler à flot sur mes joues. Je me suis surprise de lui avoir solidement empoigné ses vêtements de peur qu’il ne s’échappe et qu’il lui arrive quelque chose. Cependant, j’ai défais mon emprise quand j’ai senti sa joue sur ma tête ainsi que son adrénaline descendre au point d’être un peu plus fragile sur ses deux pieds à cause de la fatigue.

Me retirant de ses bras, j’essuie mes yeux en évitant tout regard. Je n’aime pas pleurer. Je ne suis pas présentable, j’ai les yeux rougis et boursouflés. Même si cela fait bien des années, j’aime bien me sentir jolie, sauf que je ne suis pas jolie en ce moment. «Désolée pour tout ça… Repose toi, je vais m’occuper de tout…» J’ai pris mon portable avant de faire un pas et puis un autre me dirigeant vers la porte verrouillée. Mon objectif étant de lui faire dormir et prendre quelques heures de sommeil, non? Je n’ai pas oublié même si je suis encore en état de choc vu les événements. Arrivant devant la porte, je recommence de nouveau à hoqueter et les larmes coulent en me faisant trembler comme une feuille. Pourquoi en ce moment j’angoisse et je redoute de revoir le visage de ce fou?

Des fois, il se perd dans ses pensées dans lesquelles ils se dit qu’il finira sûrement pas perdre Jisu, d’une manière ou d’une autre. Soit elle mourra sans qu’il ne puisse l’en empêcher, soit elle l’écartera de sa vie. Dans les deux cas, Siwon ne sait pas s’il sera capable de l’accepter. Il a déjà du mal à accepter la présence d’un autre près de Jisu. Siwon est d’un profond égoïsme, au fond, il sait pourquoi il se comporte ainsi avec elle ; il y a déjà pensé. Pourtant il s’y refuse, nie tout en bloc. Combien de temps pourra-t-il jouer ainsi avec ses propres sentiments ?

Jisu semble beaucoup trop mal en point ; trop chancelante, trop secouée. One ne compte pas la laisser faire. Il essaye de le repousser. Dans un premier temps, il ne peut pas s’empêcher de le prendre pour lui, pourtant, ses bras ne peuvent se résoudre à la lâcher. Et au final, il a raison car elle finit bien par se calmer. Il la presse doucement contre lui, se faisant plus présent contre elle, lui permettant d’entendre ce coeur qui bat un peu trop vite, qui dévoile à Jisu comment il se sent réellement ; effrayé, lui aussi, poussé par l’adrénaline et rien d’autre. Ses battements de coeur expriment bien plus de choses que sa bouche, et il le laisse entendre à Jisu, l’air de dire « tu n’es pas seule ». La danseuse ne tarde pas à l’entourer elle aussi. Elle a eu peur pour lui.

— Je vais bien, la rassure-t-il.

Jisu se calme peu à peu. Pourtant elle pleure toujours. Siwon est épuisé mais il ne peut pas se laisser aller. La jeune femme est la première à se retirer de ses bras. Il en profite pour la regarder ; ses yeux larmoyants, ses yeux et cet air qui lui brisent le coeur. One ne veut que le bonheur de son amie.
Elle va s’occuper de tout, qu’elle dit. One sort de sa torpeur alors que Jisu récupère son téléphone portable et s’éloigne de lui. Pourtant, elle se remet aussitôt à sangloter.

— Tu ne vas t’occuper de rien. Viens là.

Il l’attire à nouveau vers lui, en attrapant ses doigts entre les siens, les entrelaçant quelques secondes. Siwon la tire vers lui alors qu’il la prend à nouveau dans ses bras. Visiblement, elle n’est pas prête à sortir de cette pièce. Sa voix est toujours aussi ferme, il n’y a pas à dire, pourtant elle a quelque chose d’un peu plus doux. De plus, il peut se passer n’importe quoi au Pearls, One n’en a rien à faire. Les danseuses sauront se débrouiller, surtout que le manager n’est pas toujours là et qu’il a déjà dû se débrouiller sans lui. Personne n’est coincé si quelqu’un manque à l’appel. D’autant plus que One ne peut pas être au Pearls aussi souvent qu’il le voudrait. Des fois il a des choses à faire pour Na Bi. Demain il devra laisser des annonces pour recruter un nouveau manager. Quelqu’un de confiance. Quelqu’un de droit.

Au pire, il y a la sécurité pour ce soir. Surtout qu’il y a plus grave. Il ne pourra pas arriver plus dramatique ce soir. Maintenant, il veut prendre soin de son amie. Il veut rejoindre un endroit calme. Tenant toujours la jeune femme par la main, il ouvre la porte et entraîne la jeune femme avec lui. Il verrouille la pièce ; c’est sa pièce à lui. Traversant la club, il s’arrête près du bar pour donner quelques instructions à faire passer aux membres de l’équipe, tandis qu’il guide Jisu vers sa voiture, un SUV confortable et plutôt cher, mais rien d’hors de prix, One n’est pas dans les excès à ce niveau-là, et puis c’est aussi plus discret, avec son métier, il n’a pas besoin de se faire remarquer plus que ça. Il veut éloigner la jeune femme du lieu où elle a été traumatisée pour le moment, lui donner une chance de se calmer. Une fois dans le véhicule, il claque la porte côté passager avant de monter côté conducteur. Il prend enfin la parole :

— On va aller se mettre au calme, chez moi. Je vais te faire un chocolat chaud, d’accord ? Si tu veux tu pourras prendre une douche, et tu pourras t’allonger un peu.

Le jeune homme démarre le bolide, avant de se mettre en route pour Seogwipo, là où il vit, et mettre Jisu dans un lieu où elle pourra se sentir en sécurité. One conduit avec une douceur incroyable, bien que son style de conduite soit naturellement ainsi. Son amie n’est pas venue souvent chez lui, mais elle a toujours été la bienvenue dans son appartement. Maintenant, One ne lui laisse pas vraiment le choix, malgré le fait qu’il l’ait juste proposé oralement.

(outfits) ~ Des larmes, des simples larmes qui n’arrêtent tout simplement pas de couler. J’aurais voulu être forte, encaisser, prendre tout sur moi pour pouvoir rendre service à mon ami. Une fois de plus, je suis trop faible, sensible. Une personne qui ne mérite pas autant de bons samaritains autour d’elle. Je ne suis pas digne de son amitié. Je suis celle qui a plus besoin de lui que du contraire. J’y pense, c’était comme ça aussi lorsqu’on était adolescent. Celle qui se trouvait dans un état de vulnérabilité, celle qui se retrouvait dans une situation dangereuse, puis à chaque fois je me faisais secourir et à chaque fois consoler par des bras qui s’enroulent autour de moi pour m’apaiser. À chaque fois, j’ai eu quelqu’un pour m’épauler et me protéger. Moi, qui a voulu être indépendante et je suis celle qui est dépendante d’One depuis aussi loin que je me rappelle. Kibum n’était pas là? One était bien là. Kibum a fait une connerie? Son meilleur ami était là pour réparer les pots cassés. Il a toujours été présent aussi loin que je me rappelle. Parfois, je me demande pourquoi je n’ai pas pu sortir avec One au lieu de mon ex. La souffrance aurait été moins importante, mais j’aurais été triste. Je ne sais pas bien souvent, j’ai l’impression de ne connaitre rien de lui, même si je connais ses goûts. Je connais les plats qu’il préfère, je connais la boisson qu’il préfère, sa musique, son style vestimentaire et qu’il soit le patron du club. Sauf ce qui me rend intriguée c’est : qu’est-ce qu’il fait lorsqu’il n’est pas au Pearl? Qu’est-ce qu’il fait quand il doit s’absenter? Un mystère plane autour de lui. Un lourd mystère que je n’ose pas empiété pour le découvrir. Pourquoi je n’ose pas?

Son cœur bat à tout rompre tout comme moi dû à l’événement plus tôt. Il va bien, m’a-t-il dit. Je ne le crois pas. Ses battements sont forts comme s’il a vécu un stresse. Comme s’il a eu peur autant que moi. Est-il plus humain que je le crois? Me rappelant tout ce qu’il a pu se passer… Il a toujours été le mec stoïque sans expression et qui ne dit pas ce qu’il pense. C’en ai triste puisque bien souvent j’ai l’impression que ça fonctionne dans un sens. Que je sois contente de le revoir, de lui parler, etc. Pourtant, je ne sais pas ce qu’il pense de tout ça. Est-ce qu’il est content ou il pense de moi comme un cadeau empoisonné? Pourquoi il est si insistant? Un homme bien normal m’aurait lâché après m’avoir senti me débattre ainsi, mais pas lui. Il aurait pu tout abandonner et me laisser me recroqueviller sur moi-même, mais pas lui. Il me connait davantage que moi-même et ça me fait bien peur. J’aurais pu prendre le dessus de la situation. De laisser mon ami dormir ce qu’il a à dormir et de tout m’occuper. Les larmes ne cessent de couler et moi qui renifle comme une gamine. Sans même que je n’ai eu le temps de me diriger vers la porte, une large main se glisse dans la mienne pour entrelacer nos doigts. Ça m’a surprise, autant de me retrouver de nouveau dans ses bras. Je me suis frappée contre son torse, ça m’a pris quelques secondes pour le réaliser. Lorsque je me suis convaincue que je suis actuellement dans ses bras, j’ai osé poser mon regard dans le sien. Il m’a dit que je ne vais m’occuper de rien… Je me sens inutile comme une moins que rien… «Mais pourquoi… Tu me trouves inutiles..?» demandai-je avec la voix enrouillée mon regard toujours ancré dans le sien ayant les larmes aux yeux.

Je m’attends à une réponse, et bien non. Je me sens tirée vers la sortie. Il verrouille la pièce VIP et on se dirige vers le bar toujours nos mains enlacées. Je ne sais pas quoi faire en ce moment. Je me sens tout simplement gênée d’avoir les yeux rougis et que les larmes puissent couler encore. Je n’ai pas trop suivi ses directives qu’One a données puisqu’on a continué notre chemin vers sa bagnole. Je fronce les sourcils en voyant cette voiture. Je m’en suis jamais rendue compte honnêtement je l’ai toujours vu quelque part donc aucun moyen de transport. Il m’ouvrit la portière que j’entre sans hésiter. M’installant, m’attachant. Comment me sentir honte dans de pareilles situations? La veille s’était plutôt comme ça avec Luka et désormais One? La fatigue doit me jouer des sacrés tours. Mon meilleur ami qui me plaît et ainsi l’inverse, quelle absurdité que j’ai pu penser. Son fameux chez lui, évidemment que je m’y attendais. Sauf que je ne me sens aucunement en danger ou quoique ce soit. Après tout, j’ai entièrement confiance à cet homme à mes côtés qui a pris le volant en direction Seogwipo. Il ne me fera rien, c’est certain. Je lui ai lancé un faible sourire en le regardant. «Un chocolat chaud, je dirai pas non… Mais, je veux pas t’embêter plus longtemps, déjà que je te cause beaucoup de problème…» oui, je suis celle qui me lamentable en ce moment, qui me dénigre. J’ai failli perdre un autre être qui m’est cher à mes yeux. Je me sens pathétique actuellement et je crois qu’on m’a cerné en m’offrant cette boisson réconfortante, non?

Jisu se sent inutile. Jisu se sent honteuse. Elle se sent coupable. Ca lui fait un peu de peine qu’elle puisse croire que c’est ce qu’il pourrait penser. One n’a jamais pensé ainsi, ça ne lui a jamais traversé l’esprit à vrai dire. Mais ce n’est pas dans le club qu’ils vont pouvoir discuter. Ce n’est pas l’endroit pour ça. Une fois qu’ils sont dans la voiture, l’ambiance est plus calme, One finit par se calmer complètement, autant qu’il est possible de le faire après ça. Il interrompt rapidement le silence pour répondre aux interrogations de son amie :

— Je ne pense pas que tu sois inutile Jisu. Je pense juste qu’humainement parlant, ce n’est pas envisageable, c’est tout. Ce n’est pas de ta faute.

One ne s’attarde pas en explication, mais là, il pense simplement au bien-être de son amie. C’est tout ce qui compte pour lui. Le jeune homme conduit donc, et bien rapidement, ils arrivent dans le complexe résidentiel du mafieux. Il attrape un petit boitier dans un des rangements centraux du véhicule lui permettant d’ouvrir la porte du garage. Siwon bouge la voiture pour la garer une fois que la dite porte est grande ouverte. Garé, le garçon bondit rapidement hors de son SUV pour faire le tour de la voiture et ouvrir la porte à son amie. A nouveau, il se saisit de sa main. D’une voix un peu sévère, mais sincère, il dit :

— Je ne veux pas t’entendre dire ça. Tu ne m’embêtes jamais.

Sur ces paroles, il la tire hors de la voiture avant de la diriger vers l’ascenseur. Malgré la taille de ce dernier, One reste quasiment collé à la jeune femme, comme s’il voulait dresser un mur entre elle et le reste du monde. Quand l’appareil fait un petit « ding » significatif, après avoir atteint le sommet de l’immeuble, le mafieux tire Jisu hors de la pièce pour traverser un couloir. A aucun moment il n’a lâché la main de son amie. Il ne semble pas être disposé à le faire.

La porte de son appartement s’ouvre après qu’il y ait inséré la clé. La porte claque derrière eux, tandis que One retire ses chaussures rapidement, après avoir appuyé sur le bouton de la lumière et des stores, qu’il ferme. C’est la nuit après tout, autant les fermés, même si ça les privent d’une jolie vue sur Jeju. Ceci dit, c’est le cadet de leur souci actuellement.

— Tu peux aller prendre une douche pour te détendre, ça va prendre un peu de temps. Sers-toi dans mes affaires.

One incite Jisu à faire comme chez elle. C’est vrai après tout, ils sont amis depuis bien trop longtemps pour faire des formalités. Elle connaît un peu la maison, elle peut fouiller, ce n’est pas en cherchant une serviette de bain qu’elle va trouver un flingue. Siwon n’est pas plus inquiet que ça.

— Et arrête de pleurer, s’il te plait.

Il accompagne ses paroles d’un geste, venant essuyer du pouce les larmes sur l’une de ses joues. Son contact contre sa pommette se prolonge quelques secondes, alors qu’il plonge son regard dans le sien. Ce n’est pas quelque chose qu’ils font souvent, mais One a envie de le faire, là maintenant tout de suite. Il voudrait lui adresser un sourire réconfortant, mais c’est à peine si le coin de ses lèvres trouvent la force de s’ourler de la sorte. La voix du mafieux, en tout cas, est loin d’être autoritaire, elle est plutôt douce en ce moment à vrai dire.

Ceci dit, il compte bien offrir à son amie un véritable chocolat chaud, pas un truc avec du chocolat en poudre industriel. Non, rien de ça. Le jeune homme s’affaire dans la cuisine, sortant casserole, tasses, lait, chocolat noir, couteau et sucre vanillé. Pour lui, son amie et déjà partie dans la salle de bain, il s’en occupe plus, pourtant, son oreille est toujours tendue, prêt à recevoir n’importe quelle demande de sa part. Siwon coupe les bouts de chocolat en assez petit pour que ça fonde plus rapidement. Le jeune homme ne se pense pas être un chef en cuisine, mais il se débrouille. Cette recette de chocolat chaud est l’une des seule recette qu’il a de sa mère, une recette en laquelle il a confiance et qui est somme toute assez simple, mais elle fonctionne à tous les coups, et Jisu en a déjà bu. Une fois que le lait bout, qu’il a mit en place pendant qu’il coupait le chocolat, il fait fondre ce dernier et remue avec plus ou moins d’énergie à l’aide d’un fouet.

Toujours est-il qu'il fait preuve d'une véritable bienveillance à l'égard de son ami, malgré cet air placide et détaché qui ne le quitte  jamais vraiment. Ca ne l'empêche pas d'en avoir quelque chose à faire, de s'inquiéter pour son amie.

(outfits) ~ Un trajet en voiture bien triste pour moi. Déjà, je croyais que j’aurais pu danser, me défouler comme il se doit, me sentir désirée aux yeux de tous en pensant à mon congé que j’ai eu avec le footballeur. Non, l’aplomb de mon ami ainsi que sa frustration s’est transformé notre échange en petite dispute avant de se terminer dans son salon vip. Refusant que je devienne le fantasme des clients. Refusant également que je ne reçois de pourboire. Il m’avait dit qu’il avait sommeil, je lui donnais le confort et l’occasion de se laisser aller dans les bras de Morphée. Je pourrais dire que c’était pour me repentir, mais non, c’est parce que je m’inquiétais pour mon ami et même durant le voyagement. Je ne l’ai pas lâché des yeux pour ne pas qu’il tombe de fatigue. Pas que je n’ai pas confiance en lui, bien au contraire, mais pour me rassurer qu’il va bien. Ces propos, qu’il m’a dits avant de partir vers la voiture, résonnent comme un écho dans ma tête. Il pouvait sortir des conneries avec son vocabulaire avancé. Je ne suis pas inutile, m’a-t-il dit, mais qu’humainement parlant ce n’est pas envisageable. Qu’est-ce qu’il voulait dire par là? Qu’est-ce que je dois comprendre? Il me trouve faible? Il me trouve que je ne suis pas assez forte? Comme toujours, ils ont été les héros de ma vie plus jeune et pourquoi mes amis n’ont pas voulu me montrer comment me défendre… Comment je dois me sentir dans ce cas-là? Comme un vulgaire déchet, c’est ce que je me sens actuellement.

Je n’ai pas vu le trajet passé qu’au final on se retrouve devant une énorme porte devant un complexe. Il prit un boitier qui permet d’ouvrir ses larges panneaux pour qu’on puisse avoir accès. Nous sommes enfin garés, One a rapidement sorti de la voiture pour ouvrir ma portière. Je n’ai pas eu le temps de finaliser de presser sur le mécanisme de la ceinture pour me libérer et dès ma libération est de mise, il a pris ma main pour me parler d’une façon rassurante. Oui, je t’embête. Je t’ai toujours embêté aussi loin que je me souvienne. Tu es celui, accompagné de Kibum, qui m’a toujours sorti de mes noises et qui règles mes foutus problèmes… Pourquoi? Pourquoi ne veut-il pas voir clairement que je lui empoisonne sa vie? Pourquoi les mecs ne s’aperçoivent pas que je suis dans un gouffre et je vous tire à moi? Pourquoi? J’ai soupiré en guise de réponse pas du tout convaincu même s’il est sincère. Je serre l’emprise de sa main pour m’aider à sortir de la bagnole noire et j’ai suivi le pas. Nous dirigeant vers l’ascenseur, au début j’ai eu un léger sourire en pensant à ce qu’il s’était passé les précédents jours, mais je me suis rapidement ressaisie en voyant la proximité de mon ami. Ce n’est pas que ça me dérangeait loin de là, mais il peut être envahissant surtout qu’on est les seuls dans la cabine métallique. Je le repousse gentiment pour me laisser respirer comme il se doit, non mais. Je suis tolérante, mais disons qu’il y a eu un événement plutôt qui me fait sentir comme une bonne à rien, j’ai amplement le droit d’avoir un espace vital, n’est-ce pas?

Le Ding m’a fait sursauter et rapidement, on se retrouve devant la porte de chez mon ami. En rentrant – comme toutes les autres fois – je reste sans voix devant la splendeur de son appartement. Le mien, minuscule, un trou à rat, et lui une vraie splendeur avec une vue magnifique qui s’efface pour se cacher derrière les panneaux. « T’inquiète, je vais en profiter, mer-» quelque chose me coupe pendant que je parle. J’ai fait seulement un pas et une silhouette se retrouve en face de moi essuyant ma joue. J’ai glissé mon regard le long de son corps pour arriver à son visage, surprise de son geste. De ce fait, les larmes ont cessé de couler alors que je ne me suis pas rendue compte. Depuis quand il est si doux avec moi? J’ai l’impression ce qu’il me dit est un déjà-vu… Pourquoi? Tranquillement, ma main libre se rend à la sienne qui est sur mon visage et je l’ai serré. Pendant un laps de temps, j’ai regardé son visage constatant également le mini sourire en coin qu’il a pu me faire. Sur le coup, ça m’a bien fait rire, mais j’ai cligné des yeux à la proximité et à la position que nous avons. J’ai retiré sa main de ma pommette et ainsi enlever son emprise de mon autre main pour me diriger vers sa chambre. Déboussolée. Qu’est-ce qui venait tout juste de passer en ce moment? J’ai fouillé dans ses tiroirs pour lui prendre un sweat et ainsi un pantalon mou avant de me diriger sous la douche.

Une douche sans plus ni moins pensive. J’ai pensé. Réfléchi. Ressasser le passé. Je vois encore l’homme qui me lève brusquement pour me plaquer contre le mur. Je vois encore le flingue sortir de son étui pour le diriger vers One. Son expression sur son visage qui m’a fait paniquer. Ce que j’apprécie lors d’une douche c’est que les larmes ne paraissent pas lorsqu’elles glissent le long des joues. Je peux pleurer sans que personne ne puisse m’achaler et me prendre dans ses bras. Je peux être faible, me recroqueviller et éclater en sanglot. Non. On m’a dit d’arrêter, c’est ce que j’allais faire. Quelques minutes plus tard, je sors, m’enroule une serviette de bain autour de moi pour m’assécher et enfiler les vêtements que j’ai emprunté à One. Noirs. Il ne peut pas mettre un peu de couleur dans sa vie? Ça lui ferait du bien et aussi, ça le rendrait également plus facile d’approche que d’être continuellement en noir. Il aurait pu avoir l’occasion d’avoir quelqu’un dans sa vie au lieu de ressembler à un mafieux, mais ce dernier ce n’est pas le cas, pas vrai? Dès que je me suis vêtue, je me dirige vers la cuisine le voyant remuer le lait. Je souris faiblement à sa vue avant de m’installer sur le comptoir de cuisine près de lui. Je lui donne un léger coup de pied à son fessier en lui demandant : « Pourquoi tu es aussi prévenant à mon égard? D’aussi loin que je me rappelle Tu l’as toujours été même quand on se faisait la gueule Kibum et moi… Pourquoi?» J’ai certes les yeux rougis à cause des pleures sous la douche, mais j’ai une bien meilleure mine contrairement à la voiture, même contrairement au club.

Jisu le trouve certainement trop près, car elle le repousse un peu. Le mafieux se laisse faire volontiers. Pourtant elle a sourit, à quoi pouvait-elle bien penser ? Il la fixe comme si elle était la chose la plus mystérieuse du monde. C’est vrai, qu’il est peut-être un peu trop collant en ce moment ; après tout, un homme a quand même tenté de lui faire du mal. Il est loin de penser qu’elle est faible ceci dit, il veut juste éviter qu’elle se surmène.

— Désolé, dit-il simplement.

Il ne sait pas trop pourquoi il s’excuse ; si c’est pour sa proximité trop importante, pour la dispute un peu plus tôt dans la journée, ou si même il s’excuse de ce qu’il est. Mais avant que son amie ne lui pose la question, Siwon reprend la parole :

— Tu n’as mal nulle part ?

Une fois dans l’appartement, un moment un peu étrange se produit, comme si le temps avait cessé sa course. De ce fait, sa main reste suspendue à sa joue alors que leurs regards s’accrochent l’un à l’autre. Ses yeux glissent vers ses lèvres et il songe à s’y abandonner pendant un instant. Juste une fois. Pourtant, la main de Jisu l’en dissuade ; elle décolle sa main de sa joue, tandis que l’autre s’échappe de son emprise alors qu’il la fixe toujours. Ses yeux papillonnent un peu, comme s’il s’était trouvé hypnotisé. Une fois que Jisu a le dos tourné, il secoue la tête vivement pour chasser ses idées, avant de passer une main sur son visage dans un soupir et de pivoter sur lui même pour se diriger vers la cuisine. Il entrevoit la jeune femme disparaître dans sa chambre.

Pensif, il attend que le chocolat fonde dans la casserole. A quoi il joue ? Il ne sait pas. Il ne sait plus. Il se dit qu’il doit embarasser Jisu à agir de la sorte. Vraiment, l’arrivée de ce mec dans la vie de son ami le perturbe. Il n’est pas lui-même. Il baisse le feu et laisse sa casserole en suspend, le temps de récupérer deux tasses et deux cuillères qu’il dispose près de la plaque à induction.

Jisu ne revient qu’un moment plus tard, attirant son attention en lui donnant un coup de pied aux fesses. Il lance un regard à son amie, qui est habillée avec les vêtements du jeune homme. Il ne s’attendait pas forcément à ça, pourtant il ne dit rien, même si ça lui fait étrangement plaisir, et même si ses vêtements lui vont trop grand. Il ajoute le sucre vanillé et une pointe de cannelle dans sa mixture.

« Pourquoi » demande-t-elle ? Siwon reste un moment silencieux, touillant son lait pensivement. Ca lui a toujours paru normal, il ne s’est jamais vraiment posé la question. C’était devenu encore plus vrai et palpable depuis qu’il a fait cette promise. Alors lentement, calmement, il finit par répondre :

— Parce que je tiens à toi. Je t’ai toujours considérée comme une amie, et pas seulement comme la petite amie de mon meilleure ami.

C’était aussi simple que ça. Même si en réalité, Siwon tient beaucoup plus à la jeune femme qu’il ne veut bien l’admettre. Aujourd’hui, il y a peut-être plus. Il relève la tête alors que son regard perçant vient se planter dans celui de la jeune femme. Avant de se concentrer à nouveau sur sa préparation et d’éteindre le feu. Il verse ensuite la boisson dans les deux tasses et vient s’accouder au comptoir près de la danseuse et de poser une des deux tasses devant elle, tandis qu’il garde la seconde.
Comme quoi, bien qu'inexpressif, le mafieux répond assez sincèrement à ce genre de questions.

— Et toi ? Pourquoi tu es restée ?

Après tout, leur seul point commun était Kibum. Et c’est véritablement sa mort qui les a soudé tous les deux, notamment grâce à la promesse qu’il lui avait demander de tenir auprès d’elle. Et elle, avait-elle fait une promesse à Kibum avant qu’il ne meure ? Qui plus est, Siwon sait comment il est, même s’il n’a jamais vraiment cherché à changer. Il sait que son caractère en fait fuir plus d’un ; il est trop imprévisible d’un côté, trop inexpressif de l’autre. Cette fâcheuse manie à tout garder à l’intérieur le perdra, un jour ou l’autre. Siwon boit une gorgée de chocolat, abaisse rapidement la tasse, se brulant la langue. Il tente de ne pas recracher le chocolat, mettant sa main devant sa bouche, les sourcils froncés. Il finit par avaler.

— C’est chaud, la prévient-il.

(outfits) ~ Désolé. Tu n’as mal nulle part. Ce sont des mots que j’ai pu percevoir alors que je me perds dans mes pensées. Désolé, puisque je l’ai gentiment repoussé car il m’envahissait mon espace vital. Il a bien pris malgré les brefs regards qu’il a pu me lancer. Je ne sais pas pourquoi on me trouvait si mystérieuse. Je ne suis pas celle qui cache énormément de choses. Si on me pose la question, je dis tout simplement. Je pensais être une personne qui se lit facilement comme un livre grand ouvert, mais me trompais-je? Peut-être l’aura que je dégage, qui sait? Être mystérieuse peut être un défaut ou une qualité? J’ai pu hausser les épaules en guise de réponse. Tu n’as mal nulle part? En fait, si, j’ai quelques courbatures dans le dos, mais rien de si dramatisant. Je lui fis signe que non en serrant l’emprise que j’ai de sa main pour qu’il puisse enlever cette pression qu’il a sur ses épaules si jamais il en a. Je ne veux pas l’inquiéter malgré qu’il le soit déjà. Ça, c’est la partie de l’ascenseur. Ça me rappelle la soirée que j’ai eue avec Luka et qu’il a pressé son doigt sur le bouton d’urgence pour que la montée s’arrête pour qu’on ait davantage de temps ensemble. Justement mon regard se glisse sur le bouton d’urgence avant de baisser la tête aussitôt. Que se passe-t-il donc avec moi tout d’un coup?

L’autre est dans l’entrée. Ce qui m’a perturbé en quelque sorte est le fait que le temps s’est arrêté avant que je puisse changer mon attention de place. Sa main contre mon visage. Son regard ancré dans le mien. Ma main qui glisse sur la sienne pendant un instant. Sauf que si je n’arrête pas ce moment maintenant, ça va devenir bizarre. Pourquoi il semble si différent quand on a ce genre de rapprochement? Devant les autres, il est sévère et dur avec moi et lorsque nous sommes seuls, entre amis, il est doux, prévenant? Comme s’il est le jour et la nuit en même temps. C’est pour cela que j’ai réalisé en enlevant sa main et en défaisant son emprise de sur moi. En partant vers sa chambre, j’ai osé regarder One qui se secoue la tête. J’ai refermé la porte, en me posant toute sorte de questions. Pourquoi? Comment? Où? Qui? La confusion règne dans mon esprit et une bonne douche mérite de m’éclaircir mon esprit, mais bien au contraire… j’ai pleuré, comme une fillette.

Dans la cuisine, je ne me suis pas gênée. Il m’a dit de faire comme si je suis chez moi, non? C’est vrai que dans un sens je suis à mon aise en lui volant ses vêtements. Pourtant, il n’a pas bronché ou quoique ce soit. La seule réaction que j’ai eu; il a regardé ce que je porte, fin. Sauf que je n’ai pas pensé qu’il puisse porter des trucs aussi grands. Quelques fois, j’ai l’impression que son sweat va m’engloutir, déjà que mes mains ne voient plus le jour, pareillement pour mes pieds. Ça fait changement que de porter des trucs moulants, n’est-ce pas? Une question de plus simple, mais qu’on doit mûrement réfléchir. Je me le suis toujours demandée. Pourquoi One interagissait davantage avec moi qu’avec kibum qui faisait le con? C’est une interrogation qui m’est restée depuis bien des années désormais et que je n’osais pas lui demander de peur de l’embêter. Comme aujourd’hui. Sa réponse m’a quelque peu surprise. Je suis seulement une amie alors qu’il est mon meilleur ami, mon confident, mon protecteur. Je suis donc un boulet pour lui? Pourquoi ça m’a déçu le moindrement? De toute façon Jisu, à quoi que tu peux t’attendre au patron d’un club qui a toutes les femmes à ses pieds? Il en a plein d’amies et je suis sûrement celle qui a usé de ses contacts pour être davantage plus proche que les autres. Bon, tant pis. Je suis une simple amie.

Pourquoi suis-je restée? Je penche la tête vers le côté pendant qu’il verse son merveilleux mélange dans les tasses. Je pourrais lui répondre quoi? Strictement la vérité, de toute façon, je n’ai rien à cacher. « Simplement parce que tu es précieux à mes yeux. Tu es mon meilleur ami, mon confident, mon héro, tu es la personne en qui j’ai le plus confiance au monde en ce moment. Non? Je devrais pas?» fis-je en souriant avant de prendre la tasse entre mes mains cachés par le sweat à monsieur à mes côtés. Il y a rien de révélateur à ce sujet, c’est ce que j’ai toujours pensé de mon meilleur ami. Même s’il est manipulateur, envahissant et surtout inexpressif, il reste parmi les plus chers à mes yeux. Une autorité paternelle que je n’ai jamais eu, protecteur comme un frère, un confident comme un ami. Un homme de confiance derrière son mauvais caractère quoi. Sauf que pendant que j’apporte la tasse sur ma lèvre pour que je puisse souffler. J’ai sursauté en regardant One qui s’est brulé l’intérieur de la bouche. Je dépose rapidement ma tasse avant de débarquer du comptoir en sortant une plainte en me tenant le dos – que je tente malgré moi de faire comme si rien ne s’est passé – et d’aller chercher un verre d’eau froide pour au moins diminuer la brûlure du chocolat chaud. Je m’approche du blesser en lui tendant le verre. « Fais attention! Tiens bois ça… Il faut pas que tu te blesses en plus que tu tombes sommeil.» rigolais-je en replaçant une de ses mèches de cheveux avec les autres avant de me diriger vers ma tasse et de souffler pour le refroidir pour ne pas me brûler également.

Visiblement, Jisu n’a rien. Elle serre davantage ses doigts. One s’en trouve rassuré. Au moins, physiquement, elle n’a rien, mentalement, il sait que c’est autre chose. C’est toujours autre chose, et c’est toujours compliqué à gérer. Mais il se sent un peu plus soulagé maintenant qu’il sait qu’elle va plus ou moins bien.

One n’a pas nécessairement beaucoup d’amis autour de lui ; il a des conquêtes, mais on ne peut pas dire qu’il en ait fait des amies, pour certaine, bien au contraire, une fois le jour levé, elle ne pouvait plus se le voir en peinture Donc à part Jisu, il est très seul. Il n’a personne d’autre. Si, il y a peut-être bien Ye Sun, sa voisine, mais elle reste bien loin derrière Jisu dans son coeur. C’est la réponse de la danseuse qui l’étonne davantage. Il était tout ça ? Il aurait aimé rajouter des qualificatifs à Jisu, maintenant il se sentait un peu ridicule d’avoir été aussi bref sur ses sentiments, mais en même temps, c’est typique de sa part, il ne faut pas en attendre beaucoup, c’est déjà bien qu’il dise un peu ce qu’il pense. Jisu sourit.

— Ton héros, répète-t-il, pensif. Si, tu peux.

Etonnement, même inexpressif, il semble se cacher derrière sa main ; entendre ça de la bouche de Jisu le rend timide, visiblement. Mais ça lui fait plaisir, au moins. Même s’il sait qu’il ne mérite pas d’être son héros ; après tout, il fait partie de la mafia, il ne fait donc pas partie des gens les plus fréquentable, et c’est sûrement pour ça que Jisu est autant ciblée, autant en danger. Au fond, il ne devrait peut-être plus la fréquenter, parce qu’elle ne fait pas partie de ce milieu, qu’elle n’a aucune idée des risques que cela implique. Mais égoïstement, One ne peut s’y résoudre. Il est égoïste. C’est à ce moment-là qu’il choisit de se brûler avec son chocolat. 

Son amie ne tarde pas à faire le tour du comptoir, tandis qu’il se cramponne à ce dernier. Il se saisit du verre qu’elle lui tend et en boit une gorgée pour faire descendre celle qui est brûlante. C’est ça quand on boit avec beaucoup trop de conviction. Elle rigole, il lui coule un regard l’air de dire « aie un peu pitié de moi », bien qu’il soit loin d’être malheureux.

— Merci, lâche-t-il au bout d’un moment.

Jisu passe sa main dans ses cheveux pour replacer une mèche de cheveux du jeune homme. Le regard de ce dernier se perd à nouveau dans celui de son amie. La mèche refuse de rester en place et tombe à nouveau à la place à laquelle elle se trouvait de base. Il porte à nouveau la tasse à ses lèvres pour en boire une gorgée, en faisant cette fois attention à ne pas se brûler, imitant son amie. Il déclare alors :

— Je vais aller prendre une douche aussi. Si tu veux dormir ne m’attends pas pour te coucher.

Siwon part devant avec sa tasse, qu’il continuera à boire au fur et à mesure de ses objectifs. C’est une douche qui se veut relativement rapide, mais qui va l’aider à s’endormir. Ce soir, il a décidé qu’il allait se reposer, comme il faut, bien que la nuit en question soit déjà bien avancée. La douche est brulante ; c’est toujours ainsi qu’il se douche. Il sort de la cabine de douche et entreprend de se sécher. Une fois sec, il attrape un caleçon propre dans le meuble de la salle de bain et l’enfile. La serviette sur les épaules, simplement vêtu d’un caleçon, les cheveux dégoulinant, il sort de la pièce et se dirige vers sa chambre pour enfiler un pyjama : sans grande surprise, il enfile un tee-shirt à manches longues noires et un pantalon de la même couleur, tandis qu’il reste pied nus. Le mafieux fait partie de ses gens qui ne peuvent pas porter de chaussons ; il n’arrive pas à s’y résoudre et il trouve ça beaucoup trop contraignant pour pas grand-chose. Le chocolat ayant refroidi, il l’engloutit assez rapidement. Avant d’avoir la flemme et d’être couché, il décide de déposer la tasse dans l’évier de la cuisine puis dans retourner dans sa chambre pour se coucher. Durant le trajet, le jeune homme se sèche énergiquement les cheveux en frottant la serviette sur son crâne. Il se retrouve avec une coupe assez peu conventionnelle, les cheveux partant plus ou moins dans tous les sens, mais peu lui importe ; de toute façon il va dormir. Il étend la serviette sur un fauteuil de la chambre, puis se glisse sous les couvertures.

(outfits) ~ Mon meilleur ami. Cet homme a toujours été là pour moi autant pour me faire rire ou m’occuper de moi. Lui, si inexpressif, si froid aux yeux de tout le monde s’adoucit tranquillement quand il est avec moi. Une bête féroce en public, mais un chaton inoffensif. Un félin qui ne demande que de l’attention se frôlant ainsi sur la seule personne qui puisse avoir confiance. Mon confident, il a toujours été à l’écoute de ce que je lui dis. Il a toujours été celui qui me console, qui me ramasse à la petite cuillère dès que je ne me sens pas bien. Celui qui me protège pour ne pas que personne me blesse. Mon héros puisqu’il me sauve à chaque fois, chaque situation, chaque instant dès qu’il le peut. Un mec précieux. D’ailleurs, je le trouve dommage que personne ne rentre dans sa vie. Je voudrais tellement qu’il ait quelqu’un à ses côtés pour ne pas devenir un vieux garçon et toujours m’occuper de moi. En regardant apporter la tasse vers ses lèvres, je lui souris. Me disant comment un type comme lui peut être aussi lugubre et gentil à la fois. Comment il peut être célibataire alors qu’il est un amour quand on prend le temps de le connaitre. Pourquoi il n’a pas de femmes qui lui courent après pour son grand cœur? Suis-je la seule à voir sa gentillesse? Que de mystère qui enveloppe autour d’One.

J’ai perçu une main qui cache son visage ce qui fait étirer mes lippes au maximum. Il a rougit? Je tente de regarder davantage sa bouille pour en déterminé, mais il ne me la montre pas. Une facette que je n’ai pas vue de sa part. Il n’apprécie pas les flatteries? Est-ce une situation que je pourrais prendre avantage lors de nos débats et disputes? Ainsi il se brûle et moi, je lui remets un verre d’eau. Replaçant ainsi sa mèche rebelle qui me nargue pour se replacer pendant que mon regard se glisse dans le sien. Quelque chose de bizarre se passe pour que le temps tente de s’arrêter. Heureusement que j’ai repris le dessus pour reprendre ma tasse et goûter à cette mixture. Chaud, sucré, vanillé. Je ferme les yeux à cette douceur qu’on puisse m’offrir quand l’occasion se présente. Ce mélange qui glisse sur mes papilles gustatives, descend dans mon œsophage est un pur délice. « putain que c’est délicieux…»ai-je soufflé sur le bout de mes lèvres. Chaque gorgée n’est qu’extase dans ma bouche et il le sait très bien d’où le pourquoi c’est l’une de mes boissons favorites.

Mon regard suit One quand il a mentionné de prendre sa douche. J’ai haussé les sourcils avant de marcher pour aller regarder la vue qu’on puisse avoir derrière ses énormes panneaux qui cachent les fenêtres. Une magnifique vue. Splendide. Un luxe que je n’aurais jamais. Les lumières de la ville qui brille ainsi pour combattre l’obscurité est à couper le souffler autant que les étoiles dans le ciel. Kibum, est-ce que tu me regardes? Je dépose mes lèvres vers la tasse. Je suis si pathétique, ton meilleur ami m’a sauvé une fois de plus. J’imagine que tu es en train de te marrer comme à chaque fois. Je pense à ça comme si mon amoureux pourrait me répondre dans le ciel. J’entends encore la douche coulée en arrière-plan, pendant que mes pensées divagues, se promènent pendant que la boisson diminue de plus en plus dans mon verre jusqu’à temps qu’il ne reste plus rien ce qui m’a surprise. Déjà? J’ai déposé ma tasse près du levier avant de me diriger vers la chambre de mon ami. Sauf que je n’ai pas pensé qu’il puisse sortir peu dévêtis de la douche et c’est à cet instant que je l’ai surpris. Je n’ai pas pensé et le fait que j’ai ouvert la porte, le voyant enfilé ses pantalons et en préparant de mettre son t-shirt m’a figé. La bouche grande ouverte. Les yeux rivés sur…. Ce qui se présente à moi. Le dos nu détaillé de mon ami ainsi que la disparition du fessier..? J’ai senti mon visage s’empourpré ainsi je me cache le visage et les yeux. Mais, mais Jisu?! Pourquoi tu l’as contemplé avant de te cacher? « Pardon! J-j’ai rien vu!» fis-je en rentrant tant bien que mal dans la pièce pour finalement tomber contre le lit. Quelle belle scène que je dois lui faire, bravo!

Je crois que je l’ai carrément ignoré au point qu’il quitte la pièce. Je me glisse sous les draps en me maudissant d’avoir pu reluqué mon meilleur ami. Comme quoi que je suis énormément en manque de charnel. Après trois ans d’abstinence et de retrouver le goût du jour au lendemain, c’est normal que j’ai des faiblesses, mais de là. Je me répugne sur ce point-là. Je respire un bon coup pour calmer mes hormones avant de prendre place confortablement. Sauf qu’encore une fois, je n’ai pas pensé qu’il fallait que je dorme avec cet homme qui s’est pointé le bout de son nez avec ses cheveux encore trempe. Je sens que je vais très mal dormir cette nuit alors que je suis dos à lui pour éviter tout contact avec lui. « One, tu devrais pas dormir avec les cheveux comme ça, prête moi ta serviette je vais les sécher.» finalement demandai-je en lui tapotant le bras pour qu’il suit mes directives. Ce que je trouve con entre nous, même si on a une amitié qui date depuis des années, on s’est toujours materné entre nous.