(#cf3c36) Ils se sont bien endormis l’un contre l’autre cette nuit-là. Il semblerait qu’ils ne se soient pas levés, le lendemain matin non plus, un matin de semaine d’autant plus. Il semblerait que le pull de Siwon ait volé dans la nuit, avec quasiment la moitié de son tee-shirt en vrac ; un bras était sorti de sa manche laissant apercevoir un sacré bout de peau, sans prendre en compte la couverture qui le cachait relativement bien. Il s’est réveillé et il a secoué Jisu après avoir renfilé la manche fuyarde. La tête et les sourcils froncés par le sommeil, il l’a regardé se réveiller avant de la saluer et de reprendre la conversation de la veille. La lumière filtre entre les panneaux, créant une lumière tamisée, plutôt jaune et agréable. Il doit faire beau.

— Siwon.

Un prénom mixte. En hanja, ça s’écrit avec le caractère qui signifie donner et celui qui signifie espoir, souhait. Un si beau nom pour un enfant aussi malaimé par sa mère. A quel moment avait-elle eu le temps de réfléchir si longtemps aux hanja de son prénom ?

Siwon passe sa main dans ses cheveux, les arrangeant un peu au passage. Le mafieux a si bien dormi ; c’est la première fois qu’il dort autant de temps sans se lever la nuit. A part se battre un peu avec ses vêtements durant la nuit et pour récupérer son amie entre ses bras, une super peluche vivante au passage, Siwon n’a pas beaucoup bougé. Il se redresse alors ensuite, se décollant finalement de son amie. Assis sur le rebord du lit, il prend son téléphone, se fige quelques secondes avant de dire :

— Il est 10h30. Je suis en retard sur ma journée.

S’empressant tout à coup, il ignore Jisu qui est toujours là et enlève son teeshirt avant de se tourner vers son amie avant qu’elle ne puisse s’offusquer :

— Ferme les yeux.

Une fois que ses yeux sont fermés, One saute dans ses vêtements. Des vêtements noirs comme d’habitude. C’est pas comme si le mafieux portaient autre chose. C’est tout aussi rapidement qu’il s’asseoit sur le rebord du lit, du côté de Jisu cette fois et pose sa main sur son poignet.

— Je pars devant, désolé. Il y a le double des clés dans l’entrée tu peux les prendre pour fermer, tu pourras me les rendre plus tard.

Il marque une pause avant d’ajouter :

— Et promis, la prochaine fois qu’on se voit tu pourras me poser toutes les questions que tu veux. Mais on ne parle pas du travail, c’est ma seule condition.

C’est ainsi qu’il a abandonné Jisu dans son appartement. « Chez moi c’est chez toi aussi » avait-il l’air de dire. Il l’a laissé comme il aurait laisser une conquête au petit moment, à la différence, c’est que Jisu a l’honneur d’être chez lui, et qu’elle n’est pas une conquête.

S’ouvrir comme ça, ce n’est pas habituel pour Siwon, mais depuis le temps qu’ils partagent leur vie, il y a des choses que Jisu a le droit de savoir. Mais il ne peut descemment pas lui dire qu’il travaille dans la mafia comme s’il n’était que le poissonnier du coup. Le prendrait-elle seulement au sérieux ?

Siwon se penche en avant pour déposer rapidement l’arrête de son nez sur le front de son amie, signe d’affection un peu pudique, puis il quitte la chambre pour se laver les dents avant de partir en emportant son téléphone, son portefeuille et ses clés seulement.

(outfits) ~ Pendant que j’ai fait le massage crânien d’One, je tombe peu à peu dans les bras de Morphée. J’ai pensé qu’en compagnie de quelqu’un qui puisse dormir avec moi, je pourrais bien dormir une fois de plus. Et bien non. Encore et toujours le même rêve me hante de nouveau. Pourquoi ça n’a pas fonctionné avec mon ami? Je me vois encore courir dans le corridor de l’hôpital. J’halète. J’ai chaud. J’ai trop couru. Je suis paniquée. J’ai reçu un appel comme quoi que ces heures étaient comptées. La maladie allait l’achever. J’ai entré dans la chambre pour le voir allonger quasiment sans vie. Je m’assois sur le bord de son lit en prenant la main glacée du mourant. Mes larmes montent dans mes yeux en voyant aussi maigri et affaibli par la maladie. Kibum qui s’éteint à une vitesse fulgurante sous mes yeux alors que notre ami One arrive en courant également. Les yeux de mon chéri s’entre ouvre de peine et de misère ainsi que ses lippes qui s’étirent pour me sourire. Je fis de même voyant que la scène m’attriste à ce point. J’ai déposé ma main sur sa joue, me demandant de l’embrasser une dernière fois. Un baiser qui représente tout l’amour que j’ai envers lui. C’est ce que j’ai fait. En me penchant vers lui, je dépose mes lèvres pour toucher les siennes. De l’eau salée roule sur mes joues pour tomber sur les siennes. Il vient tout juste de me donner son dernier souffle. Sur le coup, je ne me suis pas rendue compte… C’est quand qu’on m’a pris dans les bras que j’ai toute suite su que quelque chose n’allait pas. Que c’est la fin. Que j’ai éclaté. Que je me réveille à chaque fois.

Je me suis levée en sursaut quand One m’a secoué. J’ai cligné des yeux avant de cacher mon visage de la lumière, qui entre dans la pièce, avec les couvertures. J’étais bien au chaud avec mon ami collé contre moi, même si j’ai encore fait un mauvais rêve. Siwon? Je me suis tournée vers lui en fronçant les sourcils. Pourquoi il dit ça? Ah oui, la conversation d’hier qu’on a eu et il me répond que maintenant? Écoute, les vents que je reçois c’est rendu mon quotidien. En y pensant, ça semble logique, mais il y a tellement de possibilité avec son surnom que je n’osais pas faire le lien. Je me remets à première position pour me recoucher, mais ce prénommé Siwon se lève. Je ferme les yeux pour me rendormir, mais quand il a dit l’heure. Je me suis redressée rapidement. Putain, 10h30, j’ouvre bientôt mon atelier. J’ai voulu me lever hors du lit, mais monsieur a décidé de se déshabiller m’exigeant de fermer les yeux. C’est ce que je fais sans broncher. J’ai été surprise quand j’ai aperçu mon meilleur ami s’assoir près de moi en prenant mon poignet. J’hoche la tête en assimilant ses directives jusqu’à temps que mon visage démontre l’étonnement face à ses mots. Je vais pouvoir lui poser les questions que je veux? De quoi qu’il parle avec le travail? Il n’est pas seulement le patron du club de danseuse?

Ce qui est plus surprenant, c’est la marque d’affection qu’il a pu me démontrer. Je suis carrément figée face à cette tendresse soudaine venant de sa part. Dès qu’il soit parti, j’ai pris mes affaires et je suis partie chez moi pour me changer en ayant pas oublié de fermer son logement avec les doubles de clés que je dois lui remettre. Manger et changer de vêtements. Une routine qui reprend son cours. Tentant d’avoir des nouvelles de Luka tant bien que mal. Tentant également aussi de remercier One pour son chocolat chaud et qu’il m’ait sauvé la vie.

***

Ainsi vient le jour fatidique. J’ai demandé à Siwon s’il a un jour en particulier que je pourrai le voir et le remercier comme il se doit. Un dimanche, m’a-t-il dit. Et ce sont les dimanches que quelques-unes des danseuses ne cessent de me harceler pour avoir congé. Je crois que j’ai reporté une fois vu que j’étais mal pris côté financier. Arriver au prochain, c’est CE dimanche que je vais lui remettre la gratitude que je lui dois. Durant la journée, j’ai fait toutes mes tâches ménagères ainsi que les commissions pour faire les plats que mon ami apprécie le plus. Je ne suis pas la plus douée, mais je fais de mon mieux malgré tout. J’ai même eu le temps de prendre une bonne douche pour enlever l’odeur de nourriture qui me colle à la peau et de me préparer, qu’on toque à la porte. Déjà 20h? Les heures ont passé à un clin d’œil! Je me dirige vers la porte et en ouvrant je lui souris quoique un peu étonnée qu’il ait apporté du vin au lieu du soju. Je ne dis pas non, au contraire, je préfère boire de cet alcool. «Siwon, pile à l’heure!» fis-je en prenant doucement la bouteille pour le laisser entrer. Je sortie les coupes pour les déposer sur la table. «Comment tu as su que j’aime le vin?» en lui demandant en cherchant mon ouvre bouteille. Mais où est-il?!

Finalement, je l’ai trouvé. J’essaie d’ouvrir la bouteille, mais j’ai pouffé de rire. Je n’ai pas l’habitude de faire cela et un peu honteuse je lui tends notre alcool pour qu’il puisse réussir où que j’ai échoué. «J’espère que tu as une faim de loup, j’ai trop fait de bouffe… Peux-tu l’ouvrir, s’il te plaît?» Une fois de plus, Jisu est dépendante d’One. Qu’est-ce que j’aurais pu faire sans lui qui est toujours là à surveiller mes arrières? Bien, rien justement! Je serai perdue.

(#cf3c36) Siwon a passé l’après-midi à dormir, après une nuit agitée à ne pas trouver le sommeil, à tourner dans tous les sens dans son lit sans jamais s’endormir. Il a essayé pleins de choses qui aurait pu l’aider, mais rien n’avait fonctionné ; il réfléchit sans doute peut-être trop, tout le temps. Au final, c’est le sommeil qui est venu le saisir en fin de matinée. Il s’était réveillé deux heures plus tard, affamé, il s’était donc cuisiné un petit quelque chose avant de presque se rendormir devant son assiette. En fin d’après-midi donc, il avait entrepris de se doucher avant d’aller chez son amie, et avait, comme à son habitude, enfilé des vêtements noirs.

Elle lui ouvre la porte, tandis qu’il relève la tête pour la regarder. Jisu lui adresse un large sourire, quelque chose que One a bien du mal à reproduire. Son regard semble un peu plus doux qu’au Pearls en tout cas. Un peu plus doux que la dernière soirée qu’ils ont passé ensemble. Mais il reste qu’il a toujours autant de mal à exprimer ses émotions, facialement parlant. Pourtant, il est content de passer la soirée avec son amie, ça, c’est quelque chose qu’il sait, c’est quelque chose dont il n’a aucun doute. Il sait d’avance qu’il va bien manger. Et ça, son estomac apprécie toujours les petits plats de la danseuse. La bouffe c’est la vie ; peu importe la vie, le caractère des uns et des autres, à peu près tout le monde entier est d’accord pour dire que manger, c’est ce qu’il y a de mieux au monde. Siwon, étonnement peut-être, n’y fais pas exception.

Siwon. C’est la première fois qu’il entend son prénom depuis bien longtemps. Si bien qu’il reste figé dans l’entrée quasiment une bonne minute, laissant partir son amie devant. Cette dernière lui prend la bouteille des mains sans qu’il n’y prête attention, et quand il baisse la tête pour regarder ses mains, elles sont bel et bien vides. Il reste trop longtemps immobile pour que son amie ne le remarque pas, il lui semble. Il n’a plus l’habitude de l’entendre, son prénom, et pourtant, de la bouche de son amie, il semblerait que rien d’autre ne lui fasse plus plaisir ; enfin si, peut-être la nourriture qu’elle lui a préparé, c’est peut-être ça le niveau de bonheur supplémentaire qu’il peut atteindre. Ceci dit, il se rappelle tout à coup la chaleur de son corps contre le sien, et malgré le fait qu’ils n’aient rien fait de répréhensible, One se surprend à penser qu’il voudrait retrouver cette chaleur. Une chaleur réconfortante, dans laquelle il se sent incroyablement bien. Ce n’est pas comme ça avec les autres. Qu’est-ce que c’est ? Il ne revient qu’à lui seulement quand elle lui pose une question, à laquelle il hausse les épaules. Peut-être qu’il ne le savait pas finalement. Ou peut-être qu’il savait, qui sait ?

Jisu semble chercher longuement quelque chose, un ouvre-bouteille probablement. Durant ce temps, Siwon se débarrasse de son manteau qu’il dépose sur le porte-manteaux, à l’entrée et se débarrasse aussi de ses chaussures. Même ses chaussettes sont noires, c’est si désespérant. Il finit par rejoindre son amie dans la cuisine, où la table et déjà dressée : que pourrait-il faire pour l’aider ? Il est comme un roi. Au fond, ça le gêne un petit peu, tout de même. Elle tente d’ouvrir la bouteille sans y parvenir. Il la regarde faire, s’amusant intérieurement de la voir faire, avant qu’elle se tourne vers lui, faisant face à son air très sérieux.

— Oui, j’ai faim, affirme-t-il simplement.

A ceci, il se saisit de la bouteille du tire-bouchon. Siwon semble lui-même un peu perplexe, lui et son habitude de casser toute sorte de chose sans le faire exprès et pourtant, il allait bien falloir ouvrir cette fichue bouteille. Bouteille qu’ils allaient sûrement démonter dans la soirée, mais ça, ça ne fait pas vraiment peur au jeune homme. Après quelques manipulations ponctuées de précaution, un « plop » significatif se fait entendre, signe que le vin est maintenant ouverte. Après quoi, il remplit généreusement les deux verres à pied posés devant lui, dans un mouvement digne d’un expert – il n’est pas le patron de toutes une ribambelle de club pour rien.

(outfits) ~ Une armée, j’ai fait des plats pour une armée. Comment j’ai pu acheter énormément et prendre le peu de temps qu’il me reste pour pouvoir faire la cuisine? Comment j’ai pu faire ça pour un ami de longue date seulement? J’ignore les réponses puisque c’est automatique. J’ai toujours fait cela quand il s’agit de recevoir des personnes chez moi. J’adore recevoir cependant je ne prenais pas le temps, justement je n’ai tout simplement pas le temps. Être chez moi, entourée des gens que j’apprécie. Être l’hôte et de m’occuper aux petits oignons mes invités, c’est ce que j’ai appris à aimer quand Kibum ne cessait pas d’invité ses amis ou d’autres personnes. Je m’occupais de la bouffe, je dessinais et lui il se la coulait douce. Parfois, je me suis demandée si je n’avais pas vécu tout cela avec lui, où je serai rendue actuellement? Est-ce que mon avenir aurait été différent si j’avais choisi quelqu’un d’autre que mon amoureux? Est-ce que mon destin aurait changé si j’avais aimé quelqu’un d’autre qui aurait su m’occuper de moi avec respect et dignement? Est-ce que j’aurais connu ceux qui me sont chers aujourd’hui si j’avais eu des parents au lieu d’être orpheline? Des pensées, des questions bien tristes que je me pose quotidiennement. J’aurais tellement voulu faire quelque chose de ma vie que de payer… Mais personne le sait tout ça, je le garde pour moi. Regrettant amèrement de plus en plus les choix que j’ai faits dans ma vie malgré que j’ai encore le temps de changer. Est-ce que je le ferai? Telle est la question. Je n’ai pas assez de courage, de temps libre, de volonté et de savoir-faire pour retourner aux études et de recommencer à zéro. Étrangement, l’idée de ne plus revoir mon meilleur ami m’attriste énormément. Il est tout pour moi. Mon héros quoi.

Même si je suis partie à la conquête de l’ouvre-bouteille, je n’ai pas remarqué que Siwon est resté figer, à l’entrée, lorsque je lui ai interpelé par son prénom. Je n’ai certes pas remarqué, mais dieu sait que je me moquerai de lui. De le voir aussi vulnérable, si confus est tout récent, sauf que ça ne m’empêche pas de l’apprécier comme il l’est malgré qu’il me fait peur. Qu’il est intimidant. Contrôlant, ferme, manipulateur. Il a ses bons côtés qu’on entrevoit légèrement, mais je crois plus qu’il ne sait pas comment les montrer. Qu’il ne sait pas comment s’exprimer correctement autre négativement. Il va falloir que je remédie à cela puisque d’aussi loin que je me rappelle; je ne l’ai jamais vu sourire. Ainsi, je lui donne la tâche d’ouvrir la bouteille pour moi pendant que je continue de mettre la table. Je jette des petits coups d’œil de peur que la colère de ce dernier puis subvenir à tout moment lorsqu’il casse des trucs. Honnêtement, j’ai l’impression de vivre la fin du monde quand quelque chose se brise dans ses mains, je crois pertinemment qu’il est furax et je m’attends d’être engueulée comme il se doit. Le frisson qui me parcoure le corps à cette pensée. Sauf que le son du bouchon m’a surpris grandement au point de lâcher un cri de surprise. Bonne nouvelle, il n’a rien cassé. L’autre étant que je vais pouvoir goûter. Le liquide a fini de se verser dans les coupes, j’ai pris ces dernières pour lui en tendre une à mon ami. « J’ai rien fait d’épicer puisque je sais tu n’aimes pas.» fis-je en goutant au vin blanc avant de m’assoir. «Pile, dans mes saveurs que j’aime! Tu m’espionnes?» rigolai-je avant de lui faire signe de s'assoir.

Pendant qu’il s’assoit, j’ai glissé ma main dans ses cheveux. Sa chevelure ébène se glisse entre mes doigts pour qu’il puisse me regarder. Ainsi son attention acquise, je dépose mon front contre le sien. Un geste d’affection, doux, qui puisse faire énormément de malentendu, mais pourtant il ne l’est pas. Seulement de la reconnaissance que j’ai envers cet homme. « Je ne sais pas comment te remercier, mais merci Siwon. Merci pour tout.» soufflai-je avant de reculer pour m’installer correctement pour manger pendant que c’est encore chaud. J’ai la dalle! Si des personnes nous verraient, ils se poseront sans doute des questions à notre sujet. C’est bien souvent en haussant les épaules que je réponds à leur interrogatives surtout quand les danseuses osaient de me les poser. Je n’ai jamais sorti avec Siwon, mais est-ce que je le ferai? Il est beau, mais je n’ai jamais pensé à cette éventualité. Est-ce que j’ai déjà couché avec lui? Non, tout simplement que non. On est ami depuis environ dix ans donc cette idée ne m’a pas traversé l’esprit puisque je sortais avec son meilleur ami. Pourquoi nous agissons comme un vieux couple? On n’agit pas comme un vieux couple. On agit normalement. On se protège, on s’occupe mutuellement de nous. Il n’y a jamais eu de liaison ou de relation plus que l’amitié entre nous. À moins que je sois carrément aveugle. J’ai rigolé à cette pensée. Je me suis surprise que mon ami à mes côtés m’a entendu ce qui m’a fait légèrement rougi. Quelle stupidité. Elles sont idiotes pour penser qu’on puisse avoir quelque chose entre nous. Il est comme mon frère et je suis comme sa sœur.

J’ai pris mes ustensiles dans ma main. J’ai pris un morceau de ce plat-ci pour ensuite le tendre vers mon ami avec un sourire moqueur. Le temps est venu à son interrogatoire malgré que j’aurais voulu lui poser des questions concernant de ce qu’il fait réellement comme métier autre que Patron du club de danseuse. « Première question : Tu faisais quoi quand nous étions adolescent? Tu étais le dernier à partir lorsque c’était le temps de partir et… J’ai toujours eu l’impression que tu portais les mêmes vêtements, non?» commençais-je à la question quand je lui ai offert la première bouchée de mes petits plats. «Et gêne toi pas pour des questions, si tu en as toi aussi.» Je ne veux pas que ce questionnaire soit simplement d’un sens. Il a le droit de savoir quelques trucs malgré qu’il sache majoritairement ma vie.

(#cf3c36) Concentré, il ne remarque pas la jeune femme qui l’observe, inquiète de savoir s’il va faire un chef-d’oeuvre ou non. Elle crie de surprise ; Siwon retient un sursaut de surprise avant de la regarder avec des grands yeux et de dire :

— Ne crie pas.

Celle-ci se saisit des coupes tandis qu’il la regarde faire, jusqu’à qu’elle lui tende un des verres, dont il se saisit. Il tape alors délicatement son verre délicatement contre celui de son amie. Rien d’épicé. Siwon est enchanté. Quand au vin, il répond :

— Je sais pas, il avait l’air… bon.

Siwon est perturbé par la main de Jisu qui glisse dans ses cheveux. Il oublie de respirer pendant une ou deux secondes tellement son coeur se met à battre fort dans sa poitrine, si fort que c’en est presque douloureux. Il ne peut que la regarder alors qu’elle pose son front contre le sien, avant de clore ses paupières, tant son coeur bat trop fort tout à coup. Siwon déglutit. Il ne comprend pas. Qu’est-ce que c’est ? Est-ce qu’il est malade ? Puis Jisu prend finalement la parole, l’encourageant à rouvrir ses yeux. Merci Siwon. Merci pour tout. Il voudrait rétorquer quelque chose, cependant sa voix reste bloquée. Jisu rompt le contact avant qu’il ne puisse dire quoi que ce soit. Ses yeux papillonnent un peu, alors qu’il reprend ses esprits. Et puis elle rit. Est-ce qu’il a fait une tête bizarre ? Le jeune homme fronce un peu les sourcils, se renfrogne.

Jisu s’empare de ses couverts et le jeune homme ne tarde pas à l’imiter, jusqu’à qu’elle lui pose sa première question, tout en lui proposant un morceau du premier plat.

One reste un moment silencieux à la question de Jisu. Au vu de sa situation financière actuelle, ça semblait assez difficile de croire ce qu’il s’apprêtait à dire. Pourtant, ce n’est pas comme s’il y avait mille façons de le dire, comme s’il y avait une façon plus douce qu’une autre de le dire. Non, il n’y a que la réalité cruelle qui reste à la fin, peu importe comment il le dit. Il aurait voulu lui dire qu’il tenait à elle tout à l’heure, et qu’elle était tout ce qu’il avait, n’ayant pas de famille.

— J’étais à la rue.

Il marque une pause pour enfourner la fourchette que lui tend son amie. Les saveurs ne tardent pas à exploser dans sa bouche. C’est bon, comme d’habitude, mais c’est brûlant. Encore une fois, Siwon manque de se brûler la langue, et il est là, à boire une grande lampée de vin pour faire glisser sa bouchée beaucoup trop chaude. Une fois que celle-ci est avalée, il reprend, laissant peu de temps, finalement, à Jisu pour rebondir sur ce qu’il a dit :

— Ma mère m’a foutu à la porte quand j’ai eu passé la majorité. C’était une prostituée et elle était droguée. Et quand je te dis drogue, je te parle pas de cannabis mais d’héroïne, de cocaïne, des trucs qui te bousillent vraiment sur le long terme. Je crois que j’étais un fardeau pour elle, du coup elle s’est débarrassée de moi.

Siwon dit tout cela avec une certaine décontraction ; ce n’est pas ça qui lui a fait le plus de mal dans sa vie, loin de là. Et finalement, il connait déjà plus ou moins une des questions que Jisu aurait pu lui poser. « Pourquoi tu ne nous as pas demandé de l’aide, à Kibum et moi, à l’époque ? ».

— Kibum a jamais voulu te le dire, même si j’étais pas d’accord, j’ai pas réussi à te dire la vérité. Mais il est tombé malade au même moment. Je me voyais pas vous demander de l’aider, m’héberger et me voir dépendant de vous en sachant ce que ça allait impliquer pour vous financièrement parlant. On s’est disputé pleins de fois à propos de ça, avec Kibum. Je pouvais pas.

Le silence se prolonge. Avait-il eu raison ? Avait-il eu tort ? De toute façon, c’est trop tard. On ne peut pas changer le passé et au final, c’est peut-être lui qui s’en sort le mieux des trois, si on peut dire. Il a quand même sacrifié sa sécurité, sa liberté plus ou moins, pour Na Bi, pour avoir tout cet argent. Comment réagira Jisu quand elle découvrira le pot aux roses ? Elle le détestera sûrement, et ça, il ne sait pas s’il peut le supporter. Non, il ne pourra pas. Après tout, Jisu est vraiment la dernière personne qu’il lui reste, et quand il pense à ce Luka, ça le met hors de lui. Pourtant, ils n’en ont jamais reparlé depuis la dernière fois. Pourtant, il sait qu’il est dans le paysage. Il ne sait pas quand il réapparaîtra dans la bouche de Jisu. Il ne veut pas l’entendre à vrai dire. Alors que la seule chose qu’il devrait souhaiter pour Jisu, c’est son bonheur. Mais s’ils venaient à sortir ensemble, tous les deux, alors la promesse qu’il a faite à Kibum n’aurait plus aucun sens. Il a l’impression de ressentir du regret, et ça l’étonne lui même. Qu’est-ce que c’est ?

— Tu étais où avant d’arriver à Jeju ? Pourquoi t’es venue ici d’ailleurs ? demande-t-il.

Il se sert dans le plat et en enfourne une seconde bouchée avant de dire :

— C’est trop bon.  

(outfits) ~ J’aime tout ce qui est fruité et doux. J’aime ce qui est sucré et froid. Tout comme j’aime ce qui est vanillé et chocolaté chaud. Le vin qu’il m’a offert, c’est un judicieux choix. Il aurait pu tout de même apporter de la bière ou du soju ça ne m’aurait pas déranger non plus. J’étais habituée avec Kibum, alors pourquoi les habitudes changeraient si Siwon est avec moi? C’est sûr qu’on s’est approché avec le temps vu qu’il nous reste que nous deux et nous sommes tous les deux bien seuls. Ma famille est One et Hanna et lui n’est seulement que moi pour le moment. On aurait pu tout simplement continuer de vivre comme si mon chéri avait seulement disparu, mais non. Mon ami, lui, a fait son deuil bien plus rapidement que moi. Il l’a accepté même si j’ai encore du mal à le croire. Certes, j’ai encore des rechutes, mais je ne veux pas embêter personne avec ces histoires. Je ne veux pas saouler quelqu’un avec tout ça. Je ne veux pas dépendre autant de mes proches alors que je le fais déjà avec un en particulier. One, en fait, Siwon… Si tu savais à quel point que tu es important pour moi, je ne veux pas être un poids pour tes épaules même si tu me dis le contraire. Pourquoi il s’adoucit? Pourquoi je vois davantage ses bons côtés? Pourquoi je lui ai passé la main dans ses cheveux pour lui rendre la tendresse qui m’a pu faire la dernière fois que j’ai été chez lui? Pourquoi je suis autant tactile avec lui? La confusion se propage en moi, même si je me dis que c’est seulement passager. Me disant que le désir du charnel devient de plus en plus alarmant, mais il faut que je me retienne. Après tout, qui voudrait une femme aussi ennuyeuse que moi?

Il vivait donc à la rue? Je n’ai pas eu le temps de lui avertir que ça pourrait chaud qu’il a pris la bouché avec le vin. Je grimace de mon erreur, j’aurais pu faire attention. En prenant une nouvelle fois un autre plat, j’ai voulu lui poser la question du pourquoi il n’ait pas venu vivre avec Kibum et moi au lieu de vivre comme un sans-abri. On aurait pu vivre à trois, ça ne m’aurait pas déranger. En fait, sa compagnie aurait été bien plus appréciée puisque j’étais bien plus souvent seule qu’avec mon chéri. Une relation voilée que j’ai pu me dire après mûre réflexion. Si mon amoureux ne m’aurait pas fiancé ni même tombé malade je crois que je l’aurais quitté pour finalement m’abandonner à un autre. Sauf qu’on m’a pris en dépourvu et je n’aime pas souffrir autrui volontairement. Sauf qu’il s’est mis à s’expliqué davantage. J’avalais ses explications comme mes bouchées que j’ai prises de temps en temps en le regardant. Fascinée et surtout heureuse de connaître davantage en répondant aux questions qui m’ont hanté depuis de nombreuses années. Je fronce les sourcils quand il est arrivé à la partie où qu’il s’est querellé avec mon amoureux. On n’a jamais discuté de ce genre de truc. En fait, j’y pense; il me tenait éloigner de One, mais pour quelle raison? Je goutte différent plat qui se retrouve sur la table en songeant que cette histoire est bien plus profonde que je le croyais et il est parti en apportant tous ses secrets à la tombe. Saleté.

Puis, Siwon me pose la question. Je l’intrigue enfin. J’ai souris en prenant ma coupe pour le glisser sur mes lèvres en réfléchissant. Avant Jeju, j’étais où? Et pourquoi venir à Jeju? Je me disais que notre ami en commun était bien cachotier pour ne rien dire un sur l’autre. Je secoue la tête négativement en dégustant de nouveau l’alcool pour finir le verre rapidement. Un sujet délicat? Non, seulement légèrement embêter par le fait que j’apprends davantage des pas mures au sujet de mon fiancé, même après sa mort. Je n’aime pas. «À l’orphelinat de Daejeong jusqu’à mon début d’adolescence avant de me faire adopter à Jeju. Bon, mes parents étaient davantage absents avant de disparaître, donc j’ai vécu chez Kibum. Il ne t’a rien dit à mon sujet? C’est surprenant.» répondais-je avant de soupirer à la toute fin. Mon chéri devenait légèrement agaçant. « Ça me fait plaisir que tu aimes, mange autant que tu veux.» J’ai finalement renié mon agacement pour lui sourire, satisfaite que mes repas lui plaisent.

Je me suis versée un verre en remplissant un peu le sien avant de continuer à manger. Quelle question que je pourrais lui demander? J’en ai tellement que je ne sais pas où me donner de la tête. Réfléchis, jisu, je continue avec quoi? « C’est dommage que je ne peux pas demander ce que tu fais réellement… à part The Pearls, tu es tellement occupé. Je pourrais quasiment dire que tu travailles pour la mafia!» avouais-je en rigolant. Je dis ça pour rigoler, mais c’est une pensée que je me suis dite et une rumeur qui circule parmi les danseuses. Sauf que ça serait tellement invraisemblable. Irréaliste. De toute façon, ça n’existe pas n’est-ce pas? Ça existe seulement dans les films. Je vois bien le parrain assis sur son bureau, les dossiers qui volent autour de lui avec les liasses d’argent empilées sur le pupitre. Armés jusqu’aux dents. One, il se situerait en arrière de ce dernier comme s’il était son bras droit. Quelle idée cocasse! Pour ça qu’il s’habille en noir?! Il va falloir que je fasse du shopping avec lui pour mettre davantage de vie dans ses vêtements ainsi que dans son loft. « Est-ce que vous vous êtes souvent querellé à mon sujet, Kibum et toi? Je dis ça comme ça puisque tu restais toujours auprès de moi après que j’ai eu une dispute avec lui…» finis-je par demander en haussant les épaules en continuant de manger. Il avait dit oui pour l’interrogatoire, alors je ne me gênerai pas.

(#cf3c36) Tous les deux, ils sont donc orphelins, bien que Siwon a vécu toute sa vie avec sa mère, on ne peut pas dire qu’elle se soit bien occupée de lui. Le problème étant davantage qu’elle ne s’est jamais occupé de son enfant, à dire vrai. Ça a été la même chose pour Jisu quand elle a été adoptée. Le mafieux se demande alors l’intérêt d’adopter un enfant dans ce cas précis. Les personnes qui adoptent des enfants ne sont elles pas désespérées d’avoir des enfants ?

En réalité, Siwon a mal vécu la mort de Kibum, mais il n’a pas eu d’autres choix que de faire bonne figure, de cacher ses larmes, de les ravaler. La vulnérabilité n’a pas sa place dans le monde de la mafia, bien qu’il ait certaines prédisposition quand il s’agit de cacher ses émotions. Perdre son meilleur ami, ça avait été une véritable déchirure, une raison de plus pour ne pas se laisser aller à ses propres sentiments. Kibum était pour lui comme sa famille ; aussi chiant qu’un frère, mais tout aussi présent. Par extension, il avait rapidement mis Jisu dans la case « famille ». Siwon encaisse tellement plus de choses qu’il ne le laisse réellement paraître. Et maintenant, comment pourrait-il relâcher toute cette pression ? Cela fait des années qu’il n’en est plus capable, comment le pourrait-il aujourd’hui ?

Siwon continue à manger goulûment, même s’il essaye de déguster, la nourriture glisse beaucoup trop bien dans son gosier. Tout ça ne faisait plus souffrir le mafieux, pas en surface en tout cas.

Kibum avait toujours dit que la vie de Jisu ne regardait pas le jeune homme, et inversement. A vrai dire, il n’a jamais vraiment voulu faire ami-ami avec elle. C’est vrai, il ne la connaissait pas et elle était apparu comme une fleur.

— Pas vraiment. Je crois qu’il voulait que j’apprenne à te connaître par moi-même… Et j’ai jamais vraiment pensé à te poser la question, ça fait tellement longtemps maintenant qu’on se connaît, je crois que je n’avais plus la curiosité pour ça.

En disant cela, il ne pensait pas nécessairement à mal, loin de là. Non, c’est juste qu’il a l’impression de bien connaître son amie et c’est vrai que cette partie d’elle lui avait échappé. Pour lui, c’est presque comme si elle avait toujours été là. A l’époque, il était peut-être un peu plus facile qu’aujourd’hui à lire, c’était plus facile de savoir ce qu’il avait derrière la tête. Malgré tout, il ne s’est jamais vraiment caché de Jisu, ou du moins il ne l’a jamais vraiment voulu. C’est pour ça que la plus part du temps, quand la danseuse veut savoir ce qu’il ressent, ce qu’il pense, il répond généralement sans faire de chichis. Et quand il ne veut pas répondre, il ne répond pas du tout. C’est ça manière de fonctionner. La jeune femme re-remplit le verre du jeune homme, qu’il n’avait déjà pas encore fini, puis boit dedans, pour essayer de rattraper son amie qui est bien partie dans la voie de la boisson. Ca lui fait un peu froncé les sourcils mais guère plus. Siwon sent son coeur s’arrêter quand elle parle du fait qu’il pourrait faire partie de la mafia. Il reste silencieux quelques secondes à ce sujet avant de dire :

— Y’a de sacrée rumeurs à ce sujet, c’est vrai… J’ai entendu les danseuses jacasser quelques fois…

Jisu rigole, tandis que Siwon essaye de se mettre dans une position pas trop handicapante pour lui. Avant d’ajouter :

— Mais toi aussi tu travailles beaucoup, note-t-il.

Décidément, il ne voulait pas que Jisu l’apprenne. Elle avait l’air de ne tellement pas y croire, enfin du moins, c’est ce qu’il lui semblait. Une nouvelle question franchit alors les lèvres de la jeune femme, tandis qu’il finit son verre de vin.

— De temps en temps, oui.

Siwon ne peut pas dire du mal de son ami : il avait des défauts, c’était indiscutable, mais quand il y pense, ce n’était pas forcément dramatique. Le vin descend vite lui aussi, mais l’alcool n’est pas encore monté pour Siwon ; il ressort un petit peu son amie, qui n’a pas fini son verre, avant de re-remplir le sien et de boire une nouvelle gorgée, tout en mangeant. S’il a bien retenu un truc de sa mère, c’est que si tu veux éviter de finir bourrer, il faut boire lentement, d’une part, et manger beaucoup de l’autre. Ce n’est pas en mangeant des chips par exemple qu’on évite de se faire mal. Jisu est heureuse qu’il mange et heureusement pour elle, un Siwon invité est un très bon mangeur.

(outfits) ~ Ai-je eu en réalité la connaissance d’avoir eu des parents? Aussi loin que je me souvienne, aussi loin qu’on m’avait dit. On a découvert un matin, un bébé dormant dans un panier. Sans écriteau ni de bijoux ou quoique ce soit. Je n’ai pas eu de souvenirs quelconques. Je me rappelle seulement d’avoir vécu à l’Orphelinat. D’avoir pu rencontrer Hanna, de grandir avec cette dernière qu’elle est devenue également ma sœur de coeur. On m’a adopté lorsque j’ai atteint l’adolescence. J’ai rencontré Kibum au Lycée. Il a été le premier à me parler et à devenir mon ami. Certes, j’étais plus ou moins à l’aise avec cette idée, mais il m’a accompagné dans ma solitude pendant que mes parents disparaissaient peu à peu à mes yeux pour finalement de plus jamais les revoir. J’ai reçu une lettre comme quoi que je retournais à l’Orphelinat, rejetée comme un déchet. Un objet qu’on n’a pas voulu avoir finalement. J’ai beaucoup pleuré ce jour-là et seulement mon premier ami de l’époque a su me consoler surtout quand il a fallu que je prenne la décision de retourner ou pas dans la campagne. J’aurais dû être plus prudente. J’aurais dû écouter ma conscience et de retourner dans les champs. J’aurais peut-être eu un meilleur avenir que j’ai actuellement. Je ferme les yeux en goûtant le vin. Je ne supporte pas l’alcool, mais c’est pourtant si bon. Je ne comprends pas pourquoi je n’ai pas sombré à cet obscur désir d’alcoolisme au lieu de me blesser les mains lors de la mort de mon chéri. Ivresse au lieu des produits chimiques… je ne sais pas à quoi que je pourrais bien ressembler si je suis ivre.

C’est vrai que Kibum ne parlait pas des autres, ils voulaient qu’on apprenne à se connaître. Sauf que je l’ai pris au pied de la lettre quand il s’agit de ne rien demander à One concernant son passé ou quoique ce soit d’autre. Avoir su que mon ami serait facile d’approche comme cela, j’aurais pris l’initiative de lui parler et qu’il devient bien plus rapidement mon confident, mon héros. J’ai recommencé à manger pendant qu’il discute. Qu’il m’explique et qu’il me raconte. Les rumeurs, ce n’est pas ça qui manque au Pearl. Toute sorte de rumeurs circule encore ou bien en ce moment même figurez-vous. D’autres concernant Siwon, d’autre la drogue, d’autre les danseuses, d’autres sur tous les sujets qui puissent être un bottin. Dernièrement, j’ai entendu la rumeur que mon ami puisse travailler dans la mafia, ce qui est absurde. Il est doux, inexpressif à la fois. Je le vois mal faire partie intégrante d’une mauvaise organisation comme celle-là. Et d’ailleurs, il a une autre rumeur qui raconte qu’il se tape une certaine femme/policière. Ça me fait mal de l’entendre, mais ça m’étonnerait pas non plus. Il a le droit de voir qui il veut, de toucher qui il veut. Dire comme ça, on dirait que je suis amoureuse de lui. Non, je ne veux pas me sentir délaisser. Honnêtement, je suis bien égoïste à ce sujet. Je veux qu’il reste près de moi, même si j’ai des fréquentations, stupide n’est-ce pas? Surtout contradictoire. Sauf que ça ne m’empêcherais jamais d’être heureuse pour lui si jamais il trouve quelqu’un dans sa vie. Ça me ferait grave plaisir. Je me sentirais bien seule malgré tout.

Je le vois engloutir le repas en souriant, il est comme un enfant comme s’il n’a pas mangé de la journée et qu’il a une faim de loup. Un grand enfant affamé, j’aime bien la vision que j’ai actuellement. «Pas que quelques fois, mais bien tout le temps. J’apprends des bonnes et des pas mûres…. Comme la femme qui vient souvent dans ton bureau…» fis-je en prenant mon verre pour le glisser sur mes lèvres. «Je travaille beaucoup, parce que j’ai deux jobs, toi à l’occurrence, j’en connais qu’un et tu me caches beaucoup de choses.» lui révélais-je un peu sec avant de m’adoucir en déposant la coupe. Décidément, je ne deviens plus agressive. Pourtant je me sens parfaitement bien. Le seul problème que je puisse avoir, c’est que mes joues sont brûlantes. Je hausse les épaules à cette pensée et je continue de manger sans même lui déposer le moindre regard. « Justement, c’est qui cette nana qui te rend brièvement visite et que tu dévores des yeux? Une copine que tu ne veux pas me présenter? Je ne mords pas, tu le sais ça, non?» Je lui ai demandé ça par curiosité. Je l’ai vu à mainte et mainte reprise. Les deux qui se regardent avant de disparaître comme des voleurs puis elle part du club en roulant son fessier. Est-ce que j’ai déjà dit que je pouvais – la plupart du temps – tout voir dès que je suis sur la scène? Disons que ça saute aux yeux dès que j’y pense. S’il tente d’être subtil, il a fortement échoué.

Sérieusement, pourquoi j’agis comme cela avec One alors qu’il n’a absolument rien fait? Pourquoi j’agis comme cela alors qu’il est gentil et répond tranquillement à mes questions en s’empiffrant? Pourquoi je m’attaque à lui? Suis-je blessée qu’il ne me dit rien? Qu’il ne se confie pas? Certainement. S’il s’est rendu compte, je me confie de moins en moins à lui également de peur de l’ennuyer avec mes problèmes puérils. Je ne sais pas ce qui m’arrive, mais je cale mon verre d’un coup avant de continuer à manger. M’a-t-on déjà dit que je ne sais pas boire? Quand j’ai soif, je bois l’alcool comme si c’est de l’eau ou bien une boisson gazeuse. Si, j’avais été seule, j’aurais bien bu la bouteille de vin à moi toute seule, donc j’ai moins de chance d’être bourrée. Je suis tellement contente de faire cette interrogatoire qui a plein de rebondissement, pas vous?

(#cf3c36) L’enfance de Siwon avait été difficile, mais celle de son amie a dû l’être tout autant. Alors qu’il regarde les plats, beaucoup plus vide que quand il est arrivé. Il se met alors à penser qu’effectivement, c’était plutôt difficile d’envisager d’avoir des enfants dans ses conditions. Il ne sait pas ce qu’il en est pour Jisu, mais lui, il pense adopter. Il s’occupe déjà beaucoup des enfants sur son temps libre. C’est pas les siens, mais c’est assez rafraichissant. Au début, il faisait un peu peur aux enfants, mais maintenant qu’il le connaisse, les petits se jettent sur lui pour lui donner des dessins, lui demander de leur lire une histoire, ce genre de choses. Il est aussi assez familier avec les éducateurs et les éducatrices. Il donne beaucoup d’argent ; aux orphelinats, aux associations. Il veut aider, plus que tout, parfois, quand il a assez d’argent, il parraine des jeunes, pour leur payer leurs études à l’université. Mais ça, ce n’est pas quelque chose dont il veut se vanter, mais il trouve qu’il touche beaucoup trop d’argent pour lui seul et préfère le donner ; l’autre avantage, c’est que cela réduit ses impôts mais il ne le sait pas, puisqu’il l’a toujours fait. En fait, ce qu’il veut, c’est d’éviter à des enfants de souffrir comme lui a souffert, comme Jisu aussi, très probablement. Mais du coup, il pense qu’il y a déjà bien assez d’enfants malaimés pour en engendrer de nouveaux. Il n’est pas totalement fermé à l’idée d’avoir un rejeton portant son ADN, bien au contraire, mais il ne veut pas que les autres soient des laissés pour compte.

— C’était la condition, Jisu, rappelle-t-il, essayant de rester placide.

Il avait promis qu’il répondrait à toutes les questions de la danseuse, du moment que ça ne concerne pas le travail. Qui plus est, qui a envie de parler travail un dimanche ? Au fond, il sait que ça ne le rend que plus suspect aux yeux de la jeune femme, mais en même temps, ce n’est pas comme s’il pouvait lui dire toute la vérité. Ce genre de vérité ne peut-être dite comme ça.
Siwon semble assez surpris de l’attitude de Jisu. Ce n’est pas dans ses habitudes d’être aussi agressive et en même temps, il a envie de lui répondre qu’il n’a pas à lui dire qui est Yoo Jin. Cependant, il a un peu fait le même cirque à son amie un peu plus tôt dans le mois. Il se contente de lui adresser un regard un peu noir, avant de s’adoucir. Il n’a pas trop apprécié le ton de son amie. Elle semble être contrariée. Et One sent bien qu’elle n’apprécie pas la policière. Il n’est pas sûr de comprendre, d’autant plus qu’il ne les a jamais vue interagir entre elles. Siwon finit son verre de vin avant de se resservir, et de servir Jisu un peu moins qui lui semble déjà bien attaqué. Il a l’air d’un gros radin, mais il préfère ça à une Jisu qui vomit partout par terre. Lui ça va, il est bien, là. Mais la bouteille est vide maintenant.

— On sort pas ensemble. Je te présenterais quelqu’un quand je serais sérieux avec elle, ne t’en fais pas.

Le mafieux n’a pas envie de présenter n’importe qui à la jeune femme. Bien qu’il soit loin de faire partie de ses gens qui se mettent en couple pour se séparer deux heures plus tard, Siwon ne s’est jamais engagé dans ce genre de relation, notamment parce qu’il ne s’est jamais senti amoureux. Il est aussi à noter que Siwon ne ramène jamais ses conquêtes chez lui ; déjà parce que c’est trop chiant pour les faire partir ; il l’a fait deux-trois fois dans sa jeunesse avant de conclure que c’était bien une idée de merde. Du coup, les seules exceptions étaient Jisu et sa voisine. Sa voisine pour la raison qu’elle était sa voisine et qu’il fallait bien qu’entre voisins, il discute. Mais il ne lui était jamais venu à l’idée de se taper Sun, aussi belle soit-elle, il avait vite compris qu’elle n’était pas spécialement intéressée.
Il ne sait pas ce que c’est, d’aimer quelqu’un ainsi, de vouloir lui offrir le restant de ta vie. Non. Dans une moindre mesure, il sait qu’il aime Jisu, qu’il tient à elle. Appelerait-il ça de l’amour ? Non, parce qu’il ne sait pas ce que c’est. Pour lui, sa relation avec la jeune femme est on ne peut plus normale, pourtant, à bien des égards elle ne l’est pas.
Toujours est-il que Siwon n’a jamais essayé de cacher sa relation avec la policière. Après tout, le jeune homme était loin d’avoir honte. Yoo Jin est une très belle femme et au delà de ça, Siwon a toujours eu des moeurs un peu libre. Comme sa mère. A l’inverse qu’il n’en ai pas rendu au point de se prostituer. Toujours est-il que le jour où il présentera une fille à Jisu est loin d’arriver, tout simplement car il n’est pas prêt pour ça.

Siwon continue à manger comme si de rien était, avant d’arrêter, de lever son regard vers la jeune femme et de demander :

— Y’a du dessert ?

Parce que si c’était le cas, il fallait qu’il garde un peu de place. Il boit une nouvelle gorgée d’alcool. Il est vraiment vulnérable quand il est avec elle, c’est quand même dingue quand il y pense. Une pause s’éternise, et One pose sa paume contre la joue de son amie, caressant légèrement sa pommette de son pouce.

— Ne te fache pas contre moi.

Sur ces mots, Siwon esquisse un sourire encourageant, expression faciale timide, mais bien présente sur ses traits.

(outfits) ~ La jalousie. Un sentiment qui empoisonne la vie de tout être vivant qui puisse exister. La jalousie. Une haine incomprise qui gravit lentement pour surgir hors de toi. La saleté jalousie. Une colère imprévisible envers une personne qui t’est chère alors qu’elle n’a rien fait. Siwon, je n’ai aucune raison de l’être. Homme ténébreux célibataire de vingt-cinq ans. Ça serait une partie de sa description lors d’un site de rencontre. Stoïque, ne sourit quasiment jamais, patron de club de danseuse. Son profile est très divertissant à faire dans ma tête. Un mec qui préfère réprimander sa meilleure amie puisqu’elle a brisé les règles de coucher avec un client même si les autres danseuses font de même. Sur ce point-là, je ne l’ai pas compris. C’est flagrant leur départ hâtif contrairement à moi qui venait tout juste de finir mes heures de travail. Se tape une bonne majorité des nanas qui lui plait, sévère, mystérieux. Ça voudrait donc lui dire que je ne lui plais pas? Pour ça qu’il ne m’a jamais touché! Je suis outrée, un peu insultée aussi. C’est vrai que dans un sens je ne l’ai jamais vu aussi longtemps avec la même femme. Toujours à papillonner où que son deuxième cerveau lui en dit. Officiellement, j’ai fini de manger. Les plats touchent de plus en plus à leur fin, du coup, je me sens fière de moi qu’il ait au point aimé ma nourriture que j’ai pu lui faire en guise de remerciement. Je m’en félicite grandement. Je mérite une petite tape dans le dos que je fis dans ma tête pour ne pas lever le moindre soupçon. Quoi? Je vais très bien!

La condition de merde! Je m’en fiche carrément de sa condition! Il est un vrai mystère pour moi. J’ai l’impression que je le connais, mais dans le fond, tout ce qui est rapport à son passé – qui ne m’implique pas – non. Rien. Je ne sais même pas ce qu’il fait de ses temps libres ou bien quand il est hors du club. Je ne sais rien, mais monsieur a dit que c’était sa condition. Ne pas parler de travail. Désolée d’être moindrement curieuse de sa vie. J’essaie seulement de profiter de l’interrogatoire qu’il m’a autorisé. Si je ne peux pas aller à ce qui m’intéresse le plus dommage. Je le vois qui vide la bouteille majoritairement dans son verre et non dans le mien. Mes sourcils ont froncé, je désapprouve cette situation. J’ai autant le droit de boire que lui. J’ai autant le droit de vouloir aimer le merveilleux vin que ce beau Siwon m’a offert. Décidément, même dans mes pensées je n’ai pas de filtre. La certitude est bien là : je ne tiens pas du tout l’alcool. Oh! Ça c’est intéressant. Il a un sexfriend. Pourquoi lui a le droit et moi je n’aurais pas le droit de batifoler. J’aimerais cela être une fleur et me faire butiner par une belle abeille. En tout cas, l’abeille Luka a eu un franc succès lors de son extraction de pollen. La fleur jisu a été ravie. Elle en redemande d’ailleurs. Je ne dirais pas non si cela peut aller plus loin que seulement deux bêtes en manque de cul. De toute façon, je ne suis pas du genre d’avoir un tel ami ou d’avoir une relation comme One a avec la policière. Ça ne fait pas parti de mes principes. C’est soit on va plus loin pour être en couple ou soit j’allais me dire que c’est une erreur de ma part et que je ne le ferai plus. Il va falloir que j’arrête d’être imprudente.

« Ça te fera pas de tort d’avoir une femme dans ta vie, tu vas être plus sage malgré que tu l’es avec moi.» fis-je doucement en lui retirant un morceau de nourriture qui est resté sur le coin de sa bouche pendant que je sirote ce qui reste de vin dans ma coupe. Je ne sais pas comment il fait pour vivre seul. Sans se confier. Sans se consoler. Dormir seul. Je ne sais pas comment il fait et cela dur depuis trop longtemps. Je suis à deux doigts de devenir folle quand je me réveille la nuit et que je ne retrouve personne. Je gèle, je cherche de la chaleur. Quand je me suis endormie avec Luka, j’étais bien. Tout autant avec One, malgré mon cauchemar que je fais à chaque nuit. Je ne sais pas comment les célibataires font pour vivre seul sans de compagnie, sans que leur compagne ou compagnon les attende chez eux. Pas de sourire. Pas de baiser. Pas de câlin. Pas de surnom chou et surtout pas personne qui apprécie ta cuisine. C’est ce que je m’ennuie dans une relation. Être avec quelqu’un, discuté, donner son avis et ainsi de suite, recevoir des conseils, puis l’affection. J’en passe, mais c’est ce qui manque davantage contrairement au charnel. Ce dernier étant un bonus. Suis-je trop naïve d’espérer? Je continue de regarder se nourrir en souriant tristement loin dans mes pensées. Jusqu’à me rendre compte qu’il me regarde aussi, signe qu’il m’a posé une question. «Hein? Euh, oui il a du dessert, mais continue de manger, au pire je te laisserai pour emporter.»fis-je en sortant de mes songes pour commencer tranquillement à empiler les plats vides qui jonche sur la table.

J’ai bu cul-sec le restant de mon vin avant de déposer la coupe. Je me sens légèrement bizarre. Tantôt agressive, tantôt pensive et maintenant je me sens bizarre, j’ai tout simplement chaud. Le contact de sa main sur ma joue est agréable. J’ai ancré mon regard dans le sien en lui souriant tout autant à ce sourire que je vois pour la première fois. Pourquoi les sourires m’ont toujours charmé chez une personne? « Tu sais bien que je ne peux pas.» Je ferme les yeux à ce contact avant de lui prendre la main. Une main si virile est si délicieuse à sentir sur ma peau, mais je ne dois pas. Sa main est si douce. Je me lève doucement de ma chaise en prenant les assiettes vides pour les déposer sur le comptoir. « Ton vin était délicieux dommage qu’on l’a rapidement fini.» rigolai-je en passant ma main dans ses cheveux ébènes avant de m’assoir.